un, une [ œ̃, yn ] adj. numér. et qualificatif, n., art. et pron. indéf.
• Xe; lat. unus — REM. On ne fait généralt pas l'élision devant un adj. numér. non suivi de décimales : une pièce de un franc, mais un homme d'un mètre quatre-vingt-cinq.
I ♦ Premier nombre entier naturel, exprimant l'unité (1; I). — Math. Élément neutre pour la multiplication dans un anneau unitaire.
A ♦ Adj. numér. card. inv. en nombre ⇒ mon(o)-, uni-.
1 ♦ Quatre femmes et un homme [ œ̃nɔm ]. Une ou deux fois par mois. Un jour sur deux. Une ou plusieurs personnes. Un quart d'heure. Deux heures un quart. Trois voix contre une. « elle se présente avec deux bouteilles de champagne, une dans chaque main » (Diderot). — Ellipt Trois heures une (minute). Il était moins une. C'était moins une : il s'en est fallu de peu. — Loc. fam. Sans un (sou). « Tu ne me feras pas croire qu'il te laissait sans un ? » (Aymé). Ne pas en rater une. — (Suivi de de et d'un adj.) Il n'y en a pas une de libre. Loc. fam. Un(e) de perdu(e), dix de retrouvé(e)s. — Un seul...; pas un seul... Une seule chose m'intéresse. — Plus d'un mois a passé. — Pas un : aucun, nul. Pas une fois il n'est venu. — (En composition pour former un nombre) Vingt et un(e). Quatre-vingt-un(e). Deux cent un soldats. « Les Mille et Une Nuits », recueil de contes arabes.
2 ♦ Pronom. Se battre à deux contre un. Je n'en ai vu qu'une; j'en ai vu une seule. « Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là ! » (Hugo). Plus d'un a commis la faute. — PAS UN(E). Pas un n'est venu. (Suivi de qui) Pas un qui sache écrire (aucun ne sait écrire); pas un qui ne sache écrire (ils savent tous écrire).— Fam. « Y en a un qui m'a demandé Des nouvelles » (Brassens). Il est malin comme pas un (cf. Comme personne). UN À UN (une à une) : à tour de rôle et un(e) seul(e) à la fois. Un par un, une par une. Elles sont entrées une par une. — Tout un chacun. — (Dans une énumération) Et d'un ! (ou fam. et d'une !). « Ceux qui ne sont pas de la compagnie n'ont qu'à la boucler et d'une » (Dorgelès).
B ♦ Adj. numér. ord. Premier.
1 ♦ Le livre un. (Écrit en chiffre) Livre I [ livrəœ̃ ]. Page 1 ([ paʒ(ə)œ̃ ] ou [ paʒ(ə)yn ]). ⇒ une . Acte I, scène 1 [ aktəœ̃sɛnœ̃ ].— Vers les une heure du matin. En 1901 (mille neuf cent un).
2 ♦ N. m. (dans un système de subdivisions écrites) I [ grɑ̃tœ̃ ], 1 [ pətitœ̃ ]. — Ce qui porte le numéro 1. Habiter (au) 1, rue de... Porter du 1 (taille). Le 1 est sorti au loto. ⇒ as.
♢ N. f. La une, la 1 [ yn ]. ⇒ une. L'addition de la 1, de la table numéro 1. ⇒ as. — La première chaîne de télévision. Un film sur la 1. — Loc. (Pour marquer le premier temps d'un mouvement, d'une sommation). Une !... Deux !... Ne faire ni une ni deux. À la une, à la deux, à la trois !
3 ♦ Advt (dans une énumération) Un, je n'ai pas le temps; deux, je n'ai pas envie. ⇒ premièrement, primo.
C ♦ N. m. inv.
1 ♦ Sans déterm. Un et un [ œ̃eœ̃ ], deux. Un est un nombre premier. Je pose 9 et je retiens 1. + 1 (plus un); — 1 (moins un).— Un pour cent (ou 1 %).
2 ♦ Avec déterm. Le chiffre, le numéro 1. Vous avez oublié un 1 [ œ̃œ̃ ].
♢ Note (II, 6o) correspondant à un point. Il a eu (un) 1 en anglais.
3 ♦ Dans des expr. Une seule et même chose (ou personne). Ne faire qu'un avec (qqn, qqch.) : se confondre avec. Lui et son frère ne font qu'un. — C'est tout un : c'est la même chose.
D ♦ Adj. qualificatif (apr. le nom ou attribut)
1 ♦ Qui n'a pas de parties et ne peut être divisé. « Le Dieu d'Israël, le Dieu un et indivisible » ( Bossuet). ⇒ consubstantiel. La République une et indivisible.
2 ♦ Qui, tout en pouvant avoir des parties, forme un tout organique. « Cette grande figure une et multiple, [...] fatale et sacrée, l'Homme » (Hugo).
3 ♦ Qui constitue un ensemble uni, harmonieux. « Tout produit doit être un : on n'a rien fait si on n'a pas mis d'ensemble à ce qu'on a fait » (Senancour). REM. Dans ce sens, un a un plur. : « Les mondes monstrueux et beaux, uns et divers » (Hugo).
II ♦ Indéf.
A ♦ Art. (880) — REM. Un, une sont absents dans des loc. figées, des phrases négatives, devant un attribut énonçant une condition sociale, une caractérisation, ou devant une appos. : elle est médecin; « La Règle du jeu », film de Jean Renoir.
1 ♦ Désigne un objet, un élément distinct mais indéterminé. Il y a un homme dehors. Il a reçu une lettre. Ne venez pas un dimanche (ou le dimanche).
♢ Avec une valeur générale (tous les) ou désignant un individu d'une espèce. Un quadrilatère est une figure à quatre côtés. « Mais ce n'est pas un coupable qu'il nous faut ! C'est le coupable » (Aymé).
♢ Loc. Un jour, une fois. Un temps. Un peu. Un autre... Un certain... Un tel...
2 ♦ (Avec le pronom en) « Quand on est sans caractère [et] dès qu'on en a un » (Voltaire). Fam. Ellipt Je vais vous en raconter une bien bonne (une histoire). En pousser une (chanson). S'en jeter un (verre).— Avec en, désignant un homme en général. « En voilà un qui ne manque pas de toupet ! » (A. Daudet).
♢ (En phrase exclamative, avec une valeur emphatique ou intensive) Il fait une chaleur ! « Il y a un monde ! [...] un monde ! » (Flaubert), beaucoup de monde. Le ciel est d'un bleu ! La ville est d'un triste ! « Swann change, dit ma grand'tante, il est d'un vieux ! » (Proust). Fam. Un, une de ces. J'ai une de ces faims ! J'ai eu une de ces peurs !
♢ (Devant un n. pr.) Une personne telle que... Moi, « aller chez un Merval ! » (Diderot). — Un certain, un nommé. « Qu'est-ce que c'est qu'un M. Dalens » (Musset). — Une personne comparable à. « Ô ciel ! serait-il un Danton » (Stendhal). — Une personne de (telle famille). C'est une Saint-Simon.
B ♦ Pron.
1 ♦ UN, UNE. « Un des hommes les plus remarquables de ce temps » (Balzac). Un de ces jours. — Un, une des... qui...; un, une des... que... (suivi d'un verbe au plur., accordé avec le compl. de un). « Un des ouvrages qui contribuèrent le plus à former le goût de la nation » (Voltaire). — Suivi d'un verbe au sing. (accordé avec l'indéf.) Ma pièce « m'apparaît une des meilleures choses que j'aie écrite » (A. Gide).
♢ L'UN, L'UNE... « L'un des auteurs les plus célèbres de ce temps » (Balzac). L'un d'eux est arrivé. « L'une des pièces du devant était ainsi devenue libre » (Romains). — L'un(e), l'autre; les uns..., les autres. Ni l'un ni l'autre. ⇒ autre. — Loc. L'un dans l'autre : tout bien considéré, en définitive.
2 ♦ (Nominal) Un homme, une femme; qqn (⇒ quelqu'un). « Un que je plains de tout mon cœur [...] c'est Gaspard Hénin » (A. Daudet). Une qui était contente, c'était la petite.
⊗ CONTR. (du I) Multiple; divers, varié.
● un nom masculin invariable Chiffre 1 (désigne aussi selon les cas le numéro d'une chambre, d'un immeuble, un pourcentage, etc.) : Le un est effacé. Le un est encore sorti au loto. L'as, qui, dans certains jeux de cartes, vaut un point. ● un (expressions) nom masculin invariable L'Un, l'être en tant qu'il désigne tout ce qui est et n'exclut rien. Un par mètre, unité SI de vergence, égale à la vergence d'un système optique dont la distance focale est de 1 m dans un milieu dont l'indice de réfraction est 1. ● un (synonymes) nom masculin invariable Un par mètre
Synonymes :
- dioptrie
● un, une, des
article indéfini singulier
(de un)
Déterminant indéfini d'un groupe nominal dont il indique le genre et le nombre : Un homme passe dans la rue.
● un, une
adjectif numéral cardinal
(latin unus)
Le premier des nombres entiers, pris comme base de tout calcul : Un euro. Un mètre.
S'emploie au sens de « premier » dans une numérotation, dans l'expression d'un rang : Article un.
● un, une
adjectif
Qui ne peut être divisé : La vérité est une.
● un, une (expressions)
adjectif
C'est tout un, c'est la même chose, cela revient au même.
● un, une (citations)
adjectif numéral cardinal
(latin unus)
François de Salignac de La Mothe-Fénelon
château de Fénelon, Périgord, 1651-Cambrai 1715
Tout ce qui est plus d'un est infiniment moins qu'un.
Traité de l'existence de Dieu
Victor Hugo
Besançon 1802-Paris 1885
Si l'on n'est plus que mille, eh bien, j'en suis ! Si même
Ils ne sont plus que cent, je brave encore Sylla ;
S'il en demeure dix, je serai le dixième ;
Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là.
Les Châtiments, Ultima Verba, VII, 16
● un, une (expressions)
adjectif numéral cardinal
(latin unus)
Familier. Ne faire ni une ni deux, agir sans hésiter.
Ne faire qu'un, être parfaitement uni avec quelque chose, quelqu'un ou tout à fait semblable.
Plus d'un, beaucoup.
Un à un, un par un, pas plus d'un à la fois ; une personne ou une chose succédant à une autre.
un, une
adj. (et n.), article indéfini et Pron. indéfini.
aA./a adj.
rI./r adj. numéral.
d1./d (Cardinal) Premier des nombres entiers, exprimant l'unité. Un mètre. Un franc. Une minute. Une seule fois.
— Un à un, un par un: à tour de rôle et un seul à la fois.
— Ne faire qu'un avec une chose, une personne, se confondre avec elle.
— C'est tout un: c'est la même chose; c'est égal.
|| n. m. inv. Une unité; chiffre (1) notant l'unité. Un et un font deux. Onze s'écrit avec deux un.
— PHILO L'Un: l'être unique dont tout émane et qui n'exclut rien.
d2./d (Ordinal) Premier. Livre un. Il était une heure du matin.
|| n. f. Fam. La une: la première page d'un journal.
rII./r adj. qualificatif (en fonction d'épithète ou d'attribut). Simple, qui n'admet pas de division, de pluralité. La vérité est une. "Le Dieu un et indivisible" (Bossuet).
|| Qui, tout en pouvant avoir des parties, forme un tout organique, harmonieux. Toute oeuvre doit être une, constituer un tout. (N. B. Dans cet emploi, un admet le pluriel: des théories unes et cohérentes.)
aB./a article indéf. (Plur.: des)
d1./d (Marquant que l'être ou l'objet désigné est présenté comme un individu distinct des autres de l'espèce, mais sans caractérisation plus particulière.) Je vois un chien.
|| (Marquant que l'on se réfère à un individu, quel qu'il soit, de l'espèce.) Tout, n'importe quel. Une terre bien cultivée doit produire.
d2./d (En relation avec le pronom en.) En voilà un qui a du caractère! (sous-entendu, un homme).
d3./d (Dans une phrase exclamative, avec une valeur emphatique ou intensive.)
|| (Devant un nom.) Elle marchait avec une grâce!
|| (Devant un adj.) Il était d'un laid!
d4./d (Avec la valeur d'un adj. indéf.) Quelque, certain. Il reste ici pour un temps.
d5./d (Devant un nom propre.) Une personne qui ressemble à. C'est un Staline.
|| Une personne telle que. Un Balzac en aurait fait un chef-d'oeuvre.
|| Une personne de la famille de. C'est une Dupont.
|| Une oeuvre de. Un beau Picasso.
aC./a pronom indéf.
d1./d C'est un de mes plats préférés.
|| L'un, l'une. L'un de ceux qui ont travaillé à cette oeuvre collective. L'une d'elles m'a dit...
|| (En corrélation avec l'autre.) L'un est riche et l'autre est pauvre.
— Ni l'un ni l'autre: aucun des deux.
d2./d (élément nominal.) Quelqu'un, une personne. " Un de Baumugnes" (roman de J. Giono).
I.
⇒UN1, UNE, adj. numéral cardinal
I. — [Numéral cardinal indiquant l'unité]
A. — Empl. adj.
1. [Signifie que l'élém. de l'ensemble que désigne le subst. est unique] Ramasser un caillou (et non pas deux ou trois); une table et deux chaises; frapper une ou deux fois. Un joueur qui se croit la possibilité de se retirer quand il voudra, met une carte encore, puis encore une, et ne se lève que ruiné (CONSTANT, Journaux, 1804, p. 124).
— [Il peut être précisé que le nombre n'est pas atteint (on n'a pas trouvé un (seul) champignon), qu'il se limite bien à une unité (il n'y avait qu'un (seul) candidat), que l'unité n'est qu'un minimum (il avait au moins un complice; il a plus d'un tour dans son sac)] Les rênes filèrent entre les doigts, puis claquèrent d'un seul coup sec (BERNANOS, Nuit, 1928, p. 17).
♦ Fam. [P. ell. de liard, de sou dans être sans un liard, sans un sou] Être sans un. N'avoir pas d'argent. Et puis il y a l'une, y a l'autre qui rappliquent, qui disent qu'elles sont sans un (COLETTE, La Vagabonde, 1949 [1910], p. 60 ds REY-CHANTR. Expr. 1979).
— Pas un N [Suj. ou en tournure ell.; pour l'empl. pron., v. un3 IV D] Pas un homme n'oserait se mêler à cette troupe (MÉRIMÉE, Carmen, 1845, p. 18). Pas un document, pas un témoignage, pas une seule petite pièce à conviction liant l'accusé-condamné à Treblinka (Le Monde, 10 juin 1992, p. 6, col. 3).
— [En corrélation avec le pron. en] Combien en veux-tu? — J'en veux un, une. Un empereur artiste, cela n'est pas concevable. Nous en avons eu un ou deux, bien entendu. Il y a des brebis galeuses partout (CAMUS, Caligula, 1944, I, 2 , p. 12).
2. [Le subst. déterminé par un désigne lui-même une quantité] Il fait vingt et un degrés; cela contient un litre; cela dure une heure.
— [Le nombre peut être modulé par un adv. d'intensité] Cela a duré moins/plus d'une heure; cela a duré une heure au moins; cela prendra une heure ou plus. [Les exploitants] voient le redémarrage de l'installation [Superphénix] repoussée à plusieurs mois, sinon à un an ou plus (Le Monde, 1er juill. 1992, p. 11, col. 5).
— [Le nombre peut être fractionné ou suivi d'un nombre fractionnaire] Un demi-litre, un litre et demi. J'ai accepté mes lacunes, que pendant une heure et demie j'ai mesurées, ah! (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 296). Grâce à son puissant battement de pieds, Evgueni Sadovyi semblait nager en souplesse à une demi-longueur pour mieux observer ses adversaires (Le Monde, 31 juill. 1992, p. 9, col. 3).
3. En partic. [Le numéral indique l'heure qu'il est] Il est une heure. Le premier acte se passe entre une heure et trois de l'après-midi (MARTIN DU G., Taciturne, 1932, I, p. 1246).
— [Une fraction d'heure peut être ajoutée ou soustraite] Il est une heure moins le quart, moins vingt-cinq; il est une heure et quart, une heure et demie; il est une heure une (minute). Viens donc vers cinq heures un quart un de ces jours (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1901, p. 380).
♦ C'était/il était moins une! [Expr. fam. par laquelle on souligne qu'un événement a été évité de justesse] — Rassurez-vous, nous sommes arrivés à temps (...). — Mais c'était moins une, articula Simon d'une voix pâteuse (Y. ELLENA, Prêcheur en eau trouble, 1988, p. 234 ds BERNET-RÉZEAU 1989). C'est moins une que. [Marque l'imminence] C'est moins une qu'on se la paye en beauté! (B. BLIER, Les Valseuses, Paris, J'ai lu, 1989 [1972], p. 404).
B. — Empl. nom. Une unité. Parier à dix contre un; plus un; moins un; examiner les problèmes un par un. Leur troupeau [des soldats] fatigué fut partagé en petits groupes — un par compagnie (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 6). Mais l'on donne maints exemples de l'impéritie et de l'absence de mordant de l'armée américaine, tournant le dos à la moindre menace et se refusant à la lutte aussi longtemps qu'ils ne se sauront pas vingt contre un (GIDE, Journal, 1943, p. 163).
— [En comptant, pour permettre de commencer une action de manière coordonnée] Le fils Mercier disait « un, deux » puis il embouchait son piston (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 171). Nous attaquons, Monsieur Lebonze, nous attaquons! Vous y êtes? Une, deux, trois (ANOUILH, Sauv., 1938, I, p. 138).
♦ Ne faire ni une ni deux. V. deux I A 1.
II. — [Empl. comme numéral ordinal, pour numéroter et non pour quantifier] Acte un, chapitre un, page un; l'An un de la République.
♦ Numéro un, loc. adj. et subst. V. numéro A 3.
— P. ell. [Pour désigner un acte, une formation militaire, etc., par son numéro] J'ai assez fait des pièces à féerie. J' connais les remue-ménage: en scène pour le un! (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 13). — Qu'est-ce que c'est comme division ici? (...) - La soixante et une, dit un type de mauvaise grâce (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 146).
— [Dans une argumentation, annonce ou souligne le premier argument, le premier point] Je n'en peux plus... Et tenez, d'abord, une : si c'est pour pas toucher à mon haricot, inutile que je vous le monte au cinquième, avec les varices que j'ai (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 484). Maintenant, autre chose. Un garçon de ton âge doit commencer à se défier des dames de la rue. Et d'un ! Écoute la suite. Défie-toi aussi des jeunes filles, oui, des très jeunes filles (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 45).
— Empl. subst. masc., JEUX DE HASARD, COURSES. Le numéro un. Synon. as. Miser sur le un; c'est le un qui sort.
— Empl. subst. fém., JOURN. La première page d'un journal où sont mises en valeur certaines informations. Les titres de la une. De quoi faire crever de jalousie les petites nanas sophistiquées à la une des journaux (C. PAYSAN, Les Feux de la Chandeleur, Paris, Denoël, 1966, p. 133). V. page2 ex. 4.
III. — [N. du nombre 1]
A. — [Empl. seul] Le portier de la maison (...) l'arrêta soudain. — Hé, monsieur Schaunard, s'écria-t-il en barrant le passage à l'artiste, est-ce que vous n'y pensez pas? c'est aujourd'hui le 8. Huit et huit font seize, J'pose six et retiens un, fredonna Schaunard; je ne pense qu'à çà! (MURGER, Scène vie boh., 1851, p. 20). Je suppose que l'on ait défini le nombre un et l'opération x + 1 qui consiste à ajouter l'unité à un nombre donné x (...). Je définis ensuite les nombres 2, 3 et 4 par les égalités (1) 1 + 1 = 2, (2) 2 + 1 = 3; (3) 3 + 1 = 4 (H. POINCARÉ, La Sc. et l'hyp., Paris, Flammarion, 1968 [1902], p. 33).
♦ Un à zéro, un partout, deux-un, etc. [Annonce d'un point réalisé par l'un des deux partenaires d'une ou des deux équipes, dans une partie, dans un match] Au fig. Un à zéro. [Formule par laquelle on souligne que l'un des protagonistes d'une discussion ou d'une compétition prend l'avantage (d'apr. BERNET-RÉZEAU 1989)] Mlle Amélie Leda entra dans le bureau du commissaire Lorenzetti avec la chemise du courrier. D'une volte habile, elle esquiva la tentative du commissaire de lui claquer les fesses et sortit en roulant des hanches. En franchissant le seuil elle annonça: « Un à zéro! » C'est qu'on était lundi. Tous les matins la même scène se reproduisait. On comptabilisait le score en fin de semaine (J. A. LION, Histoires de femmes, 1991, p. 11 ds P. RÉZEAU, Pt dict. des chiffres en toutes lettres, Paris, éd. du Seuil, 1993, p. 40).
B. — [Entrant dans la formation d'autres noms de nombre]
— [par l'adjonction de et un au nom des dizaines allant de 20 à 60 (vingt et un, trente et un, quarante et un, cinquante et un, soixante et un) et pour la dizaine 80, adjonction de un à quatre-vingts avec effacement de s et trait d'union (quatre-vingt-un)] Être sur son trente(-)et(-) un.
— [par l'adjonction de un aux centaines, milliers, dizaines de milliers et centaines de milliers (cent un, deux cent un..., mille un, neuf cent mille un), avec les combinaisons internes possibles p. ex. deux cent un mille deux cent vingt et un (201 221)] Les Mille et une nuits. J'entends d'ici les mille et une questions qu'ils adressent mentalement à l'auteur (ABOUT, Nez notaire, 1862, p. 11). Les plus grands princes, auxquels on tire cent un coups de canon pour leur ouvrir les idées en venant au monde, n'ont entendu que de la pauvre musique auprès de lui (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 235).
Prononc. et Orth.:[], [yn]. Souvent []. Liaison avec ce qui suit: vingt et un hommes []; sans liaison, de un à dix [--]. Sans liaison avec ce qui précède, cent un, livre un, un un, le un [], [], [], []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. numéral cardinal. 1. a) fin Xe s. expr. de l'unicité « qui est unique; un seul » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 273: En huna fet, huna vertet Tuit soi fidel devent ester; 303); ca 1050 (St Alexis, éd. Chr. Storey, 448: Set a mei sole vels une feiz parlasses; 531: Ad une voiz crient la gent menude); ca 1100 un sul mot (Roland, éd. J. Bédier, 22); b) id. expr. de l'unité (ibid., 972: Jusqu'a un an avrum France saisie; 2751: d'oi cest jur en un meis); c) ca 1165 expr. de l'identité (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. B. Constans, 5109: il furent andui [des personnes] d'un grant e d'une groisse e d'un semblant); ca 1170 (Rois, III, III, 18, éd. E. R. Curtius, p. 117: jo e ceste meschine avum mes en une maison); fin XIIe s. estre d'un eage (Floire et Blancheflor, éd. J.-L. Leclanche, 1299); 2. empl. pronom. a) ) ca 1100 par uns e uns « un par un » (Roland, 2190); 1160-74 e uns e uns (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 6404); XIIIe s. un a un (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 26251, var. M1); ) 1559 pas un « aucun » (AMYOT, trad. PLUTARQUE, Hommes illustres, Périclès, 12, éd. G. Walter, t. 1, 1959, p. 340); b) ) ca 1165 venir a un « se réunir, former un tout » en parlant de choses (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 16728); ) 1176 fig. se tenir a un en parlant de pers. « ne faire qu'un, être uni » (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 2793); 1180-90 estre a un de (aucune rien) « être d'accord pour » (THOMAS, Tristan, fragm. Sneyd1, éd. B. Wind, 367); ) 1532 ce m'est tout ung « cela m'est indifférent, peu m'importe » (RABELAIS, Pantagruel, éd. V.-L. Saulnier, XIV, 24, p. 116); c) 1176-81 en doner une « donner un coup » (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier au lion, éd. M. Roques, 4210); 3. empl. nom. XVe s. « le chiffre qui note l'unité » ne pooir dire ung ne deux « perdre la parole par l'émotion » (Myst. St Clément, 137 b ds T.-L., s.v. deus); 1718 un un (Ac.). B. Empl. ordinal 1. 1222, janv. St-Omer (Charte, éd. M. Gysseling ds Scriptorium t. 3, 1949, p. 199: lan del incarnation [...] mil et deus cens et vinte un); 2. 1659 (SCARRON, Virgile travesti, VIII, Lyon, Cl. La Rivière, 1664, p. 629: Enfin les nefs si bien voguèrent, Q'entr' une et deux, après midy); 3. a) 1811 lang. des comédiens le un « premier acte d'une œuvre » (d'apr. ESN.); b) 1890 journ. La une (ibid.); 4. 1812 « qui porte le numéro 1 » (MOZIN-BIBER). Du lat. unus, adj. numéral « un », d'ordinaire au sing., au plur. avec des subst. qui n'ont pas de sing. (una castra; in unis aedibus, TÉRENCE, Eun., 367) [empl. auquel corresp. l'a. fr. un2 A 4]; fréq. relevé en rel. avec alter « autre, second » (una ex parte ... altera ex parte) et constr. avec un génitif partitif ou de, ex accompagnés de l'ablatif (unus e/de civibus; pastorum unus); empl. subst. masc.: « une personne » (ad unum « sans exception, jusqu'au dernier ») — ou neutre (in unum cogere « en un point, en un lieu »); signifie spéc. « un seul » masc. (unus adhuc fuit, cui ... CICÉRON, Verr., 3, 81) — ou neutre (nihil dico praeter unum, ID., Sest., 8) [de là, un3]; de là, dans la lang. fam. un empl. proche d'un indéf. (TÉRENCE, Andr., 118: unam aspicio adulescentulam; CICÉRON, De Or., I, 132: sicut unus paterfamilias loquor) qui devient plus fréq. à basse époque: Ecce princeps unus accessit (Matth. IX, 18); accessit ad eum una ancilla (ibid. XXVI, 69) [de là un2]. Unus exprime également, dans la lang. class., l'identité « même, le même » (uno tempore; una atque eadem causa) [de là, spéc. un1 A 1 c], et p. ext., à basse époque « un, uni, en harmonie » (quoniam unus panis, unum corpus multi sumus, I Cor. X, 17), « unique (spéc. en parlant de Dieu) » (Ephes. IV, 6) [de là, spéc. un4 1-3], v. VÄÄN., § 263. En a. fr., un art. indéf. réfère la notion du subst. à un obj. jusqu'alors non évoqué, sa valeur la plus cour. étant « un certain », tandis que l'absence d'art. montre le subst. dans son indétermination. Jusque vers le mil. du XIIe s., un manque gén. dans les cont. indéterminés, notamment dans les phrases nég., hyp., interrogatives. Bbg. WILMET (M.). La Détermination nom. Paris, 1986, pp. 74-78.
II.
⇒UN2, UNE, art. indéf.
[Un(e) s'emploie devant un subst., dont il prend la marque en genre; il n'a pas de plur. morphol. L'art. un présuppose un ensemble d'élém. qui ne peut être vide. Cet ensemble ne peut pas non plus se réduire à un seul élém.: d'où l'impossibilité de faire commuter un avec le dans des phrases comme celles-ci: La lune se montra; la raison le commande; le président lève la séance; le plus étonnant est que...; le plus beau des quatre est...; il a l'impression que... Le fait que un présuppose un ensemble d'élém. a pour conséquence que le contenu du syntagme nom. n'est pas suffisant pour l'identification de l'obj.; le locuteur présume que l'interlocuteur n'est pas en mesure, en s'appuyant sur ce seul contenu, de dire de quel obj. précis il s'agit]
I. — [Un N désigne un « individu » (au sens logique), un élément; il est l'objet d'une opération d'extraction: un élément x est extrait de l'ensemble X des x]
A. — [Le suj. désigne une réalité nombrable]
1. [Empl. spécifique. J'ai acheté un livre pour enfants. Ce qui est dit est vrai d'un seul livre, pris sur l'ensemble des livres pour enfants. Certes, p. oppos. à le livre, ce livre n'appartient pas encore au thème de l'énoncé; il est indéterminé, mais il s'agit d'un livre précis] En arrivant dans la vigne, j'aperçus quelqu'un, un homme je crois, qui s'éloigna rapidement (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 78). Le problème, lui a en substance rétorqué un juge [de la Cour Suprême d'Israël siégeant le 8 juin 1992], est que si cette fois vous avez un document, vous n'avez pas un seul témoignage sur ce que l'accusé pouvait bien faire dans ce camp (Le Monde, 10 juin 1992, p. 6, col. 3).
— [Dans la constr. d'un univers de fiction] Au bord d'un chemin, sur un tas de hardes, un tout petit enfant, assis les jambes ouvertes, jouait avec une pomme de terre qu'il laissait parfois tomber dans sa robe, tandis que cinq femmes, courbées et la croupe en l'air, piquaient des brins de colza dans la plaine voisine (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Père Amable, 1886, p. 212):
• 1. Il y a des petits ponts épatants
Il y a mon cœur qui bat pour toi
Il y a une femme triste sur la route
Il y a un beau petit cottage dans un jardin
Il y a six soldats qui s'amusent comme des fous.
APOLL., Œuvres poét., Poèmes à Lou, Paris, Gallimard, 1962 [1915], p. 423.
— [Par procédé styl., un au lieu d'un déterm. déf. normalement attendu, provoque une distanciation et manifeste la présence du narrateur] [Jean Péloueyre] s'adressa à lui-même de pitoyables paroles: « Sors, promène-toi, pauvre Jean Péloueyre! » et il caressait de la main une mâchoire mal rasée (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p. 147).
Rem. Un groupe nom. de la forme le N de un N est indéterminé. La fille d'un voisin. Au coin du sentier qui tourne en remontant à la maison que j'habite, il y a un cabaret établi dans le creux d'un arbre énorme (NERVAL, Voy. Orient, Paris, Flammarion, t. 2, 1980 [1851], p. 10). À la fin d'une brûlante journée de juin 1914, j'étais assis au bord de l'Oronte dans un café de l'antique Hamah, en Syrie (BARRÈS, Jard. Oronte, 1922, p. 1).
2. [Empl. « potentiel »: Pierre veut épouser une Suédoise (sans en connaître une en particulier, mais parce qu'il adore les grandes blondes); l'« individu » en cause a un caractère virtuel, potentiel] Elle s'enfermait ainsi, de crainte qu'une dame de ses amies, aussi pauvre qu'elle mais aussi fière, vînt la surprendre (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 5).
3. [Empl. générique: Les illustrations sont importantes dans un livre pour enfants. Le prédicat est valable pour un élém. quelconque de l'ensemble des livres pour enfants. Il s'agit d'une opération distributive, elle s'applique à tous les élém. pris un à un. Un signifie « un quel qu'il soit »] Quant aux « précautions » annoncées par le ministre, les Verts demeurent sceptiques, persuadés qu'une « autoroute écologique exemplaire, ça n'existe pas »! (Le Monde, 18 juill. 1992, p. 24, col. 6).
— En partic.
a) [Type définitoire ou dénom.] Une baleine est un mammifère. Qu'est-ce qu'un pithécanthrope? Avant de regagner Frapesle, je regardai Clochegourde et vis au bas une barque, nommée en Touraine une toue, attachée à un frêne, et que l'eau balançait (BALZAC, Lys, 1836, p. 54).
b) [Type une femme est une femme; le tour sélectionne parmi les prédications universelles possibles, un trait typique du comportement féminin: volonté de plaire, versatilité, capacité de dévouement, etc.] Chose étonnante, lui qui se montrait si profondément choqué par les chamailles des Wasselin, il ne pouvait admettre qu'une colère est une colère, un cri un cri (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 124).
B. — [Par recatégorisation comptable d'un subst. massif]
— [Le subst. désigne un obj.: du verre → un verre]
— [Le subst. désigne une quantité mesurable: de la bière → une bière] Commander un café, une eau minérale; acheter un fromage. Il nous invitait à boire un verre dans quelque arrière-boutique de boulanger, et commandait d'autorité: « Trois thés ». « Non, je prendrai une limonade » disait Poupette (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 328).
C. — [Le subst. est un subst. d'action]
1. a) [Le subst. désigne un acte, un procès envisagé spécifiquement ou génériquement] Une contraction, une infiltration, un paiement, une parade, un parcours difficile, un parjure, un passage, une passe, un parrainage, un partage, une peinture moderniste, une récompense, une remontrance, un retour à la scène, une rétribution, un séjour, une sélection, une sensibilisation de l'opinion, une séparation, un service, un versement. Cette sympathie, qui permet sinon la restitution, du moins une restitution de ce qui est disparu, est de l'ordre de l'affectif, ou de l'idéologique, ou des deux ensemble (F. FURET, L'Atelier de l'histoire, 1982, p. 24).
b) [Le subst., constr. par un verbe-support, a la valeur d'un subst. d'action] Faire une bêtise, un cauchemar, un faux pas, un marché de dupe, un pas de clerc, une promenade, une sortie, un tour en bateau, une tournée, un sermon, un voyage; accomplir un exploit; commettre un crime, une imprudence; conclure un marché; exercer une pression sur qqn, suivre une cure, un régime. Vous m'étonnez, la chance doit être contre moi. Je vais me faire une réussite... une réussite express (ACHARD, Voulez-vous jouer, 1924, I, 3, p. 37). Nous décidâmes qu'un petit tour en bateau, avant le déjeuner, ça nous distrairait (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 490).
2. [P. méton., le subst. désigne une chose concr.] Un pansement, un passage, un patronage, une peinture. Rien à faire, c'est barré. Une séparation sans beaucoup d'épaisseur peut-être, mais plus résistante qu'un mur (RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 197).
II. — [Un N désigne une classe ou une sous-classe de N]
A. — [En tournure attributive]
1. a) [Un élém. déterminé est mis dans un rapport d'identité ou d'inclusion avec un N]
— [Choses] Ce monastère va devenir une papeterie (CLAUDEL, Pain dur, 1918, p. 412). L'auto, un fort cabriolet huit cylindres, couleur havane, laminait sous ses larges pneus les flaques de boue, en jaillissements sales (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 7).
— [Pers.] Paul est un cavalier accompli, un enseignant, un fraudeur, un héros, un imposteur, un ivrogne, un plaisantin, un sage, un salaud, un vrai saint, un serpent; cet insatisfait n'est pas un révolté. Elle restait une Marie-Antoinette au nez autrichien, au regard délicieux, conservée, embaumée grâce à mille fards adorablement unis qui lui faisaient une figure lilas (PROUST, Temps retr., 1922, p. 979). Ensuite, j'ai vu le directeur: il m'a reçu dans son bureau. C'était un petit vieux, avec la Légion d'honneur (CAMUS, Étranger, 1942, p. 1126).
b) [Le suj. a une valeur générique, un N désigne une classe taxinomique] La baleine est un mammifère; le rhume est une maladie. Hier, je l'entendais discourir en géographie, puis poser des questions:— Qu'est-ce qu'une mer? Un chœur unanime et chantant répondait:— Une mer est une grande étendue d'eau salée (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 47).
2. [Comme procédé descriptif] Vous souvenez-vous qu'un soir, en revenant de Saint-Germain, je vous ai décrit Gandumas. C'est un pays beau et triste (MAUROIS, Climats, 1928, p. 14).
— [Avec reprise du subst.] La façade principale, sur la rue de l'hospice, était une façade à perron double, noircie, à grandes fenêtres et sans grâces (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 8). La porte du coin était une magnifique porte à deux battants (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 7).
— [Avec réf. à la situation] Pour des riens, il vous étrangle... C'est pas une vie (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 12). Ce serait un joli matin pour partir pour la chasse, déclara Gastaldi (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 7).
♦ Fam. Tu parles, vous parlez d'une, d'une... V. parler1 II A 1 a.
3. [Avec un subst. qui désigne une réalité massive] Le cantal est un fromage. Le sang est un tissu, comme tous les autres tissus. Il se compose d'environ 30 000 milliards de globules rouges, et de 50 milliards de globules blancs (CARREL, L'Homme, 1935, p. 89).
B. — [Avec un compl. déterminatif ou un adj. épith.]
Rem. Le subst. peut désigner une réalité comptable: Peugeot fabrique un moteur à injection qui... (non pas un objet individuel, mais un modèle, un type). Mais cet effet de sens se réalise surtout avec des subst. qui désignent une réalité massive (une huile digeste « une sorte d'huile qui est digeste »), une réalité abstr. (un courage exemplaire « une sorte de courage qui est exemplaire »), ou encore qui entre dans des loc. verb. (il fait froid → il fait un froid terrible).
1. [Le subst. désigne une réalité massive (concr.)] Une huile végétale, une eau minérale fluorée.
— En partic. [Le subst. désigne un élém. naturel ou un phénomène atmosphérique] Une eau glacée, boueuse; un air pollué; un soleil blafard, un soleil d'hiver; un vent violent. À droite, la nuit commence à cacher les collines, à gauche, descend un soleil jaune soufre (MORAND, New-York, 1930, p. 5). La lumière vive, intense, aveuglante, pénètre à flots dans la chambre (...). Une lumière vive, aveuglante, une immense nappe scintillante déferle dans la chambre, bute sur les cloisons nues (Cl. OLLIER, Le Maintien de l'ordre, Paris, Flammarion, 1988 [1961], p. 200).
2. [Le subst. désigne une réalité abstr. ou entre dans des loc. verb.]
a) [Le subst. désigne une propriété physique et les sensations qu'elle procure] Il fait froid/un froid de canard; il fait chaud/une chaleur à crever. L'air de la nuit circulait librement par les hautes et larges fenêtres et répandait une délicieuse fraîcheur en agitant une gerbe d'eau, jaillie d'un bassin de marbre au centre de la pièce (BARRÈS, Jard. Oronte, 1922, p. 18).
b) [Le suj. désigne un état physique, psychol. ou mor.] Avoir de l'appétit/un appétit d'ogre, avoir de la chance/une chance de tous les diables, avoir du charme/un charme fou, avoir confiance/une confiance absolue, avoir du courage/un courage à toute épreuve, avoir du goût/un goût sûr, avoir de la patience/une patience d'ange, avoir faim/une faim de loup, avoir peur/une peur bleue; éprouver de la tristesse/une tristesse profonde; prendre du repos/un repos mérité. Son regard exprimait une véritable détresse, l'anxiété d'une douleur physique, comme si le malheureux eût vainement cherché à suer sa haine (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 311):
• 2. Un jour de 1922 qu'il était en Chine (...), Albert Londres fut pris d'un doute existentiel. Que faisait-il là, dans ce pays en folie, ouvrant la fenêtre de sa chambre pour découvrir que «dehors tout était dégoûtant»?
Le Monde, 19 juin 1992, p. 23, col. 1.
— [En tournure exclam., un adj. qualificatif étant exclu] J'ai vu notre ami, hier, il était d'une gaieté, d'une jeunesse!... Un gamin! Oui, un vrai gosse (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 4).
c) En partic. [Le subst. désigne une maladie; l'empl. de un n'est pas contraint par la détermination qualificative] Avoir un cancer, un rhume.
Prononc. et Orth.: [], [yn], souvent []. MARTINET-WALTER 1973 [] (10/17). Liaison en [-], un homme, un immense intérêt, un autre (MART. Comment prononce 1913, p. 153, FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 471). Dénasalisation: 1. [œn-] (ROUSS.-LACL. 1927, p. 179). MART. Comment prononce 1913, p. 390, GRAMMONT Prononc. 1938, p. 134, FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 436, ne notent que [-]. 2. anciennement [yn-], un homme [] (FÉR. Crit. t. 3 1788, LITTRÉ). MART., p. 390: ,,Si l'on ne dit pas u-nami, ce n'est pas une raison pour dire eu-nami``. Homon. (de une), hune. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Devant un nom commun 1. 881 désigne un être, une chose nettement individualisés par rapport à ceux appartenant à une même catégorie fém. régime (Ste Eulalie, 22 ds HENRY Chrestomathie, p. 3: Ad une spede li roveret tolir lo chief); 937-52 masc. régime (Jonas, éd. G. de Poerck, 145: et preparavit Dominus un edre sore sen cheve; 155); 2e moit. Xe s. masc. suj. (St Léger, éd. J. Linskill, 227); fin Xe s. fém. suj. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 100); ca 1050 précède un poss. tonique (St Alexis, éd. Chr. Storey, 15: d'un son filz voil parler); ca 1100 précédé de l'art. déf. l'une meitiet (Roland, éd. J. Bédier, 1264); id. dans une phrase de tour nég., exprime une compar. péj., une estimation à une valeur dérisoire (ibid., 1666: Enprès sun colp ne quid qu'un dener l'escut vaillet; 3189; Trestuz les altres ne pris jo un guant), v. MOIGNET, p. 277; 2. 2e moit. Xe s. présente dans un récit un être particulier qui n'a pas encore paru dans un énoncé (St Léger, 55: Un compte i oth [...]; Ciel eps num auret Evrui); ca 1050 (St Alexis, 292: A la sameine qued il s'en dut aler, Vint une voiz treis feiz en la citet, Hors del sacrarie); 1130-40 (WACE, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 763: Une columbe de ciel vint Sor la verge que Josep tint); 3. ca 1100 désigne un représentant quelconque, indifférent, de l'espèce à laquelle il appartient (Roland, 1827: Si l'encaeinent [Guenelun] altresi cum un urs; 3153); 4. ca 1170 au plur., associé à des subst. impliquant un tout divisible en parties, une paire un esperons; gesir sor uns degrez (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 102; 374), encore relevé au XVIe s., v. HUG.; 5. 1534 devant un subst. qualifié par un adj. au superl. rel. une jument la plus enorme ... que feut oncques veue (RABELAIS, Gargantua, XV, 8, éd. R. Calder et M. A. Screech, p. 103); 6. 1636 avec valeur d'adj. poss. (CORNEILLE, Cid, I, 6: Il faut venger un père et perdre une maîtresse); 7. 1668 avec valeur emphatique devant un subst. qualifié par un adj. (MOLIÈRE, Avare, III, 5: Voilà une belle merveille de faire bonne chère avec bien de l'argent!). B. Devant un nom propre 1. 1534 présente la pers. comme inconnue « un certain, un nommé » (RABELAIS, op. cit., XVIII, 69, p. 122: allegant l'autorité d'ung Taponnus - je faulx: c'estoyt Pontanus [J. J. Pontan, humaniste ital. XVe s.]); 2. 1559 met en relief avec emphase ou mépris (AMYOT, trad. PLUTARQUE, Hommes illustres, Compar. d'Alcibiade avec Coriolan, 7, éd. G. Walter, t. 1, p. 522); 3. 1674 rattache une personne célèbre à une catégorie supposée de personnages comparables (BOILEAU, Art poétique, III, ds Œuvres, éd. Fr. Escal, 1966, p. 171: N'allez pas d'un Cynous nous faire un Artamène), v. aussi Don Juan, Harpagon, Jocrisse... V. un1. Bbg. BLANCHON (J. A.). L'Art. indéf. sing. Centre Interdisciplinaire d'Ét. et de Rech. sur l'Expr. contemp. Trav. 22. Explorations ling. et styl. St-Étienne, 1978, pp. 49-56. — CARLIER (A.). Généricité du syntagme nom. suj. et modalités. Trav. Ling. Gand. 1989, n° 19, pp. 33-56. — CORBLIN (F.). Indéfini, défini et démonstratif... 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III.
⇒UN3, UNE, UNS, UNES, pron.
A. — [(L')un(e) + déterm. partitif plur.]
1. (L')un(e) des. [L'art. l' est présent dans une proportion d'environ un tiers des occurr.; sa présence semble manifester, dans certains cas, que l'un(e) des est considéré comme un déterm. déf.; dans d'autres, il s'agit d'une var. styl. littér.]
a) Un(e) des. Mourir est une des clauses du contrat de la vie (JOUY, Hermite, t. 5, 1814, p. 204). Elle s'était plantée devant une des glaces, l'air désemparé (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 11).
b) L'un(e) des. On courut à l'une des fenêtres de la grand'salle pour regarder (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 125). La France, toujours selon l'INSEE, est l'un des champions européens de la possession d'automobiles: en 1989, 75 % des ménages français étaient propriétaires d'un véhicule (Le Monde, 24 juill. 1992, p. 21, col. 5).
2. (L')un(e) de + déterm. poss. [La présence de l' est beaucoup plus rare: dans une proportion de un à dix environ]
a) Un(e) de + poss. « (...) que j'aurai de plaisir à la lire! » répondit Sara, en pressant une de mes mains dans les siennes (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 14). J'ai eu le malheur, pour faire passer tout le chiroubles, de boire un de leurs sacrés cafés (Chr. DE RIVOYRE, Les Sultans, Paris, Grasset, 1964, p. 131).
b) L'un(e) de + poss. Elle s'arrêta, posa l'une de ses mains sur son front (BALZAC, Lys, 1836, p. 81). Mais oui, fit Célia, c'est seulement l'un de vos rôles, celui d'aventurier alerte (P. MOINOT, Le Sable vif, Paris, Gallimard, 1963, p. 36).
3. (L')un(e) de ces. [L'art. l' n'est présent que dans une proportion de un à dix environ]
a) [Le dém. est anaphorique]
— Un(e) de ces. À vingt pieds d'élévation au-dessus de la base d'une de ces tours, régnait un parapet en granit (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 52).
— L'un(e) de ces. Un escalier, serpentant dans l'une de ces tours, établissait des relations entre la salle des gardes et l'étage supérieur (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 64). Et soudain, relaxe ou évasion, le miracle biblique qui fit d'eux des rescapés, de vivants fantômes. L'un de ces fantômes, bien des années plus tard, se résolut à aller voir Nuit et brouillard (Le Monde, 12 juin 1992, p. 27, col. 5).
b) [Le dém. introd. une prop. déterminée par une rel. ou par d'autres procédés, notamment des tours compar.]
— Un(e) de ces. En ce moment, nous passions devant une de ces ruelles étroites comme il y en a tant à Séville (MÉRIMÉE, Carmen, 1845, p. 36). On dirait encore une de ces robes étranges de danseuses (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p. 107).
— L'un(e) de ces. Elle me jeta l'un de ces regards incisifs qui ressemblent au cri d'un malade touché dans sa plaie (BALZAC, Lys, 1836, p. 116). C'était l'un de ces rares endroits à Paris où il pouvait arriver, certains jours d'automne, après la pluie, que montât du sol une odeur, presque puissante, de forêt, d'humus, de feuilles pourrissantes (G. PEREC, Les Choses, 1965, p. 18).
c) [Tour hyperb. fam. du type j'ai une de ces faims! Il fait un de ces temps! « La suspension des caractérisants simule une impuissance (...) du locuteur (...) [à trouver] l'épithète adéquate et traduit par contrecoup une qualité superlative » (M. WILMET, La Détermination nom., 1986, p. 175). On tend à combler l'incomplétude de la phrase par des énoncés du genre « ... comme je n'en ai jamais vu ou connu ». Cf. aussi les tours: Il fait une chaleur! Il y a de ces hasards! La mémoire vous joue de ces tours!] La moutarde me monte au nez, et je lui allonge une raclée, mais une de ces raclées! (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 102). Il repique dans une de ces rages!... Il me balance un de ces coups de coude! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 669).
— Fam. [Type à un de ces jours; annonce un événement probable et proche, mais sans précision] Moi qui pensais toper les oiseaux là-bas un de ces jours! (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 211).
Rem. 1. Dans ce tour, les subst. masc. variant à l'oral restent au sing.: J'ai un de ces mal de tête! J'ai un de ces travail! J'ai eu un de ces mal à terminer! 2. On a parfois le tour indéf. quelqu'un(e) de : J'ignore si quelqu'une des trois statues d'Isis du musée de Naples aura été retrouvée dans ce lieu même [Pompéi], mais je les avais admirées la veille (NERVAL, Filles feu, Isis, 1854, p. 655). Il m'arrivait (...) de faire trébucher de son piédestal, d'un trait méchant, quelqu'une de ses idoles aristocratiques (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 40). Louise risquait à tout moment d'accrocher quelqu'une des toiles dont l'atelier était encombré (CAMUS, Exil et roy., 1957, p. 1634).
1. (L')un d'eux, (l')une d'elles; (l')un de ceux, (l')une de celles
a) [Avec l', cas le plus fréq.] Pour voir le jeune homme, toutes les beautés s'étaient rapprochées, comme des biches si l'on apporte à l'une d'elles un gâteau (BARRÈS, Jard. Oronte, 1922, p. 50). Il était pourtant l'un de ceux qui avaient lutté contre elle le plus lucidement et avec le plus d'acharnement (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 206).
b) [Sans l'] Un de ceux qui assistaient à la scène dit quelque chose comme « Espèce de salaud » (Cl. SIMON, La Route des Flandres, Paris, éd. de Minuit, 1960, p. 217). Thomas Pezner cherche un beau mensonge, un de ceux qu'on croit toujours (R. SABATIER, Le Chinois d'Afrique, Paris, Albin Michel, 1966, p. 199).
2. [Gén. avec l'] L'un d'entre eux, l'une d'entre elles. Joseph ne remarqua que l'un d'entre eux qui se tenait un peu en avant, le poing sur la hanche et les jambes écartées (GREEN, Moïra, 1950, p. 16).
II. — En... un(e). [Le pron. en est le représentant d'un antécédent; un(e) a les mêmes valeurs que l'art. indéf. un(e)]
A. — [L'ensemble auquel se réfère en désigne deux ou plus de deux élém.; un(e) indique qu'un élém. a été sélectionné] S'il y a des sorcières, cette fille-là en était une ! (MÉRIMÉE, Carmen, 1845, p. 38). Je les connais et je ne me fais pas d'illusion, je vous jure. Mais je croyais tout de même qu'il s'en trouverait un pour me tendre la main (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 35).
— [Comme pour le cardinal, le nombre un peut être relativisé] On n'en a pas retrouvé un d'intact; je n'en ai eu qu'un, qu'un seul; il en faudrait plus d'un, au moins un, etc. C'était là que logeaient les prisonniers de Nohfelden, une trentaine d'hommes employés sur la voie ferrée, qui malgré nos appels ne semblaient pas se soucier de notre existence. Il n'y en eut qu'un pour nous jeter à la hâte par la porte entr'ouverte (...) quelques rogatons de pain et de fromage (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 83).
— [La sélection peut être réitérée] J'ai des plans pour la vie de quarante empereurs, j'en fais un tous les matins et un tous les soirs (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 164).
— [Chaque élém. peut être opposé à un autre] Je te dirai que, des deux dames, il en est une qui me plaît beaucoup, et l'autre beaucoup aussi (NERVAL, Pandora, 1855, p. 741).
— [La sélection peut concerner un nombre non précisé, par le recours à un certain nombre, un petit/grand nombre] Après avoir compté les cigares du paquet que j'avais mis entre ses mains, il en choisit un certain nombre (MÉRIMÉE, Carmen, 1845, p. 27).
B. — [L'antécédent désigne un élém. unique]
1. [L'antécédent est un subst.]
a) [L'antécédent est déterminé par l'art. indéf. un; le groupe pronom. en reprend la valeur] — Tu veux une pomme? — J'en veux bien une. — Tu as un stylo? — Oui, j'en ai un. Les entrailles de la terre, notre seconde mère, nous enfanteront à l'éternité dont nous n'avons pas aujourd'hui la plus légère notion: nous y trouverons un soleil comme nous en trouvâmes un quand nous quittâmes le sein de notre première mère (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 623). Dans la chambre voisine il y avait une radio... mais il y en avait aussi une en bas, au café (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 113).
— [Le groupe princ. oppose un élém. à celui que désigne l'antécédent] Quand un navire était las, il en montait un autre comme un cavalier impitoyable (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 182).
b) [L'antécédent est déterminé par un art. déf.; le groupe pronom. désigne un autre élém. de même sorte] Si la nature m'avait laissé le choix du moment où je devais lui payer ma dette, aurais-je pu en saisir un meilleur? (JOUY, Hermite, t. 5, 1814, p. 205). Le couteau en argent n'appartenait donc pas au domaine du cauchemar. Il en existait bel et bien un dans la maison, le même, sans doute, qui hantait le rêve de Lili (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 120).
c) [L'antécédent est déterminé par un poss.] Mon bonheur n'en sera-t-il pas un pour vous, comme le vôtre pour moi, si je vous vois jamais jouir d'un bonheur réel et durable, et non savourer des illusions trompeuses? (KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 143).
2. [En réfère non pas à un antécédent mais à une pers. en gén.] Le soir, quand Charles rentrait, elle sortait de dessous ses draps ses longs bras maigres (...) et, l'ayant fait asseoir au bord du lit, se mettait à lui parler de ses chagrins: il l'oubliait, il en aimait une autre! (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 11).
♦ En voici, en voilà un(e) qui. En voilà encore une, continua Marguerite en ôtant sa robe et en passant un peignoir blanc, en voilà encore une qui sait bien me trouver quand elle a besoin de moi (DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p. 119).
— En partic. En prendre/en tenir une...[Le pron. en représente cuite, biture, muflée ou tout autre nom fém. désignant un état d'ébriété] ,,S'enivrer/être complètement ivre`` (BERNET-RÉZEAU 1989, s.v. un). Il écouta les roulades d'un merle, regarda les hautes branches et la forêt se mit à tourner comme un manège. Le vin, le soleil... Victor à moitié endormi, scanda: « Mon neveu en tient une, mon neveu... » (R. SABATIER, Les Noisettes sauvages, Paris, Albin Michel, 1974, p. 167).
A. — L'un(e)... l'autre, les un(e)s... les autres. [L' dans chacun des groupes est le représentant, un et autre ont une fonction contrastive]
1. L'un(e)... l'autre. [Avec un antécédent désignant une paire d'élém.] a) [Dans des tournures compar.] Ils se turent, aussi gênés l'un que l'autre par cette confession (GREEN, Moïra, 1950, p. 209).
b) L'un(e) et l'autre
— [Le groupe est coréférent au suj. ou assure directement le rôle de suj.] Ils avaient, l'un et l'autre, des choses à se faire pardonner. L'un et l'autre triturons le souvenir d'une même tranche de temps (R.-V. PILHES, La Rhubarbe, 1965, p. 106). Dans sa grande majorité, celui-ci [le monde enseignant] reposait sur deux ambitions: le socialisme et la laïcité. L'une et l'autre sont sévèrement déçues (Le Monde, 23 juill. 1992, p. 9, col. 4).
— [Le groupe réfère au compl. d'obj. dir.] Comme si cette main d'homme les avait saisis l'un et l'autre, gel et flamme, et les avait unis dans une même étreinte (J.-M.-G. LE CLÉZIO, Le Déluge, 1966, p. 280).
— [À l'intérieur du syntagme nom.] Gérante des cachets astronomiques de l'une et l'autre étoiles, Marie (...) autorisait quelques folies et libéralités (H. BAZIN, Bur. des mariages, 1951, p. 156).
c) L'un ou l'autre. De temps en temps, l'une ou l'autre murmurait à l'oreille de sa mère respective: « Quand est-ce qu'on s'en va? » (B. et Fl. GROULT, Il était deux fois, 1968, p. 240).
— [À l'intérieur du syntagme nom.] Une fois sur deux, car le curé chargé d'une autre paroisse, chantait alternativement sa grand'messe dans l'une ou l'autre commune (H. BAZIN, Bur. des mariages, 1951, p. 212).
— [Le groupe est suivi d'un syntagme nom. partitif] Entretenir des relations intimes avec l'un ou l'autre des conjoints (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 152).
d) [Dans certaines oppos., la présence de l' devant un n'est pas nécessaire] Il y a en moi deux personnes, dont une, observatrice de l'autre, et sachant bien que ses mouvements convulsifs doivent passer (CONSTANT, Journaux, 1804, p. 76). On nous lâcha d'abord dans un bain japonais, sorte de vaste évier à deux bacs, un pour le lavage et l'autre pour le rinçage (B. et Fl. GROULT, Il était deux fois, 1968, p. 200).
— [Tour du type d'une main... de l'autre; avec des subst. désignant une paire d'éléments ou une réalité double] D'un côté, de l'autre; aller d'un extrême à l'autre. Sur une moitié des champs le coucher s'éteignait; au-dessus de l'autre était déjà allumée la lune qui bientôt les baignait tout entiers (PROUST, Temps retr., 1922, p. 691). Joseph vit un gros homme jovial et de manières simples, assis dans un fauteuil à pivot qu'il faisait tourner dans un sens et dans l'autre avec une rapidité subite (GREEN, Moïra, 1950, p. 14).
2. L'un... l'autre. [Avec un antécédent désignant une pluralité d'élém.] Il va de l'un à l'autre, serrant les mains.
— L'un ou l'autre. [Mohamed Boudiaf] disparu, il ne reste plus, formellement, aux commandes de l'État, que trois civils dont on voit mal qu'ils puissent, l'un ou l'autre, disposer de l'autorité nécessaire pour engager l'Algérie sur la voie du « changement radical » (Le Monde, 2 juill. 1992, p. 1, col. 4).
♦ L'un ou l'autre des, de ces... Vous pouviez vous confier à l'un ou l'autre de vos nombreux amis (R.-V. PILHES, La Rhubarbe, 1965, p. 134).
♦ L'un ou l'autre d'entre eux. Il arrivait parfois que l'un ou l'autre d'entre eux, à la suite d'incidents plus ou moins fortuits, de provocations larvées, de mésententes à demi-mot, semât la discorde au sein du groupe (G. PEREC, Les Choses, 1965, p. 44).
— [Dans les tours du type aller d'une ville à l'autre] Les bergers de Patagonie vont, sans se presser, d'un troupeau à l'autre: il allait d'une ville à l'autre, il était le berger des petites villes (SAINT-EXUP., Vol Nuit, 1931, p. 81).
3. Les uns... les autres (ou d'autres, d'aucuns, la plupart, etc.)
a) [L'antécédent désigne ou implique une pluralité indéf. d'élém.]
— [Avec un antécédent explicite] Et les arbres, selon qu'ils étaient plus ou moins exposés aux rayons, parurent les uns noirs, les autres verts, ou roses ou dorés (KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 51):
• 1. ... nous étions désormais autorisés à recevoir les journaux de zone occupée. Les uns s'intéressaient aux sports, les autres aux nouvelles de leur province, d'aucuns à la vie parisienne et au mouvement intellectuel mais tous étaient sollicités par ce qui se passait en France, et les abonnements affluèrent.
AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 138.
— [Sans antécédent explicite] Les uns dépensaient, les autres gagnaient, les uns et les autres également joyeux (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p. 72). Mais là où les uns voyaient l'abstraction, d'autres voyaient la vérité (CAMUS, Peste, 1947, p. 1292).
b) [Chacun des groupes pronom. réfère à des antécédents distincts] Nous étions en guerre; je fis trois campagnes; je passai deux hivers en bonne garnison; et, grâce aux fatigues des unes et aux plaisirs des autres, je revins au manoir paternel, si maigre et si changé, que mes parens eurent peine à me reconnaître (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 177). Sire, dit alors maître Ogier, permettez que je déduise de ceci une affabulation. Ces passereaux sont vos nobles, cette vigne est le peuple. Les uns banquètent aux dépens de l'autre (BERTRAND, Gaspard, 1841, p. 144).
B. — L'un(e) l'autre, l'un(e) + prép. + l'autre; les un(e)s les autres, les un(e)s + prép. + les autres. [Outre la partition, existe un rapport de distributivité]
a) [L'un(e) et l'autre ont chacun pour antécédent une entité]
— [Type Paul et Marie courent l'un vers l'autre; le groupe pronom. réciproque réfère au suj.; en constr. trans., Paul court vers Marie et Marie court vers Paul] Ils avancent l'un vers l'autre avec une extrême circonspection (ACHARD, Voulez-vous jouer, 1924, I, 3, p. 64).
— [Type Paul et Marie se regardent l'un l'autre; le groupe réfère au suj. d'un verbe pronom. réciproque; en constr. trans., Paul regarde Marie et Marie regarde Paul] Par un hasard heureux, le vicomte Cléna et mademoiselle Clarence se trouvèrent l'un contre l'autre, un peu serrés, peut-être (A. FRANCE, Île ping., 1908, p. 336). Valdès avait entraîné Claude vers les rochers sur lesquels ils prirent pied et se hissèrent en s'aidant l'un l'autre (P. MOINOT, Le Sable vif, Paris, Gallimard, 1963, p. 112).
— [Type on ne les voit jamais l'un sans l'autre; le groupe réfère au compl. d'obj. dir.; en constr. trans., on ne la voit jamais sans lui, on ne le voit jamais sans elle] Il roulait doucement l'une dans l'autre ses mains grassouillettes, comme s'il les eût savonnées (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 689).
— [Type l'amour de l'un pour l'autre; c'est la nominalisation de ils s'aiment] Un amour qui (...), par une parfaite confiance de l'un dans l'autre, n'a fait que grandir (MAUROIS, Ariel, 1923, p. 293).
b) [L'antécédent désigne plus de deux élém.]
— [Le groupe des pron. est lié au suj.] À l'endroit où le chat croque les petits, plusieurs mioches se sont vite serrés l'un contre l'autre (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 138). Des images toutes pareilles, une infinité d'images à la superposition exacte s'effeuillaient, glissaient indéfiniment l'une sur l'autre à toute vitesse sous mes yeux comme les pages d'un livre (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 202).
— [Le groupe des pron. est lié au compl. d'obj. dir.] L'une après l'autre, j'ai jeté dans la bataille mes troupes les plus secrètes. Mes souvenirs véritables forcés dans leur réduit, vont se rendre et paraître au jour (MAUROIS, Climats, 1928, p. 14).
c) Loc. L'un dans l'autre. Au total, une chose compensant l'autre, ou d'autres. Quel bouge! Mais l'un dans l'autre c'était une bonne soirée, dit Henri (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 129).
— [Type aimez-vous les uns les autres; le groupe réfère au suj.] Se haussant, tendant le cou, ils regardaient, les uns par dessus les autres (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 269). Nous sommes une famille où l'on se tient les uns les autres (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 122).
— [Type on les oppose les uns aux autres; le groupe réfère au compl. d'obj.] Il m'a fallu dix ans pour distinguer les unes des autres toutes ces figures blondes disant des choses parfaitement convenables (STENDHAL, Souv. égotisme, 1832, p. 52). Et il jetait, dans sa bouche ouverte, les morceaux les uns après les autres (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 735).
IV. — [Sans terme corrél.]
A. — [En liaison stricte avec un antécédent]
1. [Après dont]
a) Dont l'un(e)... Avec ses faubourgs populeux dont l'un, celui de Saint-Nicolas, étalait ses douze rues au soleil (BERTRAND, Gaspard, 1841, p. 51).
— [L'antécédent désigne une paire d'élém.] Il y avait deux livres, dont l'un, encore ouvert, montrait le dessin d'une branche d'armoise (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 51). J'avais accepté ce jour-là de déjeuner chez deux garçons dont j'avais connu l'un chez un ami commun (M. LEYRIS, Fourbis, 1955, p. 161).
b) Dont un(e)... Des patriciens, dont un très âgé, sont groupés dans une salle du palais (CAMUS, Caligula, 1944, I, 1, p. 7).
2. [Dans des tournures à valeur oppos.] Il connaissait une maison tranquille (...), où des dames très complaisantes parlent toutes les langues, et une en particulier le français (GIDE, Caves, 1914, p. 781). Les autres, c'est pour se faire baiser par les officiers, ou pour trouver un mari, même un avec une patte en moins (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 127).
B. — 1. Un(e) qui. Bélier, viens ici. Souffle sur ce petit homme pour qu'il soit, comme toi, un qui mène, un qui va devant, non pas un qui suit (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 266):
• 2. Ce n'était pas une qui éclatait de rire dans l'obscurité ni une qui montrait son genou sous la table ni une qu'on pouvait voir à la rivière; ce n'est pas elle qui au bal aurait dansé plus de trois fois, ou encore avec un autre que son frère pour cavalier!
JOUVE, Scène capit., 1935, p. 10.
— [En fonction de compl. déterminatif] Dans l'ombre, Julia imite la longue et lente respiration d'une qui dort, paisible (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 222). Frédéric a la gueule d'un qui veut faire le salut de son âme (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 15).
2. Un(e) qui... c'est/c'était... Une qui était enragée contre Angélique, c'était la petite Mme Migeon (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 128). Une dont je me souvenais bien, en particulier, à qui je gardais un joli chien de ma chienne, tiens, c'était « Mamie » (BAYON, Le Lycéen, 1987, p. 232).
3. Encore un(e) qui... Et la même vieille voisine derrière sa fenêtre. « Encore une qui n'est pas claquée! » (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p. 1490).
C. — L'un/l'une. Le maréchal de Broglie (...) eut deux filles. On lui proposait (...) de faire entrer l'une dans un chapitre (CHAMFORT, Caract. et anecd., 1794, p. 121). Oh! Moi, princesse, jamais un seul amour! Toujours deux ou trois au moins. C'est le seul moyen d'être tranquille, de ne pas trembler sur la perte de l'un (GONCOURT, Journal, t.2, 1878, p. 146).
♦ [Suj. d'un verbe déclaratif] Ils s'arrêtèrent. — T'es fait! cria l'un. Allons, suis-nous (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 65). Tarrou avait assisté à l'entretien de deux receveurs de tramways:— Tu as bien connu Camps, disait l'un. — Camps? Un grand avec une moustache noire? (CAMUS, Peste, 1947, p. 1234).
♦ De deux choses l'une. [Loc. annonçant une alternative] Et de deux choses l'une, ou bien nous aurons fait des déclarations exactes pour l'impôt sur le revenu, ou bien nous aurons dissimulé (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 206).
— [Sans l'] Sur leur figure, pâlie et creusée de misère (...), on lisait je ne sais quoi de mauvais, de rétracté, ce passé de la bohème qui fait amer. Un, surtout, avait une vilaine tête taillée à la serpe, grossière et rude, de carrier (GONCOURT, Journal, t.2, 1878, p. 141).
D. — Pas un(e)
1. Pas un(e) de..., d'entre... Aucun, personne. Pas un de nous ne se refusait à l'aventure, mais j'ai vu des enfants pâlir avant de la tenter (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 52). Pas un d'entre nous ne serait capable d'une chose pareille, fit Thomas, les dents serrées, la voix rauque (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 48).
— [Sans compl. en de] Pas un n'a levé les yeux sur mes fenêtres (DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p. 281). Et maintenant il était enfermé dans ce bureau. Il regarda les autres: pas un qui ait seulement envie d'ouvrir la fenêtre (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 145).
2. Comme pas un(e) (fam.). Comme personne ne le fait ou ne l'est; p. ext., plus que n'importe qui, plus que tout autre. Et avec ça soiffeur comme pas un (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 33). Il est pourtant pétochart comme pas un ; mais il se domine (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 10).
E. — Plus d'un(e). Plusieurs. Vous me direz que c'est dommage pour plus d'un, et j'en ai eu de la peine aussi, mais la chose se comprend bien (AYMÉ, Jument, 1933, p. 225). C'étaient des parasites éminemment conservateurs. Plus d'un, au demeurant, avant d'être un dilettante, avait été un homme utile (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p. 27).
F. — Un chacun, tout un chacun. V. chacun II B.
Prononc. et Orth.:[], [yn]. L'un et l'autre [-]. Souvent []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Non précédé de l'art. déf. a) fin Xe s. empl. seul; sing.; phrase nég. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 216: Ad un respondre non denat); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 3955: Se uns escapet, morz ies e cunfunduz); ca 1200 plur.; évoque une collectivité; oppos. à autre (RENAUD DE BEAUJEU, Bel inconnu, éd. G. Perrie Williams, 6000: Un perdent et autre gaaignent); b) fin Xe s. suivi de de partitif uns dels ladruns (Passion, 287, 317); c) ca 1050 en corrél. avec en partitif (St Alexis, éd. Chr. Storey, 228; Un en i out ki sempres vint avant); ca 1100 (Roland, 3951: Ja mar en vivrat uns!); ca 1100 suivi de a qui; oppos. à li altre (ibid., 3782: Un en i ad a qui li altre entendent); d) 1230-35 rappelle un subst. précédemment énoncé (Mort le roi Artu, éd. J. Frappier, 25, 36: quex armes avoit li chevaliers qui veinqui le tornoiement? — Damoisele [...] unes toutes vermeilles); e) fin XVe s. empl. nom. « un homme; quelqu'un » ung qui (COMMYNES, Mém., I, 2, éd. J. Calmette, t. 1, p. 11); 2. précédé de l'art. déf. a) en rel. avec li altres ) ca 1050 expr. de l'oppos. (St Alexis, 307: Li uns Acharies, li altre Anories out nun); ca 1100 (Roland, 1398, 3284); ) expr. de la réciprocité ca 1100 (ibid., 3886: Li uns requiert l'altre [cf. ca 1274, ADENET LE ROI, Berte, éd. A. Henry, 162: S'aidoient li un l'autre]); ca 1100 (ibid., 369: parolet li uns a l'altre); 1130-40 [suivi de de partitif] (WACE, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 1218: L'un dels a l'altre comanda); ca 1170 (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 2132: Li uns contre l'autre s'adresce); ) ca 1100 unis par un élément de coord. (Roland, 3477: Asez i moerent e des uns e des altres); 1559 l'un et l'autre; ni l'un ni l'autre, verbe au sing. (AYMOT, trad. PLUTARQUE, Hommes illustres, Theseus, 2, éd. G. Walter, t. 1, p. 2); 1629 l'un et l'autre, verbe au plur. (CORNEILLE, Mélite, III, 3); cf. VAUG., p. 141: L'un et l'autre. On les met et avec le singulier et avec le pluriel [...] et il est également bien dit, l'un et l'autre vous a obligé et l'un et l'autre vous ont obligé; b) ca 1100 empl. seul (Roland, 3588: Josque li uns sun tort i reconuisset). V. un1.
STAT. — Fréq. abs. littér. Un: 936 912. Une: 711 338. Uns: 9 789. Unes: 3 667. Fréq. rel. littér. Un:XIXe s.: a) 1 202 256, b) 1 409 461; XXe s.: a) 1 412 451, b) 1 354 043. Une: XIXe s.: a) 888 299, b) 1 027 364; XXe s.: a) 1 085 591, b) 1 063 914. Uns: XIXe s.: a) 17 043, b) 13 805; XXe s.: a) 14 065, b) 11 231. Unes: XIXe s.: a) 7 240, b) 4 945; XXe s.: a) 4 869, b) 3 837.
BBG. — GONDRET (P.). Les Pron. et déterminatifs indéf. ds les phrases nég. en fr. du 12e s. au 16e s. Thèse, Paris, 1980, pp. 22-25, 261-266. — MILNER (J.-Cl.). Synt. et sém. du constituant réciproque l'un ... l'autre. Rech. sur l'anaphore. Groupe « Gramm. sc. du fr. ». Paris, 1984, pp. 35-67. — QUEM. DDL t. 38. — TAMBA-MECZ (I.). Un de ces ... Inform. gramm. 1981, n° 11, pp. 3-6.
IV.
⇒UN4, UNE, adj.
A. — PHILOS. Qui forme un tout, qui n'a pas de parties, qui ne peut être divisé. Si l'être est, il faut qu'il soit un ; et l'être un ne doit pas avoir de corps: car s'il avait une épaisseur, il aurait des parties et ne serait plus un (RENOUVIER, Manuel de philos. anc., I, p. 156 ds LAL. 1968).
— En empl. subst. L'Un. ,,Principe suprême et ineffable, admis au sommet de la hiérarchie des idées par un certain nombre de platoniciens, et notamment Plotin`` (LEGRAND 1972).
B. — 1. Qui a une unité interne profonde. La République est une et indivisible. Mon ame avec ses diverses sensations est une, mais non simple, comme mon corps avec ses diverses parties et ses divers organes est un, quoique composé (SENANCOUR, Rêveries, 1799, p. 174). Je suis donc — il faut bien adopter le langage de l'entendement, puisque l'entendement seul a un langage — unité multiple et multiplicité une (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 258).
— [En tournure nég.] Chaque jour l'attaque change de caractère, et me surprend sans défense; ma douleur n'est pas une, elle est multiple (BALZAC, Lys, 1836, p. 199).
2. Locutions
a) Faire un avec. Former un bloc. Ils se collèrent, firent un avec la terre, comprirent qu'ils étaient saufs, virent les mottes passer au-dessus de leurs têtes (MONTHERL., Songe, 1922, p. 151).
b) N'être, ne faire qu'un(e). Former une chose unique. Les affinités chimiques sont la raison pour laquelle la nature ne peut pas commettre de fautes dans l'arrangement de ces tons; car pour elle, forme et couleur ne sont qu'un (BAUDEL., Salon, 1846, p. 882). L'officier cria: « Feu! » Les douze coups n'en firent qu'un (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Deux amis, 1883, p. 193).
— [En parlant de pers.] Être profondément unis. Après sa complaisance et mon bonheur, je me regardai comme ne faisant plus qu'un avec elle:— « C'est à présent que tout nous est commun, » lui dis-je, « ma chère Sara, les sentiments et les biens (...) » (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 60). Et nous retombions anéantis de délices de nous sentir ainsi doubles en n'étant qu'un, et d'avoir multiplié notre être en le donnant (LAMART., Raphaël, 1849, p. 277).
c) C'est tout un. C'est la même chose, cela revient au même. Synon. c'est du pareil au même (v. même I B 2). Ne chicanons pas sur les mots. Haïr ou aimer, dans votre langue, c'est tout un (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1424). Alors? Je vais vivre sans paupières? Ne faites pas l'imbécile. Sans paupières, sans sommeil, c'est tout un. Je ne dormirai plus... (SARTRE, Huis clos, 1944, 1, p. 118).
— Ce m'est tout un. Ça m'est égal. Qu'il vienne s'il lui plaît de venir, à cette heure ou à une autre: ce m'est tout un (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 393).
Prononc.:[], [yn], souvent []. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 « qui n'est pas fait de parties, qui n'admet pas de division ni de pluralité » (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 6594: Lor gent et la nostre soit une); 1561 spéc. relig. (CALVIN, Instit. Relig. chrest., Genève, J. Bourgeois, IV, VIII, 16, p. 933: Iesus Christ [...] est appelé Dieu et eternel, un avec le Pere); 2. ca 1175 « même, semblable » (BENOÎT DE STE-MAURE, Chron. des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 35121: sospire De ce que tos tens li est une, Pesme, sanz tretorner Fortune, Tos jorz orrible); 3. XVIe s. « (en parlant de ce qui est constitué de parties) qui forme un tout » (Coust. gén., t. 1, p. 419 ds LITTRÉ: reputez uns et communs en biens meubles [réf. ne corresp. pas au Coutumier, éd. Bourdot de Richebourg]); 4. empl. subst. a) 1632 philos. désigne l'unité absolue, infinie (BACON, Neuf livres de la dignité et de l'accroissement des sciences, trad. Golefer, p. 210 d'apr. FEW t. 14, p. 55); 1687, 30 avr. (LEIBNITZ, Lettre à Arnauld, éd. Janet, I, 580 ds LAL.13); b) 1869 l'un empl. dans l'exposition des doctrines grecques, spéc. de celle de Plotin qui l'identifie au bien et le met au dessus de l'Être (FOUILLÉE, Philos. de Platon, II, 330, ibid.). V. un1.
un, une [œ̃, yn] adj. numéral, article et pron. indéfinis
ÉTYM. Xe; lat. unus.
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REM. 1. Phon. En liaison, un se prononce [œ̃n]. Ex : un ami [œ̃nami].
2. Certains grammairiens voient dans l'indéfini un le même mot que le numéral. Pour d'autres, comme Damourette et Pichon (§2518), un n'est pas un « nombrant » comme deux, trois, etc., mais un « strument individualisant », et l'emploi dit numéral n'est, en linguistique synchronique, qu'un cas particulier de l'emploi d'article individualisant. Si l'indéfini garde toujours quelque chose de numéral, l'indétermination y est telle qu'elle fait oublier la détermination numérique.
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I Numéral (expression de l'unité).
1 (Adj. cardinal). || Quatre hommes et un caporal. || Une ou deux fois (→ 1. Désappointer, cit. 1). || Une fois (cit. 9) le mois, par mois. || Une fois (cit. 3) pour toutes. || Un jour sur deux. || Une ou deux législatures (cit.). || Une ou plusieurs personnes (→ Legs, cit. 1; progrès, cit. 8). || Encore un coup. || Tout d'un coup. || En un mot. || En un instant. || « Qu'en un lieu, qu'en un jour, un seul fait accompli… » (→ 1. En, cit. 20, Boileau). || Sans un liard (→ 1. Mort, cit. 29), sans un sou; fam. sans un.
0.1 — Tu ne me feras pas croire qu'il te laissait sans un ?
— Tout a été saisi, le compte en banque bloqué (…)
M. Aymé, le Vin de Paris, « L'indifférent ».
♦ Une heure (cit. 3) ou deux. || Un quart d'heure (→ Mutilation, cit. 1). || Un mois. || Emprisonnement d'un à cinq ans (→ Mutilation, cit. 3). || « Des enfants de un à douze ans » (Littré). || Un an et quelques mois (→ Pente, cit. 10). || Deux heures un quart (→ Réciproque, cit.). || Trois heures une (minute). ☑ Il était moins une. || Vingt et un ans (→ 1. Penser, cit. 47). || Un dixième (→ Motion, cit. 3). || Cent un, deux cent un soldats. || Quatre-vingt-un. || Le quatre-cent-vingt et un. || Les Mille et Une Nuits. || Deux coups au lieu d'un (→ 1. Fumer, cit. 26). || Trois voix contre une (→ Hypothèse, cit. 11). || Plutôt deux fois qu'une. || Dix positions (cit. 13) pour une.
1 (…) elle se présente avec deux bouteilles de champagne, une dans chaque main (…)
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 602.
2 Elles-mêmes (…) n'avaient qu'une volonté, qu'un intérêt, qu'une table. Tout entre elles était commun.
Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, p. 22.
♦ (En corrélation avec le pronom en). || Il en tenait un sous chacun de ses genoux (→ Pression, cit. 4). || « Entre les expressions (cit. 13) il n'y en a qu'une qui est la bonne ». || « Et s'il (cit. 24) n'en reste qu'un, je serai celui-là ! »
3 Souvenirs de mes compagnons morts à la guerre (…)
Souvenirs qui n'en faites plus qu'un
Comme cent fourrures ne font qu'un manteau
Comme ces milliers de blessures ne font qu'un article de journal
Apollinaire, Calligrammes, « Étendards », Ombre.
4 Un seul terme ne recouvre-t-il pas plusieurs activités qui n'ont justement en commun que leur nom ?
Roger Caillois, l'Homme et le Sacré, p. 202.
♦ Plus d'un… ⇒ Plus (cit. 51 à 54). || Un de plus. || Pas un de plus. — ☑ Pas un… : aucun, nul. ⇒ 2. Pas (cit. 27 et 28). Il est malin comme pas un.
4.1 Nous sommes quelques-uns, si peu sur ce monde, depuis l'huître jusqu'à l'homme. Pourquoi pas un de plus, une fois accomplie la période qui sépare les apparitions successives de toutes les espèces diverses ?
Pourquoi pas un de plus ?
Maupassant, le Horla, Pl., t. II, p. 934.
♦ ☑ Un à un (→ Couple, cit. 4; différenciation, cit. 2; froisser, cit. 18), une à une (→ Faner, cit. 11; fléchir, cit. 12; glas, cit. 2) : à tour de rôle et un seul à la fois. — (Dans le même sens). || Un par un, une par une.
♦ ☑ Un chacun, tout un chacun. ⇒ Chacun (cit. 12 et 13).
2 (Emploi nominal). Une unité; le chiffre notant l'unité. || Un et un font deux. || Il y a cent, vingt à parier (cit. 10) contre un (→ Asseoir, cit. 45). || Débit qui passe de un à dix (→ Périmètre, cit. 2). || Je pose neuf et je retiens un. || Plus un (+1), moins un (−1). || Cela fait déjà un. || Vous avez oublié un un.
5 Sans Un, il n'y aurait ni deux, ni trois : l'unité est donc le principe universel. Un est infini par ce qui sort de lui; il produit co-éternellement deux et même trois, d'où vient tout le reste.
E. de Senancour, Oberman, XLVII.
♦ ☑ (Dans une énumération). Et d'un ! (fam. et d'une !).
6 — Ceux qui ne sont pas de la compagnie n'ont qu'à la boucler et d'une (…)
R. Dorgelès, les Croix de bois, X.
3 Fig. Une réalité unique, une seule et même chose ou personne. ☑ Nos âmes ne sont qu'un, ne font qu'un, sont très unies (→ Lumière, cit. 17; seul, cit. 1). — Ne faire qu'un avec (qqn, qqch.) : se confondre avec. — Vx. || C'est un, ce n'est qu'un : il n'y a pas de différence, pas d'intervalle.
7 Et comme est vrai que nos cœurs ne sont qu'un
Ainsi de nous bien et mal est commun.
Clément Marot, Opuscules, XI.
8 Le passé, le présent, l'avenir, ne sont qu'un pour Dieu.
Lamartine, Premières méditations, Préface.
8.1 Je n'ai pas besoin de vous dire, messieurs, que Ayrton ou Ben Joyce et moi, nous ne faisons qu'un !
J. Verne, l'Île mystérieuse, p. 552.
9 Moi qui ai fait un si passionnément avec mon pays dans ma jeunesse et pendant la guerre (…)
Montherlant, Pitié pour les femmes, p. 82.
♦ ☑ (1390, in D. D. L.). C'est tout un : c'est la même chose. — Par ext. C'est égal, sans importance.
10 Être exacte, être prête, être en règle, c'est tout un.
Colette, l'Étoile Vesper, p. 172.
4 (Emploi ordinal). ⇒ Premier. || Livre un, chapitre un. || Acte un (I), scène un (1). — Argot de théâtre. || Le un : l'acte un. || En scène pour le un. || La page un. — Fam. || La une : la première page d'un journal. ☑ Être à la une, faire la une des journaux : être l'événement dont on parle. || Cinq colonnes à la une.
10.1 La une est un service central, composé, en principe, seulement d'un secrétariat de rédaction, mais auquel peuvent être rattachés les grands reporters, s'ils ne constituent pas un service distinct.
Philippe Gaillard, Technique du journalisme, p. 19.
♦ Fam. || La une : la première chaîne de télévision, en France.
♦ Il est une heure. || Vers les une heure. || Le numéro un.
11 — (…) Marius rentre à présent à des une heure du matin !
Hugo, les Misérables, IV, VIII, III.
♦ N. m. || Au un de la rue. || Le un est sorti, a gagné. ⇒ As. — (Pour marquer le premier temps d'un mouvement, d'une sommation). || Un ! (→ Mouvement, cit. 12). — N. f. || Une !… deux !… (→ Régisseur, cit. 2; remettre, cit. 18). — ☑ (1786, n'en faire ni une ni deux, in D. D. L.). Fam. Ne faire ni une ni deux : agir sans hésitation, avec décision.
12 Oh ! oh ! je n'en ai fait ni une ni deux, je me suis rafistolé, requinqué; j'ai vendu pour six cents francs de couverts et de boucles (…)
Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 1054.
5 (Adjectif qualificatif). Qui n'a pas de parties et ne peut être divisé. ⇒ Simple. || Le Dieu (cit. 37) un et indivisible. ⇒ Consubstantiel. || La République une et indivisible (cit. 4). — Qui, tout en pouvant avoir des parties, forme un tout organique (cit. 2) et ne peut être divisé sans perdre ce qui le constitue essentiellement (→ Correspondance, cit. 1; foudre, cit. 32; individu, cit. 11). || Parler de la personnalité (cit. 2) humaine, c'est dire que chaque homme est un et qu'il est unique. || « Cette grande figure une et multiple, fatale (cit. 4) et sacrée, l'homme. »
♦ Constant, identique. || « Il n'y a rien qui demeure ni qui soit toujours un » (→ Hier, cit. 1).
13 Mais l'homme n'est pas un et simple : pourquoi y a-t-il si peu de portraits fidèles ? parce qu'on a fait poser le modèle à telle époque de sa vie; dix ans après, le portrait ne ressemble plus.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV, p. 100.
♦ N. m. Philos. || L'Un : l'Être unique et absolument un d'où émane tout ce qui est. || L'un et le multiple.
♦ (Dans un sens affaibli, surtout esthétique). Qui n'est pas fait d'éléments disparates ou contradictoires, qui constitue un ensemble uni, harmonieux (→ Fondre, cit. 32).
14 Quand on introduit un personnage sur la scène, il faut que son rôle soit un : or je vous demanderai, notre charmante hôtesse, si la fille qui complote avec deux scélérates est bien la femme suppliante que nous avons vue aux pieds de son mari ?
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 633.
15 Ce tout est l'unité sans laquelle il n'y a pas de résultat, ni d'ouvrage qui puisse être beau, parce qu'alors il n'y a pas même d'ouvrage. Tout produit doit être un : on n'a rien fait si on n'a pas mis d'ensemble à ce qu'on a fait.
É. de Senancour, Oberman, XXI.
REM. Dans ce sens, un a un pluriel. || « Les mondes monstrueux et beaux, uns et divers » (Hugo, Dieu, Pl., p. 1001).
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II Indéfini.
A Article. (880).
REM. 1. Depuis la grammaire de Port-Royal (II, 7), la plupart des grammairiens s'accordent à reconnaître l'existence de cet article « indéfini » à valeur de présentatif, dont le pluriel est des. L'anc. franç. employait aussi le plur. uns, unes, pour désigner « une paire de », ou avec valeur collective.
2. Rare en ancien français, l'article indéfini s'impose au XVIIe s. Cependant, aujourd'hui encore, il est absent dans de nombreuses locutions figées ou phrases proverbiales (cf. G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §§127 à 132), ainsi que dans des phrases négatives (→ Jamais, cit. 19 et 22), devant un attribut énonçant une condition sociale (être médecin, soldat) et une caractérisation, ou devant une apposition (Sceaux, commune de la Seine).
1 (Désignant un individu ou une chose distinct mais indéterminé). || Il a reçu une lettre. || Un homme est venu. — Un télégramme annonçant une maladie devait être adressé à un oncle ou à un cousin (→ Préparer, cit. 14). || « Un poète mort (2. Mort, cit. 24) jeune à qui l'homme survit ». || Un animal ou une plante (2. Plante, cit. 1).
16 On conte qu'un serpent voisin d'un horloger
(C'était pour l'horloger un mauvais voisinage)…
La Fontaine, Fables, V, 16.
♦ Un jour (cit. 34), une fois (4.)… || Pour, pendant un temps. || Un temps. || Un peu (cit. 13 à 18). || Un rien. || Un autre…, un certain…, un quelconque…, un tel… ⇒ Autre, certain, quelconque, tel.
2 (Avec une valeur générale au sens de « tous les »). || Une nation (cit. 1) est une âme.
♦ (Désignant un individu représentant l'espèce). || Un quadrilatère est une figure à quatre côtés.
17 — (…) Vous êtes ambitieux, mais vous n'êtes pas un ambitieux.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XXII, XI, p. 88.
18 Mais ce n'est pas un coupable qu'il nous faut ! C'est le coupable.
M. Aymé, la Tête des autres, III, 10.
18.1 Le Canaque ne connaît pas l'article indéfini : il ne dit pas une maison, mais l'autre maison, car aucun être, aucun objet ne possède d'existence indépendante. Tout un est senti comme le complément d'un autre au sein d'une dualité (…)
Roger Caillois, l'Homme et le Sacré, p. 107.
18.2 (…) cette sorte de sérieux, de gravité qui émane des choses au caractère, au rôle pour ainsi dire essentiel — non pas « une » chaise, « une » table, « un » bol, mais « la » chaise, « la » table, « le » bol (…)
Claude Simon, le Vent, p. 183.
♦ Un… (au lieu de l'article défini, devant un superlatif). ⇒ Les (cit. 36 et 37). || « (…) votre élève, accusé d'un crime le plus infâme (…) » (Bourget, le Disciple, IV, p. 89).
3 (En relation avec le pronom en, pour éviter la répétition du nom). || Quand on est sans caractère, et quand on en a un (→ Gloriole, cit. 1)… || Ce ragoût, car il y en avait un (→ Friandise, cit. 1). || L'infidélité… il ne faut pas hésiter (cit. 21) d'en faire une (→ aussi Payer, cit. 43; propre, cit. 11). || Combattre un ouvrage que le public approuve, en défendre un qu'il condamne (→ Multitude, cit. 11; perroquet, cit. 3). — Fam. || En pousser une (chanson). || En fumer, en griller une (cigarette). || S'en jeter un (verre). — ☑ Vieilli. Encore un que les Prussiens (les Allemands, les Anglais) n'auront pas, se dit plaisamment après avoir bu un verre de vin, d'alcool, ou à la fin d'un bon repas. — (Avec en, désignant un homme en général). || En voilà un qui les secouait ! (cit. 8). — (En fonction d'attribut). || Était-ce une idolâtrie, ou n'en était-ce pas une ? (→ Relique, cit. 1). || Songez que demain est un mythe (cit. 8), que l'univers en est un. — Pop. (Avec un nom précédé de de). || « Que j'en trouve encore une de montre ! » (Courteline, Le commissaire est bon enfant, IV).
19 J'en ai trouvé une gentille de bonne (…)
Maupassant, le Père Milon, Le colporteur, p. 258.
20 — (…) En voilà un qui ne manque pas de toupet !
Alphonse Daudet, Tartarin sur les Alpes, III.
♦ (Sans en, avec simple ellipse du nom sujet). || « Des voisins se trouvaient moins avancés : un (…) foulait; un second surveillait » (→ Moût, cit. 2). || « On logea des filles… Une dit : C'est le Roi ! » (→ Parc, cit. 6).
21 Sur la route, maintenant, on essayait des chevaux. Un, tout blanc, courait (…)
Zola, la Terre, II, VI.
4 (En phrase exclamative, avec une valeur emphatique ou intensive marquée par l'intonation). || Il fait une chaleur ! || En voilà un idiot ! || « Quelle péroraison ! D'une concision, d'une violence, d'une aigreur ! » (→ Mouche, cit. 12).
22 Ce mouchoir de cou est jeté d'une manière ! il est d'une souplesse et d'une légèreté !
Diderot, Salon de 1765, Greuze, La jeune fille qui pleure…
23 — J'ai cru, ma foi, que j'y resterais ! Il y a un monde ! (…) un monde ! (…)
Flaubert, Mme Bovary, II, XV.
♦ (De même, devant un adjectif substantivé). || La robe est d'un réussi ! (→ 1. De, cit. 88). || Ce livre est d'un bête !
24 Je ne peux pas dire comme je trouve que Swann change, dit ma grand'tante, il est d'un vieux !
Proust, À la recherche du temps perdu, t. I, p. 51.
24.1 Elle est d'un jaloux, conclut-il avec une indulgence amusée.
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 126.
♦ Fam. || Un, une de ces (suivi d'un nom, avec une valeur intensive). || J'ai une de ces faims ! || Il a un de ces toupets ! || Il fait un de ces froids !
♦ (Avec une relative) :
24.2 — Allez, descendez, ou vous allez vous retrouver dans une de ces voies de garage dont vous me direz des nouvelles !
René Fallet, le Triporteur, p. 418.
5 Devant un nom propre, servant à : a Dépersonnaliser un individu célèbre en le rattachant à une catégorie supposée d'individus comparables (→ ci-dessous, cit. 25, 27) ou à créer avec un nom célèbre une classe à laquelle on rattache un autre individu (c'est un autre Staline, un Staline au petit pied, etc.);
b Mettre en relief (emphatique ou méprisant) la personne alors considérée dans l'ensemble des caractères qu'on lui connaît (→ ci-dessous, cit. 26);
c Présenter la personne comme inconnue (au sens de « un certain, un nommé »); → ci-dessous, cit. 28;
d Désigner un aspect de la personne (c'est un Corneille romantique qui apparaît ici); → ci-dessous, cit. 30 et 30.1.
25 N'allez pas d'un Cyrus nous faire un Artamène (…)
Boileau, l'Art poétique, III.
26 — Aller chez un Merval ! moi ! moi ! — Oui, vous, vous viendrez (…)
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 692.
27 Ô ciel ! serait-il un Danton, se dit Mathilde; mais il a une figure si noble, et ce Danton était si horriblement laid, un boucher, je crois.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, IX.
28 — (…) Qu'est-ce que c'est qu'un M. Dalens, qui demeure sur la montagne (…) ?
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, IV, I.
29 Christophe Wren est un Mansart fort passable; Somers vaut Lamoignon. Anne a un Racine qui est Dryden, un Boileau qui est Pope, un Colbert qui est Godolphin, un Louvois qui est Pembroke, et un Turenne qui est Marlborough.
Hugo, l'Homme qui rit, II, I, V, III.
30 Devant M. Baslèvre interdit, un Gustave inconnu apparaissait (…)
É. Estaunié, l'Ascension de M. Baslèvre, II, IV.
30.1 Je refermai la porte et revins me coucher discrètement. Le lendemain matin, je fus réveillé par un Rouletabille épouvanté.
G. Leroux, le Parfum de la dame en noir, p. 33.
6 (Devant un nom de famille). || Un, une Leroux; un, une Dupré : un homme, une femme de la famille Leroux, Dupré.
31 Elle était, dit Mme de Séryeuse, la tante à la mode de Bretagne de mon arrière-grand-mère, qui jeune fille était une Sanois comme la mère de Joséphine.
R. Radiguet, le Bal du comte d'Orgel, p. 101.
REM. Un s'emploie normalement devant les noms propres devenus noms communs. Un Jocrisse (jocrisse), un don Juan (don juan).
B Pronom.
1 Un, une. || Un des hommes les plus remarquables de ce temps (→ Nuance, cit. 4). || Un de mes camarades d'école (→ Nul, cit. 17). || Une de vos poésies (→ Morceau, cit. 11). || Une des plus importantes usines de Rouen (→ Prospère, cit. 2). || Un de ces jours.
2 Un, une des… qui…; un, une des… que… (suivi d'un verbe au pluriel, accordé avec le compl. de un).
32 Un des ouvrages qui contribuèrent le plus à former le goût de la nation (…) fut le petit recueil des Maximes (…) Les recueils des estampes du roi ont été souvent un des plus magnifiques présents qu'il ait fait aux ambassadeurs.
Voltaire, le Siècle de Louis XIV, XXXII-XXXIII.
33 Au milieu de ces saccagements (…) nous voyons un amour de l'ordre qui anime en secret le genre humain (…) C'est un des ressorts de la nature qui reprend toujours sa force; c'est lui qui a formé le code des nations (…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, CXCVII.
34 À relire ma pièce, elle m'apparaît une des meilleures choses que j'aie écrite, et peut-être la plus surprenante.
Gide, Journal, 15 juil. 1931.
3 L'un, l'une; les uns, les unes. || L'un des auteurs les plus célèbres de ce temps (→ Intime, cit. 5). || L'un d'eux eut une idée (→ Libertin, cit. 14). || L'Europe doit à la Méditerranée l'un de ses contacts avec l'Orient (cit. 7), mais un seul. || L'une des pièces du devant était libre (→ Orgueil, cit. 23). || Votre profession (cit. 6) est l'une des plus entières qui soient. — (Avec ellipse du complément). || Selon l'expression de l'une (→ Ironie, cit. 10).
♦ L'un(e), l'autre; les un(e)s…, les autres. || L'un(e) et l'autre. || Ni l'un(e) ni l'autre. ⇒ Autre. — REM. Pour un en corrélation avec un autre, l'autre, → Autre.
C (Nominal). Un homme, une femme; quelqu'un. — REM. Cet emploi ancien de un, attesté jusqu'au XVIIe s., est resté ensuite régional, ou familier, et a été repris par certains écrivains depuis le XIXe s., notamment dans le tour comme un qui (cf. Aragon, les Beaux Quartiers, I, XVII). — Un qui était content c'était Vinet (→ Suffrage, cit. 3). || Un de Baumugnes, roman de Giono.
35 À un qui calomnia l'épître précédente (Titre de l'épître XXIX). À une qui refusa un présent (Titre de l'élégie XXVI). À un pour avoir de l'argent (Titre du rondeau LXXI).
Clément Marot, Œ. compl., t. I, p. 179, 333 et 444.
36 Comme un qui tout ému d'un effroyable songe
Se réveille en sursaut, et par le lit s'allonge (…)
Du Bellay, les Regrets, LXXXIX.
37 Le même jeune homme reprit : — Nous en tenons un; qu'il ne nous échappe pas. Un cria : — Jetons-le à la Seine.
Hugo, Choses vues, I, 1853, L'espion Hubert.
38 Ô vous, comme un qui boite au loin, Chagrins et Joies (…)
Verlaine, Sagesse, I, VI.
39 Un que je plains de tout mon cœur (…) c'est Gaspard Hénin.
Alphonse Daudet, la Belle Nivernaise, p. 237.
40 Et l'Adèle de pas pouvoir cacher les yeux d'une qui a pleuré.
G. Chevallier, Clochemerle, XVIII.
41 Comme un qui crie « au secours ! » après s'être jeté à l'eau (…)
Michel Leiris, Frêle bruit, p. 119.
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CONTR. (De I., 5.) Multiple. — Divers, varié.
DÉR. Unaire, unième. — V. Uni-.
COMP. Quelqu'un. V. Aucun.
Encyclopédie Universelle. 2012.