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propre

propre [ prɔpr ] adj. et n. m.
• 1090; lat. proprius
I Adj. A(Idée d'appartenance propriété)
1(Après le nom) Qui appartient d'une manière exclusive ou particulière à une personne, une chose, un groupe. distinctif, exclusif, personnel. Avoir des qualités propres. Remettre des papiers en mains propres à leur destinataire.
Astron. Mouvement propre d'un astre, d'une étoile, son déplacement angulaire indépendamment des mouvements de la Terre et de l'aberration astronomique.
Fréquence propre d'un système oscillant : fréquence à laquelle oscille ce système livré à lui-même.
♢ NOM PROPRE (opposé à nom commun, ainsi qu'aux autres mots de la langue) : nom qui s'applique à un individu, un objet unique, une réalité individuelle qu'il désigne (alors que le nom commun correspond à une classe, une idée générale, un sens). Jean, Napoléon, Paris, O. N. U., France, Louvre sont des noms propres. Les noms propres prennent une majuscule. Dictionnaire de noms propres. « Et Dieu sait que je n'ai pas, autant que mon mari, la mémoire des noms propres » (Duhamel).
Sens propre : sens d'un mot considéré comme antérieur aux autres (logiquement ou historiquement). ⇒ littéral. Mot employé au sens propre. Au sens propre du mot. Sens propre et sens figuré.
Dr. Qui est possédé en toute propriété (opposé à commun). Biens propres, dans le régime de la communauté. Fonds propres.
2(1562) PROPRE À : particulier à. ⇒ spécifique. Attribut, caractère propre à une chose, une personne, un ensemble. Traits propres à certains individus. « L'enfance a des manières de voir, de penser, de sentir qui lui sont propres » (Rousseau).
3(Sens affaibli, employé avec un poss., avant le nom) « Voici ce que j'ai entendu de mes propres oreilles et vu de ma propre vue » ( France). De ses propres mains. De ses propres deniers. Par ses propres moyens. Dans leur propre intérêt. De leur propre autorité. De sa propre initiative, de son propre chef. De son propre cru. Par sa propre faute. Il l'a soignée comme sa propre mère.
(Exprimant l'appartenance et placé devant le nom présenté comme étant l'être, la chose en question) même. Ce sont ses propres mots. « C'était la propre maison de Pierre Ronsard » (Gautier). véritable.
4Vx L'AMOUR PROPRE, qu'on a pour soi. ⇒ amour-propre.
5(1538) Après le nom Qui convient particulièrement. (Choses) approprié, convenable. Le mot propre. exact, juste. « Les œufs gluants de grenouilles qui me faisaient horreur : horreur est le mot propre » (Stendhal) .
♢ PROPRE À (avec un nom) :fait pour. Une obscurité propre au recueillement. propice. L'objet est peu propre à cet usage. « un lieu propre à la rêverie et aux rendez-vous » (Henriot). Rendre propre à qqch. : faire servir à un but. — (Avec l'inf.) Une discipline propre à former des hommes (cf. De nature à). Rien « n'était plus propre à me toucher que cette émotion contenue » (A. Gide).
6 (Personnes) PROPRE À : (vieilli) apte, capable par sa personnalité, ses capacités, ses connaissances. « On pense à moi pour une place, mais par malheur, j'y étais propre » (Beaumarchais). « Propre à tout pour les autres, bon à rien pour moi : me voilà » (Chateaubriand). Mod. Être propre à remplir un emploi.
Subst. Vieilli PROPRE À RIEN :personne qui ne sait rien faire ou ne veut rien faire, qui ne peut se rendre utile. ⇒ incapable, nul. « Elle le traitait de propre à rien, parce qu'il gagnait de l'argent sans rien faire » (Maupassant). Une propre à rien. Des propres à rien.
B ♦ ⇒ propreté. (En attribut ou après le nom)
1(v. 1280) Vieilli Qui a l'aspect convenable, net. 1. net. Une tenue propre. décent. Mod. Une copie propre. Subst. Mettre, recopier au propre, au net (opposé à au brouillon) .
Par ext. Fait convenablement. Voilà du travail propre. correct. Pianiste qui a un jeu propre.
2(1640) Cour. Qui n'a aucune trace d'ordure, de crasse, de poussière, de souillure. Maison, appartement propre. Hôtel modeste mais propre. Tout était propre et net. Vaisselle, verres propres. Draps bien propres. 1. blanc, immaculé, impeccable. « Pourquoi sous cet habit, qui est très propre, une chemise sale ? » (Diderot). Avoir les mains propres. Subst., fam. Ça sent le propre.
Par ext. (d'une action, d'une occupation) « elle aime ce métier [la menuiserie] parce qu'il est propre » (Rousseau). Ne mange pas avec les doigts, ce n'est pas propre.
(Personnes) Qui se lave souvent; dont le corps et les vêtements sont débarrassés de toute impureté. Propre comme un sou neuf. Être propre sur soi; iron. convenable, comme il faut. « bouclé, marié, un enfant, bien propre sur lui » (Le Monde, 1987). Loc. fam. (Iron.) Un petit vieux bien propre.
Fig. et par antiphr. Dans une mauvaise situation. Nous sommes propres, nous voilà propres ! 1. frais (cf. Dans de beaux draps). « Ah ! bon sang ! nous serions propres ! » (Zola).
Qui a le contrôle de ses fonctions naturelles. Cet enfant a été propre vers un an.
Qui ne pollue pas ou qui pollue peu. Voitures propres. Usine propre. Guerre propre.
3(av. 1875) Fig. Qui ne manque pas à l'honneur pour des raisons d'intérêt, dont la réputation est sans tache. C'est un homme propre en qui l'on peut avoir confiance.
Qui est honnête, moral; honnêtement gagné. « ce n'était pas de l'argent assez propre pour qu'un honnête homme y touchât » (Zola). Argent propre et argent blanchi. « ce qui reste d'un peu propre en nous-mêmes » (Mac Orlan). Une affaire pas très propre.
N. m. Par antiphr. C'est du propre ! se dit d'une chose sale, et fig. d'un comportement indécent, immoral. « Eh ben vrai, alors c'est du propre ! déclara Lahrier, qui fit halte sur place » (Courteline).
II N. m. (XIIIe)
1 ♦ EN PROPRE : possédé à l'exclusion de tout autre. Avoir un bien en propre, à soi ( propriété) . « Tant de particularités que la Bretagne possède en propre » (Renan). « Les universités possédaient des biens en propre, comme le clergé » (Mme de Staël).
2Dr. Biens de la femme ou du mari qui restent la propriété exclusive de chacun, dans le régime matrimonial de la communauté. « les propres de madame Claës [...] devaient monter à une somme d'environ quinze cent mille francs » (Balzac). Annexe de propre.
3(1718) Liturg. Élément de célébration qui est propre à un saint, un temps, un lieu, et ne fait partie ni de l'ordinaire ni du commun. Propre du temps. Propre des saints.
4Cour. LE PROPRE DE : qualité distinctive qui appartient à une chose, une personne. ⇒ apanage, particularité. « Pour ce que rire est le propre de l'homme » (Rabelais). « Le propre de chaque chose doit être cherché. Le propre de la puissance est de protéger » (Pascal).
5 ♦ AU PROPRE : au sens propre, littéral. Se dit au propre et au figuré.
⊗ CONTR. Collectif, commun; impropre, incapable. Malpropre; crasseux , 2. négligé, sale, sali, souillé, taché; polluant; malhonnête; immoral, indécent.

propre adjectif (latin proprius) Qui appartient spécialement à quelqu'un, à quelque chose, qui lui est particulier, personnel : C'est une coutume propre à cette région. Qui convient à quelque chose, qui est capable de faire quelque chose : Des mesures propres à stimuler l'économie. Insiste sur la référence précise à la personne, l'appartenance à quelqu'un : Ce sont là les propres paroles du ministre. Se dit d'un mot qui convient exactement. ● propre (expressions) adjectif (latin proprius) Mouvement propre d'une étoile, déplacement angulaire de cette étoile sur la sphère céleste, dû à son mouvement dans l'espace, exprimé en secondes de degré par an. Capitaux ou fonds propres, ensemble des capitaux qui, figurant au passif d'un bilan, ne proviennent pas de l'endettement. (Ils comprennent essentiellement le capital social et les réserves.) Biens propres ou propres (nom masculin pluriel), biens composant le patrimoine personnel de chaque époux. Nom propre, sous-catégorie du nom, désignant un être ou un objet considérés comme uniques, par opposition au nom commun (par exemple, Jacques, Bonaparte, Paris). Sens propre, sens apparu d'abord, qui est le plus proche de l'étymon, et qui détiendrait les traits sémiques fondamentaux du mot, par opposition au sens figuré. Axiome propre, synonyme de axiome non logique. Partie propre d'un ensemble E, partie de E non vide et distincte de E. Valeur propre d'un endomorphisme f d'un K-espace vectoriel E (K corps commutatif), élément unique λ de K tel qu'il existe un vecteur x (dit vecteur propre) non nul de E vérifiant f (x) = λx. Valeur propre, vecteur propre d'une matrice carrée d'ordre n à coefficients dans un corps commutatif K, valeur propre, vecteur propre de l'endomorphisme de Kn canoniquement associé à cette matrice. (Les valeurs propres d'une matrice carrée sont égales aux racines du polynôme caractéristique de cette matrice.) Oscillation propre, oscillation qui se produit sous l'effet des forces intérieures au système oscillant, et dont la fréquence est caractéristique de ce système. ● propre (synonymes) adjectif (latin proprius) Qui appartient spécialement à quelqu'un, à quelque chose, qui lui est...
Synonymes :
- privé
- spécial
- spécifique
Contraires :
Qui convient à quelque chose, qui est capable de faire quelque chose
Synonymes :
Contraires :
- inapproprié
Insiste sur la référence précise à la personne, l'appartenance à...
Synonymes :
- même
Contraires :
- d'autrui
- différent
- étranger
Se dit d'un mot qui convient exactement.
Synonymes :
- précis
Contraires :
- imprécis
Logique. Axiome propre
Synonymes :
propre nom masculin Caractère distinctif de quelqu'un, de quelque chose : Le rire est le propre de l'homme. Série des offices spéciaux pour les différentes parties de l'année liturgique, ou particuliers à un pays, à un diocèse, à une congrégation religieuse ; recueil de ces offices. ● propre adjectif (de propre) Qui n'est pas sale, qui est net, sans traces de souillure, sans poussière, etc. : Une chemise propre. Avoir les mains propres. Qui est soigneux, qui entretient les objets, les lieux qui l'entourent. Se dit d'un enfant, d'un animal domestique qui contrôle ses sphincters : À deux ans, il n'était pas encore propre. Qui est soigneusement exécuté, qui est net : C'est une réparation très propre. Qui est honnête, irréprochable moralement : C'est un type propre. Il n'a pas fait grand-chose de propre dans sa vie. Se dit d'une arme nucléaire qui laisse après explosion une radioactivité résiduelle très faible. (Ce résultat est obtenu lorsque les réactions de fusion sont prépondérantes par rapport aux réactions de fission.) Qui ne pollue pas, respecte l'environnement. : Usine, voiture propre.propre nom masculin Familier. C'est du propre !, c'est indécent, honteux. Mettre quelque chose au propre, mettre sous forme définitive ce qui n'était qu'un brouillon. Familier. Sentir (bon) le propre, avoir la bonne odeur de ce qui vient d'être lavé, nettoyé. ● propre (expressions) nom masculin Avoir quelque chose en propre, être seul à le posséder. ● propre (synonymes) nom masculin Caractère distinctif de quelqu'un, de quelque chose
Synonymes :
- particularité
- privilège
- propriété
propre (difficultés) adjectif (de propre) Orthographe On écrit au singulier ou au pluriel en main(s) propre(s). Construction 1. Place de propre. J'ai employé ses propres termes (= les mêmes termes que lui, ceux qu'il a prononcés) ; j'ai employé les termes propres (= les termes qui conviennent, les mots justes, appropriés). J'irai avec ma propre voiture (= celle qui m'appartient) mais j'irai avec ma voiture propre (= que je ferai laver avant mon départ). 2. Propre à = qui convient à, pour ; spécifique de. Des substances propres à soulager les migraines ; les caractéristiques propres à ce véhicule. → propre-à-rien. ● propre (expressions) adjectif (de propre) Familier. Nous voilà propres !, nous voilà dans une situation bien désagréable. ● propre (synonymes) adjectif (de propre) Qui n'est pas sale, qui est net, sans traces de...
Synonymes :
- immaculé
- net
Contraires :
- maculé
- négligé
- poussiéreux
- sali
- souillé
- taché
Qui est soigneux, qui entretient les objets, les lieux qui...
Synonymes :
- méticuleux
- soigné
Contraires :
- crotté
- dégoûtant
Qui est soigneusement exécuté, qui est net
Synonymes :
- soigné
Contraires :
- bâclé
Qui est honnête, irréprochable moralement
Synonymes :
- décent
Contraires :
- malhonnête
- véreux
Familier. Nous voilà propres !
Synonymes :
- frais (familier)
propre (expressions) nom masculin Familier. C'est du propre !, c'est indécent, honteux. Mettre quelque chose au propre, mettre sous forme définitive ce qui n'était qu'un brouillon. Familier. Sentir (bon) le propre, avoir la bonne odeur de ce qui vient d'être lavé, nettoyé.

propre
adj. et n. m.
aA./a adj.
rI./r (Après le nom.)
d1./d Qui appartient exclusivement ou particulièrement à (qqn, qqch); qui caractérise (qqn, qqch). La poésie de Verlaine a son charme propre. Facultés propres à l'homme. Syn. particulier.
|| Sens propre: sens littéral, non modifié d'un terme (par oppos. à sens figuré).
|| LING Nom propre: nom désignant un objet unique, notamment une personne, un lieu, une entité individuelle (ex.: Yann, l'Asie). Les noms propres s'écrivent avec une majuscule.
d2./d Qui convient, correspond parfaitement. Employer le terme propre.
Une eau propre à la consommation. Syn. approprié, adéquat. Ant. impropre.
d3./d (Personnes) Propre à rien: incapable de quoi que ce soit.
|| Subst. Un propre-à-rien. Des propres-à-rien.
rII./r (Après le possessif.) Sert à marquer avec plus de force, d'emphase, le rapport de possession, ou à lever une ambiguïté. Ce sont ses propres termes.
aB./a n. m.
rI./r Le propre de... Caractère particulier qui appartient à un sujet et le distingue. Penser, parler est le propre de l'homme.
rII./r (Plur.) DR Biens d'un conjoint qui ne tombent pas dans la communauté.
rIII/r Loc. adv.
d1./d En propre: en propriété exclusive. Ce qu'elle possède en propre.
d2./d Au propre: au sens propre. Au propre comme au figuré.
————————
propre
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d Net, immaculé, sans taches ni souillures. Avoir les mains propres. Enfiler des vêtements propres.
d2./d Net, soigné, bien ordonné (choses, actions). Un jardin propre. Un travail propre.
d3./d (Personnes) Qui a des habitudes de propreté.
|| (En parlant d'un enfant.) Qui contrôle ses fonctions naturelles. Il ira à l'école quand il sera propre.
d4./d Fig. De moralité incontestable. Des gens propres en affaires. Une intrigue pas très propre. Syn. honnête. Ant. douteux.
rII./r n. m.
d1./d Ce qui est propre. Du linge qui sent le propre.
|| Par antiphrase. C'est du propre!: se dit d'une affaire mal conduite ou malhonnête.
d2./d Copie définitive. Recopier au propre.

I.
⇒PROPRE1, adj. et subst.
I.Adjectif
A. —Qui appartient exclusivement ou en particulier à (une personne ou une chose).
1. [L'adj. est gén. postposé]
a) [En parlant d'une pers., de l'un de ses attributs ou d'une chose rel. à la pers.] Synon. intrinsèque, original, personnel. Beauté, caractère, destinée, énergie, être, grandeur, idée, identité, individualité, langue, oeuvre, perfection, qualité, rythme, tempérament, valeur, vie, volonté propre. La femme apporte sa nature propre, et son rôle reste très spécial, très différent de celui de l'homme (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p.23). Le génie propre de La Fontaine fut sans doute en ceci qu'il était comme absent de lui-même, et sans aucun mélange de sa pensée avec ses actions (ALAIN, Propos, 1921, p.253):
1. N'avoir pas d'intérêt propre en dehors de sa patrie, de son parti, de son idéologie, réduire peu à peu sa vie individuelle jusqu'à ne plus exister qu'en fonction de la chose publique, ce n'est la vocation que d'un très petit nombre d'hommes.
MAURIAC, Journal occup., 1944, p.319.
En partic.
Loc. En main(s) propre(s). V. main 1re Section I D 1 b .
b) [En parlant de caractéristiques d'une collectivité, d'un groupe organisé] Fête, gouvernement, loi propre. Chaque espèce de gouvernement a son caractère propre. Le caractère de la démocratie est une mobilité continuelle (LAMENNAIS, Religion, 1825, p.34). La plèbe se donnait des institutions propres. La dualité de la population romaine devenait de jour en jour plus manifeste (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p.387):
2. ... l'école est une société d'un certain genre, bien distincte de la famille, bien distincte aussi de la société des hommes, et qui a ses conditions propres et son organisation propre, comme aussi son culte et ses passions propres.
ALAIN, Propos, 1925, p.664.
Budget propre, crédits propres. Budget, crédits spécialement affecté(s) à un service. Les unités d'enseignement et de recherche non dotées de la personnalité juridique disposent d'un budget propre intégré dans le budget de l'établissement dont elles font partie (Loi orient. enseign. sup., 1968, p.17).
c) [En parlant de caractéristiques de choses] Le pouce a deux extenseurs propres. Le long (cubito sus-phalangien) (...). Le court (cubito sus-onguien) (CUVIER, Anat. comp., t.1, 1805, p.322). L'arc-en-ciel est un objet matériel, teint de couleurs propres, occupant dans le ciel une place déterminée (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p.10).
d) Empl. techn.
) ASTRON. Mouvement propre à un astre. Mouvement particulier à un astre indépendamment des mouvements réels ou apparents des autres astres ou corps célestes. Les étoiles ont des mouvements propres individuels. Un catalogue d'étoiles fondamentales contient les positions et les mouvements propres (c'est-à-dire les coordonnées équatoriales et leurs variations annuelles) d'un petit nombre d'étoiles brillantes (Hist. gén. sc., t.3, vol. 1, 1961, p.133).
) DR. Biens propres. Biens personnels apportés par la femme ou le mari et n'entrant pas dans la communauté. Corneille avec ses biens propres, ses gratifications, les revenus de ses pièces, menait une vie fort honorable et pourvut sans peine à l'entretien de ses quatre fils et de ses trois filles (BRASILLACH, Corneille, 1938, p.395).
) LINGUISTIQUE
GRAMM. Nom propre (p.oppos. à nom commun). V. nom III. Syntaxiquement, les noms propres présentent des propriétés particulières; ils sont autodéterminés, ce qui entraîne souvent l'absence d'article défini dans l'emploi courant (Jean, Dupont, Paris) ou bien la présence obligatoire du seul article défini (Le Brésil, la France) (Ling. 1972).
SÉM. Sens propre. Sens ou signification qui constitue la propriété fondamentale du mot en se référant à la nature de l'objet auquel le mot s'applique. Synon. sens littéral, p.oppos. à sens figuré, sens dérivé. Expressions qui, passant ensuite d'un sens propre à un sens général, d'un sens physique à un sens moral, causèrent, par leurs équivoques et leurs synonymes, une foule de méprises (VOLNEY, Ruines, 1791, p.240). L'intelligence n'est point faite pour penser l'évolution, au sens propre du mot, c'est-à-dire la continuité d'un changement qui serait mobilité pure (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p.164).
) LITURG. CATH. Préface propre. V. préface B.
) MATH. [En algèbre linéaire et en calcul matriciel] Vecteur propre. On appelle vecteur propre de A un vecteur V non nul dont l'homologue dans l'application linéaire de matrice A est de la forme ; le nombre est appelé valeur propre (ou valeur caractéristique) (J. BOUTELOUP, Calcul matriciel élém., 1978, p.118).
2. [Suivi de la prép. à] Particulier à, spécifique de.
a) Propre à + nom de pers. (ou animal) ou coll. Il n'y a pas qu'un langage propre à une époque. Il y a un langage propre à chaque écrivain de génie (A. FRANCE, Vie littér., 1888, p.253). La suite ne fit que les confirmer en me révélant, en outre, l'éloquence propre à M. Churchill et l'usage qu'il savait en faire (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p.47):
3. ... les espèces, leur origine, leur nombre, leur nature sont des données irréductibles. Les caractères qui leur sont communs ne suppriment pas ceux qui leur sont propres, et les uns ne sont pas plus que les autres explicables par des causes étrangères. Ce sont les formes primitives de l'unité variée, ou de la variété unie.
RENOUVIER, Essais crit. gén., 3e essai, 1864, p.144.
b) Propre à + nom de chose. Pour bien rendre le portrait de M. Granet, il [M. L. Cogniet] a imaginé d'employer la couleur propre aux tableaux de M. Granet, —laquelle est généralement noire, comme chacun sait depuis longtemps (BAUDEL., Salon, 1846, p.163). Un de ces escaliers naturels propres aux falaises de granit, dont les marches peu commodes exigent quelquefois des enjambées de géants ou des sauts de clowns (HUGO, Travaill. mer, 1866, p.174).
3. [Avec une valeur affaiblie, précédé de]
a) [un adj. poss., avec effet de redondance, pour renforcer l'idée de possession; propre est antéposé]
) [L'adj. propre peut être supprimé] Elle prit soin d'elle comme de sa propre fille (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.1, 1821-24, p.304). Chaque rédacteur ne lisait que ses propres articles, et le public n'en lisait aucun (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p.683). Voici ce que j'ai entendu de mes propres oreilles et vu de ma propre vue (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p.146):
4. Un autre signe caractéristique du généralat de Napoléon, c'est l'habileté, l'énergie, la pureté de son administration; sa haine constante pour les dilapidations, le mépris absolu de ses propres intérêts.
LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.105.
SYNT. et LOC. (Ma, mon...) propre chair, famille, fils, maison; (mon, mes...) propre(s) bien(s); (mon, mes...) propre(s) enfant(s); (ma, mon, mes...) propre bouche, coeur, main, yeux; (ma, mon, mes...) propre bonheur, expérience, génie, idée(s), intérêt(s), pensée(s), sentiment(s); travailler pour son propre compte; se prendre à (être pris à) son propre jeu; être entraîné par son propre poids.
[Dans une phrase répétitive] J'avais vu Larsan, de mes propres yeux, oui, oui, de mes propres yeux vu (G. LEROUX, Parfum, 1908, p.31). Mordre dans mon coeur, mon propre coeur, le coeur, ce fruit rouge de ma vie (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p.236).
Ce sont ses propres mots (termes, paroles). Ce sont les mots qu'il (elle) a prononcés exactement. Synon. textuel. Mais oui, Honoré, mais oui! Ce sont les propres mots que tu as dits tout à l'heure. Tu as dit: «Je m'en fous complètement» (PAGNOL, Fanny, 1932, I, 1er tabl., 9, p.33).
) [L'adj. propre ne peut être supprimé] De ma (ta, sa...) propre autorité (v. autorité A 1 c); de ma (ta, sa...) propre initiative; de son propre mouvement; de son propre aveu; se laisser prendre à son propre piège. Le malade a choisi infirmière et médecin, il a donc fait un acte essentiellement personnel, individuel, il n'a agi que de sa propre autorité et sous sa seule responsabilité (BIOT, Pol. santé publ., 1933, p.11). Je partirai très loin... Je m'en irai tout seul... par mes propres moyens!... Tu verras! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.408).
Voler de ses propres ailes. V. aile III B 1 c.
b) [un pron. poss., propre est postposé] Il se promet d'aimer l'enfant comme il aimerait le sien propre (GIDE, Faux-monn., 1925, p.1201).
4. [Avec une valeur adv.] Fam. Synon. proprement. Le vrai bout [de la route], hé Madame, ça doit être une chose qu'on peut vous dire à vous, à parler propre, c'est la mort (GIONO, Bout route, 1937, I, 3, p.28).
B. —[En parlant des choses] Qui convient particulièrement à.
1. [Sans compl.] Synon. approprié, adéquat. Moyen(s) propre(s); remède(s) propre(s).
Employer le mot, le terme propre. Employer le mot qui convient à l'usage ou à l'expression de l'idée que l'on veut développer. Synon. juste; anton. impropre. Ne vaut-il pas mieux:clouant les gueules du canon, ou fermant les gueules, ou étouffant les voix du canon? Mais gueule est le mot propre, et le mot propre est toujours le plus fort (LAMART., Corresp., 1830, p.74).
En propres termes. Dans un langage approprié. N'ayez pas peur, dit mon père, ce genre de moteur s'appelle, en propres termes, moteur à explosions. S'il pète, c'est qu'il va marcher (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p.84).
2. Propre à. Adapté à un certain usage.
a) Propre à + subst. C'est de la Louisiane qu'ils [les Espagnols] tirent les bois propres à la construction (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p.220). Six cents hectares de terre, dont une moitié labourable, et l'autre propre à la culture de la vigne et de l'olivier (THARAUD, An prochain, 1924, p.244).
Propre pour (vieilli). Cette toile, qui réunit la souplesse et la solidité des nôtres, est très-propre pour les voiles de leurs pirogues (Voy. La Pérouse, t.3, 1797, p.229).
Rendre propre à. Rendre une chose apte à un usage précis. Pour faire du chocolat, c'est-à-dire pour le rendre propre à la consommation immédiate, on en prend environ une once et demie pour une tasse (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p.121).
b) Propre à + inf.
[En parlant d'une chose concr.] Apte à, bon(ne) pour. Un couteau propre à couper une tête d'homme (NODIER, J. Sbogar, 1818, p.87). Outil propre à percer le bois (NOSBAN, Manuel menuisier, t.2, 1857, p.270). Eau (...) propre à être bue (CLAUDEL, Cantate, 1913, p.338).
[En parlant de choses abstr.] Les humanités classiques sont-elles seules propres à former l'élite directrice d'un pays moderne? (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p.250). Je cherchais des sujets de conversation propres à la distraire (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p.146):
5. Parmi les conditions que Bismarck avait posées, il en était une qui était grave (...). Il avait exigé pour les troupes allemandes une entrée solennelle dans Paris. Rien n'était plus propre à surexciter les Parisiens, après les souffrances et l'énervement du siège...
BAINVILLE, Hist. Fr., t.2, 1924, p.223.
[L'inf. qui suit n'a pas pour suj. le subst. qualifié par propre] Je vis beaucoup d'ombrages (...) et (...) un rempart de montagnes toujours couvertes de neiges. J'en conclus que c'était là un lieu très propre à passer le mois d'août (COURIER, Lettres Fr. et Ital., 1809, p.797).
C. —[En parlant d'une pers.] Apte à, fait pour.
1. Propre à + subst. L'oisif studieux sait qu'il vieillit, mais le sent peu; il est toujours également propre à ses études (JOUBERT, Pensées, t.1, 1824, p.218). Il me faut faire cent choses auxquelles je ne suis guère propre (MÉRIMÉE, Lettres Antiq. Ouest, 1870, p.208):
6. [La duchesse Josiane à Barkilphedro]: —Ne rien faire. C'est en effet la place qu'il te faut. Tu es bon à cela. —Vous voyez que je suis propre à quelque chose. —Ah çà! tu bouffonnes.
HUGO, Homme qui rit, t.2, 1869, p.18.
En partic. Propre à rien. Qui n'est bon à rien (v. propre(-)à(-)rien). Maman, elle se demandait tout de même, si ça se voyait pas sur mon nez, que j'étais (...) un garnement propre à rien (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.186).
Proverbes. Bon à tout, propre à rien; qui est bon (propre) à tout n'est propre (bon) à rien. Le comte Maxime de Trailles est un être singulier, bon à tout et propre à rien (BALZAC, Gobseck, 1830, p.406).
2. Propre à + inf. Il était plus propre à porter l'épée qu'à bêcher la terre (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t.4, 1859, p.107). Un homme peu propre à donner de la douceur et des manières à M. votre fils (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p.144).
II.Substantif
A. —Ce qui appartient exclusivement ou en particulier (à). Le propre de
1. Le propre de + subst. désignant un ou plusieurs animés. Ce qui caractérise exclusivement ou principalement un être vivant, une personne, un groupe de personnes ou une espèce et permet de la (le) distinguer d'un(e) autre. Le propre de l'adolescence est (...) la force illimitée, et l'ardeur sans bornes (AMIEL, Journal, 1866, p.221). Cette étonnante économie des moyens de l'art qui est le propre de Racine (VALÉRY, Variété IV, 1938, p.42):
7. Il y a une belle vengeance dans le rire, contre le respect qui n'était pas dû. C'est le plus bel accord du jugement et de la vie. Rien ne réconcilie mieux l'esprit et le corps; car, dans les mouvements du sublime, le corps est toujours timide un peu. C'est pourquoi il est profondément vrai que le rire est le propre de l'homme, car l'esprit s'y délivre des apparences.
ALAIN, Beaux-arts, 1920, p.156.
2. Le propre de + inanimé
a) abstr. C'est le propre du génie de découvrir les rapports lointains des choses, et d'opérer une synthèse plus simple (...) avec plus d'éléments disséminés (BLONDEL, Action, 1893, p.236):
8. ... c'est le propre de l'éducation de développer les facultés, le propre de l'esclavage c'est de les étouffer; c'est le propre de l'éducation de diriger les facultés développées vers l'utilité sociale, le propre de l'esclavage est de rendre l'esclave ennemi de la société.
LACLOS, Éduc. femmes, 1803, p.429.
b) concr. Propriété exclusive ou particulière d'une chose. Le propre du poumon est de constituer une masse spongieuse particulière, composée de cellules plus ou moins nombreuses (LAMARCK, Philos. zool., t.1, 1809, p.168).
B.Empl. techn.
1. DR., gén. au plur. Biens qu'un des deux époux possède à titre personnel avant le mariage ou qu'il a acquis par succession ou donation pendant le mariage et qui ne font pas partie des acquets (v. supra I A 1 d ). Aujourd'hui, qu'est-ce que la banque quand on la commence? C'est la licence de se ruiner. Une femme qui se couche millionnaire peut se réveiller réduite à ses propres (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p.96).
[Au Moy. Âge] ,,Domaines héréditaires appartenant en toute propriété et sans bien de vassalité, à un maître de la terre`` (FÉN. 1970). Des privilèges particuliers se trouvant attachés aux concessions du prince, les leudes imaginèrent de changer leurs propres ou leurs alleux en bénéfice, c'est-à-dire, de donner leur propriété au roi, pour la recevoir ensuite de sa main (CHATEAUBR., Disc. et opin., 1826, pp.37-38).
2. LING. Le propre. Le sens propre.
Au propre. Au sens propre. Anton. au figuré. Nous avons le coeur faible, dans notre famille. (Je parle au propre, naturellement) (ARLAND, Ordre, 1929, p.57). Le Figaro devait perdre, au propre et au figuré, de nombreuses plumes dans l'affaire Dreyfus (L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p.22).
3. LITURG. CATH. Le propre. Ensemble des offices spécifiques au temps de l'année liturgique où l'on se trouve (propre du temps), aux fêtes des saints (propre des Saints) ou au calendrier particulier à un lieu (propre d'un lieu, d'un diocèse), p.oppos. à l'ordinaire et le commun. Nous possédons aussi un propre des saints spécial; nous célébrons la commémoration de bienheureux de notre ordre qui ne figurent pas dans vos livres (HUYSMANS, En route, t.2, 1895, p.131). L'allégresse ou la douleur (...) sont, en somme, les deux sujets dont traitent les services de l'Église, selon le propre du temps (HUYSMANS, Oblat, t.2, 1903, p.40).
4. PHILOS. SCOLAST. Qualité de ce qui appartient à une espèce définie, mais qui n'est un trait ni essentiel, ni permanent; il se distingue ainsi du genre, de l'espèce, de la différence et de l'accident qui constituent avec lui les cinq universaux. L'énumération des propres et des accidents ne constitue pas une définition, dans le vrai sens du mot, mais une description; en sorte que les individus peuvent être décrits, mais non définis (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p.339).
C.Loc. adv. En propre. À titre personnel. Appartenir, avoir, posséder (qqc.) en propre
1. [La possession est d'ordre matériel] Vous avez un oncle puissant et riche; vous possédez en propre une fortune considérable (...) vous ferez un beau mariage (MÉRIMÉE, Théâtre Cl. Gazul, 1825, p.33). Le bois de la Gélise était le dernier lopin qui appartînt en propre à tante Sophie (VOGÜÉ, Morts, 1899, p.96).
2. [La possession est d'ordre intellectuel ou moral] Comme il n'a point d'idées en propre, il s'arrange de celles des autres (MARAT, Pamphlets, Charlatans mod., 1791, p.291). Je fis le bilan très-clair de mon savoir (...) et de mes dons (...) je pesai ce qui appartenait à tout le monde et le peu que j'avais en propre (FROMENTIN, Dominique, 1863, p.248).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694.
II.
⇒PROPRE2, adj.
[L'adj. est toujours post-posé]
A. —Qui est bien lavé, bien tenu.
1. [En parlant d'une pers.] Qui a fait une toilette minutieuse, dont l'aspect extérieur est soigné, net. Synon. convenable; anton. sale, négligé. Son salaire (...) lui permettait (...) de tenir ses petits frères plus propres et mieux vêtus et de les envoyer à l'école (LAMART., Confid., Graziella, 1849, p.222). Il se négligeait, lui qui était toujours propre sur soi comme un marin (POURRAT, Gaspard, 1930, p.228):
1. De partout, on voyait sortir les matelots, bien propres dans leur tenue des dimanches, s'époussetant d'une main empressée, s'arrangeant les uns aux autres leur grand col bleu, et vite, d'un pas alerte, gagnant les portes, s'élançant dans Brest.
LOTI, Mon frère Yves, 1883, p.261.
[En parlant d'une pers. ou d'un animal] Qui a des habitudes de propreté naturelles ou instinctives; en partic., qui tient sa maison avec beaucoup de soin. Une bête si propre [la chatte], délicate au point de ne pas sortir par un temps humide, et qui se vautrait quatre fois l'an dans la boue de tous les ruisseaux (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p.1119). Êtes-vous très propre?... Moi, je suis exigeante sur la propreté... Je passe sur bien des choses... Mais sur la propreté, je suis intraitable (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.28).
[En parlant d'une partie du corps] Qui est bien lavé, bien entretenu. Avoir les mains (les pieds) (bien, très) propres. Le visage brun et ridé, sous des cheveux blancs très propres (CAMUS, Peste, 1947, p.1383).
En partic. [En parlant d'un jeune enfant] Qui a acquis le contrôle de ses fonctions naturelles. Un enfant propre avant ce stade [la marche] ne l'est que par réflexe conditionné (Lar. Méd. t.3 1972).
2. [En parlant d'un vêtement, d'une pièce de linge ou de vaisselle] Qui a subi un nettoyage rigoureux, qui ne présente aucune tache ou trace de poussière. Assiette, mouchoir, pyjama, veste, vêtement propre. Il la respira toute, elle et son parfum de beurre frais, de petite très bien lavée, en linge propre et tiède encore du repassage (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.282). Sa chemise était propre, mais pas repassée, avec un col qui, n'étant pas un «col tenant», ne tenait pas (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.187):
2. Un interne disait que dans les hôpitaux, pour les malades misérables, le bain, la chemise blanche, les draps propres, le seul passage de la saleté à la propreté amenait une amélioration médicalement constatée.
GONCOURT, Journal, 1872, p.864.
P. ext. Convenable, correct. Une paire de gants: cinq francs. Une cravate: cinq francs (et qu'est-ce que je trouverai de propre pour ce prix-là?) (GIDE, Caves, 1914, p.725).
Empl. subst. (p.ell. du subst.). Le propre. Ce qui est propre. Séparer le propre du sale.
3. [En parlant d'un lieu] Qui est bien tenu, rangé, nettoyé rigoureusement. Synon. soigné, entretenu. Pièce, rue propre. [Valladolid] est une ville propre, calme, élégante, et se ressentant déjà des approches de l'Orient (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p.62). Le jardin très propre, avec ses petites allées, ses carrés de fleurs et de légumes entourés de buis, se reflétait dans une grosse boule de verre étamé (ZOLA, L'OEuvre, 1886, p.348):
3. La blonde du 36 m'a encore fichu des cochonneries dans le trou, grogne-t-elle. Jamais, elle n'aura le courage de descendre ses ordures aux poubelles, celle-là! Tant qu'on aura des ménages au troisième, on ne tiendra jamais la maison propre.
DABIT, Hôtel Nord, 1929, p.118.
Empl. subst. à valeur de coll. La propreté, tout ce qui est propre. Comment la vieille s'y était-elle prise pour avoir tout remis en ordre, tout lavé, après les allées et venues de ces messieurs? La maison sentait le propre, le savon (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p.128).
4. P. anal.
a) Ciel propre. Ciel clair, net, débarrassé de tout nuage. Il y avait du bel air dans cette matinée: un air jaune tout doré, à moitié chaud, à moitié froid (...) le ciel était bien propre (GIONO, Gd troupeau, 1931, p.127).
b) Travail propre
Travail fait correctement. Synon. soigné. (Dict. XIXe et XXes.).
P. méton. Travail qui permet de rester propre (Dict. XIXe et XXes.).
Au fig. Travail net, sans bavure, qui ne laisse pas de traces ou de preuves compromettantes. Assassin perfide et tenace! Oh! Rien à dire, c'est du travail très propre. Pas de sang versé, rien de compromettant (MONTHERL., J. filles, 1936, p.1024).
5. Locutions
a) Propre comme un sou (neuf)
[En parlant d'une pers. ou de sa toilette] Bravida (...) un tout petit homme, propre comme un sou (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p.133).
[En parlant d'un lieu] Ni dans le laboratoire, ni dans le vestibule qu'étaient propres comme un sou neuf, on n'a retrouvé ses pas (G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p.31).
Var. Propre comme un louis neuf (ABOUT, Nez notaire, 1862, p.9). Propre comme un ducat neuf (BALZAC, Gobseck, 1830, p.396).
b) Empl. subst. Mettre, recopier au propre. Recopier d'une manière soignée un texte dans sa version définitive. Je prépare longuement le discours où j'intercale à propos quelques citations latines. Sans fausse modestie, j'en suis satisfait. Je le recopie au propre sur une grande feuille de papier (RENARD, Poil Carotte, 1894, p.166).
6. Empl. techn. mod.
a) PHYS. NUCL. Énergie propre; bombe propre. Dont les retombées radio-actives sont faibles. On trouvera bientôt une source d'énergie «propre» (au sens nucléaire du mot, c'est-à-dire ne laissant pas traîner de résidus radioactifs (...)) (J.-M. PÉRÈS, Vie océan, 1966, p.183).
b) TECHNOL. Non polluant. Automobile, industrie, moteur propre. L'usine propre analyse ses procédés de fabrication, traque le gaspillage, observe son environnement (Le Monde, 20 déc. 1975 ds GILB. 1980).
B.Au fig.
1. [En parlant d'une chose] Convenable, conforme aux règles de la morale ou de la bienséance. C'est drôle, murmura-t-elle enfin, j'ai certainement vu cette tête-là quelque part. Où? je ne sais plus. Mais ça ne devait pas être dans un endroit propre (ZOLA, Nana, 1880, p.1299).
2. [En parlant d'une pers.] Qui jouit d'une bonne réputation, dont la conduite est irréprochable. Synon. intègre, honnête, probe. Agir en homme propre. Ah! que les gens nés légitimement, les gens à la vie pure, au passé sans tache, les gens propres, respectables, dont il n'y a rien à dire depuis la naissance, ne rencontrent jamais cette fortune! (GONCOURT, Journal, 1874, p.965). L'homme marié était tabou, une femme propre ne couche pas avec un homme marié (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.163).
[En parlant d'un acte ou de paroles] Comme il avait une si drôle de tête et qu'on me rapportait des choses pas propres, je mettais davantage mon nez dans ses registres, j'épluchais ses écritures (ZOLA, Cap. Burle, 1883, p.12).
Loc. Avoir, garder les mains propres. Rester pur et honnête en toutes circonstances ou dans une circonstance particulière. Ils n'étaient pas [les nobles], en principe, hostiles aux bourgeois, fussent-ils républicains, pourvu qu'ils eussent les mains propres et allassent à la messe (PROUST, Guermantes 1, 1920, p.100).
C.P. antiphr. et iron.
1. [P. antiphr. du sens propre, en parlant d'une pers., d'un animal, d'une tenue, d'un intérieur, d'un objet, pour exprimer le contraire] Synon. sale, malpropre, mal tenu. En le voyant si minable, si fini, elle éprouva un dernier apitoiement. —Eh bien! Tu es propre, mon pauvre chien! (ZOLA, Nana, 1880, p.1283).
2. [P. antiphr. du sens fig.] Le premier goujat venu pouvait les insulter? Merci, il était propre, lui aussi; c'était complet (ZOLA, Nana, 1880, p.1252).
3. Expr. fam.
a) Me (te, nous...) voilà propre(s), on est propre(s). Être dans une situation difficile et embarrassante. Synon. être frais, dans de beaux draps. Va te faire fiche, on est propre! Si les hommes savaient, on serait perdue avant qu'ils ne croient que c'est possible! (HUYSMANS, Soeurs Vatard, 1879, p.156):
4. Ne t'ai-je pas assez prévenue? Qu'elles nous foutront sur la paille! Toutes tes ouvrières!... Ah! Suppose que moi, tiens, je fasse seulement le quart d'une erreur à la «coccinelle»!... Ah! Je me vois propre au bureau! L'hypothèse était si horrible qu'il se sentait déjà perdu!...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.155.
Arg. Être bon pour la prison. Si on m'entoile, y a pas d'erreur, je suis propre (BRUANT 1901, p.131).
b) Empl. subst. C'est du propre !
[P. antiphr. du sens propre] De fameux galopins! Tenez, regardez Giraudat. Il a mis les oisillons dans sa chemise. Ils ont fait là-dedans ce qu'ils ont voulu. C'est du propre! (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p.189).
[P. antiphr. du sens fig.] C'est une chose inadmissible, qui mérite réprobation. Synon. c'est du beau, c'est du joli! Ah! c'est du joli! c'est du propre! Toi, la fille d'un roi! Donnez-vous du mal, donnez-vous du mal pour les élever! Elles sont toutes les mêmes (ANOUILH, Antig., 1946, p.140).
Prononc. et Orth. V. propre1. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. a) 1130 «qui appartient à quelqu'un» (Lois de Guillaume, éd. J. E. Matzke, § 17: en soun propre chastel); b) 1155 (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 79: Silvius fu si propre nuns); c) 1549 nom propre (EST.); 2. ca 1265 «qui convient» (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F. J. Carmody, III, 44, p.355: mos propres, biaus et acoustumés); 3. a) ca 1280 «net, soigné» (Clef d'amour, 322 ds T.-L.), att. seulement épisodiquement jusqu'au XVIIes.; b) 1640 «bien lavé, bien entretenu» (OUDIN: propre comme une escuelle à chat); 4. ca 1280 marque expressément qu'il s'agit bien de la chose en question (Clef d'amour, 867); 5. a) 1370 «qui est apte à, capable de» (ORESME, Ethiques, I, 3, note 5, éd. A. D. Menut, t.1, p.107: propre auditeur de politiques); b) ca 1485 propre à, propre pour (Mist. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 48486, 11892). B. Subst. 1. a) 1213 «bien propre» (Faits des Romains, éd. L.-F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, 728, 27); b) ca 1350 vivre sans propre «vivre sans rien posséder» (GILLES LE MUISIT, Poésies, I, 143 ds T.-L.); 2. 1534 «caractère essentiel de (quelqu'un, quelque chose)» (RABELAIS, Gargantua, Aux lecteurs, éd. M.-A. Screech, p.7: Pource que rire est le propre de l'homme); 3. 1718 relig. Propre des Saints (Ac.); 4. 1791 p.antiphr. ce sera du propre! (Le Véritable P. Duchesne, Conseil pacifique du Père Duchesne, p.4 ds QUEM. DDL t.19). Empr. au lat. proprius «qui appartient en propre» et «spécial, caractéristique»; le sens 3 est une ext. du fr., prob. à partir du sens de «qui convient bien, convenable», et se répand au XVIIes. parallèlement à malpropre (v. FEW t.9, p.458 et p.461, note 7).
STAT.Propre1 et 2. Fréq. abs. littér.:20570. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 30657, b) 22537; XXes.: a) 21642, b) 36234.
BBG. —CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p.583. — GRUNDT (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p.228, 236. — LALANDE (J.-N.). Ét. lexico-sém. du mot propriété ds les principaux dict. ... Grammatica. 1979, n° 7, pp.19-20; p.27. — QUEM. DDL t.18, 19.

propre [pʀɔpʀ] adj. et n. m.
ÉTYM. 1090; lat. proprius.
———
I Adj.
A Correspondant à propriété.
1 (Après le nom, épithète). Qui appartient d'une manière exclusive ou particulière (supra cit. 2) à une personne ou à une chose, un groupe. Distinctif, exclusif, individuel, intrinsèque, personnel. || Avoir des qualités propres. || Qualité propre, personnelle, par laquelle le grand artiste se distingue (cit. 27) des autres. || Les fluides (cit. 13) n'ont pas de forme propre mais prennent celle de leur contenant. || Remettre des papiers en mains propres à leur destinataire (cit. 1).Astron. || Mouvement propre d'un astre, d'une étoile, son déplacement angulaire, indépendamment des mouvements de la Terre et de l'aberration astronomique.Nom propre (opposé à nom commun, ainsi qu'aux autres mots de la langue). || Jean, Paris, les Français sont des noms propres. || Les noms propres prennent une majuscule en français. || Pluriel (infra cit. 3) des noms propres (→ aussi Exploitation, cit. 8; extrêmement, cit. 5; personne, cit. 37). || Noms communs issus de noms propres. || Description d'un nom propre. || Dictionnaire de noms propres.Sens propre : sens d'un mot considéré comme antérieur aux autres (logiquement ou historiquement). Littéral. || Distinction du sens propre et de la métaphore (cit. 4). || Au sens figuré (cit. 13) comme au sens propre. || Le sens propre de motif (cit. 9). || Insignifiant (cit. 3) au sens propre du mot.Subst. → ci-dessous, II., 5.
1 La marque d'une expression propre est que, même dans les équivoques, on ne puisse lui donner qu'un sens.
Vauvenargues, Réflexions et Maximes, 375.
2 Je savais bien que ce nom de Chavegrand me disait quelque chose. Et dieu sait que je n'ai pas, autant que mon mari, la mémoire des noms propres.
G. Duhamel, Salavin, VI, I.
Philos. « Qui appartient à un sujet donné, individu ou espèce, et à lui seul (sans distinction de ce qui est essentiel et de ce qui est accidentel) » (Lalande).Essentiel; et ci-dessous, II., infra cit. 41.
Qui est possédé en toute propriété (opposé à commun). || Biens propres, dans le régime de la communauté (→ Paraphernal, cit.).
Psychol., psychan. || Le corps propre (au sujet). Corps, cit. 25.1 et supra.
2 (1562). || Propre à (suivi d'un nom; épithète ou attribut). Particulier. || Attribut, caractère propre à une chose, une personne, un ensemble. Spécial, spécifique. || Traits propres à certains individus. Idiosyncrasie (→ Hérédité, cit. 12). || L'enfance (cit. 9) a des manières de sentir qui lui sont propres (→ aussi Apporter, cit. 23).
3 Pour faire donc l'histoire de l'animal, il faut d'abord reconnaître avec exactitude l'ordre général des rapports qui lui sont propres; et distinguer ensuite les rapports qui lui sont communs avec les végétaux et les minéraux.
Buffon, Hist. nat. des animaux, Compar. anim. et végét., I.
4 (…) il est absurde de vouloir ramener les sentiments à des formules identiques; en se produisant chez chaque homme, ils se combinent avec les éléments qui lui sont propres, et prennent sa physionomie.
Balzac, la Vieille Fille, Pl., t. IV, p. 317.
3 Dans un sens affaibli, employé avec un possessif qu'il renforce (→ À moi, à toi, à lui, etc.), épithète, généralement placé avant le nom, et toujours après le pronom possessif. || Je l'ai vu de mes propres yeux (→ Appeler, cit. 40). || Ridicule à ses propres yeux (→ Attaquer, cit. 25). || De ses propres mains (→ Entrailles, cit. 3). || Leur propre vie (→ Aimer, cit. 63). || Ma propre image (cit. 4). || Dans son propre lit (→ Nourrisson, cit. 1). || De ses propres deniers (→ Friandise, cit. 3). || Battu sur son propre terrain. || Pour son propre compte (→ Humeur, cit. 56). || Par ses propres moyens (→ Exclure, cit. 20). || Dans leur propre intérêt (→ Neutralité, cit. 5). || De leur propre autorité (cit. 31). || De sa propre initiative (→ Carence, cit. 2).
De son propre chef.De son propre cru. || Par sa propre faute (→ Attribuer, cit. 15). || Aux yeux d'autrui (cit. 24) et aux siens propres. || Je m'intéresse à ses enfants autant qu'aux miens propres (→ Famille, cit. 7).Remettre un objet à qqn en mains propres.
5 Voici ce que j'ai entendu de mes propres oreilles et vu de ma propre vue.
France, le Petit Pierre, XIX.
Par ext. De soi, pour soi, envers soi. || Être son propre maître, son propre juge. || Jouir de sa propre estime (cit. 12). || Le propre amour (vx), l'amour propre : l'amour de soi. Amour-propre.
6 (…) pour être le maître de l'enfant, il faut être assez son propre maître.
Rousseau, Émile, II.
(Exprimant l'appartenance et placé devant le nom présenté comme étant l'être, la chose en question). Lui-même, elle-même (chose, personne). || Il vint habiter la propre maison de son rival. || Ce sont ses propres mots (→ Pièce, cit. 3) : c'est exactement ce qu'il a dit, écrit. Textuel.Vx. (Exprimant d'autres rapports que l'appartenance). || C'est le propre jour où il est parti.
7 Oserais-je demander encore cette grâce à Votre Majesté le propre jour de la grande résurrection de Tartuffe (…)
Molière, Tartuffe, 3e placet.
8 Sa maison de Paris se trouvait située tout en haut du faubourg Saint-Marceau. Par une coïncidence assez bizarre, c'était la propre maison de Pierre Ronsard (…)
Th. Gautier, les Grotesques, VII, p. 215 (Guillaume Colletet).
9 C'est alors que tu t'es approché de l'agent et que tu lui as dit d'un air sévère : « Vous ne savez pas à qui vous avez affaire. Ce jeune homme est le propre fils de M. Clemenceau. »
G. Duhamel, Salavin, V, III.
4 (1538). Après le nom. Qui convient particulièrement. (Choses). Approprié, convenable. || Le mot propre, qui convient pour exprimer qqch. Exact, juste (→ Corriger, cit. 7). || « Horreur » (cit. 12) est le mot propre. || Le don du mot propre (→ Expression, cit. 11).(Par jeu de mots). || « Il appelait allégrement toutes choses par le mot propre ou malpropre… » (→ Grossièreté, cit. 10, Hugo).
10 (…) le mot propre, ce rustre,
N'était que caporal, je l'ai fait colonel (…)
Hugo, les Contemplations, I, VII.
11 (…) tout mot propre est banni de la poésie; quand on en rencontre un, il faut l'esquiver ou le remplacer par une périphrase.
Taine, les Origines de la France contemporaine, I, t. I, p. 296.
Propre à…, pour… (vieilli), suivi d'un nom. a Qui est fait pour…, est propice à…, convient à… (pour). || Obscurité propre au recueillement (→ Enténébrer, cit. 1). || Les usages auxquels ils sont propres (→ Nature, cit. 59). || L'objet est peu propre à cet usage. Adapté. || Composition frivole, propre au boudoir d'une petite maîtresse (→ Petit, cit. 30). || Il n'y a pas de doctrine plus propre à l'homme (→ Capacité, cit. 2). || Rendre propre à qqch. : faire servir à un but. Approprier. || Mal propre à… (vx) : qui ne convient pas à… (cf. Corneille, Rodogune, v. 695).
12 (Nos parents) sont en état de se tromper bien moins que nous, et de voir beaucoup mieux ce qui nous est propre (…)
Molière, l'Avare, I, 2.
13 Ains a péri : la voyelle qui le commence, et si propre pour l'élision, n'a pu le sauver (…)
La Bruyère, les Caractères, XIV, 73.
14 C'est un lieu vide et désaffecté, mélancolique en son abandon, un lieu propre à la rêverie et aux rendez-vous (…)
Émile Henriot, le Diable à l'hôtel, XI.
(Suivi d'un verbe à l'infinitif ayant pour sujet le nom qualifié par propre). || Discipline propre à former (cit. 25) des hommes. Nature (de nature à). || Les moyens (→ 2. Moyen, cit. 5) propres à le dompter. || Voix propre à remuer les cœurs (→ Onction, cit. 4). || Des effets propres à faire valoir l'exécutant (cit. 1). || Vices plus propres à rebuter qu'à séduire (→ Apprêt, cit. 9). || Rien n'était plus propre à me toucher (→ Contenir, cit. 18).
15 (…) me dire (…) ce que vous croyez le plus propre à soulager ma fille.
Molière, l'Amour médecin, II, 5.
16 (…) les voies les plus propres pour extirper entièrement cette hérésie (…)
Racine, Port-Royal, II.
Vx. Suivi d'un verbe à l'infinitif dont le sujet n'est pas le nom qualifié par propre. || Un lieu propre à dormir (→ Ajuster, cit. 18). || Les vertus propres à commander (→ Apprentissage, cit. 14).
b Vieilli. Qui est apte, par sa personnalité, ses capacités, ses connaissances. Apte, capable, fait (pour), habile (à), idoine (vx).(Suivi d'un nom). || Éducation qui rend propre à toutes les conditions (cit. 15). || Un garçon hardi et propre à la guerre (→ Pente, cit. 3). || Vous n'êtes pas propre à la solitude (→ Démon, cit. 26). || « On pense à moi pour une place, mais par malheur j'y étais propre » (→ Calculateur, cit. 1, Beaumarchais). — ☑ Loc. prov. Qui est propre à tout n'est propre à rien : il faut avoir une spécialité pour faire du bon travail.
17 Moi, je suis propre à tout et bon à rien, paresseux comme un homard ?… eh ! bien, j'arriverai à tout.
Balzac, la Peau de chagrin, Pl., t. IX, p. 98.
18 Propre à tout pour les autres, bon à rien pour moi : me voilà.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, p. 169.
N. Propre à rien (aussi écrit avec des traits d'union; → Morveux, cit. 5) : personne qui ne sait ou ne veut rien faire, qui ne peut se rendre utile. Bon (à rien), fainéant, maladroit (→ 1. Foutre, cit. 3). || Propre à rien ! gâcheur (cit. 2) de besogne ! || Elle la traita de propre à rien (→ Licheur, cit. 2). || Des propres à rien, des propres-à-rien [pʀɔpʀaʀjɛ̃].
19 Elle le traitait de propre à rien, parce qu'il gagnait de l'argent sans rien faire, de sapas1, parce qu'il mangeait et buvait comme dix hommes ordinaires (…)
Maupassant, Toine, I.
1. Mot dialectal (Normandie) : « homme glouton, goinfre ».
20 La femme, entre nous, m'a tout l'air d'une propre à rien, d'une Marie-couche-toi-là. Je la crois capable d'élever un enfant comme moi de jouer de la guitare.
France, le Crime de S. Bonnard, I, Œ., t. II, p. 274.
(Suivi d'un infinitif). || Être propre à remplir son emploi (→ Épice, cit. 6). || Coquette propre à porter son amant à faire des dettes (→ Joli, cit. 16). || Il n'est propre qu'à brouiller ceux qui l'ont fait arbitre (1. Arbitre, cit. 2).Vx. || Je suis mal propre à décider la chose (→ Dispenser, cit. 14).
21 (…) je suis bien plus propre qu'un autre à sentir vos peines !
Mme de Sévigné, 797, 5 avril 1680.
22 (…) je me sens mal propre à bien exécuter ce que vous souhaitez de moi.
Molière, les Amants magnifiques, I, 2.
5 Math. || Sous-groupe propre, vecteur propre, valeur propre, direction propre.Astron. || Mouvement propre d'un astre (opposé à apparent).
B (Correspondant à propreté).
1 (1280). Vx. Qui est net et bien arrangé. Soigné, tenu (bien). || Il est toujours fort propre dans ses habits, dans ses meubles, dans son équipage (Académie, 1694).Spécialt. Vx. Élégant. || Il est propre sans affectation (Académie, 1694).
23 (…) l'habit est propre et riche, et il fera du bruit ici.
Molière, Monsieur de Pourceaugnac, I, 3.
Mod. Qui a l'aspect convenable, net. || Avoir les ongles nets, c'est plus propre. || Se présenter dans une tenue propre. Décent.REM. Cet emploi, encore vivant au XIXe s., risquerait d'être ambigu en français contemporain.
23.1 Elle venait de se lever, et déjà ses cheveux, lissés, collés et comme vernis, lui descendaient en petits bandeaux plats sur les tempes. Cela la rendait très propre.
Zola, le Ventre de Paris, t. I, p. 57.
Une copie propre, nette, définitive.N. m.Mettre, recopier un brouillon au propre, au net. (Opposé à au brouillon). || Il rédige directement au propre.C'est ton propre ?, la copie propre, définitive.
Fait convenablement. || Voilà du travail propre. || Pianiste qui a un jeu propre. Correct.Adv. || Ce trompettiste joue propre, avec correction, netteté, clarté.Vx. Très bien fait.
24 (…) un petit dîner aussi bon, aussi délicat, aussi propre qu'il est possible (…)
Mme de Sévigné, 956, 7 mars 1685.
2 (1640). Qui n'a aucune trace d'ordure, de crasse, de poussière, de souillure. Net. || Maison, appartement propre (→ Orner, cit. 6). || Hôtel modeste mais propre. || Tout était propre et net (→ Luisant, cit. 4). || Rendre une capitale plus propre et plus saine (→ Embellissement, cit.). || Tenez cet endroit propre. || On est prié de laisser cet endroit aussi propre qu'on l'a trouvé (formule de recommandation dans des cabinets publics). || Ruisseau dont l'eau est propre. Clair. || Vaisselle, verres (→ Couvert, cit. 14), godets (cit. 3) propres. || Draps bien propres. Blanc, immaculé. || Pansements propres (→ Après, cit. 27). || Linge propre. || Passer (cit. 126) une chemise propre. || Avoir les mains propres. || Rendre propre. Blanchir, laver, nettoyer. → Nettoyage. — N. m. || La blancheur du propre. || Ça sent le propre.
25 Vous êtes fort bien vêtu contre votre usage; pourquoi sous cet habit, qui est très propre, une chemise sale ?
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 556.
26 Rien de mieux tenu et de plus propre : à Douai, les plus pauvres, une fois par an, font blanchir leur maison, dehors et dedans, et il faut retenir six mois d'avance les vernisseurs (…) De tous côtés on lave et l'on balaye. Quand on arrive en Hollande, le soin redouble et s'exagère. Dès cinq heures du matin on voit des servantes lessiver les trottoirs.
Taine, Philosophie de l'art, t. I, p. 258.
Par ext. (En parlant d'une action, d'une occupation). || Ne mange pas avec les doigts, ce n'est pas propre.
27 Sophie (…) parcourt l'atelier (de menuiserie), examine les outils, touche le poli des planches, ramasse des copeaux par terre, regarde à nos mains, et puis dit qu'elle aime ce métier, parce qu'il est propre.
Rousseau, Émile, V.
3 (Personnes). Qui se lave souvent; dont le corps et les vêtements sont débarrassés de toute impureté. || Être propre sur soi. — ☑ Loc. Propre comme un sou neuf, comme un sou. || Dépenaillé (cit. 2), pauvre, mais propre. || Des enfants propres (→ École, cit. 3; nursery, cit. 1). — ☑ Loc. Un petit vieux bien propre.Mettre un tablier afin de rester propre.Qui tient sa maison avec grand soin. || Une ménagère, une femme de ménage très propre. Soigneux.
28 Il passait à sa toilette une heure environ, car sa femme l'avait habitué à ne se présenter devant elle, au déjeuner, que rasé, propre et habillé.
Balzac, le Député d'Arcis, Pl., t. VII, p. 685.
29 Pour commencer, tu n'as point l'air propre et soigneux, et tu te fais paraître laide par ton habillement et ton langage.
G. Sand, la Petite Fadette, XVIII.
30 Je ne l'ai jamais vu si bien mis que ce jour-là. Il était propre comme un sou.
Hugo, les Misérables, IV, XI, III.
30.1 — C'est dommage. Un vieillard qui est si propre ! Il est blanc comme un poulet.
Hugo, les Misérables, V, IX, II.
Fig. et par antiphr. Dans une mauvaise situation. Nous sommes propres, nous voilà propres ! Frais (→ Dans de beaux draps).
31 Pourvu que la Coliche ne vêle pas en même temps que moi ! (…) Ça en ferait, une affaire ! Ah ! bon sang ! nous serions propres !
Zola, la Terre, III, V.
4 Qui a le contrôle de ses fonctions naturelles. || Cet enfant a été propre vers un an. || Chienne propre à l'appartement (→ Maladie, cit. 9).
5 Qui produit une pollution nulle ou réduite. || Industrie, usine, technologie propre. || Moteur propre. || Énergies propres.
6 (Av. 1875). Fig. Personnes. Qui ne manque pas à l'honneur pour des raisons d'intérêt, dont la réputation est sans tache. Moral. || C'est un homme propre en qui l'on peut avoir confiance.Fam. || Qui est-ce ? Rien de propre, pas grand-chose de propre.
31.1 — Voulez-vous que je vous dise, c'est pas grand-chose de propre (…) Avec ça, crâneuse, jamais bonjour, jamais bonsoir : qu'est-ce qu'elle se croit ! Et qui se lève à des heures où les honnêtes gens sont depuis longtemps à leur travail (…) Et qui reçoit de tout, des hommes, des femmes. Une traînée, quoi !.
René Floriot, La vérité tient à un fil, p. 58.
Acquis honnêtement, dont l'origine est pure. Honnête
32 L'argent de ce vieux (…) cet argent taché de boue et de sang, non ! non ! ce n'était pas de l'argent assez propre, pour qu'un honnête homme y touchât.
Zola, la Bête humaine, VI.
(En parlant de la vie, du comportement, etc.). Qui est honnête, moral. || Faire de sa vie qqch. de pur et de propre (→ Incapable, cit. 7). || Une affaire pas très propre.
33 (…) nous possédons tous (…) un petit coin pour ranger ce qui reste d'un peu propre en nous-mêmes.
P. Mac Orlan, Quai des brumes, VI.
N. m.(1791, in D. D. L.) C'est du propre !, se dit par antiphrase d'une chose sale, et (fig.) d'un comportement indécent, immoral, scandaleux (→ aussi C'est du beau, du joli !). || J'irai mendier (cit. 2) chez les autres, ce sera du propre !
34 Ah ! tu sais, je les connais tes femmes mariées, c'est du propre ! Elles ont plus d'amants que nous, seulement elles les cachent parce qu'elles sont hypocrites. Ah ! oui, c'est du propre !
Maupassant, Pierre et Jean, IV.
35 Eh ben vrai, alors, c'est du propre ! déclara Lahrier, qui fit halte sur place; voilà maintenant que vous vous lavez les pieds ici !
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 4e tableau, I.
36 Tenez regardez Giraudat. Il a mis les oisillons dans sa chemise. Ils ont fait là-dedans ce qu'ils ont voulu. C'est du propre (…)
Alain-Fournier, le Grand Meaulnes, II, IX.
———
II N. m. (« fortune particulière », v. 1213).
1 (1690). En propre : possédé à l'exclusion de tout autre. || Avoir un bien en propre, à soi. Propriété. || L'Athénien (cit. 4) semblait n'avoir en propre que sa pensée. || Particularités que la Bretagne possède en propre (→ Hagiographie, cit. 1). || Appartenir en propre (→ 1. Louer, cit. 8; mon, cit. 17). || Ce qui appartient en propre à l'homme et à la femme (→ Éternel, cit. 22).
37 Les universités possédaient des biens en propre, comme le clergé; elles avaient une juridiction à elles (…)
Mme de Staël, De l'Allemagne, I, XVIII.
2 Dr. Biens de la femme ou du mari qui restent la propriété de chacun, dans le régime de la communauté. || Les propres d'une femme. || Annexes de propres.
38 (…) Pierquin calcula que les propres de madame Claës, pour employer son expression, pouvaient encore se retrouver et devaient montrer une somme d'environ quinze cent mille francs (…)
Balzac, la Recherche de l'absolu, Pl., t. IX, p. 575.
3 (1718). Liturgie. Élément de célébration qui est propre à un saint, un temps, un lieu…, et ne fait partie ni de l'ordinaire ni du commun. || Propre du temps. || Propre des saints. || Propres nationaux, provinciaux, diocésains.
39 La France a un propre national, c'est-à-dire un ensemble de fêtes concédées à tout le pays (…)
H.-R. Philippeau, in Lesage, Dict. de liturgie romaine, art. Propre.
4 (1611). Cour. || Le propre de… : qualité distinctive qui appartient à (une chose, une personne). Apanage, particularité. || C'est le propre de l'amour de nous rendre à la fois plus défiants et plus crédules (cit. 7). || Le propre de la superstition (→ Bouture, cit. 2), de la miséricorde (→ Combattre, cit. 9). || « Pour ce que rire est le propre de l'homme ». || Le propre de la divinité (→ Buter, cit. 5). || C'est le propre des inventeurs (cit. 5) de saisir le rapport des choses.
40 Le propre de chaque chose doit être cherché. Le propre de la puissance est de protéger.
Pascal, Pensées, V, 310.
41 (…) sa doctrine n'accordait pas volontiers aux animaux une part de cette sagesse qu'elle proclamait le propre de l'homme.
France, le Petit Pierre, I.
Philos. anc. Ce qui appartient exclusivement à une espèce ou à certains éléments d'une espèce; ce qui appartient à toute l'espèce sans lui être exclusif. || Le propre est l'un des universaux.
5 Sens propre (→ ci-dessus I., A., 1.), littéral. || Prendre un mot au propre (→ Moral, cit. 11). || Se dit au propre et au figuré (→ Fastidieux, cit. 1).
CONTR. Collectif, commun. — Conquêt. — Apparent. — Figuré. — Étranger (à). — Abusif, impropre, incapable. — Négligé. — Malpropre, tenu (mal). Contaminé, crasseux, immonde, infect, maculé, poussiéreux, sale, sali, souillé, taché. — Malhonnête. — Cochon, immoral, indécent.
COMP. Amour-propre, approprier, exproprier, impropre, malpropre.
DÉR. Proprement, propret, propreté (cf. aussi Propriété).

Encyclopédie Universelle. 2012.