coup [ ku ] n. m.
• colp 1080; lat. pop. colpus, class. colaphus, gr. kolaphos
I ♦
1 ♦ Mouvement par lequel un corps vient en heurter un autre; impression (ébranlement, bruit...) produite par ce qui heurte. ⇒ choc, ébranlement, heurt, tamponnement. Coup sec, violent. Coup très léger, petit coup. Donner un coup de poing sur la table, un coup de coude à qqn. Frapper les trois coups (au théâtre). Se donner un coup contre un meuble. ⇒ se cogner.
2 ♦ Choc brutal que l'on fait subir (à qqn) pour faire mal. Donner un coup, des coups. ⇒ battre, frapper, 2. taper. En venir aux coups; se donner, échanger des coups : se battre. ⇒ bataille, rixe ; fam. bagarre, castagne. Rendre coup pour coup. Rouer qqn de coups (cf. Rosser, passer à tabac, tabasser). Frapper qqn à coups redoublés. Une avalanche, une grêle de coups. « Il avait été arrêté, bourré de coups » (Martin du Gard). Donner (pop. flanquer, foutre), recevoir (fam. déguster, encaisser, morfler, ramasser) un coup, des coups, sur la tête, les doigts... ⇒ 1. claque, gifle, horion, 2. tape; fam. et pop. châtaigne, gnon, jeton, 1. marron, pain, ramponneau, 1. taloche, tarte, torgnole. Volée de coups. Il a été condamné pour coups et blessures. ⇒ sévices (cf. aussi Mauvais traitements, voies de fait). Marque de coup. ⇒ bleu, bosse, contusion, meurtrissure. Être noir de coups. Loc. Le coup du lapin. Le coup du père François. — Coup de poing, de pied, de tête, de boule, donné avec le poing, le pied, la tête (⇒ pied, poing; coup-de-poing) . Coup de bâton (⇒ bastonnade) , de botte, de fouet. Coups sur les fesses (⇒ fessée) , sur l'œil (⇒fam. coquard) . Sport (Arts martiaux) ⇒ atémi. Coups de poing, en boxe (⇒aussi coup-de-poing) . Coups autorisés et coups défendus. — Loc. Coup bas, donné plus bas que la ceinture; fig. procédé déloyal. — Loc. Compter les coups.
♢ (Coups donnés par les animaux) Coup de bec, de corne, de griffe, de patte, de pied, de queue, de sabot. Coup de pied en vache (aussi fig.).
♢ Geste par lequel on tente de blesser l'adversaire à l'arme blanche. Coup d'épée, de sabre. ⇒ 3. botte, estocade. Coup de poignard, de couteau. Coup fourré.
♢ Loc. Coup de bambou, de barre, de bec, de boutoir, de dent, d'épingle, de fouet, de griffe, de masse, de massue, de patte, de tête.
3 ♦ (XIVe) Décharge d'une arme à feu; ses effets (action du projectile). Coup de feu. ⇒ décharge, détonation. Coups de canon, de fusil. ⇒ canonnade, fusillade, 1. salve, tir. Tirer des coups de fusil. ⇒ tirer; canarder. Le coup est parti. Revolver à six coups. « Le coup passa si près que le chapeau tomba » (Hugo). « Une flamme rougeâtre éclaira les étangs. Un coup de feu partit, un coup long chargé d'étincelles » (Bosco). Loc. fam. Tirer un, son coup : faire l'amour de façon expéditive (en parlant d'un homme). — Chasse Coup double : coup qui tue deux pièces de gibier. ⇒ doublé. Loc. Faire coup double : obtenir un double résultat par un seul effort. — Avoir un coup dans l'aile.
4 ♦ Fig. Acte, action qui frappe qqn. ⇒ attaque, atteinte; blessure. Le « coup au cœur que j'ai ressenti, à mon premier voyage, devant le sommet du Mont Blanc naviguant au-dessus des nuages » (Gracq). Littér. « À l'honneur de tous deux il porte un coup mortel » (P. Corneille). — Loc. Frapper, porter un grand coup. La crise a porté un coup terrible à l'économie. Donner le dernier coup, le coup décisif, le coup de grâce. ⇒ abattre, anéantir. Fam. TENIR LE COUP : résister à la fatigue, à des attaques, à des soucis. ⇒ 1. supporter. ACCUSER LE COUP : montrer qu'on est affecté par une attaque de l'adversaire. EN PRENDRE UN COUP : être atteint au moral ou au physique. Prendre un coup de vieux. — Coup du destin, du sort. Coup de Trafalgar : accident désastreux. Fam. COUP DUR : accident, ennui grave, pénible. ⇒fam. 1. pépin, tuile. — Un sale coup (pour la fanfare).
♢ SOUS LE COUP DE : sous la menace, l'action, l'effet de. Tomber sous le coup de la loi. Être sous le coup d'une condamnation. ⇒ encourir. « un malade sans cesse sous le coup d'une attaque » (Maurois).
5 ♦ Bruit d'un choc, d'un coup. Entendre un coup sec. Coups de cymbale, de gong. Les douze coups de midi. Loc. Sur le coup de midi : midi sonnant; par ext. vers midi.
II ♦
1 ♦ Mouvement de telle ou telle partie du corps de l'homme ou d'un animal (non destiné à frapper). Coup d'aile (⇒ battement) , de collier. Coup de coude, de genou, de reins, de langue. — (Organes de la voix, produisant un son). Coup de gosier d'un chanteur. Coup de gueule. ⇒ cri, engueulade. — Coup d'œil : regard bref.
♢ Fig. Coup de main, d'épaule, de pouce. ⇒ 1. aide, appui, secours. Donner un coup de main à qqn. COUP DE MAIN : attaque exécutée à l'improviste, avec hardiesse et promptitude.
2 ♦ (Le plus souvent qualifié) Mouvement d'un objet, d'un outil qu'on manie, d'un instrument. Coup d'archet. Coup de crayon. Coup de barre (de gouvernail). Coup de filet (du pêcheur). Coup de bistouri (du chirurgien). Coup de hache, de pioche. Coup de marteau, de massue; coup de barre (aussi fig.). Coup de frein. Coup de volant. Coup d'accélérateur; fig. impulsion. Coup de chapeau (⇒ salut) . — Coup de fil, coup de téléphone. Loc. fam. Avoir un bon coup de fourchette. — (Sans compl.) En mettre, (fam.) en ficher un coup, un bon coup : travailler dur.
♢ (Désignant une opération rapide). Coup de balai, de brosse, de chiffon, d'éponge, de torchon : nettoyage rapide avec le balai, etc. (aussi fig.). Donner, passer un coup au salon, le nettoyer sommairement. — Coup de fer : repassage rapide. Donner un coup de peinture : peindre rapidement. Se donner un coup de peigne : se recoiffer rapidement.
♢ À COUP(S) DE : à l'aide de. Il se maintient à coup de médicaments. Traduire un texte à coups de dictionnaire. « Les universités se disputent les professeurs à coups de billets de banque » (Duhamel ).
3 ♦ Action brusque, soudaine ou violente d'un élément, du temps; impression qu'elle produit. Coup d'air, de chaleur, de foudre, de froid. — Coup de soleil. Météor. Coup de vent : vent de force 8 (échelle de Beaufort). Arriver, repartir en coup de vent. — Mar. Coup de roulis, de tangage. Coup de mer : grosse vague passant par-dessus le bateau. Coup de chien : tempête subite.
4 ♦ (XIIIe) Le fait de lancer (les dés); action d'un joueur (jeux de hasard, puis d'adresse). Un coup pour rien. Jouer sa fortune sur un coup de dés. « Un coup de dés, jamais, n'abolira le hasard » (Mallarmé). — (Billard, cartes, tennis) Coup adroit. Le coup est bien joué. Tennis COUP DROIT, qui consiste à frapper la balle avec la face de la raquette, après rebond (opposé à volée, revers). ⇒ drive. — (Football, rugby) Coup franc. Coup d'envoi. — Jouer à coup sûr. Réussir un beau coup, un coup heureux. Marquer le coup. Par anal. Coup de Bourse. — Avoir, attraper le coup pour faire qqch. ⇒ 3. tour, 1. truc. — Discuter le coup. — Valoir le coup.
5 ♦ (fin XIVe) Quantité absorbée en une fois. Inspirer, expirer un grand coup. Boire un coup de trop. Fam. Je te paye un coup, le coup (de vin), un coup à boire. Le coup de l'étrier.
III ♦ (XIe; du jeu, II, 4o)
1 ♦ Action subite et hasardeuse. (Qualifié) Coup de chance : action réussie par hasard, par ext. hasard heureux. Fam. Coup de bol, de pot. — Coup d'audace. Coup de génie. (Sans compl.) Tenter, risquer le coup. Réussir, manquer son coup. « Mes pareils à deux fois ne se font point connaître, Et pour leurs coups d'essai veulent des coups de maître » (P. Corneille) . Réussir un beau coup. Un beau coup de pub. Il « adore la mise en scène et les coups médiatiques » (Le Point, 1988). — Coup d'État. Coup de théâtre.
♢ Action jugée malhonnête. Mauvais coup. Manigancer, préparer son coup. Le coup était prémédité, préparé; imprévisible. Faire un coup à qqn. C'est lui qui a fait le coup. Faire les quatre cents coups : faire beaucoup de bêtises, d'excès, mener une vie de débauche. Être aux cent coups. Manquer, rater son coup. Être sur un coup : avoir une bonne affaire en vue. Faire à qqn le coup de, le tromper en simulant une situation. Il lui a fait le coup de la panne. — (Qualifié) Coup monté. Un coup de Jarnac, imprévu mais loyal; abusivt perfide, déloyal. Un coup tordu. — Loc. fam. ÊTRE DANS LE COUP. Être, mettre dans le coup : participer, faire participer à l'action; fig. être, mettre au courant (de ce qu'il faut savoir); être au courant des idées à la mode (cf. Être à la page, branché, cablé, dans la course, dans le vent, in). Il n'est pas dans le coup. — Être hors du coup : ne pas être concerné, ne pas s'intéresser à (qqch.). « Nous nous intéressâmes modérément à l'affaire [...] . Nous ne considérions cependant pas que nous étions hors du coup » (Beauvoir).
2 ♦ Action subite et irraisonnée. Coup de folie, de désespoir. Coup de cœur.
3 ♦ (XIIIe) Au sens de « fois » dans des loc. Du premier coup. D'un seul coup (d'un seul), tout d'un coup. « Il faut travailler avec acharnement, d'un coup » (A. Gide). « Pour le coup, la colère lui donnait le ton de la fermeté » (Stendhal). À tous les coups, à tous coups : chaque fois, à tout propos, toujours. À tous les coups l'on gagne ! Du même coup : par la même action, à la même occasion. Ce coup-ci c'est le bon. — Vx ou région. Encore un coup : encore une fois. — Fam. Du coup : par conséquent.
4 ♦ Action rapide, faite en une fois. Tousse un bon coup, ça ira mieux ensuite. COUP SUR COUP : sans interruption, l'un après l'autre, successivement. « Tant de malheurs qui arrivaient coup sur coup » (Bossuet). AU COUP PAR COUP, se dit d'une opération, d'une politique menée par une suite d'actions séparées. Régler les problèmes au coup par coup, par des actions ponctuelles. — SUR LE COUP : immédiatement. Il est mort sur le coup. Sur le coup, je n'ai pas compris. — APRÈS COUP : plus tard, après. « Quelques mots auxquels je n'ai réfléchi qu'après coup » (Rousseau). — À COUP SÛR : sûrement, infailliblement. Il est à coup sûr l'auteur de cette plaisanterie. — TOUT D'UN COUP; TOUT À COUP : brusquement, soudain. « L'amour, croyait-elle, devait arriver tout à coup avec de grands éclats et des fulgurations » (Flaubert).
⊗ HOM. Cou, coût.
● coup nom masculin (bas latin colpus, du latin classique colaphus, du grec kolaphos, soufflet) Choc rapide et brutal qui résulte du mouvement d'un corps qui vient en frapper un autre, et, en particulier, choc donné avec une partie du corps ou avec un instrument : Des coups de pied. Recevoir un coup de couteau. Le résultat du choc lui-même : Il heurta sa tête contre la porte, le coup fut très douloureux. Marque laissée par un choc : Avoir le corps noir de coups. Le mouvement rapide de l'objet ou de la partie du corps sans qu'il y ait obligatoirement choc : La chatte nettoyait ses petits à grands coups de langue. Mouvement rapide donné à un objet ou à un instrument qu'on manie ; action de se servir d'un instrument rapidement, sans grand soin ni précision : Se donner un coup de peigne. En quelques coups de crayon, il avait fait son portrait. Acte, événement, nouvelle, etc., qui frappe psychologiquement, moralement : L'annonce de son licenciement fut pour lui un coup terrible. Son rendu par quelque chose qu'on frappe ou sur quoi quelqu'un ou quelque chose frappe : Entendre trois coups frappés à la porte. Décharge et détonation d'une arme à feu ; la munition elle-même : Tirer un coup de feu. Revolver à six coups. Familier. Toute action considérée du point de vue de sa fréquence, de sa répétition ; cas, moment du temps où cette action se fait ; fois, tentative : Ce coup-ci, vous avez gagné. Familier. Action de quelqu'un jugée désagréable, ennuyeuse ou néfaste : Encore un verre de cassé, ça c'est sûrement un coup des enfants. Action surtout préparée à l'avance, combinée, manigancée (souvent péjoratif) ; combine, affaire : Mettre un complice dans le coup. Façon d'attaquer, de manœuvrer dans une lutte, une compétition quelconque, au combat ou dans certains sports : Tous les coups sont permis. Chacune des actions, des combinaisons que fait un joueur dans une partie : Ce coup lui a fait gagner le match. Familier. Boisson, et, en particulier, boisson alcoolisée : Boire un coup. Accès brusque d'un sentiment, d'un état psychique : Un coup de folie. Manifestation brutale d'un élément, d'un phénomène : Coup de tonnerre. Populaire. Partenaire sexuel occasionnel. Sports Cycle du mouvement de l'aviron ou de la pagaie. ● coup (citations) nom masculin (bas latin colpus, du latin classique colaphus, du grec kolaphos, soufflet) Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Mes pareils à deux fois ne se font point connaître, Et pour leurs coups d'essai veulent des coups de maître. Le Cid, II, 2, Rodrigue André Gide Paris 1869-Paris 1951 Tout coup vaille. Thésée Gallimard Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Le coup passa si près que le chapeau tomba… La Légende des siècles, Après la bataille Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 En quelque manière qu'on se puisse mettre à l'abri des coups, fût-ce sous la peau d'un veau, je ne suis pas homme qui y reculasse. Essais, I, 20 Isaac Félix, dit André Suarès Marseille 1868-Saint-Maur-des-Fossés 1948 Entre amants, il n'y a que les coups et les caresses. Voici l'homme Albin Michel ● coup (difficultés) nom masculin (bas latin colpus, du latin classique colaphus, du grec kolaphos, soufflet) Orthographe Locutions avec coup. 1. S'écrivent sans trait d'union : tout à coup, tout d'un coup, sur le coup, après coup, au coup par coup, un coup d'œil (plur. : des coups d'œil), un coup de main (plur. : des coups de main). 2. À tout coup / à tous coups. Les deux graphies sont admises. 3. À coups de (+ nom au singulier) : à coups de pied, à coups de poing ; à coups de fusil ; chasser la poussière à grands coups de plumeau. 4. Monter le coup à qqn (= l'abuser, lui en faire accroire), avec un p à coup (penser à c'est un coup monté ; sans rapport avec le cou, partie du corps) : il s'est assuré de la majorité en montant le coup à ses opposants ; il se monte le coup (= il s'abuse lui-même, il s'exalte). Remarque Il se monte le coup est parfois écrit il se monte le cou par confusion avec il se monte la tête, expression de sens voisin. Emploi Tout à coup / tout d'un coup. Tout d'un coup signifie « en une seule fois » (il a acquis plusieurs appartements tout d'un coup) alors que tout à coup signifie « brusquement, soudain » (tout à coup, il s'est levé pour mettre fin à l'entretien). Aujourd'hui, on emploie indifféremment les deux expressions au sens de « soudain ». Tout d'un coup est plus courant, tout à coup plus soutenu. ● coup (expressions) nom masculin (bas latin colpus, du latin classique colaphus, du grec kolaphos, soufflet) À coups de quelque chose, en l'utilisant comme arme principale ou comme unique instrument. À coup sûr, sûrement, infailliblement. À petits coups, à grands coups, en multipliant une série d'opérations identiques pour faire une action ou en en diminuant beaucoup le nombre : Boire à petits coups, à grands coups. Après coup, une fois la chose faite, l'événement s'étant déjà produit. Au coup par coup, sans plan précis, selon chaque circonstance qui se présente. Familier. Aux cent coups, dans un état de vive inquiétude, perturbé, fortement ému. Populaire. Avoir un coup dans le nez, dans l'aile, être ivre. Avoir, attraper le coup, avoir, acquérir l'adresse nécessaire pour faire quelque chose. Beau coup, action particulièrement réussie. Coup bas, en boxe, coup porté au-dessous de la ceinture, interdit par le règlement ; manœuvre déloyale. Coup de chance, de veine, de pot, événement heureux attribué au sort. Coup dur, événement pénible, douloureux, ou situation difficile qui affecte quelqu'un. Coup de fil, de téléphone, communication téléphonique. Coup de langue, de dent, critique acerbe. Coup monté, action malveillante préparée en secret ; piège. Familier. Coup du père François, manœuvre déloyale. Coup de Trafalgar, désastre complet. Coup sur coup, qui se produit de manière répétée, l'un après l'autre ; de suite. Familier. Discuter le coup, discuter, bavarder un moment sur un sujet. D'un coup, d'un seul coup (d'un seul), en une seule fois. Familier. Donner un coup, se donner un coup, nettoyer hâtivement un lieu, arranger vite sa toilette, sa coiffure, etc. Familier. Du coup, dans ces conditions, par ce fait même, en conséquence. Du même coup, en même temps, par la même occasion. Du premier coup, à la première tentative, dès la première fois. Familier. En mettre, en donner, en fiche un (bon ou vieux) coup, faire un grand effort pour avancer un travail, une étude, etc. En prendre un coup, être fortement affecté par quelque chose ; subir un dommage. En venir aux coups, finir par se battre, se bagarrer. Familier. Être dans le coup, être au courant d'une affaire (surtout louche) ; être au courant de tout ce qui se passe, et, en particulier, de ce qui est à la mode. Être hors du coup, ne pas être au courant d'une affaire ; ne pas y participer. Être sur un coup, participer à une affaire qui peut rapporter un profit. Faire coup double, faire d'une pierre deux coups, atteindre deux objectifs à la fois en n'utilisant qu'un seul moyen d'action. Faire les quatre cents coups, se livrer à toutes sortes d'excès, de frasques. Frapper un grand coup, employer des moyens exceptionnels pour mettre de l'ordre dans une situation. Frapper les trois coups, au théâtre, marquer le début de la représentation en frappant trois coups sur le plancher de la scène. Manquer, rater, réussir son coup, échouer ou réussir dans son entreprise. Marquer le coup, mettre en relief un incident ; célébrer un événement de manière spectaculaire. Familier. Mettre quelqu'un sur un coup, l'associer à une entreprise profitable. Familier. Monter le coup à quelqu'un, l'induire en erreur par des renseignements mensongers, le mener dans un piège. Mourir sur le coup, instantanément, dès que le coup a été reçu. Porter un coup à quelqu'un, à quelque chose, leur nuire, les frapper, empêcher leur action, leur progrès, leur évolution. Familier. Pour le coup, relativement à cet événement. Pour un coup, pour une fois. Familier. Prendre un coup de vieux, vieillir subitement. Rendre coup pour coup, se venger pour chaque coup reçu. Risquer, tenter le coup, tenter sa chance, faire une tentative, essayer. Familier. Sale coup, événement qui atteint d'une manière particulièrement pénible. Sous le coup de quelque chose, sous l'effet de : Rougir sous le coup de l'émotion. Sur le coup, au moment où l'événement a eu lieu. Sur le coup de 10 heures, à cette heure. Familier. Tenir le coup, en parlant de quelqu'un, résister ; en parlant de quelque chose, durer. Tirer un coup, son coup, avoir des relations sexuelles d'une manière expéditive et sans sentiment. Tomber sous le coup de, en être passible. Tout à coup, tout d'un coup, subitement, soudain. Un coup, un bon coup, un grand coup, s'emploie après un verbe pour insister sur l'action exprimée par ce verbe : Pleure un bon coup, ça ira mieux après. Familier. Un coup pour rien, se dit lorsqu'une action, un effort a été inutile. Valoir le coup, valoir la peine qu'on va se donner pour l'obtenir. Tir coup par coup, tir exécuté avec une cartouche à la fois (par opposition à tir par rafales). Coup de mer, gros paquet d'eau de mer venant frapper un navire et embarquant à bord. Coup de chaleur, ensemble des accidents déclenchés par une insolation ou une chaleur excessive. (Ces accidents sont particulièrement graves chez le nourrisson et nécessitent un traitement d'urgence dans un service de réanimation.) Pêche au coup, pêche sédentaire à l'aide d'une ligne dont l'hameçon et la plombée sont libres de reposer ou non sur le fond. Coup droit, au tennis et au tennis de table, frappe de la balle du côté de la main qui tient la raquette. Coup franc, au football, au rugby, au basket, sanction prise pour une irrégularité d'un joueur ; l'exécution de cette sanction. Coup de pied de but, au football, dégagement effectué par le gardien ou tout autre joueur de son camp, lorsque le ballon a été expédié en sortie de but par un adversaire. ● coup (homonymes) nom masculin (bas latin colpus, du latin classique colaphus, du grec kolaphos, soufflet) cou nom masculin coud forme conjuguée du verbe coudre cou-de-pied nom masculin couds forme conjuguée du verbe coudre coup-de-poing nom masculin coût nom masculin ● coup (synonymes) nom masculin (bas latin colpus, du latin classique colaphus, du grec kolaphos, soufflet) Choc rapide et brutal qui résulte du mouvement d'un corps...
Synonymes :
- beigne (populaire)
- châtaigne (populaire)
- gnon (populaire)
- horion
- marron (populaire)
- taloche (familier)
- tape
- tarte (populaire)
Le résultat du choc lui-même
Synonymes :
- heurt
Marque laissée par un choc
Synonymes :
- bleu (familier)
Acte, événement, nouvelle, etc., qui frappe psychologiquement, moralement
Synonymes :
- attaque
- atteinte
- blessure
- choc
- ébranlement
- injure
- outrage
- secousse
Action surtout préparée à l'avance, combinée, manigancée (souvent péjoratif) ; combine...
Synonymes :
- affaire
- combine
Familier. Boisson, et, en particulier, boisson alcoolisée
Synonymes :
- gorgée
- lampée (familier)
- verre
Coup sur coup
Synonymes :
En venir aux coups
Synonymes :
- bagarre
- échauffourée
- mêlée
Tout à coup, tout d'un coup
Synonymes :
- inopinément
Sports. Coup droit
Contraires :
- revers
coup
n. m.
rI./r Choc produit par le heurt violent de deux corps; résultat du choc. Enfoncer un clou à coups de marteau. Frapper à grands coups.
d1./d Choc violent que reçoit une personne que l'on frappe. Coup de pied, de poing.
|| Sans coup férir.
|| Coup de grâce, par lequel on assure la fin d'un condamné à mort; fig. événement, action qui aggrave une situation déjà difficile.
|| (Québec) Fam. Attraper son coup de mort: contracter une maladie mortelle.
|| Coup bas: en boxe, coup donné au-dessous de la ceinture; fig. action déloyale.
|| Fig. Coup de bec.
|| Fig. Faire d'une pierre deux coups.
|| Fig. Coup d'épée dans l'eau, acte sans résultat.
d2./d Décharge d'une arme à feu. Coup de revolver, de pistolet. Coup de semonce.
|| Faire coup double: tuer deux pièces d'un même coup de feu; fig. obtenir deux résultats par la même action.
d3./d Blessure de la sensibilité, choc moral. Sa mort a été un coup terrible pour elle.
— Tenir le coup: résister aux épreuves physiques et morales.
— Coup dur: ennui, épreuve pénible.
d4./d SPORT Coup franc: sanction contre une équipe qui a commis une faute.
|| Coup de pied de réparation: V. penalty.
|| Coup droit. Au tennis, coup puissant par lequel on renvoie la balle presque horizontalement, au ras du filet. Syn. drive.
|| (Québec) (Au baseball) Coup sûr: balle frappée de telle sorte qu'elle permet au joueur d'atteindre le premier but. Coup de circuit, permettant au joueur de faire le tour complet des buts sans être arrêté.
rII./r Action de très courte durée accomplie en une seule fois.
d1./d Action soudaine d'un élément naturel. Coup de tonnerre.
|| METEO Coup de vent.
|| Fig. Coup de foudre.
d2./d CUIS Coup de feu.
d3./d MAR Coup de barre.
d4./d Mouvement bref et rapide (d'une partie du corps). Coup d'oeil.
|| Fig. Donner un coup de main, de pouce, d'épaule.
|| MILIT Coup de main.
d5./d Mouvement, action produite par un outil, un ustensile, un instrument que l'on manie. Coup de balai, de plumeau.
— Coup de filet.
|| Coup de téléphone ou (Fam.) coup de fil.
d6./d Bruit soudain. Entendre des coups de feu. Les douze coups de minuit.
d7./d Action ponctuelle, momentanée. Faire un mauvais coup. Tenter le coup. Faire les cent (ou les quatre cents) coups.
— Fam. Manquer son coup: échouer.
— Fam. être dans le coup: participer à une action; être informé.
|| Coup de maître: action remarquable, ouvrage très réussi.
— Coup d'essai: première tentative.
d8./d Action soudaine, entraînant des bouleversements. Coup d'état.
— Coup de théâtre.
d9./d Quantité absorbée, consommée en une fois. Boire à petits coups.
|| Fam. Boire un coup.
|| (Réunion) Coup de sec: verre de rhum.
— (Québec) Fam. Prendre un coup: aimer la boisson, boire à l'excès. C'est un gars qui aime prendre un coup.
rIII/r Loc.
d1./d Loc. adv. à coup sûr: sûrement, certainement.
|| Après coup: plus tard, une fois la chose faite. Je m'en suis aperçu après coup.
|| Coup sur coup: l'un après l'autre, sans interruption.
|| Sur le coup: à l'instant même, immédiatement. Sur le coup, je n'ai pas compris.
d2./d Loc. Prép. Sous le coup de: sous la menace de, sous l'effet de. Il est encore sous le coup du choc.
|| à coups de, à grands coups de: en frappant avec. Fendre des bûches à coups de hache.
— Fig. En se servant de. Traduire à coups de dictionnaires.
⇒COUP, subst. masc.
A.— [Avec l'idée d'un mouvement suivi d'un choc]
1. [Avec une intention gén. hostile] Mouvement rapide au bout duquel un corps vient heurter un autre corps. Défends-toi jusqu'à ce soir avec le couteau que je t'ai donné. Le coup doit se porter de bas en haut, ne l'oublie pas (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 309) :
• 1. Giletti était lancé, Fabrice lui porta un coup de pointe; Giletti avec son épée eut le temps de relever un peu le couteau de chasse, mais il reçut le coup de pointe en plein dans la joue gauche.
STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 178.
SYNT., EXPR., a) Coup + adj. Coup bas. Coup porté plus bas que la ceinture, au fig., procédé déloyal. Coup fourré. Coup que deux hommes en train de se battre se donnent et reçoivent en même temps. Coup léger, mortel, rude, terrible, violent. b) Adj. + coup. Grand coup, mauvais coup, petit coup. c) Coup de/du + subst. Coup d'assommoir, de baguette, de baïonnette, de bâton, de bec, de bélier, de botte, de boutoir, de canne, de coude, d'épaule. Coup d'épée; coup d'épée dans l'eau (au fig.) tentative inutile. Monserfeuil n'a aucune espèce de crédit ni de pouvoir avec le nouveau gouvernement. Ce serait un coup d'épée dans l'eau (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 515). Coup d'épingle; au fig., p. métaph. Petit mot blessant; synon. pique. Coup de fouet; au fig. Excitation vigoureuse. Nous recevions un gros paquet de journaux d'Europe : c'était un coup de fouet qui nous ravivait et nous agitait fort durant quelques jours (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 303). Coup de genou, de griffe, de hache; coup de Jarnac (p. allus. au duel où Jarnac tua La Châtaigneraie, en lui portant un coup imprévu). Mauvais tour joué à quelqu'un (cf. C 2 b syntagme coup de force ex. de Clemenceau). Coup du lapin. Coup sec assené sur la nuque, de la manière dont on tue les lapins; au fig. coup mortel. Coup de patte; au fig. Mot blessant lancé furtivement dans la conversation. Là où un homme du monde ne se serait pas laissé griffer deux fois, le bon Birotteau avait besoin de plusieurs coups de patte dans la figure avant de croire à une intention méchante (BALZAC, Curé Tours, 1832, p. 181). Coup de pied, (fam.) coup de pied au derrière, au cul. Le coup de pied au cul est la plus noble invention de l'homme. C'est ce qui le rend supérieur à la bête. (Il lui botte les fesses) (ACHARD, Voulez-vous jouer? 1924, I, 3, p. 76). Coup de poignard, (au fig.) coup de poignard dans le dos. Attaque déloyale. Dans ce champ clos [le Palais Bourbon], le croc-en-jambe, la chausse-trape et le coup de poignard dans le dos, sont choses fort appréciées des vainqueurs (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 343). Coup de poing. Garine vient de le frapper d'un coup de poing à la mâchoire; le poing encore fermé, il fronce les sourcils (MALRAUX, Conquér., 1928, p. 157); au fig. [appos. ou fonction d'adj.] qui produit une forte impression. Notre titre est un titre coup de poing et nous le voulions ainsi. Il s'agissait d'attirer l'attention (Le Monde, 5 oct. 1966 ds GILB. 1971, p. 118). Coup de sabre. Coup de talon, de trique. d) Verbe + coup. Allonger, donner un coup; échanger des coups; frapper un coup; parer un coup. Rendre un coup. Lui, comme un boxeur sonné, qui ne rend plus les coups (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 967).
a) Locutions
— Loc. prép.
♦ À coups de. Ils les assommeraient à coups de pierre (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 462). Au fig., péj. À l'aide de, en ayant recours à des procédés expéditifs et inefficaces. À coups de théories. Le bloc des faits acquis était trop compact pour qu'on pût l'entamer à coups d'articles de presse (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 13).
♦ Sous le coup de. Au fig. Sous la menace de. C'est sous le coup d'un arrêt de mort, entre la sentence et l'exécution, que j'ai composé cet ouvrage (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 436). Sous l'effet de. Et, sous le coup de cette frousse salutaire, il prit enfin la décision que sa raison et sa volonté étaient incapables de prendre depuis six semaines (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1304). Tomber sous le coup de qqc. S'exposer à une sanction.
— Loc. verbales
♦ Faire d'une pierre deux coups; au fig. atteindre deux objectifs par la même action. Profiter de ce voyage pour faire d'une pierre deux coups et acheter chez son fournisseur attitré un lot d'épingles et de boîtes vitrées (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 117).
♦ Sans coup férir. Sans combattre. Le village fut enlevé sans coup férir (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 551). Au fig. Sans difficulté. Ces dispositions légales ont permis aux résistants authentiques (...) de s'emparer sans coup férir de la totalité des journaux (COSTON, A.B.C. journ., 1952, p. 69).
♦ En mettre, en jeter un coup. Faire un effort, travailler dur (cf. ESN. 1966).
♦ En prendre un coup. (fam. et arg.). Subir un dommage physique ou moral :
• 2. Dans notre région, d'après ce que j'ai vu, ça défile continuellement vers en bas. L'Autriche doit déboucher comme une chiasse dans les plaines de Mantoue. À mon avis, nous en prenons un bon coup.
GIONO, Bonheur fou, 1957, p. 385.
b) En partic. Mouvement offensif dans un jeu. Le coup le plus violent et le plus dangereux du volley-ball est le smash, qui consiste à écraser le ballon au sol, de haut en bas, la main tendue, dans le camp opposé (ALLEAU 1964, p. 523) :
• 3. Avant de passer aux règles du jeu, expliquons tout d'abord le système employé pour noter les coups joués sur l'échiquier. (...) Remarquons que les coups sont généralement notés sur deux colonnes...
ALLEAU 1964 p. 183.
— Spéc., SP. (football). Coup franc. Droit de renvoyer le ballon au pied à partir d'un point convenu accordé à une équipe en réparation d'une faute de l'adversaire. Un coup franc indirect sera accordé à l'équipe adverse, à l'endroit où la faute a été commise (J. MERCIER, Football, 1966, p. 29).
SYNT. Coup heureux, malheureux; beau coup. Coup de dés. Un coup de dés jamais n'abolira le hasard (titre d'une œuvre de Mallarmé, 1897).
— Loc. Marquer le coup (au fig., fam.). Manifester qu'on a été sensible à quelque chose. C'était la première fois qu'il trouvait les portes fermées en arrivant. Le patron avait voulu marquer le coup (CAMUS, Exil et roy., 1957, p. 1599).
2. Choc provoqué par le mouvement d'un corps venant heurter un autre corps. Synon. heurt, horion; (fam.) gnon, marron, mornifle, pain, pêche. Percé de l'épieu destiné aux bêtes farouches, le limier tourne sous le coup fatal (CHATEAUBR., Martyrs, t. 3, 1810, p. 180) :
• 4. ... on distingua sur l'autre rive un lourd chariot chargé de foin, qui, en touchant le radeau, produisit un coup sourd dont l'ébranlement imitait le bruit du canon.
BOYLESVE, La Leçon d'amour dans un parc, 1902, p. 158.
SYNT., EXPR., a) Coup + adj. Coup sec. b) Coup + à + subst. Coup au cœur (au fig.). Violente douleur morale. Je sentis un coup au cœur quand elle lui dit : Monsieur, vous nous avez trompés; vous n'êtes pas un honnête homme (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 154). c) Coup + de + subst. Coup d'arrêt. Coup de barre (au fig.) Fatigue subite et brutale; synon. coup de buis, coup de pompe. Coup de chaleur, coup de froid. Choc dû à une élévation ou un abaissement brutal de la température. Cette paralysie résulte d'un coup de froid (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 118). Coup de foudre. Décharge électrique entre les nuages et le sol; p. métaph. choc psychologique dû à une surprise brutale. Le coup de foudre qui briserait sa vie tout entière (SANDEAU, Melle de La Seiglière, 1848, p. 280); en partic. amour violent et subit. Comme le coup de foudre vient d'une secrète lassitude de ce que le catéchisme appelle la vertu, et de l'ennui que donne l'uniformité de la perfection, je croirais assez qu'il doit tomber le plus souvent sur ce qu'on appelle dans le monde de mauvais sujets (STENDHAL, Amour, 1822, p. 55). Coup de grâce. Coup qui achève quelqu'un en mettant fin à ses souffrances; p. métaph. À la seule vue du visage de leur vieil ami, Samuel comprit. Feuillebois avait dû recevoir le coup de grâce (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 217). Coup de grisou. Coup de sang. Congestion. Un coup de sang qui l'avait laissé à peu près paralysé (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 70). Coup de soleil. Insolation subite. Rougon mourut presque subitement (...) d'un coup de soleil qu'il reçut (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 42). d) Verbe + coup. Compter les coups; prendre, recevoir des coups; rouer de coups. Tenir le coup. Supporter le choc; au fig. résister longtemps. C'était une habituée de la drogue. Ces vieilles-là, voyez-vous, ça tient parfois mieux le coup que les jeunes (BERNANOS, Crime, 1935, p. 830).
a) Spéc., JURISPR. Coups et blessures (volontaires, involontaires) (cf. RÉAU-ROND. 1951, p. 383).
b) P. méton.
— Son émis par un choc. Le coup de gong final retentit. Le tumulte s'apaise (MORAND, New York, 1930, p. 61) :
• 5. De l'amoncellement d'argenterie, sortirent comme des souris, un, deux, trois, quatre coups, aussi argentins et légers que s'ils fussent venus non de quelque pendule enfouie dans ce bric-à-brac tragique, mais de ces trésors d'Aladin eux-mêmes, ...
MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 552.
♦ Spéc., THÉÂTRE. Les trois coups. Les trois coups (de maillet) annonçant le début d'une pièce. Les trois coups frappés, le rideau du théâtre levé, l'annoncier entre par la porte droite et va se placer solennellement au milieu de la scène (CLAUDEL, Soulier, 1929, 2e part., 1, p. 1041).
SYNT., EXPR., Coup de cloche ou absol. coup. Après le coup de cloche de midi moins le quart, les élèves quittaient les salles de classe (ARLAND, Ordre, 1929, p. 337). À ce moment le premier coup de deux heures résonna dans le silence. Ce bruit sembla réveiller Armand (SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 12). Fam. Sur le coup de. Vers telle heure. Tout à coup sur le coup de minuit j'entends ma fenêtre qui claque (CLAUDEL, Visages radieux, 1947, p. 800). Coup de tonnerre.
— Marque laissée par un choc. Ce coup à la tempe semblerait attester que l'assassin a voulu assommer Mlle Stangerson (G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p. 12).
♦ Au fig. Choc, atteinte grave à la fortune, à la santé de quelqu'un. Coup dur :
• 6. Certainement, on finira par se résoudre à diminuer, (...) les droits sur les blés étrangers, ce qui sera, d'ailleurs, déplorable et portera un coup très sensible à l'agriculture française, déjà si profondément atteinte.
COPPÉE, La Bonne souffrance, 1898, p. 44.
SYNT., EXPR., Coup de vieux. Vieillissement subit. Moi, c'est Saïgon qui m'a flanqué le coup de vieux, et avant l'âge (COLETTE, Music-hall, 1913, p. 106); anton. iron. coup de jeune (cf. Ph. BOUVARD, La Cuisse de Jupiter, Le Livre de poche, 1974, p. 35).
♦ En partic. Atteinte morale qui cause un sentiment pénible, blessure morale. Si le ciel me frappe dans mes enfants, (...) je ne pourrai survivre à ce coup (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 117) :
• 7. Les amants ne se connaissent qu'au mal qu'ils se font, qu'aux coups qu'ils se portent. Toute la misère de l'attachement aux créatures tient dans ce vers impérissable : la paix qui m'envahit quand c'est vous qui souffrez.
MAURIAC, Journal 1, 1934, p. 36.
3. Mouvement d'un projectile; en partic. décharge d'une arme à feu; p. méton. bruit produit par cette décharge. Poussée brutale du recul, quand le coup part, geste automatique de la culasse (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 277).
SYNT., EXPR., a) Coup + de + subst. Coup de feu; coup de fusil. Coup de revolver, revolver à + numéral + coups. Deux revolvers à six coups (VERNE, Tour monde, 1873, p. 173). b) Verbe + coup. Faire le coup de feu. Combattre, participer à un combat de rue. Moi, socialiste, je suis prêt à faire le coup de feu, pour le gouvernement (MARTIN DU G., Thib, Été 14, 1936, p. 608). Manquer son coup. Ne pas atteindre l'objectif visé. Nos paysans, sûrs à peu près de manquer leur coup en le tirant [l'épervier] (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 189). Tirer un coup de feu (de canon, de pistolet, etc.). Ils auront perdu l'honneur sans avoir tiré, de toute la guerre, un seul coup de feu sur les Allemands (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 408). Tirer un coup de fusil. Au même moment le soldat tire son coup de fusil, et casse un bras à l'acteur qui faisait Othello (STENDHAL, Racine et Shakspeare, t. 1, 1823, p. 16). P. métaph., fam. Tirer un coup, tirer son coup [Le suj. désigne un homme] Faire l'amour de manière expéditive. L'immortalité de l'âme, le libre arbitre, tout cela, c'est très drôle de s'occuper de cela jusqu'à vingt-deux ans; mais après, c'est fini. On doit s'occuper à tirer son coup sans attraper trop de vérole (GONCOURT, Journal, 1860, p. 786).
— Loc. Faire coup double. Atteindre deux objectifs en une seule fois (au fig.). M. Ernest Seillière y trouve l'occasion de faire coup double et de condamner tour à tour la fausseté de la vie de Jean-Jacques et la fausseté de son roman (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1950, p. 206).
B.— [Avec une idée de simple mouvement] Mouvement d'un organe, d'une partie du corps, d'un élément et de tout ce qui est susceptible de servir d'instrument. [Il] plia d'un coup brusque la tête de son cheval, comme on donne un coup de barre au gouvernail, le fit pivoter (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 495) :
• 8. Je me fais quelquefois l'effet d'un homme dans une barque. La barque s'éloigne du rivage. Je vois bien la terre et ses fleurs, ses maisons, tout ce qu'elle a de beau et de bon à m'offrir, mais il y a de temps en temps un puissant coup de rame qui m'éloigne un peu de tout cela.
GREEN, Journal, 1935, p. 47.
SYNT., EXPR., Coup + de + subst. Coup d'aile. Coup de balai; au fig. licenciement massif et brutal dans une entreprise. La nouvelle s'était répandue dans les rayons. Les consciences inquiètes frissonnaient, les honnêtetés les plus sûres d'elles redoutaient le coup de balai général (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 714). Coup de barre. Le yacht donna une bande effroyable, et Wilson, qui tenait la roue, fut renversé par un coup de barre inattendu (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 53); p. métaph., fils de l'un et l'autre Napoléon brisés par les coups de barre de la destinée (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1906-1907, p. 224). Coup de bistouri. Coup de brosse. Coup de chapeau. L'autre, à son approche, se fendit d'un grand coup de chapeau déclamatoire et ironique (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1128); au fig. Coup de chapeau. ,,Hommage que l'on rend à quelqu'un ou à quelque chose`` (Le Monde, 19 mars 1966 ds GILB. 1971, p. 118). Coup de chiffon. Coup de ciseaux. Coup de collier; au fig. effort violent. J'ai un vigoureux coup de collier à donner (FLAUBERT, Corresp., 1873, p. 77). Coup de crayon. Coup de fer (à friser). Coup de feu. Flambée subite. Son visage incendié par le coup de feu des fourneaux (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 62); au fig. (théâtre, hôtellerie), période d'activité intense et fiévreuse. Dans le montage fiévreux de la pièce, dans le coup de feu des répétitions (GONCOURT, Journal, 1885, p. 434). Coup de filet; au fig. opération fructueuse. La récolte manqua, il y eut une hausse considérable, ce qui leur permit de réaliser de gros bénéfices en écoulant leur provision. Peu de temps après ce coup de filet, (...) (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 57). Coup de fourchette; au fig. appétit. Un charmant garçon qui a un solide coup de fourchette (G. LEROUX, Roul. tsar, 1912, p. 86). Coup de frein. Coup de glotte (phonét.). ,,Réalisation phonique résultant d'une fermeture de la glotte suivie d'une brusque ouverture`` (MOUNIN 1974). Coup de gueule; au fig. manifestation verbale d'une brusque colère. Pour le chambardement, ayant le coup de gueule facile et, à la rigueur, le coup de botte, mais en fin de compte un bon soûlard, incapable d'une méchanceté (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 1re part., p. 36). Coup de jarret; au fig. Ce qu'il faut, c'est se singulariser. C'est, dès le départ, donner le coup de jarret qui vous placera au-dessus de la mêlée. Il est recommandé de se mettre sur la tête l'aura de la réussite bien avant d'avoir réussi (Ph. BOUVARD, La Cuisse de Jupiter, Le Livre de poche, 1974, p. 27). Coup de langue; au fig. propos médisant; synon. camouflet, vanne. D'Aubigné était de cette race cassante qui ne se refuse jamais un coup de langue, et qui pour un bon mot va perdre vingt amis ou compromettre une utile carrière (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 10, 1851-1862, p. 339); en partic. au plur. coups de langue. Commérages. De quatre à six, même remise d'enfants réclamés à l'intérieur, avec les quelques coups de langue indispensables (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 95). Coup de main; au fig. aide accordée à quelqu'un à l'impromptu. Le journalier Taboureau, brave garçon, obligeant, commode, donnait un coup de main à qui le lui demandait (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 64). Coup de mer. Mouvement de la mer, forte lame. Nous avions toujours navigué au milieu des plus grosses lames; un coup de mer avait même emporté notre petit canot (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 168). Coup d'œil. Loc. jeter un coup d'œil. Lancer un regard rapide. Eugène lui jeta un coup d'œil moqueur (G. ROY, Bonheur occas., 1945, p. 298). Lire rapidement. Cet ouvrage important, sur lequel je viens de jeter un rapide coup d'œil (HUGO, Corresp., 1825, p. 401). Coup de peigne. Coup de pompe (arg.). Fatigue subite. Coup de pouce; au fig. intervention discrète. Meyer, aux heures critiques (...) donnait, au signal, le petit coup de pouce qui raffermissait le régime infâme (L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p. 42). Coup de tabac (arg. de la Marine). Tempête, forte vague. Coup de tête. Au fig. décision soudaine et irréfléchie. Sur un coup de tête je me décidai à tout vendre (PROUST, Fugit., 1922, p. 640). Coup de vent. Parfois un coup de vent emportait les nuages vers la côte Sainte-Catherine (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 112); loc. en coup de vent. Avec la rapidité du vent, à toute vitesse. Yvonne (...) entra dans la loge en coup de vent (ARLAND, Ordre, 1929, p. 344).
♦ Loc. À petits coups. Les trois femmes boivent leur café à petits coups, en parlant tout bas (ZOLA, Cap. Burle, 1883, p. 108).
Rem. On rencontre ds la docum. le mot composé à-coups, subst. masc. (gén. au plur.). Brusque discontinuité dans un mouvement. Synon. intermittence, saccade. L'administration n'a pu être mise en place sans délai et sans à-coups (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 452).
— P. ext. [Avec ou sans idée de mouvement] Actionnement intermittent d'un instrument; p. méton. bruit de cet instrument.
SYNT., EXPR., Coup de klaxon, de sifflet; coup de téléphone (ou fam. coup de fil). Ce coup de téléphone imprévu a jeté un petit froid (GUITRY, Veilleur, 1911, I, p. 4); coup de timbre; coup de trompette.
C.— [Avec une idée de promptitude, de vivacité]
1. Cas où une chose se fait. Synon. fois. Va! vide un bon coup ton cœur où l'amour a déposé (RENARD, Journal, 1893, p. 168).
♦ Expr. À tous les coups l'on gagne.
— Locutions
♦ À coup sûr. Sûrement, certainement :
• 9. On est saisi par le grand nombre de choses heureuses que les gens manquent, simplement parce que, faute de relations, ils n'ont pas su à quelle porte frapper. Et c'est à coup sûr une tragédie, ...
MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, p. 928.
♦ Après coup. Postérieurement à quelque chose. Elle [l'église] était de style ogival et de nombreuses innovations y avaient été insérées après coup (HUYSMANS, Oblat, t. 1, 1903, p. 309).
♦ Ce coup-ci, ce coup-là. Après cette pièce-là, c'en a été une autre, et puis une autre. Et chaque fois, je disais : « Ce coup-ci, c'est la dernière fois que Lily joue! » (COLETTE, Music-hall, 1913, p. 187).
♦ Coup sur coup. À la suite l'un(e) de l'autre. Ces petites phrases en forme de flèches, bien aiguës, bien froides, bien acérées, décochées coup sur coup (BALZAC, Langeais, 1834, p. 278).
♦ Du coup. À la suite de quoi :
• 10. ... les hasards d'une conversation avec sa mère l'amenèrent à en faire l'aveu, et le lièrent ainsi à une fantaisie de gosse, qu'il eût si facilement abandonnée, qu'il était du coup dans l'obligation de poursuivre.
ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 239.
♦ Du même coup. En conséquence de quoi. Synon. par voie de conséquence :
• 11. Lorsque toutes mes créatures vivront, que j'aurai donné tout mon fruit, qu'il ne restera plus que de me répéter, alors peut-être, s'il est temps encore, songerai-je sérieusement à désarmer le dieu impitoyable de M. Singlin et de la tante Sainte-Thècle, et éviterai-je du même coup d'écrire, à la fin de ma carrière, d'aussi mauvaises tragédies que celles du vieillard Corneille.
MAURIAC, La Vie de Jean Racine, 1928, p. 64.
♦ Du premier coup. Il faut aller là du simple au compliqué et ne pas chercher à atteindre du premier coup la perfection de chaque nouvel appareil (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p. 171).
♦ D'un coup. En une fois. Pour une fois qu'on pouvait gagner mille francs d'un coup (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 321).
♦ D'un seul coup. Caligula souhaitoit que le peuple romain n'eût qu'une seule tête, pour l'abattre d'un seul coup (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 582).
♦ Encore un coup. Encore une fois. Adieu, mon petit Rémi; embrasse-moi encore un coup (MALOT, Sans fam., 1878, p. 9).
♦ Pour un coup, pour le coup. Il n'y a rien à faire dans les théâtres cette saison, mais le music-hall est là pour un coup! (COLETTE, Music-hall, 1913, p. 188).
♦ Sur le coup. Immédiatement. Les maladies comme celle dont Armand avait été atteint ont cela d'agréable qu'elles tuent sur le coup ou se laissent vaincre très vite (DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p. 59).
♦ Tout à coup. Soudain, subitement. Gardant encore un peu de cet air glacial qui, tout à coup, avait succédé à l'expression de la plus vive tendresse (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 94).
♦ Tout d'un coup
Vx. D'un seul coup, en une fois :
• 12. Les vêtements dérobèrent, presque en entier, la femme aux yeux de l'homme. Or, il n'est pas facile à l'œil de percer les plis d'une draperie pour reconnaître les vraies formes qu'elle cache; on ne parvient pas tout d'un coup à juger par la vue de la résistance que le toucher doit éprouver; cet art demande quelques expériences...
LACLOS, De l'Éducation des femmes, 1803, p. 463.
Brusquement :
• 13. Après avoir longtemps manqué de pensionnaires et s'être vu réduit pendant tout l'hiver à quelques externes, Auguste a été tout d'un coup et comme par enchantement entouré de monde, et sa maison pleine.
M. DE GUÉRIN, Correspondance, 1835, p. 224.
2. P. méton.
a) Quantité de liquide (et notamment de vin) qu'on peut boire assez rapidement en une seule fois. J'ai dû boire un coup de trop? (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 72) :
• 14. Quelques-uns de ceux qui sortent discutent le coup sous la casquette, avec leur visage parisien de tuberculose et de revendication. Mais ce sont des révoltés paisibles, à la française : un coup de blanc arrangera tout cela.
MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, p. 959.
SYNT. Le coup de l'étrier. Le verre que l'on boit avant de se séparer. Il est grand temps de demander l'addition et de partir, (...) Voyons, fit-il, pour se verser du courage, buvons le coup de l'étrier; et il remplit un verre de brandy (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 182). Avoir un coup dans l'aile, dans le nez. Être légèrement ivre (attesté ds SANDRY-CARR. 1953, p. 62).
b) Manœuvre, action exécutée rapidement et impliquant un risque et un profit. Ce discours du colonel, c'est encore un coup des fascistes (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 463) :
• 15. ... il serait bon de lier tous les meubles avec des cordes : on les descendrait facilement par la fenêtre peu élevée du premier étage, et il faudrait tenter le coup vers les onze heures, un jour de nuit noire.
CHAMPFLEURY, Les Aventures de Mlle Mariette, 1853, p. 53.
SYNT., EXPR., a) Coup + adj. Coup monté (cf. infra monter un coup). b) Adj. + coup. Beau, bon coup. Un voleur qui cherche un bon coup à faire (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 66). Mauvais coup. Sale coup. On vient de me faire un sale coup. (...) Je suis nommé maire au premier tour de scrutin (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1896, p. 264). c) Coup + de + subst. Coup d'audace. Coup de Bourse. Coup d'éclat. Entreprise sortant de l'ordinaire et qui étonne par sa hardiesse et sa rapidité d'exécution. Bonaparte méditait quelque coup d'éclat, qui l'élevât encore plus haut dans l'opinion des Français (SAINTE-BEUVE, Prem. lundis, t. 1, 1869, p. 133). Coup d'essai. Première tentative. Elle s'entend à enjôler les hommes et elle n'est pas à son coup d'essai (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 263). Coup d'État (synon. putsch). Le vieux La Fayette lui-même, revenu à ses ardeurs de 1789, rêvait d'un pronunciamiento à la manière espagnole : le coup d'état du 2 décembre se préparait dès ce moment-là (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 153). Coup de force. Les cris de mort jusque dans le prétoire, les juges insurgés contre la loi, le traître acclamé, le faussaire glorifié, la violence dans la rue, l'appel aux coups de force, les préparations criminelles, le coup de Jarnac d'un ministre en plein Parlement (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, pp. 420-421). Coup de génie. Coup de main. Manœuvre militaire, à objectif limité et exécutée avec rapidité. Nous avons pris la citadelle après une petite fusillade, et par un coup de main. (NAPOLÉON 1er, Lettres Joseph., 1797, p. 63). Coup de maître. Coup de poker. Coup de théâtre (au théâtre). Péripétie inattendue; p. ext., cour. événement inattendu. Imaginez le coup de théâtre, à cette réponse de Viot : — Messieurs, tout est payé! Nos inconnus nous regardèrent comme jamais trois chiens n'ont regardé trois évêques (MUSSET, Mimi Pinson, 1845, p. 227). d) Verbe + coup. Discuter le coup (fam.). Commenter un événement, une action, s'expliquer (cf. supra ex. 14). Être aux cent coups (fam.). Être dans l'embarras, dans une vive inquiétude. Être dans le coup (fam.). Participer à une action. Les Anglais se battent; avant six mois les amerloques seront dans le coup (SARTRE, Mort âme, 1949, p. 179); arg. être au courant de l'actualité, des idées en vogue, d'un projet, d'un secret, etc. Ici aux États-Unis tout bouge, tout change si vite que pour « être dans le coup » et y rester il ne faut jamais fermer l'œil; une seconde d'inattention et vous voilà rejeté de l'autre côté du fameux fossé, le « generation gap » (Le Monde, 19 avr. 1970 ds GILB. 1971); synon. être à la page, être dans le vent, vivre avec son temps. Faire le coup (fam.). Commettre telle ou telle chose. Il est impossible que ce ne soit pas un coup monté entre les gens du pays (...) mais il y a deux communes (...) et il y a dans chacune cinq à six gens capables d'avoir fait le coup (BALZAC, Paysans, 1844-50, p. 381). Faire les quatre cents coups (arg.). Mener une vie irrégulière et agitée. Quand j'ai pris une cuite carabinée et fait les quatre cents coups, je me sens saint (GREEN, Chaque homme dans sa nuit, 1960, p. 332). Mettre qqn dans le coup (fam.). Mettre quelqu'un au courant de quelque chose. Enguerrand l'avait ... « mise dans le coup » et elle [Angèle] avait, alors, pris les risques qu'il fallait (VIALAR, Brisées hautes, 1952, p. 106). Monter un coup, monter le coup à qqn. Manigancer une affaire au profit de quelqu'un; p. ext. fam. tromper quelqu'un en lui promettant monts et merveilles. Vous vous laisseriez monter le coup par ces gens qui ne cherchent qu'une chose, c'est à vendre; et que feriez-vous d'une auto, vous qui ne sortez jamais? (PROUST, Fugit., 1922, p. 468). Rater son coup. J'ai raté mon coup. La prochaine fois je ferai mieux (SARTRE, Mouches, 1943, II, 1er tabl., 3, p. 54). Réussir son coup. Risquer un coup. Valoir le coup (fam.). Valoir la peine. Si vraiment on peut avoir un machin à grand tirage avec photos, reportages, etc., ça vaudrait tout de même le coup (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 544).
Rem. La constr. le coup de (du) sert à forger de nombreuses expr. fam. ou arg. signifiant ,,tour, stratagème original``. Synon. astuce, combine, truc. Je connais ce coup-là, c'est le coup du racolage (A. DAUDET, Immortel, 1888, p. 77). Vous comprenez, dis-je, elle lui a fait le coup de l'équilibre conjugal du foyer, de la morale, et elle l'a eu (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 95). Le coup du marin. Dès que ma main fut dans la sienne, toutes les angoisses, tous les soucis s'étaient évanouis. Le « coup du marin » avait réussi! (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 246). Le coup de la panne. Le coup du père François (arg. des voleurs, vieilli). Manœuvre qui consiste à étrangler sa victime avec un foulard pendant qu'un comparse lui vide les poches (cf. VIRMAITRE, Dict. arg. fin-de-s., 1894, p. 75).
— P. anal. Action heureuse ou malheureuse du hasard ou des éléments. Coup du sort, coup du hasard :
• 16. La rencontre. Quel coup de hasard pour deux hommes qui se seraient fuis, ignorants de la rondeur de la Terre, quand ils se trouveraient nez à nez aux antipodes du lieu!
VALÉRY, Tel quel I, 1941, p. 40.
— P. ext. Habileté, savoir faire. Coup de main, coup de patte; avoir, attraper, prendre le coup :
• 17. Dans l'amour de rouler soi-même ses cigarettes, je vois tout le côté petit-petit du Français, méticuleux, maniaque, célibataire, radin (...) et en même temps le coup de main habile, le fameux coup de main français.
MONTHERLANT, Carnets, Paris, Gallimard, 1932, pp. 116-117.
Rem. On rencontre ds la docum. le verbe trans. colaphiser. a) Hist. (Moy. Âge). Colaphiser le juif [p. réf. à la cérémonie au cours de laquelle, le jour de Pâques, on amenait dans la cathédrale de Toulouse un juif à qui le comte de Toulouse ou un autre noble, donnait un soufflet en représailles de celui que Jésus reçut durant sa Passion]. b) Littér., fam. Souffleter. Cet impertinent qui avait insulté cette femme honnête, fut colaphisé d'importance (S. MERCIER, Néol., t. 1, 1801, p. 113).
Prononc. et Orth. :[ku]. Ds Ac. depuis 1694. p final n'est que survivance étymol. dans la graph. et reste muet dans coup, contrecoup, beaucoup (sauf en cas de liaison), tout-à-coup, dans drap et sparadrap, dans loup et cantaloup, dans sirop, dans trop (sauf en cas de liaison). À comparer avec cap et cep dans lesquels p se prononce sous l'infl. de l'orth., et avec les interj. hop! hip! houp! dans lesquelles p se prononce par souci d'expressivité. Cf. MART. Comment prononce 1913, p. 284, et FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 390. Homon. cou, coût, formes du verbe coudre. Étymol. et Hist. A. 1. 881 colp « mouvement par lequel un corps vient heurter un autre corps » (Eulalie, 20 ds HENRY Chrestomathie, p. 3); 1230-50 fig. cols en aigue (Comte de Poitiers, 5 ds T.-L.); 1585 coups fourrez (N. DU FAIL, Eutrapel ds Œuvres, éd. J. Assézat, t. 2, p. 279); 2. ca 1100 colp « marque laissée par un choc » (Roland, éd. J. Bédier, 2875); 3. ca 1250 fig. cop « effet, conséquence; choc » (PH. MOUSKET, Chron., 11674 ds T.-L.); 1606 coup au cœur « blessure morale » (Merlin Coccaie, VI ds GDF. Compl.); 4. ca 1470 tirer un coup de bombarde (PH. DE COMMYNES, Mémoires, éd. Calmette, I, 153). B. 1. Ca 1100 « entreprise, action (ici, combat) » (Roland, 1109); 1548 coup d'essay (N. DU FAIL, Baliverneries ds Œuvres, éd. J. Assézat, t. 1, p. 195); 1798 faire un bon coup (arg. des voleurs) (ds Fr. mod., t. 6, p. 153 d'apr. QUEM.); 2. ca 1190 « événement subit (heureux ou malheureux) » (A. DE PARIS, Alexandre, éd. Elliott Monographs, III, 313 : gens cols); 1538 coup de hazart (P. GRINGORE, Œuvres complètes, éd. A. de Montaiglon et Ch. d'Héricault, I, 29); 1743 coup de théâtre (Trév.). C. 1. « Mouvement brutal des éléments » 1200-06 caus de tounoirre (R. DE CLARI, éd. Ph. Lauer, Constantinople, § LXXXVIII); 2. « mouvement rapide d'une partie du corps, d'un objet dont on fait usage » XIIIe s. coup [de dés] (SEMRAU F., Würfel und Würfelspiel im alten Frankreich d'apr. FEW t. 2, p. 866 a); 1634 coup de chapeau (CORNEILLE, La Galerie du Palais, II, 2); 3. XIIIe s. au colp « à la fois » (Bans aux échevins, OO, f° 21 v°, Arch. Douai ds GDF.); 1268 a cest coup « cette fois-ci » (Le Roman de Claris et Laris, éd. J. Alton, 16643); ca 1320 d'un seul cop (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, VI, 1210); ca 1450 tout a cop « aussitôt, sur-le-champ » (Le Mystère du Vieil Testament, éd. J. de Rothschild, t. 3, XXIX, 25761); ca 1470 après le coup « après coup » (PH. DE COMMYNES, Mémoires, éd. Calmette, I, 91); 4. dernier quart XIVe s. « boire un coup » (J. FROISSART, Chroniques, éd. S. Luce, t. 3, p. 14 : burent un cop). Du b. lat. colpus (Loi salique ds TLL s.v.) forme syncopée du lat. class. colaphus, transcr. du gr. « soufflet ». Fréq. abs. littér. :42 356. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 41 222, b) 70 708; XXe s. : a) 73 860, b) 62 653. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, passim. — GOUG. Lang. pop. 1929, p. 196. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 249. — GUIRAUD (P.). Distribution et transformation de la not. de coup. Lang. fr. 1969, n° 4, pp. 67-74. — QUEM. Fichier. — RAT (M.). Var. sur le mot coup. Vie Lang. 1966, pp. 641-644. — ROG. 1965, p. 118, 126, 138.
coup [ku] n. m.
ÉTYM. 1080, colp; cop, coup, XIIIe-XIVe; du bas lat. colpus, du lat. class. colaphus « coup donné avec la main », du grec kolaphos « soufflet ».
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I Mouvement, geste par lequel un corps vient en heurter un autre; impressions produites par ce qui heurte.
1 (Choc physique, matériel). ⇒ Choc, ébranlement, heurt, tamponnement; fam. atout, pain, ramponneau, tampon. || Force d'un coup. || Coup sec, violent. || Coup très léger, petit coup. ⇒ Frôlement. || Donner un coup de poing sur la table, un coup de coude à qqn. || Enfoncer une porte d'un coup d'épaule. || Frapper des coups à la porte. || Se donner un coup contre un meuble. ⇒ Cogner (se). || Il s'est donné un coup à la tête en tombant. || Se donner un coup au tibia. Vieilli. || Donner, se donner un coup de la tête.
1 (…) je me suis donné un grand coup de la tête contre la carne d'un volet.
Molière, le Malade imaginaire, I, 2.
2 Au fond, c'est moins le coup que la crainte qui tourmente, quand on s'est blessé.
Rousseau, Émile, I.
3 Il a eu ces jours-ci de grandes douleurs dans la tête; des élancements dans tout le corps : de ces coups brusques et profonds qui atteignent l'os à travers la chair, et que l'homme compare naïvement à des souffrances qu'il n'a jamais ressenties, mais qu'il suppose les plus cruelles, les plus sournoises, comme le coup de poignard.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XXII, p. 245.
♦ Action de frapper la balle, le ballon. || Renvoyer le ballon d'un coup de pied, de tête. ⇒ Tête. — (1927). || Coup droit : au tennis, coup qui consiste à frapper la balle avec la face de la raquette, après rebond (opposé à volée, à revers). — (Football, rugby). || Coup franc, coup d'envoi.
2 Spécialt. Effet sonore d'un coup (donné à ce qui résonne). ⇒ Bruit, son. || Coups sonores, retentissants. || Coups secs, sourds. || J'ai entendu un coup sec. || Frapper plusieurs coups à la porte (→ Toc toc). || Les trois coups au théâtre, qui annoncent le lever du rideau (frappés avec le « brigadier »). || Sonner trois coups de cloche. || L'éclat des coups (⇒ Cloche, cit. 4). || Coups de cymbale, de gong, de tambour, de tam-tam. || Coup de tonnerre. || Les douze coups de midi. || Au premier coup de midi. ☑ Loc. Au coup, sur le coup de midi : à midi juste. → À midi sonnant. — Par ext. (sans heurt). || Coup de sifflet. || Coup de sonnette.
3 Choc brutal que l'on fait subir à qqn pour faire mal. || Donner un coup, des coups à qqn. ⇒ Battre, cogner, frapper. || Échanger des coups. ⇒ Bagarre, combat, rixe, violence. || En venir aux coups, se donner, échanger des coups. ⇒ Battre (se). ☑ Rendre coup pour coup. || Amortir, détourner, esquiver, parer les coups. || Administrer, allonger, appliquer, assener, délivrer, distribuer, envoyer, porter des coups. Fam. || Coller, flanquer, foutre, mettre des coups à qqn. || Accabler, assommer, bourrer, cribler, éreinter, marteler, meurtrir, rouer qqn de coups. || Frapper qqn à coups redoublés. || Faire tomber, faire fondre, pleuvoir une avalanche, une grêle, un orage (vx), une pluie, une volée, une dégelée de coups. — Recevoir, (fam.) déguster, écoper, empocher, encaisser, morfler, prendre, ramasser un coup, des coups, sur la tête, les doigts, les épaules, le dos, l'échine. ⇒ Anguillade (vx), avoine (fam.), bastonnade, bourrade, calotte, castagne (fam.) charge (vx), chiquenaude, claque, correction, décharge (vx), escourgée (vx), gifle, gourmande, horion, pichenette, sanglade, soufflet, tape; et fam. abattage, baffe, baston, beigne, beignet, brossée, brûlée, châtaigne, contredanse, coquard, danse, dégelée, dérouillée, frottée, giboulée, gnon, marron, mornifle, pain, peignée, pile, raclée, ramponneau, ratatouille, renfoncement, rincée, rossée, roulée, rouste, tabac, talmouse, taloche, tampon, tannée, taquet, tarte, tatouille, torgnole, tournée, trempe, tripotée. || Coup sur les fesses (⇒ Fessée), sur l'œil (⇒ Coquard). || Recevoir un coup sur la tête, dans le nez. || Traces de coups. ⇒ Blessure, bleu, bosse, contusion, ecchymose, meurtrissure. || Il a été condamné pour coups et blessures. ⇒ Sévice, traitement (mauvais traitement), voie (voies de fait). || Recevoir un mauvais coup, un coup ayant des conséquences sérieuses. || Tomber sous les coups de qqn. || Frappé, atteint d'un coup fatal, mortel. ⇒ Atteinte (cit. 6). ☑ Coup de grâce.
♦ (Qualifié, dans des syntagmes). || Coup de poing, coup du plat de la main. || Coup de pied. || Coup de genou. || Coup d'ongle, de griffe; coup de dent. || Coup de baguette, de bâton (⇒ Bastonnade), de canne, de cravache, d'étrivières, de férule, de fouet, de maillet, de marteau, de massue, de matraque, de nerf de bœuf, de schlague, de trique… (→ Arme). || Coup de couteau, de poignard, de sabre. || Il a été tué d'un coup de hache. || Coup de manchette. ⇒ Manchette. || Coup d'épée (→ ci-dessous, cit. 20 et supra).
♦ À coup de…, à coups de… || Attaquer, poursuivre qqn à coups de pierres, de cailloux. ⇒ Lapider. || Il a été accueilli à grands coups de poing dans le nez. || On l'a chassé à grands coups de pied dans le derrière, dans le cul, au cul.
4 Je vous en prie pour Dieu, soyez résolus à bien frapper, coup rendu pour coup reçu !
J. Bédier, la Chanson de Roland, XCII, p. 93.
5 Certain fou poursuivait à coups de pierre un sage.
La Fontaine, Fables, XII, 22.
6 (…) s'il fallait encor que l'on en vînt aux coups,
Je combattrais pour elle en soupirant pour vous.
Corneille, Horace, I, 3.
7 Quels orages de coups vont fondre sur ton dos !
Molière, Amphitryon, III, 2.
8 (…) cinq ou six coups de bâton, entre gens qui s'aiment, ne font que ragaillardir l'affection.
Molière, le Médecin malgré lui, I, 2.
9 Il me prendrait envie, en ce juste courroux,
De me battre moi-même et me donner cent coups.
Molière, l'Étourdi, III, 8.
10 Du perfide couteau comme eux il fut frappé,
Mais Dieu du coup mortel sut détourner l'atteinte (…)
Racine, Athalie, IV, 3.
11 Un homme qui a plus tôt donné un coup de pied au cul que le bonjour.
J.-F. Regnard, Sérén., 3.
11.1 D'abord il essaye ses coups, il semble qu'il n'ait dessein que de préluder; bientôt enflammé de luxure, le cruel frappe autant qu'il a de forces (…)
Sade, Justine…, t. I, p. 149.
12 Il avait été arrêté, bourré de coups, conduit vers les voitures de police (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 28.
13 Il eut un mouvement de recul à l'approche du prêtre, et de nouveau ce geste, ce coude levé, comme pour se garer des coups.
F. Mauriac, la Pharisienne, p. 41.
14 C'est à coups de crosses de fusil que l'on calmait les combattants avant de les emmener cuver leur vin dans les locaux disciplinaires.
P. Mac Orlan, la Bandera, VI, p. 75.
15 Il a entendu raconter (…) qu'il vaut mieux éviter d'avoir des démêlés avec eux, parce que ce sont « des gars qui donnent des coups en vache ».
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, I, p. 9.
REM. Pour les syntagmes les plus courants et leurs emplois, → le nom compl. et aussi Dent, griffe, ongle, pied, poing, etc.
♦ Frapper un animal à coups de pied, de fouet. || Donner des coups d'éperon à un cheval.
16 Voyez nos postillons atteler leurs chevaux; ils les poussent aux brancards à coups de botte dans le flanc, à coups de manche de fouet sur la tête, leur cassent la bouche avec les mors pour les faire reculer, accompagnant le tout de jurements, de cris et d'insultes au pauvre animal.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV.
♦ En parlant des coups donnés par les animaux. || Coup de bec, de boutoir, de griffe, de patte, de pied, de queue, de sabot. || Coup de pied de l'âne. ⇒ Âne (infra cit. 17).
17 Le cheval s'approchant lui donne (au lion) un coup de pied,
Le loup, un coup de dent, le bœuf un coup de corne.
La Fontaine, Fables, III, 14.
18 Le passereau, peu circonspect,
S'attira de tels coups de bec
Que, demi-mort et traînant l'aile,
On crut qu'il n'en pourrait guérir.
La Fontaine, Fables, X, 11.
19 Et elle (la mule) vous lui détacha un coup de sabot si terrible, si terrible, que de Pampérigouste même on en vit la fumée (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « La mule du pape », p. 73.
♦ ☑ Loc. fig. Coup de boutoir. ☑ Coup de baguette magique. ☑ Coup de bambou. ☑ Vx. Coup de caveçon. — ☑ Coup de dent : attaque mordante. ☑ Coup de bec, coup de griffe (même sens). — ☑ Coup de patte. ☑ Coup de pied (de l'âne, etc.). — ☑ Coup de barre, coup de masse. ☑ Coup de massue. — ☑ Coup de fouet. ☑ Un coup d'épée dans l'eau. — ☑ Loc. Faire d'une pierre deux coups. → ci-dessous, cit. 30.
♦ (Sports de combat). Geste déterminé correspondant à un coup porté à l'adversaire. || Coups autorisés et coups défendus, en boxe.
19.1 Le coup manqua la mâchoire, et frappa sec le dessous du nez, coup peu redoutable, mais aigu et qui force aux larmes.
Jean Prévost, Plaisirs des sports, p. 78.
♦ ☑ (1927). Coup bas, donné plus bas que la ceinture. — Fig. Procédé déloyal.
19.2 Il (Mitterrand) a tenu tête avec calme, avec un excès de calme, il me semble, à un spécialiste des coups bas.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 145.
19.3 Je ne suis pas d'accord sur le principe pourtant bien établi que les femmes sont des garces. Lorsqu'il s'agit de sexe ou de sentiments, les hommes font bien plus aisément appel aux coups bas.
Benoîte et Flora Groult, Il était deux fois, p. 151.
♦ Geste par lequel on tente de blesser l'adversaire à l'arme blanche. ⇒ Escrime; botte, estocade. || Allonger un coup d'épée, de fleuret, de sabre. || Coup d'arrêt. || Coup droit. ☑ Coup fourré. ☑ Coup de Jarnac : le coup imprévu par lequel Jarnac tua La Châtaigneraie en duel. Fig. Coup perfide, déloyal.
20 (…) auriez-vous monté un coup de Jarnac à ma vertu ?
Th. Gautier, Mlle de Maupin, II, p. 28.
20.1 Serait de bonne guerre… Entre rivaux, on se permet de ces petits coups de Jarnac (…)
E. Labiche, la Chasse aux corbeaux, V, 7.
♦ ☑ Coup de traître : coup déloyal, imprévu, par derrière, etc. — Fig. Perfidie, trahison. ☑ Coup en vache, même sens. — ☑ Sans coup férir : sans combat. ⇒ Férir.
♦ ☑ Loc. fig. Compter les coups, juger des coups : faire l'arbitre, être neutre.
21 Nous étions neutres et nous jugions des coups.
Mme de Sévigné, 344.
22 L'Angleterre resterait neutre, et compterait les coups; en attendant l'heure d'arbitrer (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 180.
4 (XIVe). Décharge d'une arme à feu; ses effets (action du projectile). || Coup de feu. ⇒ Charge, décharge, détonation (→ onomat. Pif paf). || Coups de canon, de fusil. ⇒ Canonnade, fusillade, salve, tir. || Artillerie répondant coup pour coup. || Tirer des coups de fusil. ⇒ Tirer; fam. canarder. || Tirailleurs qui font le coup de fusil. || Six coups de feu de revolver. → 3. Pan, cit. 3. || Ajuster son coup. || Lâcher un coup. || Le coup est parti. || Revolver à six coups. || Avoir encore un coup à tirer. || Le coup a manqué le but. || Coup perdu. || S'exposer aux coups, au feu de l'ennemi. || Le coup l'a effleuré. || Être à l'abri des coups.
23 Il n'a plus besoin d'armer cette tête qu'il expose à tant de périls; Dieu lui est une armure plus assurée; les coups semblent perdre leur force en l'approchant (…)
Bossuet, Oraison funèbre de Louis de Bourbon.
24 Une de ces flèches qui n'ont jamais manqué leur coup.
Fénelon, Télémaque, XX.
25 Le coup qui doit l'abattre va bientôt partir et le renverser (…)
Bourdaloue, Pensées, t. III, p. 72.
26 Il faut attaquer l'opinion avec ses armes : on ne tire pas des coups de fusil aux idées.
Rivarol, II, IV, p. 226.
27 Le coup passa si près que le chapeau tomba
Et que le cheval fit un écart en arrière.
Hugo, la Légende des siècles, XLIX, « Après la bataille ».
28 Quelques détonations étouffées par l'éloignement, puis quelques coups de canon, espacés, le tirèrent de cette prostration.
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 133.
29 Une flamme rougeâtre éclaira les étangs. Un coup de feu partit, un coup long chargé d'étincelles, et qui fusa avec une détonation sourde. Des plombs crépitèrent sur l'eau et fouettèrent les feuilles. Un affreux gémissement déchira la nuit, à cinquante mètres devant moi, puis un battement d'ailes, et tout se tut. L'air sentait la poudre.
H. Bosco, Hyacinthe, p. 65.
♦ Par métaphore, fam. (en parlant d'un homme). Vieilli. Rapport sexuel expéditif.
♦ ☑ Loc. mod. Tirer un coup, tirer son coup : faire l'amour de façon expéditive.
29.1 Quant aux coups, ils ont été bons. Le 3e surtout a été féroce, et le dernier sentimental. Nous nous sommes dit là beaucoup de choses tendres, nous nous serrâmes vers la fin d'une façon triste et amoureuse.
Flaubert, Lettre à Louis Bouilhet, 13 mars 1850, Correspondance, t. I, Pl., p. 607.
29.2 À Esneh j'ai revu Kuchuk-Hanem. Ça été triste. Je l'ai trouvée changée. Elle avait été malade. J'ai tiré un coup seulement.
Flaubert, Lettre à Louis Bouilhet, 2 juin 1850, Correspondance, t. I, Pl., p. 635.
♦ Chasse. || Coup double : coup qui tue deux pièces de gibier. — ☑ Loc. Faire coup double : obtenir un double résultat par un seul effort. REM. On dit dans le même sens (mais coup a alors le sens 1) : faire d'une pierre deux coups.
30 On a fait d'une pierre deux coups : on s'est ménagé des effets de lumière pour le dessous de ces arcades, et l'on a masqué l'unique défaut d'un des plus beaux morceaux d'architecture qu'il y ait au monde.
Diderot, Salon de 1767.
31 En décidant la grève, nous, Français, nous faisons coup double : nous paralysons le tsarisme dans ses volontés de guerre, et nous supprimons tout obstacle à la fraternisation de l'ouvrier allemand et de l'ouvrier français !
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 126.
♦ De même, faire coup triple.
32 Mais, très heureusement, le chien était tombé sur une nichée; il avait fait coup triple, et deux autres rongeurs — les animaux en question appartenaient à cet ordre — gisaient étranglés sur le sol.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. I, p. 156.
5 Action brusque, soudaine ou violente (d'un élément, du temps); impression qu'elle produit. — ☑ Loc. Coup d'air, de chaleur, de foudre, de mer, de soleil, de tonnerre, de vent… ⇒ Air, chaleur, foudre, mer, soleil, tonnerre, vent. — Entendre les coups des vagues, de qqch…
33 Un grand bruit de vent dans les voiles, de roues déchirant la mer, de balancier frappant à coups redoublés dans les entrailles du navire.
E. Fromentin, Une année dans le Sahel, p. 3.
♦ Coup de froid. || « M. Delaunay, directeur de l'Observatoire de Paris, appelle avec raison “coup de froid” l'abaissement extraordinaire et subit de la température qui s'est manifesté, à Paris, le 9 décembre 1871 » (Année sc. et industr., 1872, p. 79). — ☑ Attraper un coup de froid, un refroidissement.
♦ ☑ Loc. fig. Arriver, repartir en coup de vent, très vite.
33.1 Sylvia Beach venait chez son amie Adrienne Monnier et repartait en coup de vent.
Violette Leduc, la Bâtarde, p. 317.
♦ ☑ Fig. Coup de foudre : surprise brutale; spécialt, amour subit. || Le coup de foudre est de règle (cit. 5) en amitié (→ Coup de cœur, ci-dessous).
♦ Mar. || Coup de roulis. || Coup de tangage. Fig. (quant au compl.). || Coup de torchon.
♦ Spécialt. Explosion soudaine, dans les loc. coup de poussière, coup de grisou.
♦ Par anal. (le compl. désigne un élément naturel qui affecte l'individu). ☑ Coup de sang : congestion. ⇒ Apoplexie, sang.
♦ ☑ Fam. Coup de vieux : effet brusque et visible de l'âge sur qqn. || Il a pris un coup de vieux : il a vieilli subitement. → Phénomène, cit. 5.1.
34 Il a reçu un coup de vieux; il a eu, l'an dernier, une petite attaque ou quelque chose comme cela.
G. Duhamel, le Voyage de P. Périot, II, p. 34.
34.1 Il a l'air fatigué; il a eu un coup de vieux (…)
Christine Arnothy, Un type merveilleux, p. 33.
6 Fig. Acte, action qui frappe qqch. ⇒ Attaque, atteinte; blessure. || Porter, frapper un grand coup, un coup terrible. || Subir, ressentir les coups du destin. || Coup du destin, de la fortune, du sort. || Coup de malheur. || Coup dont on est abattu, accablé, anéanti, atterré, foudroyé, frappé… || Coup cruel, funeste, imprévu, mortel, rude, sensible, terrible. Fam. || Coup dur, fâcheux, difficile à supporter. || Ressentir les coups. ⇒ Injure, offense, outrage. || Être sensible, insensible aux coups. || Porter un coup à l'honneur, à la réputation de qqn.
REM. Selon les contextes et les constructions, cet emploi de coup peut être littéraire ou appartenir à l'usage classique (→ cit. 35, 37, 41), ou, au contraire, familier (coup dur, cit. 44, qui peut aussi être compris au sens IV).
35 (…) à l'honneur de tous deux il porte un coup mortel (…)
Corneille, le Cid, I, 5.
36 Contre de pareils coups l'âme se fortifie
Du solide secours de la philosophie (…)
Molière, les Femmes savantes, IV, 2.
37 Cette vive douleur dont je ressens les coups.
Molière, Psyché, II, 1.
38 (…) le trait est foudroyant,
Et ce sont de ces coups que l'on pare en fuyant.
Molière, Tartuffe, V, 5.
39 Le coup qu'on m'a prédit va tomber sur ma tête
Il vous accablera vous-même à votre tour.
Racine, Britannicus, V, 7.
40 La fortune se plaît à faire de ces coups (…)
La Fontaine, Fables, VII, 13.
41 Dans l'abîme des maux où je suis submergé, je sens les atteintes des coups qui me sont portés, j'en aperçois l'instrument immédiat; mais je ne puis voir ni la main qui le dirige, ni les moyens qu'elle met en œuvre. L'opprobre et les malheurs tombent sur moi comme d'eux-mêmes, et sans qu'il y paraisse.
Rousseau, les Confessions, XII.
42 Les plus grands coups portés à l'antique constitution de l'État le furent par des gentilshommes.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. I, p. 219.
43 (…) elle m'a assené tous les coups imaginables, et il n'y a plus de place où frapper.
F. Mauriac, la Pharisienne, p. 144.
44 S'il y avait, venant de l'extérieur justement, un coup dur, elle se garderait bien de vous tirer dans le dos.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XVII, p. 232.
45 Les coups qu'il m'est arrivé de porter à tels de nos aînés, me sont aujourd'hui rendus par tels de mes cadets.
G. Duhamel, le Temps de la recherche, XIV, p. 197.
46 (…) je ne crains pas la bataille. J'ai passé une bonne partie de mon existence à donner des coups et à en recevoir.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VIII, p. 441.
♦ Littér. || Donner le dernier coup, le coup décisif, le coup de grâce. ⇒ Abattre, anéantir.
47 Donner le dernier coup au parti des tyrans.
Molière, Don Garcie, V, 6.
♦ ☑ En prendre un coup : subir un dommage physique ou moral. Fam. Il en a pris un vieux, un sale coup.
47.1 Le patron, si fier, si hautain, il en a pris un coup. Quant les journalistes sont venus pour le questionner, il les aurait tués.
Jean Ferniot, Pierrot et Aline, p. 88.
♦ ☑ Loc. fig. Tenir le coup : supporter, résister (peut aussi être compris au sens IV).
47.2 Ils sont forts quand même, allez, les vieux jetons, ils tiennent le coup !
Bernanos, Un mauvais rêve, Œ. roman., Pl., p. 888.
47.3 Les agresseurs n'eussent peut-être pas tenu le coup longtemps, je vous l'accorde.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 131.
———
II
1 Mouvement vif (d'une partie du corps, de l'homme ou d'un animal) n'aboutissant pas (ou pas forcément) à un choc. || Coup d'aile (⇒ Battement), coup de collier, coup de reins. || Coup de gosier d'un chanteur. ☑ Coup de gueule. ☑ Coup de langue. || Coup de glotte. ☑ Coup d'œil : regard bref.
♦ ☑ Loc. fig. Coup de main (ne s'emploie pas au sens propre; on dirait : un coup de la main).
a Attaque de vive force, exécutée à l'improviste, avec hardiesse et promptitude. || Exécuter un coup de main. ⇒ Attaque.
47.4 (…) ne serait-ce pas le commencement d'un coup de main monté contre lui avec l'appât de cette femme pour laquelle on connaissait son amour ?
A. Dumas, les Trois Mousquetaires, t. II, p. 462.
48 (…) Itchoua (…) homme habitué aux manœuvres louches, précieux dans les coups de main, la nuit, et qui, pour de l'argent, est capable de tout faire.
Loti, Ramuntcho, II, IX, p. 265.
49 (…) devant l'armement redoutable de l'adversaire, Saül, sage, se borne à des guérillas meurtrières, à d'audacieux coups de mains.
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, III, p. 171.
b Fam. Action qui aide, porte assistance. ⇒ Aide, appui, secours. || Donnez-lui donc un coup de main. || J'aurais besoin d'un petit coup de main pour finir ce travail. ☑ On va te donner un coup de main, t'aider. — ☑ Coup de pouce.
2 Coup de… (et nom). Mouvement (d'un objet, d'un outil qu'on manie, d'un instrument qui fonctionne). || Coup d'archet. || Coup de baguette du chef d'orchestre. — Coup de pinceau. || Coup de crayon. || Coup d'aviron. || Coup de barre (de gouvernail). || Coup de sonde. || Coup de filet (du pêcheur). || Coup de bistouri (du chirurgien). || Coup de ciseau, de couteau, d'épingle. || Coup de fourche. || Coup de cognée, de hache (du bûcheron). || Coup de pioche (du terrassier). || Coup de gaule (pour gauler des noix). || Coup de marteau, de massue… || Coup de piston, de pompe. || Coup de frein. || Coup de volant. || Coup d'accélérateur (au fig. impulsion). — Coup de fil, coup de téléphone. || Je vous passerai un petit coup de fil demain.
♦ ☑ Fam. Avoir un bon coup de fourchette : être gros mangeur.
♦ ☑ Coup de chapeau : salut, et, fig., hommage.
3 Coup de … (pour désigner une opération rapide). || Coup de balai, de brosse, de chiffon, d'éponge, de torchon… : nettoyage rapide avec le balai, etc. || Coup de fer : repassage rapide. || Donner un coup de peinture : peindre rapidement. || Se donner un coup de peigne : se recoiffer rapidement. || Passer chez le coiffeur pour un simple coup de peigne.
♦ (Sans compl. en de). Nettoyage sommaire. || Donnez juste un petit coup au salon.
♦ ☑ À coups de : à l'aide de. || Traduire un texte à coups de dictionnaire. || Faire qqch. à coups de millions.
50 Ne croyez pas que ce soit ici comme en Allemagne où les universités se disputent les professeurs à coups de billets de banque.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, XIV, p. 207.
♦ ☑ Loc. fam. En mettre, en ficher, en foutre un coup : se mettre à travailler dur. ⇒ Secousse (fam.).
51 Trois heures cependant ont lentement sonné;
La voix du temps est triste au cœur abandonné;
Ses coups y réveillaient la douleur de l'absence (…)
A. de Vigny, Poèmes antiques et modernes, « Dolorida ».
52 (…) la laissant arriver à l'heure dite sans même regarder la pendule, ignorant encore la sensation de l'attente, ces grands coups à pleine poitrine qui sonnent le désir et l'impatience.
Alphonse Daudet, Sapho, II.
53 On entendait des coups terribles frappés contre les murailles du navire comme par des béliers énormes.
Loti, Mon frère Yves, XXVII, p. 88.
54 Le cœur de Guillaume sautait en cadence, battait des coups sourds de mineur (…)
Cocteau, Thomas l'imposteur, p. 173.
55 (…) des coups de maillet sonnaient mat dans l'atmosphère ouatée.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 102.
55.1 (…) après avoir couru quelques bords, il observa que le Bonadventure pouvait marcher environ à cinq quarts du vent, et qu'il se soutenait convenablement contre la dérive. Il virait très bien devant, ayant du « coup », comme disent les marins, et gagnant même dans son virement.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. II, p. 478.
———
III Action.
1 (XIIIe; « action de lancer les dés »). Acte réglé, effectué selon les règles d'un jeu ou d'un sport. || Les coups les plus difficiles d'un jeu d'adresse. || Coup adroit, bien placé, bien joué. || Réussir un beau coup, un coup heureux.
♦ Jouer, parier à coup sûr. || Coup malheureux, manqué, raté. || Il connaît tous les coups. — Fig. || Le coup est joué.
55.2 Un mois après, Mme Desroches était lancée. Le coup était joué : au profit de Mme Desroches, diront ceux qui ont vu, pendant les dix ans qui suivirent, son nom dans les journaux à tous les grands dîners donnés dans le faubourg Saint-Germain.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 432.
♦ ☑ Fig. Marquer le coup : manifester que l'on a été sensible à qqch. ⇒ Marquer.
♦ Action d'un joueur (dans les jeux de hasard, d'adresse). || Coup de dés. || Jouer sa fortune sur un coup de dés. || Gagner à tous coups. || À tous les coups l'on gagne ! || « Un coup de dés, jamais, n'abolira le hasard » (Mallarmé).
♦ Par anal. || Coup de bourse.
♦ (1841). || Avoir, attraper le coup pour faire qqch. ⇒ Tour, truc. || Il n'a pas le coup.
♦ ☑ Discuter le coup (d'abord : discuter les circonstances et la valeur d'un coup réussi ou tenté) : discuter (qqch.). || On a passé la soirée à discuter le coup autour d'un verre, à discuter, à bavarder.
REM. L'expression est souvent comprise au sens 3, ci-dessous.
♦ ☑ Fam. Expliquer le coup : commenter des faits, donner des explications.
55.3 La table entière suivait ce mouvement intérieur. Une expression sérieuse, passionnée fixait tous les traits. Et l'on commençait ce qui s'appelle en argot d'aviation « à expliquer le coup », c'est-à-dire à commenter les vols, les accidents et les exploits.
J. Kessel, Vent de sable, p. 71.
55.4 Nous détestons l'un et l'autre les gens qui « expliquent le coup ». Nous savons tout de suite de quoi il s'agit, comprenons, et coupons court.
Claude Mauriac, le Temps immobile, p. 241.
♦ ☑ Loc. Valoir le coup : valoir d'être tenté; avoir de l'intérêt, de la valeur. || Ça ne vaut pas le coup de se déranger. || Un spectacle qui vaut le coup. Syn. fam. de valoir la peine. ⇒ Valoir (infra cit. 24).
2 Coup de… a Action subite et hasardeuse, souvent considérée comme due à une force extérieure. || Un coup de bonheur : événement heureux dû au hasard. || Coup de malheur : événement funeste (→ supra I., 6.). || Un coup de la Providence. || Coup du hasard, coup du sort. — Plus cour. ☑ Coup de chance : action réussie par hasard; par ext., fam., coup de bol, coup de pot, hasard heureux.
56 Mes pareils à deux fois ne se font point connaître,
Et pour leurs coups d'essai veulent des coups de maître.
Corneille, le Cid, II, 2.
♦ ☑ Coup de théâtre : brusque retournement de situation, comme on en voit dans les intrigues de théâtre.
b Action subite, plus ou moins irraisonnée. — (Le compl. désigne la cause). ☑ Un coup de colère, de folie, de désespoir. ☑ Un coup de cœur : un amour subit, un coup de foudre. — ☑ Un coup de tête : une décision brusque, irraisonnée. || Il est parti sur un coup de tête.
♦ (Le compl. désigne l'effet). ☑ Un coup d'éclat. ⇒ Éclat.
3 Suite d'actions nuisibles, néfastes, ou impliquant un profit considéré comme illicite. || Réussir, manquer le coup, son coup. || Parer (cit. 2, 3) le coup. || C'est lui qui a fait le coup. || Faire ses coups en dessous (→ Macaroni, cit. 2). — Un beau, un joli coup (ironique).
♦ Préparer un mauvais coup, un sale coup, un vilain coup. || Il est capable d'un mauvais coup. ☑ Fam. Sale coup pour la fanfare, pour la marine ! — ☑ Fam. Un gros coup : un coup important. || Un coup réussi (souvent iron., par antiphrase).
57 Si le financier manque son coup, les courtisans disent de lui : « C'est un bourgeois, un homme de rien, un malotru; » S'il réussit, ils lui demandent sa fille.
La Bruyère, les Caractères, VI, 7.
58 Ils ont fait un beau coup vraiment;
Mais pour réparer leur sottise (…)
J.-F. Regnard, les Folies amoureuses, Divertissement.
59 (…) je crois que c'est Monsieur votre cher intendant qui a fait le coup.
Molière, l'Avare, V, 2.
60 Cet ouvrage, Madame, est un coup d'Agrippine (…)
Racine, Britannicus, V, 1.
61 On voit bien, aujourd'hui, que les Allemands avaient salement manigancé leur coup !
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 279.
61.1 J'en ai vu de ces filles qui, parce qu'elles avaient réussi un beau coup, étaient convaincues que cela se reproduirait indéfiniment.
René Floriot, La vérité tient à un fil, p. 78.
61.2 Je m'étais mis dans la tête que ça pouvait être le gros coup (…) Des gens de cinéma peut-être, ou bien des peintres. Les millions ça leur brûle les doigts.
François Nourissier, le Maître de maison, p. 30.
♦ Fam. || Faire un (joli, beau, sacré) coup à qqn. || Il ne me fera pas deux fois un coup pareil ! || Après le coup qu'il m'a fait, je ne lui parle plus.
61.3 Monsieur Surget, je ferme boutique.
— Vous ne pouvez me faire un coup pareil.
R. Queneau, le Vol d'Icare, p. 180.
♦ ☑ Loc. Coup du père François : coup exécuté par deux compères, l'un étranglant le passant, tandis que l'autre lui vide les poches. — Fig. Traquenard. || Attention au coup du père François.
♦ (Sans qualificatif). a Fam. Action ou manœuvre délictueuse. || Préparer, faire un coup. ☑ Être sur un coup (par ext., fam., avoir une bonne affaire en vue).
61.4 Avec Stilitano, l'accompagnant toujours, je fis d'autres coups. Nous connûmes un veilleur de nuit qui nous renseigna. Grâce à lui nous ne vécûmes longtemps que de cambriolages.
Jean Genet, Journal du voleur, p. 61.
b (De coup d'État ou coup de force). Manœuvre politique violente, souvent destinée à prendre le pouvoir. ⇒ Putsch. — Intervention militaire soudaine.
61.5 Les noms changent, sans que s'interrompe l'enchaînement des « coups », comme on dit : le coup du 20 août 53, le coup du 6 février 56, le coup de l'avion de Ben Bella, le coup de Suez, pour nommer ceux qui viennent d'abord à l'esprit.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 287.
♦ ☑ Loc. Monter le coup, un coup à qqn, le tromper, l'abuser. ☑ Coup monté : opération complexe organisée volontairement pour nuire.
61.6 Alors je vous pardonne de vous être laissé, comme on dit, monter le coup.
Bernanos, Sous le soleil de Satan, Œ. roman., Pl., p. 63.
♦ ☑ Faire (à qqn) le coup de…, le tromper en simulant une situation, une attitude. ⇒ Astuce, combine, truc. || Il lui a fait le coup de la panne. || Le coup du canapé (par lequel un homme était compromis avec une jeune fille, aux fins de mariage forcé).
61.7 Je ne pouvais davantage faire le coup du taxi au veilleur de nuit de l'hôtel, qui le connaissait déjà et ne l'appréciait guère.
A. Blondin, Monsieur Jadis, p. 129.
61.8 Je n'avais connu que très peu de femmes, mais elles m'avaient toutes fait le coup de la première fois qui est facile à réussir puisqu'il suffit d'additionner trois circonstances banales pour créer de l'unique.
Jacques Laurent, les Bêtises, p. 95.
♦ ☑ (1808). Faire les cent coups, les quatre cents (les cinq cents, les cent dix-neuf, etc.) coups : faire beaucoup de bêtises, d'excès, mener une vie de débauche.
61.9 Elles détournaient la tête, jugeant impossible de saluer (…) une femme qui était bien capable d'être allée à Bayreuth — ce qui voulait dire faire les cent dix-neuf coups.
Proust, Sodome et Gomorrhe, éd. La Gerbe, p. 152.
4 ☑ Loc. (où coup signifie « action, en général; situation »). Être dans le coup : participer à qqch.; être au courant de la situation, de ce qu'il faut savoir (→ Être branché). || Il n'est pas dans le coup : il ignore ce qui se passe. — ☑ Mettre qqn dans le coup, le faire participer ou le mettre au courant. — Absolt. || Être (ne pas être) dans le coup, au courant des idées à la mode. → Être dans le vent, à la page (et l'anglicisme : être in).
61.10 Écoutez, Anglade, vous n'êtes plus dans le coup, maintenant. Vous êtes un peu dépassé.
Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 116.
61.11 Deux centimètres de moins; ça baisse un peu, dit Blandine qui visiblement n'est pas dans le coup.
Hervé Bazin, Cri de la chouette, p. 13.
61.12 Non seulement il fallut nous remémorer ensemble ce qu'étaient devenus amis et camarades, un par un, et tu le savais bien plus que moi, mais tu étais dans le vent, dans le bain, dans le coup de toutes les conneries de ce monde, surtout par la télé, et tu t'y ébrouais avec des clapotis.
Maurice Clavel, le Tiers des étoiles, p. 58.
♦ ☑ Être hors du coup : ne pas être concerné, ne pas s'intéresser à (qqch.).
61.13 Nous nous intéressâmes modérément à l'affaire Serge pour laquelle se passionnaient les antistaliniens. Nous ne considérions cependant pas que nous étions hors du coup; nous voulions exercer une action personnelle, par nos conversations, notre enseignement, nos livres (…)
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 141.
5 (Situation subie). ☑ Coup dur : situation brusque, dangereuse, difficile. || C'est un coup dur pour lui.
61.14 Quand la guerre est venue, j'ai compris; autrefois, il m'est arrivé de me trouver dans des coups durs, mais pendant l'exode et l'occupation, j'ai été frappé au cœur, j'ai eu de la peine pour mon pays.
M. Aymé, le Vin de Paris, « L'indifférent », p. 12.
♦ ☑ Fam. Coup de chien, se dit d'une action violente, brutale, soudaine, des hommes ou des éléments, subie par qqn (l'emploi au sens actif : « on prépare un fameux coup de chien » [Flaubert] est archaïque).
61.15 Tu te crois plus forte qu'un de mes vieux hussards, se disait Angélo. Ils mangent de la polenta au vin quand ils sont dans les coups de chien. C'est avec des choses aussi bêtes que ça qu'on se fait de la force de caractère.
J. Giono, le Hussard sur le toit, p. 350.
6 (Par métonymie du sens III, 1, ci-dessus). Pêche. Endroit où l'on amorce avant de pêcher. || Se placer, se mettre, rester sur un coup.
———
IV (Fin XIVe).
1 Quantité de liquide que l'on boit en une seule fois ou d'un seul trait (surtout, de boisson alcoolisée). || Boire un coup de vin, de pinard. || Boire un coup de trop. ⇒ Boire. || S'envoyer un petit coup derrière la cravate. Allez ! le dernier coup ! || Je vous paye un coup, un coup à boire. || On boit de bons coups, ici, mais ils sont rares, formule plaisante pour réclamer à boire.
61.16 On but quelques bons coups ce jour-là, et on arrosa le Cercle polaire comme on eût fait de l'équateur, à bord d'un bâtiment coupant la ligne pour la première fois.
J. Verne, le Pays des fourrures, t. II, XVII, p. 247.
♦ ☑ Loc. Le coup de l'étrier. ⇒ Étrier (cit. 4).
2 Par anal. || Respirer, tousser un grand coup.
62 Toussez ici un bon coup ou deux, et en buvez neuf d'arrache-pied.
Rabelais, le Cinquième Livre, Prologue.
63 Il respira un grand coup, et, lestement, dégringola l'escalier.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 212.
———
V Loc.
1 (Coup a le sens de « fois »). ☑ Au premier coup, du premier coup. ☑ Du coup, d'un coup, d'un seul coup. ☑ Fam. D'un seul coup d'un seul. — ☑ Vx. Tout d'un coup : d'un seul coup, en une seule fois. Mod. || Tout d'un coup. → ci-dessous, cit. 84, etc. ☑ Pour ce coup, pour le coup. || Pour le coup, c'est trop fort. ☑ À tous les coups, à tous coups : chaque fois, à tout propos, toujours (→ ci-dessus, III., 1.).
64 Il l'admire à tous coups, le cite à tout propos (…)
Molière, Tartuffe, I, 2.
65 (…) je n'ai point étudié, et j'ai fait cela tout du premier coup.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 4.
66 Le buisson accrochait les passants à tous coups.
La Fontaine, Fables, XII, 7.
67 Pour le coup, la colère lui donnait le ton de la fermeté.
Stendhal, le Rouge et le Noir, p. 49.
68 J'ai vu ça, moi, du premier coup, en entrant. J'ai l'œil américain.
Flaubert, Mme Bovary, III, III.
69 Il faut qu'une phrase soit si claire, qu'elle fasse plaisir au premier coup, et pourtant, qu'on la relise à cause du plaisir qu'elle a fait.
J. Renard, Journal, mai 1903.
70 Il faut travailler avec acharnement, d'un coup, et sans que rien vous distraie; c'est le vrai moyen de l'unité de l'œuvre.
Gide, Journal, 8 mai 1890.
71 L'homme frappe sur l'enclume et, d'un seul coup, fait jaillir un brasillement d'étincelles, par quoi toute la forge sombre s'éclaire.
Léon Daudet, la Femme et l'Amour, Conclusion.
72 (…) c'est la loi du hasard qu'on ne perde pas à tout coup.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », IV, p. 124.
72.1 Pour le coup, je voudrais être à Paris (…)
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 68.
♦ Ce coup-ci, ce coup-là : cette fois. || Ce coup-ci, c'est le bon.
72.2 Ce coup-ci c'est le pape qui le couronne, à Rome même, comme Charlemagne.
R. Queneau, Loin de Rueil, p. 36.
♦ ☑ Vx. Encore un coup : encore une fois.
73 Madame, encore un coup, souffrez que je vous aime.
Corneille, Othon, II, 2.
74 Mettons encore un coup toute la Grèce en flamme (…)
Racine, Andromaque, IV, 3.
♦ ☑ Du même coup : par la même occasion, en conséquence de quoi.
74.1 La pensée abstraite fatigue l'homme, parce que l'homme n'est pas un pur esprit. En touchant ses yeux par des images, ses oreilles par des harmonies, on lui agrée : on lui fait agréer, du même coup, les idées qu'on exprime. La couleur et le son font passer le sens avec eux.
Gustave Lanson, l'Art et la Prose, p. 74.
♦ ☑ (1594, in D. D. L.). Coup sur coup : successivement, sans interruption, immédiatement, l'un après l'autre.
75 Tant de malheurs qui arrivaient coup sur coup (…)
76 Quand il fut rassasié, il but coup sur coup deux bocks et regarda devant lui.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 290.
♦ ☑ Sur le coup : immédiatement. || Il est mort sur le coup.
77 Si possédant, comme Dieu, la vérité, l'unique vérité, un homme la laissait tomber de ses mains, le monde en serait anéanti sur le coup et l'univers se dissiperait aussitôt comme une ombre.
France, le Jardin d'Épicure, p. 26.
2 ☑ Sous le coup de : sous l'action, l'effet, l'influence, la menace de. (Coup garde sa valeur active et implique un effet plus ou moins fort). || Tomber sous le coup de la loi. || Être sous le coup d'une accusation, d'une condamnation. ⇒ Encourir.
78 Désormais il allait être un malade sans cesse sous le coup d'une attaque de suffocation.
A. Maurois, À la recherche de Marcel Proust, I, 3.
78.1 Et l'administrateur reste impuissant devant des enchères clandestines qui, pour paraître illicites, ne tombent pourtant pas sous le coup de la loi.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 719.
♦ ☑ Au coup par coup, se dit d'une opération, d'une politique menée par une suite d'actions séparées. || Régler ses problèmes au coup par coup, par actions ponctuelles. || Politique du coup par coup.
♦ ☑ Après coup : plus tard, une fois la chose faite. ⇒ Après.
79 Il s'avisa seulement après coup que, en acquiesçant à ces paroles, il acceptait aussi l'échec de sa démarche.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 1.
♦ ☑ À coup sûr (modifiant une phrase) : assurément, sûrement, sans doute, immanquablement, infailliblement. — (Modifiant un verbe). En toute sécurité, avec la certitude de parvenir au but. || N'agir qu'à coup sûr.
80 (…) il est, à coup sûr, peu de plus belles pages architecturales que cette façade (celle de Notre-Dame)…
Hugo, Notre-Dame de Paris, III, 1.
81 La plus délicate des roses
Est, à coup sûr, la rose-thé.
Th. Gautier, Émaux et Camées, « La rose-thé ».
82 Mais il ne se donnerait la peine de décider son client que si l'on pouvait marcher à coup sûr.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, V, XXII, p. 180.
♦ ☑ Tout d'un coup, tout à coup : brusquement, soudain, soudainement, en un moment.
83 J'ai senti tout à coup un homicide acier (…)
Racine, Athalie, II, 5.
84 La rivière devint tout d'un coup agitée (…)
La Fontaine, Fables, VI, 17.
85 Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte.
Bossuet, Oraison funèbre d'Henriette d'Angleterre.
86 Tout à coup une porte s'ouvre : entre silencieusement le vice appuyé sur le bras du crime, M. de Talleyrand marchant soutenu par M. Fouché.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV, p. 41.
87 L'amour, croyait-elle, devait arriver tout à coup avec de grands éclats et des fulgurations (…)
Flaubert, Mme Bovary, II, 4.
88 L'atmosphère lui sembla s'être raréfiée tout à coup; il étouffait.
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 53.
❖
DÉR. Couper.
COMP. À-coup, beaucoup, contrecoup. — Coup-de-poing.
HOM. Cou, coût. — Formes du v. coudre.
Encyclopédie Universelle. 2012.