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ablation

ablation [ ablasjɔ̃ ] n. f.
XIIIe; lat. ablatio
1Chir. Action d'enlever. amputation, excision, exérèse; -ectomie. Pratiquer l'ablation d'un rein.
2(1885; probablt repris à l'angl. ablation [1860 ]) Géol. Perte de substance subie par un relief. L'érosion est une ablation. Perte de glace subie par un glacier.
3(1964) Sc., techn. Destruction progressive et superficielle d'un matériau par décomposition, fusion, érosion, sublimation, vaporisation. Vitesse d'ablation. L'ablation de matériaux appropriés limite l'échauffement cinétique des cônes de fusées.

ablation nom féminin (latin ablatio) Opération consistant à enlever un organe, un ensemble de tissus ou un corps étranger par voie chirurgicale. Sublimation du matériau constitutif d'une paroi sous l'effet d'un flux de chaleur élevé, phénomène mis à profit pour protéger la surface intérieure de la tuyère de moteurs-fusées, ou les parties extérieures des têtes de missiles et des véhicules spatiaux rentrant à grande vitesse dans l'atmosphère. Enlèvement de matière aux dépens du relief par départ de débris solides ou par dissolution. Perte de substance d'un glacier sous l'effet de la fusion. ● ablation (expressions) nom féminin (latin ablatio) Technique d'ablation intracardiaque, procédé d'altération des propriétés électriques d'une zone limitée du myocarde à l'aide d'un courant électrique, utilisé dans le traitement de certains troubles du rythme cardiaque. ● ablation (synonymes) nom féminin (latin ablatio) Opération consistant à enlever un organe, un ensemble de tissus...
Synonymes :
- amputation
- excision
- exérèse

ablation
n. f.
d1./d Retranchement, suppression.
d2./d CHIR Action d'enlever un membre, un organe, une tumeur. L'ablation de l'estomac.
d3./d GEOMORPH Perte de matériaux d'un relief soumis à l'érosion (mécanique ou chimique).

⇒ABLATION, subst. fém.
Action de retrancher.
A.— Sens propre, CHIR. Action de retrancher du corps un organe ou une partie morbide (sens le plus fréquent).
L'organe retranché est indiqué sous la forme d'un compl. de nom introd. par la prép. de :
1. ... enlèvement des nerfs du rein chez le chien; mort par empoisonnement; injection de la substance rénale morbide. Ce qui produit ce fait singulier que l'ablation d'un rein ne tue pas, tandis que la section des nerfs d'un rein tue.
C. BERNARD, Cahier de notes, 1860, p. 126.
2. ... car ce phénomène de substitution n'est pas spécial aux êtres très simples, mais on l'observe également aux degrés les plus élevés de la hiérarchie, et notamment dans les organes supérieurs des organismes supérieurs. Ainsi, « les troubles consécutifs à l'ablation de certains domaines de l'écorce cérébrale disparaissent très souvent après un laps de temps plus ou moins long. (...) ».
É. DURKHEIM, De la Division du travail social, 1893, p. 322.
3. Dans les espèces animales où l'embryon est assez volumineux pour se prêter à la manipulation, on le soumet aux opérations les plus variées : on désunit les premières cellules formées; on ampute l'embryon de certaines cellules; on échange des cellules entre deux régions d'un même embryon; on insère sur un embryon des cellules prélevées sur un autre : bref, combinant l'ablation et la greffe, on pratique une véritable chirurgie embryonnaire ...
J. ROSTAND, La Vie et ses problèmes, 1939, p. 37.
4. Cacor conseillait l'ablation de la vésicule biliaire, mais par tous les moyens Mme Rezeau cherchait à éviter l'opération.
H. BAZIN, Vipère au poing, 1948, p. 99.
B.— P. ext. Action d'enlever, de retirer une chose de façon gén. brutale.
1. [Le compl. désigne une chose matérielle] :
5. Les essais des laits peuvent (...) [permettre de] reconnaître les laits falsifiés par ablation de crème ou addition d'eau...
A.-F. POURIAU, La Laiterie, 1895.
6. ... entre les croix des deux larrons, il y en eut peut-être autrefois une, en relief, chargée d'un christ sculpté, et cette pièce, ajustée après coup, a pu être détachée parce qu'elle gênait par sa saillie le tableau qui fut pendant des années placé dessus; mais, en admettant que la preuve de cette supposition puisse être fournie par des documents d'archives, voire même par les traces de cette ablation qui subsistent sans doute dans le mortier rejoint et râclé des pierres, il n'en resterait pas moins à expliquer l'expression de surprise et la direction même des yeux et du geste des assistants ...
J.-K. HUYSMANS, L'Oblat, t. 1, 1903, p. 142.
7. L'acte de politesse (...) correspondait dans notre maison au signe de la croix ou à l'ablation des chaussures.
J. GIRAUDOUX, Bella, 1926, p. 24.
Rem. Il s'agit dans l'ex. 7 d'un emploi inattendu et quelque peu burl. pour le subst. attendu enlèvement (qui eût cependant lui aussi produit un effet comique en raison de son sens fig.).
2. [Le compl. désigne une entité plus ou moins abstr.] :
8. D'ailleurs un mot n'avait même pas besoin, comme Chaumont, de se rapporter à un soupçon pour qu'il le réveillât, pour être le mot de passe, le magique Sésame entr'ouvrant la porte d'un passé dont on ne tenait plus compte parce qu'ayant assez de le voir, à la lettre on ne le possédait plus; on avait été diminué de lui, on avait cru de par cette ablation sa propre personnalité changée en sa forme, comme une figure qui perdrait avec un angle un côté ...
M. PROUST, À la recherche du temps perdu, La Fugitive, 1922, p. 538.
9. L'ablation de mon dénouement initial n'était pas irréalisable; la suite l'a prouvé. Toutefois, je ne pensais pas, alors, que la plaie serait aussi lente à cicatriser... De mon manuscrit, j'ai, à tout hasard, détaché quelques bribes qui m'ont semblé pouvoir m'être utiles plus tard, certains détails de caractère, dont je me suis effectivement servi pour les rencontres de Jacques et de Jenny à la fin de l'Été 1914.
R. MARTIN DU GARD, Souvenirs autobiographiques et littéraires, 1955, p. XCVIII.
Rem. Il est plus fréq. d'employer l'expr. amputer un texte d'un mot, ou amputer une pièce de son dénouement (ex. 8, 9). Dans l'ex. 9, ablation est empl. de manière imagée; se référant au sens chir. l'aut. parle ensuite, toujours au fig., d'une plaie lente à se cicatriser.
C.— HORTIC. Action de couper un courson, une branche :
10. Ablation. Suppression soit totale, soit partielle, d'une partie quelconque d'un végétal : faire l'ablation d'un courson, d'une branche, de la tête, etc. Dans ce dernier cas on dit le plus souvent étêter.
E.-A. CARRIÈRE, Encyclopédie horticole, 1862.
D.— GÉOGRAPHIE
1. Sens gén. Synon. de érosion (cf. relief d'ablation), l'accent étant mis sur l'obj. de l'ablation ou la nature partic. de celle-ci :
11. ... certains points des côtes de l'Angleterre et de la Mer du Nord, où l'ablation annuelle n'est pas inférieure à un mètre.
A. DE LAPPARENT, Abrégé de géologie, 1886, p. 44.
12. Dans les terrains tendres, il y a corrosion-planation latérale; dans les terrains durs, plutôt ablation de matériaux désagrégés.
BAULIG 1956.
13. Évolution générale du relief sous l'action des eaux courantes. (...) Stade de sénilité : le relief est presque aplani; l'ablation par les eaux devient très réduite et l'évacuation fluviale des matériaux enlevés ou déjà déposés devient difficile.
Encyclopédie de la Pléiade, La Terre, 1959, p. 1189.
2. Spéc. Terme de glaciologie, désignant la perte de glace subie par un glacier soit par fusion, soit par sublimation :
14. ... un point où l'ablation, c'est-à-dire l'intensité de la fonte de la glace, sous l'influence de la température extérieure (...), devient justement égale à l'alimentation.
A. DE LAPPARENT, Abrégé de géologie, 1886, p. 48.
15. La surface-limite air-glace. Elle présente deux secteurs bien distincts : a) le névé, où l'accumulation par les chutes de neige et les avalanches est plus grande que l'ablation; ...
Encyclopédie de la Pléiade, La Terre, 1959, p. 513.
E.— GRAMM., vieilli. Synon. de aphérèse (cf. LITTRÉ, Lar. 19e).
Rem. Qq. sens très partic. sont cités sans ex. par BESCH. 1845 seulement et semblent mal assurés ou difficiles à contrôler : 1. Intervalle de repos entre 2 ou plusieurs accès de fièvre (synon. de rémission). 2. Retranchement de la nourriture ou d'une partie de la nourriture journalière accordée à un malade. 3. Chim. Soustraction d'une chose faite ou dont on n'a plus besoin.
Prononc. :[]. Enq. :/ablasiõ/.
Étymol. — Corresp. rom. : a. prov. ablatio; ital. ablazione; esp. ablación; port. ablaçao; roum. ablatiune.
1. 2e moitié XIVe s. « action d'enlever (une partie du corps nuisible à la santé du patient) » terme méd. (BRUNO DE LONGOBUCCO, Cyrurgie, f° 33a ds GDF. Compl. :la malice de la fistule est mortefiee par inscision, ou par ablation de tote la char corrompue); 1538 « id. » terme méd. (J. CANAPPE, Tableaux anat. ds Presse méd., 56, 647, terme noté sans attest.); 2. 1377 [1495] « suppression ou perte de la jouissance d'une faculté », emploi fig., terme méd. (B[ERNARD] DE GORD[ON], Pratique, [accomplye lan 1307, translaté lan 1377, impr. 1495], II, 14 ds GDF. Compl. :en icelluy dormir (de léthargie) est ablaction de sens et de mouvement).
Empr. au b. lat. ablatio, attesté comme terme gén. dep. Tertullien, fréq. en lat. chrét. dans divers emplois (TLL s.v., 103, 63 sq.); terme méd. dep. St JÉROME, Adv. Jovinianum, II, § 11, ibid., 72 : ablatione sanguinis « ponction de sang » (cf. av. 1280, Constitut. imperatorum et regum, II, 425-426, ds Mittellat. W. s.v., 29, 35 : abl- membri) d'où 1. Emploi 2 en lat. médiév. (XIe s. : ALFANUS salernit., Premnon physicon, 13, 5, ibid., 48 : oblivio est memoriae ablatio).
HIST. — Remarquable stab. sém. de ablation comme terme de chir., dep. le XIIIe s. Jusqu'à la fin du XIXe s., il désigne l'enlèvement de toute partie malade du corps, tandis qu'actuell. on parle plutôt de l'amputation d'un membre (cf. DUB.). De la chir., le terme s'est étendu à d'autres branches de la méd. (cf. étymol. 2 et GDF.), mais ces emplois ne sont pas attestés au delà du XVIe s. Dep. la fin du XIXe s., ablation, dans le sens plus gén. de « action d'enlever, de retrancher », s'emploie dans des domaines étrangers à la méd. (cf. sém.).
STAT. — Fréq. abs. litt. :22.
BBG. — CHESN. 1857. — GARNIER-DEL. 1961 [1958]. — HUSSON 1964. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — NYSTEN 1814-20. — PLAIS.-CAILL. 1958.

ablation [ablɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. XIVe; du lat ablatio « enlèvement ».
Didactique.
1 Chir. Action d'enlever, de retrancher du corps une partie morbide. Amputation, excision, exérèse. || Ablation chirurgicale. Opération; et aussi -ectomie. || L'ablation d'une tumeur, d'un rein. || Greffe succédant à une ablation. || Ablation des parties génitales. Castration.
0 Eux, eux qui avaient eu faim et froid, les pieds dans la fange, les oreilles gelées, la peau trouée, les membres arrachés, pendant quatre ans, pendant quatre ans. Ils tapaient dans le vide de leurs ablations en disant : « J'ai laissé ça à Verdun. » D'autres avaient laissé ça dans la Somme. D'autres encore étaient allés plus loin pour obtenir un pareil résultat… à Salonique… à Arkhangel… « J'ai un moignon, je ne vous dis que ça », ajoutaient-ils avec des coups malins de l'œil. Pour exciter l'intérêt, qui s'amollissait.
Ils nous ont narré leurs opérations chirurgicales inédites et inouïes dont ils étaient sortis raccourcis et diminués, allongés et pas agrandis.
Henri Calet, la Belle Lurette, p. 143-144.
tableau Lexique de la chirurgie.
2 Géol. (ablation glaciaire, 1885, Encycl. Berthelot; probablt repris à l'angl. ablation, 1860 en ce sens). Perte de substance subie par un relief. Érosion.Perte de glace subie par un glacier (par fusion, sublimation). Vêlage.
3 (1964). Sc., techn. « Phénomène complexe de transfert de matière qui se produit par rupture mécanique, sublimation, fusion, vaporisation ou oxydation, pyrolyse ou dissociation moléculaire du matériau » (J.-C. Desjeux et J. Duflos, les Plastiques renforcés, p. 112). || Vitesse d'ablation. || Céramiques qui revêtent les engins spatiaux pour pallier les phénomènes d'ablation.
tableau Vocabulaire de la chimie.
DÉR. Ablater (s').

Encyclopédie Universelle. 2012.