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bordel

bordel [ bɔrdɛl ] n. m.
• v. 1200; frq. °borda
1Vulg. Maison de prostitution. boxon, 3. claque, lupanar (cf. Maison close). Bordel clandestin. arg. clandé. Aller au bordel. Tenancière de bordel.
2Fig. et fam. Grand désordre. foutoir, pagaille. Mettre, foutre le bordel quelque part. Quel bordel ! Sa chambre est en bordel.
Grand tapage. Ils ont fait du bordel toute la nuit. 2. boucan, raffut. Loc. Et tout le bordel, tout le reste. Ça va être le bordel pour... ça va être difficile.
3(Juron) « Il gagna la porte, se prit l'épaule dans un massacre de cerf en grommelant : “bordel !” et sortit » (Druon). Bordel de merde ! Bordel de Dieu !

bordel nom masculin (du francique borda, cabane) Populaire Maison de prostitution. Lieu où règne le désordre, la confusion. Ce désordre lui-même. ● bordel (citations) nom masculin (du francique borda, cabane) Populaire Michel Leiris Paris 1901-Saint-Hilaire, Essonne, 1990 Rien ne me paraît ressembler autant à un bordel qu'un musée. L'Âge d'homme Gallimardbordel (expressions) nom masculin (du francique borda, cabane) Populaire Bordel, bordel de merde, etc. !, exclamations manifestant la colère, le mécontentement, etc. Tout le bordel, tout le reste, toute la suite.

bordelle ou bordel
n. f. (Afr. subsah.) Péjor., vulg. Prostituée.
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bordel
n.
d1./d n. m. Vulg. Lieu de prostitution.
d2./d n. m. Fig., très Fam. Désordre.
d3./d n. f. (Afr. subsah.) V. bordelle.

⇒BORDEL, subst. masc.
Trivial
A.— Lieu de prostitution. Aller au bordel (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1856, p. 289); une fille de bordel (CLAUDEL, Corona Benignitatis Anni Dei, 1915, p. 409); courir les bordels (S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 44) :
1. Moi, quand je veux une femme pour de l'argent, je vais la chercher au bordel.
AYMÉ, La Rue sans nom, 1930, p. 131.
2. Qu'elle est longue jusqu'au cimetière cette rue d'Arès qu'à travers un quartier de bordels la famille suit en habit du soir et en souliers vernis, dans une pompe grotesque et sauvage!
MAURIAC, Le Mystère Frontenac, 1933, p. 221.
Rem. Les principaux dict. gén. du XIXe et du XXe s. signalent comme synon. de bordel les mots anc. inus. : bordeau, subst. masc., bordau, ou bordeax.
B.— Au fig. et très fam.
1. Lieu où règne le désordre; grand désordre matériel ou non; tapage. Y en a trop qui foutent le bordel... (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 163); faire un bordel d'enfer (L. RIGAUD, Dict. du jargon parisien, 1878, p. 46) :
3. Dans le bordel infernal de cette cabane, ses fringues restaient introuvables. On a dû le rouler dans deux couvertures.
A. SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 159.
P. ext., arg. [Sans idée de prostitution] Lieu quelconque (maison, pièce, lieu de travail, etc.). Votre petit bordel. Votre appartement (cf. S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 12) :
4. Votre théâtre (...) Bordenave l'interrompit (...) d'un mot cru (...) Dites mon bordel.
ZOLA, Nana, 1880, p. 1097.
2. Loc. arg. Ce bordel de pays. Ce sale pays Mais qui est-ce qui m' a foutu cette famille, dans ce bordelde pays! (ZOLA, La Terre, 1887, p. 226). Et tout le bordel. Et tout le reste Avec les officemars et tout le bordel? (SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 100). Cela va être le bordel pour... Cela va être difficile, ennuyeux -Ça va être le bordel pour les en déloger. (SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 188).
3. Loc. et emplois exclam.
a) Absol. Bordel. Bordel! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 372).
b) Autres expr. Bordel de Dieu! (J. RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier], 1906, p. 120). Sacré bordel! (BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 336). Tonnerre de bordel! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 385). Bordel de bon sang! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936 p. 387).
Rem. 1. G. Sandry, M. Carrère (Dict. de l'arg. mod., 1953, p. 32) signale une var. de l'expr. bordel! sous la forme bordelas! 2. Il a existé un verbe bordeler, signalé par GUÉRIN 1892 et signifiant : « fréquenter les mauvais lieux » et d'autre part : « se livrer à des pratiques obscènes ». D'apr. Ch.-L. CARABELLI [Lang. pop.], ce verbe signifie également : « gâcher un travail ». 3. La docum. atteste l'adj. bordéliforme en parlant soit du travail, des écrits, des habitudes, des annonces qui sont en rapport avec un bordel ou un endroit quelconque où il y a du désordre. Dans ce dernier sens, ROB. Suppl. 1970 note également les néol. bordéleux ou bordélique. C'est passablement bordéleux ici!; un placard bordélique.
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[]. 2. Forme graph. — Les dict. signalent que bordel ,,se disait autrefois bordeau`` (cf. BESCH. 1845, Lar. 19e, LITTRÉ). DG rappelle : ,,Régnier emploie la forme bordeau.`` Pour DG cette forme est ,,plus conforme à la tendance générale des anciens diminutifs en -el, mais [elle] n'a pas prévalu. La forme actuelle est peut-être un emprunt au gascon.`` Ac. Compl. 1842 enregistre de plus la vieille forme bordeax.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Av. 1105 judéo-fr. bodel « cabane, maison » (LÉVY Trésor, p. 42); 1160-74 bordel (WACE, Rou, éd. Andresen, II, 1019 dans T.-L. : un bordel ... U uns fuluns maneit) — 1590 bordel sing. dans GDF.; — 1611 bordieux plur. dans COTGR.; 2. a) ca 1200 bordel sing. « lieu de prostitution » (J. BODEL, Saxons, éd. Fr. Michel, I, 131 dans T.-L.); 1er quart XIIIe s. bordiaus plur. (RENCLUS, Carité, LXXII, 7 dans GDF. Compl.); 1537 bordeau sing. (DES PERIERS, Cymbalum, Dial. 1, I, 18 dans HUG.), forme du sing. encore notée dans COTGR., considérée comme ,,vieillie`` de FUR. 1690 à LITTRÉ; b) 1585 bordels plur. (MONT., II, 350 dans LITTRÉ); FUR. note ,,on dit maintenant bordel``.
Dér. de l'a. fr. borde (borde); l'a. prov. bordel « lieu de prostitution » (XIIIe s. P. Cardinal dans RAYN.), dimin. de borda est une formation parallèle; l'ital. bordello « id. » (XIIIe s., Brunetto Latini dans BATT.) est emprunté soit à l'a. prov. (BATT.; COR., s.v. burdel), soit à l'a. fr. au sens 2 (DEI; MIGL.-DURO).
STAT. — Fréq. abs. littér. :269. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 19, b) 801; XXe s. : a) 374, b) 472.
BBG. — LEW. 1960, p. 32, 210. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 128; t. 2 1972 [1925], p. 343; t. 3 1972 [1930], p. 112.

bordel [bɔʀdɛl] n. m.
ÉTYM. V. 1200, bordel au sing. « lieu de prostitution », au plur. bordiaus, XIIIe, des bordels, 1585; au sens général de « cabane, maison », déb. XIIe en judéo-français; du francique borda « cabane, maison », p.-ê. par le provençal bordelou, même sens. Au singulier, le mot est en concurrence avec bordeau (1537), mot noté vieilli en 1690 in Furetière.
1 Vulg. Maison de prostitution (interdite depuis 1950, en France). Bobinard, 2. bocard, bordeau, 2. bousin, boxon, chabanais (vieilli), 2. claque, lupanar (Littér.). || Bordel public. → Paillardise, cit. || Aller, faire un tour au bordel (→ Aller voir les filles). || Fréquenter les bordels. || Un bordel de luxe. || Tenir un bordel : gérer une maison de prostitution ( Bordelier, taulier). || La lanterne rouge des anciens bordels. || Bordel clandestin. Clandé.
1 Paris entier, ayant lu son cartel,
L'envoie au diable, et sa muse au bordel.
Corneille, Poésies diverses, II.
2 Il (Vitali) donna pour second gentilhomme à Son Excellence, à la place de celui qu'il avait fait chasser, un autre maquereau comme lui qui tenait bordel public à la Croix-de-Malte (…)
Rousseau, les Confessions, t. II, p. 115.
3 J'ai été au bordel.
— Que veut dire ce mot ?
— On appelle ainsi des maisons publiques où, moyennant un prix convenu, chaque homme trouve de jeunes et jolies filles pour satisfaire ses passions.
Sade, les Instituteurs immoraux, la Philosophie dans le boudoir, p. 102, in Cellard et Rey.
2 Fig. et fam. Grand désordre (matériel ou non). || Quel bordel ici ! Bazar, boxon, foutoir. || Il y a du bordel ( Bordélique). || Foutre le bordel quelque part (→ Foutre la merde, la pagaille, la zone). Bordéliser.
4 — Salut; entre par ici, dit Lambert joyeusement. Tu excuseras ce bordel; je n'ai pas eu le temps de faire de l'ordre.
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 242.
5 Foutre le bordel seulement une nuit : pas le bout du monde, non ?
— Le bordel, ça s'organise.
Régis Debray, l'Indésirable, p. 11.
Tapage. || Ils ont fait du bordel toute la nuit. Boucan, bousin.
3 Fam. Ensemble d'objets en désordre. || Elle est venue s'installer avec tout son bordel. || J'ai laissé tout mon bordel sur la table, toutes mes affaires, tout mon matériel. Foutoir.
6 Vous avez emporté tout vot' bordel ?
— Nous avons mieux aimé l'garder, et voilà.
H. Barbusse, le Feu, t. II, II, XX, p. 35.
7 Ça te la coupe hein, lui dit Thérèse. Pas du toc tout ce bordel.
R. Queneau, Loin de Rueil, p. 11.
Loc. Et tout le bordel : et tout le reste.
8 Monet s'amène, considère le bâtiment avec son œil de peintre et ne voit que des taches. Moyennant quoi il peint la cathédrale de Rouen dans toute sa vérité, avec en prime, le mysticisme du moyen âge, la spiritualité et tout le bordel.
J. Dutourd, Pluche, XI, p. 151.
Ce bordel de… : ce sale… || J'en ai marre, de ce bordel de travail.Ça va être le (un) bordel pour… : ça va être très difficile.
4 Exclam. vulg. équivalant à un juron. || Bordel ! || Bordel de bordel ! || Bordel de Dieu ! || Sacré bordel ! || Bordel de (qqch.) ! || Bordel à cul !
9 Il gagna la porte, se prit l'épaule dans un massacre de cerf en grommelant : « bordel ! » et sortit.
M. Druon, la Chute des corps, V, II, p. 374.
10 Nom de Dieu de nom de Dieu de bordel de Dieu ! Je veux savoir ! je veux savoir ! Mais enfin, pourquoi ? Je veux savoir pourquoi, nom de Dieu ! Je n'admets pas que… j'ai le droit de…
M. Aymé, le Vin de Paris, « La fosse aux péchés », p. 145.
11 Nom de Dieu de nom de Dieu, bordel de Dieu, c'est-y pas malheureux de voir ça.
Drieu La Rochelle, la Comédie de Charleroi, p. 217.
Par plais. (exclam. équivalant à nom de Dieu !). || La quille, bordel ! || Et la porte, bordel ! || Et la tendresse, bordel ! (titre de film).
tableau Principales interjections.
DÉR. Bordéleux ou bordélique, 1. bordelier, bordéliser.

Encyclopédie Universelle. 2012.