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barrer

barrer [ bare ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1144; de barre
I V. tr.
1Vx ou région. Fermer avec une barre. Barrer la porte.
Mod. Fermer (un chemin, un passage, etc.). bloquer, 1. boucher, couper, obstruer. Des rochers détachés de la montagne nous barraient la route. Loc. Barrer le passage, la route à qqn, l'empêcher de passer, d'avancer; fig. lui faire obstacle. ⇒ barrage, barrière.
Par ext. (XVIIIe) Barrer qqn, mettre obstacle à ses projets. Il est barré par son chef de service.
2Mar. Tenir la barre de (une embarcation). « c'est le capitaine lui-même qui barre la pirogue » (Le Clézio). Absolt Il barre bien, mal.
3Marquer d'une ou plusieurs barres, d'un trait droit. Barrer un t. Barrer un chèque.
Fig. Être placé en travers de. Une mèche de cheveux lui barre le front. « Les ombres bleues des peupliers barrent la route » (Jammes).
4Annuler au moyen d'une barre. biffer, raturer, rayer. Barrer une phrase.
II ♦ SE BARRER v. pron. (1866) Fam. Partir, s'enfuir. se casser, se tailler, se tirer. Barre-toi ! « On m'a dit que la mienne [ma femme] s'était barrée » (Maurois). Loc. fam. Être mal barré : être mal parti, s'annoncer mal. C'est mal barré. Il est mal barré, le pauvre. ⊗ CONTR. Ouvrir.

barrer verbe transitif (de barre) Fermer un passage au moyen d'un obstacle, d'une barrière, etc. : Il barrait le passage avec son bras. Des éboulements barraient le cours du torrent. Fermer une voie à la circulation : La gendarmerie avait barré la route. Traverser une surface, être disposé en travers : L'écharpe de maire lui barrait la poitrine. Marquer d'un trait quelque chose ; rayer un écrit pour l'annuler : Il barra la phrase d'un coup de crayon. Familier. Dans certaines régions françaises, au Canada, fermer à clé, verrouiller. ● barrer (expressions) verbe transitif (de barre) Barrer la route, le chemin à quelqu'un, barrer quelqu'un, ses actions, l'empêcher de réaliser ses ambitions, faire obstacle à ses projets. ● barrer (homonymes) verbe transitif (de barre)barrer (synonymes) verbe transitif (de barre) Fermer un passage au moyen d'un obstacle, d'une barrière, etc.
Synonymes :
Marquer d'un trait quelque chose ; rayer un écrit pour l'annuler
Synonymes :
barrer verbe transitif (de barre) Manœuvrer le gouvernail d'un bateau.

barrer
v.
rI./r v. tr. (En parlant de choses.)
d1./d Clore au moyen d'une barre. Barrer une porte.
|| Par ext. Vx (Cour. en Afr. subsah., au Québec) Fermer par un mécanisme quelconque (verrou, cadenas, chaîne).
Spécial. Fermer à clé. Barrer la porte derrière soi.
d2./d Obstruer, interrompre par un obstacle. Barrer une route.
(Québec) Bloquer, empêcher momentanément le fonctionnement de. Barrer le volant, les roues d'un véhicule. Barrer sa bicyclette avec une chaîne.
d3./d Tirer un trait de plume sur, biffer, rayer. Barrer un mot.
d4./d MAR Tenir la barre de (un bateau de plaisance).
rII./r v. tr. (Québec) (Personnes)
d1./d Fig. Refuser (à qqn) l'entrée d'un établissement.
Exclure qqn. Barrer un médecin de la corporation.
d2./d Fig. Paralyser, figer, immobiliser.
Produire une contraction au niveau d'un membre, d'un organe. Le froid nous barrait les jambes.
v. intr. Un genou qui barre.
Barrer les jambes à qqn: Syn. de enfarger (sens I, 2).
Fig. Empêcher (qqn) de progresser, entraver ses projets.
Se barrer les pieds, les jambes: se prendre les pieds, les jambes (dans qqch). Syn. s'enfarger.
rIII/r v. Pron. Fam. S'en aller, se sauver. Barre-toi, on va nous repérer.

⇒BARRER, verbe trans.
I.— [Correspond à barre I]. Munir d'une barre.
A.— Consolider au moyen d'une barre. Barrer une table, barrer le fonds d'un tonneau (Ac. 1835-1932).
B.— Fermer à l'aide d'une barre :
1. Il avait fallu barrer les portes, faire de nuit des rondes avec un fusil autour des bâtiments.
POURRAT, Gaspard des montagnes, Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 259.
1. P. ext.
a) Fermer un passage (en plaçant un obstacle en travers), obstruer. Deux pièces de canon et des fourgons barraient la porte (ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, t. 1, 1870, p. 308) :
2. Le postillon descendit et jeta un cri d'alarme en trouvant des cordes tendues d'un arbre à l'autre, ce qui barroit le chemin : ...
BALZAC, Annette et le criminel, 1824, p. 111.
3. Un, deux... cinq miliciens quittèrent le camion renversé, coururent vers les arbres, tombèrent l'un après l'autre. Le camion barrant la route, ceux qui le suivaient s'étaient arrêtés.
MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 484.
Rem. Une personne peut aussi barrer un passage :
4. Armé du pistolet d'arçon du maréchal des logis, Fabrice avait repris fièrement sa faction lorsqu'il vit arriver à lui sept hussards montés : il s'était placé de façon à barrer le pont, ...
STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 65.
5. Mais les gens de l'hôtel de la Tête noire n'étaient pas assez nombreux pour barrer entièrement la rue; ...
CHAMPFLEURY, Les Bourgeois de Molinchart, 1855, p. 6.
VÉN. Barrer une enceinte. La parcourir avec un chien barreur.
P. métaph. ou au fig.
Barrer qqc. S'y opposer. Avec une froide et infranchissable règle, elle barrait tous mes caprices (BAUDELAIRE, Petits poèmes en prose, 1867, p. 194). Barrer la route, le chemin (à qqn). Faire obstacle (à qqn) :
6. J'ai soutenu brillamment à Châlons-sur-Marne la candidature d'un radical modéré, pour barrer la route au conservateur.
BERNANOS, L'Imposture, 1927, p. 420.
7. Tu prétendais non à l'amour mais à un culte. Tu as barré ma route. Tu t'es dressée sur mon chemin comme une idole.
SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 867.
Barrer qqn. L'empêcher d'agir à sa guise, entraver ses projets.
b) Spéc., MÉD. VÉTÉR. Barrer une veine. ,,Empêcher le sang d'y arriver au moyen d'une ligature`` (DG).
Au fig. Causer une sorte de contraction à. L'angoisse lui barrait l'estomac (DRUON, Les Grandes familles, t. 2, 1948, p. 195) :
8. ... à ce moment, la vue de la viande déposée sur la table, lui souleva le cœur; il prescrivit qu'on la fît disparaître, commanda des œufs à la coque, tenta d'avaler des mouillettes, mais elles lui barrèrent la gorge; ...
HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 218.
2. P. anal. Être disposé en travers de :
9. Elle s'était laissée glisser, assise à demi contre le mur, muette de terreur, devant le poing dont le prêtre la menaçait. Ses cheveux se dénouaient, une grande mèche blanche lui barrait le front.
ZOLA, La Conquête de Plassans, 1874, p. 1176.
10. Les missels tremblaient dans leurs doigts. Angles verts, aurore et bleus, des rubans hiérarchiques barraient les pèlerines plates des pensionnaires que guidaient, mains jointes, des dominicaines entraînant de longs manteaux noirs ouverts sur la croix de Malte de leurs robes en bure jaune.
ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, p. 327.
Spéc., VÉN. ,,On dit d'un chien qu'il barre lorsqu'il balance sur la voie et la cherche à droite et à gauche`` (BAUDR. Chasses 1834). Barrer une enceinte. ,,Passer à travers une enceinte avec un limier pour tâcher de mettre le cerf debout`` (BAUDR. Chasses 1834).
Rem. Attesté dans les dict. du XIXe et du XXe siècle.
II.— P. anal. [Correspond à barre II B]. Marquer d'une ou de plusieurs barres :
11. « ... vous ne barrez point vos t. Comment pouvez-vous ignorer à votre âge qu'un t doit être barré? C'est inexplicable! »
A. FRANCE, Les Désirs de Jean Servien, 1882, p. 155.
12. ... Issy-les-Moulineaux nous avait renvoyés, juste pour Noël, deux mois et demi après la commande. Ces bons étaient barrés d'un gros trait au crayon bleu, une main énergique avait écrit dans un coin : Bons retournés.
ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 297.
Spécialement
♦ Rayer quelque chose d'un trait pour l'annuler :
13. Je crois qu'il faudra barrer deux ou trois phrases qui pourraient faire rire hors de saison.
VALÉRY, Correspondance [avec Gide], 1898, p. 324.
DR. COMM. Barrer un chèque. Tracer en diagonale sur un chèque deux barres parallèles afin qu'il ne puisse être touché que par l'intermédiaire d'un institut bancaire ou un centre de chèques postaux.
Argot
♦ Abandonner. Balanstique ta garce, barre-la sans secousse (A. BRUANT, Dict. fr.-arg., 1905, p. 2).
Emploi pronom. S'en aller :
14. Si tu l'avais vu se barrer avec sa patte amochée, je te jure qu'il était marrant.
DORGELÈS, Les Croix de bois; 1919, p. 217.
III.— MAR. Tenir, manœuvrer la barre du gouvernail :
15. Le pilote (...), fit un geste amical au matelot de barre qui ne se départit pas pour cela de son flegme nordique, remercia pour l'excellent accueil qui lui avait été fait, enjamba le bordage et disparut le long de la coque. Le matelot, qui barrait son voilier, le reçut à bras ouverts, et bientôt de la passerelle de l'Étoile-des-mers, en route de nouveau, on aperçut le petit navire dansant comme un bouchon, à un mille, sur une houle grise, ...
PEISSON, Parti de Liverpool, 1932, p. 9.
Absolument :
16. — Tu as déjà navigué?
— Oui.
— Où çà?
— En Suisse, sur le lac de Neuchâtel.
— Tu sais barrer?
— Bien sûr. J'avais un petit lougre qui filait comme une flèche, remontant le vent au plus près.
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 172.
Prononc. :[] ou [], (je) barre [] ou [].
Étymol. ET HIST. — 1. 1144 « consolider à l'aide d'une barre » (Charroi Nîmes, éd. Jonckbloet, 968 dans T.-L. : Chars et charretes cheviller et barrer); 1680 barrer un luth (RICH.); 1100-74 « fermer à l'aide d'une barre » (WACE, Rou, éd. H. Andresen, Heilbronn, 1877, II, 2100 : Les portes unt barrees e par dedanz tenues); 1429 fig. dr. « faire opposition à (qqc.) » (Affranch. d'Oiselay, Arch. H.-Saône E/143 dans GDF.); XVe s. id. « faire obstacle à (qqn, qqc.) » (LITTL., Instit., 82, Houard, ibid.); 2. mar. 1831 (WILL. : Barrer [...] mettre trop la barre du gouvernail d'un bâtiment); d'où 1900 en gén. (DG : Barrer. Tenir, manœuvrer la barre du gouvernail); 3. a) fin XIIIe s. « marquer d'une barre » (Chastelain de Coucy, éd. Crapelet, 1231 dans T.-L. : Il portoit un escu barré, Bien sai, de geulles et de vair); b) 1690 (FUR. : Barrer, se dit encore des lignes et ratures qu'on fait sur un acte pour en annuler des clauses, ou même toute substance, quand on barre les signatures); 4. 1866 arg. (A. DELVAU, Dict. de la lang. verte, p. 24 : Barrer. Abandonner son travail); l'éd. de 1867 précise ,,dans l'argot des marbriers de cimetière``; d'où 1866 pronom. se barrer « partir » (d'apr. ESN.); cf. 1867 (A. DELVAU, loc. cit., p. 11).
Dér. de barre; dés. -er; 4 peut-être dér. de barre dans l'expr. partir de barres « partir sur-le-champ », attestée dep. Ac. 1762.
STAT. — Fréq. abs. littér. :898. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 417, b) 1 365; XXe s. : a) 2 056, b) 1 492.
BBG. — CARMIGNAC (J.). Un Équivalent fr. de l'araméen gazir. R. de Qumran. 1963, t. 5, pp. 277-278. [Cr. SINDOU (R.). R. intern. Onom. 1964, t. 16, pp. 76. -77]. — POHL (J.). La Maison dans les fr. marginaux. Vie Lang. 1969, p. 82. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 386.

1. barrer [baʀe] v. tr.
ÉTYM. 1144; de barre.
1 Vx ou régional. Fermer avec une barre. || Barrer une route, une porte. Bâcler (vx).
1 Il avait fallu barrer les portes, faire de nuit des rondes avec un fusil autour des bâtiments.
H. Pourrat, Gaspard des montagnes, p. 259, in T. L. F.
Mod. Fermer (un chemin, un passage, etc.). Boucher, couper, obstruer.(Sujet n. de personne). || Les propriétaires ont barré le passage.(Sujet n. de ce qui barre). || Des rochers détachés de la montagne nous barraient la route. || La foule barrait le passage. || Un colossal ouvrage barre la rivière. Barrage. || Cette construction nous barre la vue.
Barrer le passage, la route à qqn, l'empêcher de passer, d'avancer, et, au fig., lui faire obstacle. Barrage, barrière.
2 (…) il m'avait trouvé là, en travers de sa porte, lui barrant le passage avec mes bras étendus.
Loti, Mon frère Yves, LXXXII, p. 193.
3 (…) en mai 1918 les armées barrèrent la route de Paris aux Allemands (…)
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 474.
(XVIIIe). Par ext. || Barrer qqn, mettre obstacle à ses projets. Passif. || Il est barré par son chef de service.Par ext. || Barrer les projets, les souhaits de qqn, s'y opposer.
3.1 Des événements imprévus nous barrèrent, et ce projet en demeura là.
Rousseau, les Confessions, VII.
Fig. Donner l'impression d'être serré, comme par une barre; faire ressentir une barre (II., 5.) à qqn. || La peur lui barrait la gorge, l'estomac.
2 (1831, in T. L. F.). Mar. Tenir la barre de (une embarcation). Gouverner. || Barrer un voilier de course, un canot de pêche.
Intrans. (1900). || Il barre bien, mal. || Barrer en course. || Barrer dix heures d'affilée.
3.2 Maintenant, elle est seule au poste de pilotage, seule en face de la plus grosse mer que j'aie jamais vue, et elle continue à barrer d'une façon techniquement pure, prend sa gîte au bon moment, redresse quand l'arrière s'enfonce de nouveau, sans embarder plus que les 15 à 20 degrés de la règle d'or (…)
Bernard Moitessier, Cap Horn à la voile, p. 198.
3 Marquer d'une ou de plusieurs barres, d'un trait droit. || Barrer un t. || Barrer un chèque, le revêtir, sur son recto, de deux traits parallèles. Chèque.
4 Le tireur ou le porteur d'un chèque peut le barrer (…)
Décret-loi, 30 oct. 1935 (cf. Barrement, cit.).
Fig. Être placé en travers de. || Des décorations barrent sa poitrine. || Une mèche de cheveux lui barre le front.Vêtement barré d'une inscription.
5 Les ombres bleues des peupliers barrent la route
Qui monte et qui descend et ne se laisse voir
Que çà et là comme une gerbe dans du noir.
Francis Jammes, Poèmes mesurés, in Choix de poèmes, p. 187.
6 (…) on aperçoit aux premiers rangs des invités quelques généraux glorieux dont le grand cordon de la Légion d'honneur barre l'uniforme bleu horizon.
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 473.
6.1 À mesure que l'on approchait des usines, le regard était arrêté par d'énormes conduites de fonte qui traversaient les rues, d'un mur à l'autre, reliant les ateliers, barrant l'horizon à la hauteur du deuxième étage (…)
G. Leroux, Rouletabille chez Krupp, p. 90.
4 Annuler au moyen d'une barre ( Biffer, raturer, rayer), et, par ext., effacer, gommer, supprimer. || Barrer une phrase, un passage. || Mot barré d'une croix.
6.2 Les adresses qu'il avait soulignées, ou plutôt marquées d'une croix, comme font les gens du peuple, il les barrait, d'un trait tiré en diagonale, au fur et à mesure qu'elles s'avéraient mauvaises.
S. Beckett, Nouvelles, p. 31.
——————
barré, ée p. p. adj.
1 Fermé par une barre, des barreaux, un barrage, une barrière, etc. || Rue barrée. || Passage barré.L'entrée du port est barrée. Bâcler.
Fig. Avoir l'estomac barré, la sensation d'une barre au niveau de l'estomac.
Dents barrées : dents dont les racines recourbées englobent une portion d'os maxillaire, ce qui rend l'extraction difficile.
(1785, Sade, in D. D. L.). Méd. || Femme barrée, dont le pubis présente une symphyse anormalement développée dans le sens transversal, ce qui empêche les rapports sexuels.
7 — Eh bien, ma femme était barrée… Parfaitement. Et elle a dit que j'étais impuissant.
M. Druon, les Grandes Familles, II, V, p. 68.
2 Sports (aviron). Se dit d'un équipage de course, ou de son bateau, quand il est dirigé par un barreur. || Un deux barré (opposé à sans barreur). || Le deux barré français aura à disputer une sélection difficile, devant des équipages internationaux chevronnés.
3 Traversé, rayé d'une ou de plusieurs barres. || Chèque barré. Barrement; chèque.
8 Un banquier ne peut acquérir un chèque barré que d'un de ses clients, d'un chef de bureau de chèques postaux ou d'un autre banquier. Il ne peut l'encaisser pour le compte d'autres personnes que celui-ci.
Décret-loi, 30 oct. 1935, art. 38.
Blason. Se dit du champ divisé en parties égales. || Écu barré de huit pièces. || Barré de gueules.
tableau Termes de blason.
4 N. m. Barré.
CONTR. 1. Débarrer, ouvrir.
DÉR. Barrage, barré (n. m.), barrement.
COMP. Barre-la-route, billebarrer, débarrer, embarrer, rembarrer. — V. Bariolé.
————————
2. barrer [baʀe] v.
ÉTYM. 1866, Delvau, « abandonner son travail », v. intr., et se barrer; orig. incert. : soit de 1. barrer (4.) « biffer, annuler », mais l'évolution n'est pas claire, effacer, par métaphore, correspondant à « tuer », non à « partir »; soit par antiphrase, de barrer « fermer », hypothèse peu vraisemblable; soit enfin par empr. à l'arabe algérien barrâ « va-t'en », ce qui supposerait un emprunt à l'impératif, non prouvé.
Argotique ou familier.
1 V. intr. Argot. S'en aller, partir en hâte.
1 — Allez ! Barrez ! que je vous dis… Je fais venir la police…
— T'en fais pas !… elle viendra toute seule ! Allez ! on s'en va ! Allez oust !
Céline, le Pont de Londres, p. 345.
2 V. tr. Argot, vx. Abandonner (qqn, une femme) (Bruant, Dictionnaire).
——————
se barrer v. pron.
ÉTYM. (1866).
Mod., fam. (Sujet n. de personne). Disparaître, partir, s'en aller; se sauver, s'enfuir. Casser (se), tirer (se). || Barre-toi ! || Allez, maintenant, je me barre. || Ils se sont barrés sans demander leur reste.
2 On se passe de viande, dans notre métier, mais pas de café (…)
Si vite qu'on nous serve le nôtre, Stéphane-le-Danseur « se barre » avant nous (…)
Colette, la Vagabonde, p. 101.
3 Écoute voir un peu… Les femmes, c'est pourtant pas ça qui manque. Moi, quand je suis revenu de la guerre, on m'a dit que la mienne s'était barrée (…)
A. Maurois, Bernard Quesnay, X, p. 67.
4 — Garçon !
— Monsieur ?… Le bar est fermé, Monsieur… Monsieur désire quelque chose ?
— Oui…, de l'espace…
— Pardon ?
— Un peu d'air… Vous avez compris ?… Barrez-vous !
H.-G. Clouzot et J. Ferry, Quai des Orfèvres (scénario), 1947, in l'Avant-Scène, no 29, 1963, p. 30.
5 — Barre-toi, barre-toi, qu'il dit. Tu ne le reverras plus avant longtemps ton monsieur Albert. Pas avant longtemps. Alors barre-toi… barre-toi…
L'air tragique, Lalix se lève et sort en fermant soigneusement la porte derrière elle tandis que le patron s'effondre en pleurs derrière son comptoir.
R. Queneau, les Fleurs bleues, p. 266.
(Sujet n. de chose). || Fais gaffe, le lait est en train de se barrer, de se sauver. — ☑ Loc. (barrer étant substitut de partir). Se barrer en couille.
Être mal barré : être mal parti, s'annoncer mal. || C'est mal barré. || Son affaire est plutôt mal barrée. || Il est mal barré, le pauvre.

Encyclopédie Universelle. 2012.