essouffler [ esufle ] v. tr. <conjug. : 1> I ♦ Mettre presque hors d'haleine, à bout de souffle. Cette montée m'a essoufflé. Je suis complètement essoufflé. « on entendit la respiration du vieillard que ses efforts avaient essoufflé » (Green). II ♦ V. pron.
1 ♦ Avoir de la peine à respirer. S'essouffler facilement. ⇒ haleter, souffler, suffoquer. S'essouffler à force de crier, d'appeler. ⇒ s' époumoner.
2 ♦ (XIXe) Fig. Perdre le souffle de l'inspiration. Ce cinéaste s'essouffle, son dernier film est décevant.
3 ♦ (v. 1965) Ne plus pouvoir suivre un rythme de croissance, fonctionner plus mal. Relancer une économie qui s'essouffle. — S'ESSOUFFLER À (et l'inf.) :ne pas réussir à. S'essouffler à rattraper son retard.
● essouffler verbe transitif (de souffle) Mettre quelqu'un, un animal hors d'haleine, à bout de souffle, lui faire perdre le souffle : La course l'avait essoufflé. ● essouffler (difficultés) verbe transitif (de souffle) Orthographe Attention au redoublement du s. Avec deux f, comme dans souffler.
essouffler
v.
d1./d v. tr. Mettre hors d'haleine, à bout de souffle. Cette course m'a essoufflé.
|| v. Pron. S'essouffler à courir.
d2./d v. Pron. Fig. Peiner, avoir du mal à suivre un certain rythme. Après avoir eu quelque succès, cet humoriste s'essouffle.
⇒ESSOUFFLER, verbe trans.
A.— Emploi trans.
1. [Le suj. désigne un animé] Mettre hors d'haleine, à bout de souffle par un effort physique excessif. Ils remontèrent toute la rue très vite, car il sautait devant elle, et voulait l'essouffler (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 149) :
• 1. Bien que la chaleur fût dure,
Il essoufflait sa monture
En gravissant le sentier,
Ce rapide cavalier.
M. DE GUÉRIN, Poésies, 1839, p. 94.
2. Au fig. [Le suj. désigne une chose abstr.] Couper le souffle. C'est extraordinaire combien vite la sublimité des grands vous essouffle (GIDE, Porte étr., 1909, p. 571). La surprise, la joie l'essoufflaient (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 728).
B.— Emploi pronom. à valeur subjective
1. [Le suj. désigne une pers.] Respirer difficilement le plus souvent après un effort excessif, perdre le souffle. Au moindre effort, elle s'essoufflait, et il lui fallait aussitôt chercher un appui (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 316) :
• 2. ... je m'essouffle après quelques pas d'ascension au point de perdre haleine; le cœur me bat avec force, et je suis prêt à me trouver mal...
MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p. 168.
♦ S'essouffler à + inf. :
• 3. ... couple de moribonds s'appuyant l'un sur l'autre et que les concierges voyaient (...) s'essouffler à monter des escaliers pour visiter, haletants tous les deux, les maisons à vendre.
GONCOURT, Journal, 1864, p. 90.
— P. métaph. et p. anal. [Le suj. désigne un mécanisme] Se fatiguer, peiner. La pompe ne suffisait plus à épuiser les fuites. Il l'entendait s'essouffler, avec un hoquet de fatigue (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1537) :
• 4. ... la vigne s'est lentement mais sûrement déplacée vers les positions basses et a délaissé les pentes escarpées. (...) Parce que le cheval puis le tracteur s'essoufflaient ou calaient là où l'homme avait jadis travaillé avec aisance.
LEVADOUX, Vigne, 1961, p. 84.
2. Au fig.
a) [Le suj. désigne une pers.] Se donner beaucoup de peine (pour faire quelque chose). ... Bouilhet, depuis une heure, s'essouffle à refaire une strophe à laquelle je renonce (FLAUB., Corresp., 1852, p. 432). André s'essouffle à fabriquer, à lui seul, une conversation (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 45).
b) [Le suj. désigne une activité humaine] Perdre de son dynamisme. La contre-révolution avait peu d'haleine, s'essouffla vite, et resta court (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 424). La bataille russe, lancée depuis près de deux mois à la demande des Italiens, commençait à s'essouffler (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 305).
Rem. On rencontre ds la docum. le part. prés. adj. essoufflant, ante. Qui essouffle. Nos pères, avec leur valse essoufflante et trop régulière, où s'épanouissait leur santé morale, ont mal connu la danse (MARTIN DU G., op. cit., p. 47).
Prononc. et Orth. :[esufle], (il s')essouffle []. Prononc. [-] ds FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 2 1787, LAND. 1834, LITTRÉ et, à titre de var. ds BARBEAU-RODHE 1930 et ds WARN. 1968. Admis ds Ac. 1694-1932. 1 seul f ds 1718-1762 (cf. aussi pour la docum. dans CÉARD, Soir. Médan, Saignée, 1880, p. 217; ARNOUX, Gentilsh. ceinture, 1928, p. 196; Œuvre, 21 févr. 1941). Noter que Lar. encyclop. Suppl. 1975 écrit 1 f au sens figuré. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 « reprendre haleine » (Aliscans, éd. E. Wienbeck, W. Hartnacke, P. Rasch, 4569); 2. début XIIIe s. essouflé « hors d'haleine » (R. DE HOUDENC, Vengeance Raguidel, 5637 ds T.-L.). Dér. de souffle; préf. é-; suff. -é; dés. -er. Fréq. abs. littér. :153.
essouffler [esufle] v. tr.
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1 Mettre (qqn, un animal) presque hors d'haleine, à bout de souffle. || Cette petite ascension m'a essoufflé. || Essouffler un cheval. || Coureur qui finit par essouffler ses concurrents. || Henri IV, réconcilié avec Mayenne, se contenta de l'essouffler par une rapide promenade.
0.1 Il y eut un instant de silence pendant lequel on entendit la respiration du vieillard que ses efforts avaient essoufflé.
J. Green, Adrienne Mesurat, p. 50.
2 Fig. || Il pense trop vite, il nous essouffle (→ Culbuter, cit. 4).
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s'essouffler v. pron.
1 Se mettre hors d'haleine; avoir de la peine à respirer (après un effort). || Il s'essouffle facilement. ⇒ Fatiguer (se), haleter, souffler, suffoquer. || S'essouffler à force de chanter, de crier, d'appeler. ⇒ Époumoner (s'). — Personne qui s'essouffle facilement. ⇒ Poussif.
1 Accoutumé (…) à courir tête nue au soleil, au froid, à s'essouffler, à se mettre en sueur (…)
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, V, Lettre III.
♦ Par métaphore (littér.). → ci-dessous, cit. 5.
2 (XIXe). Perdre le souffle de l'inspiration. || Ce cinéaste s'essouffle, son dernier film est décevant. — (V. 1965). Ne plus pouvoir suivre le rythme de croissance, fonctionner plus mal. || « Relancer une économie qui s'essoufflait » (le Figaro, 16 mars 1968).
♦ S'essouffler à (et inf.) : ne pas réussir à. || « Les reportages s'essoufflent à courir derrière l'événement » (le Monde, 11 janv. 1970).
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essoufflé, ée p. p. adj.
2 Essoufflés par la montée longue et rapide que nous venions de faire et par le poids de nos rames que nous portions sur nos épaules, nous nous arrêtâmes un moment, le vieillard et nous, pour reprendre haleine dans cette cour.
Lamartine, Graziella, Épisode, XII, p. 36.
3 (…) elle se mettait à courir; elle arrivait essoufflée, et exhalant de toute sa personne un frais parfum de sève, de verdure et de grand air.
Flaubert, Mme Bovary, II, IX, p. 107.
4 Il ne se rappelait pas que la pente fût si raide. Essoufflé, le cœur battant, il passe devant le presbytère, il arrive à sa rue (…)
Martin du Gard, Jean Barois, p. 492, in T. L. F.
♦ REM. Les emplois métaphoriques semblent plus normaux avec le participe passé adjectivé qu'avec l'actif ou le pronominal. || Une locomotive essoufflée. ⇒ Asthmatique, poussif; → Dépôt, cit. 12.
5 En vain le ciel s'essouffle, en vain janvier se rue (…)
Hugo, la Légende des siècles, XV, « Éviradnus », III.
2 Fig. || Cet écrivain semble essoufflé.
6 Ce qui caractérise Le Brun, c'est la hardiesse de l'expression; mais il manque d'haleine, il est vite essoufflé.
Sainte-Beuve, Chateaubriand…, t. II, p. 147.
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DÉR. Essoufflant, essoufflement.
Encyclopédie Universelle. 2012.