maison [ mɛzɔ̃; mezɔ̃ ] n. f.
• v. 980; lat. mansio, mansionem, de manere « rester »; a remplacé en gallo-roman casa
I ♦
1 ♦ Bâtiment d'habitation (⇒ habitation ), spécialt Bâtiment construit pour loger une seule famille, ou maison individuelle (opposé à immeuble, appartement).⇒ bâtiment, bâtisse, construction, hôtel, immeuble, pavillon, villa; abri, logement, logis, pénates, résidence, toit. Maisons provençales. ⇒ bastide, mas. Maisons traditionnelles des pays chauds. ⇒ bungalow, case, faré. — Les fondations, les murs, la façade, le toit, la toiture d'une maison. Maison avec un balcon, un perron, un porche. Rez-de-chaussée et étages d'une maison. Maison de plain-pied; surélevée, sur pilotis. — Divisions intérieures de la maison : appartement, chambre, pièce, salle; bibliothèque, buanderie, bureau, cabinet de toilette, cave, cellier, couloir, cuisine, débarras, dressing-room, entrée, grenier, hall, lingerie, office, salon, salle d'eau, salle de bains, séjour, soupente, sous-sol, terrasse, véranda, vestibule, w.-c. Jardin, cour, dépendances d'une maison. — Maison de bois (⇒ chalet) , de briques, de pierres de taille, de parpaings, de torchis, à colombage. Maison solaire. Maison préfabriquée (⇒ module) . Maison rudimentaire. ⇒ cabane, chaumière, hutte. Maison pauvre, délabrée. ⇒ baraque, bicoque, bouge, clapier, gourbi, masure, taudis, turne. Maison bourgeoise : maison de ville cossue. Maison de maître (I, 8o). Maison de famille. Maison de religieux. ⇒ couvent, monastère. — Vieilli Maison de plaisance, (mod.) de vacances. Maison de campagne : maison qu'un citadin achète à la campagne pour ses vacances. ⇒ résidence (secondaire). Pâté de maisons. ⇒ bloc, îlot. Les maisons d'un lotissement, d'un coron, d'une Z. U. P. — Habiter, occuper, squatter une maison. Louer, acheter une maison. Se faire construire, rénover une maison. Équiper sa maison (⇒ domotique; maisonnerie) . Maison en ruine.
♢ Loc. fam. Gros comme une maison : énorme, grossier, évident. Un mensonge gros comme une maison. — Advt Il s'est gouré gros comme une maison.
♢ LA M AISON- B LANCHE : résidence du président des États-Unis d'Amérique, à Washington, et par ext. Le gouvernement américain. La politique de la Maison-Blanche.
2 ♦ Habitation, logement (qu'il s'agisse ou non d'un bâtiment entier). ⇒ demeure, domicile, foyer , home, logis (cf. Chez-soi). Les clés de la maison. Quitter la maison. « Les maisons où l'on est entre soi, j'y suis de trop » (Hugo). Il ne faut pas parler de corde dans la maison d'un pendu. — À LA MAISON : chez soi. Rentrer à la maison. ⇒ bercail. Passez donc me voir à la maison. Femme qui reste à la maison, au foyer.
♢ L'intérieur d'un logement, son aménagement. ⇒ intérieur. Maison en désordre, bien tenue, confortable, arrangée avec goût, accueillante (⇒ bonbonnière) . Déménager toute la maison, tout ce qu'il y a dans la maison. Linge de maison. — Par ext. Vie à la maison. Tenir la maison. ⇒ ménage . Son travail et la maison lui prennent tout son temps. Maître, maîtresse de maison. Dépenses de maison. ⇒ domestique. Train de maison. Une des meilleures maisons de Paris. « Elle reçoit le mercredi; c'est une maison fort honorable » (Balzac).
♢ Loc. fam. C'est la maison du bon Dieu, une maison particulièrement accueillante.
3 ♦ Spécialt Lieu où travaille un domestique. Ce domestique a fait de nombreuses maisons. ⇒ place. Absolt Les gens de maison : les domestiques.
4 ♦ Relig. La maison du Seigneur, de Dieu : le temple de Jérusalem; par ext. ⇒ église, sanctuaire, temple.
5 ♦ Astrol. Les douze maisons du ciel : les douze fuseaux par lesquels les astrologues divisent le ciel, pour analyser son état au moment de la naissance de qqn. « la présence du soleil en huitième maison est un indice de mort violente » (Pennac).
II ♦ (XIIe) Bâtiment, édifice destiné à un usage spécial.
1 ♦ Établissement de détention. Maison de correction, de redressement. Maison d'arrêt : prison qui reçoit les personnes mises en examen, les prévenus et accusés en détention provisoire et les condamnés à une peine ne dépassant pas un an. Maison centrale : prison qui reçoit les condamnés à une peine supérieure à un an.
2 ♦ Établissement public ou privé à un ou plusieurs bâtiments où l'on reçoit des usagers, qu'on les loge ou non. ⇒ centre. — Maison de santé (⇒ clinique, hôpital) , de repos, de convalescence. Maison de fous. ⇒ asile. — Maison de retraite, où l'on reçoit les retraités. Maison du marin, du soldat : établissement fournissant logement et nourriture aux marins, soldats en déplacement. ⇒ foyer. Maison des jeunes et de la culture (M. J. C.). — Maison d'éducation : école, pensionnat privé ou institution (Légion d'honneur, etc.). Vieilli Maison d'enfants (cf. Home d'enfants, colonie de vacances, centre de loisirs).
3 ♦ Spécialt Lieu de plaisir. Maison de jeux. ⇒ tripot. Maison de rendez-vous. Maison close, de passe, de tolérance. ⇒ bordel. « La Maison Tellier », nouvelle de Maupassant.
4 ♦ Entreprise commerciale, industrielle. Maison de commerce. ⇒ établissement, firme. Maison de détail, de gros. Maison sérieuse. Maison fondée en 1840. La maison mère et les succursales, les filiales. Être employé par une maison. ⇒ société. « Les employés d'une maison de commerce sont attachés par le cœur à la maison » (Chardonne). (Souvent suivi du nom du fondateur, des associés) Maison Dupont et fils. « La Maison Nucingen », roman de Balzac. — Fin. Établissement financier. Maison de réescompte. Maison de titres, qui gère le portefeuille (de valeurs mobilières) de ses clients.
♢ Spécialt L'établissement où l'on travaille (maison de commerce, administration, etc.). L'esprit, les traditions de la maison. J'en ai assez de cette maison ! ⇒fam. boîte, boutique. Une personne de la maison (opposé à de l'extérieur).
III ♦ Fig.
1 ♦ Les personnes qui vivent ensemble, habitent la même maison. ⇒ maisonnée; famille. « Je voudrais pouvoir vous dépeindre la joie de ma maison » (Duhamel). Loc. Faire la jeune fille de la maison : faire le service au cours d'une réception.
2 ♦ Vx ou hist. Les gens attachés au service d'une maison. ⇒ domesticité. Une nombreuse maison. — Ensemble des personnes employées au service des grands personnages. La maison du roi. Maison civile, militaire du président de la République, ensemble des fonctionnaires qui lui sont attachés personnellement.
3 ♦ Descendance, lignée des familles nobles. « La comtesse d'Orgel appartenait par sa naissance à l'illustre maison des Grimoard de la Verberie » (Radiguet). Maison d'Autriche, de Lorraine. ⇒ couronne.
IV ♦ (XXe) En appos. et inv.
1 ♦ Qui a été fait à la maison, sur place (opposé à de série, industriel). Pâté, tarte maison (cf. Du chef). « Commandez deux terrines maison au Cochon vert » (D. Boulanger).
2 ♦ Iron. fam. Particulièrement réussi, soigné. Une engueulade maison. « Quelque chose de maison, je te le jure » (R. Gary).
3 ♦ Particulier à (un groupe, une société). « Elle a vite attrapé le genre maison » (Beauvoir). Esprit maison.
⊗ HOM. Méson.
● maison nom féminin (latin mansio, -onis, de manere, rester) Bâtiment construit pour servir d'habitation aux personnes : Rue bordée de maisons. Local où l'on habite ; son aménagement : Une maison propre, désordonnée. Membres d'une même famille vivant ensemble : C'est une maison de fous ici. C'est un ami de la maison. Centre, bâtiment servant à un usage déterminé : Maison de la radio, de la culture. Maison de retraite. Entreprise commerciale ou industrielle : Maison de gros. Avoir vingt ans de maison. Famille noble : Il est le dernier descendant d'une grande maison. Chacune des douze divisions du ciel qui, en astrologie, concernent les conjonctures formant la trame de l'existence. Ensemble des personnels civils et militaires attachés au service d'un grand personnage (roi, reine, empereur, prince, etc.). ● maison (citations) nom féminin (latin mansio, -onis, de manere, rester) Guillaume Bouchet, sieur de Brocourt Poitiers 1513-1594 En vieille maison, il y a toujours quelque gouttière. Les Sérées Noël Du Fail, seigneur de La Hérissaye Château-Letard, près de Rennes, vers 1520-Rennes 1591 La maison est à l'envers lorsque la poule chante aussi haut que le coq. Contes et discours d'Eutrapel Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Ma maison me regarde et ne me connaît plus. Les Rayons et les Ombres, Tristesse d'Olympio Charles Augustin Sainte-Beuve Boulogne-sur-Mer 1804-Paris 1869 Naître, vivre et mourir dans la même maison. Les Consolations Marcel Schwob Chaville 1867-Paris 1905 Bâtis ta maison toi-même et brûle-la toi-même. Le Livre de Monelle Mercure de France Bible Il y a beaucoup de demeures dans la maison du Père. Évangile selon saint Jean, XIV, 2 Francis Bacon, baron Verulam Londres 1561-Londres 1626 Les maisons sont bâties pour être habitées et non point regardées. Houses are built to live in and not to look on. Essays, 45 ● maison (difficultés) nom féminin (latin mansio, -onis, de manere, rester) Orthographe Maison mère s'écrit sans trait d'union : notre maison mère est à Bordeaux. - Plur. : des maisons mères. Accord Maison, employé en apposition dans le sens de « particulier à l'entreprise » ou de « fait à domicile », reste invariable : des ingénieurs maison, des gâteaux maison (ou faits maison). Remarque Maison est parfois employé dans ce sens en fonction d'attribut, en particulier dans la restauration : toutes les charcuteries sont maison, sont garanties maison. ● maison (expressions) nom féminin (latin mansio, -onis, de manere, rester) À la maison, chez soi. C'est la maison du bon Dieu, cette famille est particulièrement accueillante, généreuse. Employé de maison, salarié qui effectue des tâches à caractère familial ou ménager chez un particulier. (Il appartient à la catégorie des gens de maison.) Familier. Gros comme une maison, très gros, énorme ; outrancier, exagéré. Maison bourgeoise, de grand standing, habitée par les classes sociales aisées. Maison à champignon, local dans lequel on cultive le champignon de couche. Maison civile, maison militaire, ensemble des fonctionnaires, civils et militaires, attachés à la personne d'un chef d'État. (La maison civile et la maison militaire du président de la République forment la maison du président de la République.) Maison close ou maison de tolérance, établissement de prostitution. (Les maisons closes sont interdites depuis la loi du 13 avril 1946.) Maison de Dieu, du Seigneur, église, temple. Maison familiale, établissement accueillant pour les vacances des familles à ressources faibles. Maison individuelle, destinée à une seule famille. Maison de jeu, établissement ouvert au public, sur autorisation préalable, où l'on joue de l'argent dans des jeux de hasard. Maison mobile, synonyme de mobile home. Maison mortuaire, établissement de dépôt provisoire, avant inhumation, de corps de personnes décédées de maladies non contagieuses. Maison de titres, établissement de crédit ou société d'investissement dont l'activité principale est de gérer, pour le compte de sa clientèle, des portefeuilles de valeurs mobilières. Tenir maison ouverte, accueillir chez soi et traiter en invités tous ceux qui s'y présentent. ● maison (homonymes) nom féminin (latin mansio, -onis, de manere, rester) méson nom masculin ● maison (synonymes) nom féminin (latin mansio, -onis, de manere, rester) Bâtiment construit pour servir d'habitation aux personnes
Synonymes :
- bâtisse
- chalet
- immeuble
- pavillon
- villa
Local où l'on habite ; son aménagement
Synonymes :
- chez-soi
- foyer
- gîte
- intérieur
- logis
- nid
- toit
Membres d'une même famille vivant ensemble
Synonymes :
- maisonnée (familier)
Entreprise commerciale ou industrielle
Synonymes :
- boîte (populaire)
- établissement
- firme
Maison mobile
Synonymes :
- mobile home
● maison
adjectif invariable
Familier. Qui est fabriqué à la maison même, sur place, selon des recettes éprouvées (par opposition à industriel, de série) : Une tarte maison.
Populaire. Qui est particulièrement réussi, soigné : Un exposé maison.
Familier. Qui est particulier à une entreprise, qui dépend de l'établissement où l'on travaille : Un syndicat maison.
● maison (homonymes)
adjectif invariable
méson
nom masculin
maison
n. f.
rI./r
d1./d Bâtiment d'habitation. Louer une maison à la mer.
— (Afr. subsah.) Maison à étage(s), comportant un ou plusieurs étages.
|| (Viêt-nam) Maison des hôtes, où l'on héberge des invités, notam. des invités officiels. La maison des hôtes du gouvernement.
|| (Québec) Maison mobile: grande caravane conçue pour être installée de façon fixe dans un lieu et servir de domicile.
d2./d Ensemble des lieux que l'on habite, où l'on vit; les habitants de ces lieux. Avoir une maison bien tenue. Ameuter toute la maison.
|| Loc. adv. à la maison: chez soi.
d3./d Ménage, administration des affaires domestiques. Avoir un grand train de maison.
|| Gens de maison: domestiques.
rII./r établissement.
d1./d établissement commercial, financier, industriel, etc.
|| (En appos.) Fait par la maison, à la maison. Tarte maison.
— Ingénieur maison: technicien qui a reçu dans l'entreprise qui l'emploie une formation lui permettant de remplir les fonctions d'ingénieur, et qui en porte le titre.
d2./d Maison de...
|| Maison d'arrêt: prison.
|| Maison de retraite: établissement où se retirent les personnes âgées ne travaillant plus. Syn. (Belgique) seigneurie, seniorie, seniorerie.
|| Maison de jeu: établissement où l'on joue à des jeux d'argent.
d3./d (Afr. subsah., Aoste, Belgique) Maison communale: mairie (sens 2).
rIII/r
d1./d Ensemble des personnes attachées au service personnel d'un chef d'état. Maison militaire, civile.
d2./d Famille noble; famille régnante. La maison d'Autriche.
d3./d Maison mère: établissement d'un ordre religieux, d'une congrégation dont dépendent les autres communautés.
— Par ext. Maison de commerce principale, par rapport à ses succursales.
⇒MAISON, subst. fém. et adj. inv.
I. — Subst. fém.
A. — Habitation de l'homme.
1. Bâtiment destiné à servir d'habitation à l'homme. Synon. construction, demeure, établissement, immeuble. Eux autres ils se retireraient à Saint-Denis, chez un jardinier de leurs parents qui leur louerait le rez-de-chaussée de sa maison (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 107). Les fermes (...) isolées du bassin de Rennes, les maisons rurales des régions de bocage ne se rattachent au réseau routier que par des sentiers que la boue rend impraticables (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 174):
• 1. La dernière solution — solution lexicale — (...) s'impose d'elle-même, dès que le logis se diversifie, dès que le genre de vie ou le bien-être multiplient les maisons qui comptent plusieurs pièces aux destinations spécifiques. Seule la maison, désormais, se nommera maison [it. dans le texte], et ses diverses parties reçoivent le nom d'étage, de pièce, de salle, de chambre, de salon, de cuisine, de buanderie...
J. POHL, La «Maison» de la maison ds Vie Lang. 1965, p. 523.
SYNT. Acheter, construire une maison; habiter une maison; loger, vivre dans une maison; façade, mur, ouvertures, toit d'une maison; grande, petite maison; maison à deux, trois étages, de quinze pièces; maison bourgeoise, cossue, humble, modeste, riche, somptueuse; maison contiguë, individuelle, isolée, voisine; maison de bois, de briques, de pierres; maison arabe, basque, méridionale, provençale; maison à louer, en construction, préfabriquée; maisons disséminées, groupées.
— P. métaph.:
• 2. Elles se sentaient toutes jeunes avec vraiment un corps tout réveillé sous les jupes et le corsage, et elles le voyaient devant leurs yeux (...) comme si c'était le corps d'une autre, et brusquement elles sentaient que ce corps leur appartenait, était leur maison, leur abri, leur prison, qu'elles étaient dedans, avec le vin, et tout le bon et le mauvais, l'ardent, la jeunesse...
GIONO, Batailles ds mont., 1937, p. 247.
Rem. 1. Maison se dit surtout de l'édifice isolé par opposition à l'immeuble collectif citadin. 2. Maison d'habitation s'emploie pour spécifier l'usage d'une construction par opposition à d'autres usages qui pourraient en être faits. La ferme des Favre se dresse aux confins de la commune de R., à l'orée de la forêt de V... maison d'habitation, granges, écurie, étables et bâtiments annexes sont disposés régulièrement, à l'ancienne mode bressane, autour d'une cour intérieure carrée (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 140).
a) Emplois spéc.
— Maison + adj.
♦Petite maison (vx). Maison située dans un lieu discret et destinée ordinairement à des rendez-vous galants:
• 3. — Ce sont des petites maisons, dit le médecin, avec un clignement d'œil. Mais comme il vit que ces messieurs ne comprenaient pas, il leur expliqua que les marquis, sous Louis XV, avaient des retraites pour leurs parties fines. — On appelait çà des petites maisons (...). Il s'y en est passé de fortes, allez!
ZOLA, Curée, 1872, p. 585.
♦Maison forestière. V. forestier B 1.
♦Maison solaire.
♦Maison Blanche. Résidence du président des États-Unis. P. méton. le gouvernement américain. Si le soutien de la Maison Blanche ne fait pas de doute, il n'est pas sûr que tous les alliés actuels de Mme Thatcher soient prêts à assumer cette montée des dangers militaires et politiques (L'Est Républicain, 5 mai 1982, p. 1).
— Maison de + subst.
♦Maison de campagne ou vx maison des champs. V. campagne I B 2 b et champ1 I A. Ce juge, — ce marchand, — fâché de perdre une heure, Jette un regard distrait sur cet homme qui pleure, L'envoie au bagne, et part pour sa maison des champs (HUGO, Contempl., t. 2, 1856, p. 121).
♦Maison de maître V. maître I B 1.
♦Maison de poupée(s). Reproduction miniature d'une maison, comportant un mobilier, des accessoires, à l'usage des jeux des enfants qui y logent leur(s) poupée(s). Les maisons de poupées au dix-septième siècle. (...) on a fait, dans les Pays-Bas, mais surtout en Allemagne, à Augsbourg et à Nuremberg, des intérieurs en réduction qui présentent un intérêt non moins vif pour l'histoire du jouet que pour l'étude du mobilier et de la vie privée il y a quelque deux ou trois cents ans (D'ALLEMAGNE, Hist. jouets, 1902, p. 130).
♦Maison de verre. Au fig. Et puis ma vie (...) est transparente, ma maison est une maison de verre, dit Vergenson (VIALAR, Débucher, 1953, p. 68). En partic. ,,Lieu de rendez-vous où les ébats des amoureux sont livrés, à leur insu, à la curiosité lascive de jeunes et vieux débauchés par d'imperceptibles lucarnes`` (FRANCE 1907).
b) Loc. fig., vx
♦Fam. Gros comme la/une maison. Gros de manière exagérée, énorme, démesurée. V. gros3 B 1 loc., expr. fig., ex. de Hugo.
♦Par-dessus les maisons. Au-dessus de toute mesure. Demander des choses par-dessus les maisons (Ac. 1835-1935). La famille a donc des prétentions par-dessus les maisons? (AUGIER, Fils Giboyer, 1862, p. 159).
♦Être fait comme un brûleur de maison. V. brûleur A 1.
2. [Avec l'art. déf.] Bâtiment ou partie d'un bâtiment où l'on habite; logement. Synon. chez soi, demeure, domicile, intérieur, logis, résidence. Il se plaignait (...) de ne pouvoir garder ni une volonté ni une pensée à lui, d'être un zéro dans sa maison (BALZAC, Lys, 1836, p. 112).
♦La maison paternelle. Le foyer. Et ils s'en retournèrent bacheliers, avec une tristesse extrême, à la maison paternelle où déjà leurs pères n'étaient plus les maîtres (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1907, p. 220).
— Locutions
♦Faire les honneurs de la/sa maison. V. honneur II A.
♦Garder la maison. V. garder II A 4.
♦Quitter la maison.
— Proverbe. Charbonnier est maître chez lui, en sa maison.
— Loc. adv. À la maison. Chez soi. Aller, être à la maison; (aimer) rester à la maison. J'ai éprouvé un sentiment de malaise, qui ne s'est calmé que quand je suis rentré à la maison, où je me suis promené en tout sens, pendant près d'une heure (DELACROIX, Journal, 1853, p. 50). Son jeu principal consiste à marcher dans le ruisseau (...) ce qui lui attire des calottes à la maison (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, Mém. veuf, 1886, p. 288).
— Expr. bibliques
♦La maison de Dieu, du Seigneur. Le temple de Jérusalem, p. ext. l'église, le temple, le sanctuaire. Il faut se tenir avec respect dans la maison du Seigneur (Ac. 1935). Qui es-tu? (...). Le duc: (...) Je suis, comme tu le vois, mon frère, un pieux pèlerin qui visite les maisons du Seigneur (DUMAS père, Lorenzino, 1842, III, 5, p. 255). P. métaph. Nous autres catholiques, nous avons perdu le sens de l'Écriture. Elle est pour les protestants une maison où ils trouvent Dieu (GREEN, Journal, 1956, p. 180).
♦La maison de prière. L'église. L'église est (...) cette maison de prière dont nos édifices matériels ne sont que la figure (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1906, p. 46).
♦La maison du Père, la maison céleste, éternelle (p. métaph. ou au fig.). Le séjour de Dieu, le ciel, le paradis, le séjour des morts. Il quittait la maison terrestre pour la maison céleste; La maison temporelle pour la maison éternelle (PÉGUY, Myst. charité, 1910, p. 73).
— En partic. Maison où servent les domestiques. Synon. place. Ce domestique a fait de nombreuses maisons. (Dict. XIXe et XXe s.).
3. P. méton.
a) Aménagement intérieur d'une maison, d'un logis. Maison bien tenue, (in)confortable, intime, en désordre; décorer, équiper, installer, monter sa maison. Marie-Amanda ne sait pas seulement assaisonner le manger, bien tenir une maison et élever une famille (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 259).
b) Ensemble des affaires domestiques, économie de la maison. Maison bien réglée; administrer la maison. La seule chose que vous craigniez était donc les embarras, et surtout les dépenses de la maison que vous seriez obligée de tenir, si j'étais près de vous? (DUMAS père, Darlington, 1832, II, 3, p. 86). Quand ça grandissait, ça rapportait, ça faisait aller la maison (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1211).
♦Bonne, grande maison; maison aisée, confortable. (Dict. XIXe et XXe s.). Faire une bonne maison. Amasser beaucoup de biens. Voilà comme on fait les bonnes maisons (Dict. XIXe et XXe s.).
♦Absol. Les gens de maison. Les domestiques. Le quartier était excellent. Les gens de maison étaient tous nationalistes (A. FRANCE, Bergeret, 1901, p. 309). Entrer, se mettre en maison. Devenir domestique. Puis elle est entrée en maison bourgeoise. Depuis qu'elle est femme de chambre chez le docteur, elle ne regarde plus personne (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 99). Au fig. Se mettre au service de. Nos parvenus d'aujourd'hui sont des Sganarelles sans places qui se sont mis en maison chez la France! (BALZAC, Faiseur, 1850, II, 1, p. 218).
— Locutions
♦Maître, maîtresse de maison. V. maître I A 3.
♦Tenir maison (vx). Recevoir, traiter des invités. L'Espagnol y fit l'acquisition d'un hôtel, tint maison, reçut avec grandeur (BALZAC, , Contrat mar., 1835, p. 216).
♦Tenir maison ouverte. Offrir l'hospitalité à tout venant. S'il ne se rencontre pas de fortune assez considérable pour tenir maison ouverte, les gros bonnets choisissent pour lieu de réunion, comme faisaient les gens d'Alençon, la maison d'une personne inoffensive (BALZAC, , Vieille fille, 1836, p. 299).
♦Train de maison. Ensemble des dépenses faites pour vivre dans une maison. A cela aussi j'ai renoncé: la gêne du luxe bourgeois, le souci d'un train de maison (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 288).
♦(C'est) la maison du bon Dieu (fam.). (C'est) une maison dont les habitants sont accueillants et hospitaliers. Il fallait être charitable, ils disaient eux-mêmes que leur maison était la maison du bon Dieu (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1210).
c) Ensemble de personnes.
) Ensemble de personnes vivant sous un même toit, ses habitants, ses occupants habituels; en partic. les membres de la famille. Synon. maisonnée. Une maison accueillante, amie, charitable. Des jeux de l'ancien temps, un bal, dont quelque vieux serviteur étoit le premier musicien, prolongeoient les plaisirs dans les ombres, et la maison entière, nourrices, enfans, fermiers, domestiques et maîtres dansoient tous ensemble la ronde antique (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1810, p. 316). Quand, à la tombée de la nuit, je rentrai au logis, je trouvai la maison consternée, ma mère agitée et fiévreuse, la vieille Mélanie en larmes, mon père gardant un calme affecté (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p.172).
♦Le fils, la fille de la maison. L'auberge s'emplit, et la fille de la maison arrive avec sa mère, en habits voyants, un voile noir sur la tête, un beau sourire aux lèvres (TAINE, Voy. Ital., t. 2, 1866, p. 20). Je me rappelle que le garde parlait du fils de la maison, un excentrique, qui avait des idées extraordinaires (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 221).
Vieilli ou plais. Faire la jeune fille de la maison. Faire le service au cours d'une réunion. (Ds REY-CHANTR. Expr. 1979).
) En partic., vx
— Ensemble des personnes chargées du service domestique d'une maison. Synon. domesticité. Dix messes furent dites pour la défunte, dix messes basses auxquelles assistèrent Monsieur et Madame de Lautréamont et toute leur maison (LORRAIN, Contes chandelle, 1897, p. 89).
♦Locutions
Avoir une maison. Avoir des serviteurs. À cette époque, un duc et pair, possessionné comme l'était le duc d'Hérouville, ayant ses charges et ses gouvernements, menait en France le train d'un prince (...) il avait une maison et des officiers (BALZAC, Enf. maudit, 1831-36, p. 401).
Faire sa maison. Prendre des domestiques. Cet ambassadeur n'a pas encore fait sa maison; la maison de ce prince n'est pas encore faite (Ac.).
Faire maison nette. Ne pas garder ses domestiques. Faire maison neuve. En prendre d'autres. (Dict. XIXe s.; ds Lar. 20e, QUILLET 1965). P. ext. Chasser des personnes occupant une place. Quand une place est prise, il y fait maison nette Passant tout par le sabre et par la baïonnette! (POMMIER, Russes, 1854, p. 21).
— Ensemble des personnes employées au service d'un grand personnage. La maison de l'empereur, du prince, du souverain. À dix pas de distance, les gens de la maison du duc... (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 105). Bocan [violoniste] faisait encore partie de la Maison du roi en 1648, car il figure, à cette date, sur la liste des officiers retraités et pensionnés par la cassette royale (GRILLET, Ancêtres violon, t. 2, 1901, p. 32).
♦Maison civile, militaire. Personnel civil, militaire, attaché au service d'un souverain ou d'un chef d'État. L'empereur se sépara à Mayence de sa cour et de l'impératrice, et se rendit à Wurtzbourg accompagné seulement de sa maison militaire (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 134). Le colonel Pénelon, de la maison militaire du Président de la République et agent de liaison entre le gouvernement et moi, arrivait à Vitry (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 351).
d) Ensemble des personnes formant une lignée, une dynastie. Synon. branche, famille, race. Être issu d'une maison; grande, illustre maison; maison souveraine; maison d'Autriche, de France, de Lorraine. C'était, au commencement du dix-septième siècle, ce qu'on appelait une bonne famille que celle des Arnauld, une solide et ancienne maison (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 63). Une petite brodeuse, sans argent, sans nom, épouser Félicien d'Hautecoeur (...) le dernier descendant d'une des plus vieilles maisons de France! (ZOLA, Rêve, 1888, p. 183).
— Loc. vieillie. Être de grande, de bonne maison. Être de noble et ancienne race. Il eût souhaité que l'Espagnol fût d'assez bonne maison pour prétendre à la main de Lauriane (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t. 1, 1857, p. 154). Absol., vx. Être de maison. (Ds LITTRÉ, ROB., Lar. 20e-Lar. Lang. fr.).
4. P. anal., ASTROL. Un des douze fuseaux par lesquels les astrologues divisent le ciel pour analyser son état au moment de la naissance de quelqu'un et en tirer des conclusions pour établir son thème astral. Il [l'astrologue] (...) lui prédit un sort favorable, si toutefois il échappait à quelque triste aspect en l'angle occidental de la septième maison (A. FRANCE, Rabelais, 1909, p. 160). La nuit, il me montrait les constellations et m'enseignait la géographie de la voûte céleste, il m'en désignait les maisons (ARNOUX, Seigneur, 1955, p. 138):
• 4. À la voix du Très-Haut, l'astre de la lumière,
Peut-être aussi changea son oblique carrière;
Et, poursuivant sa marche en ses douze maisons,
Dans son cours inégal varia les saisons.
DELILLE, Paradis perdu, t. 3, 1804, p. 181.
B. — Bâtiment ou ensemble de bâtiments destiné à un usage spécial.
1. Édifice public.
♦Maison communale.
♦Maison commune, maison de ville (vieilli). Hôtel de ville. Puis il arriva sur la grand'place où les clochetons de la maison de ville (...) regardaient l'encombrement du marché (KAHN, Conte or et silence, 1898, p. 177).
♦Maison carrée. Temple romain de Nîmes. (Ds Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, ROB., QUILLET 1965).
♦Maison curiale. V. curial2.
♦Maison mortuaire.
— DR. PÉNAL
♦Maison centrale. V. central I B 3.
♦Maison d'arrêt, de force (vx), de dépôt, de correction. Maison cellulaire, pénitentiaire. Déjà l'alarme était donnée, la cloche de la maison cellulaire sonnait, la rumeur des cris et des ordres vociférés à tue-tête montait (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 293).
♦Maison de justice. Établissement situé près de chaque cour d'assises pour y recevoir jusqu'à leur comparution les personnes qui ont fait l'objet d'une ordonnance de prise de corps. (Dict. XIXe et XXe s.).
2. Endroit, lieu où l'on reçoit, héberge des usagers dans un but déterminé.
♦Maison d'aliénés, de fous. Établissement où sont internés et soignés les malades mentaux. Sa bonne (...) Julie, ayant servi dans des maisons de fous, est liée avec des infirmiers de Charenton (...) qui amènent chez sa maîtresse les fous qu'ils sont chargés de promener (GONCOURT, Journal, 1865, p. 119). P. euphém. Maison de santé. Synon. asile psychiatrique. Mais le fou (...) s'échappa (...) et monta sur le toit (...). Ils (...) s'emparèrent du furieux (...). Il fut conduit aussitôt dans une maison de santé (A. FRANCE, Révolte anges, 1914, p. 392).
Les petites(-)maisons (vx). Hôpital de Paris où l'on enfermait les aliénés. Un échappé des petites maisons. Des actes de démence? Ah! dites plutôt des actes de scélératesse, dignes du dernier supplice, puisqu'ils ne peuvent pas être punis des petites-maisons (MARAT, Pamphlets, Affreux réveil, 1790, p. 243).
♦Maison d'éducation. Établissement où l'on éduque les enfants et les adolescents. Photini était en pension à l'hétairie. C'est, comme vous le savez, une maison d'éducation établie sur le modèle de la Légion d'honneur, mais régie par des lois plus larges et plus tolérantes (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 36).
♦Maison d'enfants. Maisons d'enfants à caractère sanitaire (J.O., 25 mars 1956, p. 2860). Maison d'enfants à caractère social (U.N.I.O.P.S.S., Les Œuvres de la famille, mai 1957, p. 41).
♦Maison de famille. V. famille I C 2.
♦Maison des jeunes. V. jeune III A 1.
♦Maison de convalescence, de repos, de santé. ,,Les maisons de repos sont destinées à recevoir deux catégories de sujets: les malades présentant une altération de leur état général (...), les malades chroniques stabilisés`` (Réadaptation, 1956, n° 30, p. 47). Il est dans je ne sais quelle maison de santé (...), j'ai vaguement ouï dire qu'il a été opéré ce matin (HERMANT, M. de Courpière, 1907, II, 1, p. 13). Les commerçants seraient assurés (...) d'un médecin, d'un chirurgien, d'une maison de convalescence (ALAIN, Propos, 1921, p. 303).
♦Maison de retraite. Maison d'accueil pour les personnes âgées. Un grand nombre de vieillards doivent, pour des raisons diverses abandonner à la fin de leur existence leur logement pour séjourner dans des locaux spécialement conçus pour eux, les maisons de retraite (Les Institutions soc. de la France, La Docum. fr., t. 3, 1955, p. 56).
♦Maison de la culture. V. culture II A 1.
♦Maison de la presse.
♦Maison de la radio.
— [En parlant de lieux de plaisir]
♦Maison close, publique, de claques, de joie, de passe, de prostitution, de rendez-vous, de tolérance. V. clos II A 1. Synon. bordel. Un jour il a eu la fantaisie de mener dans une maison de joie, très chère, un petit vagabond et lui a payé un abonnement dans la maison (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 326). Un premier acte dans une maison de prostitution, mais représentant la vie intime de ces femmes, sans l'apparition de messieurs (GONCOURT, Journal, 1888, p. 838). Mais moi, j'ai vécu dans une maison de rendez-vous où la passe coûtait nettement plus cher (CAMUS, Requiem, 1956, 2e part., 4e tabl., p. 865).
Emploi abs. [Le souteneur:] ça a toujours été mon rêve d'avoir une femme en maison (MÉTÉNIER, Lutte pour amour, 1891, p. 269). Mais non la comtesse est tout simplement une vieillarde qui gère, dans le quartier réservé aux filles d'amour, une maison assez bien achalandée, ma foi (COLETTE, Cl. s'en va, 1903, pp. 282-283). Loc. Entrer en maison. Se faire prostituée dans une maison de prostitution. Ne trouvant pas d'ouvrage, je suis entrée en maison, comme bien d'autres (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Port, 1889, p. 1336).
♦Maison de jeux. V. jeu I B 2.
3. En partic. Établissement d'une communauté religieuse. La maison de St-Sulpice; la maison des Dominicains; maisons de Capucins, de Clarisses. La congrégation des filles de la Charité a des maisons dans le monde entier (Ac. 1935).
♦Maison(-)mère. Établissement central d'un ordre religieux dont dépendent les autres communautés. J'avais besoin ici d'une cuisinière. J'en ai demandé une à Paris, à la maison-mère. On m'envoie une soeur (GONCOURT, Journal, 1861, p.875). Demain une bernardine doit emmener, à la maison mère d'Esquermes-les-Lille, Denise et ma Delphine, qui pleurent toutes les deux (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 172). P. métaph. ou au fig. Chose capitale, centrale, la plus importante. Cette philosophie restait la maison mère de la littérature (THIBAUDET, Hist. litt. fr., 1936, p. 26).
4. Entreprise commerciale ou industrielle. Synon. établissement, firme, magasin. Maison qui progresse, prospère; maison en faillite, en liquidation; la maison ne recule devant aucun sacrifice. On ne doit acheter de semences que dans les maisons qui, non seulement, en font une spécialité, mais encore cultivent les graines qu'elles expédient (...). Ces maisons qui cultivent se respectent; elles tiennent avant tout à leur réputation, et ne vendent que ce dont elles sont sûres (GRESSENT, Potager mod., 1863, p.357).
♦Maison mère. Établissement commercial ou industriel central dont dépendent d'autres établissements, des filiales ou des succursales. Anton. maison filiale. Entre un pays A et un pays B, sont établis certainement et incontestablement les couplages «non classiques» (...) par l'investissement extérieur et par le commerce entre maisons mères et filiales (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p.187).
— Maison de + subst.
♦Maison de banque (vieilli). Synon. de banque. Mais dites-moi donc, Moïse Herrer, le fondateur de la maison de banque, était juif? Honoré: Bien entendu, monsieur, je vous dis que c'est une bonne maison (FLERS, CAILLAVET, M. Brotonneau, 1923, I, 1, p. 3):
• 5. — Monsieur votre père n'est-il pas l'associé d'une maison de banque? — Oui, de la maison Barley et compagnie. — Y a-t-il deux banquiers du même nom à Londres? — Pas que je sache.
ABOUT, Roi mont., 1857, p. 88.
♦Maison de commerce. Beaucoup de maisons de commerce, et d'abord toutes les maisons juives, avaient été confisquées sur l'ordre de Frank, et le soin de les administrer remis à des «Treuhander», c'est-à-dire à des hommes de confiance allemands (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 322).
♦Maison de commission. Entreprise d'un négociant qui fait la commission. Un public, bête et sans couleur, de commis de maisons de commission (GONCOURT, Journal, 1860, p. 742).
♦Maison de détail, de gros. Entreprise où l'on vend les marchandises au détail ou en gros. En apparence, la maison de détail était la même; mais le feu sacré y manquait; le génie de l'invention, le don de l'entraînement s'en étaient retirés (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 389).
♦Maison d'édition. La Guerre civile durait depuis trois mois, elle avait cinq cents abonnés et huit cents acheteurs au numéro, trois maisons d'éditions lui donnaient de la publicité (NIZAN, Conspir., 1938, p. 51).
— En partic. [En parlant de l'établissement où l'on travaille] Synon. fam. boîte, boutique. L'esprit, la tradition de la maison; cet employé a trente ans de maison. Vous pouvez tirer bon parti du nom de la maison. Sous la condition de payer toutes les dettes, dont voici l'état complet (STENDHAL, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 412).
II. — Adj. inv. [En appos. avec valeur expressive valorisante]
A. — Dans le domaine de l'hôtellerie. Qui a été fait sur place, à la maison et non acheté au dehors; qui est de bonne qualité. Pâté, tarte, vol-au-vent maison. Parfois p. iron. Le fretin, les gens «ordinaires» et du commun étaient aux eaux, en proie à des docteurs bienveillants ou avides (...) ou dans des hôtels (...) mastiquant des entrecôtes «maison», dures comme du bois à 80 frs pièce (L. DAUDET, Médée, 1935, p. 222).
— Fam. Particulièrement réussi, soigné. Blague, engueulade, gifle maison. Jacques arrache à la débauche le pauvre orphelin, c'est encore le sujet, et l'objet, d'une bagarre maison (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 43). [Pierre Sora] l'avait levée (...) à Tanger et, après un baratin maison, l'avait ramenée à Paname (LE BRETON, Rififi, 1953, p. 47).
B. — Particulier à l'esprit, à la mentalité, aux habitudes d'une famille, d'un groupe ou d'une entreprise. Apprentissage maison; elle a vite attrapé le genre maison. Qu'elle se méfie [au Concours du Conservatoire] pourtant du chevrotement «maison» qui commence à la gagner, comme la plupart de ses camarades (E. VUILLERMOZ ds Excelsior, juill. 1938). Je dois avoir, conclut-il un complexe de derrière les fagots. Tout comme moi, dit Berliac, nous avons des complexes maison! (SARTRE, Mur, 1939, p. 164). Un journaliste professionnel est un homme qui déforme les faits, consciemment ou non. La «version maison» sort de lui comme d'un moule. Un journal, c'est un gaufrier (MAURIAC, Bloc-Notes, 1958, p. 330).
C. — Qui est propre à une entreprise, un établissement. Diplôme, syndicat maison.
Prononc. et Orth.:[] ou [me-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Bâtiment d'habitation 1. a) fin Xe s. «bâtiment servant de logis, d'habitation, de demeure» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 63); b) ca 1465 maison de plaisance «maison ou château qui sert à l'agrément» (CHASTELLAIN, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 5, p. 236); 1655 maison de campagne (SALNOVE, Vénerie royale, chap. 19, p. 44); c) 1756 maison de chasse (VOLTAIRE, Moeurs, 176 ds LITTRÉ); 2. 1re moitié XIIe s. maisun Dieu «temple, tabernacle» (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, p. 69); 3. ca 1130 en sa maisoun «chez soi (sans mouvement)» (Lois G. le Conquérant, éd. J. E. Matzke, 35); ca 1150 a maison «chez soi (avec mouvement)» (WACE, St Nicolas, éd. E.Ronsjö, 1079); 4. a) ca 1510 tenir maison ouverte (J. D'AUTON, Ann. de Louis XII, 237 ds LA CURNE); b) 1628-30 faire l'honneur de la maison «recevoir selon les règles de la politesse» (A. D'AUBIGNÉ, Sa vie, à ses enfants ds Œuvres, éd. E. Réaume et F. de Caussade, t. 1, p. 41); 1690 faire les honneurs de la maison (FUR.); c) 1690 c'est la maison de Dieu, où on ne boit ni on ne mange «c'est la maison d'un avare» (ibid.); 1867 c'est la maison du bon Dieu (LITTRÉ); 5. astrol. 1269-78 «chacune des douze divisions du ciel, déterminée par l'intersection de six méridiens avec l'horizon et que les astrologues observent pour établir leur thème de nativité» (J. DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 16868); 1546 maison du ciel (RABELAIS, Tiers Livre, XXV, éd. M. A. Screech, p. 178). B. Les personnes qui vivent ensemble, habitent la même maison 1. a) ca 1100 «personnel qui assure le service domestique de l'empereur» (Roland, éd. J.Bédier, 1817); 1606 maison du roi (NICOT); 1765 maison militaire du roi (Encyclop.); b) 1835 gens de maison (Ac.); 2. 1re moitié XIIe s. maison d'Israel «les Juifs» (Psautier Oxford, éd. cit., p. 142); 3. 1174 «famille» (GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 2950). C. Bâtiment, édifice destiné à un usage spécial 1. ca 1165 maison Dieu «maison où l'on loge et soigne les malades» ([CHR. DE TROYES], G. d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 149); 1721 maison de santé (Trév.); 1803 maison d'éducation (BOISTE); 1893 maison de retraite (ZOLA, Dr Pascal, p.223); 2. ca 1165 «couvent, monastère, abbaye» ([CHR. DE TROYES], G. d'Angleterre, éd. cit., 181); 1877 maison mère (LITTRÉ Suppl., s.v. mère); 3. fin XIIe maison de chartre «prison» (Sermons St Bernard, éd. W. Foerster, p. 86); 1704 maison de force «prison des femmes de mauvaise vie» (Trév.); 1790 «établissement où sont détenus les prévenus ou les condamnés» (Mr DE L'ÉPITHÈTE, Dict. national et anecdotique, Append. ds QUEM. DDL t. 11); 1721 maison de correction (Trév.); 1790 maison d'arrêt (RANFT, p. 100); 1838 maison pénitentiaire (STENDHAL, Mém. touriste, t. 2, p. 481); 1848 maison centrale (BALZAC, Splend. et mis., p. 541); 4. 1270 maison de la ville «hôtel de ville, mairie» (LEFRANC, Histoire de la ville de Noyon, p. 227); 5. 1466 maison estagiere «boutique» (doc. ds LA CURNE); 1794 maison de commerce (STAËL, Lettres div., p. 564); 1802 maison de prêt (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, p. 325); 1813 maison de banque (JOUY, Hermite, t. 3, p. 154); 6. a) 1821 maison publique (J. DE MAISTRE, Souveraineté, p. 387); 1824 maison de prostitution (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, p. 248); 1829 maison de passe (Recueil d'argot, 47 ds SAIN. Arg. t. 2, p. 170); 1840 maison de tolérance (Ac. Compl. 1842, s.v. tolérance); 1899 maison close (ZOLA, Fécondité, p. 379 et 517); b) 1811 maison de jeu (JOUY, Hermite, t. 1, p. 141); 7. 1757 maison d'association «caisse de maladie» (CHAMOUSSET, Vues d'un citoyen, p. 35); 1792 maison de secours «organisation pour émettre un papier local» (Lettre de Clavière, 28 avril ds Bull. d'hist. éc. de la Révolution, 1911, p. 184); 1931 maison de l'agriculture (Lar. 20e). D. En appos. 1. a) 1935 entrecôtes «maisons» (L. DAUDET, Médée, p. 222); b) 1941 des enculés et des constipés maison «indiscutables, authentiques» (MAGNANE, Bête à concours, p.336); 2. a) 1935 témoin-maison «conforme à la volonté ou à la mentalité d'une personne ou d'une collectivité» (SIMONIN, J. BAZIN, Voilà taxi! p. 160); b) 1939 complexes maison «qui caractérise, qui est propre à (une entreprise, un établissement, une famille, etc.)» (SARTRE, Mur, p. 164). Du lat. ma(n)sionem, accus. de mansio «séjour, lieu de séjour, habitation, demeure, auberge» (de manere «rester, demeurer», v. manoir) qui n'existe au sens de «maison» qu'en gallo-roman et dans les parlers septentrionaux. Casa, proprement «cabane» puis «maison» en lat. pop. a supplanté le lat. class. domus (cf. ital. esp. casa, a. prov. caza) et subsiste en fr. dans divers topon. et anthropon. (La Chaise-Dieu, Lacaze, Sacaze), v. aussi chez; cf. pour le sens A 4 l'a. prov. maison «ensemble des affaires domestiques, ménage» (ca 1300 ds LEVY Prov.), pour le sens C 3 le b. lat. tristissimae mansionis (sc. carceris)... angustiae (Ve s. ds TLL) et pour C 5 l'a. dauph. maison «boutique, atelier (en parlant d'un cordonnier)» (Leyde de Vienne, copie de 1403 ds DEVAUX, Lang. du Dauphiné, p. 92). Fréq. abs. littér.:37468. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 44959, b) 59673; XXe s.: a) 63774, b) 50652.
DÉR. Maisonnier, -ière, adj. a) [En parlant d'une pers.] Qui est sédentaire, se plaît à la maison. Stables et maisonniers, ils n'étaient pas de ces gens qui déambulent, palabrent très au delà de minuit (ARNOUX, Double chance, 1958, p. 20). b) [En parlant d'une chose] Qui se rapporte à la vie à la maison. Souci maisonnier. J'ai une observation maisonnière à te faire (...). Il y a très longtemps que nous n'avons mangé de ragoût de mouton (L. DAUDET, Ariane, 1936, p. 64). On relève ds LITTRÉ Suppl. 1877 maisonnière dans un emploi partic.: ,,La Société maisonnière de Mulhouse, société qui procure aux ouvriers des maisons, des logements à bon marché`` mais l'emploi fém. corresp. aux sens cités supra n'est pas att. ds les dict. — [], [me-], fém. [-]. — 1res attest. a) subst. ) 1312 maxonnier «habitant d'une maison, tenancier» (Cart. gr. égl. de Metz, B.N. 11849, f° 78 r° ds GDF.), ) 1523 «fermier, preneur à cens» (Nouv. Coutumier général, éd. Ch. A. Bourdot de Richebourg, t. 3, p. 1053), ) 1611 «chef d'une maison» (COTGR.), b) adj. ) 1505 «qui garde la maison» (doc. ds GDF.), ) 1559 «dont on se sert à la maison (en parlant d'une quenouille)» (RONSARD, Œuvres, éd. P. Laumonier, Second Livre des Meslanges, t. 10, p. 123, 29), ) 1571 «qui sert aux maisons (en parlant du bois, de la chaux)» (LA PORTE, Épithètes ds GDF.), ) 1877 société maisonnière «société qui procure aux ouvriers des logements à bon marché (à Mulhouse)» (LITTRÉ Suppl.); de maison, suff. -ier.
BBG. — BAR (F.). Superl. et intensifs ds le fr. auj. Fr. mod. 1952, t. 20, p. 28. — BOUDON (P.). Rech. sémiotiques sur le lieu. Semiotica. 1973, t. 7, pp. 190-225. — DAUZAT (A.). Maison ds la Basse Auvergne. In:[Mél. Thomas (A).]. Paris, 1927, pp. 131-136. — DAVIDSON (H.). Die Benennungen des Hauses und seiner Teile im Frz. Kiel, 1903, passim. — RANFT 1908, pp. 100-101. — QUEM. DDL t. 10. — STRENG (W.O). Haus und Hof im Frz. Helsinki, 1907, passim.
maison [mɛzɔ̃] n. f.
ÉTYM. V. 980; du lat. mansio, accusatif mansionem, de manere « rester »; a remplacé en gallo-romain casa, qui subsiste en toponymie (La Chaise-Dieu). → aussi Chez.
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1 Bâtiment d'habitation. ⇒ Bâtiment, bâtisse, construction, édifice (cit. 5), hôtel, immeuble (cit. 5), ménil ou mesnil (vx); abri, asile (cit. 4), bercail, chacunière, chez-soi, couvert, demeure, domicile (cit. 3), établissement, feu (infra cit. 27), foyer, gîte, habitation (cit. 2), home, intérieur (infra cit. 7), lieu (supra cit. 18), logement, logis, pénates, pigeonnier (fig.), résidence, retraite, toit; (péj.) baraque, bicoque (cit. 3), bouge, cabane, case, cassine (vx), clapier, galetas, masure, réduit, taudis (→ fam. et argotique : Cagna, carrée, casbah, crèche, gourbi, guitoune, piaule, taule, turne; et aussi couloir, cit. 1; échantillon, cit. 1; habitat, cit. 4).
REM. Maison, terme concret, désigne un bâtiment entier, tandis que les mots concernant l'habitation, la demeure (abri, asile, etc.) s'appliquent à tout lieu, bâtiment ou partie de bâtiment où l'on habite. — (1873). Maison d'habitation (cit. 3) se dit pour insister sur le fait que la maison sert effectivement d'habitation et pour la distinguer d'autres bâtiments.
1 Maison, logis et habitation expriment quelque chose de concret (…) Demeure, domicile, résidence et séjour désignent quelque chose d'abstrait (…) Maison désigne le bâtiment… Le logis est la maison considérée par rapport à la manière dont on s'y trouve (…)
Lafaye, Dict. des synonymes, art. Maison, Logis.
♦ Parties, divisions d'une maison ⇒ Cage, 1. comble, couverture, étage, façade (cit. 5), fondation, maçonnerie, mur, terrasse, toit, toiture. || Étages d'une maison ⇒ Rez-de-chaussée, entresol, premier… || Escalier d'une maison.
♦ Divisions intérieures, disposition des lieux, dans une maison. ⇒ Êtres (vx); appartement, chambre, pièce, salle; et aussi buanderie, cave, cellier, corridor, couloir, cuisine, débarras, décharge (vx), entrée, grenier, hall, office, souillarde, soupente, sous-sol, toilette (cabinet de toilette), véranda, vestibule. || Maison d'une dizaine de pièces avec de nombreuses dépendances. || Planchers, plafonds, cloisons… d'une maison. || Ouvertures d'une maison. ⇒ Fenêtre, porte. || Maison avec des balcons, un perron, un porche…; surmontée d'un belvédère, d'un mirador; flanquée d'une tour… || Cour intérieure d'une maison (⇒ Atrium, cour, patio). || Jardin, cour attenant à une maison. ⇒ Courtil (vx), jardin. || Maison entre cour et jardin. — Architecture, construction (cit. 4) d'une maison. || Maison en construction (⇒ Chantier). || Coupe, plan d'une maison. || Bâtir (cit. 4, 8, 12, 49), construire, élever une maison (→ Atelier, cit. 1). || Couvrir une maison.
♦ Maison de bois (→ Enduit, cit. 1), de briques (cit. 1), de pierres de taille. || Maison préfabriquée. || Maison industrialisée. || Maison traditionnelle (en construction non préfabriquée). || Maison enduite de chaux (cit. 1), de crépi. || Maisons blanches (→ Flot, cit. 8), d'un blanc (cit. 15) éclatant. — Petite maison. ⇒ Maisonnette. || Maison rudimentaire. ⇒ Chaumière, hutte… || Maison basse (→ Golfe, cit. 5; kiosque, cit. 3). || Maison haute, élevée; à pignon (→ Iriser, cit. 1). || Grande maison à nombreux étages. ⇒ Immeuble; caserne, gratte-ciel, tour. — Maison de ville. || Maison bourgeoise, habitée bourgeoisement (opposé à maison garnie, meublée). || Maison de maître. || Maison de banlieue (cit. 2). ⇒ Pavillon. || Maison rustique, champêtre, des champs… || Maison de paysans ⇒ Ferme. || Maison forestière. — (1756). || Maison de chasse. ⇒ Pavillon, rendez-vous. — Maison de bouteille (vx); maison de plaisance. — Maison de campagne (⇒ Campagne) : maison appartenant à une personne résidant en ville et servant aux séjours de vacances. || Noms de maisons ⇒ Bastide, bourrine, bungalow, cabanon, campagne, cassine, castel, chalet, chartreuse, château, cottage, ermitage, fermette, folie, gentilhommière, manoir, mas, pavillon, pied-à-terre, vide-bouteilles (vx), villa. — Vx. || Petite maison : maison de plaisance située dans un lieu discret et destinée ordinairement à des rendez-vous galants. ⇒ Folie (cit. 27) → ci-dessous, cit. 5.
2 Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée; et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
Du Bellay, les Regrets, XXXI.
3 (…) Versailles, alors petite maison de chasse, achetée par Louis XIII vingt mille écus, devenue depuis, sous Louis XIV, un des plus grands palais de l'Europe (…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, CLXXVI.
4 (…) j'aurais une petite maison rustique, une maison blanche avec des contrevents verts; et quoique une couverture de chaume soit en toute saison la meilleure, je préférerais magnifiquement, non la triste ardoise, mais la tuile, parce (…) qu'on ne couvre pas autrement les maisons de mon pays (…)
Rousseau, Émile, IV.
5 Jamais souper des petites maisons de Paris n'approcha de ce repas (…)
Rousseau, les Confessions, IV.
6 La maison qu'il habitait se composait (…) d'un rez-de-chaussée et d'un seul étage : trois pièces au rez-de-chaussée, trois chambres au premier, au-dessus un grenier.
Hugo, les Misérables, I, I, VI.
7 En 1823 (…) Montfermeil (…) n'était qu'un village dans les bois. On y rencontrait bien çà et là quelques maisons de plaisance du dernier siècle, reconnaissables à leur grand air, à leurs balcons en fer tordu et à ces longues fenêtres dont les petits carreaux font sur le blanc des volets fermés toutes sortes de verts différents.
Hugo, les Misérables, II, III, I.
8 Sur la rue, la maison avait cinq étages (…). En bas, quatre boutiques occupaient le rez-de-chaussée (…) La maison paraissait d'autant plus colossale qu'elle s'élevait entre deux petites constructions basses, chétives, collées contre elle (…)
Zola, l'Assommoir, t. I, II, p. 53.
♦ Allus. littér. || La Maison du Chat-qui-pelote, roman de Balzac (1830). || La Maison de Claudine, roman de Colette (1922).
♦ Maison bien établie (cit. 37), bien située. || Emplacement (cit. 1), exposition, situation d'une maison. || Maison située dans un enfoncement (cit. 3), un creux; sur une hauteur, un coteau. — Maison isolée (cit. 3). || Maisons contiguës (cit. 2), voisines. || Hameau (cit. 2) de dix maisons; village de deux cents maisons (→ 1. Baie, cit. 2). ⇒ Feu. || Maisons groupées, disséminées (cit. 1), qui s'éparpillent (cit. 11). || Rangée de maisons (→ Croupe, cit. 8). || Canal (cit. 6), impasse (cit. 2), rue bordée de maisons. || Alignement (cit. 3) des maisons (→ Aligner, cit. 1). || Groupe, pâté de maisons. ⇒ Bloc, îlot (cit. 5 et 6); coron (cit.). — ☑ Prov. Les maisons empêchent de voir la ville : le détail empêche de voir l'ensemble (→ Les arbres empêchent de voir la forêt).
9 (…) auprès de l'église, quelques maisons étaient groupées; les autres, plus nombreuses, avaient préféré se disséminer aux environs, parmi des arbres, dans des ravins ou sur des escarpements.
Loti, Ramuntcho, I, I.
♦ ☑ Loc. fig. (Vx). Demander des choses par-dessus les maisons, exorbitantes, excessives (cf. Molière, les Fourberies de Scapin, II, 8).
♦ Maison riche, belle cossue (cit. 1), somptueuse (⇒ Palais). || Maison humble (cit. 32), modeste. || Maison avenante (cit. 4), commode, coquette, plaisante, riante (→ Festonner, cit. 2; intérieur, cit. 8). || Maison calme, tranquille (→ Entourer, cit. 8). || Maison disgracieuse (cit. 2), triste, laide… — Maison boiteuse, branlante, croulante, délabrée, lézardée (cit. 2), qui tombe en ruines (⇒ Taudis). || Maison déserte, inhabitée (cit. 2), abandonnée. || La maison est fermée. || Vieille maison. || Maison ancienne (→ Haut, cit. 23). || Restaurer, réhabiliter de vieilles maisons. — Maison incendiée (→ Éteindre, cit. 1), détruite (⇒ Ruine). || Abattre (cit. 1), détruire (cit. 1) une maison. || Bombes (cit. 3) qui éventrent des maisons. || Exhumer (cit. 3) une maison antique.
♦ (1973, in Courrier du C. N. R. S.). || Maison solaire, chauffée par l'énergie solaire (emploi abusif de l'adjectif).
♦ Acheter (cit. 2), louer, vendre une maison (→ Estimation, cit. 2). || Maison à vendre. || Louage, loyer des maisons (→ Bail, cit. 2; fruit, cit. 34). || Maison hypothéquée (cit. 1). — Fortune en terre et en maisons (⇒ Immeuble, immobilier; → Espèce, cit. 24). || Posséder une maison, être propriétaire d'une maison (→ Avoir pignon sur rue). || Locataires (cit. 4), colocataires d'une maison. || Maison de rapport (vx) : immeuble loué par appartements. — Valeur, prix d'une maison.
♦ Habiter une maison. || Loger, demeurer, vivre dans une maison. || Installer qqn dans sa nouvelle maison. || Changer de maison, déménager. || Loger, héberger, recevoir qqn dans sa maison. ⇒ Hospitalité. || Ceux qui habitent la même maison. ⇒ Maisonnée (→ ci-dessous, III.). || Maison où sont logés beaucoup de gens. ⇒ Arche (de Noé). || Maison mal famée, mal fréquentée. || Maison hantée. || Maison habitée par des dévots. ⇒ Capucinière (vx). — Partir de la maison. || Vider la maison. — Garder (cit. 14) la maison. || Être cantonné (cit. 3) dans la maison. || Le gardien de la maison (⇒ Concierge).
10 Naître, vivre et mourir dans la même maison.
Sainte-Beuve, les Consolations (1830), « À E. Fouinet ».
11 En octobre, le nouveau propriétaire leur donna huit jours pour vider la maison et préparer leur grand départ.
Loti, Matelot, XV.
♦ Spécialt. || Maison curiale ⇒ Cure, presbytère. || Maison du doyen ⇒ Doyenné.
12 Le maire ayant refusé de rendre le presbytère à sa primitive destination, la Commune fut obligée d'acheter une maison de paysan située auprès de l'église; il fallut dépenser cinq mille francs pour l'agrandir, la restaurer et y joindre un jardinet dont le mur était mitoyen avec la sacristie, en sorte que la communication fut établie comme autrefois entre la maison curiale et l'église.
Balzac, les Paysans, Pl., t. VIII, p. 203.
♦ Maison mortuaire, où reste le corps en attendant les funérailles (→ Funèbre, cit. 1).
♦ (En parlant d'une cabane). || La Maison du berger, poème de Vigny.
♦ Par ext. || Maison de poupée. || Enfant qui fait une maison avec des cubes.
♦ ☑ Loc. fig. Maison de verre. — Hist. || La maison d'or, palais de Néron. — (1875, in Rey-Debove et Gagnon; trad. angl. White House). || La Maison-Blanche : la résidence du président des États-Unis d'Amérique, et, par ext., le gouvernement américain. || La politique de la Maison-Blanche.
♦ ☑ Loc. fam. Gros (adv.) comme une maison : énorme, grossier, évident.
2 (XIIe). Habitation, logement (qu'il s'agisse ou non d'un bâtiment entier). ⇒ Chez-soi, demeure, domicile, foyer, home, logis… (→ Famille, cit. 22 et 25, Gide). || La maison conjugale (→ Adultère, cit. 7), paternelle. ⇒ Domicile (→ Élever, cit. 39; escapade, cit. 4; famille, cit. 19). || Quitter la maison (→ Froncement, cit. 1). || Rester, être reclus dans sa maison (→ Guère, cit. 8).
13 (…) Aucun, hors moi, dans la maison,
N'a droit de commander (…)
Molière, les Femmes savantes, V, 2.
14 Tout homme qui se plaît dans sa maison aime sa femme. Souvenez-vous que si votre époux vit heureux chez lui, vous serez une femme heureuse.
Rousseau, Émile, V.
15 L'enfant ne peut quitter la maison paternelle sans la permission de son père, si ce n'est pour enrôlement volontaire, après l'âge de dix-huit ans révolus.
Code civil, art. 374.
♦ ☑ À la maison : chez soi (→ Apercevoir, cit. 20; 2. Chagrin, cit. 9; fier, cit. 3). || Il aime rester à la maison, chez lui. ⇒ Casanier. || Rentre à la maison. || Passez donc me voir à la maison. || Gâteau fait à la maison (→ ci-dessous, IV., 1.).
16 (…) elle profita que nous demeurions loin, pour rentrer de plus en plus rarement à la maison.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 76.
♦ ☑ Prov. Charbonnier est maître en sa maison.
3 (1548). L'intérieur d'une maison ou d'un appartement, son aménagement. || Maison peu intime (cit. 12), inconfortable (cit. 1), à peine habitable (cit. 2). || Maison en désordre ⇒ Bazar, caravansérail. || Maison bien ordonnée, bien tenue (→ Exact, cit. 4), confortable, arrangée avec goût. || Déménager toute la maison, tout ce qu'il y a dans la maison.
17 (…) toute maison bien ordonnée est l'image de l'âme du maître. Les lambris dorés, le luxe et la magnificence n'annoncent que la vanité de celui qui les étale; au lieu que partout où vous verrez régner la règle sans tristesse, la paix sans esclavage, l'abondance sans profusion, dites avec confiance : c'est un être heureux qui commande ici.
Rousseau, Julie…, IV, X.
♦ Par ext. (Vie à la maison). || Administrer, tenir la maison. ⇒ Ménage. || Soins de la maison. ⇒ Économie. || Relatif à la maison ⇒ Domestique. || État (cit. 88), train de maison. || « Gens sans état (cit. 85), qui n'ont point de maison ». — ☑ (1762). Tenir maison : recevoir, traiter des invités. — ☑ (V. 1500). Tenir maison ouverte : offrir l'hospitalité à tout venant. — ☑ (1690). Faire les honneurs de la maison. — Être invité, aller dîner dans une maison opulente (→ Apprêt, cit. 6). || Avoir ses entrées (cit. 15) dans une maison; fréquenter une maison (→ Intervalle, cit. 15). — Bonne maison. || Une des meilleures maisons de Paris (→ Garçonnière, cit. 1). || Grande maison. || Valets de bonne, de grande maison. — ☑ Fig. et vx. Faire une bonne maison : amasser beaucoup de biens. ☑ Voilà comme on fait les bonnes maisons, se dit à propos de petites économies qui peuvent paraître mesquines, mais qui contribuent à l'édification et au maintien d'une fortune.
18 Et voilà comme on fait les bonnes maisons (…)
Racine, les Plaideurs, I, 4.
19 (…) le même tour d'esprit qui fait exceller une femme du monde dans l'art de tenir maison.
Rousseau, Émile, V.
20 Madame Firmiani ? dit-il, oui, oui, je la connais bien, je vais à ses soirées. Elle reçoit le mercredi; c'est une maison fort honorable.
Balzac, Mme Firmiani, Pl., t. I, p. 1029.
♦ Par métonymie. || Rencontrer qqn dans une maison amie (→ Causette, cit. 1).
♦ ☑ (1867). Loc. fam. C'est la maison du bon Dieu, une maison particulièrement accueillante et hospitalière. — Maître, maîtresse de maison. ⇒ Maître (supra cit. 13).
4 Spécialt. La maison, le ménage, la famille, où servent des domestiques (→ ci-dessous, III., 2.). || Ce domestique a fait de nombreuses maisons. ⇒ Place. — (1835). Absolt. || Les gens de maison : les domestiques. || Un employé de maison. || Le syndicat des gens de maison. — ☑ (1837). Vx. Entrer en maison : devenir domestique, se placer. — ☑ Loc. vieillie. Faire maison nette, neuve, nouvelle : renvoyer, remplacer tous ses domestiques.
21 On a beau crier, jurer, maltraiter, chasser, faire maison nouvelle; tout cela ne produit point le bon service.
Rousseau, Julie, IV, X.
22 (…) ils l'avaient destinée (leur unique enfant) à entrer en maison, c'est-à-dire à devenir femme de chambre.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 1006.
5 Relig. || La maison du Seigneur, de Dieu… : le temple de Jérusalem, et, par ext., ⇒ Église, sanctuaire, temple. || Maison de prière (→ Caverne, cit. 4). || La maison du Père, la maison céleste : le paradis (→ Garçon, cit. 6).
23 Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père.
Bible (Sacy), Évangile selon saint Jean, XIV, 2.
24 Penses-tu que, plus vieille, en la maison céleste
Elle eût eu plus d'accueil ?
F. de Malherbe, Poésies, Consolation à Du Périer…
25 Qui l'eût cru, qu'on dût voir jamais
Les glaives meurtriers, les lances homicides
Briller dans la maison de paix ?
Racine, Athalie, III, 8.
REM. Maison-Dieu se disait pour Hôtel-Dieu, et aussi pour ostensoir.
6 Fam. (souvent lang. enfantin). Logis (d'animaux). || La maison du chien, sa niche. || Les maisons que se bâtissent les castors (→ Art, cit. 23). || La forêt (cit. 1), maison des oiseaux… || La maison de la tortue, sa carapace (→ Guise, cit. 1).
7 (1546). Spécialt. (Astrol.). || Les douze Maisons du Ciel : les douze fuseaux par lesquels les astrologues divisent le ciel, pour analyser son état au moment de la naissance de quelqu'un (→ Aspect, cit. 31). || Le Seigneur, le maître de la maison, l'astre qui s'y trouve.
———
II (XIIe). Bâtiment, édifice destiné à un usage spécial.
1 Édifice public. — (1270). Vx. || Maison commune, maison de ville. ⇒ Hôtel (de ville), mairie (→ Célébration, cit. 1). || Maison de poste : la poste (→ Facteur, cit. 11; halte, cit. 1).
♦ Dr. pén. Établissement de détention. ⇒ Prison. — (1867). || Maison centrale (prison d'État), départementale. — (1802). || Maison de force (cit. 47) → aussi Forçat, cit. 5. — Maison correctionnelle, plus souvent appelée maison de correction (→ Gosse, cit. 3). — (1810). || Maison d'arrêt, de dépôt (→ Arrêter, cit. 36) : prison où sont retenues les personnes en état de détention préventive. — (1804). || Maison de justice (cit. 22) → aussi Inculpé, cit. 3. || La prison départementale sert de maison d'arrêt, de justice et de correction.
26 Le détenu, c'est le condamné. Notre Droit criminel a créé des Maisons d'Arrêt, des Maisons de Justice et des Maisons de Détention (…)
Balzac, Splendeurs et Misères des courtisanes, Pl., t. V, p. 920.
2 (V. 1175). Établissement public ou privé comportant un ou plusieurs bâtiments où l'on reçoit des usagers, qu'on les loge ou non. — REM. Maison, dans ce sens, désigne à la fois l'établissement et le bâtiment qui l'abrite. — (1721). || Maison de santé (⇒ Clinique, hôpital), de repos, de convalescence. — ☑ Maison de fous (cit. 3 et 5), d'aliénés, par euphém., maison de santé. ⇒ Asile (→ Internement, cit.). — (1622). Anciennt. || Les Petites-Maisons, hôpital de Paris où l'on enfermait les aliénés. || Un échappé des Petites-Maisons.
27 D'où vient (…)
Et qu'il n'est point de fou qui, par belles raisons,
Ne loge son voisin aux Petites-Maisons ?
Boileau, Satires, IV.
28 On l'intitulait « Maison de Santé » sur les notices, à cause d'un grand jardin qui l'entourait, où nos fous se promenaient pendant les beaux jours.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 374.
♦ (1931). || Maison de retraite, où l'on reçoit les vieillards. — Maison du marin, du soldat : établissement fournissant logement et nourriture aux marins, soldats… en déplacement. ⇒ Foyer.
♦ (XXe). || Maison de la culture, placée sous la tutelle du ministère des Affaires culturelles. || Maisons des jeunes et de la culture (M. J. C.), dépendant du ministère de la Jeunesse et des Sports. || « Les animateurs socio-culturels ont (signé) une motion pour protester contre la décision du gouvernement de supprimer vingt postes de directeur de la maison de la culture » (le Monde, 9 sept. 1969).
♦ Maison d'éducation : école, pensionnat privé ou institution (Légion d'Honneur, etc.). || Maison d'enfants (cf. Home d'enfants, colonie de vacances).
3 (1829). Spécialt. (Lieu de plaisir). || Maison de jeux (cit. 35). ⇒ Tripot. || Règlements sur les maisons de jeux (Code pénal, art. 410). || Tenancier d'une maison de jeux.
♦ Maison de rendez-vous (→ Indicateur, cit. 3).
♦ (1931). || Maison close. — Maison de passe, (1840) de tolérance. ⇒ Bobinard, 2. bocard, bordel, 2. bousin, boxon, 2. claque (cit. 2), lupanar; et aussi prostitution. — Absolt. || Entrer en maison. — Vx. || Fille de maison. — La Maison Tellier, nouvelle de Maupassant. — Maison borgne, clandestine…
29 Plusieurs, on l'assurait, abattus, corrompus par le découragement même, passaient les nuits et les jours dans les maisons de filles et de jeu (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., V, X.
29.1 Je cesse de l'intéresser dès que je ne suis plus au lit avec lui, comme avant-hier encore, dans cette nouvelle maison de passe où il a pris l'habitude de m'emmener.
Claude Mauriac, le Dîner en ville, p. 22.
4 (V. 1175). || Les maisons d'une communauté religieuse. ⇒ Couvent. || La maison mère (1877), les maisons provinciales d'un ordre (→ Décisif, cit. 3). || Maison de chartreux (Chartreuse), de capucins, de clarisses…
5 (1810). Entreprise commerciale. || Maison de commerce. ⇒ Établissement, firme (→ Fraude, cit. 5; frère, cit. 7; jour, cit. 44). || Maison de détail, de gros. || Maison de commission. — Vx. || Maison de banque (→ Cas, cit. 7). || Maison de prêt sur gage (Code pénal, art. 411). — Maison de production. — Fondation d'une maison (→ Fonds, cit. 4). || La maison mère et les succursales. (Sans qualificatif, dans un contexte donné). || Maison qui progresse, prospère… (→ Fondre, cit. 20). || Les principales maisons de Paris (→ Librairie, cit. 3). || Les bénéfices de la maison (→ Intéresser, cit. 5). || Maison en faillite, en liquidation, qui suspend ses paiements (→ Liquidateur, cit. 2). || La maison X… (→ Galère, cit. 4). || La maison Nucingen, roman de Balzac. || Les employés d'une maison, ceux qui travaillent pour une maison (→ Fort, cit. 77).
30 (…) je suis le représentant d'une grosse maison belge de papeterie qui vient vous faire ses offres de service.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, VIII, p. 83.
31 Les employés d'une maison de commerce sont attachés par le cœur à la maison, et fort peu à leurs compagnons de travail; ils ont le sentiment de dépendre d'un organisme complexe, qui a son existence propre.
J. Chardonne, l'Amour du prochain, p. 193.
♦ (1893). Spécialt. Établissement où l'on travaille (maison de commerce, administration, etc.). → Frousse, cit. 1. || Maison dont on se plaint ⇒ Boîte (cit. 11), boutique… || L'esprit, les traditions de la maison. Voir aussi ci-dessous, IV., 2.
32 Il s'attendrit à exalter la Direction des Dons et Legs, la grande bonté du Directeur, les traditions quasi familiales de la maison !
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, Ier tableau, II.
♦ ☑ Loc. argotique. La maison parapluie, la maison poulaga, la maison je t'arquepince, etc. : la police. — ☑ La Grande Maison (même sens).
———
III Fig.
1 (V. 1206). Les personnes qui vivent ensemble, habitent la même maison. ⇒ Maisonnée; famille (→ Grabat, cit. 4).
33 Vous me comblez, monsieur le président. Je voudrais pouvoir vous dépeindre la joie de ma maison, la joie de ma femme (…)
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, IV, I.
♦ Quelqu'un de la maison, de la famille, des intimes… (→ Intriguer, cit. 2). || Le fils, la fille (cit. 10) de la maison. ☑ Faire la jeune fille de la maison : faire le service au cours d'une réunion. || Traiter qqn comme un enfant de la maison (→ Apprenti, cit. 2). || Les amis (cit. 20), les familiers (cit. 17 et 18), les habitués (cit. 14) de la maison.
34 La première visite une fois faite, on revient sans motif, et au bout de trois mois on est de la maison; ainsi vont les choses.
A. de Musset, Nouvelles, « Deux maîtresses », II.
2 Vx ou hist. Les gens attachés au service d'une maison ⇒ Domestique, domesticité. || Une nombreuse maison.
♦ (1606). Ensemble des personnes employées au service des grands personnages. || La maison du roi, du souverain. ⇒ Domestique.
35 La dame d'honneur, les dames d'atour, les filles, la gouvernante, et toute la maison (de la Dauphine) part demain.
Mme de Sévigné, 774, 24 janv. 1680.
36 Prince, il (Joseph Bonaparte) composait « sa Maison » de tout ce qui, sans être de l'opposition, y touchait (…)
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Avènement de l'Empire, XIV.
♦ (1765). || Maison militaire du roi, de l'empereur, d'un chef d'État, les troupes destinées à la garde de sa personne. — (V. 1950). || Maison civile, militaire du président de la République, ensemble des fonctionnaires qui lui sont attachés personnellement.
37 Vous qui gardez mon roi, vous qui vengez la France (…)
Maison du roi, marchez, assurez la victoire (…)
Voltaire, Poème de Fontenoi.
3 (V. 1120). Descendance, lignée (des familles nobles, des grandes familles). || S'allier (cit. 3) à la maison d'un gentilhomme. || Être issu d'une maison (→ Anoblir, cit. 3; arme, cit. 18). || Illustre maison (→ Fleur, cit. 24). || Maison historique (cit. 8). || L'honneur d'une maison (→ Imputer, cit. 24). — Allus. bibl. || Si une maison est divisée (cit. 7) contre elle-même… || La maison de Saül et la maison de David (Rois, II, III, 1). — Maison royale (→ Figuier, cit. 1; fixité, cit. 5; lis, cit. 9). || Maison d'Autriche, de Brunswick.
38 Ne comptez-vous rien (…) l'avantage d'être allié à la maison de Sotenville ? — Et à celle de la Prudoterie, dont j'ai l'honneur d'être issue, maison où le ventre anoblit (…) ?
Molière, George Dandin, I, 4.
39 (…) sa maison (est) de toutes les maisons la plus ancienne : il doit tenir aux princes lorrains, aux Rohans (…)
La Bruyère, les Caractères, VIII, 19.
40 La comtesse d'Orgel appartenait par sa naissance à l'illustre maison des Grimoard de la Verberie. Cette maison brilla pendant de nombreux siècles d'un lustre incomparable.
R. Radiguet, le Bal du comte d'Orgel, p. 15.
♦ ☑ Loc. vieillie. Être de grande, de bonne maison, et, absolt (XVIe; vx), être de maison : être noble. ⇒ 1. Lieu. || De bonne, de meilleure maison (→ Gouverner, cit. 2).
———
IV (XXe). En appos., avec valeur significative.
1 (V. 1950). Qui a été fait à la maison, sur place (opposé à de série, industriel). || Pâté, tarte, vol-au-vent maison (→ Du chef).
♦ Par ext. Fam. Particulièrement réussi, soigné.
41 (…) le tour est passé dans la langue familière avec un sens élargi de qualité, de confort, d'agrément… Jacques Perret, dans son Caporal épinglé, parle de commando maison (…) J'ai relevé de même un petit exposé maison chez Raymond Guérin (Parmi tant d'autres feux) et quelque chose de maison, je te le jure chez Romain Gary (Le grand vestiaire).
René Georgin, Pour un meilleur français, p. 204.
2 (1944). Particulier à une maison de commerce, à une entreprise. || « Elle a vite attrapé le genre maison » (S. de Beauvoir, les Mandarins). || Esprit maison, syndicat maison.
42 Les spiqueurs (sic) paraissent avoir mis au point une espèce de langage radiophonique… (une) sorte de phonation à la fois déclamatoire, familière, condescendante, ignorantine et maniérée. Ce n'est pas leur faute, il y a un parler maison, c'est à prendre ou à laisser.
Jacques Perret, Bâtons dans les roues, III, p. 115.
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DÉR. Maisonnée, maisonnette.
Encyclopédie Universelle. 2012.