contraire [ kɔ̃trɛr ] adj. et n. m.
• XIIe ; lat. contrarius
1 ♦ Qui présente la plus grande différence possible, en parlant de deux choses du même genre; qui s'oppose à. ⇒ antinomique, antithétique, contradictoire, incompatible, inverse, opposé; 2. a-, 1. ant(i)-, contra-, contre-, dé-, 1. in-. Deux opinions contraires. Mots de sens contraire. ⇒ antonyme. Cela est contraire à mes habitudes, à mes principes, au règlement. « Le cœur concilie les choses contraires, et admet les incompatibles » (La Bruyère). Dans le sens contraire des aiguilles d'une montre. — Log. Propositions contraires. ⇒ contradictoire. — Math. Événement contraire d'un événement A.
♢ De sens opposé. « La mer qui est le jouet de tous les vents contraires » (Fénelon).
2 ♦ Qui, en s'opposant, gêne le cours d'une chose. ⇒ antagoniste. Vent contraire. ⇒ debout. Un sort, un destin contraire. ⇒ adverse, défavorable, hostile. « Sa magie s'est heurtée à la magie contraire d'un second sorcier plus puissant que lui » (Caillois). La conjoncture lui est contraire, est contre lui. — Vieilli ⇒ contre-indiqué. Ces excès sont contraires à sa santé. ⇒ nuisible, préjudiciable. Absolt Le vin lui est contraire.
3 ♦ N. m. Ce qui est opposé (logiquement). ⇒ antithèse, opposition. Le contraire de qqch. Faire le contraire de ce que l'on dit. Je ne dis pas le contraire. Soutenir, prouver le contraire. Jusqu'à preuve du contraire. Il est tout le contraire de sa sœur. C'est tout le contraire. « Les deux contraires [l'inspiration et le travail journalier] ne s'excluent pas plus que tous les contraires qui constituent la nature » (Baudelaire).
♢ Mot de sens contraire, antonyme (opposé à synonyme). « Long » est le contraire de « court ». Les contraires et les contradictoires.
4 ♦ Loc. adv. AU CONTRAIRE : contrairement, d'une manière opposée (cf. À l'inverse, à l'opposé, en revanche, loin de là, par contre). Il ne pense pas à lui; au contraire il est très dévoué. Bien au contraire. Tout au contraire. « Je vis bien que je lui déplaisais; mon camarade au contraire; il était de la famille » (P.-L. Courier). — Loc. prép. AU CONTRAIRE DE : d'une manière opposée à, à la différence de, contrairement à. Au contraire de ses concurrents, il a survécu à la crise.
⊗ CONTR. Même, pareil, semblable. Favorable, propice.
● contraire adjectif (latin contrarius) Qui est en opposition avec quelque chose ; contradictoire, incompatible, antinomique : Cette décision est contraire au règlement. Qui est, qui se fait dans une direction radicalement opposée, inverse : Sens contraire à celui des aiguilles d'une montre. Qui est défavorable, nuisible à quelqu'un ou quelque chose : Le sort nous est contraire. Géologie Se dit d'une faille dont le pendage est en sens opposé à celui des formations qu'elle affecte. Logique Se dit dans la logique aristotélicienne de propositions universelles dont l'une est négative et l'autre affirmative. ● contraire (citations) adjectif (latin contrarius) Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 Pour entendre le sens d'un auteur, il faut accorder tous les passages contraires. Pensées, 684 Commentaire Chaque citation des Pensées porte en référence un numéro. Celui-ci est le numéro que porte dans l'édition Brunschvicg — laquelle demeure aujourd'hui la plus généralement répandue — le fragment d'où la citation est tirée. ● contraire (expressions) adjectif (latin contrarius) Événements contraires d'un univers Ω, événements A et tel que , . (Deux événements contraires sont incompatibles.) ● contraire (homonymes) adjectif (latin contrarius) contrèrent forme conjuguée du verbe contrer ● contraire (synonymes) adjectif (latin contrarius) Qui est en opposition avec quelque chose ; contradictoire, incompatible, antinomique
Synonymes :
- antithétique
- irréductible
- opposé
Contraires :
- analogue
- pareil
Qui est, qui se fait dans une direction radicalement opposée...
Synonymes :
- inverse
Qui est défavorable, nuisible à quelqu'un ou quelque chose
Synonymes :
- mauvais
- néfaste
- nocif
- préjudiciable
Contraires :
- bénéfique
- heureux
- propice
● contraire
nom masculin
Chose ou personne qui s'oppose radicalement à quelque chose, à quelqu'un d'autre, à l'opinion qu'on en a, etc. : La douceur est le contraire de la violence.
Linguistique
Synonyme courant de antonyme.
Logique
Caractère d'une proposition contraire. (Pour Aristote, les contraires sont les seuls opposés [à l'exclusion, notamment, des contradictoires et des relatifs] qui rentrent dans le même genre.)
● contraire (citations)
nom masculin
Bernard Le Bovier de Fontenelle
Rouen 1657-Paris 1757
Il faut ne donner que la moitié de son esprit aux choses […] que l'on croit, et en réserver une autre moitié libre où le contraire puisse être admis s'il en est besoin.
Entretiens sur la pluralité des mondes
Isidore Ducasse, dit le comte de Lautréamont
Montevideo 1846-Paris 1870
Je remplace la mélancolie par le courage, le doute par la certitude, le désespoir par l'espoir, la méchanceté par le bien, les plaintes par le devoir, le scepticisme par la foi, les sophismes par la froideur du calme et l'orgueil par la modestie.
Poésies, exergue
Isidore Ducasse, dit le comte de Lautréamont
Montevideo 1846-Paris 1870
Un pion pourrait se faire un bagage littéraire en disant le contraire de ce qu'ont dit les poètes de ce siècle.
Poésies, II
Samuel Butler
Langar, Nottinghamshire, 1835-Londres 1902
Le vice et la vertu sont comme la vie et la mort, ou comme l'esprit et la matière : des choses qui ne sauraient exister sans être définies par leur contraire.
Virtue and vice are like life and death or mind and matter : things which cannot exist without being qualified by their opposite.
The Way of All Flesh
● contraire (expressions)
nom masculin
Au contraire, bien au contraire, tout au contraire, d'une manière opposée.
Au contraire de, contrairement à quelque chose, quelqu'un.
● contraire (synonymes)
nom masculin
Au contraire, bien au contraire, tout au contraire
Synonymes :
- loin de là
Au contraire de
Synonymes :
- à l'opposé de
- contrairement à
Synonymes :
- Linguistique. anthonyme
Contraires :
- Linguistique. synonyme
contraire
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d Différent au suprême degré, opposé. Des goûts contraires.
|| De sens opposé. Vent contraire.
d2./d Qui gêne, qui nuit à, est incompatible avec. Un régime contraire à la santé.
|| Litt. Un sort contraire, hostile.
|| (Belgique) (Sans compl., en parlant d'une personne et dans une phrase négative.) D'un caractère contrariant. Le bourgmestre m'écoutera, il n'est pas contraire.
— (Sans compl., en parlant d'une chose.) Qui ne convient pas, erroné. Indiquer une date contraire.
d3./d LOG Propositions contraires, qui ne peuvent être vraies l'une et l'autre, mais peuvent être toutes les deux fausses. (Ex. "Toutes les femmes sont belles" et "Aucune femme n'est belle".)
|| MATH événements contraires d'un univers, tels que leur union donne cet univers et que leur intersection soit vide.
rII./r n. m. Ce qui est inverse, tout à fait opposé. Froid est le contraire de chaud.
— Tu as raison, je ne te dis pas le contraire, je ne le conteste pas.
|| Loc. adv. Au contraire: inversement.
— (Belgique) Que du contraire: tout au contraire. Il ne m'a jamais fait confiance, que du contraire!
⇒CONTRAIRE, adj. et subst. masc.
I.— Adjectif
A.— [En parlant de deux choses situées sur le même plan]
1. Qui présente l'opposition la plus extrême, la plus radicale. Contraire à; qualités, termes contraires. J'obtiens toujours avec elles le résultat contraire à celui que j'attendais (GIRAUDOUX, Intermezzo, 1933, II, 1, p. 88). Des notions et des pensées qui, avant lui, semblaient discordantes ou même contraires (R. MARTIN DU GARD, Notes sur André Gide, 1951, p. 1402) :
• 1. ... cette conviction que la vie humaine n'est plus qu'un incertain combat livré entre l'enfer et le ciel; cette foi en deux entités contraires. Satan et le Christ, devaient fatalement engendrer ces discordes intérieures où l'âme (...) finit par s'abandonner et se prostitue à celui des deux partis dont la poursuite a été la plus tenace.
HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 211.
• 2. Laure en proie à une foule de sentiments contraires, sentait en elle la colère contre Jean se mêler à une immense pitié pour cette fille qui lui parlait si simplement, avec tant de confiance.
DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire? 1934, p. 444.
2. De direction opposée. Marche contraire. En sens contraire des aiguilles d'une montre (A. FRANCE, Les Opinions de M. Jérôme Coignard, 1893, p. 175) :
• 3. Malgré la chaleur, les deux filles, à bicyclette, tournaient autour de la maison en sens contraire, et poussaient des cris quand elles se croisaient.
MAURIAC, Le Mystère Frontenac, 1933, p. 114.
3. En partic.
a) LOG. Propositions contraires. ,,Propositions universelles qui ont les mêmes termes et dont l'une est affirmative et l'autre négative`` (LAL. 1968).
— [P. ell. du subst.] Ces deux autres [propositions] : tous les hommes sont blancs, nul homme n'est blanc, sont des contraires (O. HAMELIN, Essai sur les éléments princ. de la représentation, 1907, p. 13).
b) MUS. [Dans une composition contrapuntique] Mouvement contraire. Mouvement qui fait monter une partie tandis que l'autre descend :
• 4. Il est impossible, en fugue, de répondre à un intervalle donné par mouvement contraire. Si l'on ne peut y répondre par mouvement direct, il faut avoir recours au mouvement oblique.
M. DUPRÉ, Cours complet de fugue, 1936, p. 15.
c) NAV. Vent, marée contraire; avoir un vent contraire, naviguer vent contraire. Face au vent, vent debout. Nous cinglions à l'aide de la marée, car le vent étoit contraire (CRÈVECŒUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie, t. 2, 1801, p. 322) :
• 5. Sur ces entrefaites, les deux frégates sur lesquelles on m'avait fort éveillé, appareillèrent, bien que le vent leur fût contraire pour sortir, et, arrivées par notre travers, elles laissèrent retomber l'ancre à droite et à gauche de nous, presque à nous toucher...
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 35.
Rem. Un sens partic. est attesté par le syntagme usité en dr. romain action contraire. ,,Action qui naît accidentellement d'un fait postérieur au contrat`` (Lar. Lang. fr.).
B.— [Avec une idée d'hostilité]
1. Vx. [En parlant d'une pers.] Qui agit à l'encontre des intérêts d'une autre personne; hostile, défavorable. Mais depuis qu'il [M. le premier président] s'est avisé d'être contraire à M. de Calonne, le billet a été retrouvé, et M. de Calonne l'a porté au roi (Mme DE STAËL, Lettres de jeunesse, 1786, p. 108) :
• 6. ... il n'était question que de courir sus au duc de Bourgogne comme ennemi de l'État; mais les habitans de Paris lui étaient favorables; le duc de Guyenne lui-même, qui était son gendre, ne lui était point contraire.
BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 3, 1821-24, p. 88.
2. Usuel, littér. [En parlant d'une chose en relation avec ce qui est normalement attendu, souhaitable ou souhaité] Contraire à qqn ou à qqc. Qui présente un caractère néfaste, nuisible à quelqu'un ou à quelque chose. Chance, destin, fortune, sort contraire. Du sein de ta splendeur à mon destin contraire Tu veux bien compatir (SAINTE-BEUVE, Poésies, À mon ami V. H., 1829, p. 50). Une veine contraire m'a emporté tout l'argent dont je pouvais disposer (BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, p. 137). Je braverai le sort contraire! (CLAUDEL, Tête d'or, 1re version, 2e part., 1890, p. 72) :
• 7. Il concluait cordialement : « Malgré votre frénésie qui me gêne comme inconscience et qui m'est si contraire, j'ai pour vous l'amitié la plus grande et la moins explicable. »
S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 329.
II.— Subst. masc.
A.— Ce qui s'oppose par le plus grand écart possible à une chose située sur le même plan. Une belle fille, on ne peut pas dire le contraire (CLAUDEL, L'Ours et la lune, 1919, 3, p. 612). Jusqu'à la preuve du contraire (MARAN, Batouala, 1921, p. 21). Solange avait menti en protestant du contraire (MONTHERLANT, Le Démon du bien, 1937, p. 1269) :
• 8. Car tous les Ianus de Rome ne suffiraient pas à représenter toutes les oppositions, tous les contrastes — ou si l'on veut, toutes les synthèses qu'il y a dans Goethe. C'est presque un jeu de les trouver en lui, et ce jeu fait même douter s'il ne s'était pas fait un système de cultiver exactement les contraires.
VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 118.
— En partic.
1. Mot qui s'oppose totalement par le sens à une autre unité sémantique (cf. antonyme) :
• 9. Tous les degrés entre la haine et l'amour, entre l'hypo et l'hyper, entre n'importe quel sentiment et son contraire, comme, en physiologie, entre le trop et le pas assez.
GIDE, Journal, 1932, p. 1111.
2. Littér. Personne qu'une nature, un tempérament, des goûts très différents opposent totalement à quelqu'un d'autre. Ces deux espèces de gens fuient leurs contraires et cherchent leurs semblables par le monde (ALAIN, Propos, 1907, p. 9) :
• 10. Alors don Salluste serait l'égoïsme absolu, le souci sans repos; don César, son contraire, serait le désintéressement et l'insouciance...
HUGO, Ruy Blas, 1838, préf., p. 334.
B.— Loc. nom.
1. Loc. adv. de phrase (en début ou en fin de prop.) marquant l'opposition, la restriction.
♦ (Bien, tout) au contraire. Le champagne ne nuit pas, au contraire (G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Nuit de la Saint-Jean, 1935, p. 218). La terre ne me leurrait pas, bien au contraire (BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, p. 86).
♦ Par contraire (vx). Il lui manque [au patron] l'émulation (...). Prenez, par contraire, dix jeunes gens; donnez-leur à chacun la même pièce à faire, et vous verrez (D. POULOT, Le Sublime, 1872, p. 267).
2. Loc. prépositive. Au contraire de. Contrairement à. Au contraire de beaucoup d'enfants, elle n'est pas indifférente à la propreté; elle en a même le goût; elle l'aime (ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, p. 51).
Prononc. et Orth. :[]. Enq. ://. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 subst. « action hostile; dommage, tort causé à quelqu'un » (Roland, éd. J. Bédier, 290), seulement au Moy. Âge; 2. 1160-74 vent contraire (WACE, Rou, I, 545, ds T.-L.); ca 1175 « complètement opposé » (CHR. DE TROYES, Chevalier Lion, 6026, ibid. [Amor et Haïne]); ca 1175 subst. tot le contreire (ID., Chevalier Charrette, 3162, ibid.); ca 1393 méd. (Ménagier, I, 9 ds LITTRÉ : Es maladies un contraire se garit par un autre contraire); 3. ca 1370 loc. adv. au contraire « d'une manière opposée, différente » (ORESME, Eth., 22 ds GDF. Compl. : si ... avient tout au contraire); 1495 au contraire « inversement » (COMMYNES, Memoires, VIII, XIX, éd. J. Calmette, t. 3, p. 251); 4. ca 1450 au contraire de (Mystère Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 26769). Empr. au lat. class. contrarius « qui est en face de; du côté opposé » d'où « opposé à », « ennemi, hostile » et « qui est en contradiction avec ». Fréq. abs. littér. :15 282. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 21 428, b) 17 313; XXe s. : a) 17 295, b) 27 032. Bbg. BARB. Loan-words. 1921, p. 259. — COHEN 1946, p. 67. — LEW. 1960, p. 239. — THOMAS (A.) Nouv. Essais 1904, p. 122.
contraire [kɔ̃tʀɛʀ] adj. et n. m.
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1 Qui présente la plus grande différence possible (en parlant de deux choses du même genre); qui s'oppose à. ⇒ Antinomique, antithétique, contradictoire, incompatible, inverse, opposé; préf. 2. A-, anti-, contra-, contre-, dé-, in-. || Contraire à qqch. || Son attitude est contraire à la morale, à la raison. || Le froid et le chaud sont des concepts contraires. || Deux opinions contraires. || Instincts, passions contraires. || Cela est contraire à mes habitudes. || Jusqu'à avis contraire. || Concilier, ménager des choses contraires. — (Au sing. ou au plur., sans compl. en à). Contraire à une référence implicite. — REM. Cet emploi n'est plus aussi libre que dans la langue classique → ci-dessous cit. 2, où ordres contraires signifie « contraires à ceux qui avaient été donnés ». || Mots de sens, de valeur contraire.
1 Les passions en engendrent souvent qui leur sont contraires : l'avarice produit quelquefois la prodigalité, et la prodigalité l'avarice; on est souvent ferme par faiblesse, et audacieux par timidité.
La Rochefoucauld, Maximes, 11.
2 Allons, par des ordres contraires,
Révoquer d'un méchant les ordres sanguinaires.
Racine, Esther, III, 8.
3 (…) le cœur concilie les choses contraires, et admet les incompatibles (…)
La Bruyère, les Caractères, IV, 73.
4 (…) un bon esprit repousse tout ce qui est contraire à la raison, hors en matière de foi, où il convient de croire aveuglément.
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, Œ., t. VIII, p. 86.
5 (…) l'accouplement des éléments contraires est la loi de la vie, le principe de la fécondation (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XI, p. 133.
6 (…) Bergson observe (…) que langage et pensée sont de nature contraire : celle-ci fugitive, personnelle, unique; celui-là fixe, commun, abstrait.
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, II, 5, p. 78.
♦ De direction opposée. || Des routes contraires. || Arriver au même but par des voies contraires. || Tirer en sens contraire (→ À hue et à dia).
7 Son cœur était comme la mer qui est le jouet de tous les vents contraires (…)
Fénelon, Télémaque, VII.
8 Entraînés par la nature et par les hommes dans des routes contraires, forcés de nous partager entre ces diverses impulsions, nous en suivons une composée qui ne nous mène ni à l'un ni à l'autre but.
Rousseau, Émile, I.
♦ Log. || Propositions contraires, se dit de deux propositions qui ne peuvent être vraies en même temps, mais peuvent être fausses l'une et l'autre (⇒ Contradictoire). || « Tous les hommes sont bons », « aucun homme n'est bon », sont deux propositions universelles contraires.
♦ Procéd. || Parties contraires en fait : parties dont les assertions sont contradictoires. — Dr. rom. || Action contraire, née accidentellement d'un fait postérieur au contrat (s'oppose à direct).
♦ Mus. || Mouvement contraire (une partie ascendante, une descendante).
2 (XIIe). Littér. ou style soutenu. Qui, en s'opposant, gêne le cours d'une chose. ⇒ Adverse, antagoniste, défavorable, ennemi. || Un sort, un destin contraire. || Vents contraires.
♦ Vieilli. || Contraire à. ⇒ Attentatoire, hostile, nuisible, préjudiciable. || Cet accident est contraire à ses desseins. || Ces excès sont contraires à sa santé, et, par métonymie : le vin lui est contraire. || Déclarations contraires à la vérité, à la justice.
9 (Le ciel) ne saurait m'être contraire, si vous m'êtes fidèle.
Molière, les Fourberies de Scapin, I, 3.
10 (…) sonder mon père sur les sentiments où je suis; et si je l'y trouve contraire (…)
Molière, l'Avare, I, 2.
11 Tantôt il réunit quelques-uns qui étaient contraires les uns aux autres, et tantôt il divise quelques autres qui étaient unis.
La Bruyère, les Caractères, X, 12.
3 N. m. || Le contraire de qqch., son contraire : ce qui est logiquement opposé (à qqch.). ⇒ Antithèse, opposition. || Faire ressortir une vérité par son contraire. ⇒ Contraste, envers. || Faire le contraire de ce que l'on dit. — Sans compl. || Soutenir, prouver le contraire. || J'ai la preuve du contraire. || C'est tout le contraire. — Concilier les contraires.
12 La nature procède par contrastes.
C'est par les oppositions qu'elle fait saillir les objets. C'est par leurs contraires qu'elle fait sentir les choses (…)
Hugo, Post-scriptum de ma vie, III.
13 Les contraires ne paraissent jamais mieux que lorsqu'on les oppose à leurs contraires.
Bourdaloue, Pensées, t. II, p. 384.
14 (…) le beau de la force humaine est de se contenir, de se diriger entre des impulsions diverses et d'assembler sous une même loi les contraires.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 5 nov. 1849.
15 L'inspiration est décidément la sœur du travail journalier. Ces deux contraires ne s'excluent pas plus que tous les contraires qui constituent la nature.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, p. 388.
16 Je ne crois pas avoir jamais entendu prouver quoi que ce soit dont le contraire n'aurait pu être prouvé par d'autres, avec la même force d'évidence.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 200.
16.1 Supposons que vous affirmiez d'abord une chose, puis son contraire; l'ensemble des deux réponses comporte alors, à coup sûr, l'expression de la vérité dans la moitié des cas. À partir de cette certitude, tout le reste n'est plus qu'une question de calculs mathématiques, exécutés par le cerveau électronique auquel on soumettra votre déposition.
A. Robbe-Grillet, Projet pour une révolution à New York, p. 102.
♦ Fam. || C'est le contraire d'un honnête homme : il est malhonnête.
♦ Spécialt. Mot de sens opposé (opposé à synonyme). ⇒ Antonyme. || « Long » est le contraire de « court ». || Un adjectif et ses contraires.
♦ Ling., sémiot. || Contraires : couple de deux termes différents dont les signifiés s'opposent (ex. : « chaud » et « froid », « vouloir » et « ne pas vouloir »). — REM. Ne pas confondre avec contradictoire (4.).
4 Loc. adv. a ☑ (V. 1370). Au contraire : contrairement, d'une manière opposée. ⇒ Autrement (tout autrement), contre (par contre), encontre (à l'), loin (loin de là), opposé (à l'opposé), rebours (au rebours), revanche (en revanche), tant (tant s'en faut). || Il ne pense pas à lui; au contraire il est très dévoué. || Bien au contraire. || Tout au contraire.
17 L'Âne n'en sait juger que par ce qu'il en voit :
Le Renard, au contraire, à fond les examine (…)
La Fontaine, Fables, IV, 14.
18 Je vis bien que je lui déplaisais; mon camarade, au contraire; il était de la famille.
P.-L. Courier, Lettres, I, 212.
18.1 — Des hommes sans instruction, qui se mêlent de raisonner sans connaître la nature humaine… des primaires, quoi ! (…) — Ce que je dis là n'est pas pour Cadom et je dirai même au contraire. J'ai toujours eu de l'estime pour Cadom, je prétends que c'est un garçon sérieux (…)
M. Aymé, Maison basse, p. 199.
♦ ☑ Loc. prép. Au contraire de : d'une manière opposée à. || Au contraire de ses concurrents, il s'est enrichi.
19 Le feu se répand en tous sens, au contraire des autres éléments (…)
Voltaire, Éléments de la philosophie de Newton, II, Conclusion.
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CONTR. Analogue, conforme, identique, même, pareil, semblable. — Auxiliaire, bienveillant, favorable, propice.
DÉR. Contrairement.
COMP. Subcontraire.
Encyclopédie Universelle. 2012.