asile [ azil ] n. m.
• 1355; lat. asylum, gr. asulon
1 ♦ Hist. anc. Lieu inviolable (temple, etc.) où se réfugie une personne poursuivie. — Cour. Lieu où l'on se met à l'abri, en sûreté contre un danger. ⇒ abri, refuge. Chercher, trouver asile, un asile. Offrir un asile à qqn. « Arrêtons-nous, dit-il, car cet asile est sûr » (Hugo).
♢ Dr. DROIT D'ASILE : immunité en vertu de laquelle une autorité peut offrir l'accès d'un lieu (donner asile) à une personne poursuivie et l'interdire à ses poursuivants. « Le droit d'asile des églises [...] était encore admis par l'ordonnance de 1539 » (Esmein). — Dr. internat. Droit d'asile diplomatique, fondé sur l'exterritorialité des ambassades et légations, où peuvent se réfugier des personnes poursuivies pour motifs politiques. Droit d'asile politique : droit pour un État d'ouvrir ses frontières aux réfugiés politiques et de refuser leur extradition à l'État poursuivant. Demander l'asile politique. Les demandeurs d'asile. Accorder le droit d'asile.
♢ Littér. Lieu où l'on trouve la paix, le calme, la sérénité. ⇒ 1. retraite. Un asile de paix. ⇒ havre. — Poét. L'asile des morts : le cimetière. Le dernier asile : la tombe. — Fig. « La vérité est mon seul asile, toute ma défense est dans ma conscience » (Robespierre).
2 ♦ Établissement d'assistance publique ou privée.
♢ Vx École maternelle, crèche.
♢ Vieilli Asile de vieillards ou asile. ⇒ hospice.
♢ Asile de nuit, qui recueille, pendant la nuit, les indigents sans abri.
♢ Vieilli Asile d'aliénés ou asile : hôpital psychiatrique.
● Asile établissement hospitalier public où étaient traités les malades mentaux. (Ce terme a été remplacé sur le plan administratif, en 1938, par hôpital psychiatrique, lequel tend à son tour à être délaissé pour celui de centre hospitalier spécialisé ou de centre psychothérapique).
asile
n. m.
d1./d Lieu inviolable où l'on est à l'abri des poursuites de la justice, des persécutions, des dangers. Les églises furent longtemps des asiles.
|| Droit d'asile: immunité accordée aux ressortissants de pays étrangers, poursuivis dans leur pays pour crimes ou délits politiques, qui évitent ainsi l'extradition.
d2./d Par ext. Demeure, habitation. être sans asile.
d3./d Vieilli établissement où l'on recueillait les indigents, les vieillards.
|| Asile d'aliénés ou asile: anc. nom de l'hôpital psychiatrique.
I.
⇒ASILE1, subst. masc.
I.— Lieu de refuge où l'on trouve sûreté et protection.
A.— HIST. ANC. et MÉDIÉV. Lieu considéré comme inviolable, servant de refuge aux esclaves, débiteurs, criminels qui sont poursuivis. Le droit d'asile, les lieux d'asile :
• 1. La cité commence par un asile, vetus urbes condentium consilium. Mot profond que la situation de toutes les vieilles villes de l'antiquité et du moyen âge commente éloquemment. La citadelle et l'aristocratie au sommet d'un mont; au-dessous l'asile et le peuple. Tel est l'asile de Romulus entre les deux sommets du Capitole (intermontium).
MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 61.
• 2. Toute ville au moyen-âge, et, jusqu'à Louis XII, toute ville en France avait ses lieux d'asile. (...) Les palais du roi, les hôtels des princes, les églises surtout avaient droit d'asile. Quelquefois d'une ville tout entière qu'on avait besoin de repeupler on faisait temporairement un lieu de refuge. Louis XI fit Paris asile en 1467.
HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 416.
SYNT. Asile inviolable, asile sacré, asile saint; un champ d'asile; ouvrir un asile à tous les hommes, sans distinction de loi ou de culte (MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 64), se jeter, se retirer, se sauver dans un asile, violer un asile; crier : asile! (HUGO, Notre-Dame de Paris, t. 2, 1832, p. 402).
— DR. INTERNAT., mod. ,,Accès, offert à une personne poursuivie, d'un lieu ou d'un territoire où elle ne peut pas être poursuivie : ... Asile des prisonniers de guerre ou des armées en déroute sur le territoire d'un État neutre`` (CAP. 1936).
SYNT. Asile diplomatique. ,,Accès offert aux prévenus ou condamnés, d'un hôtel d'ambassade ou de légation jouissant de l'inviolabilité`` (Ibid.). Asile maritime. ,,Tolérance accordée à un navire belligérant de séjourner dans un port neutre au-delà de vingt-quatre heures`` (Conv. La Haye, 18 oct. 1907, ibid). Asile politique. ,,Accès de leur territoire offert par certains États qui ouvrent leurs frontières aux prévenus ou condamnés politiques des pays étrangers et refusent leur extradition`` (Ibid.).
Rem. Cf. aussi des expr. plus anc. passer en Angleterre pour demander asile et protection au roi Henri (BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, 1821-24, p. 391).
B.— P. ext. Lieu où l'on se met ou se sent à l'abri d'un danger, d'un milieu extérieur hostile, pour se soustraire à la fatigue, à la misère, etc. :
• 3. C'est la dernière fois jusqu'à présent que j'ai vu cette Angleterre, asile de tout ce qui est noble, séjour de bonheur, de sagesse et de liberté, ...
CONSTANT, Le Cahier rouge, 1830, p. 85.
• 4. ... mais au milieu de ces dangers j'occupe un asile sûr, une retraite impénétrable à tous maux, une espèce de serre chaude où le tempérament le plus délicat doit prospérer et fleurir.
M. DE GUÉRIN, Correspondance, 1838, p. 341.
• 5. Quand ils rentraient, chacun de son côté, le soir, après avoir été séparés tout le jour, leur petit appartement était pour eux le port, l'asile inviolable, pauvre, glacé, mais pur. Comme ils s'y sentaient loin des pensées corrompues de Paris! ...
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Antoinette, 1908, p. 878.
SYNT. Asiles sûrs, asile tranquille; Rome... asile des arts, des lettres et de la civilisation (CHATEAUBRIAND, Les Martyrs, 1810, t. 1, p. 233), la France... asile des peuples exilés (GUÉHENNO, Journal d'une « révolution », 1937, p. 238), l'Inde... asile du serpent (J. LEMAÎTRE, Les Contemporains, 1885, p. 12). Compl. d'obj., asile peut ne pas prendre l'article : accorder [à qqn] asile et sûreté (LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 2, 1823, p. 83), demander [à qqn] un asile pour la nuit, donner asile [à qqn], donner [à qqn] un asile et du pain (KARR, Sous les tilleuls, 1832, p. 306), être sans ressource et sans asile (VILLIERS DE L'ISLE ADAM, Contes cruels. Le Désir d'être un homme, 1883, p. 224). Asile s'assimile souvent à la notion de toit, d'habitation.
1. P. anal. Lieu de calme et de repos recherché et senti comme un lieu privilégié, souvent dans la nature :
• 6. Leonhard se mit à parler. Il disait, les yeux brillants de contentement, combien il était doux d'échapper à la vie, d'avoir trouvé l'asile, où l'on sera pour toujours à l'abri. Christophe, encore meurtri par ses blessures récentes, sentait passionnément ce désir de repos et d'oubli; ...
R. ROLLAND, Jean-Christophe, L'Adolescent, 1905, p. 245.
• 7. Il arrive, sans s'être aperçu du chemin, sous le pont de Wettstein. En haut, passent des véhicules, des tramways, — des vivants. Un square, en contrebas, s'ouvre comme un asile de silence, de verdure, de fraîcheur.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 718.
SYNT. Asiles frais (LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques, Glaucé, 1852, p. 26), asiles verts (CHÉNIER, Odes, 1794, p. 223), asile des bois (VIGNY, Mémoires inédits, 1863, p. 166); charmant asile de soleil, de silence et de repos (LAMARTINE, Le Tailleur de pierre de Saint-Point, 1851, p. 415).
2. Spéc., littér. et poét. Le dernier asile, l'asile des morts, signifiant le cimetière ou la tombe :
• 8. La foule, précédée de la croix, et mêlant ses chants sacrés au murmure lointain des tempêtes, marche vers l'asile des morts. Là, la veuve pleure un époux, la jeune fille un amant, la mère un fils à la mamelle.
CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions, 1797, p. 129.
3. Au fig. (plus usité au XIXe s.) :
• 9. Presque toujours le travail fut un asile, un repos et une consolation et, de cette oasis, le poète a cherché un monde différent du sien, presque toujours absolument contraire.
VIGNY, Le Journal d'un poète, 1853, p. 1311.
• 10. Il semble qu'au début elle [ma mère] n'ait été pour moi que le refuge naturel, l'asile contre toutes les frayeurs de l'inconnu, contre tous les chagrins noirs qui n'avaient pas de cause définie.
LOTI, Le Roman d'un enfant, 1890, p. 20.
SYNT. a) [Rare, en parlant d'une pers.] l'asile sacré de la famille (LAMENNAIS, L'Avenir, 1831, p. 246), l'asile inviolable du cœur (VOLNEY, Les Ruines, 1791, p. 327); se ménager un asile contre le désespoir (RESTIF DE LA BRETONNE, M. Nicolas, 1796, p. 91). b) Synon. de calme, repos : un sentiment d'asile, de paix, de solitude (SÉNANCOUR, Rêveries, 1799, p. 59).
II.— Établissement public ou privé où sont recueillis pour un temps plus ou moins long des personnes malades ou sans abri, des enfants, des vieillards. Asiles publics, privés :
• 11. À l'œuvre du travail, à la crèche sainte-Marie, à l'orphelinat saint-Joseph, à l'asile de Châtillon et à l'hôpital saint-Marceau, s'ajoutaient aujourd'hui une ferme modèle, près d'Évreux, deux maisons de convalescence pour les enfants, sur les bords de la Manche, une autre maison de retraite pour les vieillards, à Nice, des hospices, des cités ouvrières, des bibliothèques et des écoles, aux quatre coins de la France; ...
ZOLA, L'Argent, 1891, p. 390.
SYNT. attestant les différentes spécialisations. Asile d'aliénés ou absol. asile, asile des aliénés; hospitaliser à l'asile d'aliénés; des échappés d'asile; asiles de convalescents (LITTRÉ-ROBIN 1865), asiles d'indigents, asiles de nuit ,,destinés à recueillir temporairement pendant la nuit, sans distinction d'âge, de nationalité ou de confession, les personnes qui n'ont pas de logements`` (Revue de l'Assistance publique n° 24, 1953, p. 427), asile de vieillards.
— Au XIXe s. Salle d'asile et absol. asile. ,,Établissement d'éducation destiné à recevoir, pendant le jour, les enfants des deux sexes, que leurs parents, éloignés du logis par le travail quotidien, ne peuvent garder avec eux`` (CHABAT 1881) :
• 12. Jusqu'à l'âge de six ans, je fréquentai l'asile tenu par les religieuses de la Providence. (...) À l'asile succéda l'école communale.
BILLY, Introïbo, 1939, p. 21.
DÉR. Asilé, subst. masc., néol. d'aut.Personne recueillie dans un établissement charitable, un asile : ,,Des asilés de tous les hospices, envoyés par une communauté!`` (E. FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis, 1942, p. 17). (1942, E. FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis, p. 17; suff. -é).
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[azil]. 2. Forme graph. — ,,L'orthographe asyle s'est conservée jusqu'au XIXe siècle; on la trouve encore dans Littré, à côté de l'orthographe actuelle, consacrée par Acad. 1878`` (ROB.). FÉR. Crit. t. 1 1787 cite une graph. azile, sans l'attribuer avec précision.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1355 Antiq. rom. « lieu inviolable où une personne en danger trouve refuge » (BERSUIRE, Tite-Live, ms. Ste-Gen., f° 10d ds GDF. Compl. : Asile fut .I. lieu ou un bois en la cite de Rome previlegié que quiconques s'enfuioit en celi lieu il estoit saux de quelque crime que il eust fait); 2. 1657 p. ext. « tout lieu où l'on se met à l'abri d'un danger » (SCARRON, Roman comique, II, 16 ds Dict. hist. Ac. fr. : Un moulin se présenta au pauvre homme comme un asile); 3. 1669 « retraite, séjour » (PASCAL, Pensées, ibid. : Qui auroit eu l'amitié du roi d'Angleterre, du roi de Pologne et de la reine de Suède, auroit-il cru pouvoir manquer de retraite et d'asile au monde?); 4. 1859 (BOUILLET : Le nom d'asile est consacré aujourd'hui à dénommer des établissements spéciaux de bienfaisance qui servent de retraite à des infirmes, des vieillards).
Empr. du lat. asylum « lieu inviolable, refuge » attesté dep. Varron (Frg. Non., 44 ds TLL s.v., 990, 77); cf. VIRGILE, Aen., 8, 342, ibid., 990, 57 : hinc lucum ingentem quem Romulus acer asylum rettulit; v. Kl. Pauly, 1964 s.v. asylon; au Moy. Âge, ann. 958-62 « id. », LIUTPRANDUS, Antap., 1, 33 ds Mittellat. W. s.v., 1119, 12 : neque... ecclesiae confugientibus poterant esse asylum; 2 lat. médiév., ann. 875, ADREVALDUS, Bened., 33, p. 494, 16, ibid., 1119, 20 : stationem navium suarum acsi asylum omnium periculorum in insula... componentes.
STAT. — Fréq. abs. littér. : Asilé. 1.
BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — BLANCHE 1857. — BOUILLET 1859. — Canada 1930. — CAP. 1936. — CHABAT 1881. — DUL. 1968. — DUPIN-LAB. 1846. — Foi t. 1 1968. — LACR. 1963. — LAFON 1969. — Lar. méd. 1970. — LAVEDAN 1964. — LEP. 1948. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — LOZINSKI (G.). Entrée ds la lang. d'un mot nouv. Mois (Le). 1938, t. 86, pp. 192-197 (s.v. asilé). — MARCEL 1938. — MARCH. 1970. — Méd. Biol. t. 1 1970. — MOOR 1966. — NOTER-LÉC. 1912. — Pol. 1868. — ST-EDME t. 1 1824.
II.
⇒ASILE2, subst. masc.
ZOOL. (entomol.) Insecte de grande taille, au corps allongé et poilu, à suçoir et à trompe saillante, au vol rapide et au fort bourdonnement. Asile frelon :
• Dans les asiles et les stomoxes, la trompe durcit, et devient cornée, au point de servir elle-même à entamer. Les stomoxes n'y ont qu'une soie en dessus; les asiles y en ont trois.
CUVIER, Leçons d'anat. comp., t. 2, 1805, p. 350.
SYNT. (principales espèces). Asile barbaresque (BESCH. 1845), asile cendré (PRIVAT-FOC. 1870), asile craboniforme (CUVIER, Leçons d'anat. comp., t. 2, 1805, p. 351).
ÉTYMOL. ET HIST. — 1582 entomol. (R. et A. L'Aigneaux, DELB., Rec. ds DG : D'un nom romain nommé asyle un moucheron).
Empr. du lat. asilus « taon » attesté dep. VIRGILE, Georg., 3, 147 ds TLL s.v., 787, 83.
STAT. — asile1 et asile2. Fréq. abs. littér. :1 993. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 5 735, b) 2 175; XXe s. : a) 1 342, b) 1 608.
BBG. — Mots rares 1965. — PRIVAT-FOC. 1870.
1. asile [azil] n. m.
ÉTYM. 1355; lat. asylum « lieu inviolable, refuge », grec asulon, neutre substantivé de asulos « qui ne peut être pillé ».REM. L'orth. asyle s'est conservée jusqu'au XIXe s.
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1 Hist. anc. et médiévale. Lieu inviolable où se réfugie une personne poursuivie. || Lieu d'asile. || Un asile aux serfs fugitifs (→ Neutre, cit. 2). || Se réfugier dans un asile. || Violer un asile. || Au moyen âge, les églises étaient des lieux d'asile (→ 2. Ambitus). || Asile sacré. ⇒ Sanctuaire.
1 Tout fuit; et sans s'armer d'un courage inutile,
Dans le temple voisin chacun cherche un asile.
Racine, Phèdre, V, 6.
2 Romulus bâtit Rome, qu'il peupla de gens ramassés, bergers, esclaves, voleurs qui étaient venus chercher la franchise et l'impunité dans l'asile qu'il avait ouvert à tous les venants.
Bossuet, Disc. sur l'hist. universelle, III, 7.
3 (…) il n'était point d'asiles
Où l'avarice des Romains
Ne pénétrât alors et ne portât les mains.
La Fontaine, Fables, XI, 7.
4 Comme la Divinité est le refuge des malheureux, et qu'il n'y a pas de gens plus malheureux que les criminels, on a été naturellement porté à penser que les temples étaient un asile pour eux; et cette idée parut encore plus naturelle chez les Grecs, où les meurtriers chassés de leur ville et de la présence des hommes, semblaient n'avoir plus de maisons que les temples, ni d'autres protecteurs que les dieux.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXV, 3.
♦ Droit d'asile : immunité en vertu de laquelle une autorité peut offrir l'accès d'un lieu (donner asile) à une personne poursuivie et l'interdire à ses poursuivants. || Le droit d'asile des églises (→ ci-dessous, cit. 12, 13, 14; reconnaître, cit. 19).
♦ Figuré :
5 Il n'y a pour le génie qu'un lieu sur la terre qui jouisse du droit d'asile, c'est le tombeau.
Hugo, Littérature et Philosophie mêlées, p. 57.
♦ Mod. Dr. internat. || Droit d'asile diplomatique : droit, fondé sur la notion d'exterritorialité, permettant à des personnes poursuivies pour des raisons politiques de se réfugier dans une ambassade ou une délégation. || Droit d'asile politique : droit pour un État d'ouvrir ses frontières aux réfugiés politiques et de refuser leur extradition à l'État poursuivant. || Demander l'asile politique.
2 Lieu où l'on se met à l'abri, en sûreté contre un danger. ⇒ Abri, refuge. || Chercher, trouver un asile. || Demander un asile, demander asile pour la nuit. → Pèlerin, cit. 1. || Donner, offrir, ouvrir un asile à qqn. || Prêter asile à qqn. || Asile sûr, inviolable, tranquille. || Être sans asile, sans gîte.
6 Et de cet asile ouvert aux illustres proscrits (…)
Corneille, Sertorius, I, 1.
7 Assez d'autres États lui prêteront asile.
Corneille, Sertorius, II, 4.
8 Mais chercher ton asile en la maison du mort !
Jamais un meurtrier en fit-il son refuge ?
Corneille, le Cid, III, 1.
9 Des peuples qui dix ans ont fui devant Hector,
Qui cent fois effrayés de l'absence d'Achille,
Dans leurs vaisseaux brûlants ont cherché leur asile.
Racine, Andromaque, III, 3.
10 Laissez-moi ce refuge, il est inviolable;
N'enviez pas, ma mère, un asile au coupable.
Voltaire, les Pélopides, I, 3.
11 Les statues des empereurs divinisés avaient constitué des lieux d'asile dans l'État païen; la même faveur fut reconnue aux temples chrétiens, leurs dépendances y comprises. Aucune autorité privée ou publique ne pouvait, en principe, en arracher ceux qui s'y étaient réfugiés (…) Les criminels de toute espèce pouvaient, en principe, user de cet asile (…)
A. Esmein, Cours élémentaire d'hist. du droit franç., p. 149.
12 L'Église avait conservé dans la société féodale le droit d'asile; il était même d'une application très étendue, car tous les édifices consacrés au culte étaient lieux d'asile. On allait jusqu'à se demander si les croix des chemins ne participaient pas à ce privilège.
A. Esmein, Cours élémentaire d'hist. du droit franç., p. 286.
13 Le droit d'asile des églises (…) était encore admis par l'ordonnance de 1539 (Villers-Cotterêts), mais il fut aboli par la jurisprudence des parlements.
A. Esmein, Cours élémentaire d'hist. du droit franç., p. 632.
14 C'étaient ceux encore que la société déconcertait ou réprouvait, et qui se réfugiaient en vertu du droit d'asile dans un des rares points de l'univers où mouraient les préjugés.
Giraudoux, Bella, I.
15 L'asile qu'elle avait choisi pour défendre sa liberté (…)
Bossuet, Oraison funèbre d'Anne de Gonzague.
16 Un cerf, s'étant sauvé dans une étable à bœufs,
Fut d'abord averti par eux
Qu'il cherchât un meilleur asile.
La Fontaine, Fables, IV, 21, 3.
17 La biche blessée et poursuivie par le chasseur y trouvait un asile inviolable.
Bernardin de Saint-Pierre, l'Arcadie, II.
18 Arrêtons-nous, dit-il, car cet asile est sûr.
Hugo, la Légende des siècles, « La conscience ».
19 L'idée essentielle de l'asile, c'est qu'on y est à l'abri, hors d'atteinte; celle du refuge, c'est qu'on s'y retire ou qu'on s'y jette. On est en sûreté dans l'asile; on se met en sûreté dans le refuge (…) L'asile est fait ou disposé pour nous mettre à l'abri; c'est notre sauvegarde, notre rempart; il arrive au refuge de nous mettre à couvert; c'est notre retraite. Dans l'asile, on est hors de danger, on n'a rien à craindre; dans le refuge, on échappe à la poursuite, ce mot n'en dit pas davantage.
Lafaye, Dict. des synonymes, Asile, refuge.
♦ Par anal. Lieu où l'on trouve la paix, le calme, la sérénité. ⇒ Retraite. || Un asile de paix, de calme, de silence.
20 Cruels et lâches persécuteurs, faut-il donc que les cloîtres les plus retirés ne soient pas des asiles contre vos calomnies ?
Pascal, les Provinciales, XVI.
21 Lieux que j'aimai toujours, ne pourrai-je jamais,
Loin du monde et du bruit, goûter l'ombre et le frais ?
Oh ! qui m'arrêtera sous vos sombres asiles ?
La Fontaine, Fables, XI, 4.
22 Quand le soir approchait, je descendais des cimes de l'île, et j'allais volontiers m'asseoir au bord du lac, sur la grève, dans quelque asile caché (…)
Rousseau, Rêveries…, 5e promenade.
23 J'ai rêvé de retraites idéales où les esprits assoiffés de méditation pourraient chercher asile contre un monde furieux. C'est une des gloires du Christianisme d'avoir ouvert de tels refuges à la vie contemplative et d'avoir su, pendant des siècles, les rendre presque inviolables aux pires passions des frénétiques.
G. Duhamel, Inventaire de l'abîme, IV.
23.1 Quand enfin l'on peut traverser sans risque, Sigismond va sur le trottoir central, grande étendue où le repos des solitaires, sous des arbres que l'on sait chargés d'oiseaux qui dorment, met une apparence d'asile.
A. Pieyre de Mandiargues, la Marge, p. 115.
♦ ☑ Poét., littér. L'asile des morts : le cimetière. ☑ Le dernier asile : la tombe.
24 Aux plus infortunés la tombe sert d'asile.
La Fontaine, les Filles de Minée, 530.
25 Et rien ne pleure plus sur son dernier asile;
Et le rapide oubli, second linceul des morts,
A couvert le sentier qui menait vers ces bords (…)
Lamartine, Harmonies…, « Le premier regret ».
26 Je vous plains de ne point aimer les histoires (…) c'est un grand asile contre l'ennui.
Mme de Sévigné, Lettres, 1253, 8 janv. 1690.
27 La vérité est mon seul asile, toute ma défense est dans ma conscience.
Robespierre, cité par Michelet, Hist. de la Révolution franç., t. II, p. 1071.
28 Christophe savait d'ailleurs qu'il gardait, dans les retraites souveraines de l'âme, un asile inaccessible, inviolable, où l'ombre de Sabine était close.
R. Rolland, Jean-Christophe, III, 2.
♦ Littér., vx (en parlant de personnes). ⇒ Protecteur.
29 Elle n'a que vous seul. Vous êtes en ces lieux
Son père, son époux, son asile, ses dieux.
Racine, Iphigénie, III, 5.
3 Littér., vieilli. ⇒ Habitation, demeure, maison, toit.
30 Il voulait se construire un agréable asile.
François Andrieux, le Meunier de Sans-Souci.
♦ Fig. Séjour. || Asile du sommeil.
31 Ou reposer dans des grottes tranquilles,
Sur le duvet de la mousse et des fleurs
Lits sans apprêts, véritables asiles
Du doux sommeil et des songes flatteurs (…)
Malfilâtre, Narcisse, I.
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II Cour., vieilli. Établissement public ou privé, destiné à recueillir des personnes malades ou sans abri. ⇒ Hospice; (vx) hôpital. || Asile public, privé. || Asile pour les orphelins (vx). ⇒ Orphelinat. || Asile de vieillards (vieilli). || Asile de nuit : établissement qui recueille pendant la nuit des personnes qui n'ont pas de logement. || Asile d'aliénés (vieilli). ⇒ Hôpital (psychiatrique).
32 Dans le langage administratif, l'asile se distingue de l'hôpital lequel est plus spécialement consacré aux soins des malades. Le mot asile semble au contraire synonyme du mot hospice.
H. Capitant, Voc. juridique, p. 61.
33 Savez-vous ce qu'est devenue, dans cette ville (Amsterdam), l'une des maisons qui abrita Descartes ? Un asile d'aliénés.
Camus, la Chute, p. 134.
♦ Absolt. Fam. Asile d'aliénés. ☑ Il mérite l'asile : il est fou. || À l'asile !
♦ Vx(au XIXe). || Salle d'asile, asile : établissement où l'on gardait les enfants en leur donnant des rudiments d'éducation (correspond aux modernes : garderie, crèche). || « Jusqu'à l'âge de six ans, je fréquentais l'asile (…) À l'asile succéda l'école communale » (A. Bailly, in T. L. F.).
REM. Le mot, dans tous ses emplois, est abandonné par le langage officiel (administratif); dans la langue courante, il n'est vivant que pour désigner familièrement l'internement psychiatrique.
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DÉR. Asilaire.
HOM. 2. Asile.
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2. asile [azil] n. m.
ÉTYM. 1582; lat. asilus « taon ».
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♦ Zool. Insecte diptère de grande taille, au corps poilu et allongé et au fort bourdonnement.
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HOM. 1. Asile.
Encyclopédie Universelle. 2012.