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couper

couper [ kupe ] v. tr. <conjug. : 1>
colper XIe; de coup « diviser d'un coup »
I AConcret
1Diviser (un corps solide) avec un instrument tranchant. Couper qqch. avec un couteau, des ciseaux, une hache, un cutter, un rasoir. Couper du bois. fendre, scier. Couper du papier au massicot, du métal à la pince. « je coupe les ficelles [...] au lieu de dénouer les nœuds » (Colette). Couper droit, en biais. Couper un livre, les pages ( coupe-papier) . Loc. Brouillard à couper au couteau, très dense. Fil à couper le beurre. Couper la gorge, le cou à qqn. trancher. — COUPER EN... Diviser en (morceaux de telle forme). Couper qqch. en morceaux ( morceler) , en tranches ( émincer, trancher) . Saucisson coupé en rondelles. Diviser en (fractions, parts). Couper un gâteau en six. fractionner, partager. Couper un pain, un comprimé, un fruit en deux. Loc. Couper les cheveux en quatre.
Diviser, débiter en morceaux. Couper du bois pour l'hiver ( tronçonner) , couper un stère de bois. Couper la viande, la volaille. découper, dépecer. Il faut lui couper sa viande (dans son assiette). Couper le pain, du pain. Couper qqch. gros, menu. hacher. Jambon, pain coupé fin, en tranches fines.
2Prendre, former (un morceau) en séparant avec un instrument tranchant. Couper un morceau de pain, une tranche de viande. 1. lever, prélever. Couper des tartines, des quartiers de pomme. Tranche mal coupée. Je vous coupe une autre tranche ?
Préparer les morceaux à assembler pour faire (un vêtement, un sac, etc.). Couper une robe. tailler; 2. coupe; coupeur, couturier. Couper une jupe avec un patron. Jupe coupée en biais. Couper et coudre.
3Enlever (qqch. qui tient à un ensemble) avec un instrument tranchant. Couper un arbre ( abattre) . Couper la cime ( écimer, étêter) , les branches ( ébrancher, élaguer, émonder, tailler) . Couper l'arbre pour avoir le fruit. Couper l'herbe, les foins ( faucher) , les blés ( moissonner) , les cannes à sucre. Couper de l'herbe, des roseaux; couper des fleurs pour faire un bouquet.
Couper un membre, un organe à qqn. amputer, mutiler; -ectomie. Couper la tête à qqn. décapiter, guillotiner; décollation. Loc. fig. Couper bras et jambes. En donner sa main, sa tête à couper : en être sûr, en avoir la conviction (cf. En mettre sa main au feu). — Couper les organes de la reproduction. castrer, châtrer. Par méton. Couper un chat, le châtrer.
Absolt, loc. Couper dans le vif : tailler, trancher dans la chair vive pour extirper un mal; fig. prendre des mesures énergiques pour régler une affaire.
Tailler (une production du corps qui se renouvelle). Se couper les ongles, les poils de barbe. Couper les cheveux (de, à qqn). 2. coupe. Elle s'est fait couper les cheveux chez son coiffeur. Couper ras. raser, tondre.
4Blesser, faire une entaille. Elle s'est coupé le doigt : elle s'est fait une coupure au doigt. Cet enfant a coupé son frère à la main.
5Donner une impression de coupure à (une partie du corps, la peau). Le froid coupe les mains, les lèvres. gercer. Bise qui coupe le visage. 2. cingler, fouetter.
B
1Diviser en plusieurs parties. fractionner, partager, scinder, tronçonner. Ligne sécante qui coupe une surface. Couper une pièce par une cloison. Fossés, talus, haies qui coupent les champs. morceler. Couper un mot pour passer à la ligne. Loc. Couper un virage, en roulant près du bord intérieur (cf. Prendre un virage à la corde).
Séparer, isoler. Couper qqn de ses amis. Être coupé du monde, de la réalité.
2Passer au milieu, au travers de (qqch.). traverser. Ce chemin en coupe un autre. croiser; intersection. Absolt Couper à travers champs : passer par le plus court chemin.
3Enlever (une partie d'un texte). Couper qqch. dans un discours. retrancher. « Tu trouveras des points de suspension çà et là. J'ai coupé quelques redondances » (Romains). Ils ont coupé les scènes de violence. censurer.
4Interrompre (une action, un discours). Couper sa journée par une sieste, en faisant la sieste. Elle travaillait « en coupant son travail des soins du ménage » (Michelet). entrecouper. Publicités qui coupent un film (fam. saucissonner) . Couper une communication téléphonique. interrompre. Absolt Ne coupez pas ! ne raccrochez pas. — Couper la parole à qqn ( ôter, retirer) . Interrompre (qqn). « Si vous trouvez que je divague, allez-y carrément, coupez-moi ! » (Genevoix). Fam. Couper le sifflet, la chique. Ça te la coupe ! ça t'étonne. Couper l'appétit, la faim. Couper la fièvre, la faire tomber. Couper le souffle, la respiration. Couper ses effets (à qqn).
5Arrêter, barrer. Couper le chemin à qqn, passer devant lui. Couper la retraite à l'ennemi. Couper les ponts. Toutes les routes sont coupées.
Fig. Couper le crédit, les vivres à qqn, ne plus lui donner de subsides. ⇒ bloquer. Couper le mal à la racine.
6Interrompre le passage de. Couper l'eau, l'électricité; le courant. Couper l'allumage, le contact, les gaz. « la télévision où l'image défile, mais dont Blandine a coupé le son » (H. Bazin). Coupez ! arrêtez la prise de vues, la prise de son.
CPar ext.
1(1610) Mélanger à un autre liquide. coupage. Couper son vin, l'additionner d'eau. Couper avec de l'alcool. Couper du lait. mouiller.
2(1637 au jeu de paume) Couper une balle (au tennis, au tennis de table),la renvoyer en lui donnant un effet ralentissant sa course et déviant son rebond.
3Couper un jeu de cartes, le diviser en deux paquets. ⇒ 2. coupe. Absolt Battre et couper. C'est à vous de couper. Prendre avec l'atout quand une autre couleur est demandée ( surcouper). Je coupe le carreau; ellipt Je coupe. Couper à carreau. Couper ou se défausser.
IITrans. ind.
1(1861) Fam. COUPER À. éviter. Couper à une corvée, y échapper. Il n'y coupera pas. « Je n'y couperai pas d'une pleurésie » ( Bernanos).
2Loc. Couper court à qqch.
III V. intr. Être coupant, tranchant. Les éclats de verre coupent. Ce couteau ne coupe pas, coupe mal. IV ♦ SE COUPER v. pron.
1(Réfl.) Se blesser avec un instrument tranchant. s'entailler; coupure. Elle s'est coupée au doigt, à la main. Se couper en se rasant. Fig. Il se couperait en quatre pour lui : il lui est entièrement dévoué.
2Par ext. Cette étoffe se coupe : elle s'use dans les plis.
3 (Pass.) Être coupé. Cette viande est très tendre, elle se coupe facilement.
♢ SE COUPER DE : perdre le contact avec. Il s'est coupé de ses amis. Se couper des réalités.
4Être sécant, s'entrecroiser. Ces deux routes se coupent avant le village.
5Se contredire par inadvertance après avoir menti, laisser échapper ce qu'on voulait cacher. se trahir. « en mentant prudemment, avec la crainte de se couper » (Drieu la Rochelle).
⊗ CONTR. Lier, rassembler, réunir. Rapprocher, unir.

couper verbe transitif (de coup) Entamer la matière de quelque chose, sectionner avec un objet ou un instrument tranchant : Couper la ficelle avec des ciseaux. Sans complément, trancher ou écorcher, blesser en faisant une coupure : Couteau qui coupe. Séparer quelque chose de ce à quoi il tenait, avec un instrument tranchant : Couper des fleurs avec un sécateur. Amputer quelqu'un d'un membre, lui sectionner une main, un doigt, un bras, etc. Enlever le bout, l'extrémité ou une partie, un morceau de quelque chose avec un instrument tranchant : Couper les cheveux. Je vous coupe une tranche de viande. Diviser quelque chose, le partager avec un instrument tranchant : Couper le gâteau en 6 parts. Entamer plus ou moins profondément les chairs, entamer la peau avec un objet tranchant, ou blesser avec quelque chose d'extrêmement serré : Les liens serrés lui coupaient les poignets. Abîmer une étoffe, le cuir en les fendillant : Mauvais cirage qui coupe le cuir. Causer une sensation analogue à celle provoquée par une coupure ; cingler : Le froid lui coupait le visage. Diviser un texte en plusieurs parties : Il a coupé son discours en trois parties. Enlever une partie dans un texte, un film, etc. : Couper une scène interminable. Diviser un lieu, le séparer en deux parties : Une cloison mobile permet de couper le living. Diviser profondément un groupe en deux parties antagonistes : Les élections vont couper la France en deux. Séparer quelqu'un, un groupe de quelque chose, d'un groupe, interdire toute communication entre eux ; isoler : L'ennemi avait réussi à couper l'armée de ses bases. Passer au travers d'une masse fluide : Le bateau coupait les vagues. Croiser une voie, une ligne en parlant d'une autre voie, d'une autre ligne : Carrefour où la nationale coupe la départementale. Interdire l'accès à une voie de communication, en barrer le passage : La neige avait coupé la route des cols. Se mettre, être en travers du chemin de quelqu'un, et l'empêcher de passer, de progresser : Le camion m'a coupé le passage. Marquer trop nettement une séparation, une division dans une forme, la silhouette de quelqu'un, ce qui lui enlève de son unité, de son harmonie : Les jupes coupent la silhouette. Interrompre la continuité d'une période, d'une activité par une ou plusieurs pauses : Un café à trois heures coupait l'après-midi. Interrompre un circuit, une communication, faire cesser l'arrivée, la production de quelque chose : Couper le gaz. Faire cesser une sensation, un phénomène physiologique, pathologique, les interrompre ou en perturber l'évolution : Un produit qui coupe la faim. Chaussettes trop serrées qui coupent la circulation. Mélanger à une boisson, à un liquide un autre liquide, en particulier de l'eau : Couper son vin. Couture Tailler les différentes pièces d'un vêtement d'après un patron. Géométrie Pour un ensemble, avoir au moins un point d'intersection du premier ordre avec un autre ensemble. Réaliser une intersection. Jeux Séparer en deux paquets les cartes d'un jeu. Mines Abattre du minerai ou du stérile à l'aide d'une machine. Sports Dépasser un concurrent en passant devant lui pour prendre la corde, l'empêcher de passer ou retarder son action. Au tennis et au tennis de table, faire un coupé. ● couper (difficultés) verbe transitif (de coup) Accord Elle s'est coupée / elle s'est coupé le doigt. Voir grammaire : participe passé. Registre Couper quelqu'un = l'interrompre, lui couper la parole. Familier. Être coupé = être arrêté dans une communication téléphonique par l'interruption de la ligne. Je vous rappelle, nous avons été coupés. Familier. Se couper = se contredire, se trahir. Familier. ● couper (expressions) verbe transitif (de coup) Familier. À couper au couteau, extrêmement épais, dense. Populaire. Ça vous la coupe !, ça vous étonne ! Familier. Couper un animal, le châtrer. Couper bras et jambes à quelqu'un, le frapper d'un telle stupeur qu'il est incapable de réagir. Couper les bras, les jambes à quelqu'un, faire qu'il n'ait plus de force dans les bras, qu'il ne puisse plus marcher. Couper les cheveux en quatre, être trop pointilleux, aimer la difficulté, chicaner. Couper le cou, la gorge à quelqu'un, l'égorger. Couper les crédits, les vivres à quelqu'un, cesser de l'aider financièrement. Couper ses effets à quelqu'un, l'empêcher d'obtenir l'effet de surprise ou d'admiration qu'il escomptait. Couper le mal à (par) la racine, le faire disparaître radicalement. Couper la parole à quelqu'un, couper quelqu'un, l'interrompre, l'empêcher de continuer à parler. Couper le souffle à quelqu'un, le stupéfier. Donner sa main, sa tête à couper, être sûr, affirmer avec conviction. Ne coupez pas !, n'interrompez pas la communication téléphonique. Couper (une carte), couper (à trèfle, cœur, pique, carreau), prendre avec un atout une carte de son adversaire. ● couper (homonymes) verbe transitif (de coup) coupé nom masculin coupée nom féminincouper (synonymes) verbe transitif (de coup) Entamer la matière de quelque chose, sectionner avec un objet ou...
Synonymes :
- découper
- tronçonner
Amputer quelqu'un d'un membre, lui sectionner une main, un doigt...
Synonymes :
Enlever le bout, l'extrémité ou une partie, un morceau de...
Synonymes :
Diviser quelque chose, le partager avec un instrument tranchant
Synonymes :
- découper
Entamer plus ou moins profondément les chairs, entamer la peau...
Synonymes :
- écorcher
Causer une sensation analogue à celle provoquée par une coupure ;...
Synonymes :
Diviser un texte en plusieurs parties
Synonymes :
Enlever une partie dans un texte, un film, etc.
Synonymes :
- épurer
Contraires :
Diviser un lieu, le séparer en deux parties
Synonymes :
Séparer quelqu'un, un groupe de quelque chose, d'un groupe, interdire toute...
Synonymes :
Croiser une voie, une ligne en parlant d'une autre voie...
Synonymes :
Interdire l'accès à une voie de communication, en barrer le...
Synonymes :
Se mettre, être en travers du chemin de quelqu'un, et...
Synonymes :
Interrompre la continuité d'une période, d'une activité par une ou...
Synonymes :
Interrompre un circuit, une communication, faire cesser l'arrivée, la production...
Synonymes :
- arrêter
Mélanger à une boisson, à un liquide un autre liquide...
Synonymes :
- baptiser (familier)
Sports. Au tennis et au tennis de table, faire un coupé.
Synonymes :
Familier. Couper un animal
Synonymes :
couper verbe transitif indirect Familier. Éviter adroitement une fatigue ou un travail ; échapper à : Couper à toutes les corvée.couper verbe intransitif Prendre un chemin, passer à travers un lieu pour aller directement quelque part : Couper par la forêt. En parlant d'une voie, mener directement quelque part en traversant un lieu. ● couper (homonymes) verbe transitif indirect coupé nom masculin coupée nom féminincouper (synonymes) verbe transitif indirect Familier. Éviter adroitement une fatigue ou un travail ; échapper à
Synonymes :
- échapper à
- se dérober
couper (expressions) verbe intransitif Familier. Couper dans un piège, tomber dans un piège ; accepter, admettre, croire naïvement. ● couper (homonymes) verbe intransitif

couper
v.
rI./r v. tr.
d1./d Diviser avec un instrument tranchant. Couper du papier avec des ciseaux. Couper du bois.
(Belgique) Cueillir. Couper des marguerites, des haricots.
|| Loc. fig. Couper l'herbe sous le pied de qqn, le supplanter dans une affaire, un projet.
Fam. Couper les cheveux en quatre.
Fig. Donner sa tête à couper que...: affirmer absolument que...
Fig. Un brouillard à couper au couteau, très épais.
d2./d Cour. Tailler (un vêtement) dans de l'étoffe. Couper une robe.
d3./d Entamer la peau, la chair. La scie lui a coupé le doigt profondément.
(Afr. subsah.) Fam. Circoncire.
|| Entailler.
(Afr. subsah.) Couper un palmier, l'inciser pour faire couler la sève.
d4./d Fig. Produire l'impression d'une coupure. Vent qui coupe le visage.
d5./d Interrompre, empêcher le passage de. Couper un circuit, le courant.
Couper la retraite à l'ennemi. Couper le cours d'un fleuve.
Couper la fièvre, la faim, l'appétit.
Couper le jeûne ou (Afr. subsah.) couper le carême: achever le jeûne du mois de ramadan.
|| Loc. Couper le souffle: essouffler; fig. étonner, surprendre grandement.
Couper la parole à qqn: interrompre qqn qui était en train de parler; imposer le silence.
|| Couper une communication téléphonique.
Absol. Nous avons été coupés.
d6./d Supprimer, censurer. Une scène du film a été coupée.
d7./d Traverser, partager. Une droite qui coupe un plan.
d8./d Mélanger un liquide à un autre. Couper d'eau le lait, le vin.
d9./d JEU Séparer un jeu de cartes en deux parties.
|| Jouer un atout quand on ne peut fournir la couleur demandée.
d10./d SPORT Au tennis, au tennis de table, donner de l'effet à (une balle).
d11./d (Djibouti, Liban) Couper les billets: prendre des billets (pour le théâtre, le cinéma, etc.).
rII./r v. intr.
d1./d être tranchant. Ce rasoir coupe bien.
d2./d (Maurice) Braquer de façon à prendre un virage au plus court.
rIII/r v. tr. indir.
d1./d Couper à: échapper à, éviter. Couper à une corvée.
d2./d Couper court à: abréger brusquement, faire cesser.
rIV./r v. Pron.
d1./d Se blesser avec un instrument tranchant. Se couper jusqu'à l'os.
d2./d étoffe qui se coupe, qui s'use aux plis.
d3./d Se croiser, s'entrecroiser. Des routes qui se coupent à angle droit.
d4./d Fig. Se contredire après avoir menti. Elle affirmait une chose, puis se coupait maladroitement.

⇒COUPER, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— Rompre un corps continu par l'intervention d'un instrument tranchant. Couper net; couper ras; couper aux ciseaux, avec un rasoir.
1. [L'obj. désigne une partie d'un tout] La séparer, la détacher. Couper un morceau de pain; couper des branches. Un grand matelot américain, (...) tailladait des visages, fendait des nez, entamait des joues, coupait des oreilles (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 265) :
1. Gérard servit de coiffeur à Mariette, et Mariette commença à couper avec des ciseaux les cheveux de Gérard; elle en enlevait le plus qu'elle pouvait avant de se servir du rasoir, ...
CHAMPFLEURY, Les Aventures de Mlle Mariette, 1853, p. 123.
Syntagmes et loc. fig.
a) Couper le foin, l'herbe. Au fig. Couper l'herbe sous le pied à qqn. L'empêcher de réussir dans une entreprise, le supplanter. Pour couper l'herbe sous les pieds à tout concurrent photographe (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 110). Couper qqc. par la racine. Le supprimer dans ses principes mêmes. Le meilleur moyen de les couper [ces abus odieux] par la racine, serait d'adopter la jurisprudence criminelle des Anglais (MARAT, Pamphlets, Offrande à la Patrie, 1789, p. 30).
b) Couper les feuillets, les pages d'un livre. Séparer les pages qui sont liées entre elles. P. méton. Couper un livre.
c) Couper le fil, des liens, des attaches. Séparer une partie d'un tout ou deux choses liées entre elles en rompant ce qui les retient.
d) Couper un costume, une robe. Tailler dans une étoffe en donnant une forme déterminée.
e) [Le compl. d'obj. dir. désigne une partie du corps]
Couper l'aile, les ailes à qqn ou à qqc. Briser le développement d'un mouvement individuel ou collectif. Ils n'ont pas même eu besoin de couper à leur génie des ailes qui ne poussaient pas (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 455).
Couper un bras, une jambe. Au fig. Couper bras et jambes. Priver quelqu'un de ses moyens, l'empêcher d'agir ou de réagir. Cette ironie, (...) acheva de me déconcerter et, je l'avoue, me coupa — bras et jambes (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Moyen de Roger, 1885, p. 996). Couper les jambes. Accabler de fatigue. Des lassitudes la prenaient, qui lui coupaient les jambes (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 113).
Couper le cou, la gorge, la tête, et en arg., couper la musette, le sifflet. Égorger, décapiter, tuer. Rappelez-lui que la république dispose d'une machine à couper le sifflet (BERNANOS, Dialog. Carm., 1948, 3e tabl., 10, p. 1639). Au fig., fam. Couper la musette, le sifflet à qqn. L'interrompre brusquement ou le mettre hors d'état de répondre en le déconcertant. La moindre réclame me couperait la musette (FLAUB., Corresp., 1879, p. 319). « Nous les agrégés... ». Ça leur couperait le sifflet, aux bougres, ce petit mot (MAGNANE, Bête à concours, 1941, p. 278). P. méton. Couper un animal. Le châtrer. Un cochon, au moins, quand on le coupe, il gueule, il ne croit pas recevoir de l'avancement! (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 44).
2. [L'obj. désigne une chose considérée comme un tout] Diviser en deux ou en plusieurs morceaux. Couper du bois, du pain, de la viande; couper une étoffe, un tissu.
Syntagmes et loc. fig.
a) Couper en morceaux, en petits morceaux, en quartiers; couper en deux, en quatre. Au fig. Couper la poire en deux. Adopter un moyen terme. Couper les cheveux en quatre. Raffiner à l'extrême.
b) Couper dans le vif. Utiliser des moyens très énergiques. Elle était absolument décidée (...) à couper dans le vif, à trancher net (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 300).
c) À couper au couteau. D'une extrême épaisseur ou d'une extrême intensité. De petits cigares (...) qui eurent vite fait d'emplir la pièce d'une fumée à couper au couteau (GENEVOIX, Avent. en nous, 1952, p. 42).
3. [L'obj. désigne une chose prise dans son ensemble]
a) Entamer un corps; faire une incision, une entaille ou être susceptible de la provoquer. Un croc coupe la lèvre supérieure (PASTEUR, Travaux, 1886, p. 407).
Absol. Être affilé, tranchant. « Le hapchott », hachette courbe et concave en son milieu, dont le tranchant coupe comme un rasoir (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 119).
b) P. métaph. [En parlant d'une douleur, du froid, etc.] Provoquer une sensation analogue à celle d'une coupure. Des névralgies qui lui coupaient en deux la face (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 113). Le petit vent coupait encore, mais les étoiles n'avaient plus l'aiguisée des nuits d'hiver (GIONO, Eau vive, 1943, p. 165).
c) P. ext. Progresser à l'intérieur d'un fluide (par un mouvement qui semble le « couper »). La proue du navire coupoit la masse épaisse des vagues (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 231). Je l'entends [un avion] couper l'air du tranchant de ses ailes (MORAND, Eau sous ponts, 1954, p. 234).
B.— [Sans l'intervention d'un instrument tranchant]
1. Diviser un ensemble, le partager matériellement ou idéalement en deux ou plusieurs parties.
a) [Le compl. désigne une chose considérée du point de vue de son volume ou de son étendue] Diviser, séparer. C'était une espèce de boîte [l'intérieur de la carriole], (...) divisée en deux compartiments oblongs par une épaisse cloison qui la coupait transversalement (HUGO, Rhin, 1842, p. 41). Une route qui sortait du bois, et coupait la plaine par son milieu (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 48).
P. ext. Passer à travers, traverser, franchir. Couper une droite, une ligne, une route. La Tankadère entrait franchement dans le détroit de Fo-Kien, (...) et elle coupait le tropique du Cancer (VERNE, Tour monde, 1873, p. 117). Il coupait l'île par le milieu et se rendait du port à l'extrémité occidentale (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 151).
♦ [Employé absol., avec ou sans compl. prép.] Prendre un chemin de traverse, un raccourci. Jean-Louis coupa à travers les pins (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 65) :
2. Courir à la voix des chiens signifie couper au plus court, en ligne droite, à travers bois, à travers champs, et se diriger vers la tête de la meute de façon à voir l'animal.
PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 593.
Emplois spéc.
JEUX. Couper un jeu de cartes, couper les cartes, ou absol., couper. Diviser un jeu de cartes en deux paquets et les intervertir. César bat les cartes et fait couper M. Brun (PAGNOL, Marius, 1931, III, 3e tabl., 2, p. 160).
Au fig. [P. allus. au joueur coupant les cartes à l'endroit où un tricheur les a légèrement recourbées] Couper dans le pont, et p. ext., couper dans le panneau, couper dans qqc. Tomber dans un piège, se laisser abuser. Ceux-là sont de braves gobe-mouches, prêts à couper dans tous ces ponts patriotiques (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 78).
♦ [Le compl. désigne une chose abstr.] Diviser en plusieurs éléments. Couper une phrase, un vers. Il m'avait chargé de couper chaque chapitre d'une manière régulière, uniforme (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 384).
b) [En parlant d'un groupe humain] Diviser, scinder un groupe. L'assassinat du duc d'Orléans coupa la France en deux (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 112) :
3. ... les barbares l'attaquent de tous les côtés à la fois, coupent l'armée, et parviennent à isoler pour une nuit entière la cavalerie et les bagages.
MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 11.
[Suivi d'un compl. introduit par de] Séparer une personne ou un groupe de personnes d'un ensemble plus vaste; isoler. Ne pas laisser couper le groupe d'armées de réserve du reste de nos forces (FOCH, Mém., t. 2, 1929, p. 15). On me coupait du monde, on me condamnait à l'exil (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 56).
2. Retrancher, supprimer une ou plusieurs parties d'un tout. Couper une pièce de théâtre, la fin d'une émission. Il a fallu couper ce passage de l'interrogatoire (MALRAUX, Conquér., 1928, p. 149).
3. Rompre une continuité spatiale ou temporelle; faire cesser, arrêter le cours d'une chose matérielle ou morale.
a) Couper une voie de communication, une route, un fleuve. Le (la) barrer, en empêcher l'accès. Au fig. Couper les ponts avec qqn, avec qqc. Cesser toute relation avec quelqu'un, rompre avec quelque chose. Elle [la philosophie] se libère au point de couper tous les ponts avec la pensée scientifique (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 195).
Spéc., lang. milit. Couper la retraite à l'ennemi. Il coupa la retraite des Autrichiens (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 535). Couper les vivres à une armée. Entraver les communications permettant l'apport des vivres. Au fig. Couper les vivres à qqn. Cesser de lui fournir ses moyens de subsistance. Mes commanditaires et mes bailleurs de fonds me couperaient les vivres (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 400).
b) Couper l'eau, l'électricité, le gaz; couper le contact, le courant; couper une communication téléphonique, absol., ne coupez pas! :
4. ... je tournai le commutateur et, rétablissant la communication dans ma chambre, je la coupai entre le bureau de postes et la loge du concierge à laquelle il était relié d'habitude à cette heure-là.
PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 730.
c) [En parlant d'un phénomène physique ou moral] Couper l'appétit, la fièvre. Couper le souffle. Empêcher, gêner la respiration; au fig., étonner vivement, stupéfier. ... la colère Lui montait à la gorge et lui coupait la voix (BOUILHET, Melaenis, 1857, p. 58). L'aspect du cheval et de la voiture coupa l'essor de mon imagination (GIDE, Isabelle, 1911, p. 604).
d) [En parlant d'une action, d'un entretien, d'un discours]
Couper la parole à qqn, et p. ell., couper qqn. L'interrompre brutalement. Absol., en incise. Je n'ai pas besoin que vous me remerciiez, coupa-t-il avec une sorte de brutalité insolite (BILLY, Introïbo, 1939, p. 123).
Couper court. Terminer hâtivement un entretien ou un écrit, abréger. Au risque de prendre un peu au hasard la liberté de couper court, je reprendrai sans transition le dessein que j'avais en entamant cette page (BOUSQUET, Trad. du silence, 1935-36, p. 122).
Arg. Couper la chique. Rendre muet de stupeur, déconcerter. P. ell. Ça te la coupe! :
5. ... quand elle se mettait à causer ils étaient tous forcés de se taire. Ils ne savaient pas quoi lui répondre. Elle ne conversait la tante qu'à l'imparfait du subjonctif. (...). Ça coupait la chique à tout le monde.
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 51.
Couper l'effet, les effets de qqn. L'empêcher de produire l'impression désirée. Swann coupa l'effet de Brichot (PROUST, Swann, 1913, p. 253).
e) [En parlant d'une durée] Couper le temps, la journée. En rompre la continuité. Ces réjouissances dominicales avaient cela de bon qu'elles coupaient la monotonie des jours (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 160).
f) Emplois spéc.
Rompre une unité par l'introduction d'un élément différent.
♦ Mêler un liquide à un autre liquide. Couper du vin blanc avec du vin rouge (LITTRÉ). Frais vallon, nous couperons d'un jus rouge encore l'eau rapide et glacée de ton artère! (CLAUDEL, Protée, 1re version, 1914, I, 1, p. 309).
[Sans compl. prép.] Couper du vin, du lait. Y ajouter de l'eau. J'ai demandé qu'on lui « coupe » son lait (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 216).
JEUX. [Dans certains jeux de cartes, avec l'idée d'interrompre une couleur] Introduire une carte d'atout quand on ne peut fournir la couleur demandée. Couper une carte, couper l'as, absol., couper, couper à carreau.
Au fig. L'idée de couper par un maître-atout la plus belle carte des Whigs (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 225).
SP. Couper un coup, une balle. Briser la trajectoire d'une balle. Il avait parié couper douze balles de suite sur la lame d'un couteau (DUMAS père, P. Jones, 1838, I, 4, p. 133).
4. Emploi trans. indir. Couper à qqc. (un désagrément, une tâche ennuyeuse, une punition, etc.). Y échapper. La Guillaumette, (...) coupa encore à la manœuvre ce matin-là (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 1re part., 1, p. 7). Il n'y couperait pas : c'était la crise de foie (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 945).
II.— Emploi pronom.
A.— [Le pron. réfl. représente le compl. d'obj. indir.] Se couper le doigt, se couper au doigt : se couper les cheveux, les ongles. Le critique musical se coupe les ongles avec des ciseaux énormes (RENARD, Journal, 1907, p. 1137).
B.— [Le pron. réfl. représente le compl. d'obj. dir.]
1. Domaine concr.
a) [Le suj. désigne un animé] Se faire une entaille, se blesser avec quelque chose de tranchant. Toute idée révolutionnaire est un outil qui a deux tranchants, l'un avec lequel on coupe, l'autre auquel on se coupe (HUGO, Rhin, 1842, p. 404).
Loc. fig. Se couper en quatre pour qqn, pour qqc. Déployer tous ses efforts au profit d'une personne ou d'une cause.
Spéc. [En parlant d'un cheval] Se blesser en marchant.
b) P. anal. [En parlant d'une étoffe] S'user facilement à l'endroit des plis.
2. Domaine abstr. Se trahir, se contredire; révéler par inadvertance ce que l'on voulait cacher. Pourquoi le président essaye-t-il de le faire se couper, se contredire? (GIDE, Souv. Cour d'ass., 1913, p. 648).
C.— [À valeur passive] Être susceptible d'être coupé. Il n'y a point de mal que l'herbe soit mouillée. Elle se coupe mieux (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 455).
Domaine abstr. Pouvoir être divisé ou subdivisé. Nous devions aller au moins jusqu'à la fin de la première partie. Tel que, cela se couperait très mal (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec J. Rivière], 1913, p. 362).
D.— [À valeur réciproque, en parlant de lignes, de routes, de plans] Se croiser. Si j'imagine trois droites qui se coupent, je formerai un triangle mental (RUYER, Esq. philos. struct., 1930, p. 189).
Rem. On rencontre ds la docum. le néol. coupaison, subst. fém. Fait de couper (les raisins). C'est au contraire la vendange qui est une institution, une cérémonie, rituelle, annuelle, un anniversaire, pour emplir laquelle les raisins sont faits, cette matière, et la coupaison des raisins (PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 687). Attesté ds aucun dictionnaire.
Prononc. et Orth. :[kupe], (je) coupe [kup]. Ds Ac. depuis 1694. DUPRÉ 1972, p. 545, attire l'attention sur le fait qu'il faudrait écrire l'expr. couper court, « couper cours », car ,,il ne s'agit de couper court ni de couper long, mais de suspendre le cours d'un événement``. Étymol. et Hist. A. 1. « Séparer au moyen d'un instrument tranchant » a) 1re moitié XIIe s. « retrancher (un membre, un organe) » couper le poing (Lois de Guillaume, éd. J. Matzke, p. 10); spéc. 1678 « châtrer (un animal) » (G. GUILLET, Les Arts de l'homme d'épée, 1re part., p. 65); b) mil. XIIe s. coper borses (Charroi de Nîmes, éd. D. Mc Millan, 1237); début XIIIe s. coper vergiers (Aymeri de Narbonne, 1097 ds T.-L.); 1611 fig. couper l'herbe sous les pieds à (qqn) (COTGR.); 2. 1434 « supprimer » (Archives de Tournai ds GDF. Compl.); 3. 1539 intrans. « être tranchant, coupant » (EST.); 4. 1679 « tailler quelque chose (spécialement un vêtement) selon certaines règles » (RICH.); 5. 1611 pronom. « se blesser » (COTGR.). B. 1. 1539 « séparer en morceaux, en parties » (EST.); 1606 couper les cartes (CRESPIN); 2. fin XIIIe-début XIVe s. coper le pont (JOINVILLE, 216 ds LITTRÉ); d'où 2e moitié XIVe s. coper le voie « barrer le chemin » (FROISSART, Chroniques, éd. S. Luce, II, 6); 3. a) av. 1475 coupper court la réponse (CHASTELLAIN, III, 58, 24 ds HEILEMANN); 1567 se couper « se contredire » (J.-A. DE BAÏF, Le Brave, II, 4 ds GDF. Compl.); b) 1861 fam. couper à « éviter (quelque chose) » (d'apr. ESN.). C. P. ext. XVe s. « affaiblir un liquide en le mélangeant à un autre » (O. BASSELIN, XVIII ds LITTRÉ). Dér. de coup (proprement « séparer par un coup »); dés. -er. Fréq. abs. littér. :4 435. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 5 152, b) 7 486; XXe s. : a) 7 308, b) 6 056. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, passim. — MELCHIOR-BONNET (A.). Le Vocab. révolutionnaire. Vie Lang. 1973, p. 84. — ROG. 1965, p. 71, 236. — SAIN. Lang. par. 1920, pp. 238-239; p. 455.

couper [kupe] v. tr.
ÉTYM. XIe, colper; de colp, coup, au sens de « diviser d'un coup ».
———
I
A (Concret).
1 Diviser, morceler (un corps solide) avec un instrument tranchant; séparer en tranchant. Sectionner, tailler, trancher; section. || Couper (qqch.) avec un couteau, un bistouri, un burin, une bute, une cisaille, des ciseaux, un couperet, un coupoir, une faucille, une hache, une sape, un sécateur… || Couper au bistoquet, à la fraise, à la scie… Instrument, machine, outil. || Objet contondant qui casse, écrase, hache les matériaux sans les couper (→ Chevalet, cit. 1). || Couper l'extrémité de qqch. pour rendre plus court. Ébouter, écourter, raccourcir, rafraîchir. || Couper le bout effiloché d'une corde. Moucher. || Couper qqch. pour ôter un morceau, une partie d'un tout. || Couper un bout, un morceau de qqch. Détacher, enlever, lever, ôter. || Couper qqch. en plusieurs endroits. Entrecouper. || Couper qqch. par petits morceaux, en tranches minces. Émincer, mincer. || Couper complètement, de près, à ras, à fleur de terre. || Couper net, couper ras. Raser, tondre; estoc (à blanc-estoc). || Couper la racine. Extirper.Fig. Couper le mal à la racine.Couper un objet sur les bords. || Couper les bords, les défauts (barbes, etc.) de qqch. Ébarber, émarger, rogner.
Couper du bois. || Couper un arbre. Abattre; 2. coupe, || Couper la cime ( Écimer, étêter), les branches ( Ébrancher, élaguer, émonder) d'un arbre. Taille, tailler. || Couper un tronc d'arbre en planches, en bûches. Aménager, débiter, fendre.Couper l'arbre pour avoir le fruit. Arbre (cit. 37 à 40, et supra). || Couper une poutre à vive arête. Aviver. || Couper une haie. Cisailler, tailler. || Couper les mauvais grains d'une grappe. Égrapper; cisellement. || Couper de l'herbe, du foin. || Couper les blés. Moissonner; faucarder, faucher, saper. || Couper les chaumes. Chaumer, étraper. || Empêcher le bourgeonnement en coupant la tige. Décolleter.
1 La campagne (…) est couverte d'hommes qui taillent et qui coupent (…) qui roulent ou qui charrient le bois du Liban (…)
La Bruyère, les Caractères, VI, 78.
2 Si Landry le menait dans le jardin de son maître, et que tout en devisant avec lui, il s'interrompit pour couper une branche morte sur une ente, ou pour arracher une mauvaise herbe qui gênait les légumes, cela fâchait Sylvinet (…)
G. Sand, la Petite Fadette, VII, p. 45.
(1611). Fig. et fam. Couper l'herbe sous les pieds (sous le pied) de qqn, le devancer. Devancer, précéder, supplanter.
2.1 N'écris pas ma petite, raccommode le linge de ton mari. Vous me coupez l'herbe sous le pied. Je m'en vais, cela a assez duré.
Violette Leduc, la Bâtarde, p. 428.
(En parlant d'aliments). || Couper du pain. || Couper de la viande. Découper, dépecer, hacher. || Viande, bifteck dur à couper. || Couper maladroitement qqch. Écharper. || Couper le premier morceau. Entamer.
3 (…) commençant à manger avec un appétit de laboureur, mais coupant les meilleurs morceaux pour les offrir à sa compagne, qui refusa obstinément et se contenta de quelques châtaignes.
G. Sand, la Mare au diable, VIII, p. 72.
Couper une corde, une ficelle, un lien…, pour séparer deux choses liées ensemble, délier un paquet, etc.
4 (…) je coupe les ficelles la plupart du temps au lieu de dénouer les nœuds.
Colette, la Naissance du jour, p. 149.
2 (Déb. XIIe). || Couper un organe, un membre. Amputer, charcuter (fam.), découdre (fam.), disséquer, exciser, inciser, mutiler, opérer, ouvrir; ablation, amputation, incision, intervention, opération, résection, vivisection, et aussi les suff. -tome, -tomie. || On a dû lui couper l'avant-bras, la main.(Sujet n. de chose). || L'obus lui a coupé le bras. Emporter.
Loc. fig. Couper bras et jambes à qqn : empêcher (qqn) d'agir, de réagir.Couper les jambes : fatiguer.
4.1 L'émotion d'ailleurs, malgré la colère et l'appétit italien pour le mystère, avait coupé les jambes à Angélo. Il les sentait flageoler sous lui à chaque pas.
J. Giono, le Hussard sur le toit, p. 45.
4.2 — Ça alors ! reprit Martial d'un ton pénétré.
— N'est-ce pas ? dit Delphine.
— Ça me coupe bras et jambes, dit Martial.
Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 47.
Couper la tête, la gorge de qqn (à qqn). || Couper le cou du condamné. Décapiter, décoller, égorger, exécuter, guillotiner, trancher. || On lui a coupé la tête, le cou. — ☑ Fig. Donner, gager, parier sa tête à couper (de qqch.), exprime une grande conviction. Affirmer. — ☑ Fam. Couper le sifflet à qqn. Sifflet, 3. || Couper les oreilles. Essoriller.Fig. Par plais. ou menace. || Je vous couperai les oreilles.
5 Il est sournois et porte un sabre, répondait le voisin, il serait assez traître pour leur couper la figure.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, 18, p. 101.
6 Je devrais te couper les quatre membres, traître,
Et te laisser ramper sur tes moignons sanglants.
Hugo, la Légende des siècles, XV, « Éviradnus ».
7 On entendait, dans la basse-cour, crier les volailles que la servante poursuivait pour leur couper le cou.
Flaubert, Mme Bovary, II, I.
8 X. coupe les cheveux en quatre pour connaître mieux leur nature. Y., pour faire valoir sa subtilité.
Gide, Journal, 9 mars 1928.
Couper un membre à un animal.Loc. fig. Couper les ailes. Aile.
8.1 Quand il eut pris l'oiseau,
Il lui coupa les ailes.
L'oiseau vola encor plus haut.
Quand il reprit l'oiseau,
Il lui coupa les pattes,
L'oiseau glissa tel une barque.
Rageur, il lui coupa le bec.
L'oiseau chanta avec
Son cœur comme chante une harpe.
Maurice Carême, Entre deux mondes, « L'oiseau ».
Spécialt. || Couper les organes de la reproduction. Châtrer.Couper les couilles.Ellipt. et fam. Ça vous les coupe, ça te les coupe ! : ça t'étonne, te stupéfie.Je veux bien qu'on me les coupe, si… (exprime le doute, l'incrédulité).(Par équivoque plaisante avec d'autres emplois de couper) :
8.2 Il y a cinquante pages
De trop dans votre bouquin
Coupez-les, et je m'engage
À vous éditer demain
Je veux bien qu'on me les coupe
Répond l'auteur pris de court
Je veux bien qu'on me les coupe…
Et il eut le prix Goncourt.
Boris Vian, Textes et Chansons, p. 37.
REM. Dans les loc. elliptiques ça te la coupe et, plus encore, ça te les (ça vous les) coupe, le compl. sous-entendu renvoie aux parties sexuelles, mais le sens est bien celui de « couper le sifflet ».
8.3 — Il n'y a pourtant pas d'autre hypothèse.
— Ah si, ça alors, je vais vous la couper, il y en a une autre.
R. Queneau, les Derniers Jours, p. 188.
8.4 L'air ravi, Helen interrogea :
— Ça vous les coupe, hein ?
Il ne répondit rien. Une violente bouffée de chaleur lui montait au visage : il percevait nettement ses pulsations précipitées… La tête appuyée contre le bras d'Helen, la joue ressentait le contact de sa peau comme une caresse érotique.
Roger Naïm, l'Ère des truands, p. 188.
Par métonymie. || Couper un animal, un mâle. Châtrer, émasculer.
8.5 — Pardon, excuse, dit-elle, je ne trouve pas la concierge. C'est pour couper un chat.
— La clinique est au rez-de-chaussée, dis-je…
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 411.
3 Tailler (une production du corps qui se renouvelle : ongles, cheveux). || Couper les cheveux (cit. 34 et supra), la barbe à qqn. || Aller chez le coiffeur pour se faire couper les cheveux. Coupe (de cheveux). || Couper les poils très court, ras. Raser, tondre.Se couper les ongles, les cheveux, les tifs. — ☑ Loc. fig. Couper les cheveux en quatre.REM. Couper n'a pas dans cette loc. le sens de « tailler », mais de « diviser ».
4 Loc. (où couper est employé absolt). Couper dans le vif : tailler, trancher dans la chair vive pour extirper un mal. Au fig. Prendre des mesures énergiques pour régler une affaire.
Fig. À couper au couteau (en parlant de choses très épaisses). || Un brouillard à couper au couteau. || Il est bête à couper au couteau. Sot.
5 Tailler selon les règles d'une technique. || Couper des pierres de taille ( Stéréotomie). || Couper du marbre (→ Ciseau, cit. 3). || Couper le verre en vitres. || Verre casilleux que le diamant casse et ne coupe pas. || Couper suivant un profil donné. Chantourner. || Couper droit, verticalement. Escarper (peu usité).Par ext. || Couper une montagne pour faire passer une route.
(1679). Cout. Préparer des morceaux de tissu à assembler pour en faire un vêtement. 2. Coupe; tailler. || Couper les manches d'une veste. || Reste d'une étoffe que l'on coupe. Chute, recoupe. || Personne qui coupe les étoffes. Coupeur, couturier, tailleur.Absolt. || Couper sur un patron. || Couper droit fil. || Couper en biais
6 (1539). Absolt. Être tranchant. || Les éclats de verre coupent, sont coupants. || Ce couteau ne coupe plus, il faut l'affûter.Dents qui coupent ( Incisive). || Ce rasoir coupe bien. || Le verre, le silex coupent. || Cette herbe coupe comme le verre.
9 L'eau de la rivière est d'une transparence qui fait mal; si on y plongeait les doigts, elle couperait comme une vitre cassée.
J. Renard, Histoires naturelles, p. 120.
7 Blesser (→ Se couper). || Cet enfant a coupé son frère à la main.
8 (Sujet n. de chose). Donner une impression de coupure à (une partie du corps). Blesser, écorcher, entailler, entamer. || Le froid coupe les mains, les lèvres. Gercer. || Bise qui coupe le visage. Cingler, fouetter. || Coups de fouet qui coupent la figure. Balafrer, labourer, taillader.
Absolt. || Le froid coupe, est coupant.
Fig. || Une voix qui coupe : une voix sèche et brève qui décèle l'autorité. Coupant.
10 Il parlait sec, décochant des phrases de jet, brèves et dures, qui coupaient comme du silex, en homme accoutumé à faire marcher des animaux et des esclaves.
Léon Bloy, la Femme pauvre, I, p. 156.
B Par ext.
1 (Diviser sans utiliser un instrument tranchant). Diviser en plusieurs parties. Fractionner, partager, scinder. || Corde qui coupe un cercle. || Ligne bissectrice, plan bissecteur, ligne sécante qui coupe une surface, un espace. Sécant. || Ligne qui en coupe une autre perpendiculairement, obliquement. Barrer, rayer. || Couper une ligne. Tronçonner, tronquer, segmenter.Couper une armée en plusieurs tronçons. || Couper une pièce par une cloison. || Fossés, talus, haies qui coupent les champs. Morceler, séparer. || Couper une armée de ses bases.
11 Les fumées des usines, couchées par le vent, coupaient de traits parallèles, vaporeux et blanchâtres les brouillards qui montaient du fleuve.
A. Maurois, le Cercle de famille, XV, p. 86.
11.1 (…) de droite et de gauche, coupant la ligne d'arbres, des maisons basses, aplaties, aux couvertures de tuiles rouges.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 686.
2 Interrompre (une action). Entrecouper, interrompre. || Couper le voyage par une étape. || Couper sa journée en faisant la sieste. Fam. || Couper à qqn sa journée : déranger le plan de ses occupations.
12 Elle (la couseuse) travaillait chez elle, ou continûment tout le jour, ou en coupant son travail des soins du ménage.
Michelet, la Femme, p. 31.
13 (…) c'est la première fois que pareil intermède vient couper sa carrière rude.
Loti, Mme Chrysanthème, I, p. 262.
3 Passer au milieu, au travers de (qqch.). Traverser. || Couper l'équateur, en passant d'un hémisphère dans l'autre. || S'évader en coupant la ligne de l'ennemi.La route coupe la forêt. || Ce chemin en coupe un autre. Croiser. || Voie ferrée qui en coupe une autre. Coupement, croisement, intersection. || Navire qui coupe l'eau. Fendre. || Couper l'air. Absolt. || Couper à travers champs : passer par le plus court chemin. || Cette route coupe, elle est directe, elle raccourcit.
4 Enlever (une partie d'un texte). || Couper qqch. dans un discours. Abréger, censurer, effacer, expurger, retrancher, tronquer. || Couper des passages à un livre. || Il faudrait en couper la moitié.
14 Tu trouveras des points de suspension çà et là. J'ai coupé quelques redondances. Mais le sens est intact.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, II, p. 36.
Littér. || Couper son style : faire des phrases courtes.Mettre des pauses dans les phrases, les vers. || Savoir couper ses phrases à propos. Mus. || Couper les sons : observer un silence après chaque son. Détacher, piquer.
5 a Interrompre (un discours, une conversation). || Couper une communication téléphonique. Interrompre. || Couper la conversation. || Je vous coupe la parole ( Ôter, retirer).
15 Vous êtes trop vif; vous avez la mauvaise habitude de couper la parole aux gens : corrigez-vous de cela.
A. R. Lesage, le Diable boiteux, V, p. 69.
16 (…) un projet dont j'étais occupé depuis quelques mois, et dont je n'ai pu parler encore pour ne pas couper le fil de mon récit.
Rousseau, les Confessions, XII.
Loc. fam. Couper la chique à qqn : lui couper la parole.
Absolt. Anciennt. Ne coupez pas, mademoiselle !, injonction pour demander de maintenir la communication (au téléphone).
Couper ses effets à qqn, l'empêcher de produire l'impression souhaitée. Interrompre.
17 Je raconte tout ça comme un manche… faudrait d'abord que je m'arrange… que je vous donne un petit peu l'idée, vous représente un petit peu les choses… l'endroit, le décor… C'est l'émotion qui me bouleverse, me déconcerte, me coupe l'effet.
Céline, Guignol's band, p. 181.
REM. Ces emplois de couper au fig. équivalent globalement aux loc. traitées au sens propre (couper le sifflet…).
b Fam. || Couper qqn, l'interrompre, lui couper la parole. || Arrête de me couper, j'ai encore des choses à dire !
6 (Sujet n. de personne ou de chose). Arrêter, barrer (une voie, un passage). Arrêter, barrer, intercepter. || Une barricade coupe la rue. || Les orages ont coupé la route. || Couper le chemin à qqn, passer devant lui.Ellipt. || Couper qqn. || Sa voiture m'a coupé.Couper la retraite à l'ennemi. — ☑ Couper les voies ferrées; couper les ponts, les rendre impraticables pour entraver la marche de l'ennemi; au fig., cesser, suspendre les relations. Pont, cit. 12. || Couper les relations diplomatiques, commerciales avec une puissance.
18 Vous ne m'en voudrez donc pas de couper les ponts : oui, tous les ponts. Dans deux ou trois ans, quand je serai devenu un autre, et j'y aspire de toute mon âme, nous pourrons nous rencontrer de nouveau, impunément. Je vous dis adieu.
Alain Bosquet, les Bonnes Intentions, p. 190.
7 Arrêter en supprimant.Couper le crédit, les vivres à qqn, ne plus lui donner de subsides. Bloquer.
19 Mes commanditaires et mes bailleurs de fonds me couperaient les vivres.
Balzac, les Illusions perdues, p. 400, in T. L. F.
20 Je finirai par te couper les vivres (…)
A. de Musset, Il ne faut jurer de rien, I, 1.
21 Mais il avait trahi sa destinée bourgeoise, et, en dépit de tout et de tous, pris la mer (…) On lui avait coupé les vivres.
H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 105.
22 À client flatteur il coupait le crédit.
A. Maurois, Bernard Quesnay, II, p. 12.
8 Absolt.Couper court à (qqch.) : mettre un terme à. Cesser (et faire cesser), rompre, suspendre.
23 Huit heures sonnèrent : la voix du baron de Damas coupa court à notre conversation, comme quand le marteau de l'horloge, en frappant dix heures, suspendait les pas de mon père dans la grande salle de Combourg.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 71.
24 Je coupe court à la citation, qui devient trop vive (…)
Taine, Philosophie de l'art, t. II, IV, I, IV, p. 122.
25 Cette façon de terminer l'aventure aurait eu pour conséquence forcée un ordre supérieur coupant court à ma vie de Stamboul, et je redoutais cette solution, plus encore que la justice ottomane.
Loti, Aziyadé, LIII, p. 154.
25.1 Pour couper court aux pensées ternes qui commençaient à monter en mon esprit, je me levai en sursaut, j'avalai l'absinthe d'un trait; puis, tournant les talons à la guinguette, je me mis à arpenter vivement le chemin des faubourgs maritimes où habitaient les époux Lenoir.
Villiers de L'Isle-Adam, Tribulat Bonhomet, p. 65.
9 Interrompre le passage de (qqch.). || Couper l'eau, la vapeur, le courant. || Couper l'allumage, le contact, les gaz, le son, l'image (d'un téléviseur).
25.2 Salomé s'est toute refermée, et, lointaine, regarde vaguement la télévision où l'image défile, mais dont Blandine a coupé le son.
Hervé Bazin, Cri de la chouette, p. 189.
Coupez ! : arrêtez la prise de vues, la prise de son.
10 Empêcher les effets de (une fonction ou un processus physiologique). || Couper la respiration à qqn, le faire haleter.Couper l'appétit : supprimer l'appétit (en dégoûtant, etc.). || Arrête tes histoires; tu nous coupes l'appétit ! || Ça me coupe l'appétit.Couper le souffle à qqn, l'empêcher de respirer normalement. Fig. Stupéfier.
25.3 Assiettes ébréchées, verres dépareillés, couteaux branlant dans le manche, fourchettes à dents jaunes, rien ne manquait de ce qui coupe net l'appétit d'un honnête homme.
France, le Crime de S. Bonnard, Œ., t. II, II, p. 455.
25.4 L'émotion, l'espérance, lui coupaient le souffle.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 277.
25.5 Plongées et remontées trop rapides, à vous couper le souffle.
Claude Mauriac, le Temps immobile, p. 134.
Couper la fièvre, la faire tomber.
25.6 Je reviendrai ce soir, à l'heure où vous m'avez dit que son mal empirait, et je tâcherai de couper encore cette mauvaise fièvre.
G. Sand, la Petite Fadette, XXXIV, p. 226.
C
1 (1903; jeu de paume, 1637, in Petiot). || Couper une balle (de tennis), la frapper par-dessous, de haut en bas, de manière à lui donner un effet ralentissant sa course et diminuant son rebond.
2 Absolt (escrime). Dégager par-dessus la pointe de l'épée, ou par-dessus le poignet de l'adversaire.
Danse. Exécuter un coupé.
D Par ext. Mélanger à un autre liquide. Coupage. || Couper son vin, l'additionner d'eau. Mélanger, tempérer; fam. baptiser. || Couper du lait. Mouiller.
E (1606). Diviser (un jeu de cartes) en deux paquets. 2. Coupe. Absolt. || C'est à vous de couper.Prendre avec l'atout. || Je coupe le carreau. Absolt. || Je coupe. || Je coupe à carreau. || Couper avec un atout plus fort. Surcouper.
Loc. fig. (absolt). Couper dans le pont, et, par ext., couper dans le panneau : tomber dans un piège.
25.7 Le jeu de ma mère, à mon sens, c'était d'en faire tellement que Salomé finisse par faire figure d'intruse : pour que je la rejette et qu'elle la récupère. Il suffisait de ne pas couper dans le pont.
Hervé Bazin, Cri de la chouette, p. 207.
———
II Trans. indir.
1 (1861). Fig. et fam. Couper à. Éviter. || Couper à une corvée, y échapper. || Il n'y coupera pas. || Il ne coupera pas aux travaux forcés.
25.8 Ailleurs à faire des ménages, elle se serait pourtant fait appeler « maid » ! Elle y coupait pas !…
Céline, Guignol's band, p. 197.
25.9 Je n'y couperai pas d'une pleurésie, c'est sûr.
Bernanos, Un mauvais rêve, in Œ. roman., Pl., p. 955.
25.10 Non, il s'agit au contraire de couper au jugement, d'éviter d'être toujours jugé, sans que jamais la sentence soit prononcée.
Camus, la Chute, p. 90.
25.11 (…) un Tristan narquois (…) qui, les mains enfoncées dans ses poches, n'a pas l'air mécontent de « couper » aux corvées.
Francis Carco, Ombres vivantes, p. 256.
2 Couper dans : accepter, admettre, croire. || Couper dans une nouvelle. || Il coupe dans tout ce qu'on lui raconte.
25.12 Je ne suppose pas que vous coupiez dans le bobard de son génie créateur ?
Bernanos, Un mauvais rêve, Œ. roman., Pl., p. 893.
26 — Ma pauvre petite ! Comment peux-tu couper dans tout ça ? Mais ça ne tient pas debout.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, V, p. 41.
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se couper v. pron.
1 Se blesser avec un instrument tranchant. Écorcher (s'), entailler (s'); coupure. || Il s'est coupé le doigt. || Il s'est coupé au doigt, à la main. || Se couper en se rasant. || Se couper jusqu'à l'os, jusqu'au vif.
Par anal. || Cheval qui se coupe : cheval qui s'entretaille des pieds en marchant.
Se faire des excoriations aux plis cutanés. || Cet enfant se coupe aux cuisses.
Loc. fig. Il se couperait en quatre pour lui : il lui est entièrement dévoué.
27 Un homme si bon, répétait-elle, et pour lequel on se laisserait couper en quatre.
Zola, le Docteur Pascal, I, p. 55.
2 (Choses). || Cette étoffe se coupe, elle s'use dans les plis qu'elle fait.
3 (Passif). Être coupé. || Le calcaire cède et se coupe aisément.Se couper de (qqn, qqch.) : perdre le contact avec. || La huitième division s'est coupée du gros des troupes.
4 Être sécant, s'entrecroiser. || Cercles qui se coupent. || Ces deux lignes, ces deux routes se coupent.
5 (1567). Fig. (Personnes). Se contredire, se démentir dans des assertions. Laisser échapper ce qu'on voulait taire. || On se coupe aisément quand on ne dit pas la vérité.
27.1 — Madame est sortie…
— Ah ! elle est sortie !… la Taupin m'a dit le contraire !…
— (…) C'est vrai, monsieur, je me trompe… madame est restée chez elle…
— Tu te coupes ! tu mens ! je te chasse !
E. Labiche, Deux merles blancs, II, 4.
27.2 (…) sa terrible réalité d'homme à la double fuite, d'homme qui avait fui les hommes, qui avait rompu le pacte et qui se dérobait encore à leur jugement, en mentant, dernier trait, en mentant prudemment, avec la crainte de se couper.
Drieu La Rochelle, la Comédie de Charleroi, p. 156.
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coupé, ée p. p. adj. et n.
A
1 Tranché, sectionné. || Chicot, copeau, picot d'une pièce de bois coupée. || Les lauriers sont coupés (→ Bois, cit. 12). || Blés coupés. || Cheveux coupés.
Avoir le cou coupé : être guillotiné.|| « Soleil cou coupé » (Apollinaire, Zone). || Bras et jambes coupés (propre et fig.). Par ext. || Falaise coupée à pic.
28 C'est sur les sommets de ces rochers coupés à pic, que Julien, heureux, libre, et même quelque chose de plus, roi de la maison, conduisait les deux amies (…)
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, 8, p. 50.
Par métaphore :
29 Année, une tranche coupée au temps, et le temps reste entier.
J. Renard, Journal, 31 déc. 1902.
Par métonymie. Châtré.
29.1 À la cantine, elles lui glissaient les morceaux les plus présentables, le traitant avec cette gentillesse prévenante que l'on réserve aux petites nièces. Ces attentions lui donnaient l'impression d'être un matou coupé.
Claude Courchay, La vie finira bien par commencer, p. 33.
Loc. || Bout coupé (t. injurieux et raciste faisant allus. à la circoncision) : israélite.
Blason. || Écu coupé, divisé par le milieu.Animaux coupés, dont la tête, les membres sont nettement séparés du corps.
Techn. || Vitres coupées à la bonne mesure.Pan coupé : surface qui remplace l'angle à la rencontre de deux pans de mur.
Costume bien coupé.
Fig. Dessiné.
30 (…) un nez long, mince et droit, à narines bien coupées (…)
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 615.
Littér. || Style coupé : style à phrases courtes, ou à phrases hachées, heurtées. || Strophe, phrase bien coupée, où les pauses sont bien ménagées.Mus. || Rythme coupé. Syncope.
2 Séparé, divisé. Divisé. || Pièce coupée par une cloison. || Pays coupé de canaux. || Visage coupé de balafres.Figuré :
31 Un homme jeune, grand, maigre, le visage brun, coupé d'une longue moustache, entra, salua avec une brusque souplesse (…)
France, le Lys rouge, I, p. 16.
3 Interrompu. || Communications coupées. || Route coupée. Barré. || Voix coupée par les sanglots. Entrecoupé.
32 (…) une mélopée pathétique, coupée spasmodiquement de sanglots, de gloussements, d'élans (…)
Gide, Si le grain ne meurt, II, p. 60.
33 Le monsieur commença un exposé très long, assez obscur, coupé de réticences, embarrassé de maintes précautions (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, VI, p. 50.
4 Coupé de qqn, de qqch. Isolé, séparé. || L'avant-garde est coupée de l'armée.
34 Il annonce que la première ligne de Murat a été surprise et culbutée, sa gauche tournée à la faveur des bois, son flanc attaqué, sa retraite coupée.
Ph. P. Ségur, Hist. de Napoléon, VIII, 11.
35 L'ennemi est d'ores et déjà coupé de Vienne. Il ne s'agit plus que de resserrer l'étreinte.
Louis Madelin, l'Avènement de l'Empire, XXII, p. 279.
B Balle coupée (par oppos. à balle liftée).N. m. || Un coupé : coup qui consiste à envoyer une balle coupée.
C Mêlé d'un autre liquide. || Boire son vin coupé d'eau. || Vins coupés.Lait coupé.
D Levée coupée, faite par l'atout.Chat coupé : jeu de poursuite où les joueurs doivent passer (« couper ») entre le poursuivant et le poursuivi pour être pourchassés à leur tour.
CONTR. Ajouter, assembler, bloquer, grouper, lier, rapprocher, rassembler, réunir; bander, ligaturer, panser, recoudre, suturer; cicatriser; continuer, établir, installer, maintenir, prolonger.
DÉR. Coupage, coupailler, 2. coupe, coupé, coupée, coupement, couperet, coupeur, coupoir, coupon, coupure.
COMP. Découpage, découper, découpeur, recoupage, recoupement, recouper, surcouper. — Nombreux mots masc. désignant des instruments destinés à couper (au propre et au fig.) : Coupe-batterie, coupe-choux, coupe-cigare, coupe-circuit, coupe-coupe, coupe-faim, coupe-feu, coupe-file, coupe-gorge, coupe-jambon, coupe-jarret, coupe-légumes, coupe-ongles, coupe-paille, coupe-papier, coupe-pâte (des boulangers), coupe-racines, coupe-tête, coupe-vent.
HOM. Coupé, coupée.

Encyclopédie Universelle. 2012.