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on

on [ ɔ̃ ] pron. indéf.
XIIe; om 842; du nominatif lat. homo homme
Pronom personnel indéfini de la 3e personne, invariable, faisant toujours fonction de sujet. REM. La tournure l'on (au Moyen Âge « les hommes »), s'emploie encore, dans la langue écrite, pour éviter un hiatus, une cacophonie : Ce que l'on conçoit bien; Et l'on pense. I Pron. A ♦ ON, marquant l'indétermination.
1Les hommes en général, l'homme. On ne saurait penser à tout.
2Les gens (distinct de je). On ne me fera jamais croire cela. On dit que : le bruit court. Subst. Un on-dit ( on-dit) ; le qu'en-dira-t-on ( qu'en-dira-t-on) . On dirait, on dirait que... C'est, comme on dit, une riche nature, suivant l'expression consacrée.
3Un plus ou moins grand nombre de personnes. On était fatigué de la guerre. « Ici, on est très radical et libre penseur. Quand je dis “on est”, j'entends parler de cinq ou six petits bourgeois » (Flaubert).
4Une personne quelconque. quelqu'un. « On me l'a dit : il faut que je me venge » (La Fontaine). On apporta le dessert : le dessert fut apporté.
B ♦ ON, représentant une ou plusieurs personnes déterminées (emplois stylistiques).
1Il ou elle. « Nous sommes restés bons amis; on me confie ses petites pensées, on suit quelquefois mes conseils » (Diderot).
2Tu, toi, vous. Fam. Eh bien ! on ne s'en fait pas ? Alors, on se promène ? « Alors ? On s'en va comme ça ? On ne dit même pas merci ? » (Sartre). « Ce bruit d'eau qu'on entend de partout, qui vous enveloppe » (A. Daudet).
3Je, moi ou nous. Oui, oui ! on y va. Il y a longtemps qu'on ne vous a pas vu. (Dans un écrit) On montrera dans ce livre que...
4Fam. Nous. Quand est-ce qu'on se voit ? L'enfant « prit la main de sa mère. — On s'en va, viens » (Duras). « Nous autres artistes [...] on ne fait pas toujours ce qu'on veut » (Colette). « Il faut prendre des mesures immédiates. — Nous, on veut bien » (Sartre). « Ce qu'on était serrés ! » (Perec).
CEmplois particuliers
1 Avec le pron. pers. soi ou un nom accompagné d'un poss. (son) pour compl. ON... SOI, SOI-MÊME (réfl.). « On a souvent besoin d'un plus petit que soi » (La Fontaine). On n'est jamais si bien servi que par soi-même. « On ne tremble jamais que pour soi » (Proust).
2Suivi d'un p. p. ou d'un attribut (Au masc. sing.) « On n'est jamais si heureux ni si malheureux qu'on s'imagine » (La Rochefoucauld). (Avec accord) « l'on n'est pas plus jolie » (Stendhal). « On est vieille, on est prude, on est la tante » (Hugo). « On est toujours servis les derniers » (Sartre).
3Loc. (avec pouvoir et savoir) On ne peut plus, on ne peut mieux. J'ai tout cela on ne peut mieux présent à l'esprit. On ne sait qui, on ne sait quoi. « la foudre va tomber on ne sait quand ni sur qui » (Romains ).
II N. m. Le mot on. « Quand on, Monsieur On, est tout seul à raconter des histoires » (Hervieu ). Loc. fam. On est un con (pour protester contre un sujet indéterminé).

on pronom indéfini ou pronom personnel (ancien français home, homme, du latin homo) Toujours sujet, il désigne : Un être humain non précisé ; quelqu'un : On a frappé à la porte. Des personnes dont l'identité n'est pas connue ou précisée : On vous demande au service du personnel. Des personnes éloignées dans le temps ou l'espace : On vivait mieux autrefois. Une personne indéterminée dans les phrases sentencieuses, les proverbes, les phrases d'ordre général : Quand on veut noyer son chien, on l'accuse de rage. En langue familière, le locuteur et une ou plusieurs autres personnes : Nous, on n'y peut rien. Le locuteur et le groupe auquel il appartient : On est tous égaux devant la loi. En langue familière, le locuteur représentant un sujet masculin ou féminin : On fait ce qu'on peut. En langue familière, l'interlocuteur ou une 3e personne du singulier ou du pluriel avec une nuance affective de familiarité, d'enjouement, de mépris, etc., dans un discours où on s'adresse directement à quelqu'un : Alors, on se promène ? Comme on dit, formule dont on accompagne souvent une expression bien connue. ● on (difficultés) pronom indéfini ou pronom personnel (ancien français home, homme, du latin homo) Prononciation On, devant un verbe commençant par une voyelle, se prononce de la même façon, qu'il soit ou non suivi de la négation n' : on y va, on n'y va pas ; il convient donc, à l'écrit, de s'assurer de la forme affirmative ou négative de la phrase, en remplaçant on par un autre pronom (on n'entend rien, il n'entend rien). Orthographe Dans une phrase interrogative, on se lie par un trait d'union au verbe dont il est le sujet : peut-on entrer ? ; va-t-on rester ? Emploi 1. On, sens indéfini (= quelqu'un, tout le monde, quiconque) : on a volé trois tableaux au musée municipal ; on croit à tort que c'est facile ; ce n'est pas ce que je voulais dire, on l'aura compris. Emploi usuel et correct. Dans cet emploi, on est repris par se, soi dans une même proposition :comme on se retrouve ! ; on ramène tout à soi. « On a souvent besoin d'un plus petit que soi »(La Fontaine). - Il peut également être repris par nous ou par vous dans une proposition différente : « Qu'on hait un ennemi quand il est près de nous »(Racine). « Quand on se plaint de tout, il ne vous arrive rien de bon »(J. Chardonne). Le possessif correspondant est son, sa, ses : on arrive, on accroche son manteau ou sa veste et on salue ses collègues. 2. On employé pour nous :on est allés au cinéma avec des amis ; nous, on n'est pas d'accord. Emploi très courant dans l'expression orale non surveillée. Recommandation Dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit, préférer nous : nous sommes allés au cinéma avec des amis ; nous, nous ne sommes pas d'accord. Dans l'emploi familier, le possessif correspondant est notre, nos : on s'est occupé de notre jardin et de nos fleurs. 3. On employé pour tu ou pour vous :« Eh bien ! petite, est-on toujours fâchée ? »(G. de Maupassant). Emploi courant dans l'expression orale et impliquant un certain degré de familiarité entre la personne qui parle et celle à qui elle s'adresse. Peut également marquer la condescendance ou le mépris : alors, on a voulu faire le malin ? Remarque Nous connaît un emploi comparable. → nous Le possessif correspondant est son, sa, ses : alors, on est tout seul, on fait son repassage, sa popote, ses petites courses ? 4. On employé pour je :on a tenté dans le présent ouvrage de brosser un tableau d'ensemble de l'économie contemporaine. C'est le on de modestie, utilisé surtout dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit. Remarque Nous connaît un emploi comparable. → nous Le on de modestie est parfois utilisé par plaisanterie dans l'expression orale courante : « Tu sais qui a dit ça ? - Qu'est-ce que tu crois, on a des lettres ! » - Le possessif correspondant est son, sa, ses : « Il paraît que tu les as beaucoup impressionnés. - Eh oui, on fait toujours son petit effet ! » 5. On / l'on. Dans l'expression soignée, l'on remplace on pour des raisons d'euphonie après et, ou, , que, à qui, à quoi, si : savoir où l'on va; si l'on considère ce à quoi l'on doit s'attendre. Mais l'on doit être remplacé par on dans le cas d'allitérations peu élégantes : si on le lui disait (et non : si l'on le lui disait). L'on est utilisé à discrétion par certains auteurs (hormis les cas mentionnés à l'alinéa ci-dessus) sans que cet emploi constitue une faute. Après que , et devant un verbe commençant par con-, com-, il est préférable d'utiliser l'on : il faut que l'on comprenne (mieux que : il faut qu'on comprenne). L'on en tête de phrase est une tournure vieillie : l'on ne saurait mieux dire. 6. Répétition de on. On doit être répété devant chacun des verbes dont il est le sujet : on mange, on boit et l'on s'amuse. En revanche, cette répétition est fautive si on correspond à des sujets distincts ; on dira donc : nous avons pris ce qu'on nous a donné, et non : on a pris ce qu'on nous a donné. Accord L'adjectif ou le participe passé attribut de on prend le genre et le nombre du sujet que ce pronom représente. Quand on est employé comme indéfini (= quelqu'un, tout le monde, quiconque), l'accord se fait au masculin singulier : à quinze ans, on est encore naïf. Quand on remplace je, tu ou vous, il ou elle, ils ou elles nous, l'accord se fait en genre et en nombre avec le sujet représenté par on : on est arrivés ce matin ; on n'est pas sÛre de soi ? ; alors, on est contentes ?on (homonymes) pronom indéfini ou pronom personnel (ancien français home, homme, du latin homo) ont forme conjuguée du verbe avoir dom nom masculin don nom masculin donc conjonction dont pronom relatif

on
Pron. pers. indéf. Pron. de la 3e pers., inv., ayant toujours fonction de sujet.
rI./r Désignant une ou plus. pers. non déterminées.
d1./d L'homme, les hommes en général. Autrefois, on vivait mieux.
(Emploi fréquent dans les proverbes, les sentences.) Quand on veut, on peut. On n'aime qu'une fois.
d2./d Un certain nombre (plus ou moins grand) de personnes. Ici, on est plutôt de gauche.
d3./d Les gens, l'opinion. On dit, on raconte que (cf. on-dit, qu'en-dira-t-on).
|| Loc. On dirait (introduisant une comparaison). Il gesticule et parle tout seul, on dirait un fou.
On dirait que: il semble que. On dirait qu'il arrive.
d4./d Une personne quelconque (connue ou non), qqn. On frappe. On vous demande au secrétariat.
(Emploi correspondant à un passif sans compl. d'agent.) On sert le dîner. On a interdit ce passage.
|| Loc. On ne peut plus (exprimant un superlatif). Il est on ne peut plus bête.
On ne sait jamais (indiquant une éventualité peu probable). Il peut encore venir, on ne sait jamais.
rII./r Désignant une ou plus. pers. déterminées.
d1./d (Représentant une 1re pers. Sing. ou Plur.) Fam. Je, moi. Oui, on arrive.
Litt. On a voulu montrer dans ce chapitre...
|| Fam. Nous. Nous, on va au cinéma.
d2./d Fam. (Représentant une 2e pers. Sing. ou Plur.) Tu, toi, vous. Alors? on ne dit pas bonjour?
d3./d (Représentant une 3e pers. Sing. ou Plur.) Il(s), elle(s). Nous sommes encore très liés: on me raconte ses secrets.
Rem. On est en principe masc. Sing., toutefois le part. passé ou l'adj. qui le suit s'accorde en genre et en nombre avec la ou les pers. représentées par on. Quand on est belle et coquette. On est tous frères.
Pour éviter un hiatus, on emploie souvent l'on au lieu de on. Si l'on réfléchit.

⇒ON, pron. pers. indéf.
Pronom personnel de troisième personne, exprimant l'idée d'animé humain et fonctionnant toujours comme sujet.
I. —[Dans un cont. de généralité, souvent combiné avec un prés. gnomique révélé lui-même par une conj. de temps, désigne un suj. animé indéf.]
A. —[Dans l'énoncé de vérités d'expérience, considérées comme universelles, c'est-à-dire vraies pour n'importe qui] On a souvent besoin d'un plus petit que soi. On peut éclaircir l'histoire, on ne la renouvelle pas (BAINVILLE, Hist. Fr., t.1, 1924, p.6). On n'épuise pas le malheur, mon amour, on l'oublie. Vous ne voulez pas l'oublier (BERNANOS, Dialog. ombres, 1928, p.47). Quand on vit seul, on ne sait même plus ce que c'est que raconter: le vraisemblable disparaît en même temps que les amis (SARTRE, Nausée, 1938, p.21).
B. —[Dans des énoncés que l'on veut de portée générale, bien qu'ils ne s'appliquent qu'à des objets particuliers ou dans des circonstances déterminées]
1. [L'énoncé n'est vrai que pour un seul objet]
a) [Correspondant grammaticalement à un objet premier] On le revoit toujours avec plaisir. Si l'on m'insulte, je mets mon homme à bas, personne ne tire aussi bien le pistolet et l'épée que votre serviteur. On le sait! (BALZAC, Gobseck, 1830, p.419).
b) [Correspondant grammaticalement à un objet second] On lui reconnaît volontiers de grandes qualités. Sans compter que tous ces salauds-là, on leur donne un doigt et ils vous bouffent la tête (CAMUS, Révolte Asturies, 1936, I, 2, p.405):
1. Pitthée, Égée, étaient beaucoup plus intelligents que moi; comme l'est également Pirithoüs. Mais l'on me reconnaît du bon sens; le reste vient ensuite, avec la volonté, qui ne m'a jamais quitté, de bien faire.
GIDE, Thésée, 1946, p.1418.
2. [L'énoncé n'est vrai que]
a) [pour un groupe limité, p. ex. seulement des hommes ou seulement des femmes] Il y a de l'humilité dans la plupart des femmes; bien peu imaginent qu'on les puisse aimer jusque-là (MAURIAC, Journal 1, 1934, p.10).
b) [dans un lieu déterminé] On a beau partir plus tard de Manosque les jours où les pratiques font passer l'heure, quand on arrive à Vachères, c'est toujours midi (GIONO, Regain, 1930, p.9):
2. L'on respire un instant dans ces belles clairières couvertes; mais sitôt qu'on en sort, on est tout empêtré dans l'enchevêtrement confus des ramures; on se courbe, on se glisse à genoux, on rampe; au bout d'un quart d'heure de reptation on a complètement perdu le sens de la direction...
GIDE, Retour Tchad, 1928, p.870.
c) [dans certaines circonstances] À mon âge, on ne croit plus guère aux capricieuses ni aux folles, et l'étourderie, voyez-vous, est trop souvent la comédie qu'on se joue à soi-même, lorsqu'on doute des forces de son coeur (BERNANOS, Dialog. ombres, 1928p.41).
d) [à un moment déterminé ou pour une certaine durée] Comment! Tu t'es rasé? On se rase maintenant pour aller à la guerre? Tu comptes paraître plus redoutable, avec ta peau poncée? (GIRAUDOUX, Amphitr. 38, 1929, I, 3, p.32).
C. —[On se rencontre également dans les allusions à une vérité d'expérience]
1. [Dans une prop. interr. ou compar.] Françoise qu'il aimait, du reste, malgré cela, comme on peut aimer la personne qu'on est content de faire rager tous les jours en la battant aux dominos (PROUST, Temps retr., 1922, p.843).
2. [Dans une prop. rel.; l'énoncé qui comporte le morphème on peut servir par sa généralité à définir une notion que l'antécédent seul ne fournirait pas] Comment montrer de la défiance vis-à-vis d'un charmant garçon dont on est devenu l'ami? (ZOLA, Argent, 1891, p.93). Et si on leur annonçait un résultat, ils faisaient mine de s'y intéresser, mais ils l'accueillaient en fait avec cette indifférence distraite qu'on imagine aux combattants des grandes guerres, épuisés de travaux (CAMUS, Peste, 1947, p.1372).
D. —[Parfois la généralisation évoquée par l'énoncé s'opère à partir de cas particuliers] Nous finirons par avoir la guerre. On finit toujours par avoir la guerre (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p.12). Je ne comprends pas que l'on puisse aimer le merlan (DUHAMEL, Maîtres, 1937p.19):
3. L'on n'a pas idée de se refuser une promenade, une fête, une rencontre avec un ami, une soirée avec une femme, c'est-à-dire d'appauvrir sa journée, sous prétexte qu'on doit absolument se raconter à soi-même sa journée. (Même simplement se priver d'aller se coucher quand on a bien sommeil, pour la raison qu'on n'est pas en règle avec son pensum quotidien).
ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p.5.
1. [La situation particulière peut transparaître si nettement que l'on reconnaît derrière on]
un «je». Et puis, elle souffrait beaucoup par ses relations avec ses fils; et elle disait: on les a soignés, entourés, quand ils étaient tout petits, et puis plus tard ils ne peuvent pas écrire à leur mère, parce que cela ne serait pas convenable pour le père (BARRÈS, Cahiers, t.3, 1902, p.10).
un «nous». C'est dommage, qu'on ne puisse pas avoir le gaz ici: nous sommes trop loin de Saint-Pierre (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p.23).
un «tu» ou un «vous». C'est drôle que tu ne peux pas trouver ça toute seule! On fait un petit effort (LAVEDAN, Beaux dimanches, 1898, p.9 ds SANDF. t.1 1965, §222). Violaine: Tout beau, maître Pierre! Est-ce ainsi qu'on décampe de la maison comme un voleur sans saluer honnêtement les dames? (CLAUDEL, Annonce, 1912, p.12).
une 3e pers. déterminée. Voici sept ou huit fois que je vous envoie chez mon avoué, depuis quinze jours, et il n'est pas venu? Croyez-vous que l'on puisse se jouer de moi? (BALZAC, Gobseck, 1830, p.431).
2. [On empl. dans des jugements particuliers, mais présentés comme si l'individualité du sujet était sans importance, le locuteur confondant son expérience avec celle de n'importe qui. Le verbe est alors fréq. au cond., et on peut alterner avec je] On dirait que... À moins de perdre la foi —et que lui reste-t-il alors, puisqu'il ne peut la perdre sans se renier? —un prêtre ne saurait avoir de ses propres intérêts la claire vision, si directe —on voudrait dire si ingénue, si naïve —des enfants du siècle (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p.1034). Si vous lisiez les lettres qu'il m'envoie! On croirait qu'il parle à un domestique (CAMUS, Possédés, 1959, 1re part., 1er tabl., p.932).
E. —[On empl. dans les descriptions auxquelles le prés. ou l'imp. confère une certaine généralité] Complètement dénudés par la dernière tempête, tous les arbres qu'on voyait de la fenêtre se projetaient contre ces nuages dans l'immobile minutie d'une photographie (MALÈGUE, Augustin, t.2, 1933, p.382). On rencontre aujourd'hui, en Espagne, jusque dans ses sentiers, des paysans qui s'acheminent vers leur lopin de terre, montés sur leur mécanique à deux roues (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p.9).
F. —[On appartient à certaines loc. plus ou moins figées] On ne peut mieux; on ne sait où, on ne sait d'où; on ne sait pourquoi; sait-on jamais? comme on dit. Un jour, par hasard, il [Gobseck] portait de l'or; un double napoléon se fit jour, on ne sait comment, à travers son gousset (BALZAC, Gobseck, 1830, p.385). D'un geste large, le bras tendu, avec une sorte d'air noble qui évoquait un acteur de province, il offrit à Mélanie le journal déplié et froissé, taché par ses doigts toujours poisseux d'on ne sait quoi, et toujours sales (MONTHERL., Célibataires, 1934, p.739). Les fromages les plus frais ne sont pas nécessairement les plus naïfs. Il y en a qui sont, dès l'égouttoir, dès le lait, si l'on peut dire, touchés, hantés par une effervescence démoniaque (DUHAMEL, Cécile, 1938, p.19).
♦[Loc. fonctionnant comme un adv. modifiant un adj.] On ne peut plus. Tout à fait, extrêmement. Il (...) se déclare on ne peut plus sensible au charme de certains amis catholiques, mais il sait leur résister quand cela devient nécessaire (GREEN, Journal, 1929, p.13). Vous voyez, Mesdames et Messieurs, que tout ceci est on ne peut plus moderne! (MONTHERL., Pasiphaé, av.-pr., 1938, p.106).
II. —[En dehors de tout cont. de généralité, indique que le suj. est un animé humain; signifie que la vérité de la prop. est indépendante des particularités que, dans la réalité, les êtres désignés peuvent présenter]
A. —[On est suj. gramm. et ne correspond à aucun être précis] On frappe; on pose un triangle ABC.
1. [On + verbe peut commuter]
a) [peut commuter avec un subst. d'action] On est prié de ne pas fumer = prière de ne pas fumer.
b) [peut commuter avec une tournure passive] On le traite d'infâme = il est traité d'infâme.
Rem. L'emploi de on permet de marquer explicitement, à la différence des constr. passives, que l'information du prédicat reste identique à elle-même, quel que soit l'agent; l'action verbale se rapprochant d'une «action pure» indépendante des particularités du sujet.
[On est seul possible et la tournure ne peut commuter avec le passif]
♦Avec un verbe en empl. abs. Il prit la place du pompier tombé dans le brasier. Du sommet de l'échelle, il se retourna; on ne tirait pas; il ne voyait aucun lieu d'où l'on pût tirer (MALRAUX, Espoir, 1937, p.768):
4. En dernière analyse, la noblesse est un luxe qu'une société ne peut se payer que tard. —Mais le plus tôt est le mieux, dit Mercery, définitif. —Demain, on rasera pour rien, reprit le Négus. Pas d'histoires. Les partis sont faits pour les hommes, pas les hommes pour les partis.
MALRAUX, Espoir, 1937p.604.
♦Avec une nuance iron. Un grand rassemblement se tenait devant l'église. On mariait là dedans (MAUPASS., Sur l'eau, 1888, p.308).
♦Avec un verbe intrans. ou trans. indir. Des coups de cloche la réveillèrent [la mère Simon]; on sortait des vêpres (FLAUB., Coeur simple, 1877, p.45). Le jeune architecte me pria un soir à dîner. On était en mai. La température était délicieuse (BILLY, Introïbo, 1939, p.8):
5. La cité Monthiers se trouve prise entre la rue d'Amsterdam et la rue de Clichy. On y pénètre, rue de Clichy, par une grille, et rue d'Amsterdam par une porte cochère toujours ouverte et une voûte d'immeubles dont la cour forme cette cité, une véritable cour oblongue, où de petits hôtels particuliers se dissimulent au bas des hautes murailles plates du pâté de maisons.
COCTEAU, Enfants, 1929, p.7.
♦Avec un verbe pronom. On s'est souvent demandé ce qui serait arrivé si le duc de Bourgogne, l'élève de Fénelon, avait succédé à Louis XIV (BAINVILLE, Hist. Fr., t.2, 1924, p.5).
2. [On qui n'exprime que la notion d'agent animé, se rencontre souvent]
[avec les verbes de perception] De cet étage, on voit le tombeau de son père (GIRAUDOUX, Électre, 1937, I, 1, p.16).
Loc. exclam. On aura tout vu! Panisse: Nous sommes du jury. Nous attendons le président, M. Gadagne, qui va venir nous chercher. César, avec pitié: Du jury!! On aura tout vu! (PAGNOL, Fanny, 1932, I, 1er tabl., 1, p.9).
[avec les verbes de jugement] Une maladie lente, mal déterminée, et qu'on pensa lui avoir été transmise par sa femme (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p.751).
[dans certains cont.]
♦[les indications scéniques] Avant que le rideau se lève, on entend une sorte d'appel déchirant. Une voix d'homme, aiguë, qui crie: «Judith! Judith!» (GIRAUDOUX, Judith, 1931, I, 1, p.11). On entend, au dehors, des milliers de coups de marteaux sur des coques de navires, les vieux navires en démolition. On entend ferrailler la chaîne des grues. On entend des coups de sifflets lointains (PAGNOL, Marius, 1931, I, 1, p.10).
♦[les recettes de cuisine]:
6. La sauce peut être servie froide: on additionne alors le court-bouillon de gélatine, afin d'obtenir une gelée limpide dans laquelle on introduit la julienne préalablement cuite à l'eau bouillante. On ajoute câpres, piments et cornichons avant de napper le poisson, refroidi dans son court-bouillon.
Ac. Gastr. 1962, p.414.
♦[Pour les pratiques codifiées, notamment les règles de jeux] On peut toutefois toucher une pièce sans être obligé de la jouer (par exemple pour la remettre sur l'échiquier si elle est tombée) (Jeux et sports, 1967, p.893).
♦[les définitions, les appellations] J'appelle armes ses deux paires de «verres», un couteau de poche, souvent une brosse à habits, un sécateur, de vieux gants, parfois le sceptre d'osier, épanoui en raquette trilobée, qu'on nomme «tapette» et qui sert à fouetter les rideaux et les meubles (COLETTE, Sido, 1929, p.17). Ce que je peux dire seulement c'est que, ni dans l'un ni dans l'autre cas, il n'y a rien eu de ce qu'on appelle à l'ordinaire un événement (SARTRE, Nausée, 1938, p.13).
♦[les énoncés de problèmes] On considère le triangle dont les supports des côtés ont pour équations respectives: x = 2, y = 1, x + y = 1 (LESPINARD, PERNET, GAUZIT, Math., Classe de sc. exp., Lyon, A. Desvigne, 1952, p.116).
B. —[On correspond à un suj. indéterminé]
1. [Une pers. indéterminée dont le locuteur ignore l'identité ou qu'il juge superflu de nommer] Gabrielle: Sois tranquille! On ne le fera pas entrer dans mon boudoir (BERNSTEIN, Secret, 1913, I, 5, p.7). Regarde, dit-elle, fainéant! Pendant que tu étais occupé à dormir, on nous a volé notre maison (MICHAUX, Plume, 1930, p.137):
7. Copeau me demande de l'accompagner chez les Bibesco; on doit le présenter à Chaumeix. Je surmonte l'appréhension de cette affreuse corvée qu'est pour moi un dîner dans le monde et ressors de l'armoire l'habit de mon mariage qui n'a pas servi douze fois.
GIDE, Journal, 1910, p.290.
Rem. Oppos. on/quelqu'un. Quelqu'un est le signe de l'indétermination du suj., on le signe de son indéfinition: «quelqu'un vous attend» signifie que j'ignore son identité ou que je ne veux pas la révéler. «On vous attend» signifie que l'identité du sujet, ses particularités, n'ont aucune incidence sur l'action verbale. Peut-être s'agit-il de plusieurs personnes. Tout l'accent est mis sur le procès.
[On désigne souvent le lecteur] Mais dira-t-on; on objectera que... Qu'on me permette, pour faire saisir toute la rigueur de cette alternative, de développer ici une sorte de théorème fondamental (VALÉRY, Variété [I], 1924, p.25). Je touche ici à un point particulièrement délicat, mais que je crois d'une telle importance que l'on m'excusera si j'y insiste quelque peu (GIDE, Robert, 1930, p.1324).
2. [Un groupe plus ou moins indéterminé; on désigne alors une «pluralité indéterminée»]
[Le groupe peut être précisé par le cont.] Mariette, l'ombrelle et l'écharpe; on s'impatiente peut-être à la maison. Vous savez que Monsieur revient de bonne heure (BAUDEL., Fanfarlo, 1847, p.533). Pardon, Monsieur, voilà deux heures qu'on appelle de Zurich. Ils demandent une réponse (CAMUS, Cas intéress., 1955, 1er tabl., p.611).
[Le groupe peut être vaguement suggéré —ou du moins l'on sait que le locuteur pense à des pers. précises] C'était une douce et gentille et fidèle amie. Demain on l'enterre rue des Saules (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.11). Elle se redressa avec courage, et, précédée de la concierge qui s'était emparée des valises, elle se dirigea vers l'ascenseur. —«On a donc tout changé?» murmura-t-elle (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.640).
[Dans des constr. avec dire, raconter, on désigne l'opinion] Cette tour d'ivoire où l'on dit qu'il se retirait, qu'était-ce, sinon son talent même, son esprit haut et solitaire? (A. FRANCE, Vie littér., 1890, p.256). La vie est devenue bien difficile, dit-on, dans les provinces du centre (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p.304):
8. Les bruits les plus fâcheux courent sur le compte de Zelten. Il est le grand homme des cafés, des coulisses, des piscines. On raconte qu'il a acheté la police et qu'hier soir même, tous les agents étaient convoqués chez lui.
GIRAUDOUX, Siegfried, 1928, I, 1, p.13.
Rem. 1. Les emplois sont à rapprocher des formes subst. on-dit, qu'en dira-t-on. 2. À la limite, on peut désigner aussi «tous les hommes» ou «les hommes d'une certaine époque». Dans ce cas, nous peut servir de régime à on. On réclame d'abord le bonheur à la vie. Elle nous le doit (CHARDONNE, Épithal., 1921, p.242). 3. Dans une phrase nég., on se rapproche du pron. indéf. personne; on marque l'indifférence quant à la nature particulière du suj., la nég. portant uniquement sur le verbe. Depuis bien des années déjà. Le fils est parti et l'on ne sait plus où il est (CLAUDEL, Sagesse, 1939, 1re part., p.1107).
III. —[On peut se substituer à n'importe quel pron. pers. de l'animé, même si, dans la pensée, la personne est parfaitement déterminée]
A. —[On mis pour je]
1. [Je s'efface par discrétion, par pudeur, derrière l'indéfinition de on, en partic., dans le on dit «de modestie»] — Oui, c'est... —il se servit du mot scientifique —et avec cela, on a le cancer... j'ai le cancer. Oui, je l'ai... et maintenant gardez cela pour vous (GONCOURT, Journal, 1883, p.220). Amalric: Alors ne la faites pas. Croyez-moi! Je vous aime bien, Mesa. Oh! comme on l'aime, son petit Mesa! (CLAUDEL, Partage de midi, 1949, I, p.1067).
[Désignant l'aut. dans les préf., les av.-pr.] Le travail dont on expose les résultats dans cet ouvrage a été compris par nous comme l'expérience d'une méthode grammaticale (R. L. WAGNER, Les Phrases hyp., Paris, Droz, 1959, p.11):
9. À défaut de ce dialogue-là, qui serait sûrement le plus beau à entendre (le monde étant le résultat d'un dialogue éternel entre le père et le fils), on a essayé d'échantillonner ici quelques jeux, que chaque lecteur pourra continuer, dans ses nuits sans sommeil, au gré de son caprice.
RENAN, Drames philos., 1888, préf., p.374.
Rem. Une idée de généralité peut s'attacher à l'énoncé, bien que on désigne manifestement la 1re pers. Je suis bien content de vous trouver; on ne vous dérange pas? [en vous rendant visite en ce moment, vous dérange-t-on?] (FREI 1929, p.147).
2. [La généralité de on révèle le sentiment qu'a le je de son importance: on dit «de vanité»] Et puis, on est bourgeois de Gand (HUGO, Hernani, 1830, I, 3, p.25). Ma belle mine fit le reste, car il faut bien dire qu'on sait se présenter (A. DAUDET, Nabab, 1877, p.187).
3. Dans la lang. pop. On y va = j'y vais. Louis, à Clémence: Comment! vous n'êtes pas encore partie? Clémence: Allons, on s'en va (MÉRIMÉE, Deux hérit., 1853, p.38). Virginie, voyant son succès, s'approcha de deux pas (...) criant plus fort: (...) qu'elle dise seulement ce que je lui ai fait... Dis, rouchie, qu'est-ce qu'on t'a fait? (ZOLA, Assommoir, 1877, p.395).
B. —[On mis pour tu ou vous]
1. [Employé par discrétion, on esquive la difficulté du tutoiement ou du vouvoiement] On a été sage? Qu'est-ce qu'on dit à la dame? (S'adressant à des enfants). Elle caressait le cheval à l'encolure, à l'épaule avec la familiarité d'une affection de vieille date: «Mon bon Bauria, disait-elle. Mais oui, mais oui, on est beau. On a des yeux de biche. Seulement, on aime la liberté, on court les bois» (M. BEDEL, Molinoff, 1928, VII, p.67 ds DAM.-PICH. t.6, §2344). L'Aubergiste: Entrez! et en attendant on prendrait p't'être bien un petit coup de quéq'chose pour se rafraîchir? Premier Porteur: C'est pas de refus (CLAUDEL, Raviss. Scapin, 1952, p.1315).
2. [Avec une nuance de dédain, de supériorité ou du moins de familiarité] Alors? On donne des coups de pied en vache comme une femme? (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p.119):
10. Les amitiés sont absolument interdites entre élèves de divisions différentes.
SOUBRIER: N'empêche... Il y en a bien d'autres, et eux on ne leur dit rien. L'ABBÉ: Je n'ai pas à vous dire pour quelles raisons il nous arrive de fermer les yeux, pendant plus ou moins de temps, sur telle ou telle de ces amitiés.
MONTHERL., Ville dont prince, 1951, I, 1, p.853.
En partic. [Avec le subj., dans les ordres, les défenses] Et qu'on ne passe pas son temps à avoir l'air de prendre les anars pour une bande de cinglés! disait le Négus (MALRAUX, Espoir, 1937, p.605). Je suis prêt à l'aimer de toutes mes forces, mais qu'il se fasse vite, ce mariage, et qu'on en arrête la date sans perdre une minute, car je suis à bout de patience et de résistance (AYMÉ, Cléramb., 1950, I, 4, p.33).
C. —[On mis pour une 3e pers. déterminée]
1. [Par pudeur ou par réserve, par discrétion réelle ou feinte]
Au sing. Et puis, tu me diras si l'on a eu du chagrin en apprenant mon départ... Si l'on a pleuré!... —Qui ça, mon commandant? —Eh parbleu! elle! Anita (LABICHE, Voyage de M. Perrichon, 1860, I, p.7 ds LE BIDOIS, § 384):
11. —Madame, dit le valet de chambre... que dois-je faire ? —Vous feindrez d'aller chez l'avoué, et vous reviendrez dire à monsieur que son homme d'affaires est allé à quarante lieues d'ici pour un procès important. Vous ajouterez qu'on l'attend à la fin de la semaine prochaine. [«que l'homme d'affaires l'attend...» Madame imagine ce que dira le valet qui ne nommera pas l'homme d'affaires par discrétion].
BALZAC, Gobseck, 1830, p.431.
Au plur. Ç'avait été dans une maison discrète du quartier des Champs-Élysées, un après-midi. On s'était dit tout ce qu'on avait à se dire, et ce jour n'avait point eu de lendemain (A. FRANCE, Bergeret, 1901, p.140).
♦Dans la lang. pop. Voilà qu'après dîner, tous ces messieurs on était là à fumer en rond autour de moi (FREI 1929, p.147).
2. [Avec une nuance iron., voire de dédain] [Le médecin] porte des ongles sales... Tandis qu'il trottine à ses malades, elle [sa femme] reste à ravauder des chaussettes. Et on s'ennuie! (FLAUB., Mme Bovary, t.1, 1857, p.149).
Rem. Il arrive, comme en fr. class., que plusieurs on renvoient à des pers. différentes. On verra qu'on n'a pas toujours résisté à cette double tentation... [Le premier on désigne le lecteur, le second l'auteur] (Langages. Paris, 1967, n° 7, p.3).
IV. —[Dans la lang. parlée, on remplace souvent, sans effet styl. particulier, la 1re pers. du plur.] Qu'est-ce qu'on fait cet après-midi? = Que faisons-nous cet après-midi? Nous partîmes pour la gendarmerie de Sceaux, où il devait me mettre aux mains des gendarmes. Mais en route, on causa (VALLÈS, Réfract., 1865, p.61):
12. En passant à la grand'garde I, il cria: —Hé! Raoul! Vous êtes là? Ouste! On vous emmène. Le lieutenant Raoul sortit de son trou, en achevant de boucler la sacoche de son browning. Les trois hommes continuèrent vers les Rappes en bavardant.
ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p.7.
Rem. J. POHL (Six esquisses ds Fr. mod. t.35 1967, n1, pp.10-12) fait observer que on inclut généralement l'interlocuteur, alors que nous tend à l'exclure. On dit de préférence (deux couples se fixent, par téléphone, un rendez-vous en vue d'une excursion): «Nous vous préviendrons si nous passons par chez vous; éventuellement on pourrait se rencontrer devant votre maison» et non: «on vous préviendra si on passe par chez vous; éventuellement nous pourrions...».
Rem. gén. 1. Accord en genre et en nombre. Les adj. et les part. qui se rapportent à on s'accordent au masc. sing. Toutefois, ,,le pronom on, qui grammaticalement est du genre masculin, n'en souffre pas moins un adjectif prédicatif au féminin, lorsque la personne déterminée à laquelle il se rapporte, est du sexe féminin. Cet accord sylleptique peut se faire également, quand on, tout en se rapportant uniquement à des femmes, a le sens d'un pronom indéfini`` (WEERENBECK, Le Pron. on, en fr. et en prov., 1943, p.9). —Monsieur, quand on n'a pas le temps de rêver éveillée, on n'a pas davantage le temps de rêver endormie, Dieu merci! (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p.272). C'est maintenant surtout, bien plus qu'au printemps lorsque ma mère mourut, que je réalise ce que c'est que vivre à Saint-Léonard (Loiret) avec un vieil oncle sourd et stupide, quand on est fille, pauvre, orpheline sans frère ni soeur, et qu'on va sur ses trente ans (MONTHERL., J. filles, 1936, p.921). De même, l'accord sylleptique peut entraîner exceptionnellement le plur. pour l'attribut ou l'appos. se rapportant à on. On était une trentaine, et assez serrés, car on n'ouvrait pas le petit salon, qui servait de chambre à ces demoiselles (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p.49). On était désemparés. On avait faim, on avait soif et dans ce malheureux cantonnement, rien! (BARBUSSE, Feu, 1916, p.206). 2. Substituts de on. a) On peut être repris par se ou soi. Et, à ce moment-là, Séraphin s'étant tu également, on avait senti grandir autour de soi une chose tout à fait inhumaine et à la longue insupportable: le silence (RAMUZ, Derborence, 1934, p.14). b) Par nous ou vous. Les livres, c'est comme les amis, on ne les choisit pas librement. Ils s'imposent à vous (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p.386). 3. On peut renvoyer à des choses ou à des abstractions personnifiées; mais il ne peut pas désigner Dieu. Et puis les menteuses [les cloches], les effrontées, celles qui sonnent pour le dehors, pour la rue, pour faire croire qu'on est une maison considérable et qu'on occupe beaucoup de monde (A. DAUDET, Fromont jeune, 1874, p.81). 4. Répétitions de on. On peut être répété ou omis devant un verbe coord., dans les mêmes conditions que les autres pron. pers. 5. Oppos. on/l'on. a) La lang. châtiée use volontiers de la var. styl. l'on , surtout après et, où et si, plus rarement après ou, qui, quoi, pourquoi. Et l'on dit qu'à Londres il y a une foule d'hommes et de femmes françaises sans place qui réunissent les talents que je cherche (STAËL, Lettres L. de Narbonne, 1792, p.87). Hector: Si l'on aime ce qui vous délivre de l'espoir, du bonheur, des êtres les plus chers (GIRAUDOUX, Guerre Troie, 1935, I, 3, p.21). b) L'on est fréq. après que (surtout le que rel.), en partic. quand la syllabe initiale du mot suiv. est con- ou com-. Car on avait dans cette maison tellement peu de personnalité que l'on conservait en bonne place tous les objets qui vous avaient été offerts (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p.1372). c) En tête de phrase, l'on évite peut-être une attaque inhabituelle. Camille, ouvrez, ouvrez, c'est moi. L'on ne vient pas (CHÉNIER, Élégies, 1794, p.72). 6. On employé subst. Debout, dans sa chaire, pâle de rage, le pauvre On écoutait toutes ces injures, dévorait toutes ces humiliations et se gardait bien de répondre (A. DAUDET, Pt Chose, 1868, p.108). On me proposa un jour de me faire inviter aux soirées d'Augustine. —Qui, On? —On, parbleu! Vous le voyez d'ici: l'éternel on qui ressemble à tout le monde, l'homme aimable, providentiel (A. DAUDET, Trente ans de Paris, 1888, p.47 ds SANDF. t.1, §219).
Prononc. et Orth.: []. Liaison de n devant voyelle et h non aspiré (on a: na; on habite: nabit) d'où difficulté dans certains cas à distinguer (lang. parlée) constr. positive et constr. négative (si l'on ose/si l'on n'ose). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Pron. de la pers. suj. indéterminée A. 1. Employé sans art. 842 (Serments de Strasbourg ds HENRY Chrestomathie, p.2, 5: Si salvarai eo cist meon fradre Karlo et in aiudha et in cadhuna cosa, si cum om per dreit son fradra salvar dift; cf. E. KOSCHWITZ, Commentar zu den ältesten franz. Denkmälern, p.41; MOIGNET, Gramm. de l'a. fr., p.146 note ,,peut encore s'interpréter comme un subst.``); ca 1050 (St Alexis, éd. Chr. Storey, 235: Par nule guise ne l'em puet hom blasmer), [cf. 1647, VAUG., p.10: Si le verbe finit par une voyelle devant on, comme prie-on, alla-on, il faut prononcer et escrire un t entre deux: prie-t-on, alla-t-on pour oster la cacophonie]; ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 2949: En un carner cumandez qu'hom les port); 2. employé avec l'art. déf. ca 1050 disjoint, précède le verbe dont il est le suj. (St Alexis, éd. Chr. Storey, 566: Sainz Boneface, que l'um martir apelet); 1119 conjoint, suit le verbe (PHILIPPE DE THAUN, Comput, éd. E. Mall, 2612: E s'ele la lune est en esclem, Saciez, dunc pruvet l'em Qu'en cele lunaisun Avrum bele saisun). Vestige de hom subst., cet emploi n'a plus cours que dans la langue littér. pour des raisons euphoniques, cf. 1647, VAUG.: ,,on dit et l'on dit sont bons, mais on dit est meilleur au commencement de la période``, ainsi que la critique de cette remarque par A. GOOSSE ds Z. rom. Philol. t.75, 1959, pp.291-299. B. 1. On étymologiquement masc. est suivi d'un part. passé adj. masc. sing. ca 1179 (Renart, éd. M. Roques, 1943: ...puis que hom est antrepris Et par force lïez et pris, Bien puet savoir a cel besoing Qui l'aime et qui de lui ait soing); cf. l'attribut accordé en genre et en nombre avec la ou les personnes qu'il représente; 1643 on suivi d'un masc. plur. (CORNEILLE, Polyeucte, I, 3: On n'a tous deux qu'un coeur qui sent mêmes traverses); 1659 on suivi d'un attribut fém. (MOLIÈRE, Précieuses, 9: Quelque spirituelle qu'on puisse être); 2. XVe s. [ms.] le verbe dont on est le suj. peut être au plur. (Voyage d'Anglure, éd. F. Bonnardot et A. Longnon, § 168, var. M : ...aultre rue, par oult on vont... toute maniere de gent); 1426 (Ballade d'un pélerin au retour de Terre Sainte ds Voyage d'Anglure, p.112, 14: Quant on sont a tauble essis). C. On employé stylistiquement pour représenter une ou plusieurs personnes déterminées 1. dans le discours direct, est substitué à un pron. pers. de la 2e pers. pour exprimer la distance entre le locuteur et autrui 1198-1202 substitué à tu (JEAN BODEL, St Nicolas, éd. A. Henry, 256: Que vent on chaiens? [dit Auberon au tavernier]); 2. substitué à un pron. pers. de la 3e pers. [emploi prédicatif] 1253 (Recueil gén. des jeux-partis éd. A. Långfors, XCIII, Sire Audefroy à J. Bretel, 1: J'aim par amours et on moi ensement [on: elle, ma dame]); 3. substitué à un pron. de la 1re pers. a) ca 1340 représente je (Bastard de Bouillon, éd. R. Fr. Cook, 4760: ,,Biaus niés``, dist l'amulainne, ,,oies c'on vous dira``); b) représente nous; le verbe est au plur. ca 1445 Rouen (Farce joyeuse des galans et du monde ds Recueil gén. des sotties, éd. E. Picot, II, 88: On ne debvons pas grand amende; v. ex. analogues XVIe s. Normandie au gloss., s.v. on; cf. HUG.). Du lat. homo, cas suj. du subst. signifiant «homme», développé en position proclitique, et qui, à basse époque, est relevé dans qq. ex. comme suj. indéterm., emploi aboutissant à sa fonction de pron. indéf.: Peregr. Aether. 13, 1: ubi homo desiderium suum compleri videt; Diosc. 4, 76: unde si homo gustaverit, solutionem ventris panditur; Vitae patrum, 7, 26, I: Quomodo potest se homo mortificare; v. Lat. Gramm., 2e partie, Syntax und Stilistik, §107 f ), p.198; VÄÄN., §297; v. aussi TLL, s.v. 2882, 58. Fréq. abs. littér.: 372142. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 521010, b) 525720; XXe s.: a) 549941, b) 525669. Bbg. BENES (P.). Le Pron. on en fr. et ses équivalents en roum. Ét. rom. Brno. 1965, n1, pp.171-188. —BURR (I.). Das Lob des on. Rom. Forsch. 1979, t.91, pp.1-23. —CRESSOT (M.). Répét. nécessaire du pron. on sujet et du pron. il sujet impers. Fr. mod. 1948, t.16, pp.249-251. —GARDIN (B.). Discours patronal et discours syndical. Langages. Paris. 1976, t.10, n41, pp.33-37. —GRAFSTRÖM (Å). On remplaçant nous en fr. R. Ling. rom. 1963, t.33, pp.270-298. —GREIVE (A.). Zur Linguistik des gesprochenen Frz. Arch. St n. Spr. 1978, t.215, pp.42-46. —HAUSMANN (F. J.). Wie alt ist das gesprochene Frz? Rom. Forsch. 1979, t.91, pp.431-444. —HOLTUS (G.), PFISTER (M.). Code parlé und code écrit im Frz. Z. rom. Philol. 1977, t.93, pp.78-81. —HUNNIUS (Kl.). Mais des idées, ça, on en a, nous, en France. Arch. St. n. Spr. 1981, t.218, pp.76-89. —LAGANE (R.). On, pron. indéf. ou pron. pers.? Fr. Monde. 1963, n°21, pp.39-40. —LOFFLER-LAURIAN (A.-M.). L'Expr. du locuteur ds les discours sc.: je, nous et on. R. Ling. rom. 1980, t.44, pp.145-154. —MEIER (H.). Über Sprachschichten und Sprachwandel im modernen Frz. Rom. Forsch. 1977, t.89, pp.364-366. —MULLER (Ch.). Sur les emplois pers. de l'indéf. on. R. Ling. rom. 1970, t.34, pp.48-55. —PINCHON (J.). Les Emplois de on. Fr. Monde. 1973, n°94, pp.42-44; 1973, n°95, pp.46-48. —POHL (J.). Six esquisses. Fr. mod. 1967, t.35, pp.10-11. —REID (T.B.W.). A Note on the origins of Fr. on. Medium Aevum. 1938, t.7, pp.199-209. —SÖLL (L.). Zur Situierung von on «nous» im neuen Frz. Rom. Forsch. 1969, t.81, pp.535-549. —SPITZER (L.). Vous et nous régimes atones de on. Fr. mod. 1940, t.8, pp.323-343. —WEERENBECK (B.H.J.). Le Pron. on en fr. et en prov. Amsterdam-Leipzig, 1943, 108 p.

on [ɔ̃] pron. pers. indéf.
ÉTYM. XIIe; om, 842; du nominal lat. homo dont l'accusatif hominem a donné homme.
Pronom personnel indéfini de la 3e personne, invariable, faisant toujours fonction de sujet.
a (Prononciation).
Le n de on se lie avec le verbe qui suit quand il commence par une voyelle ou un h muet : on a [ɔ̃na], on habite [ɔ̃nabit], etc. Il en résulte que, dans la langue parlée, il peut être difficile de distinguer l'affirmation (si l'on ose [silɔ̃noz]), de la négation (si l'on n'ose [silɔ̃noz]).
b (Forme).
Étant à l'origine un substantif (comme personne et rien), on pouvait s'employer avec l'article défini : l'on désignait primitivement « l'homme en général, les hommes ». Cette forme fut courante jusque vers la fin du XVIIe siècle. Aujourd'hui, l'on s'emploie surtout dans la langue écrite (surtout didactique ou littéraire), pour éviter soit un hiatus (notamment après et, ou, où, qui, quoi, si), soit une rencontre de consonnes (qu'on conduit, etc.). Ce que l'on conçoit (cit. 14) bien s'énonce clairement. C'est ce que l'on nomme liberté (cit. 35). Et l'on n'y peut rien dire (→ Forme, cit. 67). Certains auteurs contemporains semblent, sans raison apparente, préférer la forme l'on (cf. Le Bidois, Défense de la langue française, in le Monde, 26 févr. 1958).
c (Inversion).
« Si le verbe finit par une voyelle devant on, comme prie-on, alla-on, il faut prononcer et écrire un t entre-deux, prie-t-on, alla-t-on, pour ôter la cacophonie… » (Vaugelas, Remarques sur la langue franç., éd. Streicher, p. 10). Se mire-t-on près un rivage ? (→ Image, cit. 1). Où va-t-on ?
d (Répétition).
En phrases coordonnées ou juxtaposées, on se répète normalement devant chaque verbe ou chaque auxiliaire. De tous côtés on se cogne, on frotte (cit. 28), on est empoigné…, on est arrêté, coincé. On cherche, on fouille, l'on trifouille, l'on déterre… (→ Main, cit. 9).
1 On se nourrit des anciens et des habiles modernes, on les presse, on en tire le plus que l'on peut, on en renfle ses ouvrages; et quand enfin l'on est auteur, et que l'on croit marcher tout seul, on s'élève contre eux, on les maltraite (…)
La Bruyère, les Caractères, I, 15.
REM. Il faut éviter d'employer, dans une même phrase, deux ou plusieurs on qui ne représentent pas la même personne. Cette construction était fréquente chez les classiques (cf. Brunot, Hist. de la langue franç., t. IV, p. 896).
2 D'un pasquin qu'on a fait, au Louvre on vous soupçonne.
Boileau, Épîtres, VI.
———
I On, marquant l'indétermination.
1 Les hommes en général, l'homme. || On ne saurait penser à tout. || « L'on n'aime bien qu'une seule fois » (La Bruyère). || L'esprit (cit. 146) qu'on veut avoir gâte celui qu'on a.REM. On est fréquemment utilisé en ce sens dans les réflexions, les maximes.
3 On garde sans remords ce qu'on acquiert sans crimes (…)
Corneille, Cinna, II, 1.
4 Il faut autant qu'on peut obliger tout le monde :
On a souvent besoin d'un plus petit que soi.
La Fontaine, Fables, II, 11.
5 Thérèse, on n'est jamais bon quand on aime.
France, le Lys rouge, XXIII.
2 Les gens, et, spécialt, l'opinion. || On l'a beaucoup critiqué. || On ne me fera jamais croire cela. || On dit que… : les gens disent, le bruit court… (→ Dire, cit. 67).N. m. || Un on-dit. On-dit. || Le qu'en-dira-t-on. Dire (infra cit. 52 et 69).On dirait, on dirait que…; on dirait d'un fou (→ Dire, cit. 58, 59 et 60).Comme on dit : suivant l'expression consacrée (→ Comme dit l'autre).
6 Il était très vif et très gai. On ne l'eût pas cru à le voir plus tard fatigué par le travail, affaibli par la maladie.
France, le Lys rouge, VII.
7 Ah, on voyait bien qu'il se préparait à être avocat, celui-là, il en avait une bavette !
Aragon, la Semaine sainte, XV, p. 544.
7.1 Mais la féminité se définit-elle ? (…) Nous a-t-on donné assez de place pour exprimer notre originalité ou ne sommes-nous que la nymphe Écho de l'homme Narcisse amoureux de lui-même ? Reflet, rêve de l'homme, source, muse, égérie, mère, putain, sorcière, quel on nous a déterminées ? De quel on faut-il se protéger, se démarquer ? S'appelle-t-il espèce ? Société ? Idée de Dieu ?
Michèle Perrein, Entre chienne et louve, p. 16.
3 Un plus ou moins grand nombre de personnes. || On était fatigué de la guerre. || C'est vrai qu'on monte (cit. 10) demain en première ligne. || Il se leva en déclarant qu'on ne boirait pas davantage.
8 Hier, j'étais chez des gens de vertu singulière,
Où sur vous du discours on tourna la matière (…)
Molière, le Misanthrope, III, 4.
9 Jusqu'au soir, on mangea. Quand on était trop fatigué d'être assis, on allait se promener dans les cours (…) puis on revenait à table (…) au café, tout se ranima; alors on entama des chansons, on fit des tours de force, on portait des poids (…) on disait des gaudrioles, on embrassait les dames.
Flaubert, Mme Bovary, I, IV.
10 Ici, on est très radical et libre penseur (…) Quand je dis « on est », j'entends parler de cinq ou six petits bourgeois qui viennent au café.
Flaubert, Correspondance, 1559, 21 oct. 1875.
11 Maintenant, on fait un devoir à un pauvre paysan d'être soldat. On l'exile de la maison (…); on lui enseigne, dans la cour d'une vilaine caserne, à tuer régulièrement des hommes (…)
France, le Lys rouge, VII.
12 (…) le cabaret (…) se trouvait plein de gardes et de mousquetaires quand Mgr le Duc de Berry y pénétra avec ses deux compagnons. On l'avait reconnu et on s'écartait devant lui respectueusement, pour leur faire place.
Aragon, la Semaine sainte, XV, p. 505.
4 Une personne quelconque (inconnue ou indéterminée). Quelqu'un. || On me l'a dit (cit. 68) : il faut que je me venge. || On me l'avait prédit… || Je m'y attendais (cit. 98). || « … On m'a coupé la gorge, on m'a dérobé (cit. 2) mon argent » (Molière). || Quand on est roi, que peut-il manquer ? (cit. 15).
13 On dépréciera ces immeubles, on en précipitera la vente, on écartera les acquéreurs (…) on étouffera les enchères (…) — Précisez, monsieur, j'exige que vous précisiez. Vous dites : on fera telle, telle et telle chose. Qui donc les fera, s'il vous plaît ?
Henry Becque, les Corbeaux, II, 9.
14 L'opinion (…) L'opinion de l'opinion ! Tiens, je commence à en avoir assez ! on a dit, on dit, on dira (…) Qui ça, On ? Ce n'est jamais tout le monde; c'est même rarement deux interlocuteurs : ils se contredisent. C'est à peine soi (…) quand on, monsieur On, est tout seul à raconter des histoires (…)
Paul Hervieu, Les paroles restent, III, 1.
REM. Avec un verbe transitif accompagné d'un complément d'objet direct, l'emploi de on permet d'éviter le passif. Ainsi, au lieu de : « Des côtelettes d'agneau… furent apportées… », « On apporta des côtelettes d'agneau » (→ Lit, cit. 28). Cette affreuse boisson… qu'on vend pour du vin à nos ouvriers (→ Litharge, cit. 2).
———
II On, représentant une ou plusieurs personnes déterminées (Emplois stylistiques).
REM. Plus encore que les autres pronoms personnels (→ Il, nous, vous), on se prête à des substitutions de personnes et peut marquer des nuances de sentiments très variés : discrétion, prudence, modestie, orgueil, mépris, condescendance, etc. Ces emplois stylistiques (ou affectifs) se rencontrent aussi bien dans la langue littéraire que dans la langue parlée, dans les récits que dans les dialogues.
1 (3e personne). Il; elle. || On dit (cit. 15) qu'on est inconsolable; on le dit, mais il n'en est rien.
15 Quoi ? d'un juste courroux je suis ému contre elle,
C'est moi qui me viens plaindre, et c'est moi qu'on querelle !
Molière, le Misanthrope, IV, 3.
16 Nous sommes restés bons amis; on me confie ses petites pensées, on suit quelquefois mes conseils; et faute de mieux, j'ai accepté le rôle de subalterne auquel tu m'as réduit.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 704.
17 (…) il fut frappé de la froideur glaciale de la main qu'il prenait; il la serrait avec une force convulsive; on fit un dernier effort pour la lui ôter, mais enfin cette main lui resta.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, IX.
18 Et puis tu me diras si l'on a eu du chagrin en apprenant mon départ (…) si l'on a pleuré (…) — Qui ça, mon commandant ? (…) — Eh parbleu, elle ! Anita !
E. Labiche, le Voyage de M. Perrichon, I, 7.
19 J'ai un nom ridicule, c'est entendu. Mais qu'on ne passe pas les bornes (…) Testevel n'osait pas heurter Sénac de front. Même aux instants de révolte, il employait, vague et prudent, le pronom personnel « on ». Nous savions très bien, nous autres, que ce « on » ne voulait et ne pouvait désigner que Sénac.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, V, XIII.
19.1 On apporte des nouilles. On, c'est la femme. Il n'y a pas de viande ce soir. Puis, sans ménagement, elle lui apprend qu'un voisin a tué le chat. Qui, on ne sait pas.
R. Queneau, le Chiendent, p. 20.
2 (2e personne). Tu, toi, vous. (On emploie parfois on pour ne pas s'adresser directement à qqn, pour éviter le vous et le tu et les nuances qu'ils impliquent). || Je constate qu'on n'est guère joyeux de mon retour. Fam. || Eh bien ! on ne s'en fait pas ! || Alors, on se promène ? || On ne dit plus bonjour ? || Eh bien ! qu'est-ce qu'on dit ?Merci madame ! Allez, qu'on me débarrasse le plancher !
20 Je vois que votre cœur m'applaudit en secret;
Je vois que l'on m'écoute avec moins de regret (…)
Racine, Bérénice, I, 4.
21 (…) il achève de l'apaiser avec des compliments. — Est-elle gentille aujourd'hui ! On fait donc des visites, tantôt ? (…) Pour éviter la difficulté du tutoiement, il se sert d'un mode vague et impersonnel.
Alphonse Daudet, Fromont jeune et Risler aîné, II, I.
22 Eh bien ! petite, est-on toujours fâchée ?
Maupassant, Notre cœur, III, I.
23 — Alors ? dit-il sans assurance. On s'en va comme ça ? On ne dit même pas merci ? — Merci, dit Sarah très vite, merci.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 19.
(Avec un pron. pers. pour régime). || On… vous… (votre, vos)… || Le pied vous manquait (cit. 28), on se retenait avec effroi. || On ne sait jamais ce qui peut vous arriver.
24 (…) le maître d'hôtel (…) faisait d'un coup de sa cuiller sauter pour vous le morceau qu'on choisissait.
Flaubert, Mme Bovary, I, VIII.
25 Et quand on venait la voir, elle ne manquait pas de vous apprendre qu'elle avait abandonné la musique (…) Alors on la plaignait.
Flaubert, Mme Bovary, III, IV.
26 Ce qu'il y a de singulier, par exemple, c'est ce bruit d'eau qu'on entend de partout, qui vous entoure, vous enveloppe, comme si on était dans une chambre de bateau.
Alphonse Daudet, Contes du lundi, « Un teneur de livres ».
3 (1re personne). Je, moi ou nous. || Allons, tu sais bien qu'on t'aime toujours, que je t'aime toujours. || Il y a longtemps qu'on ne vous a vu. || Oui, oui ! on y va !
REM. « Dans les préfaces…, on est modeste et permet d'éviter le je un peu encombrant et le nous un peu prétentieux » (Brunot et Bruneau, Précis de grammaire historique, 3e éd., p. 274).
27 On de modestie. — Le moi est haïssable. Pour éviter de se mettre en avant, au nominal personnel les raffinés substituaient fort souvent l'indéterminé on, qui, étant plus vague, ne choque pas. On est faite d'un air, je pense, à pouvoir dire Qu'on n'a pas pour un cœur soumis à son empire; Et Dorante, Damis, Cléonte et Lycidas, Peuvent bien faire voir qu'on a quelques appas. (Molière, les Femmes savantes, 375).
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 276.
28 Allez, vous êtes fou, dans vos transports jaloux,
Et ne méritez pas l'amour qu'on a pour vous.
Molière, le Misanthrope, IV, 3.
29 Ah ! que la Vie est quotidienne (…)
Et, du plus vrai qu'on se souvienne,
Comme on fut piètre et sans génie.
Jules Laforgue, Complainte sur certains ennuis.
30 (Madame Verdurin) lui reprocha seulement une fois d'écrire si souvent « je » (…) À partir de ce moment Brichot remplaça je par on, mais on n'empêchait pas le lecteur de voir que l'auteur parlait de lui et permit à l'auteur de ne plus cesser de parler de lui, de commenter la moindre de ses phrases, de faire un article sur une seule négation, toujours à l'abri de on… « On ne camoufle pas ici la vérité. On a dit que… On n'a pas dit que… On ne dira pas non plus que (…) »
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XIV, p. 118.
4 Fam. Nous. || Alors, on y va ? || Quand est-ce qu'on se voit ? || On ira tous les deux au cinéma. || « On n'est pas des bœufs », œuvre d'Alphonse Allais.REM. Dans la plupart des cas, « le remplacement de nous par on correspond à un dépérissement graduel de la forme verbale de la 1re personne du pluriel » (Nyrop) et au besoin d'uniformiser les terminaisons.
31 Sais-tu qu'on serait
Bien sous le secret
De ces arbres-ci ?
Verlaine, Romances sans paroles, « Bruxelles », I.
32 On part ! il faut être prêt dans un quart d'heure. — Où qu'on va ? demande Moreau. — On y va, cette fois, ça y est. Numérotez vos abatis.
René Benjamin, Gaspard, II.
33 Avez-vous jamais tiré sur des hommes ? — Jamais, dit Mathieu (…) — On fera de son mieux, dit Pinette d'une voix étranglée.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 167.
Fam. (On reprenant et représentant un nous énoncé dans la même phrase). || Chez nous, vous savez, on ne fait pas de cérémonies. || « Nous autres artistes… on ne fait pas toujours ce qu'on veut » (Colette). || Nous, on va souvent au cinéma.
34 On est quelque chose comme orphelins, nous, pas ? — Oui, on est orphelins ! On est si gentils ! Elle se colla contre lui (…)
Colette, Chéri, p. 93.
35 Alors, nous, on risque de servir d'otages (…) Regardez le chemin de fer de Bagdad. Qui ça embête-t-il ? Les Anglais. Nous, on s'en fout.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IX, XXXII, p. 280 (paroles prêtées à A. Briand).
36 Il faut prendre des mesures immédiates (…) — Nous, on veut bien, mais lesquelles ?
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 255.
(Avec un pron. pers. ou un nom accompagné d'un possessif pour régime). || On… nous… (notre, nos). || Rentrons, on sera mieux chez nous.
37 Qu'on hait un ennemi quand il est près de nous !
Racine, la Thébaïde, IV, 2.
38 Quand on nous arrache tout ce que nous aimons, on ressent tous les jours que cette violence excite nos désirs.
Bossuet, cité par Nyrop, V, p. 371.
39 (…) elle (…) lui gardait au fond de son cœur cette place chaude, abritée, où l'on revient comme au refuge quand la vie nous a blessé.
Alphonse Daudet, Fromont jeune et Risler aîné, III, I.
———
III (Emplois particuliers de on).
1 On (au sens I ou II) ayant pour régime un pronom personnel ou un nom accompagné d'un possessif (→ II., 2. : on… vous : et II., 4. : on… nous).
On… soi, soi-même (emploi réfléchi). || On ne doit pas toujours parler de soi (Académie). || On est quelquefois aussi différent (cit. 1) de soi que des autres. || On a souvent besoin (cit. 35) d'un plus petit que soi. || On n'est jamais si bien servi que par soi-même.
40 À raconter ses maux souvent on les soulage.
Corneille, Polyeucte, I, 3.
41 C'est insupportable, quand on parle de soi, on n'a jamais fini.
G. Duhamel, Salavin, I, II.
42 On ne tremble jamais que pour soi, que pour ceux qu'on aime.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. II, p. 138.
43 On ne peut tout seul garder la foi en soi-même.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, VI.
2 On, suivi d'un participe passé ou d'un attribut. (Au masc. sing.). || On n'est jamais si heureux (cit. 27) ni si malheureux qu'on croit. || On ne peut être juste si l'on n'est pas humain.(Avec accord; emploi stylistique).
a Suivi d'un féminin. || « On n'est pas toujours jeune et belle » (Académie).
44 On est gaie, gaillarde, on croit avoir entretenu tous nos bons amis (…)
Mme de Sévigné, 453, 6 oct. 1675.
45 (…) on est si touchée de la mort de son mari, qu'on n'en oublie pas la moindre circonstance.
La Bruyère, les Caractères, III, 79.
46 Il faut convenir, se disait-il, qu'elle a une bonté d'âme angélique, et l'on n'est pas plus jolie.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XVI.
47 On est vieille, on est prude, on est dévote, on est la tante (…)
Hugo, les Misérables, III, III, VII.
48 L'exemple le plus remarquable d'accord avec le sens est celui des phrases qui ont pour sujet le nominal on. Avec le sens général qu'il a pris, on s'applique à des êtres féminins, de sorte qu'on dira : quelque spirituelle qu'on puisse être (Molière, Préc., 9). Les exemples pullulent en langue classique : Je croyais qu'on n'était coquette qu'au village (Montfl., Crisp. gent., III, 12); — car apparemment on ne se serait pas portée à un homicide, si l'on eût été autrefois traitée de la sorte (Bayle, Dict., art. Touchet, n. c.). Nous disons de même : On n'est pas méchante comme vous ! Si on remplace nous, il peut, qu'il soit accompagné ou non d'un mot tel que tous, entraîner le pluriel : on est tous contents.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 623.
b (Suivi d'un pluriel). || On est tous égaux devant la mort. || L'embarras où l'on est de se trouver seuls (→ Déclin, cit. 3).
49 Hier on alla ensemble à Versailles, accompagnés de quelques dames (…)
Mme de Sévigné, 657, 10 juil. 1676.
50 On était simples comme des enfants, presque graves comme des hommes (…)
J. Vallès, le Bachelier, p. 45.
51 (…) la promiscuité des caravansérails où l'on dort entassés dans une niche de terre battue (…)
Loti, Vers Ispahan, p. 3.
52 Grouille, je te dis, quand tu es de corvée, on est toujours servis les derniers.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 256.
53 Aux tables du Café des Arts, sur la place, on buvait, attablés tous ensemble, avec les deux serveuses débordées qui couraient, de la bière et de la limonade plein les bras.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XXVII.
3 Loc. Avec pouvoir et savoir, marquant soit un très haut degré (on ne peut plus, on ne peut mieux, etc.), soit l'indétermination (on ne sait qui, on ne sait quoi, on ne sait où, on ne sait comment, etc.). || J'ai tout ça on ne peut mieux (cit. 11) présent à l'esprit (→ Mieux, cit. 10, et supra).
54 La chose fut on ne peut plus pathétique et pitoyable.
Hugo, le Dernier Jour d'un condamné, Préface.
55 (Ruth) S'était couchée aux pieds de Booz, le sein nu,
Espérant on ne sait quel rayon inconnu,
Hugo, la Légende des siècles, II, « Booz endormi ».
56 (…) ce soir-là (…) sa démarche avait on ne sait quoi d'allégé, de plus libre, pour courir à la séance.
Alphonse Daudet, Tartarin sur les Alpes, VII.
57 (…) je suis on ne peut plus heureux de vous rencontrer dans les circonstances présentes (…)
Dumas fils, le Fils naturel, III, 10.
58 (…) comme un nuage dont la foudre va tomber on ne sait quand ni sur qui (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, X, p. 103.
———
IV N. m. Le mot on. || Remplacer je par on. || Monsieur On (→ ci-dessus, cit. 14).
59 Le mot : On, que j'ai dû employer tient lieu d'un sujet indistinct, à la fois spectateur, auteur, auditeur, acteur, en qui le voir et le être vu, l'agir et le subir, sont réunis et même curieusement composés.
Valéry, Autres rhumbs, p. 28.
HOM. Ont (ils).
COMP. On-dit, qu'en-dira-t-on.

Encyclopédie Universelle. 2012.