noble [ nɔbl ] adj. et n. ♦ Qui est au-dessus du commun. I ♦ (Sens génér.) Qui l'emporte sur les autres êtres ou objets de son espèce.
1 ♦ Littér. Dont les qualités morales sont grandes. « la nation la plus noble de la terre » (Joubert). ⇒ courageux, généreux, magnanime. — Par ext. Qui est hautement apprécié, sur le plan moral. Nobles sentiments; actions nobles. ⇒ 1. beau, élevé, généreux, sublime. « sa vie, honorable entre toutes, ne connut que de nobles aspirations » (Gautier). Nobles causes. Le cheval, « la plus noble conquête que l'Homme ait jamais faite » (Buffon).
2 ♦ Qui commande le respect, l'admiration, par sa distinction, son autorité naturelle. ⇒ distingué, imposant, majestueux, olympien. Une « jeune fille, remarquablement belle, avec des traits nobles et réguliers » (Romains). — Père noble : au théâtre, rôle d'homme d'un certain âge et d'une gravité, d'une dignité souvent un peu outrées. Loc. fig. Jouer les pères nobles (dans la vie).
3 ♦ Qui a de la majesté, une beauté grave, parfois un peu froide. Noble ordonnance d'un tableau. — Hist. littér. (opposé à bas). Genre, style noble, qui rejette les mots et expressions jugés vulgaires par le goût du temps. ⇒ élevé, soutenu.
4 ♦ Se dit de ce qui est considéré comme supérieur (dans certaines expr.). — Parties nobles : organes indispensables à la vie (le cerveau, le cœur). — Métaux nobles : métaux précieux, inaltérables à l'air ou à l'eau (argent, or, platine). — Matières nobles, non synthétiques (le bois, la pierre, la laine, etc.). — « Les spécialités les plus “nobles” : électronique, mécanique, télécommunications » (Le Monde, 1969).
II ♦
1 ♦ (1216) « Qui est élevé au-dessus des roturiers par sa naissance, par ses charges, ou par la faveur du prince » (Furetière) et appartient, de ce fait, à une classe privilégiée (sociétés hiérarchisées, féodales, etc.) ou qui descend d'un membre de cette classe et peut en justifier (par des titres de noblesse).
2 ♦ N. (XIVe) Un noble, une noble (rare). ⇒ aristocrate, grand, seigneur. Les nobles. ⇒ noblesse. Noble ruiné, qui cherche à redorer son blason. Nobles de la suite du roi. ⇒ gentilhomme. Jeune noble de l'escorte d'un prince. ⇒ 2. page. Nobles de campagne. ⇒ hobereau, junker. Noble adoubé. ⇒ chevalier. — Nobles d'Espagne (⇒ hidalgo, menin) , de Russie (⇒ boyard) , de la Rome antique (⇒ patricien) , d'Angleterre (⇒ lord) .
3 ♦ Qui appartient, qui est propre aux nobles, caractéristique de leur état. Nom noble sans particule. Être de naissance, de race, de sang noble. Une Altesse « issue de la race la plus noble [...] , fille du prince de Parme, elle avait épousé un cousin également princier » (Proust).
⊗ CONTR. 1. Bas, commun, mesquin, vil. Familier. — Bourgeois, roturier, vilain.
● noble adjectif et nom (latin nobilis) Qui appartient à une catégorie sociale par naissance ou décision des souverains et jouit de certains privilèges. ● noble (synonymes) adjectif et nom (latin nobilis) Qui appartient à une catégorie sociale par naissance ou décision...
Synonymes :
- grand
- hidalgo
- hobereau
- seigneur
Contraires :
- roturier
- serf
- vilain
● noble
adjectif
Qui appartient à un noble, à la noblesse, par opposition à roturier : Sang noble.
Qui a de la dignité, de la grandeur, qui manifeste de l'élévation : De nobles sentiments.
Qui suscite l'admiration, le respect par sa distinction, sa majesté : Le langage noble.
Se dit d'un animal dont le comportement est supposé digne : Le lion est un noble animal.
Qui se distingue par sa qualité ; supérieur : Un vin noble.
● noble
nom masculin
Monnaie d'or frappée, en Angleterre principalement, du XIVe au XVIe s.
● noble (citations)
adjectif
Jean Dutourd
Paris 1920
Académie française, 1978
Se calomnier soi-même est la grande tentation des âmes nobles.
L'Âme sensible
Gallimard
Jean Rostand
Paris 1894-Ville-d'Avray 1977
Académie française, 1959
Savoir reconnaître l'humain jusque dans l'inhumain. L'ignoble est souvent du noble mal tourné.
Carnet d'un biologiste
Stock
Pétrarque, en italien Francesco Petrarca
Arezzo 1304-Arqua, Padoue 1374
La mort est fin d'une prison obscure
pour les âmes nobles ; elle est angoisse pour les autres,
qui ont placé dans la fange toute leur sollicitude.
La morte è fin d'una pregione oscura
all'anime gentili ; all'altre è noia,
ch'ànno posto nel fango ogni lor cura.
I Trionfi, II
● noble (expressions)
adjectif
Danseur(euse) noble, artiste de la danse académique dont les rôles comprennent des variations, des pas de deux, à l'exclusion de la danse de caractère.
Gaz noble, synonyme de gaz rare.
Métal noble, métal comme l'or et le platine, que l'on croyait incapable de se combiner avec l'oxygène.
Vieux. Le noble art, la boxe.
Père noble, mère noble, rôle d'un personnage qui a de la gravité et de l'autorité.
● noble (synonymes)
adjectif
Qui appartient à un noble, à la noblesse, par opposition à...
Synonymes :
Contraires :
- roturier
- serf
- vilain
Qui a de la dignité, de la grandeur, qui manifeste...
Synonymes :
- auguste
- distingué
- élevé
- éminent
- généreux
- grand
- héroïque
- sublime
- supérieur
Contraires :
- abject
- dégradant
- honteux
- ignoble
- indigne
- infamant
- infâme
- méprisable
- sordide
Qui suscite l'admiration, le respect par sa distinction, sa majesté
Synonymes :
- relevé
Contraires :
- bas
- grossier
- trivial
- vulgaire
Se dit d'un animal dont le comportement est supposé digne
Synonymes :
- fier
Gaz noble
Synonymes :
- gaz rare
noble
adj. et n.
d1./d Qui fait partie de la noblesse; dont les ancêtres appartenaient à cette classe.
|| Subst. Les privilèges des nobles.
d2./d Propre à ce groupe social, à ses membres. Un nom, un sang noble.
d3./d Qui a ou qui dénote des sentiments élevés, de la grandeur, de la distinction. Se montrer noble et généreux. Un maintien noble. Un style noble.
d4./d Supérieur aux choses de même catégorie. Métaux nobles: métaux précieux (or et platine), difficilement oxydables.
I.
⇒NOBLE1, adj.
A. —[En parlant de qqn]
1. HISTOIRE
a) [En France] Qui appartient, par naissance ou par anoblissement, à une classe sociale exerçant à l'origine le métier des armes ou, plus tardivement, certaines charges, et en jouissant, en contrepartie, de certains privilèges. Familles nobles. Je ne suis pas noble, mais j'ai le coeur aussi haut placé que vous autres (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p.212). L'homme noble n'admettait que deux occupations: la guerre et l'amour (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p.104):
• 1. Les conseillers du duc de Bourgogne, (...) en se plaignant de l'exception de cinq cents personnes, (...) désiraient savoir (...) si les nobles y pouvaient être compris. On répondit que l'exception ne s'appliquerait qu'à des hommes non nobles, et que leur nom serait donné avant la Saint-Jean.
BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.28.
♦Aussi noble que. Qui possède autant de quartiers de noblesse que:
• 2. ... il était bien le fils d'une famille de dieux, le chef des derniers de ces Guelfes, aussi puissants jadis que les Habsbourg, aussi nobles que les Bourbons. Cette longue suite d'aïeux lui revint d'un seul coup, en mémoire: son grand-père, le duc fameux par son Manifeste contre la France, Othon, le vaincu de Bouvines, l'empereur Henri le Lion, dépossédé, mis au ban de l'Empire, et Witikind enfin, l'ancêtre fabuleux, le plus grand des Saxons.
BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p.15.
♦Noble homme. Qualification prise par des bourgeois notables lors de la passation d'actes. Noble homme, damoiseau, et bourgeois, sont des qualités données à une même personne dans des titres du quinzième siècle (CHATEAUBR., Ét. ou Disc. hist., t.3, 1831, p.310). J'ai retrouvé l'acte de naissance d'une certaine Rose-Mariette Rezeau, fille de noble homme Claude Rezeau et de dame Rose Taugourdeau (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.147).
— Loc. et proverbes
♦Noble comme le roi. Qui est noble d'extraction de manière incontestable. (Ds LITTRÉ, DG, Ac. 1798-1935).
♦Ou le roi n'est pas noble. [Deuxième volet d'une alternative, signifiant que le premier volet est incontestablement vrai.] Il est fou, ou le roi n'est pas noble (Ac. 1798-1878).
— Emploi subst. La rigueur des anciennes ordonnances restreignit le droit de chasse à la classe des nobles et des grands propriétaires (JOUY, Hermite, t.4, 1813, p.182). Les médecins comme il faut ne parlent jamais médecine, les vrais nobles ne parlent jamais ancêtres (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p.373). V. anobli ex. 3, anoblir ex. 1, noblesse ex. 11 et supra ex. 1:
• 3. M. le Maire est gentilhomme par sa femme, née demoiselle: voilà pourquoi il nous tutoie et rudoie nous autres paysans, gens de peu, bons amis pourtant de feu son père; il semble toujours avoir peur qu'on ne le prenne pour un de nous. S'il était noble de son chef, nous le trouverions accostable. Les nobles d'origine sont moins fiers, nous accueillent au contraire, nous caressent, et ne haïssent guère qu'une sorte de gens, les vilains anoblis, enrichis, parvenus.
COURIER, Pamphlets pol., Gazette du village, 1823, p.188.
♦En partic. Nouveau noble. Celui qui a été anobli et n'est pas noble de naissance, par opposition au gentilhomme. Tous les rangs se confondaient: la noblesse, la bourgeoisie, le peuple. On ne s'inquiétait pas de savoir si vous étiez comte ou baron, mais bon valseur. Allez donc trouver un abandon pareil de nos jours! Depuis qu'on fait tant de nouveaux nobles, —ils ont toujours peur qu'on les confonde avec la populace (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p.91).
b) [Hors de France] Qui appartient par naissance, fonction, élévation par le souverain, à une classe sociale jouissant de certaines prérogatives. Quatre jeunes gens des plus riches et des plus nobles familles de Rome les accompagnaient (DUMAS père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.449).
— Emploi subst. En revêtant les fonctions de Prieur (1300), il trouva les nobles et les plébéiens rentrant en lutte sous les nouveaux noms de Noirs et de Blancs (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p.64). Les citoyens libres étaient les nobles de l'antiquité (TAINE, Philos. art, t.2, 1865, p.193).
2. [En parlant de qqc.]
a) Qui est propre aux nobles; qui leur est relatif. Sang noble. Était-il un vulgaire aventurier ou, ce qui semble plus certain, un bâtard de très noble naissance (...)? (CARON, HUTIN, Alchimistes, 1959, p.27).
♦Garde-noble.
b) Qui appartient à un noble, à une famille noble. Un colombier, une tourelle (...) indiquaient une demeure noble (RENAN, Souv. enfance, 1883, p.26). Divers petits métiers, mais ambulants, passaient devant le noble hôtel de Guermantes (PROUST, Prisonn., 1922, p.116):
• 4. Aussi (...) M. d'Orgel regretta-t-il fort peu de voir la place prise par les Allemands. Leurs officiers le traitèrent avec respect. Un nom noble leur en impose...
RADIGUET, Bal, 1923, p.32.
— DR. FÉOD. Biens nobles. Biens tenus en fief. (Ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892, DG, Ac. 1798-1935). ,,Biens francs et exempts de charges, que les gentilshommes pouvaient seuls posséder. On disait dans le même sens Terre noble`` (Ac. 1935).
c) Qui est composé de nobles; qui est habité, occupé par des nobles. Il est toutefois certain que mes doctrines sur la liberté de la presse et contre le vasselage des étrangers donnèrent à la noble chambre cette popularité dont elle a joui tant qu'elle souffrit mes opinions (CHATEAUBR., Mém., t.3, 1848, p.12). Aussi est-il nommé, malgré sa jeunesse, colonel d'un régiment de gardes-nobles (FLAUB., Bouvard, t.1, 1880, p.128). Un quartier noble et riche (MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Marquis de F., 1886, p.67).
♦Noble abbaye. Abbaye où l'on n'admettait que des nobles. (Ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892, DG).
♦Le noble faubourg. Le faubourg Saint-Germain, à Paris. J'y trouvai (...) environ deux douzaines de ces trochisques dont la conquête m'avait fait faire le voyage du noble faubourg (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p.326). Il était devenu aussi assidu chez madame de Grandlieu que l'aurait été un dandy nouvellement admis dans les cercles du noble Faubourg (BALZAC, Gobseck, 1830, p.382). Les amendes s'abattirent sur la presse d'opposition. Pour ne pas disparaître, les petits journaux légitimistes quêtèrent dans le noble faubourg (COSTON, A.B.C. journ., 1952, p.19).
3. P. anal.
a) [En parlant de ce qui est naturel] Qui est supérieur au reste de la catégorie, de l'ensemble, de l'espèce; qui présente, possède certaines qualités considérées comme essentielles ou supérieures.
— [En parlant d'animaux] Une dent de chaque côté ajoute beaucoup à la force d'un tel bec. C'est pourquoi les faucons, cresserelles et hobereaux passent pour des oiseaux nobles et plus courageux que les oiseaux de proie qui n'ont pas cette dent (CUVIER, Anat. comp., t.3, 1805, p.194):
• 5. Un des chapitres les plus remarquables de l'immortel ouvrage de M. de Buffon est celui du cheval. Cet éloquent écrivain le représente comme la plus belle conquête que l'homme ait faite sur la nature; et personne, après avoir lu sa brillante description des moeurs de ce noble animal, ne s'étonne du rang que son historien lui assigne.
JOUY, Hermite, t.4, 1813, p.200.
[P. allus. à Buffon] La plus noble conquête de l'homme. Le cheval. Est-il besoin d'insister pour démontrer les avantages de propreté et d'économie que présente la traction électrique sur... «la plus noble conquête de l'homme», nous avons nommé le cheval? (SOULIER, Gdes applic. électr., 1916, p.140):
• 6. ... il fut tout de suite regardé comme un animal supérieur et, dès sa domestication, affecté non aux besognes serviles du transport, mais aux aristocratiques occupations de la guerre. Quelle différence, en effet, entre «la plus noble conquête de l'homme» et le misérable onagre, qui n'est, après tout, qu'un âne sauvage!
P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p.22.
♦FAUCONN. Oiseaux de proies nobles. Oiseaux qui peuvent être dressés pour la chasse, le haut vol. (Ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Lar. Lang. fr.).
♦ÉQUIT. [En parlant du cheval] Qui a de la beauté dans les formes, surtout dans l'avant-main (Ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Lar. Lang. fr.).
— [En parlant de qqc.] Un corps radioactif est d'autant plus noble au point de vue électro-chimique qu'il est éloigné dans la série des désintégrations radioactives (Le Radium, 1912, p.356). Le goût d'Orsenna pour les matériaux massifs et nobles, pour les granits et les marbres (Gracq, Syrtes, 1951, p.75).
OENOL., VITIC. Vin noble. Vin qui bénéficie d'une appellation d'origine contrôlée (d'apr. REN. Vin, 1962). Cépage noble. Cépage dont est issu ce vin. Ceci peut être obtenu en poursuivant (...) l'amélioration de la qualité des cépages défectueux ou, ce qui revient au même, de la productivité des cépages nobles qui sont trop souvent abandonnés en raison de leur production trop faible (LEVADOUX, Vigne, 1961, p.121).
♦Gaz nobles. Gaz rares de l'atmosphère. (Dict. XXe s.).
♦Métaux nobles. Métaux précieux comme l'or, l'argent, qui ne s'altèrent pas au contact de l'air, du feu. L'installation [de l'affinerie de M. M. Richard, à Lyon] comprend deux parties: une pour le traitement du cuivre, l'autre pour le traitement des métaux nobles (H. FONTAINE, Électrolyse, 1885, p.304). [Le dépôt au trempé] présente peu d'intérêt pour les métaux réputés nobles (GASNIER, Dépôts métall., 1927, p.420).
♦ANAT., vieilli, littér. Parties nobles. Organes humains essentiels tels que le cerveau, le coeur, le foie et également les parties génitales. La colonne qui soutient, comme un temple, l'édifice animal, est vertébrée, les parois qui défendent les organes nobles, sont formées de côtes (PROUDHON, Créat. ordre, 1843, p.102). Elle ne remarque pas (...) que le geste s'est opéré vers la droite, et non pas à gauche, où bat le noble viscère (ARNOUX, Solde, 1958, p.212):
• 7. Le docteur est venu, a vu mon frère. Les blessures de la tête sont insignifiantes (...). Il n'en est pas de même des parties nobles (j'avoue que, lorsqu'elle [la supérieure de l'hôpital] parle des parties nobles [it. ds le texte], elle m'en fiche un bon coup)...
GIONO, Gds chemins, 1951, p.177.
♦Vieilli
Le genre (le plus) noble. En grammaire, le genre qui l'emporte sur un autre pour l'accord (en français, le masculin par rapport au féminin). (Ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Ac. 1935, ROB., Lar. Lang. fr.).
Noble-épine. Synon. de aubépine. (Ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892).
b) [En parlant d'un produit fabriqué ou d'une technique] Qui est d'une grande technicité; qui est d'un haut degré de perfectionnement. L'acquisition d'armes «nobles» qui transforment cette armée en instrument de prestige (Le Monde, 29 oct. 1966 ds GILB. 1971). Les spécialités les plus «nobles»: électronique, mécanique, télécommunications (Le Monde, 13sept. 1969 ds GILB. 1971).
B. —Au fig.
1. [En parlant de qqn, des sentiments et des actions d'un être humain] Noble ami; noble créature; noble vieillard.
a) Qui est exempt de vulgarité; qui dénote des sentiments élevés, qui a de la distinction dans son allure, son comportement, sa personnalité. Noble visage; nobles paroles. Cette physionomie, naturellement si noble, devint basse (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p.151). Saruilles resta au pressoir comme de coutume, empilant à la pelle sur la plate-forme les couches de raisins foulées au pied (...), et sa face rasée, une noble figure encore, au profil droit, s'animait devant l'abondance des fruits (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p.100).
b) Qui est exempt de bassesse; qui a, qui manifeste de la dignité, de la générosité, de la grandeur dans sa pensée, dans sa conduite. Nobles âmes; nobles sentiments. Les grandes causes demandent des hommes supérieurs, de nobles coeurs, de grandes âmes. L'élévation de pensée et de caractère, voilà ce qu'il nous faudrait (AMIEL, Journal, 1866, p.276). Le comte d'Orgel (...) n'acceptait jamais la moindre invitation, le moindre cadeau, sans le signe extérieur du plaisir, le propre d'une nature noble étant de ne pas imaginer que tout lui est dû, ou du moins de cacher qu'elle le croit (RADIGUET, Bal, 1923, p.52):
• 8. Cet homme (...) se reprenait à croire au moins en la patrie. Il en faisait une religion, une foi. Il lui sacrifiait de bon coeur sa fortune, comme il lui eût donné sa vie. Il ne raisonnait plus, il se donnait. Et cela lui créait presque une morale. Il en devenait meilleur, plus noble. Toute sa conduite en changeait, comme celle un peu d'un nouveau converti. Quelle qu'elle soit, (...) une idée généreuse rehausse l'âme.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.142.
— THÉÂTRE. Père noble. Personnage d'un certain âge et de belle prestance, à l'air grave et imposant. Puis, se calmant, tâchant d'attraper une dignité de père noble (...) il ajouta... (ZOLA, Nana, 1880, p.1203). Bellechut conduisit directement Arthur à sa place et s'inclina vers son voisin, sexagénaire à l'allure de père noble (H. BAZIN, Tête contre murs, 1949, p.76):
• 9. Il jouait les pères nobles, les ventrus, les rondeurs; mais il aurait voulu jouer les philosophes, les sentencieux, les saints, les sages et même les rois tragiques, les princes dépossédés. Par malheur, à peine entrait-il en scène, il produisait de merveilleux effets comiques.
DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.14.
2. [En parlant de qqc.]
a) Qui n'est pas trivial; qui est exempt de vulgarité; qui est naturellement élevé; qui dégage une impression de grandeur, de majesté. Mots nobles. [Le marquis d'Argenson] n'a pas d'élévation, au moins continue; il se passe à tout moment des trivialités d'expression qui font de son langage l'opposé du langage noble et digne (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t.12, 1855, p.110). Notre costume est bien étroit et bien artificiel comparé à l'ampleur simple et noble du costume antique (RENAN, Avenir sc., 1890, p.464).
♦Style noble. Style soutenu employant les termes élevés et rejetant tout mot considéré comme bas ou vulgaire. Anton. style bas, familier. Mots nobles. Les discours de M.Leuwen (...) n'étaient pas élevés, n'affectaient point de gravité, c'était du bavardage de société piquant et rapide, et M. Leuwen n'admettait jamais la périphrase parlementaire. —Le style noble me tuerait, disait-il un jour à son fils. D'abord, je ne pourrais plus improviser (STENDHAL, L. Leuwen, t.3, 1835, p.230):
• 10. ... le milieu du siècle passé est une époque climatérique pour le style noble (...). On y voit dans les livres et les discours, se faire de plus en plus rare et de moins en moins tolérable, l'aveu explicite des sentiments les plus élevés. Il semble qu'une sorte de pudeur de nouvelle espèce leur interdise de plus en plus de se déclarer, cependant que les sensations, les passions, les intérêts matériels deviennent, au contraire, les objets exclusifs de la littérature...
VALÉRY, Variété IV, 1938, p.169.
♦Le noble art. La boxe. (Ds PETIOT 1982). La boxe (...) engage l'homme et le sanctionne dans une émouvante figure: le K.-O. Si certains y voient la plus bestiale atteinte à la dignité humaine, d'autres y trouvent une sensible expression esthétique. C'est dans ce dernier sens qu'on a pu parler de «noble art» (M.RUDETZKI, La Boxe, Paris, P.U.F., 1974, p.5).
b) BEAUX-ARTS, ARCHIT. Qui a des lignes régulières; qui se distingue par l'élégance de ses formes, par l'équilibre de ses proportions et la simplicité de l'ornementation; qui a des caractères empreints de régularité, de majesté, d'ampleur. Lorsque l'ogive parut dans le monde, elle ne réussit d'abord à se faire employer que dans les églises du second ordre (...) c'était le plein cintre qu'on employait comme étant la forme noble (STENDHAL, Mém. touriste, t.2, 1838, p.341). Le palais Vandramin est d'une riche et noble architecture (GAUTIER, Italia, 1852, p.276).
c) Perfectionné, d'excellente qualité, de haut niveau (d'apr. GILB. 1980). Ce qu'on appelle le «tertiaire noble»: sièges sociaux, banques, universités, presse, etc. (Les Lettres fr., 1avr. 1970 ds GILB. 1980). Un lycée classique, avec l'éventail des sections «nobles», A, B, C et D (Le Monde, 21janv. 1976 ds GILB. 1980).
d) Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui est élevé, dénué de vulgarité; ce qui se distingue par sa qualité, sa pureté, son harmonie, sa majesté. Les anciens (Homère) ont souvent porté le familier dans le noble, et les modernes ont souvent porté le noble dans le familier, témoin La Fontaine (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1807, p.26). Elle parlait avec dédain de ces filles du peuple comme ignorant le noble et le fin de la passion (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t.6, 1863, p.176). Le dernier mot de la Renaissance avait été dit sous Louis XV, et une réaction s'était faite. On avait poussé le noble jusqu'au fade, et la pureté jusqu'à l'ennui. La pruderie existe en architecture (HUGO, Quatre-vingt-treize, 1874, p.171).
REM. 1. Nobilissime, adj. et subst. a) Emploi adj., hist. romaine. Qualificatif honorifique porté par les membres de la famille impériale au Bas-Empire et par certains dignitaires auxquels l'empereur la décernait. (Dict. XIXe s. dont Ac. 1798-1878). b) Emploi subst. )Hist. romaine. Titre inférieur à celui de césar, créé par Constantin au Bas-Empire et conférant à son titulaire le droit de porter la pourpre. Le nobilissime était inférieur au césar, il avait le pas sur le patrice (Ac. 1798-1878). ) Hist. Celui qui devait à sa naissance, et non à son savoir, d'être premier de la licence ou du cours de théologie de Sorbonne. (Ds Ac. 1835, 1878, LITTRÉ, GUÉRIN 1892). 2. Noblifier, verbe trans., péj. Synon. de ennoblir. Lorsqu'une fois on a écrit un trait de passion, il n'y a rien à corriger. Par exemple (...) après avoir écrit (...) en noblifiant la chose comme Shakespeare: «On dit qu'il est une noble race de chevaux», etc., il n'y a rien à ajouter ou à retrancher (STENDHAL, Journal, 1805, p.40). 3. Noblifieur, subst. masc., rare. Celui qui noblifie. Le Puget a osé donner du ventre à son saint Sébastien (...) il a outré une bonne idée, par excès de mépris pour les noblifieurs (STENDHAL, Mém. touriste, t.2, 1838, p.443).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Qui l'emporte, est au-dessus des autres par sa qualité, sa valeur, ses mérites A. 1. ca 1050 d'une personne (St Alexis, éd. Chr. Storey, 40: ...filie d'un noble Franc); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 467: Dient paien: ,,Noble baron ad ci!``); ca 1179 subst. nom propre (Renart, éd. M. Roques, 7: En la cort Noble le lion); 3e quart XVe s. subst. (GEORGES CHASTELLAIN, Exposition sur vérité mal prise ds OEuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t.6, p.311); 2. 1160-74 «(d'un cheval) franc, magnifique» noble palefroi (WACE, Rou, éd. A.J. Holden, II, 3038); 3. 1314 membre noble (Chirurgie de H. de Mondeville, 1900 ds T.-L.). B. D'un inanimé 1. a) ca 1165 noble chevalerie (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 28428 ds T.-L.); id. la noble cité de Troie (ID., op. cit., 22982, ibid.); 1280 fame de noble parage (Clef d'Amors, 250, ibid.); 1370-72 noble science (ORESME, Ethiques, Prol., éd. A.D. Menut, p.101); b) 1176 sepolture riche et noble (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 6043); 1174-87 nobles chastiax (ID., Perceval, éd. F. Lecoy, 6422); c) ca 1210 «inspiré, suggéré par la grandeur morale» noble contenance (GUIOT DE PROVINS, Bible ds OEuvres, éd. J. Orr, 1513); ca 1485 noble querelle (Mystére du viel Testament, éd. J. de Rothschild, 44304); d) 1370-72 langage noble (ORESME, op. cit., Prol., p.101); 1674 (BOILEAU, Art poétique, I ds OEuvres, éd. F. Escal, p.159: le stile le moins noble a pourtant sa noblesse); 2. 1360, 8 mai numism. v. noble2. II. Qui appartient à la classe de la société réputée éminente 1. a) 1216 (charte, Cambrai ds E. TAILLIAR, Recueil d'actes en langue wallonne, p.54: se ly bourgois ne paye au chevalier ou a noble homme...); XVe s. [ms.] noble homme d'assise, synon. de baron (Ordonnance dite de Jean II ds Établissements de St Louis, éd. P. Viollet, t.3, p.194); b) 1369-72 subst. (Chron. norm. du XIVe s., éd. A. et É. Molinier, p.132 [1358]: En ce temps s'assemblerent les nobles de plusieurs contrées); 2. 1495, 16 mars en parlant d'une terre heritage noble (Coutume de Sens ds Nouv. coutumier gén., éd. Ch. A. Bourdot de Richebourg, t.3, p.499b); 3.1509, 29 oct. garde noble (Coutume du bailliage de Troyes, ibid., p.240b). Empr. au lat. nobilis (de noscere «connaître» proprement «ce que l'on peut connaître»), de là 1 «connu; bien connu, fameux (d'une personne, d'une chose)»; p. ext.2 «de famille noble, de naissance noble, noble», subst. nobiles «les nobles, la noblesse» (la nobilitas comprenant les patriciens, les plébéiens arrivés aux magistratures curules et leurs descendants; v. Paulys Realencyclop. der classischen Altertumswissenschaft, t.17, 1937, col. 785 sqq.). De 1, le premier empr. I; II paraît plus spéc. empr. au lat. médiév., qui, d'abord employé en parlant de l'aristocratie de sang chez certains peuples germ. (501-518 Lex Burgundionum ds NIERM.), est devenu synon. de liber, ingenuus (720 Leges Liutprandi regis Langobardorum, ibid.), puis désigna la noblesse féodale (1012-23, ibid.); sur l'origine et l'évolution du mot nobilis à partir du IXe s., v., entre autres, M. PARISSE, La noblesse lorraine, XIe-XIIIe s., thèse, Nancy, 1976, pp.228 sqq. Le synon. a. fr. nobile (ca 1100 nobilie, Roland, 3690; ca 1135 nobile, Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 593 ainsi que réd. C, 342) est, soit issu, par voie demi-savante, par l'intermédiaire de nobilie, d'une forme lat. nobilius (THOMAS A., Essais, p.79; FOUCHÉ, p.942), soit issu de nobilis avec changement d'accentuation à l'époque gallo-rom. (v. VÄÄN., § 48), nobilie n'étant qu'une forme isolée (FEW t.7, p.160b).
DÉR. 1. Noblaillerie, subst. fém., péj. Désir de paraître noble; prétention à la noblesse (chez une personne qui n'est pas noble). Il y avait une touche de noblaillerie chez les Le Pesnel (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p.80). — []. — 1re attest. 1937 id.; de noblaille «noblesse abâtardie» (1823, BOISTE Add.); de noble11, suff. -aille, suff. -erie. 2. Noblaillon, subst. masc., péj. Personnage de petite noblesse ou de noblesse douteuse. Synon. péj. de nobliau. Il déclara aux jeunes paysannes qui connaissaient le plain-chant que l'on chanterait désormais des cantiques (...) poussé par les noblaillons du crû, il enleva de ce village cette senteur de hameau moyen âge qu'il exhalait (...) et il transforma ce pays (...) en un lieu comme un autre où l'on brailla dans l'église des rigaudons (HUYSMANS, Oblat, t.2, 1903, p.6). L'empire des noblaillons légitimistes et des curaillons ultramondains (ARNOUX, Roi, 1956, p.305). — [], [-a-]. — 1re attest. 1874 terme de mépris (Lar. 19e), 1903 (HUYSMANS, loc. cit.); de noblaille, v. noblaillerie, suff. -on1.
BBG. —DUB. Pol. 1962, p.353. —DUCH. Beauté 1960, pp.133-134. —GOUGENHEIM (G.). Le Sens de noble et de ses dér. chez R. de Clari. Rom. Philol. 1950, t.3, pp.270-272. —REINH. 1963, p.76. —VARDAR Soc. pol. 1973 [1970], p.273.
II.
⇒NOBLE2, subst. masc.
Monnaie d'or frappée en Angleterre aux XIVe et XVe siècles et ayant eu cours également en France durant le XVe siècle. Pour qui, réponds, Clifford, ai-je hier remboursé Quatre cent nobles d'or au rabbin Manassé? (HUGO, Cromw., 1827, p.93). Édouard (...) lui donna les cent nobles promis et un roussin (CHATEAUBR., Ét. ou Discours hist., t.4, 1831, p.77). Il ouvrit le coffre plein d'angelots, de florins, d'esterlins, de nobles, de couronnes d'or (...) et de toutes monnaies chrétiennes et sarrasines (A. FRANCE, Contes Tournebroche, Mir. pie, 1908, p.41).
— Noble à la rose. Noble frappé d'une rose, emblème de la maison d'York ou de Lancastre. Il lui arriva d'être volé par sa servante de quelques doublons, ducassons, nobles à la rose et autres belles pièces d'or (A. FRANCE, Opinions Coignard, 1893, p.268):
• ♦ Tu m'as donné ton arc, je t'ai donné le mien. Je ne l'aurais jamais donné à personne d'autre, m'eût-on offert autant de nobles à la rose qu'il a lancé de flèches.
MÉRIMÉE, Jaquerie, 1828, p.212.
♦Proverbe. Un noble, s'il n'est à la rose, vaut parfois bien peu de chose. La noblesse, si elle n'est accompagnée de richesse, n'a que peu de valeur, n'offre que peu d'intérêt. (Ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892).
— Noble Henri. Noble qui, de valeur un peu moindre que le noble à la rose, eut cours en France sous les premiers Valois. (Ds Ac. Compl. 1842, BESCH. 1845, Lar. 19e-20e).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1360, 8 mai (Traité de Brétigny ds ISAMBERT, Recueil gén. des anc. lois fr., t.5, p.83: le Roy de France paiera au Roy d'Engleterre III millions d'escus d'or; dont les II valent un noble, de la monnoye d'Engleterre [rançon de Jean le Bon]); fin XIVe s. noble (FROISSART, Chron., éd. S. Luce, I, § 268, t.3, p.160, 15 [1346]; I, § 688, t.8, p.36, 14 [1372]); 1482 nobles d'or (Bordeaux, Arch. Gir., 50, 13 d'apr. K. BALDINGER ds Mél. Flasdieck [H.M.], Heidelberg, 1960, p.46). Empr. à l'angl. noble, nom d'une monnaie d'or établie par Édouard III vers 1340-1343 (A. BLANCHET et A. DIEUDONNÉ, Manuel de numism. fr., t.2, p.119; 1347 lat. médiév. nobilis ds LATHAM; 1362 angl. noble ds NED), passé dans le fr. du Sud-Ouest (supra) et l'occitan des pays d'oc sous la domination angl. ou des régions étroitement limitrophes (XIVe s. Montauban, Comptes des frères Bonis, éd. E. Forestié, gloss. [la réf. II, 546 est inexacte]; 1369 Comptes consulaires d'Albi, éd. A. Vidal et A. Jeanroy, gloss.; 1414 Bordeaux Jur. Bord., 2, 8; 1434 Bayonne Et. Bay., 302, 311 d'apr. K. BALDINGER, loc. cit.).
STAT. —Noble1 et 2. Fréq. abs. littér.:8452. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 18936, b) 13289; XXe s.: a) 10192, b) 6534.
noble [nɔbl] adj. et n.
ÉTYM. V. 1050; du lat. nobilis « connu, célèbre ».
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♦ Qui est au-dessus du commun; qui se distingue par certains caractères de grandeur, de supériorité.
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I (Sens général). Qui l'emporte sur les autres êtres ou objets de son espèce.
1 Littér. Dont les qualités morales, intellectuelles sont grandes. ⇒ Grand. || En quoi l'homme (cit. 52) est noble. || « Ils sont nobles, au sens de l'élite » (→ Généreusement, cit. 2, Suarès). || « Le peuple espagnol (cit. 2) se regarde comme la nation la plus noble de la terre » (Joubert). ⇒ Généreux, magnanime. || Cœur (cit. 96) noble. || Âmes nobles et fermes (1. Ferme, cit. 9). — Littér. (Av. le nom). || Noble esprit (→ Légitime, cit. 7). || Noble caractère. ⇒ Courageux. — Par anal. || Le lion est le plus noble de tous les animaux. — Littér. || Noble, nom du lion dans le Roman de Renart.
1 Pauline a l'âme noble, et parle à cœur ouvert (…)
Corneille, Polyeucte, II, 2.
♦ Par ext. Souvent avant le nom. (En parlant des sentiments et des actes humains). Qui est hautement apprécié, sur le plan moral. ⇒ Beau (I., B., 1.), élevé, généreux, haut, relevé, sublime. || Nobles sentiments (→ Élever, cit. 23). || Noble bravoure, noble orgueil. ⇒ Fier (→ Honorer, cit. 24). || Noble courroux (→ Colère, cit. 1, Corneille). — Nobles aspirations. ⇒ Éthéré. || Nobles goûts (→ Extirper, cit. 3). ⇒ Auguste, magnifique. || Nobles exploits (→ Attentif, cit. 3), nobles projets (→ 1. Fin, cit. 26), noble tâche (→ Académie, cit. 6). || Le métier (cit. 21) de roi est grand et noble. || Causes nobles. ⇒ Digne (→ Exalter, cit. 16). || Action (cit. 22) noble. || Tenir de nobles discours. — « Le cheval (cit. 1), la plus noble conquête que l'homme ait jamais faite ».
2 J'avouerai que brûlant d'une noble chaleur,
Je vais contre Alexandre éprouver ma valeur.
Racine, Alexandre le Grand, I, 2.
3 (…) sa vie, honorable entre toutes, ne connut que de nobles aspirations : la foi, la pensée, le travail, la reconnaissance l'occupèrent jusqu'au dernier moment.
Th. Gautier, Portraits contemporains, Ary Scheffer.
4 Il n'était pas bien à craindre que cette recrue de vieilles femmes fortifiât beaucoup les troupes des émigrés. Il eût été plus noble à elles, sans doute, de s'obstiner à partager le sort de leur neveu, les misères et les dangers de la France.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., IV, IX.
5 Nous serons tous vaincus par la mort, mais nous aurons fait de notre existence un emploi noble ou vil, suivant notre courage.
A. Maurois, le Cercle de famille, III, XVII.
♦ (1911; angl. noble art, XVIIIe; noble science, 1588). || Le noble art : la boxe.
♦ (En parlant d'animaux). Dont le comportement est franc.
6 (…) sa colère est noble, son courage magnanime, son naturel sensible (…) À toutes ces nobles qualités individuelles, le lion joint aussi la noblesse de l'espèce;
Buffon, Hist. naturelle des animaux, « Le lion ».
♦ Cheval noble, qui a de la distinction dans les formes.
♦ Iron. ou par antiphrase (vieilli et stylistique) :
7 D'un courage naissant sont-ce là les essais ?
Quels triomphes suivront de si nobles succès !
Racine, Iphigénie, I, 2.
2 (Plus souvent après le nom). Dans l'ordre du comportement ou de l'aspect physique. Qui commande le respect, l'admiration, par sa distinction, son autorité naturelle. || Femme (cit. 36) noble dans toute sa personne. ⇒ Imposant (cit. 2). || Gentleman (cit. 1) à la noble prestance, au port noble. ⇒ Majestueux, olympien. || Une beauté noble et imposante (→ Expirer, cit. 6). || Air, allure, manières (cit. 44) nobles. ⇒ Distingué (→ Ambassadeur, cit. 3). || Figure noble (→ Âge, cit. 38). || Noble front (→ Gracieux, cit. 8). — Ton noble.
8 (…) une toute jeune fille, remarquablement belle, avec des traits nobles et réguliers (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XIII, p. 139.
9 Elle prenait des manières à la fois hypocrites et nobles, dispensait des paroles insignifiantes comme l'eût pu faire une reine, et rendait la monnaie avec un air de munificence (…)
J. Green, Léviathan, I, III.
♦ ☑ Théâtre. Père noble : rôle d'homme d'un certain âge et d'une gravité, d'une dignité souvent un peu outrées. || Jouer les pères nobles.
10 Il conduisit Christophe au Théâtre-Français. — On jouait, ce soir-là, une comédie moderne, en prose (…) Les voix des acteurs étaient démesurément amples (…) Le père noble marchait d'un pas de maître d'armes, avec une dignité funèbre, un romantisme en habit noir.
R. Rolland, Jean-Christophe, La foire sur la place, I, p. 710.
3 Littér., arts. Qui a de la majesté, une beauté grave. || Noble ordonnance d'un tableau, d'un groupe sculpté. || Langue, prose noble (→ Emphase, cit. 5; emploi, cit. 3).
11 Qu'y a-t-il de plus noble que ces mémoires de M. le vice-amiral comte d'Estrées, pages toutes empreintes du grand langage du dix-septième siècle ?
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre, « Eugène Sue », II.
4 (1647). Après le nom, sauf exceptions (par oppos. à bas). Littér. (Surtout en parlant de la littér. class.). || Genre (cit. 18) noble (⇒ Héroïque), style noble (⇒ Élevé, soutenu), qui rejette les mots et expressions jugés vulgaires par le goût du temps (→ Malgracieux, cit. 1). || Mot noble (→ Fleuve, cit. 1), trop noble (→ Horreur, cit. 11; → aussi ci-dessous, cit. 16, Hugo, par métaphore). || Terme noble (→ Misère, cit. 2).
12 J'ai vu les enfants, dans les familles riches de Paris, employer toujours la tournure la plus ambitieuse pour arriver au style noble, et les parents applaudir à cet essai d'emphase. Les jeunes Parisiens diraient volontiers coursier au lieu de cheval, de là leur admiration pour MM. de Salvandy, de Chateaubriand, etc.
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 29.
13 Ces fragments, aux nobles alexandrins, n'ont que ce mérite (…) de montrer à quel point Musset, vieillissant, se préoccupait de revenir au classique pur, et l'on peut même dire à la tradition racinienne.
Émile Henriot, les Romantiques, p. 180.
5 (1562). Après le nom. Se dit de ce qui est considéré comme supérieur (dans certaines expressions vieillies ou didact.). Se dit d'organes, de tissus différenciés et spécialisés, qui jouent un rôle prépondérant dans l'organisme. || Parties nobles, le cerveau, le cœur… parfois les organes génitaux. || Les reins, éléments nobles du système urinaire. — Par métonymie. || Cellules (cit. 7) nobles.
14 Cependant, le chirurgien se préparait à visiter et à sonder les plaies (…) le coup n'avait fait que glisser au-dessous de la mamelle gauche, et n'offensait aucune des parties nobles.
A. R. Lesage, le Diable boiteux, XV.
♦ (1764). || Métaux (cit. 3) nobles : métaux précieux, inaltérables à l'air ou à l'eau (argent, or, platine). — Phys. || Gaz nobles, autre nom des gaz inertes, dits aussi « gaz rares ». — Comm. || Matières nobles, non synthétiques (le bois, la pierre, la laine, etc.). — De haut niveau (activités, études, etc.). || « Les spécialités, les plus “nobles” : électronique, mécanique, télécommunications » (le Monde, 13 sept. 1969). — Très perfectionné (appareil, machine, arme, etc.). ⇒ Sophistiqué.
♦ (1690). Vx. Gramm. || Genre (cit. 20) noble, celui qui l'emporte sur un autre, le masculin par rapport au féminin, le féminin par rapport au neutre.
6 N. m. (1580). Ce qui est noble. || Le goût du grand et du noble. || Préférer le noble au gracieux.
7 N. m. (1360). Numism. Nom ancien de plusieurs monnaies d'or anglaises ou françaises. — (1475). Spécialt. || Noble à la rose : monnaie anglaise « ainsi appelée à cause de l'excellence de l'or dont elle est faite » (Furetière) et frappée à l'effigie des maisons d'York ou de Lancastre, qui avaient pour emblème une rose.
15 (Le singe) Détachait du monceau tantôt quelque doublon,
Un jacobus, un ducaton,
Et puis quelque noble à la rose (…)
La Fontaine, Fables, XII, 3.
———
II (Après le nom, sauf en loc. archaïques).
1 (1216). « Qui est élevé au-dessus des roturiers par sa naissance, par ses charges, ou par la faveur du prince » (Furetière) et appartient, de ce fait, à une classe sociale privilégiée (sociétés hiérarchisées, féodales, etc.) ou qui descend d'un membre de cette classe et peut en justifier (par des titres de noblesse). ⇒ Noblesse. || Charge qui pouvait rendre noble son titulaire. ⇒ Anoblir (→ Avocat, cit. 6; chancelier, cit. 1). || N'être pas noble. ⇒ Roture, roturier (→ Naïf, cit. 9). || Des valets et leurs nobles maîtres (→ Fusain, cit. 1). — Une très noble famille japonaise (→ Hara-kiri, cit. 1).
♦ Vx. || Noble homme : titre honorifique donné parfois à un simple bourgeois (→ Honorable, cit. 5).
♦ Par métaphore :
16 La langue était l'état avant quatre-vingt-neuf;
Les mots, bien ou mal nés, vivaient parqués en castes;
Les uns, nobles, hantant les Phèdres, les Jocastes,
Les Méropes, ayant le décorum pour loi,
Et montant à Versaille(s) aux carrosses du roi;
Les autres, tas de gueux, drôles patibulaires,
Habitant les patois; quelques-uns aux galères
Dans l'argot; dévoués à tous les genres bas (…)
Hugo, les Contemplations, I, VII.
2 N. (XIVe). || Un noble, une noble (rare). ⇒ Aristocrate, grand (II.), seigneur; condition, qualité (homme de). || Les nobles. ⇒ Noblesse. || Place éminente (cit. 4) des nobles dans l'État sous l'Ancien Régime. || Insolence (cit. 7), privilèges des nobles. || Nobles et roturiers, nobles et vilains (→ Ethnique, cit. 2). || Révolte de paysans contre les nobles (→ Jacquerie, cit.). || Ci (cit. 2) -devant noble. || Noble qui déroge (cit. 4). || Noble ruiné, qui cherche à redorer son blason. || Noble de fraîche date. || Faux noble : bourgeois, roturier anobli de fraîche date — Noble portant un nom à particule, un nom en « de ». — Nobles de la suite du roi. ⇒ Gentilhomme. || Jeune noble de l'escorte d'un prince. ⇒ Page. || Nobles de campagne. ⇒ Hobereau, junker. || Noble qui est fait chevalier. — Nobles d'Espagne (⇒ Hidalgo, menin…), de Russie (⇒ Boyard)… — Antiq. rom. ⇒ Patricien.
17 Les vrais Nobles sont les Nobles de race, de sang, d'extraction. Les nouveaux Nobles sont ceux qui ont été anoblis par leurs charges, par leurs emplois, et particulièrement par les militaires. Les Nobles par lettres, sont ceux qui ont obtenu lettres du Prince pour jouir du privilège des Nobles (…)
Furetière, Dict.
18 Le gouvernement aristocratique a par lui-même une certaine force que la démocratie n'a pas. Les nobles y forment un corps qui, par sa prérogative et pour son intérêt particulier, réprime le peuple : il suffit qu'il y ait des lois, pour qu'à cet égard elles soient exécutées.
Montesquieu, l'Esprit des lois, III, IV.
19 La plupart des nobles rappellent leurs ancêtres, à peu près comme un cicerone d'Italie rappelle Cicéron.
Chamfort, Maximes…, « Sur la noblesse », XXXVII.
20 Ces nobles de campagne étaient des paysans comme les autres, mais chefs des autres. Anciennement il n'y en avait qu'un dans chaque paroisse : ils étaient les têtes de colonne de la population (…) et on leur rendait de grands honneurs. Mais déjà, vers le temps de la Révolution, ils étaient devenus rares. Les paysans les tenaient pour les chefs laïques de la paroisse, comme le curé était le chef ecclésiastique.
Renan, Souvenirs d'enfance…, I, III.
21 Les nobles d'aujourd'hui sont des bourgeois honteux.
Bernanos, Journal d'un curé de campagne, p. 205.
22 (…) l'aristocratie, avant d'être une caste privilégiée, avait été un Ordre, si différent qu'il fût des ordres religieux. Les nobles, chefs de guerre jadis, avaient servi en grand nombre dans les armées royales; hommes du combat et de la loi, ils avaient participé du caractère sacré du roi, et, quand ils n'en participèrent plus, furent balayés.
Malraux, les Voix du silence, p. 481.
3 Par ext. Qui appartient, qui est propre aux nobles, qui est caractéristique de leur état. || Nom noble. || Être de naissance, de race, de sang noble. ⇒ Illustre; gentilhomme, lieu (de haut lieu), maison (de). — Oisiveté des vies nobles. — || Grand seigneur qui affiche « le dédain le plus noble » (→ Haut, cit. 99, Voltaire). — Dr. féod. || Biens nobles, fonds noble, correspondant à un titre de noblesse. || Terre noble.
23 Ne rougissez-vous point de mériter si peu votre naissance (…) Croyez-vous (…) que ce nous soit une gloire d'être sorti d'un sang noble lorsque nous vivons en infâmes ?
Molière, Dom Juan, IV, 4.
24 Leurs officiers le traitèrent avec respect. Un nom noble leur en impose, mais plus que tout autre celui des Orgel qui, dans leurs dictionnaires, occupe deux ou trois colonnes.
R. Radiguet, le Bal du comte d'Orgel, p. 32.
25 C'était une Altesse. Elle ne connaissait nullement ma famille ni moi-même, mais issue de la race la plus noble et possédant la plus grande fortune du monde, car, fille du prince de Parme, elle avait épousé un cousin également princier, elle désirait, dans sa gratitude au Créateur, témoigner au prochain, de si pauvre ou de si humble extraction fût-il, qu'elle ne le méprisait pas.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. VIII, p. 57.
4 Vieilli ou littér. Qui est composé de nobles, occupé par des nobles. || Cavalerie noble. ⇒ Chevalerie. || Le noble quartier du Marais. || Le noble faubourg.
26 Les salons « nobles » d'aujourd'hui ne ressemblent plus à ces salons-là. Le faubourg Saint-Germain d'à présent sent le fagot. Les royalistes de maintenant sont des démagogues, disons-le à leur louange.
Hugo, les Misérables, III, III, III.
27 Eh, vous avez donc des amis dans la garde noble ? Je vous soupçonnais, aussi, de faire des visites dans l'aristocratie locale.
Valery Larbaud, A. O. Barnabooth, Journal, II, 11 juin.
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CONTR. (Du I.) Abject, bas, commun, ignoble, infâme, mesquin, prosaïque, vil. — Avilissant. — Familier. — Cru. — (Du II.) Bourgeois, roturier, vilain.
DÉR. Noblaillon, noblement, noblesse, nobliau.
COMP. Anoblir, ennoblir. Garde-noble.
Encyclopédie Universelle. 2012.