1. bon, bonne [ bɔ̃, bɔn ] adj. et adv.
• buon Xe; lat. bonus. — REM. Le compar. de bon est meilleur; plus... bon peut s'employer lorsque les deux mots ne se suivent pas : Plus ou moins bon. Plus il est bon, plus on se moque de lui. — En épithète, bon se place en général av. le nom. — (phonét.) bon (adj.) se dénasalise devant un mot débutant par une voyelle ou un h muet : bon anniversaire [ bɔnanivɛrsɛr ] .
I ♦ Adj.
A ♦ Qui convient.
1 ♦ Qui a les qualités utiles qu'on en attend; qui fonctionne bien. ⇒ satisfaisant. Un bon lit, un bon couteau, de bonnes chaussures. De la bonne terre. Avoir une bonne vue. Bon remède. ⇒ 1. efficace. Bon conseil. ⇒ avisé, sage. Bon placement. ⇒ avantageux. À bon marché. Un bon mariage. Bon métier. Bon résultat. Le compte, le calcul est bon. ⇒ exact, juste. Bonnes raisons, bonne excuse. ⇒ valable. Loc. Bon pied, bon œil. Bon an, mal an.
♢ (En attribut) Il est bon de, que, souhaitable, salutaire, nécessaire. Il serait bon de partir tôt, que l'on parte tôt. Trouver bon, juger bon. Croire bon. Comme, quand, qui bon me (te, lui...) semble.
♢ Lang. enfantin Avoir tout bon; avoir bon (à un problème) :avoir trouvé la bonne solution. — Fam. (adultes) Avoir tout bon : avoir raison, réussir (opposé à avoir tout faux).
2 ♦ (Personnes) Qui fait bien son métier, son travail; tient bien son rôle. Un bon faiseur. Un bon acteur. Bon médecin, bon client. Bon chrétien. Bon Français. Bon père et bon époux. Une bonne élève. Un bon copain. — Être bon prince.
♢ ÊTRE BON EN [ bɔ̃ɑ̃ ] :réussir dans un domaine. Il est bon en mathématiques.
3 ♦ BON POUR : qui convient bien, est utile à (telle chose). ⇒ adapté, approprié. Un remède bon pour la gorge. L'alcool n'est pas bon pour la santé. ⇒ bénéfique, bienfaisant. C'est bon pour ce que tu as. — (Avec l'inf.) Tous les moyens lui sont bons pour ne rien faire. « Quand on est en péril de mort toutes les armes sont bonnes pour se défendre » (Claudel). — Bon pour le service : apte à faire son service militaire. Par ext. Fam. Nous sommes bons, on est bon pour la contravention, nous allons l'avoir infailliblement. Absolt On est bon ! ⇒ cuit, 1. fait, 2. fichu (cf. fam. On y a droit) . Bon comme la romaine.
♢ BON À [ bɔ̃a ] (et inf. pass.). Une chose bonne à manger, à être mangée; comestible. Toute vérité n'est pas bonne à dire. C'est bon à savoir. La soupe est bonne à jeter. Elle est bonne à marier. Subst. Un bon à tirer : une épreuve bonne à tirer. — BON À (et inf. actif). Iron. C'est tout juste bon à nous faire perdre notre temps. — (Personnes) Il n'est bon à rien, il n'est pas bon à grand-chose : il ne sait rien faire. ⇒ inutile. Subst. C'est un bon à rien, une bonne à rien.
♢ À QUOI BON ? à quoi cela sert-il ? ⇒ pourquoi. À quoi bon continuer ? À quoi bon tous ces efforts ?
4 ♦ Qui est bien fait, mérite l'estime. C'est du bon travail. Un bon devoir. Un bon livre, un bon film. C'est très bon. ⇒ excellent, remarquable.
5 ♦ Qui répond aux exigences de la morale. ⇒ convenable, honorable. Bonne conduite, bonnes mœurs. ⇒ vertueux. Avoir de bonnes lectures. ⇒ 1. sain. Bonne foi. Être de bonne famille.
6 ♦ Agréable au goût ou à l'odorat. Un bon gâteau. C'est très bon. ⇒ délicieux, excellent, fameux, savoureux, succulent. Les bons morceaux. ⇒ délicat, 2. fin. Bonne odeur.
7 ♦ Par ext. Qui donne du plaisir. ⇒ agréable. Un bon bain. L'eau est bonne, assez chaude pour se baigner. Une bonne promenade. Passer de bonnes vacances, de bons moments, une bonne soirée avec qqn. Avoir la bonne vie. — Il est bon, c'est bon de... (et inf.). Qu'il est bon de ne rien faire ! ⇒ doux. — Une bonne histoire, qui amuse. ⇒ drôle. Fam. En avoir de bonnes : plaisanter. Tout abandonner ! tu en as de bonnes. — (En souhait) Bonne fête ! ⇒ joyeux. Bon voyage ! Bonne année ! ⇒ heureux.
8 ♦ LE BON (et subst.) :la chose, la personne qui convient et non une autre. Ranger un objet à la bonne place. Tenir le bon bout. Prendre la vie du bon côté. Arriver au bon moment (⇒ opportun) . Ce n'est pas la bonne clé, ce n'est pas la bonne. Frapper à la bonne porte. Trouver la bonne réponse. Nous sommes sur la bonne voie.
9 ♦ Interj. Bon ! marque la satisfaction, notamment après une affaire faite, terminée. ⇒ 1. bien. Bon, on y va ! — Marque la surprise. Ah, bon ? — Iron. Marque le mécontentement. Allons bon ! voilà que ça recommence ! Bon, bon, nous verrons qui a raison.
♢ C'est bon ! cela suffit.
10 ♦ Loc. adv. POUR DE BON; (littér.) TOUT DE BON : réellement, véritablement. Il est fâché pour de bon.
B ♦ (Idée de bonté).
1 ♦ Qui veut du bien, fait du bien à autrui (après le nom, surtout attribut).⇒ charitable, clément, compréhensif, généreux, humain, indulgent, magnanime, secourable; bonté. Cet homme est bon, bon comme le pain. Soyez bons pour les animaux. Elle est trop bonne. ⇒ bonasse, faible. C'est un homme bon, bon et généreux. Le bon Dieu. Le bon Samaritain.
♢ Par ext. Qui entretient avec autrui des relations agréables; qui a une certaine rondeur, de la bonhomie. ⇒ brave, complaisant, 2. gentil, serviable. Une bonne fille, un bon garçon, un bon type. ⇒ chic. Il est bon bougre. « Il me parut, comme à vous, un assez bon diable » (d'Alembert). Bon enfant, bon vivant. ⇒ bon enfant. Être bon public, bienveillant. Merci, vous êtes bien bon, trop bon. ⇒ aimable, obligeant. — Vx Un bon homme, une bonne femme. ⇒ bonhomme. — Fam. (Pour souligner la difficulté de ce qui est proposé). Vous êtes bon, vous, ce n'est pas si facile !
2 ♦ (Choses) Qui exprime la bonté, témoigne de la bonté. Avoir bon cœur. Faire une bonne action (⇒ B. A.) . Bonnes œuvres. Bonne volonté. Allons, un bon mouvement ! — Par antiphr. Les bonnes langues.
3 ♦ Loc. adv. Fam. À LA BONNE. Avoir qqn à la bonne, le trouver sympathique, avoir pour lui toutes les indulgences. « Nanette m'avait à la bonne, quand elle m'a cédé sa boutique » (Queneau).
C ♦ Par ext. (valeur intensive)
1 ♦ (Apr. un ou un numér.) Qui atteint largement la mesure exprimée; grand. Une bonne pincée. ⇒ gros. Il y en a un bon verre. ⇒ plein. « Il avait maintenant trois bons kilomètres à faire pour revenir » (Cl. Simon). Attendre depuis une bonne heure. Une bonne partie. ⇒ grand.
2 ♦ Définitif, total. Finissons-en une bonne fois, une bonne fois pour toutes. Arriver bon premier. Vx « Un bon impertinent » (Molière). ⇒ 1. beau.
3 ♦ Intense, violent. Une bonne gifle. Une bonne cuite.
II ♦ Adv. de manière Sentir bon. Tenir bon. Il fait bon : la température est agréable. — Il fait bon (et inf.) :il est agréable de. « Il fait bon vivre chez vous » (Vigny) . — Fam. Y a bon ! c'est bien.
⊗ CONTR. Mauvais. Méchant. Petit.
⊗ HOM. Bond.
bon 2. bon [ bɔ̃ ] n. m.
• XVe; → 1. bon
I ♦
1 ♦ Ce qui est bon. « Discernant le bon d'avec le mauvais » (Fléchier).
2 ♦ (Avec avoir) Ce qu'il y a de bon, de meilleur dans une personne ou une chose. Il y a du bon et du mauvais dans cet ouvrage. Avoir du bon : présenter des avantages. Cette solution a aussi du bon.
3 ♦ (Surtout au plur.) Personne qui est bonne. Les bons et les méchants.
II ♦ (fin XVIIe) Formule écrite constatant le droit d'une personne d'exiger une prestation, de toucher une somme d'argent, etc. ⇒ billet, effet, titre. Bon d'essence. Bon de commande, de livraison. Bon pour... Signer un bon. Fin. Bon de caisse. Bon du Trésor. ⇒ certificat, emprunt. Souscription de bons.
● Bon Fête des Morts japonaise, qui se célèbre du 13 au 15 juillet.
bon, bonne
adj., adv. et Interj.
aA./a adj.
rI./r
d1./d Qui a les qualités propres à sa destination, qui est utile. Avoir de bons yeux, une bonne digestion. Donner de bons conseils.
— Loc. fig. Avoir bon pied, bon oeil.
|| Loc. Il est bon de, bon que...: il est utile de, que... Croire, juger, trouver bon.
— Rien de bon: rien qui vaille.
d2./d Qui a acquis un certain degré de perfection dans un travail, un métier, une science. Un bon élève. Un bon nageur. Il est bon en anglais. Syn. sûr, capable, compétent.
d3./d Qui possède une valeur intellectuelle ou artistique. Un bon livre.
d4./d Conforme aux règles morales ou sociales. Avoir bon esprit. Un jeune homme de bonne famille. Le bon droit. Syn. équitable, juste, droit, honnête, correct.
d5./d Agréable. De la bonne cuisine.
— (Formule de voeux.) Souhaiter la bonne année. Bon appétit!
|| (Afr.subsah.) Bonne arrivée!: Syn. de bienvenue!
d6./d Spirituel, amusant. Un bon mot.
— Elle est bien bonne!: elle est très drôle, en parlant d'une histoire; (par antiphrase) c'est déplaisant, surprenant, en parlant d'un événement.
|| Subst. Fam. En avoir de bonnes: exagérer, plaisanter.
d7./d Aimable; simple.
|| Loc. Bon enfant.
— Bon vivant.
d8./d Juste, correct. Avoir un bon jugement. Ce calcul est bon. écrire en bon français. Arriver au bon moment.
— (Suisse) Bon allemand: allemand courant, par oppos. aux dialectes alémaniques.
d9./d Loc. Bon pour: qui convient à. Un médicament bon pour le foie.
— Fam. être bon pour...: ne pas pouvoir échapper à... Je suis bon pour un rhume avec ce froid!
|| Bon à: propre à. Il n'est bon à rien: il est incapable de faire quoi que ce soit d'utile.
|| (Belgique) Avoir (qqch) de bon, l'avoir en réserve. J'ai cinquante francs de bon.
rII./r
d1./d Qui aime faire le bien (personnes). "Un sot n'a pas assez d'étoffe pour être bon" (La Rochefoucauld).
d2./d De disposition agréable; bienveillant, poli. être de bonne humeur. De bon gré. Bon accueil.
d3./d Qui montre de la bonté. Avoir bon coeur. Un homme bon. Une bonne action.
|| Ce bon monsieur de La Palice.
rIII/r
d1./d Très important. Une bonne quantité. Cela fait un bon moment qu'il est parti.
|| Une bonne fois pour toutes: définitivement.
|| Arriver bon premier: le premier loin devant les autres.
d2./d (Par antiphrase.) Fort, violent. Il a pris une bonne correction.
|| Loc. Une (bien) bonne: une chose surprenante. Je vais t'en raconter une bonne!
aB./a adv.
d1./d adv. de manière. Sentir bon. Tenir bon: résister fermement. Il fait bon: la température est agréable. Il fait bon (+ inf.): il est agréable de. Il fait bon marcher.
— (Négativement) Il ne fait pas bon s'y frotter: on risque des désagréments à le mécontenter.
d2./d Loc. adv. à quoi bon?: à quoi sert-il de...? à quoi bon tant de discours?
|| Pour de bon: réellement (litt. tout de bon). Se fâcher pour de bon.
|| (Suisse) Tout de bon: formule de souhait que l'on prononce en prenant congé.
|| Fam. à la bonne: en sympathie. Elle m'a à la bonne.
aC./a Interj.
d1./d Bon!: marque la satisfaction.
d2./d Marque la surprise, la déception. Allons bon!
d3./d Marque le mécontentement, la restriction ironique. Je n'ai pas fini.
— Bon, voilà autre chose!
d4./d C'est bon!: assez!
— N. B. Le comparatif de supériorité de bon est meilleur. Bon épithète est en général placé avant le nom.
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bon
(cap) péninsule au N.-E. de la Tunisie (gouvernorat de Nabeul), dirigée vers la Sicile; région extrêmement fertile.
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bon
n. m.
rI./r
d1./d Ce qui est bon. Le beau et le bon.
|| Loc. Bon à tirer: autorisation d'imprimer donnée par l'auteur ou l'éditeur à l'imprimeur.
d2./d Ce qui est avantageux, important, intéressant. Le bon de l'affaire. Avoir du bon: offrir des avantages.
d3./d Personne qui a de la bonté. Les bons et les méchants.
rII./r Autorisation écrite permettant à quelqu'un de toucher de l'argent, de recevoir un objet, une marchandise, etc. Un bon de caisse de vingt mille francs. Bon du Trésor: obligation émise par le ministère des Finances.
|| (Afr. subsah.) Bon pour: reconnaissance de dette.
I.
⇒BON1, BONNE, adj., adv. et subst.
I.— Emplois adj.
A.— Emplois discursifs
1. [Au sens le plus gén. — bon, bonne indique que l'être, l'obj. concr. ou abstr. désigné par le subst. répond positivement à ce qui est attendu de lui, sous le rapport de sa nature, de sa fonction, de son efficacité, etc.]
a) [Essentiellement sous le rapport de l'image-type ou du stéréotype de sa nature]
— Domaine esthétique, intellectuel. [En parlant d'une pers., d'une chose] (Quasi-)synon. beau. Bon livre, bon style :
• 1. Les mots liquides et coulants sont les plus beaux et les meilleurs, si l'on considère le langage comme une musique, mais si on le considère comme une peinture, il y a des mots rudes qui sont fort bons, car ils font trait. Les hommes qui n'ont que des pensées communes et de plates cervelles, ne doivent employer que les mots les premiers venus. Les expressions brillantes sont le naturel de ceux qui ont la mémoire ornée, le cœur ému, l'esprit éclairé et l'œil perçant.
JOUBERT, Pensées, t. 2, 1824, p. 48.
• 2. Nous n'avons pas voulu ici prouver que la beauté est une chose bonne et estimable. Tout le monde est de notre avis quoi qu'on en dise; nous avons seulement cherché à établir que l'on peut avouer que l'on tient à être beau, que l'on peut dire : « J'ai le nez bien fait, » comme on dit : « J'ai du sang-froid : » « J'ai de jolis yeux, » comme : « J'aime tendrement mes amis. » Nous ajouterons qu'il y a entre la beauté du visage et celle de l'âme une sorte de corrélation sympathique, et qu'un homme d'esprit ou un homme de cœur n'est jamais bien laid, et a une beauté à lui particulière. (...). La beauté étant admise comme une chose bonne et utile, et la parure ayant évidemment le pouvoir de l'augmenter, la parure est donc d'elle-même une chose également bonne et utile. L'homme mal habillé inspire de la pitié ou de la répugnance...
KARR, Sous les tilleuls, 1832, pp. 260-261.
• 3. Autant qu'un homme est lui-même, qu'il ne cède point, qu'il n'imite point, je le vois beau. L'artiste va là tout droit; par sa vertu d'être soi il met au jour la vertu de chaque être. Une nature, autant qu'elle est forte, est bonne et juste. C'est pourquoi de ce qui pousse et grandit par sa propre loi, j'attends quelque bien. Je ne veux pas mutiler, je veux aider et délivrer.
ALAIN, Propos, 1931, p. 1003.
• 4. ... n'invente point d'empire où tout soit parfait. Car le bon goût est vertu de gardien de musée. Et si tu méprises le mauvais goût tu n'auras ni peinture, ni danse, ni palais, ni jardins. Tu auras fait le dégoûté par crainte du travail malpropre de la terre. Tu en seras privé par le vide de ta perfection.
SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 543.
• 5. En fait, cette perfection dans l'activité de Pasteur tient à l'excellence de ses qualités propres, à ce « privilège des très grands esprits » qu'est l'art d'utiliser le hasard, à son bon sens déductif et clairvoyant, aussi habile à imaginer et à réaliser les techniques expérimentales nécessaires ou démonstratives qu'à interpréter judicieusement les faits observés, à en exploiter en toute logique les conséquences immédiates, à en prévoir les virtualités les plus lointaines.
M. BARIÉTY, Ch. COURY, Hist. de la méd., 1963, p. 704.
SYNT. Bonne farce, histoire, idée; bons auteurs; synt. (plus ou moins figés) : (avoir) bon air, (faire, produire) bon effet, (avoir, avoir le... de, être de) bon goût, (dire un, faire un) bon mot, (avoir du, être le) bon sens; (avoir) bonne mémoire, (avoir, prendre) bonne tournure. Loc. figée à bon escient.
♦ MUS. Bons degrés. ,,... les trois accords parfaits majeurs [reliés] de façon à obtenir une succession ininterrompue de tierces...`` (M. DUPRÉ, Cours d'harmonie analytique, t. 1, 1936, p. 22). Bonnes notes. ,,Ces trois notes : la tonique, la dominante et la sous-dominante reçoivent la qualification de Bonnes notes du ton`` (H. REBER, Traité d'harmonie, Gallet et Fils, Paris, 1949, p. 12).
— Domaine moral
• 6. L'homme n'est point bon, il n'est point méchant. L'on se trompe également dans ces deux assertions, parce que l'on confond l'homme actuel avec l'homme en général; (...); et parce que l'on juge dans le rapport social ou dans les vues particulières de telle ou telle législation, ce qui ne doit être considéré que dans le rapport de l'homme au reste de la nature. Ce que nous nommons mauvais ou bon est toujours ce qui nuit ou convient à l'ordre que nous voulons établir; ordre momentané que la nature n'a pas préparé positivement, quoiqu'elle l'ait laissé possible. L'homme est ce qu'il doit être. Ses penchans, déterminés par ses besoins et dès-lors effets immédiats de sa nature, ne peuvent être mauvais et bons que relativement à une situation particulière. Ils sont essentiels, indélébiles. Vous voulez faire l'homme ce qu'il ne doit point être, et vous appelez méchanceté originelle la résistance que vous éprouvez en sa nature; mais modelez sur elle vos institutions, et vous trouverez que l'homme, comme toute autre partie de l'universalité des choses, est nécessairement bon, non point selon des convenances factices ou les caprices d'un législateur, mais selon ses rapports dans l'ordre général. Si la résistance est inévitable et toujours victorieuse de nos funestes efforts, et que nous disions, l'homme est donc né méchant, nous ressemblons à l'insensé qui, s'obstinant à suspendre une pierre ou une colonne d'eau, accuseroit de dépravation naturelle la pierre parce qu'elle tombe, et l'eau parce qu'elle se nivelle.
SENANCOUR, Rêveries, 1799, pp. 116-117.
• 7. Ce que dit et croit la bonne compagnie est toujours bien.
VIGNY, Le Journal d'un poète, 1841, p. 1159.
SYNT. (plus ou moins figés). (En) bon bourgeois, (faire) bon ménage, (être de) bonne maison, (être en) bonne société, (en la ... de) bonne ville.
♦ P. anal. [En parlant d'un animal] :
• 8. Il n'y avait pas un bâtard parmi ces chiens. (...). Tous étaient authentiques et bons. (...), tous étaient de bonne race et vrais chiens gentilshommes, ...
HUGO, Le Rhin, 1842, p. 207.
♦ [En parlant d'une chose] Bonne éducation, bonne leçon, bonnes lois :
• 9. Lola, après tout, ne faisait que divaguer de bonheur et d'optimisme, comme tous les gens qui sont du bon côté de la vie, celui des privilèges, de la santé, de la sécurité et qui en ont encore pour longtemps à vivre. Elle me tracassait avec les choses de l'âme, elle en avait plein la bouche. L'âme, c'est la vanité et le plaisir du corps tant qu'il est bien portant, mais c'est aussi l'envie d'en sortir du corps dès qu'il est malade ou que les choses tournent mal. On prend des deux poses celle qui vous sert le plus agréablement dans le moment et voilà tout!
CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 66.
• 10. Par essence, elle [la vertu] est une habitude, c'est-à-dire une disposition acquise et durable, qui permet à celui qui la possède d'agir conformément à sa nature. La définition est d'Aristote : c'est donc bien sur le plan de la morale hellénique que tout l'édifice va se construire. Pour une chose, être bonne, c'est être ce qu'elle doit pour satisfaire à sa propre essence et aux exigences de sa nature; acquérir l'habitude d'agir comme il faut étant donné ce que l'on est, c'est donc une qualité moralement bonne, et accomplir l'acte qui découle spontanément d'une habitude de ce genre, c'est bien agir ou, comme l'on dit encore, faire le bien. Un acte est moralement bon, ou vertueux, lorsqu'il s'accorde à la nature de celui qui l'accomplit. En conséquence, trois choses s'opposent à la vertu : le péché, la méchanceté et le vice. Par définition, en effet, le péché est un acte désordonné, c'est-à-dire contraire à l'ordre que prescrit la nature de celui qui l'accomplit. En tant que tel, il s'oppose directement à l'acte bon qui vient d'être décrit, il est donc nécessairement mauvais; ...
GILSON, L'Esprit de la philos. médiév., 1932, p. 121.
• 11. La brimade punit qui se sépare ou, simplement, se « fait remarquer ». On reconnaît bien vite ici le mécanisme projectif de la bonne conscience satisfaite et ses indignations contrefaites, destinées à détourner la mauvaise conscience de juger nos affaires personnelles. La ressemblance l'irrite comme la différence : la différence, surtout si elle est avantageuse à autrui, démoralise le sentiment inconscient que nous avons de nos limites...
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 723.
• 12. La limitation rigoureuse que nous avons imposée à notre analyse du besoin pourrait insinuer cette idée facile que la vie se réduit à un système simple de motifs, à partir du faisceau des besoins d'assimilation, et que la seule révélation de valeur positive est le plaisir : « est bon ce qui fait plaisir ». On croirait volontiers qu'il suffit d'ajouter : « est mauvais ce qui fait souffrir », pour avoir une vue d'ensemble des motifs et des valeurs du niveau vital.
1) Une analyse plus soigneuse de la douleur nous apprend déjà que la douleur n'est pas le contraire du plaisir à l'intérieur d'un même genre mais qu'il lui est hétérogène.
2) Le couple du plaisir et de la douleur n'est pas lui-même le dernier mot du souci vital : d'autres tendances souvent discordantes entre elles, viennent compliquer le schéma assez clair du plaisir et de la douleur.
RICŒUR, Philos. de la volonté, 1949, p. 100.
SYNT. (plus ou moins figés). (Être de) bon aloi, (donner un, être de) bon conseil, (avoir son, être du, prendre du, voir le... de) bon côté, (à, être dans son) bon droit, (donner le, être de) bon exemple, (avoir, être de) bon genre, (séparer le... de l'ivraie) bon grain, (en, mettre) bon ordre, (selon le... de) bon plaisir, (prendre du) bon temps, (faire) bon usage; (défendre les, suivre les) bons principes; (faire une) bonne action, (pour la, servir la) bonne cause, (de) bonne condition, (avoir, donner, en) bonne conscience, (donner, faire) bonne impression, (à, dans une, de, en) bonne intention, (avoir, donner) bonne opinion, (avoir une, donner une) bonne raison, (avoir) bonne renommée, (avoir) bonne réputation, (avoir, être de) bonne tenue, (être en) bonne voie; (contraire aux, outrage aux) bonnes mœurs, (faire de) bonnes œuvres, (avoir de) bonnes relations. Syntagmes (figés). Certificat de bonne conduite/de bonne vie et mœurs.
Proverbes. Bon sang ne peut mentir; à quelque chose malheur est bon, toute vérité n'est pas bonne à dire.
RELIG., vx. Bon jour. Jour de fête religieuse (cf. Ac. 1798-1878). Faire son bon jour. Communier (cf. J. DE LA VARENDE, Cœur pensif, 1957, p. 146).
— Domaine des relations soc. ou interpersonnelles
♦ [En parlant d'une pers.] Bon camarade, bon garçon, bonne fille :
• 13. ... après ces petites créatures grinchues et susceptibles, cette santé du peuple, cette bonne humeur du peuple, cette langue du peuple, tout le fort, tout le vivace, tout le cordial, tout l'exubérant, tout le contentement dru et tapeur, et ce cœur qui apparaît là dedans avec de grosses formes et une brutalité attendrie, tout, en cette grosse et bonne femme, m'agrée comme une forte et saine nourriture de campagne...
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1858, p. 478.
• 14. Je ne puis dire combien elle fut charmante, judicieuse en mille détails, bonne et obligeante pour tout ce qui l'entoure : Suzette, etc., ayant pour tous les égards délicats de l'égalité, tendre pour la nature, s'exposant à la tempête pour nourrir les animaux.
MICHELET, Journal, 1859, p. 494.
• 15. Au physique, c'était un petit homme, râblu, ventru, coloré, à la démarche lourde et pacifique de bon vivant plein de soupe et de bière.
COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 1re part., 2, p. 17.
SYNT. (plus ou moins figés). Bon diable, bon enfant, bon homme. — PARAD. a) (Quasi-)synon. amical, brave, complaisant, fraternel, gentil, loyal, rond, serviable, sympathique. b) (Quasi-) anton. déloyal, hostile, inamical.
Rem. Les syntagmes bon enfant et bon garçon ont donné lieu à un emploi néologique sous forme substantivée : a) Bonne (-) enfance. ... une grosse bonne enfance (...) sous des apparences de force et de férocité (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1853, p. 109); ... cette fête (...) pleine de simplicité et de « bonne enfance » (COPPÉE, Le Critique en vacances, t. 2, 1892, p. 311). b) Bon(-)garçonnisme. ... du « bon garçonnisme » d'être venu (E. et J. DE GONCOURT, op. cit., 1890, p. 1155); ... un bongarçonnisme de commande (COLETTE, L'Entrave, 1913, p. 66).
P. anal. [En parlant d'un animal] ... un bon vieux petit chien, de la charmante espèce... (FLORIAN, Fables, 1792, p. 180).
Péj. (Quasi-)synon. bête, niais. Bon peuple :
• 16. Et les mêmes mots revenaient :
— Un peu paresseux, peut-être, mais bon enfant! « Bon enfant » signifiait « inintelligent », mais ne blessait pas les amours-propres. Plus loin, échelonnés, d'autres professeurs encore. Ceux des basses classes, enveloppés par des rires d'élèves, répondaient aussi : — Oui, oui, turbulent, mais bon enfant! ... On en fera quelque chose.
ESTAUNIÉ, L'Empreinte, 1896, p. 101.
♦ [En parlant d'un aspect du comportement hum.] Bon rire, bon sourire, bonne tête :
• 17. Le plus grand ordre régnait entre les deux peuples. On avait fait de sévères ordonnances pour empêcher toute querelle, et les Français et les Anglais vivaient entre eux de bon accord et courtoisement; souvent même les uns ne s'inquiétaient point d'être en moindre nombre que les autres dans l'enceinte des tentes. Nonobstant ces mutuelles civilités, rien ne pouvait se conclure.
BARANDE, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 4, 1824, p. 226.
• 18. ... Atar-Gull était déjà rendu à l'atelier, toujours avec sa bonne figure ouverte et franche, son éternel sourire qui laissait voir ses dents blanches et aiguës...
SUE, Atar-Gull, 1831, p. 25.
• 19. Cette aimable femme, intelligente, simple, toujours disposée à rendre service, dispensa à Christophe la bonne grâce accueillante qu'elle avait pour tous.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la place, 1908, p. 755.
SYNT. Bonne poignée de main; bonnes joues. Syntagmes (plus ou moins figés). (Faire, trouver) bon accueil, (savoir) bon gré, (au... de, plein de) bon vouloir; (demander les, solliciter les) bons offices, (échange de) bons procédés, (entretenir de, être en) bons rapports, (rendre de) bons services, (confier aux, remettre aux) bons soins, (être en, vivre en) bons termes; (de, vivre en) bonne amitié, (être en, homme de, vivre en) bonne compagnie, (faire) bonne contenance, (vivre en) bonne entente, (faire) bonne figure, (être de) bonne foi, (accepter de, répondre de) bonne grâce, (vivre en) bonne intelligence, (avoir, trouver) bonne mine, (être de, homme de) bonne volonté, (apprendre les, avoir de) bonnes manières, (dire de) bonnes paroles. Loc. figées. Bon gré mal gré, à la bonne franquette.
b) [Essentiellement sous le rapport de l'image-type ou du stéréotype de sa fonction, de son efficacité]
— [En parlant d'une chose concr., d'un phénomène matériel] Bon dîner, bonne méthode :
• 20. Un homme buvait à table d'excellent vin, sans le louer. Le maître de la maison lui en fit servir de très médiocre. « Voilà du bon vin, dit le buveur silencieux. — C'est du vin à dix sous, dit le maître, et l'autre est un vin des dieux. — Je le sais, reprit le convive; aussi ne l'ai-je pas loué : c'est celui-ci qui a besoin de recommandation. »
CHAMFORT, Caractères et anecdotes, 1794, p. 141.
• 21. Pendant une heure, j'ai roulé sous mes galoches les feuilles tombées, j'ai admiré le ciel bleu, la rivière et les coteaux, et surtout humé à pleins poumons le bon air frais qui sentait la verdure. Les étalages que l'on a faits dans les « points de vue » sont réussis. Par moments je jouis beaucoup de la nature. Pourquoi?
FLAUBERT, Correspondance, 1878, p. 164.
• 22. Dieu étant tout-puissant n'a créé que des choses bonnes. On appelle bonne une chose exactement adaptée à son service : une bonne plume, un bon cheval; plus ou moins bonne suivant que plus ou moins adaptée. Dieu n'a créé que des choses très bonnes, c'est-à-dire parfaitement adaptées suivant leur ordre à lui rendre un témoignage évident, à le clarifier. L'imperfection de l'ouvrage ne résulte en effet que d'un obstacle étranger à la volonté de l'ouvrier.
J. RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier], 1907, p. 195.
• 23. La betterave demande de bonnes terres franches, profondes et fraîches sans être humides. D'une manière générale les bonnes terres à blé sont propres à la betterave. Le travail soigné des terres, l'usage des engrais chimiques ont perfectionné la culture, mais un bon assolement approprié au sol est nécessaire pour la betterave...
J. ROUBERTY, Manuel de sucrerie, 1922, p. 19.
• 24. ... on oublie que si à des fins spécifiquement politiques des moyens spécifiquement politiques doivent être appliqués, néanmoins, par là même que leur fin prochaine est subordonnée à une fin plus haute, l'emploi de ces moyens doit lui-même être rectifié et surélevé par des vertus plus hautes, et comme imprégné de leur esprit. Ils ne sont complètement bons et efficaces dans leur ordre qu'à ce titre-là : car alors seulement ils sont parfaitement soumis à tout l'ordre de leurs fins.
MARITAIN, Primauté du spirituel, 1927, p. 131.
SYNT. Bon coup, feu, fonctionnement, moyen, pain, repas, sommeil; bonne administration, affaire, chaleur, occasion, odeur, soupe. Syntagmes (plus ou moins figés). (Être de, paraître de) bon augure, (être en, remettre en) bon chemin, (à, de, rendre) bon compte, (être au, frapper au) bon endroit, (être en, tenir en) bon état, (jouer, y aller) bon jeu bon argent, (acheter à, être à, faire... de) bon marché, (tirer... de) bon parti, (avoir... bon œil, partir du) bon pied, (arriver à, conduire à) bon port, (être) bon signe, (faire un, jouer un) bon tour; (dire la, raconter une) bonne aventure, (aimer la, faire) bonne chère, (faire une, mener à) bonne fin, (avoir la... de, être en, par) bonne fortune, (faire, tenir sous) bonne garde, (veiller à la) bonne marche, (être en) bonne place, (être en) bonne position, (de) bonne prise, (avoir une, être en) bonne santé; (être dans de) bonnes conditions. — PARAD. a) (Quasi-)synon. convenable, exact, salutaire, valable. b) (Quasi-)anton. faux, néfaste, nuisible.
Proverbe. Les bons comptes font les bons amis.
IMPR. Bonne feuille. Feuille tirée sur papier définitif, permettant de contrôler si le travail préparatoire est exactement approprié au résultat recherché par l'impression :
• 25. ... je n'ai épreuve que de 5 placards. Évidemment il y en a un 6e composé dont je n'ai pas épreuve, puisqu'on a renvoyé la copie imprimée et que ce placard 5 s'arrête au feuillet 14 de la copie. Demandez-le, je ne l'ai jamais eu, je vous l'ai dit dès le 1er jour. Envoyez-moi promptement la bonne feuille 13. Je donnerai dimanche la matière des 10 dernières feuilles. Il y a un chapitre tout entier en copie nouvelle ajouté avant Véronique. Il ne me faudra plus qu'une seule épreuve en placard, et je donnerai peut-être le bon à tirer dessus.
BALZAC, Correspondance, 1840, p. 207.
MAR. Bon vent. Vent favorable. Vent (...) bon, mais faible (A. FRANCE, Clio, 1900, p. 181). Bon(-) plein. ,,Bon vent apprécié par rapport aux voiles`` (LE CLÈRE, 1960); au plus près bon plein (J. GALOPIN, Cours de lang. mar., Matelotage et technol., 1925, p. 98).
— [En parlant d'une pers. jouant un rôle soc., moral, etc.] Bon docteur, bonne ménagère, bonne mère :
• 26. Et quels sont ces grands-hommes, ces héros du christianisme, qu'on nous propose pour modeles? Pas un homme recommandable par des vertus véritablement sociales, par son dévouement pour la chose publique, par des découvertes utiles, par ces qualités privées qui caractérisent un bon pere, un bon époux, un bon fils, un bon frere, un bon ami, un bon citoyen; ou si par hasard il a une de ces vertus, elles ne sont que l'accessoire de son éloge. Ce qu'on loue en lui, ce sont des austérités, des abstinences, des mortifications, des pratiques pieuses ou plutôt superstitieuses; un grand zele pour la propagation de sa folle doctrine, et un oubli de tout pour suivre sa chimere. Voilà ce qu'on nomme les saints...
DUPUIS, Abr. de l'orig. de tous les cultes, 1796, p. 551.
• 27. — Nous autres, Juifs, nous ne sommes pas extrêmement adroits de nos mains. Oh! je sais, nous avons de grands musiciens, des virtuoses, de bons joailliers, des tailleurs habiles. Il nous manque je ne sais quoi. Ne dis pas le contraire, Laurent. — Je ne dis pas le contraire. Je pensais que vous avez donné de bons médecins, en grand nombre, et très peu de chirurgiens.
G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Nuit de la Saint-Jean, 1935, pp. 54-55.
• 28. ... son futur gendre ferait-il bien son métier? S'il était un bon travailleur, par la vertu de son travail, il serait un bon mari. Car en effet, pour bien travailler, il faut être continent dans ses plaisirs, réglé. La femme en profite, et elle a de l'argent pour tenir son ménage et élever ses enfants. Camille serait-il ce bon travailleur? M. Ligneul ne pouvait qu'en douter. Ce n'était pas comme ça, un travailleur. Un regard plus droit, plus simple.
DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, p. 76.
SYNT. 1. Bon abbé, chevalier, curé, élève, Français, juge, maître, oncle, ouvrier, prêtre, roi, serviteur, soldat; bons parents. Syntagme figé. Bonne(s) sœur(s). 2. Bon + prép. : a) Bon à + (qqc.) : bon à rien (adj. ou subst.) un touche-à-tout, un bon à rien (COCTEAU, Les Parents terribles, 1938, III, 5, p. 285); bon à tout (adj. ou subst.) un honnête bon à tout, un légal propre à rien (VERLAINE, Mes hôpitaux, 1891, p. 344); bon à + inf. : bon à lier (cf. R. QUENEAU, Si tu t'imagines, 1952, p. 41); n'être pas bon à jeter aux chiens. b) Bon en : être bon en. c) Bon pour : bon pour le service (LEFEBVRE, La Révolution fr., 1963, p. 532).
Proverbe. À bon entendeur salut.
♦ P. anal. [En parlant d'un animal] :
• 29. S'il n'est pas de bon travail sans bons outils, il n'est pas davantage de chasse agréable sans bons chiens. Ce n'est qu'avec la parfaite collaboration et l'attachante compagnie de ces animaux que l'on peut souscrire à l'opinion de Buffon, selon laquelle « la chasse est le seul délassement sans mélange et sans satiété ».
F. VIDRON, La Chasse en plaine et au bois, 1945, p. 110.
Proverbes. Bon chien chasse de race (cf. MAURIAC, Génitrix, 1923, p. 367); à bon chat bon rat.
Rem. 1. dans le discours, les choses ne sont pas toujours vues exclusivement sous le rapport de leur nature ou sous le rapport de leur fonction, et les deux points de vue se cumulent souvent à propos de la même chose : ainsi, le même syntagme peut se rattacher aux deux points de vue (bon air peut signifier air pur sous le rapport de sa nature et air vivifiant, salutaire sous le rapport de sa fonction). Mais l'un des deux points de vue prédomine gén. sur l'autre : pour les choses abstr., c'est gén. l'aspect de la nature qui prédomine, pour les choses concr., celui de la fonction. 2. Comme le montrent les assoc. paradigm., bon, bonne a, dans ces emplois, un caractère de grande généralité sém., et pourrait, le plus souvent, être remplacé par un adj. plus spécifique. D'où la précarité des démarcations sém., qui, plutôt que des frontières ou des oppos. permanentes, indiquent des dominantes et des effets de sens fréquent. 3. Dans l'usage fam., bon, bonne tend à s'accoler un ou plusieurs adj., perdant ainsi toute signif. précise et ne gardant qu'une valeur affective (cf. infra I A 2) (nuance plus ou moins iron., péj., etc.) : un bon chic de bonne petite vieille ville (FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, Touraine et Bretagne, 1848, p. 264); un bon gros baiser bien sonore (RENARD, Journal, 1905, p. 965); un sacré bon petit ménage du bon Dieu (CLAUDEL, Partage de midi, 1re version, 1906, p. 1139); une pauvre vieille bonne femme de grand-mère (PÉGUY, Le Mystère de la Charité de Jeanne d'Arc, 1910, p. 29); la bonne grasse sentimentale héroïque dame (G. LEROUX, Rouletabille chez le tsar, 1912, p. 24); les bons petits rhumatismes des familles (PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 969); chère bonne grosse amie, blonde et bleue (CLAUDEL, Poésies diverses, 1952, p. 862).
2. [Bon, bonne exprime une valorisation intensive ou affective]
a) [En parlant d'une chose envisagée du point de vue de sa plénitude, de son accomplissement] (Quasi-) synon. grand, large (ment). Un bon morceau, une bonne part :
• 30. Elle frotte ses flancs creux contre le flanc d'Arsule. Un bon moment. Un long moment; ...
GIONO, Regain, 1930, p. 146.
• 31. ... personne, dans ce pays, n'a le souci ni même la conception de l'heure. Celle d'un rendez vous n'a rien de précis dans la mentalité andalouse. Il est tout à fait inutile d'arriver au moment fixé; et même quand on tient compte d'un retard probable et qu'on se présente une demi-heure après, on est à peu près sûr de ne trouver personne et « d'espérer » encore un bon bout de temps.
T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, p. 118.
SYNT. Bon bout (de chemin, etc.), nombre, quart d'heure; bonne demi-heure, fois (pour toutes), moitié, partie; bonnes minutes. Syntagmes (plus ou moins figés). (Avoir, donner) bon espoir, (de) bon matin, (aller, être en, marcher) bon train; (à) bonne distance, (à la, de) bonne heure.
Rem. S'emploie aussi except. à propos d'animés envisagés dans un ordre de succession. Bon(ne) premier(ière) : arriver bon premier avec un geste de triomphe (A. DAUDET, La Petite paroisse, 1895, p. 241), et iron. bon(ne) dernier(ière).
b) [En parlant d'une pers., de son comportement, etc.] Qui est porté à aider les autres, en mettant spontanément en œuvre les moyens matériels ou d'assistance morale susceptibles de favoriser leur épanouissement ou leur bonheur; qui manifeste cette disposition. Bon envers, pour :
• 32. Si l'on pouvoit parler sur les idées, on laisseroit en paix les personnes; si l'on se croyoit assuré de l'emporter sur les autres par ses talents naturels, on ne chercheroit pas à niveler le parterre sur lequel on veut dominer. Il y a des médiocrités d'âme déguisées en esprit piquant et malicieux, mais la vraie supériorité est rayonnante de bons sentiments comme de hautes pensées. L'habitude des occupations intellectuelles inspire une bienveillance éclairée pour les hommes et pour les choses; ...
Mme DE STAËL, De l'Allemagne, t. 4, 1810, p. 400.
• 33. ... elle me chérit comme son père; je suis pour elle un tuteur généreux, un ami compatissant. Elle est d'autant plus attachée à moi, que jusque-là elle n'avait rencontré que des êtres égoïstes et féroces. Elle est bonne, sensible, bienveillante, sans folie, que pourrais-je demander de plus?
P. BOREL, Champavert, M. de l'Argentière, l'accusateur, 1833, p. 17.
• 34. Le cœur inoccupé fermente en amertume,
Le cœur plein devient bon, indulgent, généreux,
Près des êtres hargneux qui de mordre ont coutume
Dis-toi : s'ils sont mauvais c'est qu'ils sont malheureux.
AMIEL, Journal intime, 1866, p. 404.
• 35. ... on s'indignerait d'être un homme, si l'on ne savait pas que l'intérêt de quelques monstres, heureusement bien rares et qui diminuent tous les jours, amène seul ces désastres, et que la grande masse, avec un peu d'instruction, est bonne, charitable, prête à se secourir plutôt qu'à se déchirer.
ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, t. 2, 1870, p. 206.
• 36. ... elle lui faisait ses recommandations dernières auxquelles il répondait tout bas par de petits oui bien soumis, la tête penchée tendrement vers elle, la regardant avec ses bons yeux doux, son air de petit enfant.
LOTI, Pêcheur d'Islande, 1886, p. 114.
• 37. Car aimer son prochain ce n'est pas seulement se donner tout à lui; servir, aider et secourir les autres. Il est possible que vous ne soyez ni bon, ni beau, ni noble au milieu des plus grands sacrifices, et la sœur de charité qui meurt au chevet d'un typhique a peut-être une âme rancunière, petite et misérable. Aimer son prochain dans les profondeurs stables, c'est aimer ce qu'il y a d'éternel dans les autres, car le prochain par excellence c'est ce qui se rapproche le plus de Dieu, c'est-à-dire de ce qu'il y a de pur et de bon dans les hommes; ...
MAETERLINCK, Le Trésor des humbles, 1896, p. 244.
SYNT. Bon prince, seigneur, vieillard, vieux; homme bon; bonne dame, lettre, pensée; femme bonne. Syntagmes (plus ou moins figés). Bon ange, (faire le) bon apôtre, (avoir, de, faire contre mauvaise fortune) bon cœur, bon génie, (avoir, de) bon naturel, bon pasteur; bonne fée, (annoncer la) bonne nouvelle, (faire) bonne œuvre, (porter la, répandre la) bonne parole, bonne vierge. — PARAD. a) (Quasi-)synon. bienfaisant, clément, débonnaire, humain, secourable. b) (Quasi-)anton. inhumain, malfaisant, pervers.
Rem. Pour une raison d'euphonie, bon, bonne précède souvent le subst. qu'il qualifie. Mais dans certains cas, sa position est étroitement liée à son sens. En antéposition, il se rattache au sens I A 1 (un bon médecin = un médecin apte à remplir sa fonction); en postposition, il se rattache au sens I A 2 (un médecin bon = un médecin qui est porté à aider les autres...). D'où la différence sém. entre un bon homme et un homme bon, une bonne femme et une femme bonne, etc. D'où aussi la possibilité pour l'adj. d'être associé, dans l'accept. I A 1 à des subst. sémantiquement opposés à l'accept. I A 2 : un bon homme féroce (G. SAND, Lélia, 1833, p. 144); les bonnes crapules (...) un joli type de Judas (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1890, p. 1216); quelques bons électrochocs (S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 272) :
• 38. M. Godeau, en saluant la Croix du carrefour, pensait qu'il en est ainsi des voleurs, qu'ils ne se traitent pas de « voleurs » comme les honnêtes gens, que ce ne serait pas un outrage pour eux, bien au contraire; que le bien et le mal pour eux s'organisent par rapport à leur état de voleurs; que toutes les vertus qui les font être de mauvais voleurs sont pour eux des vices et que tous les vices qui les font être de bons voleurs sont des vertus éminentes.
JOUHANDEAU, M. Godeau intime, 1926, p. 99.
— Spéc. [En parlant de Dieu, considéré comme l'Être suprêmement bon] :
• 39. Oui, reprit brusquement la seconde femme, Dieu est bon, mais il n'est pas bête! et la discussion fut close. Pendant plusieurs minutes après cette repartie j'ai observé la physionomie de celle qui l'avait eue, espérant reconnaître si elle sentait toute la force du mot qu'elle venait de lâcher. Mais ce fut en vain : son expression n'indiquait ni le contentement de l'amour-propre, ni la malice, ni rien de réfléchi. Je crois que cette femme a été conduite machinalement à faire cette phrase par l'antithèse banale des deux mots bon et bête que l'on oppose fort souvent l'un à l'autre dans notre langue.
DELÉCLUZE, Journal, 1826, p. 357.
• 40. Moi. — Comment savez-vous que Dieu est bon? Lui. — Parce que nous aimons ce qui est bon, et que, si Dieu n'était pas bon, nous ne pourrions pas nous empêcher de le haïr. (...), qu'est-ce que serait une création où la créature ne pourrait pas s'empêcher de haïr son créateur? Ce serait un contresens. La créature aimerait par nature le bon, et le créateur qui l'aurait faite pour remonter à lui et pour l'aimer serait le mal! Vous voyez bien que c'est le monde renversé et les idées brouillées dans la tête. On ne s'y arrête seulement pas, excepté un moment quand on souffre trop, qu'on perd la justice et l'espérance en lui. (...). (...), celui qui est immense en tout n'est-il pas la justice et la bonté immenses par nature? et puisqu'il a mis en nous, qui sortons de lui et qui ne sommes que ses lointaines et obscures images, la justice et la bonté comme des choses que nous aimons malgré nous, n'est-ce pas la preuve qu'il les possède lui-même sans mesure? N'est-ce pas une nécessité qu'il soit infiniment bon, puisqu'il veut être infiniment aimé de tout ce qui sort de ses mains? Voilà du moins comme je me dis quelquefois, quand la vie est dure et que je m'attriste.
LAMARTINE, Le Tailleur de pierre de Saint-Point, 1851, p. 427.
♦ Fam. Bon Dieu ou Bondieu :
• 41. Une de mes amies demandait une fois des prières pour son chien malade; je me moquai d'elle et trouvai sa dévotion mal placée. Aujourd'hui j'en ferais comme elle, (...); ma conscience ne s'offusque pas d'intéresser le bon Dieu à la conservation d'une bête. Y a-t-il rien d'indigne dans ses créatures, et ne peut-on pas lui demander la vie de celles que nous aimons? Je suis portée à le croire et qu'on peut, excepté le mal, tout demander à Dieu, au bon Dieu. Ce nom familier, ce nom populaire de la divinité m'inspire toute sorte de confiance. Il y a loin de là à l'être suprême, ...
E. DE GUÉRIN, Journal, 1838, p. 219.
• 42. Que voulez-vous, sœur Blanche, chacun se fait de Dieu l'image qu'il peut, (...), il me semble parfois qu'il est moins triste de ne pas croire en Dieu du tout que de croire en un Dieu mécanicien, géomètre et physicien. Les astronomes ont beau faire. Je crois que la création ressemble à une mécanique comme un vrai canard ressemble de loin au canard de Vaucanson. Mais le monde n'est pas une mécanique non plus que le bon Dieu un mécanicien, ni d'ailleurs un maître d'école avec sa férule, ou un juge avec sa balance. Sinon, nous devrions croire qu'au jour du Jugement, le Seigneur prendra conseil de ce qu'on appelle les gens sérieux, pondérés, calculateurs. C'est une idée folle, sœur Blanche! Vous savez bien que cette sorte de gens ont toujours tenu les saints pour des fous, et les saints sont les vrais amis et conseillers de Dieu...
BERNANOS, Dialogues des Carmélites, 1948, 3e tabl., 1, p. 1612.
♦ P. méton. Objet qui représente Dieu. ... un petit Christ de plomb (...) un petit bon Dieu (MICHELET, Mémorial, 1822, p. 186); ... fabricants de bondieux (CLAUDEL, Poèmes de guerre, 1916, p. 554).
— P. iron., péj.
♦ Être bon, bien bon, trop bon :
• 43. Je suis trop bon aussi; de quoi diable vais-je me mêler? Est-ce qu'il est possible que ces gens-là me comprennent? Je ne leur en veux pas; je dois même chercher à leur faire du bien malgré eux. Ils m'en sauront gré tôt ou tard.
LECLERCQ, L'Esprit de désordre ou Il ne faut pas enfermer le loup, 1835, 3, p. 252.
♦ Être bon comme du pain/comme du bon pain :
• 44. ... il [M. Fourchambault] n'est pas exigeant. Il est si bon (...) bon comme du pain! sa destinée est d'être mangé...
E. AUGIER, Les Fourchambault, 1878, p. 60.
♦ Arg. Être bon. Être attrapé, berné. N'être pas bon. N'être pas dupe.
Rem. gramm. 1. Bon, bonne a pour compar. de supériorité meilleur, eure. Le tour plus bon, bonne est incorrect :
• 45. — Il est bien plus bon quand on le [le thé] boit en société, dit le vieux, avec un accent du tonnerre de Dieu et la grammaire particulière aux Russes.
E. TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, p. 186.
Rem. 2. Lorsque l'expr. dans laquelle il entre est entièrement figée, le compar. n'est pas possible, cf. faire le bon apôtre, (elle est) son bon ange, faire une bonne œuvre, etc.
Rem. 3. Pour bonne-maman, bon-papa, voir ces mots.
B.— Emplois exclamatifs ou interjectifs
1. Syntagmes exclamatifs (bon, bonne s'accorde) :
a) [Dans une formule d'appellation]
• 46. — Ainsi, mon bon, mon cher Jolibois, vous voudrez bien attendre encore quelques semaines. Peut-être la fortune, acharnée après moi, se lassera-t-elle enfin de me poursuivre.
SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, p. 21.
• 47. Amyot est un des noms les plus célèbres de notre vieille littérature; on dit le bon Amyot, sans trop savoir, comme le bon Henri IV, comme le bon La Fontaine.
SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, t. 4, 1851-62, p. 451.
• 48. Quant à la pratique de la religion, lorsque sa femme lui reprochait d'être inconséquent dans son abstention comparée à ses paroles, (...) il répondait avec une entière bonne foi, (...)
VERLAINE, Louise Leclerq, Pierre Duchâtelet, 1886, p. 103.
• 49. ... comme les grosses dots qu'ils convoitaient n'étaient qu'au nombre de quatre ou cinq, plusieurs dressaient sourdement leurs batteries pour la même fiancée. Et le secret était si bien gardé que, quand l'un d'eux venant au café disait : « Mes excellents bons, je vous aime trop pour ne pas vous annoncer mes fiançailles avec Mlle d'Ambresac », plusieurs exclamations retentissaient, nombre d'entre eux, croyant déjà la chose faite pour eux-mêmes avec elle, ...
PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, p. 404.
— Pop. Mon bon monsieur, ma bonne dame :
• 50. — Ah! ma bonne dame, qu'il y a donc longtemps que je n'ai eu le bonheur de vous voir! C'était la mère Fétu. Elle mendiait à la porte de l'église. Barrant le passage à Hélène, comme si elle l'avait guettée, elle continua : — Ah! j'ai été bien malade, toujours là, dans le ventre, vous savez... Maintenant c'est quasiment des coups de marteau... et rien de rien, ma bonne dame... Je n'ai pas osé vous faire dire ça... Que le bon Dieu vous le rende!
ZOLA, Une Page d'amour, 1878, p. 920.
b) [Dans une formule de lettre, de souhait, etc.] Souhaiter le bon soir, le bon jour (vx), bonne chance :
• 51. Comme l'âne allait tourner l'angle d'un trottoir, un beau monsieur ganté, verni, cruellement cravaté et emprisonné dans des habits tout neufs, s'inclina cérémonieusement devant l'humble bête, et lui dit, en ôtant son chapeau : « Je vous la souhaite bonne et heureuse! » puis se retourna vers je ne sais quels camarades avec un air de fatuité, comme pour les prier d'ajouter leur approbation à son contentement. L'âne ne vit pas ce beau plaisant, et continua de courir avec zèle où l'appelait son devoir.
BAUDELAIRE, Petits poèmes en prose, Un Plaisant, 1867, p. 20.
• 52. Maintenant la guerre est finie
Et le vieux général est mort
Est mort dans son lit
Mort de sa belle mort
Mais moi je suis vivant et c'est le principal
Bonne nuit
Bon appétit mon général.
PRÉVERT, Paroles, 1946, p. 25.
SYNT. (figés). Bon courage, souvenir; bons baisers; bonne année, journée, route, santé, soirée.
c) [Dans des expr. fam. ou des jurons] Bon débarras! bonne mère! :
• 53. — Ah! bah! bah! bah! Vous savez bien que pour vingt mille de plus vous feriez la bonne affaire. — Faudrait que je trouve crédit jusqu'en novembre prochain, jusqu'à la vente de mes bêtes. — Vous en avez pas besoin! Bon diou de bon diou!
MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 204.
• 54. ... il la sentait autour de lui. Il s'endormait avec elle. Il en rêvait dormant comme éveillé. Bon sang de bon sort, est-ce qu'il se sentait déjà vieillir, qu'il éprouvait comme ça cet échec? Au fait quel échec? Il ne lui avait rien demandé, à cette fille.
ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 282.
SYNT. (figés). Bon dieu ou bondieu (bon dieu de bondieu, bondieu de bois, sacré bon dieu, cré bon dieu; bon dious) ou dieu bon, bon sang, (bon sang de sort, bon sang de bonsoir).
Rem. Sur l'emploi du compar. cf. supra rem. gramm.
2. Emplois interjectifs (bon est invar.)
a) Bon! (marque l'approbation, le mécontentement, la fin d'une discussion, etc.), ah bon! (marque l'étonnement, l'incrédulité, l'ironie, etc.), c'est bon! (marque la satisfaction, l'agacement, etc.) :
• 55. — Ça va, c'est bon, intervint la mère, sentant que la dispute tournait à l'aigre, ...
VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 214.
• 56. Je lui ai retracé ce que déjà je lui avais raconté : Raymond, la plage, le bain, la querelle, encore la plage, la petite source, le soleil et les cinq coups de revolver. À chaque phrase il disait : « Bien, bien. » Quand je suis arrivé au corps étendu, il a approuvé en disant : « Bon. »
CAMUS, L'Étranger, 1942, p. 1172.
Rem. 1. Bon! a pour équivalent synon., dans la lang. pop., bono! (cf. COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, p. 47). 2. Bon s'emploie aussi par écrit comme marque d'approbation à un travail satisfaisant :
• 57. Quand la somme ainsi offerte par eux est suffisante, le contrôleur général écrit en marge de l'état de répartition : bon, témoigner satisfaction; mais quand elle est considérable, il écrit : bon, témoigner satisfaction et sensibilité.
TOCQUEVILLE, L'Ancien Régime et la Révolution, 1856, p. 136.
b) À quoi bon (exprime le découragement) :
• 58. Ces rangées de vieilles reliures me paraissent agréables à voir, mais en déplaçant tous ces bouquins et en les replaçant sur d'autres rayons, j'ai entendu résonner à cette oreille intérieure que nous avons tous l'éternel : « À quoi bon? » qui a assombri une partie de ma jeunesse. À quoi bon puisque rien ne dure? À quoi bon puisqu'on va mourir? C'est cette question posée sans cesse qui parfois nous oriente vers l'absolu; et peut-être nous vient-elle de Dieu.
GREEN, Journal, 1947, p. 129.
Rem. S'emploie en tournure substantive une crise d'indifférence, un sentiment de l'à quoi bon (ZOLA, Correspondance, 1902, p. 708).
II.— Emplois adv.
A.— Loc. adv.
— Pour de bon. Vraiment. ... moitié en badinant et moitié pour de bon (VERLAINE, Souvenirs et fantaisies, 1896, p. 274).
Rem. 1. Fam. selon COLIN 1971. 2. Except. utilisé comme équivalent d'un subst. ... une vraie, (...) une pour de bon (QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, p. 25).
— Tout de bon même sens, avec une nuance d'iron. parfois; cf. LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, p. 295).
B.— Loc. verbales (gén. à la tournure impersonnelle, avec une valeur adv.) :
• 59. Le meilleur est de s'accoutumer à procéder méthodiquement et à s'attacher à un train de pensées dont la raison et non le hasard, c'est-à-dire les impressions insensibles et casuelles, fassent la liaison? Pour cela il est bon de s'accoutumer à se recueillir de temps en temps et à s'élever au-dessus du tumulte présent des impressions sensibles : à sortir pour ainsi dire de la place où l'on est, à se demander : Dic cur hoc, respice finem, etc. À défaut d'un officier chargé de nous avertir comme celui de Philippe, il est bon que nous soyons stylés à nous rendre cet office nous-mêmes... etc...
MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p. 143.
• 60. Tel qui souffre mais tient bon, soudain défaille si on se met à le plaindre.
MONTHERLANT, Les Olympiques, 1924, p. 317.
• 61. Elles font le lit, rangent sur les planches et dans les tiroirs de l'armoire le linge de la fiancée, marqué à son chiffre, qui sent bon et sain la lavande, un parfum du jardin.
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, p. 29.
• 62. Respirer une fleur, c'est bon! Mais combien meilleur de respirer la vie, et cela par les narines, qui nous empêche de mourir!
CLAUDEL, Un Poète regarde la Croix, 1938, p. 194.
SYNT. a) Faire bon (chaud), etc.; b) Si bon me semble; c) Loc. verbales + de et inf. ou que et subj. croire bon... juger bon...; il est, paraît, semble bon...
III.— Emploi subst., bon, bonne.
A.— Masc. sing. invar. avec une valeur de neutre
1. [En constr. partitive]
a) [Après pron. neutre] de bon (quelque chose de bon, rien de bon, tout ce qu'il y a de bon, etc.) :
• 63. Ce conseil des évêques, assemblé par l'artificieux roi de Jérusalem, me trouble, je l'avoue; et rien de bon, de favorable, ne me paroît devoir être le fruit des propositions de Lusignan; ...
Mme COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 122.
• 64. Je ne t'avais vendu que mon corps sur le lit, maintenant je te donne tout ce que j'ai de bon, tout ce que j'ai de pur, de sincère et de passionné, toute mon âme qui est vierge, Démétrios, songes-y!
, Aphrodite, 1896, p. 199.
b) [Après un verbe comme avoir, être...] du bon (avoir du bon, etc.) :
• 65. ... parmi nous, de même que parmi eux, il y a du bon et du mauvais : vois les arbres des forêts, sont-ils tous également élevés? Non; les tiges du maïs également fortes et grenues? Non : il en est de même parmi les hommes : ...
CRÈVECŒUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie, t. 1, 1801, p. 106.
• 66. Et je me dis parfois qu'un mauvais mariage a du bon. Il laisse la vie ouverte; tout reste possible et l'on peut tout espérer.
A. FRANCE, Au Petit bonheur, 1898, p. 66.
— P. méton., fam. Marchandise de bonne qualité :
• 67. C'est aujourd'hui les fiançailles; je n'ai garde d'y manquer. C'est moi qui ai fait le trousseau; il faut voir cela : tout par douzaine, du bon, du beau; le papa n'a rien épargné.
JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 5, 1814, p. 74.
— IMPRIM. Synon. avantage, bénéfice (cf. E. CHAUTARD, Gloss. typogr., 1937, p. 56). S'emploie aussi précédé de l'article défini et absolument. ... se partager le bon (...), les amendes (C. MOISAND, Physiol. de l'imprimeur, 1842, p. 74). Semble s'utiliser aussi dans la lang. pop., arg. : y a du bon (COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, p. 66).
c) Le bon de (qqc.). Ce qu'il y a d'intéressant, d'utile, etc. dans quelque chose :
• 68. Je voudrais qu'on ne montrât aux petits que le doux et le bon de la vie, jusqu'au moment où la raison peut les aider à accepter ou à combattre le mauvais.
G. SAND, Correspondance, t. 5, 1812-76, p. 308.
• 69. ... tu né mé refuseras pas ça dé passer cette dernière journée avec moi, au bon de l'air, au bon soleil dé notre Provence.
J. LORRAIN, Sensations et souvenirs, 1895, p. 54.
2. Absol. Le bon. Ce qui est bon, système de valeurs morales propre à une société donnée ou ensemble de valeurs morales généralement considérées comme positives, favorables au développement harmonieux de l'homme :
• 70. Lorsqu'on examine les motifs dont l'impression efficace tire l'homme du repos ou de l'incertitude, on s'assure qu'il n'en existe que deux : le motif du devoir et celui de la passion. Ou bien l'homme se décide par une vue du vrai, du bon, du convenable, ou bien il se décide par l'entraînement d'une satisfaction personnelle indépendante de toute idée d'ordre. La question seulement est de savoir qui le décidera de l'un ou de l'autre motif.
LACORDAIRE, Conf. de Notre-Dame, 1848, p. 191.
• 71. Si le cœur est pur; s'il aime le beau, le bien, le bon, le grand, la vie, le divin, cet amour lui donne des yeux illuminés pour voir et savoir ce que c'est que le ciel...
DUPANLOUP, Journal intime, 1869, p. 313.
— Spéc. Dieu, principe de tout ce qui est bon :
• 72. Platon croyait-il que le monde était l'œuvre du hasard, et que le monde était gouverné par le hasard! Ne croyait-il pas, au contraire, à un ordre nécessaire et en même temps divin? Ses arguments en faveur de l'immortalité ne sont-ils pas pris dans une conception générale de ce genre? Il part de l'être et de la nécessité de l'être, sans doute; mais l'être, pour lui, c'est, avant tout, Dieu, c'est-à-dire le beau, le bon, le sage par excellence, l'être un et infiniment intelligent, infiniment bon, infiniment puissant.
P. LEROUX, De l'Humanité, t. 2, 1840, p. 385.
B.— Subst. variable
1. Subst. masc., IMPRIM. (Donner, mettre son) bon à tirer. Donner son accord définitif pour l'impression d'une épreuve en inscrivant sur elle la mention [cela est] bon à tirer :
• 73. L'épreuve corrigée est remise au compositeur qui exécute les corrections sur plomb. Il en tire ensuite une deuxième épreuve qui sera envoyée à l'auteur. Après l'avoir lue et annotée, celui-ci y inscrit la mention « Bon à tirer » à moins qu'il ne désire en recevoir une autre si la première épreuve était trop chargée de corrections. Le texte imprimé du livre devra être strictement conforme à ce bon à tirer.
La Civilisation écrite, 1939, p. 1014.
— P. méton. Bon à tirer. Épreuve prête pour l'impression définitive :
• 74. Épreuves. — Premier tirage d'un texte avant l'impression définitive. La dernière épreuve est dite bon à tirer ou épreuve d'auteur.
G. et H. COSTON, L'A. B. C. du journ., 1952, p. 194.
2. Subst. masc. ou fém., gén. au plur.
a) Personne bonne, correspondant à un certain code de valeurs morales :
• 75. La vieille littérature hébraïque n'offre guère d'autre catégorie d'hommes que le bon et le méchant; et dans la littérature indienne, c'est à peine si cette catégorie existe. Tous sont présentés comme à peu près également bons. Nos types si délicats ne se dessinent que bien plus tard.
RENAN, L'Avenir de la sc., 1890, p. 407.
b) Chose bonne, valable :
• 76. ... si l'on ne considère dans les gouvernements que les principes sur lesquels ils sont fondés, sans s'embarrasser s'ils y conforment ou non leur conduite, il faudrait pour ranger un gouvernement dans la classe des bons ou des mauvais, prononcer sur le mérite et la justesse des principes, et décider quels sont ceux qui sont vrais ou faux.
DESTUTT DE TRACY, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu, 1807, p. 11.
3. Subst. fém., p. ell., fam. ou arg.
• 77. Oh! J'en ai fait, j'en ai fait des farces, dans mon existence. Et on m'en a fait aussi, morbleu! et de bien bonnes. Oui, j'en ai fait, de désopilantes et de terribles. Une de mes victimes est morte des suites. Ce ne fut une perte pour personne. Je dirai cela un jour; mais j'aurai grand mal à le faire avec retenue, car ma farce n'était pas convenable, mais pas du tout, pas du tout.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, La Farce, 1883, p. 1278.
• 78. — Vous ne direz pas cela, Justin? demanda Renée, qui était devenue pâle. Irrité, Justin se tourna vers elle : — Plaît-il? — Je dis que vous ne pouvez ainsi abandonner Gilbert. — Vous en avez de bonnes! — Je vous en prie, mon père, laissez-moi parler. — Est-ce moi qui l'abandonne, ou lui qui nous rejette? Renée, vous parlez comme une enfant.
ARLAND, L'Ordre, 1929, p. 270.
— Avoir à la bonne. Avoir de la sympathie pour :
• 79. Je l'aime bien Slick, je l'ai à la bonne, parce qu'il est fort et qu'il ne pense pas.
SARTRE, Les Mains sales, 1948, 4e tabl., 6, p. 166.
— Être en bonne (J. DE LA VARENDE, Cadoudal, 1952, p. 197) Être de bonne humeur.Être dans ses bonnes (BALZAC, Un Prince de la Bohême, 1840, p. 370). Être de bonne humeur.
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[], fém. []. FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 436 signale qu'en cas de liaison la voyelle nasale devient orale dans l'adj. bon ex. : ,,un bon élève [], un bon ami [], etc.``; cf. le composé bonhomme [] et son dér. bonhomie []. Cf. aussi GRAMM. Prononc. 1958, p. 134 et KAMM. 1964, p. 236 (cf. encore FÉL. 1851 et LITTRÉ). Enq. :/bõ, bon/. 2. Homon. et homogr. bon2, bond. 3. Forme graph. Nouv. Lar. ill. et Lar. encyclop. mentionnent la forme bono, pop., pour bon, bien, empruntée au sabir d'Afrique.
ÉTYMOL. ET HIST.
I.— Adj. 1. notion de convenance a) 881 « (d'une pers.) qui a les qualités convenables à sa nature » (Eulalie, 1 dans A. HENRY, Chrestomathie de la litt. en a. fr., Berne, 1953 : Buona pulcella fuit Eulalia); b) XIe s. « (id.) qui remplit bien ses obligations » (Alexis, éd. G. Paris, Paris, 1933, p. 340); c) XIe s. « (d'une chose) qui est de bonne qualité, qui mérite l'estime » (Ibid., p. 611); cf. ca 1100 bons escuz (Roland, éd. Bédier, Paris, 1937, 1262) d'où 1130-60 bon à + inf. (Couronnement Louis, 2073 dans T.-L.); av. 1250 bon pour + inf. (G. LE CLERC, Joies N.D., B.N. 19525, f° 91 v° dans GDF. Compl.); 1259 boenne foi (A.N. JJ 34, f° 30 r° dans GDF. Compl.); 1270 buon sens (A.N. K 33, pièce 19, ibid.); 1282 boien gré (Champ., A. S.-et-O., ibid.); ca 1300 bone volonté (Ronc., p. 198 dans LITTRÉ); d) 1172-75 « (d'une chose) agréable » (CHR. DE TROYES, Chevalier Charrette, Vat. Chr. 1725, f° 21c, ibid.); e) fin XIIe s.-début XIIIe s. « qui correspond aux enseignements de la morale » (GUIOT DE PROVINS, Bible, 25, ibid.); 2. notion de bonté a) 2e moitié Xe s. « (d'une pers.) qui fait le bien » (St Léger, 39-40 dans A. HENRY, op. cit., p. 10); d'où av. 1544 qualifie un brave homme (Cl. MAROT, Complainctes, p. 515 dans GDF. Compl.); b) XIe s. « (d'une chose) qui est inspiré par la bonté » (Ep. de S. Est., 1d, ibid. : Par benne entencium); 3. p. ext. notion d'intensité a) ca 1195 « qui atteint largement la mesure exprimée » (AMBROISE, Guerre sainte, 7207 dans T.-L.); b) av. 1664 « violent, fort » (D'Ablancourt dans RICH. 1680 : Un bon coup de poing); c) XIVe s. « définitif » une bonne foiz (St Grégoire, octosyllabes, ms. Evreux fr. 8, éd. A. de Montaiglon dans Romania, t. 8, p. 530).
II.— Subst. 1. 1130-60 « ce qui fait plaisir, ce que l'on désire » (Couronnement Louis, 1316 dans T.-L.), surtout dans le syntagme fere (+ datif) ses buens, ses bons (Erec et Enide, 523, ibid.); 1576 « ce qui est bon, la bonne partie » (J. A. DE BAÏF, Mimes, l. 1, f° 20 v° dans GDF. Compl.); av. 1695 avoir du bon (LA FONT., Berc. dans LITTRÉ); 2. ca 1225 « personne qui est bonne » (MONIOT D'ARRAS (?) dans Les Chansons Chartelain de Couci, éd. A. Leroud, XXI, 30).
III.— Adverbe ca 1165-70 bon « de bonne manière » (B. DE STE-MAURE, Troie, 12937 dans T.-L.); 1539 sentir bon (EST.); 1601 tenir bon (CHARRON, Sag., liv. 3, ch. 14, p. 662 dans GDF. Compl.); 1852 bono « bien, bon » arg. soldats d'Afrique (d'apr. ESN.); 1863 (A. CAMUS, Les Bohèmes du chapeau, I, p. 221 dans SAIN. Lang. par., p. 161).
I du lat. class. bonus. II emploi substantivé de I. III emploi adv. de I; bono d'apr. l'ital. buono.
II.
⇒BON2, subst. masc.
A.— Pièce écrite autorisant à faire quelque chose. Bon de commande, de livraison :
• 1. Pour faire une blague, pour faire rigoler, pour poser au malin, pour rien, il leur avait donné ce papier. Ils avaient dû en rire longtemps tous les quatre, se taper sur la cuisse. C'était la mode, d'ailleurs, chez les Allemands, de mettre de ces inscriptions-là sur les bons de réquisition ou de logement. Mais peut-être que le lendemain, dessoûlé, Albrecht s'était rappelé et avait éprouvé quelque chose comme un remords. « Bon pour dormir une nuit avec madame... » « Albrecht ».
VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 124.
B.— Pièce écrite autorisant à toucher quelque chose (somme d'argent ou objet en nature). Bon à vue; bon du Trésor :
• 2. ... lorsque vous êtes entré, j'étais en train de faire cinq petits bons; j'en avais déjà signé deux; voulez-vous me permettre de faire les trois autres? — Faites, mon cher baron, faites. Il y eut un instant de silence, pendant lequel on entendit crier la plume du banquier, tandis que Monte-Cristo regardait les moulures dorées du plafond. — Des bons d'Espagne, dit Monte-Cristo, des bons d'Haïti, des bons de Naples? — Non, dit Danglars en riant de son rire suffisant, des bons au porteur, des bons sur la banque de France. Tenez, ajouta-t-il, monsieur le comte, vous qui êtes l'empereur de la finance, comme j'en suis le roi, avez-vous vu beaucoup de chiffons de papier de cette grandeur-là valoir chacun un million? Monte-Cristo prit dans sa main, comme pour les peser, les cinq chiffons de papier que lui présentait orgueilleusement Danglars, et lut : « Plaise à M. le régent de la banque de faire payer à mon ordre, et sur les fonds déposés par moi, la somme d'un million, valeur en compte. « Baron Danglars ».
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 596.
• 3. Je reconnais avoir reçu de madame Veuve Tresse et Stock la somme de quatre cents francs (dont cent cinquante il y a quelques jours) pour laquelle somme je leur ai remis deux bons de paiement sur la caisse du Gil Blas (cent cinquante plus deux cent cinquante). Au cas où ces deux bons ne seraient pas payés par le Gil Blas, cette somme serait prélevée par eux soit sur les premiers droits à me revenir sur les futures éditions du tribulat Bonhomet, soit sur la prochaine affaire que nous ferons ensemble.
VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Correspondance, 1887, p. 171.
• 4. Une troisième opération à court terme est l'avance sur titres. Un détenteur de titres d'actions, bons d'emprunts, etc., a besoin d'argent liquide mais ne veut pas vendre ses titres. Il demande alors qu'on lui fasse une avance sur ses titres calculée à (...) de la valeur des titres, tels qu'ils sont cotés à la bourse au moment de l'avance. Toutes les banques vendent également à leurs clients des « bons de caisse » de 6 mois ou un an, à intérêt réduit mais cependant intéressant pour ceux qui ne veulent pas prêter leurs capitaux à long terme.
J.-A. LESOURD, C. GÉRARD, Hist. écon., XIXe et XXe s., t. 1, 1968, p. 64.
ÉTYMOL. ET HIST. — Av. 1755 fin « formule écrite autorisant à fournir ou à payer pour le compte de celui qui l'a signée » (ST-SIM, VIII, 139 dans DG)
Substantivation de bon1 étymol. I.
STAT. — Bon1 et 2. Fréq. abs. littér. :44 024. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 58 758, b) 83 949; XXe s. : a) 64 205, b) 53 493. Bon(-)dieu. Fréq. abs. littér. :8.
BBG. — BAHNERS (K.). Zum bon sens bei Boileau. N. Spr. 1969, t. 68, pp. 350-353. — BASTIN (J.). Nouv. glanures gramm. Riga, 1907, p. 30. — BURGESS (G. S.). Contribution à l'ét. du vocab. pré-courtois. Genève, 1970, pp. 104-113. — DUB. Pol. 1962, pp. 69-70. — DUCH. Beauté 1960, p. 156. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 276. — GOUGENHEIM (G.). Variations autour du mot bon. Vie Lang. 1954, pp. 29-31; 305-306. — GUIRAUD (P.). Le Ch. morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, p. 100. — HEISIG (K.). Warum es nfz. bon und mal und nicht buen und mel? Rom. Forsch. 1964, t. 76, pp. 312-333. — KUHN 1931, passim. — RITTER (E.). Les Quatre dict. fr. Rem. lexicogr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, pp. 361-362. — ROG. 1965, p. 28, 177.
1. bon, bonne [bɔ̃, bɔn] adj., adv. et interj.
ÉTYM. 881 (personnes); XIe (choses); du lat. bonus. REM. 1. Phonét. Bon se prononce [bɔn] devant un nom commençant par une voyelle ou une h muette (ex. : un bon ami [œ̃bɔnami]).
2. Le comparatif de bon est meilleur; plus… bon peut s'employer lorsque les deux mots ne se suivent pas. Plus ou moins bon. Plus il est bon, plus on se moque de lui. Plus une œuvre est bonne, plus elle attire la critique (Flaubert, in Grevisse, no 364). Il est bon plus que sage : il est bon plus qu'il n'est sage (cf. Hanse, Bon). Un vin est plus ou moins bon qu'un autre. « Une tisane est plus qu'une autre bonne contre telle maladie » (Littré). → Plus (plus ou moins).
3. Place de bon. Généralement avant le nom, en épithète, sauf aux sens I, B, 4 (bonté) et C.
4. Sémantisme. L'adjectif, comme les principaux évaluatifs : beau, bien…, suppose un jugement de valeur par rapport à une norme. Cette norme est à la fois sociale et individuelle; le « sens » de bon est fonction de l'« acte de parole » du locuteur, et relatif au sens du substantif avec lequel on l'emploie.
❖
———
I Adj. Qui est évalué positivement, par rapport à sa nature, sa fonction, et dans une hiérarchie de valeurs sociales, tant sur le plan esthétique ou intellectuel, qu'utilitaire, ou que moral. ⇒ Agréable, avantageux, beau (admirable, etc.), bien, correct, efficace, favorable, heureux, intéressant, parfait, profitable, propice, propre, utile. || Assez bon. ⇒ Acceptable, convenable, moyen, passable, satisfaisant, suffisant, utilisable. || Fort bon, très bon. ⇒ Excellent, exemplaire, et aussi le comparatif meilleur (cit. 1).
1 (…) trouver bon ce qui est bon, et meilleur ce qui est meilleur (…)
La Bruyère, les Caractères, I, 21.
2 (…) nous marchons en aveugles, ne sachant où nous allons, prenant pour mauvais ce qui est bon, prenant pour bon ce qui est mauvais, et toujours dans une entière ignorance (…)
Mme de Sévigné, 922, 15 déc. 1683.
3 Commander est bon; être riche est bon; et ces bonnes choses mal prises et mal désirées, font néanmoins tout le mal du monde (…)
Bossuet, Traité du libre arbitre, 11.
4 Rien n'est plus commun que les bonnes choses, il n'est question que de le discerner (…) la nature, qui seule est bonne, est toute familière et commune (…)
Pascal, De l'esprit géométrique, II.
5 Dire d'une chose modestement ou qu'elle est bonne ou qu'elle est mauvaise, et les raisons pourquoi elle est telle, demande du bon sens et de l'expression (…)
La Bruyère, les Caractères, V, 19.
6 (…) ce qui est bon aujourd'hui est dangereux demain (…)
Fénelon, De l'éducation des filles, V.
♦ (Avant une évaluation chiffrée, mais avec une valeur d'appréciation plus nette que dans le sens A, 6, ci-dessous) :
7 Quarante bonnes mille livres de rente sont quelque chose de bon (…)
Dancourt, le Chevalier à la mode, III, 1.
N. B. Bon entre dans un grand nombre d'expressions dont le présent article n'épuise pas les exemples. On peut se reporter en outre aux substantifs que bon qualifie; → par ex. : accueil, air, ami, an, ange, année, augure, aventure, bouche, bout, chemin, compte, enseigne, escient, feuille, intelligence, main, manière, marché, occasion, office, plaisir, port, sens, temps, ton, tour, usage, visage, volonté, vouloir.
A (En parlant de choses).
1 Qui a une valeur utilitaire positive, dans son genre; qui remplit bien sa fonction, est utile, agréable, efficace (en épithète, généralt avant le nom). || De bonnes chaussures, un bon couteau, un bon lit. || Un habit de bel et bon drap. || Séparer le bon grain de l'ivraie. || Un bon blé. || Du bon vin. || Bon repas, bonne chère, bonne bouffe, bonne soupe. || Bon morceau. ⇒ Délicat, succulent. || Un bon métier. || Un bon sol, une bonne terre. ⇒ Fertile, productif. || Bon emploi. ⇒ Lucratif. || Bonne affaire, bon bénéfice. || Bon placement. ⇒ Avantageux. || Bonne prise. || Bon rendement. || Bons résultats. — Fam. (avant gros, petit, antéposés). → ci-dessous, cit. 10. || « Un bon gros baiser bien sonore » (J. Renard). || Un bon petit gueuleton. — (Abstractions). || Une chose de bonne apparence. ⇒ Beau. || Bonne qualité. — ☑ Loc. prov. L'argent est toujours bon. — REM. Dans cet emploi, bon a souvent la même valeur que bon à… suivi d'un verbe à l'inf. (spécifiant le domaine de la qualité appréciée); → ci-dessous, C., 4.
8 Ou admettez que l'arbre est bon, et que son fruit est bon; ou admettez que l'arbre est mauvais, et que son fruit est mauvais : car c'est au fruit qu'on connaît l'arbre.
Évangile selon saint Matthieu, XII, 33.
9 Je vis de bonne soupe, et non de beau langage.
Molière, les Femmes savantes, II, 7.
10 Il faut manger de bon gros bœuf, de bon gros porc, de bon fromage de Hollande (…)
Molière, le Malade imaginaire, III, 10.
11 Tout ce qu'on boit est bon, tout ce qu'on mange est sain;
La maison le fournit, la fermière l'ordonne (…)
Boileau, Épîtres, VI.
12 Un beau château, un bel air, de belles terrasses, une trop bonne chère (…) cette vie est trop douce, et les jours s'écoulent trop tôt, et l'on ne fait point de pénitence.
Mme de Sévigné, 1382, 10 juil. 1694.
13 Bon soupé, bon gîte, et le reste ?
La Fontaine, Fables, IX, 2.
14 La bagatelle, la science,
Les chimères, le rien, tout est bon; je soutiens
Qu'il faut de tout aux entretiens (…)
La Fontaine, Fables, X, 1.
15 La paix est fort bonne de soi;
J'en conviens (…)
La Fontaine, Fables, III, 13.
16 (…) pourquoi vouloir faire du bon fer ? disent la plupart des maîtres de forges; on ne le vendra pas une pistole au-dessus du fer commun (…)
Buffon, Hist. nat. des minéraux, Introd., Œ. compl., t. VIII, p. 11.
17 L'argent est bon, mais l'aise meilleure.
Flaubert, Correspondance, t. III, p. 22.
♦ C'est bon, ce n'est pas bon. || Je ne trouve pas sa cuisine si bonne que ça. || Ce n'est (fam. c'est) pas bon du tout.
2 Qui est digne d'approbation, de confiance, a les effets qu'on attend. || Bonne monnaie, bonne caution. ⇒ Sûr; solide. || Un bon compte. || Le compte est bon. ⇒ Exact, juste, rigoureux, sérieux, strict. — ☑ Prov. Les bons comptes font les bons amis. || Faire bonne garde. || De bons avis, de bons conseils. ⇒ Avisé, éclairé, judicieux, prudent, raisonnable, sage. || Un bon choix. || Un bon parti. || De bonnes raisons, de bonnes excuses. ⇒ Admissible, valable.
♦ Approprié au but poursuivi, au résultat à obtenir. || Bon moyen. || Bonne méthode. || Bon remède. ⇒ Approprié, efficace. || Bon exemple. || Bonne leçon. ⇒ Salutaire. || La leçon est bonne.
18 On ne peut trop louer trois sortes de personnes :
Les dieux, sa maîtresse et son roi.
Malherbe le disait; j'y souscris quant à moi :
Ce sont maximes toujours bonnes.
La Fontaine, Fables, I, 14.
19 J'essayerais mille petits remèdes inutiles pour en trouver un bon; et mon impatience et mon peu de vertu me feraient une occupation continuelle de l'espérance d'une guérison (…)
Mme de Sévigné, 844, 21 août 1680.
20 Êtes-vous en faveur, tout manège est bon, vous ne faites point de fautes, tous les chemins vous mènent au terme (…)
La Bruyère, les Caractères, VIII, 90.
♦ ☑ Loc. Arriver à bon port (cit. 8, 9 et 10).
3 (En parlant des productions de l'esprit). Qui est réussi, apprécié (sur le plan esthétique ou intellectuel). ⇒ Beau, bien (bien exécuté, bien fait); adroit, habile. || Un bon travail. || Un bon tableau. || De bons vers. || Un bon livre. ⇒ Agréable, instructif. || Son livre, son article est très bon. ⇒ Excellent, remarquable.
21 Un livre est-il mauvais, rien ne peut l'excuser;
Est-il bon, tous les rois ne peuvent l'écraser (…)
Voltaire, Épîtres, 100.
21.1 Hé bien, c'est vrai, la beauté n'est pas dans un livre, elle est dans l'ensemble. Chaque roman lu séparément n'est pas bien bon, et pourtant les personnages qu'on retrouve dans tous sont vraiment très bien.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 199.
♦ (Par euphémisme, dans un langage un peu prétentieux, en parlant d'un spectacle, d'une musique, etc.). || C'est bon, c'est très bon, ce qu'il fait là. REM. Un emploi analogue existe pour les personnes. → ci-dessous, B., 3.
21.2 — Beau salon. Le Bonnat remarquable, deux excellents Carolus Duran, un Puvis de Chavannes admirable, un Roll très étonnant, très neuf, un Gervex exquis, et beaucoup d'autres, des Béraud, des Cazin, des Duez, des tas de bonnes choses enfin.
Maupassant, Fort comme la mort, éd. 1889, p. 140.
♦ ☑ Loc. Un bon mot. ⇒ Mot (cit. 33 et 34); → naïveté, cit. 9.
4 Qui est selon les règles. ⇒ Correct, juste. || Bon ordre. || Mettre à la bonne place, à la place voulue. || Appuyer sur le bon endroit. || Une bonne balle (au jeu). || En bon français. — Le bon usage.
22 Je vous le dis en bon français.
La Fontaine, Fables, VI, 8.
23 Connaître la valeur juste des mots est le grand secret de bien écrire. Le mot le plus nu, mis en bonne place, fait bien plus d'effet que le terme rare.
J. de Lacretelle, cité par A. Maurois, Études littéraires, t. II, p. 221.
5 Qui procure de la satisfaction, du plaisir, de la gaieté, de la joie, etc. ⇒ Favorable, propice. || Bonne chance. || Bonne étoile. || Bon signe. || Bon vent. || Un bon coup. || Une bonne position. ⇒ Enviable. || Prendre les choses du bon côté, avec optimisme. || De bonnes nouvelles. || Une bonne plaisanterie, un bon mot, une bonne histoire, un bon tour. ⇒ Amusant, drôle, plaisant, spirituel; → ci-dessous, C., 6. : une bien bonne. || Un bon bain. || L'eau est bonne, agréable pour se baigner. (On n'emploie pas bon en épithète avec eau). — Un bon moment. || Passer de bons moments avec qqn. || Se donner du bon temps. || Bonne odeur. ⇒ Agréable, délicieux, exquis, suave. — (En souhait). || Bonne fête ! || Bon voyage ! || Bonne année ! ⇒ Heureux. || Bon Noël !
24 Il y a de bons mariages, mais il n'y en a point de délicieux.
La Rochefoucauld, Réflexions…, 113.
25 Après les bons partis, les médiocres gens
Vinrent se mettre sur les rangs.
La Fontaine, Fables, VII, 5.
26 On aurait du moins quelques moments de bon (…)
Massillon, 1re Profession religieuse, 2.
27 Mon cher ange, la vie d'un homme de lettres n'est bonne qu'après sa mort (…)
Voltaire, Lettre à d'Argental, 17 sept. 1755.
27.1 « L'eau était bonne ? » — « Très bonne », grogna Roch; « tu aurais dû venir ».
J.-M. G. Le Clézio, la Fièvre, p. 11.
♦ ☑ Loc. Le bon plaisir (cit. 1, 2 et 3).
a Quantitatif. Complet; important. || Il y en a un bon verre. ⇒ Plein. || Une bonne poignée. ⇒ Gros. || Une bonne part, une bonne partie de la somme. ⇒ Grand. ☑ Loc. Faire bon poids; (vieilli) faire bonne mesure. || Coûter un bon prix. ⇒ Considérable. || (Un) bon nombre de… || Un bon bout de temps.
♦ (Entre un numéral, de un à dix et aux chiffres ronds, et certains substantifs nombrables). || Cela fait une, deux bonne(s) semaine(s); c'est à dix bons kilomètres, à deux bonnes heures de marche. → Au moins, au minimum. || Vingt bons millions. — REM. Voir un emploi semblable, mais sémantiquement distinct, cit. 7 ci-dessus.
28 L'attaque (…) dura trois bons quarts d'heure.
Racine, Lettres.
29 Alors Sangrado m'envoya chercher un chirurgien qu'il me nomma, et fit tirer à mon maître six bonnes palettes de sang, pour commencer à suppléer au défaut de la transpiration.
A. R. Lesage, Gil Blas, II, 2.
29.1 Il y avait trois bons kilomètres à faire pour revenir. Et la nuit complètement tombée (…)
Claude Simon, le Vent, p. 89.
♦ ☑ Loc. De bonne heure (cit. 100 à 104). ☑ De bon matin (cit. 13) : tôt le matin.
b Dans des loc. || Une bonne fois (cit. 2 et 2.1). REM. Voir l'emploi analogue pour les personnes, ci-dessous cit. 56, 57 et supra.
c Intense, violent. || Une bonne gifle, un bon coup de poing. || Une bonne cuite. || Il a attrapé un bon rhume. REM. Cet emploi, avec des subst. désignant des choses pénibles ou mauvaises (mais non dramatiques : on ne dirait guère un bon cancer) suppose un effet stylistique d'antiphrase. → Beau, magnifique.
30 Je veux des maladies d'importance : de bonnes fièvres continues (…) de bonnes fièvres pourprées, de bonnes pestes, de bonnes hydropisies formées, de bonnes pleurésies (…)
Molière, le Malade imaginaire, III, 10.
1 (En parlant des organes, des qualités physiques : dispositions, dons naturels…). Qui fonctionne bien. ⇒ Sain. || Bonne oreille. || Bon estomac, bon foie, bonnes jambes. — ☑ Loc. Bon pied, bon œil. || Avoir bon bec. ⇒ Bec (supra cit. 7); bon bec. — Bonne santé. || Être en bon état, en bonne forme.
31 Je suis assez adroit; j'ai bon air, bonne mine,
Les dents belles surtout, et la taille fort fine.
Molière, le Misanthrope, III, 1.
32 Les soucis d'un amour maternel poussé jusqu'à la passion assombrirent son caractère et troublèrent sa santé naturellement bonne.
France, le Petit Pierre, I.
2 (Qualités morales : dispositions de l'âme, de l'esprit, du cœur). Qui est bien disposé, ou disposé vers le bien, tel qu'il est évalué socialement. || Avoir de bons penchants, un bon naturel. ⇒ Humain, sensible. — ☑ Loc. Bon cœur. ⇒ Cœur. || Bon sens. ⇒ Sens. || Bonne composition. || Bonne humeur. || Vivre en bonne intelligence avec qqn.
33 Ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien (…)
Descartes, Disc. de la méthode, I.
34 M. de Vence, lui dont la tête est si bonne, si bien faite, si bien organisée (…)
Mme de Sévigné, 255, 9 mars 1672.
35 Je m'étonne comment tant de belles parties
En cet illustre amant sont si mal assorties,
Qu'il a si mauvais cœur avec de si bons yeux (…)
Corneille, la Suivante, IV, 7.
36 J'ai le cœur aussi bon, mais enfin je suis homme (…)
Corneille, Horace, II, 3.
37 Votre sang est trop bon, n'en craignez rien de lâche (…)
Corneille, Horace, II, 6.
38 Le bon cœur est chez vous compagnon du bon sens (…)
La Fontaine, Fables, XII, 23.
39 La bonne grâce est au corps ce que le bon sens est à l'esprit.
La Rochefoucauld, Réflexions, 67.
40 Un esprit médiocre croit écrire divinement; un bon esprit croit écrire raisonnablement.
La Bruyère, les Caractères, I, 18.
41 La ruse est un talent naturel au sexe; et, persuadé que tous les penchants naturels sont bons et droits par eux-mêmes, je suis d'avis qu'on cultive celui-là comme les autres, il ne s'agit que d'en prévenir l'abus (…)
Rousseau, Émile, V.
42 Selon que l'âme, aimante, humble, bonne, sereine,
Aspire à la lumière et tend vers l'idéal,
Ou s'alourdit, immonde, au poids croissant du mal (…)
Hugo, les Contemplations, VI, XXVI.
♦ (Des apparences signalant les qualités). || Une bonne tête. Fam. || Il a une bonne gueule. — Un bon rire, un bon sourire.
43 Sa figure est bonne et franche; ses yeux regardent bien en face; rien de ce qu'on est convenu d'appeler l'air jésuite.
Loti, Figures et Choses…, A. Loyola, p. 71.
♦ ☑ Loc. Avoir bon esprit (infra cit. 75). — Vx. || Le bon esprit (cit. 127 et 128). — → aussi ci-dessus, cit. 40.
3 (Personnes). Qui est apprécié dans son rôle social, est considéré comme remplissant sa fonction (dans une appréciation traditionnelle des valeurs sociales). || Un bon artisan, un bon praticien. ⇒ Adroit, consciencieux, doué, expert, habile, honnête, ingénieux, sérieux. || Un bon général. || Un bon peintre. || Un bon acteur. || Il est (il n'est pas) très bon dans ce rôle. || Les bons auteurs. ⇒ Grand. || Bon juge. || Un bon pasteur : un bon guide. || Un bon chrétien, un bon musulman, un bon patriote. ⇒ Fidèle, pur, véritable, vrai. || Les bons et les mauvais Français. || Un bon mari. || Un bon père de famille. || Une bonne mère. || Une bonne ménagère. — (Dans les relations humaines). Fidèle et sincère. || Un bon et fidèle ami. || Un bon camarade. || Un bon copain, une bonne copine. ☑ Prov. Les bons maîtres font les bons valets. || Bon prince. || Bon roi. ⇒ Sage. ☑ Loc. (Être) bon prince. ⇒ Prince (cit. 6 et supra).
44 Ce roi, des bons rois l'éternel exemplaire (…)
Malherbe, II, 1.
45 (…) Il est trop bon mari pour être assez bon père.
Corneille, Nicomède, III, 4.
46 Son père un bon bourgeois, lui sans autre mérite;
Matière infertile et petite.
La Fontaine, Fables, I, 14.
47 (…) Laissant de Galien la science suspecte,
De méchant médecin devient bon architecte.
Boileau, l'Art poétique, IV.
48 Vous voyez que je suis bon Français; je combats les Anglais à ma façon : je suis comme Diogène qui remuait son tonneau, pendant que tout le monde se préparait à la guerre dans Athènes (…)
Voltaire, Lettre à Mme de Fontaine, 16 avr. 1756.
49 Si Horace est le premier des faiseurs de bonnes épîtres, Rabelais, quand il est bon, est le premier des bons bouffons (…)
Voltaire, Lettre à Mme de Fontaine, 12 avr. 1760.
50 C'est une bonne et honnête fille, qui me sert depuis vingt ans avec l'attachement d'une fille à son père, plutôt que d'une domestique à son maître (…)
Rousseau, Lettres, 426.
51 (…) le bon ouvrier sait que de grandes choses sont possibles et prudemment, peu à peu, les accomplit.
A. Maurois, Un art de vivre, III, 1.
REM. Dans ces emplois, le substantif désigne en général un rôle social, jugé du point de vue de l'idéologie dominante : le « bon ouvrier » n'est pas apprécié de la même façon par le patron et par le syndicat. Quand le substantif concerne des relations personnelles, les critères sont plus stables (un bon copain).
♦ (En parlant d'un type de comportement global). Qui a des qualités humaines, morales. || C'est une bonne fille, un bon petit gars, un bon petit. || Un bon garçon (⇒ Bon garçon; bongarçonnisme, garçonnisme). || Un bon diable, un bon bougre. ⇒ Aimable, brave, complaisant, estimable, franc, gentil, honnête, obligeant. || C'est un bon homme (vx), un bon type (⇒ Brave); une très bonne femme (bonne femme est lexicalisé). ⇒ Femme (I., C.). || Un bon enfant (vx à cause de bon enfant, ci-dessous).
52 (Elle) vit sous la conduite d'une bonne femme de mère, qui est presque toujours malade (…)
Molière, l'Avare, I, 2.
53 Il me parut, comme à vous, un assez bon diable, et d'ailleurs je lui trouvai quelques connaissances mathématiques (…)
d'Alembert, Lettre à Voltaire, 22 déc. 1759.
♦ ☑ Bon enfant [bɔnɑ̃fɑ̃] n. m. || Un bon enfant. — Adj. invar. ⇒ Bon enfant. || Il est assez bon enfant. || Une rondeur bon enfant. || Caractère bon enfant. ⇒ Bonenfantise.
54 (…) un homme qui paraissait si bon enfant ? Dans presque toutes les classes de la société, le bon enfant est un homme qui a de la largeur, qui prête quelques écus par-ci par-là sans les redemander, qui se conduit toujours d'après les règles d'une certaine délicatesse, en dehors de la moralité vulgaire, obligée, courante.
Balzac, Splendeurs et Misères des courtisanes, Pl., t. V, II, p. 844.
54.1 J'ai retrouvé cette religiosité bon enfant dans les temples bouddhistes de la frontière birmane où les bonzes vivent et dorment dans la salle affectée au culte, rangeant au pied de l'autel leurs pots de pommade et leur pharmacie personnelle et ne dédaignant pas de caresser leurs pupilles entre deux leçons d'alphabet.
Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques, p. 197.
55 Une exaltation qui se manifestait en gestes bon enfant.
♦ Un bon vivant, qui prend la vie du bon côté. ⇒ Bon vivant. || Un bon drille. ⇒ Joyeux. || Gens de bonne compagnie. ⇒ Agréable, aimable.
♦ Iron. et vieilli. (Emploi analogue à A., 6., b et c). Qui a tous les caractères de son genre; absolu, complet (avec quelques noms dépréciatifs). || Un bon hypocrite : un bel hypocrite.
56 Eh ! la bonne effrontée !
Molière, Sganarelle, 6.
57 C'est un bon impertinent que votre Molière (…) Voilà un bon nigaud, un bon impertinent, de se moquer des consultations et des ordonnances (…)
Molière, le Malade imaginaire, III, 3.
♦ ☑ Loc. mod. Antiphrase. Bon apôtre. || Les bonnes âmes disent… ☑ Vx. Une bonne langue (mod. mauvaise langue).
♦ Spécialt (avec quelques substantifs dépréciatifs). Dont la bonté est mêlée d'une naïveté, d'une simplicité excessive. ⇒ Bénin, bonasse, boniface, brave, candide, crédule, débonnaire, ingénu, innocent, naïf, paterne, simple. || Une bonne pâte d'homme. || Une bonne dupe.
58 La bonne bête a ses raisons.
Molière, le Malade imaginaire, I, 5.
59 La bonne dupe que M. Turcaret !
A. R. Lesage, Turcaret, IV, 9.
♦ Spécialt, argot (en attribut). Facile à tromper, duper, d'où : victime, dupe. ⇒ Bonard. || « J'ai pas compris que c'était une partie de cinéma, j'ai été bon » (Simonin, in le Petit Simonin…). → Être fait, refait; être marron, être de la revue.
♦ (Épithète antéposée avec un nom de chose, mais le même sens global). || Bonne poire. || Et moi, bonne pomme… (très fam.).
♦ (Devant un nom propre). Vx. Qui a des qualités supérieures.
60 Le bon Socrate avait raison
De trouver pour ceux-là trop grande sa maison.
La Fontaine, Fables, IV, 17.
♦ Mod. Qui a de la bonté. || Ce bon Monsieur X. || Cette bonne Louise. || Le bon La Fontaine.
61 La maison à présent, comme savez de reste,
Au bon monsieur Tartuffe appartient sans conteste.
Molière, Tartuffe, V, 4.
♦ Loc. (emplois figés). || Bonne sœur. ⇒ Sœur (A., 4.). || Les bons Pères : les religieux. → Autodafé, cit. 1.
♦ Pop. (la langue bourgeoise emploie cher) ou iron. || Mon bon monsieur. || Eh oui, ma bonne dame ! — Régional (Midi). || Ah, bonnes gens !
♦ Mon bon ami, ma bonne amie. ⇒ Ami. || Nous sommes restés bons amis. → On, cit. 16.
♦ Subst. Vx (langue class.). || Mon bon, ma bonne (appellatif d'affection ou de bienveillance) → ci-dessous, IV., 3. — REM. À l'opposé de l'adj. (mon bon monsieur), le subst. a ici une connotation archaïque et aristocratique.
62 Ah ! ma bonne, quelle peinture de l'état où vous avez été ! et que je vous aurais mal tenu ma parole, si je vous avais promis de n'être point effrayée d'un si grand péril !
Mme de Sévigné, 141, 3 mars 1671.
63 De s'entendre appeler « petit cœur » ou « mon bon ! »
Boileau, Satires, X.
63.1 En arrivant, tremblante et prête à s'évanouir, elle (la duchesse de Bourgogne) entra tout de suite dans sa garde-robe, et y appela Mme de Nogaret, qu'elle appeloit sa petite bonne, et à qui elle alloit volontiers au conseil, quand elle ne savoit plus où elle en étoit.
Saint-Simon, Mémoires, 23 (1704), Pl., t. II, p. 392.
♦ N. B. Littré donne erronément cet exemple sous bonne « domestique ».
4 (Après le nom en épithète; surtout en attribut). Qui aime faire du bien, qui fait du bien à autrui. || Un homme bon; une femme bonne et généreuse. ⇒ Altruiste, bénin, benoît, bienfaisant, bienveillant, charitable, clément, généreux, gracieux, humain, humanitaire, indulgent, magnanime, miséricordieux, philanthrope, secourable, sensible, serviable, sociable. || Elle est bonne et juste. || Il est bon et affable, bon et affectueux, bon et doux, paternel. || Est-il bon, est-il méchant ? (titre d'une pièce de Diderot).
64 — Je vous connais, vous êtes bon naturellement,
— Je ne suis point bon, et je suis méchant quand je veux.
Molière, les Fourberies de Scapin, I, 4.
65 Un sot n'a pas assez d'étoffe pour être bon.
La Rochefoucauld, Réflexions, 387.
66 Être bon aux méchants,
C'est être sot (…)
La Fontaine, Fables, X, 1.
67 Pour pouvoir être toujours bon, il faut que les autres croient qu'ils ne peuvent jamais nous être impunément méchants.
La Rochefoucauld, Maximes supprimées, 621, p. 346.
68 Un seul (roi, Louis XIV), toujours bon et magnanime, ouvre ses bras à une famille malheureuse (les Stuarts). Tous les autres se liguent comme pour se venger de lui (…)
La Bruyère, les Caractères, XII, 118.
69 L'essentiel est d'être bon aux gens avec qui l'on vit.
Rousseau, Émile, I, p. 9.
70 Vive, étourdie, capricieuse, folle par la tête, sage par le cœur, bonne par tempérament, méchante par caprice (…)
Rousseau, la Reine fantasque, Œ. compl., t. V, p. 340.
71 Parce qu'elle feignait d'être bonne, elle croyait l'être en effet (…)
Marivaux, le Paysan parvenu, III.
72 Dans ce monde il faut être un peu trop bon pour l'être assez.
Marivaux, le Jeu de l'amour et du hasard, I, 2.
73 Il faut être aussi bonne que je le suis, pour vous passer toutes vos folies (…)
Dancourt, le Moulin de Javelle, 3.
74 Il sait tout, mais il feint, naïf comme un enfant et bon comme un patriarche (…)
J. Vallès, Jacques Vingtras, L'enfant, p. 82.
74.1 Comme c'est difficile, d'être bon ! Et j'espère bien ne jamais y arriver.
J. Renard, Journal, 28 avr. 1905.
74.2 Elle a une façon d'être bonne, très méchante.
J. Renard, Journal, 27 déc. 1887.
REM. Sans être aucunement vieilli, cet emploi est typique d'une époque où les jugements moraux étaient portés sans réticence : l'adjectif bon est extrêmement fréquent dans les œuvres pédagogiques du XIXe s., par ex. chez la comtesse de Ségur.
75 Bon comme le pain, franc comme l'or, il aimait paternellement les Cucugnanais (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, XI.
75.1 Oh ! qu'il est gentil ! Il est bon comme le bon pain ! Il faut que je l'embrasse encore !
J. Anouilh, Colombe, p. 55.
♦ Dieu est infiniment bon. || Le bon Dieu (emploi figé). ⇒ Dieu (cit. 49 et 50). — En interj. || Bon Dieu ! ⇒ Dieu.
76 Étant infiniment puissant, comme il est infiniment bon, il (Dieu) veut tout le bien qu'il peut faire, et il fait tout le bien qu'il veut (…)
Fléchier, Oraison funèbre de M. Lamoignon.
77 Et n'êtes-vous pas trop heureux que le Seigneur, toujours bon et miséricordieux, veuille bien accepter les restes languissants de vos passions et de votre vie ?
Massillon, Carême, Mot. de couv.
♦ Il a été assez bon pour (et inf.). → Avoir la bonté de (→ aussi Bonasse, cit. 0.1).
♦ Vous êtes trop bon (formule de politesse). ⇒ Aimable, obligeant.
78 Vous êtes trop bonne, j'en suis comblée (…)
Mme de Sévigné, 71.
♦ Trop bon : naïf, simple (même valeur que bon, ironique).
79 On a surpris sa bonne foi; on lui a volé quinze mille francs; dans le fond, il est trop bon (…)
A. R. Lesage, Turcaret, III, 9.
♦ Être bon (vx), être bien bon, se disent parfois dans le même sens ironique. || Vous êtes bien bon de le supporter.
80 Je suis bien bon, dit-il, d'écouter ces gens-là (…)
La Fontaine, Fables, X, 1.
81 L'exemple est admirable, et cette dame est bonne !
Molière, Tartuffe, I, 1.
♦ Iron. (vx). Comique, réussi.
82 Parbleu ! le voilà bon avec son habit d'empereur romain !
Molière, Dom Juan, III, 5.
♦ Fam. || Tu es bon, toi ! || Vous êtes bon, avec votre morale ! : vous parlez bien, mais vos remarques sont hors de propos.
5 Régional (attribut). Dans une situation favorable; hors de danger. || Ça y est, on a passé, on est bons ! ⇒ Sauf, sauvé.
6 (Actions, caractères humains; en épithète en général antéposée). Conforme au jugement moral. → Plein, cit. 13. || Une bonne action (⇒ B. A.). || Un bon mouvement : un acte charitable, aimable. || Allons, un bon mouvement ! || Bonnes paroles. || Bonnes œuvres. ⇒ Beau, charitable, généreux, louable, méritoire, noble, vertueux. || Bonnes mœurs (I., 2.), bonne conduite. ⇒ Digne, exemplaire, honnête, honorable, louable, méritoire, modèle, moral, raisonnable, vertueux. || Certificat de bonne vie et mœurs. || Bonne foi (infra cit. 14). || Bonne contenance. ⇒ Courageux, énergique. || Le bon droit. || La bonne cause. || En bonne justice. ⇒ Droit, équitable, juste.
83 Pourquoi juger si mal de son intention ?
Il croit récompenser une bonne action.
Racine, Esther, III, 1.
84 L'un des avantages des bonnes actions est d'élever l'âme et de la disposer à en faire de meilleures (…)
Rousseau, les Confessions, I, 6.
85 La morale est la science des lois naturelles, ou des choses qui sont bonnes ou mauvaises dans la société des hommes (…)
Diderot, Opinion des anciens philosophes.
♦ Qui est conforme aux usages. ⇒ Correct. || Pour la bonne règle.
C Constructions particulières (surtout attribut; en épithète, après le nom).
1 (1250). || Bon pour, suivi d'un nom (cit. 86, 87 et 89 ci-dessous) ou de l'inf. (cit. 90). Qui convient bien, est utile à (telle chose, telle action). ⇒ Convenable, efficace, favorable, propice, utile. || Remède bon pour le foie. ☑ Loc. fam. C'est bon pour ce que tu as ! || Terre bonne pour le coton. || Il est bon pour ce métier. ⇒ Capable. — (Choses). || Être bon pour qqn. || Tout (leur, lui) est bon pour (faire qqch.). Ellipt. || Tout (leur, lui) est bon.
86 Il ne fallait pas faire faire cela par un écolier; et vous n'étiez pas trop bon vous-même pour cette besogne-là.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, I, 2.
87 Ils sont trop verts (les raisins), dit-il et bon pour des goujats.
La Fontaine, Fables, III, 11.
88 Je ne sais si ce remède serait bon pour vous; quant à moi, je vous assure qu'il serait indubitable pour finir ma vie.
Mme de Sévigné, 614, 16 juin 1677.
89 Frappez l'arbre infructueux qui n'est plus bon que pour le feu (…)
Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche.
90 Quand on est en péril de mort toutes les armes sont bonnes pour se défendre.
Claudel, Feuilles de Saints, Sainte-Thérèse.
90.1 Mais n'importe quelle bêtise, des grimaces, des singeries (…) Ça les fait chaque fois crouler de rire… Tout leur est bon, n'est-ce pas ?
N. Sarraute, Vous les entendez ?, p. 15.
♦ Spécialt. Qui a une valeur d'échange reconnue. || Billet bon pour… ⇒ Valable. || Bon pour… (formule). ⇒ 2. Bon, n. m.
♦ (Personnes). Apte. || Bon pour le service armé. || Bon pour le service, se dit d'un conscrit déclaré apte à faire son service militaire.
♦ (1835). Argot. Reconnu coupable d'un délit et arrêté comme tel. || Être bon (sous-entendu, pour la prison, pour la potence…), être promis à la prison, à la potence… Par ext. || On est bon pour la contravention !, on va l'avoir infailliblement (surtout présent, imparfait). || Il ne fallait pas tant boire; maintenant, tu es bon pour la crise de foie. — Absolt. || On est bon ! (pour le pépin, les complications, les ennuis). ⇒ Cuit, fait (→ fam. On y a droit). || Si jamais il y a des représailles, nous sommes bons !, notre compte est bon. || C'est le patron qui appelle. || On est bon ! : on n'y coupe pas. — À la forme négative (fam.). || N'être pas bon pour : n'être pas disposé à, pas d'accord pour. || Je ne suis pas bon pour la corvée. ⇒ Chaud, emballé.
90.2 Sur le boulevard Rochechouart les poulets, déployés en éventail sur deux rangs, tapaient les piétons aux fafs. D'un coup de châsses encore un peu vif, j'ai distingué près de Pigalle quelques voitures qui se massaient; ça devait être le grand barrage. J'étais pas bon.
A. Simonin, Touchez pas au grisbi, p. 67.
2 Bon contre : qui réussit, efficace. || Un remède bon contre les piqûres. || Est-ce que c'est bon contre les moustiques ?
3 Bon en [bɔ̃ɑ̃] (attribut). Spécialt (personnes). Compétent, connaisseur. || Il est bon en physique. || Elle est bonne en anglais. — Ellipt. || Est-ce qu'elle est bonne ? (en classe, à l'école).
4 Bon à [bɔ̃a] (et inf. passif). || Cette eau est bonne à boire, est potable, peut être bue. || Il livre le produit bon à emballer. ⇒ Prêt. (Et inf. actif). || Cet outil n'est pas bon à percer le béton. ⇒ Utile. || Il est tout juste bon à manger et à dormir. REM. Cet emploi est en général restrictif ou négatif. (Et pronom). || À quoi est-il bon ? || Il n'est bon à rien (cit. 14); il n'est pas bon à grand-chose. ☑ Prov. À quelque chose malheur (cit. 9) est bon (→ ci-dessous, cit. 94).
91 Franchement, il (un sonnet) est bon à mettre au cabinet.
Molière, le Misanthrope, I, 2.
92 On ne me trouve pas bonne à jeter aux chiens (…)
Mme de Sévigné, 235.
93 La vérité n'est pas toujours bonne à dire.
Racine, Livres annotés.
94 Il prit pour sa devise : malheur est bon à quelque chose.
Voltaire, l'Ingénu, 20.
95 C'est n'être bon à rien de n'être bon qu'à soi.
Voltaire, 7e discours, Sur la vraie vertu.
96 Sitôt que nous sommes parvenus à donner à notre élève une idée du mot utile, nous avons une grande prise de plus pour le gouverner (…) A quoi cela est-il bon ? Voilà désormais le mot sacré, le mot déterminant entre lui et moi dans toutes les actions de notre vie (…)
Rousseau, Émile, III, p. 202.
97 — (…) Et puis, comme dit le proverbe, ce qui est bon à prendre…
— J'entends, est bon…
— À garder.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, IV, 1.
98 Il dit : « Avec ma patte en bois, je ne suis plus bon à rien ! » Mais ce n'est qu'un prétexte (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 53.
98.1 Toute cette bonté me tue. Si je m'interdis d'être un peu méchant à quoi suis-je bon ?
J. Renard, Journal, 19 sept. 1904.
♦ ☑ Loc. (1833, É. Corbière, in D. D. L.) Bon à rien [bɔ̃aʀjɛ̃], bonne à rien [bɔnaʀjɛ̃] n. Personne incapable, qui ne sait rien faire. ⇒ Propre (cit. 17, 18 : propre à rien). || C'est une bonne à rien. || Quel bon à rien ! — Adj. || Il est vraiment bon à rien (valeur différente de il n'est bon à rien, ci-dessus cit. 95 et 98). || Une dactylo bonne à rien. — Argot (même sens). || Bon à lap, à lappe.
5 ☑ Loc. interrog. À quoi bon : à quoi cela est-il bon, peut-il servir ? ⇒ Pourquoi. || À quoi bon continuer ? || À quoi bon tous ces efforts ? || « Répéter toutes les secondes : À quoi bon ! » (→ Aquoibonisme, cit., Cocteau).
99 Mais à quoi bon, Seigneur, les soins que vous prenez ?
Molière, la Princesse d'Élide, I, 1.
100 Pourquoi, dans ton œuvre céleste,
Tant d'éléments si peu d'accord ?
À quoi bon le crime et la peste ?
Ô Dieu juste, pourquoi la mort ?
A. de Musset, l'Espoir en Dieu.
101 Les choses qu'on a une fois quittées,
À quoi bon leur garder son cœur ?
Claudel, Feuilles de Saints, Ballade.
♦ Emplois substantivés (n. m.; parfois écrit à-quoi-bon) :
101.1 Je sais, de mieux en mieux, moi, quelle est la raison de cet épuisement : c'est le doute, c'est l'éternelle question « à quoi bon » enracinée dans mon esprit depuis toujours, que je ne puis déloger. Ah, si l'« à quoi bon » n'avait germé dans mon âme, puis n'avait poussé, puis n'avait tout recouvert, n'avait étouffé les autres plantes, j'aurais été un autre, comme dit l'autre.
Ionesco, Journal en miettes, p. 38.
101.2 Je me sens évidemment un peu seul, un peu bête et je commence à me demander si tout au Lossan va être aussi difficile, si cette amertume va continuer de monter en moi, cet à-quoi-bon ?
François Nourissier, le Maître de maison, p. 67.
102 Tout ce que vous prêchez est, je crois, bel et bon;
Mais je ne saurais, moi, parler votre jargon.
Molière, les Femmes savantes, II, 6.
♦ Il est bon de, suivi de l'inf. || Il est bon que, suivi du subjonctif.
103 Il est bon qu'un mari nous cache quelque chose.
Corneille, Polyeucte, I, 3.
104 Il est bon de parler, et meilleur de se taire (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 10.
105 Il est bon, il est beau, quoi qu'on en dise, que toutes nos actions soient pleines de Dieu, et que nous soyons sans cesse environnés de Dieu (…)
Chateaubriand, le Génie du christianisme, III, 5, 6.
♦ Avoir cela de bon que…
106 Ils ont cela de bon qu'ils ne lassent pas de dire (…)
Pascal, les Provinciales, 1.
♦ Avoir du bon. ⇒ Bon, n. m. (ci-dessous, IV., 2.).
107 Ces malheureux rois,
Dont on dit tant de mal, ont du bon quelquefois.
François Andrieux, le Meunier de Sans-Souci.
♦ Rien de bon : rien qui vaille. || N'attendre, n'augurer, n'espérer, ne présager rien de bon de quelque chose.
108 Certain homme dont l'encolure
Ne me présage rien de bon (…)
Molière, Amphitryon, I, 2.
109 Ce portrait ne nous dit rien de bon (…)
Molière, Sganarelle, 6.
110 Ne croyez jamais rien de bon de ceux qui outrent la vertu (…)
Bossuet, Hist. des Variations, XI, 60.
♦ Trouver bon; croire bon, juger bon : juger à propos. || Trouvez bon que… ⇒ Admettre, agréable (avoir pour agréable), approuver, permettre.
111 (…) Quoique tous vos conseils soient les meilleurs du monde, vous trouverez bon, s'il vous plaît, que je n'en suive aucun.
Molière, l'Amour médecin, I, 1.
112 Vous trouvez donc bon qu'on vous aime ?
Fort bon.
Molière, le Sicilien, 6.
113 Il faut, si vous le trouvez bon, que nous nous coupions la gorge ensemble (…)
Molière, le Mariage forcé, 9.
114 Cette considération ne m'a jamais retenu de faire ce que j'ai cru bon et utile (…)
Rousseau, Lettre à Moultou, 25 avr. 1762.
115 Usez-en comme bon vous semble.
Corneille, Agésilas, IV, 4.
116 (…) en ne buvant que de l'eau et ne mangeant que du pain, si bon leur semble, ils seront contents de leur sort et feront envie à leurs voisins (…)
Vauban, Projet d'une dîme royale, p. 61.
117 On demandera peut-être (car on devient curieux) combien de gens en France ont le droit ou le pouvoir d'emprisonner qui bon leur semble, sans être tenus de dire pourquoi (…)
P.-L. Courier, Lettres, IV.
♦ Au fém. ☑ Loc. La bailler, la donner bonne (vieilli). ⇒ Bailler, donner. Fam. || Je vous la souhaite bonne. ⇒ Chance.
118 Les giboulées de mars balayaient le ciel, et la pluie cinglait le pauvre âne qui disparut derrière une rafale.
— Je la lui souhaite bonne.
H. Bosco, l'Âne Culotte, p. 32.
♦ (En parlant d'une histoire, d'une plaisanterie). ☑ Loc. fam. Elle est bien bonne (cette histoire), elle est drôle.
118.1 C'est le raconteur de bien bonnes qui annonce en bridant l'œil : attention les gars vous allez vous marrer cinq minutes.
Jacques Perret, Bâtons dans les roues, p. 229.
118.2 À Palerme (…) il s'en laisse conter de bien bonnes sur la saleté et la grossièreté moscovites (…)
M. Yourcenar, Archives du Nord, p. 140.
♦ ☑ (En parlant d'une nouvelle, d'informations). J'en apprends de bonnes, des choses extraordinaires, surprenantes (→ De belles. ⇒ Beau, supra cit. 75).
119 Votre Majesté lui en dirait de bonnes sur l'horreur d'avoir excité une guerre civile (…)
Voltaire, Lettre à Catherine II, 20.
♦ (En parlant d'un argument, de la manière de se conduire de qqn). || Il en a de bonnes (lui, celui-là) !
120 Il croisa les bras, rageusement :
— Pour se faire coller au mur ? Non, mais dis ! tu en as de bonnes !… Au moins, là-bas, chacun court sa chance; on peut s'en tirer, avec deux sous de veine !
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 281.
120.1 — Ah ! il vous a fait dire cela froidement comme cela ! Il en a de bonnes ! s'écria Bloch en s'esclaffant, tandis que l'historien souriait avec une timidité majestueuse.
Proust, le Côté de Guermantes, Folio, p. 232.
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II Bon, adv. et en loc. adv.
1 Valeur adv. || Faire bon (impers.). || Il fait bon, on est bien, c'est agréable (température, etc.). || Il fait bon aujourd'hui. ⇒ Beau, doux. || Il fait, il faisait très bon, bien bon dans cette pièce. — Il fait bon, suivi de l'inf. || Il fait bon vivre dans cet endroit. || « Auprès de ma blonde, qu'il fait bon dormir » (refrain de la chanson pop. Auprès de ma blonde). ⇒ Agréable. — Il ne fait pas bon se promener dans ce quartier : l'endroit n'est pas sûr.
121 Il ne fait pas bon ici pour vous.
Molière, Dom Juan, II, 5.
122 Il fait bon vivre chez vous.
A. de Vigny, Chatterton, III, 6.
♦ ☑ Loc. Sentir bon (⇒ Agréablement, délicieusement). — ☑ Tenir bon (⇒ Ferme, fermement, fort, solidement; résister).
123 L'arbre tient bon; le roseau plie.
La Fontaine, Fables, I, 12.
124 Lorgnant du coin de l'œil ce rôti qui avait si bonne mine et qui sentait si bon, je ne pus m'abstenir de lui faire aussi la révérence, et de lui dire d'un ton piteux : adieu rôti (…)
Rousseau, les Confessions, I.
♦ ☑ Vx. Coûter bon. ⇒ Cher.
2 ☑ Loc. adv. (où bon est subst.). Tout de bon. ⇒ Effectivement, réellement, sérieusement. || À la fin, ils se querellèrent tout de bon.
125 — C'est sans raillerie que vous parlez ? — Sans raillerie. — Vous vous mariez tout de bon ? — Tout de bon.
Molière, le Mariage forcé, 7.
126 (…) je le prenais tout de bon pour raisonnable parce qu'il était raisonneur (…)
Rousseau, les Confessions, VI.
126.1 Le sultan entra tout de bon dans la peine extrême qu'une aventure aussi surprenante devait avoir causée à la princesse (…)
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. III, p. 117.
127 Elle touchait pour de bon à l'accomplissement de ce rêve qu'elle avait, des années durant, caressé.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 65.
127.1 (…) il ne serait pas prudent pour lui, de toute manière, de rester une journée de plus dans la concession anglaise, à attendre que la police vienne l'arrêter pour de bon.
A. Robbe-Grillet, la Maison de rendez-vous, p. 188.
3 ☑ Fam. À la bonne, loc. adv. || Avoir qqn à la bonne, le trouver sympathique, avoir pour lui toutes les indulgences. || Je ne crains rien, il m'a à la bonne.
127.2 C'est la dernière fois que je te tire d'affaire. Les autres, je les tirerai toujours d'affaire. Toi, j'en ai marre. Si tu ne m'as pas à la bonne, faut le dire.
Drieu La Rochelle, la Comédie de Charleroi, p. 208 (1934).
127.3 Il m'a pas très à la bonne… Il doit être un peu jaloux…
Céline, Guignol's band, p. 52.
4 (Emploi adverbial, s'accordant avec le subst.). Cour. || Bon (ou, vx, beau) premier, bon dernier : absolument premier, dernier. || Elle est arrivée bonne première.
♦ Régional (Suisse, etc.) avec quelques adj. monosyllabiques. || Bon chaud, bon frais : agréablement chaud, frais. || « Ma chambre est bonne chaude aussi (…) et bien rangée… » (T. Combes, Petites gens, p. 174). || De la bière bonne fraîche. || Du foin bon sec.
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III Interj. Marque l'approbation, et aussi parfois la surprise, l'ironie. ⇒ Bien, soit. — Ponctuation orale (sans valeur positive). || Bon ! on s'en va ! || C'est fini ? Bon ! À demain. || Bon, alors, c'est pour quand ? || Bon, c'est encore loupé ! → ci-dessous, allons, bon !
128 Ah ! bon, bon, le voilà.
Molière, l'Étourdi, III, 4.
129 Bon, dit Climène, en voici bien d'une autre;
Ma chère sœur, quelle idée est la vôtre.
129.1 Pour une comédie, le mot superbe d'un de nos jeunes parents : « En telle année, mon père meurt… Bon ! »
Ed. et J. de Goncourt, Journal, t. III, p. 16.
129.2 (…) chez soi ou dans les usines, bon, c'est dans l'ordre des choses, mais s'en vanter, c'est le comble.
Camus, la Chute, p. 54.
♦ Ah bon !, marque le renoncement devant une évidence. — Allons, bon !, marque la surprise, la résignation.
129.3 Martial se dit qu'il n'avait pas encore achevé sa croissance. Allons, bon ! Il ne lui restait plus que trente ans à vivre, et voilà qu'il n'était même pas adulte !
Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 215.
➪ tableau Principales interjections.
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IV
1 N. m. (1130). Vieilli. Ce qui est bon. || Le bon et le mauvais. || Il ne veut que du bon. — Fam. || Ça, c'est du tout bon.
130 Que le bon soit toujours camarade du beau (…)
La Fontaine, Fables, VII, 2.
131 Discernant non seulement le bon d'avec le mauvais, mais encore le meilleur d'avec le bon (…)
Fléchier, Oraison funèbre de M. Lamoignon.
♦ Ce qu'il y a de piquant, de plaisant, d'intéressant dans qqch. || Le bon de l'histoire est qu'il ne s'aperçut de rien.
132 La satire de Pétrone est un mélange de bon et de mauvais, de moralités et d'ordures (…)
Voltaire, Mélanges historiques, « Le pyrrhonisme de l'histoire », XIV.
♦ Ce qu'il y a d'important, d'avantageux dans une affaire. || Le bon de l'affaire, de la chose.
133 Le bon de cette profession (médecin) c'est qu'il y a (…)
Molière, le Médecin malgré lui, III, 1.
2 (Avec avoir). Ce qu'il y a de bon, de meilleur dans une personne ou une chose. || Il y a du bon et du mauvais en cet homme, dans cet ouvrage.
♦ Avoir du bon : présenter des avantages. → ci-dessus, cit. 107. || Cette solution a aussi du bon.
♦ Pop. ou par plais. || Y a bon [jabɔ̃] : c'est bien.
134 Remplir les bons d'amour, et les méchants d'effroi.
Corneille, le Cid, I, 3.
♦ Mon bon, ma bonne (→ ci-dessus, I., cit. 62, 63 et 63.1), terme d'affection ou appellatif condescendant.
135 Quant aux lettres qu'il a reçues de Nietzsche, orgueil de sa bibliothèque, et qu'il ne te communiquera jamais, ce sont, mon cher bon, des engueulades.
Malraux, Antimémoires, Folio, p. 45.
136 Prenez donc l'escalier de service, mon bon. Pour les livreurs, les arrivistes, les resquilleurs, les clodos qui veulent se glisser d'une classe à l'autre, c'est la porte de service.
Christine Arnothy, Un type merveilleux, p. 375.
♦ REM. Ces emplois, sans être vieux, sont marqués.
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CONTR. Mauvais; exécrable, ignoble, infect. — Méchant; malfaisant, malin; abominable, cruel, dur, féroce. — Inacceptable, inadmissible. — Médiocre.
DÉR. 2. Bon, bonard, bonne, bonnement, bonnir. — V. (Du lat.) Bonasse, bonifier, bonté, bonus.
COMP. Aquoibonisme, bon bec, bonbon, bondieusard, bondieuser, bondieuserie, bon enfant (et aussi ci-dessus à l'article), bon garçon, bonheur, bonhomme, bonjour, bon marché (V. Marché), bonne-dame, bonne femme (V. Femme), bonne-grâce, bonne-main, bonne-maman, bon-papa, bon sens (V. Sens), bonsoir, bon vivant. — V. aussi Bon-chrétien, bon-henri, boniface, ébonnaire.
HOM. 2. Bon, bond.
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2. bon [bɔ̃] n. m.
ÉTYM. Av. 1750, Saint-Simon; de 1. bon. → Bon pour…
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1 Formule écrite constatant le droit d'une personne d'exiger une prestation, de toucher une somme d'argent. ⇒ Billet. || Un bon de pain, de viande. — Bon au porteur, à vue. || Signer, souscrire un bon, des bons.
♦ Bon de caisse : effet émis en contrepartie d'un prêt à court terme productif d'intérêt, et engageant l'émetteur à un remboursement à échéances déterminées.
♦ Bon du Trésor : titre représentatif d'un emprunt d'État, à court terme. || Les bons du Trésor sont « employés par l'État pour faire rentrer dans ses caisses une partie des billets en circulation. Ils sont sur formule s'ils sont placés dans le public ou émis en comptes courants tenus à la Banque » (Romeuf, Dict. sc. économique).
2 Imprim. || Bon à tirer : épreuves bonnes à tirer, prêtes pour le tirage (abrév. : b.à.t.). || Envoyer les bons à tirer à l'imprimeur.
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HOM. 1. Bon, bond.
Encyclopédie Universelle. 2012.