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puis

puis [ pɥi ] adv.
• 1080; lat. pop. °postius, class. post ou postea
1(Succession dans le temps) Après cela, dans le temps qui suit. ensuite. (Actions successives) « Des gens entraient, puis ressortaient » (Green). (Sujets ou compl. successifs) « La Fayette parla froidement, puis Lally Tollendal avec ses larmes faciles » (Michelet). « Barca vit avancer un des miliciens, puis une dizaine, puis une longue file » (Malraux). (Adj., adv. successifs) « Il chantonne tout bas, puis moins bas, puis tout haut » (R. Rolland).
2(Succession dans l'espace aux yeux d'un observateur) Plus loin. après. « À gauche, la halle aux blés, puis le marché à la volaille » (Nerval).
3 ♦ ET PUIS, introduisant le dernier terme d'une énumération. ⇒ et, plus. « Tout homme a deux pays, le sien et puis la France ! » (H. de Bornier ). On entendit deux coups, et puis plus rien. « Il est brave, et puis c'est tout » (Stendhal),et rien de plus, il n'y a rien à ajouter.
4 ♦ ET PUIS, servant à introduire une nouvelle raison (cf. D'ailleurs, en outre, du reste). Et puis après tout, cela ne me regarde pas. « Il avait peut-être une raison pour vous dire non [...] et puis ça peut n'être qu'une parole en l'air » (Green). Et puis ? s'emploie pour demander quelle suite, quelle importance peut bien avoir la chose en question (cf. Et alors ?). Fam. (dans le même sens) Et puis quoi ? Et puis après ? Et puis quoi encore ? après une demande jugée déraisonnable.
⊗ HOM. Puits, puy.

puis adverbe (latin populaire postius, du latin classique postea) Introduit un élément qui vient s'ajouter à un élément précédent, dans le temps ou l'espace : Il devint grave, puis inquiet. Et puis, introduit un deuxième ou un énième terme d'une énumération : Je veux une robe, un chemisier et puis des chaussures. Et puis, d'ailleurs, au reste, en outre : Je n'ai pas le temps d'aller voir ce film, et puis il ne me tente pas. Familier. Et puis quoi, et puis après, interrogent sur la suite ou introduisent une constatation désabusée. ● puis (difficultés) adverbe (latin populaire postius, du latin classique postea) Sens et emploi Puis signifie « ensuite, après cela » : « D'abord il s'y prit mal, puis un peu mieux, puis bien »(La Fontaine). Recommandation Éviter le pléonasme et puis ensuite. En revanche, et puis encore, marquant une gradation, une progression, est correct : non seulement j'ai lavé le linge, mais je l'ai repassé et puis encore rangé. ● puis (homonymes) adverbe (latin populaire postius, du latin classique postea) puis forme conjuguée du verbe pouvoir puits nom masculin puy nom masculinpuis (synonymes) adverbe (latin populaire postius, du latin classique postea) Introduit un élément qui vient s'ajouter à un élément précédent...
Synonymes :
- après
Contraires :
- en premier lieu
- premièrement

puis
adv.
d1./d Ensuite, après. Il dit quelques mots, puis se tut.
d2./d Et puis: d'ailleurs, en outre, en plus. Il l'avait bien mérité... Et puis on ne lui a pas fait bien mal.
d3./d Plus loin. Voici un marronnier, puis un bouleau.

⇒PUIS, adv.
A. — [Adv. signifiant qu'un procès (ou une phase d'un procès) s'enchaîne avec un procès antérieur (ou avec une phase antérieure)]
1. [Porte sur une phrase] Elle soupire, cambre les reins et bâille. Puis elle va mettre le verrou, et commence sa toilette (MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p. 1018).
Et puis. Elle fouille dans son sac et puis elle se tourne vers Garcin (SARTRE, Huis clos, 1944, 5, p. 135).
Et puis après. [Les hôtes du maître] jouent des proverbes, des charades en action; ils mettent tout sens dessus dessous... Et puis après il faut que nous rangions, que nous frottions, que nous essuyions (LECLERCQ, Prov. dram., Savet. et financ., 1835, 4, p. 214).
2. [Dans une énumération, porte sur un constituant de la phrase, suj., attribut ou compl.] Il se soutint de la manière suivante: d'abord de l'eau, puis des aliments légers, puis du vin, puis des consommés, enfin de l'opium (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 214). Alors, le but, puis l'ensemble, puis les détails m'apparaissent, et je vois et je retiens pour toujours (VIGNY, Journal poète, 1825, p. 882). À la fin, la porte de la maison s'ouvrit; le prisonnier parut le premier, le directeur suivit, puis les deux commissaires (NIZAN, Conspir., 1938, p. 169).
B. — [Adv. d'énonciation]
1. Et puis (rarement puis). [Dans une argumentation, marque l'ajout d'un argument, d'une raison ou d'une explication supplémentaires] Synon. de en outre (v. outre2), de plus. Entre nous, je puis bien dire ce qui en est. Et puis, ne le sait-on pas dans toute la ville? (LECLERCQ, Prov. dram., Mariage manqué, 1835, 1, p. 55). Nous sommes tous mortels, d'ailleurs; et puis, après tout, c'est un bien pour un mal (MURGER, Scènes vie jeun., 1851, p. 51). Il lui fallait cent francs. D'abord il crevait de faim. Puis Georgina, sa maîtresse, avait besoin d'argent (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 169):
— Tiens! Et qu'est-ce qu'il a eu? — Je ne sais pas, la fièvre. Et puis, il n'était pas fort. Il a eu des abcès sous le bras. Il n'a pas résisté.
CAMUS, Peste, 1947, p. 1234.
Et puis c'est tout. [Signifie que le locuteur estime qu'il n'y a pas lieu d'avancer aucun autre argument ou aucune autre justification] Parlons-en de toi! T'es un anarchiste et puis voilà tout! (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 13).
2. Et puis? [Signifie que le locuteur met au défi un interlocuteur (réel ou fictif) de pouvoir le contredire ou simplement de pouvoir réagir] Une espèce de sourire lui vint. À son tour il les défiait, les provoquait du regard. « Et puis? Je sais bien que vous n'irez pas chercher le commissaire de police » (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 49).
Et puis après? L'Espoir [un journal], oui, on l'aurait peut-être sauvé: et puis après? Résister aux deux blocs, rester indépendant, c'est ce que j'essaie aussi dans Vigilance: mais je ne vois pas bien à quoi ça avance (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 485).
Rem. 1. Dans la plupart de ses empl., puis est commutable avec ensuite. Mais là où ensuite situe dans un intervalle, puis se borne à délimiter l'espace même du procès. Aussi puis est-il combinable avec après (et puis après), mais non ensuite (et ensuite après). Inversement, seul ensuite peut se postposer (elle se tait d'abord, s'endort ensuite). 2. Sur le pléonasme (et) puis ensuite, v. ensuite A 1.
REM. Pis, adv., var. pop. ou région. (notamment au Canada). À leux y parler! Bonjour, bonsoir, et pis v'là tout (LECLERCQ, Prov. dram., Savet. et financ., 1835, 5, p. 221). — Bossé? T'as bossé? Eh! tu ne sais même pas ce que c'est, que de bosser! Puis, gravement, le doigt piqué sur le thorax: — Moi, j'sais c'que c'est! Et pis, c'est cor pas toi, mon vieux, qui vas m'en remontrer là-dessus! (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, épil., p. 250). — Tu l'connais, toi, çui-là? — Ah, vieux, ça c'est un bath! — Et pis un rigolo! — Et pis un qui s'en fout!... C'est pas comme l'aut', là-bas! (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 17).
Prononc. et Orth.:[]. MARTINET-WALTER 1973, quant à la liaison dans puis a pleuré [], [] (13/3). ROUSS.-LACL. 1927, p. 155: ,,Aux environs de Liège, on dit [pwi]``. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) Ca 1050 « par la suite, plus tard » (Alexis, éd. Chr. Storey, 21); b) ca 1200 et puis..., et puis dans une énumération (Escoufle, 2873 ds T.-L.); c) 1464 (PATHELIN, éd. R. T. Holbrook, 424: « Et puis », fais-je, « saincte Marie! »); d) ca 1485 (Mistère Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 19110: Et puis, Gallans? Que faictes vous?). Du lat. pop. postius, réfection de post et postea « après, ensuite », d'apr. melius, comme antius, compar. de ante « avant » a donné l'a. fr. ainz (v. aîné), v. A. THOMAS ds Romania t. 14, p. 574, et G. STRAKA ds Mél. Bœdia 2, 1985, 1 pp. 11-13 éd. Chr. Storey, v. aussi FEW t. 9, p. 244; parallèlement puis a vécu en a. fr. comme prép. au sens de « depuis » (ca 1050, Alexis, 11, XVIe s., v. GDF.), v. puisque et IMBS Prop. 1956, p. 47 et 361 sqq. Fréq. abs. littér.:53 203. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 50 576, b) 87 165; XXe s.: a) 100 259, b) 76 101. Bbg. BLUMENTHAL (P.) Zur kommunikativen Funktion von Adverbien und Umstandsbestimmungen im Frz. Rom. Forsch. 1975, t. 87, p. 324. — CHEVALIER (J.-Cl.), MOLHO (M.). De l'implication: esp. pues, fr. puis: Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1986, t. 24, n ° 1, pp. 23-34. — LAURENDEAU (P.). Sur la syst. et la combin. du joncteur pi en québécois. Trav. de ling. québécoise. 1983, pp. 13-57. — NICHOLSON (G. G.). Adv. rom. issus de conj. R. Ling. rom. 1930, t. 6, p. 189. — SKOK (P.) Notes de ling. rom. Archivum romanicum. 1925, t. 9, pp. 171-176.

puis [pɥi] adv.
ÉTYM. 1080; du lat. pop. postius, lat. class. postea ou post.
1 (Succession dans le temps). Après cela, dans le temps qui suit. Ensuite.(Actions successives). || D'abord…, puis… (→ Arrière, cit. 6). || Au début, au départ…, puis… (→ Arrêter, cit. 25; assemblé, cit.). || Elles font, puis défont (→ Peut-être, cit. 15). || Des gens entraient, puis ressortaient (→ Monceau, cit. 2). || Ils commencent avec ardeur (cit. 47) et puis ils se rebutent (→ aussi Brouiller, cit. 23; longueur, cit. 7). || Trois p'tits tours et puis s'en vont (→ Marionnette, cit. 1). || Je les lève (cit. 15), puis je les relève, puis…Puis…, au début de la phrase (→ Cantique, cit. 3; larme, cit. 6). || Et puis…, au début de la phrase (→ Cailler, cit. 2; mouiller, cit. 10…).
1 Dieu nous prête un moment les prés et les fontaines (…)
(…) Puis il nous les retire. Il souffle notre flamme.
Hugo, les Rayons et les Ombres, XXXIV.
(Sujets successifs). || Un rang puis un autre balayant la chaussée (→ Manège, cit. 1). || Le marquis parut, puis Charlotte (→ Montée, cit. 3). || La Fayette parla (cit. 21), puis Lally.
(Compl. successifs). || Chanter l'hymne, puis trois psaumes (→ Nocturne, cit. 3). || S'arrêter devant un tableau, puis devant un autre (→ Peinture, cit. 14).
Il vit avancer un milicien, puis une dizaine, puis une longue file (cit. 4).
(Qualificatifs successifs). || Bruit d'abord faible, puis précis, puis lourd (→ Interruption, cit. 7). || Lignée (cit. 4) de petites gens, paysans… puis clercs.
2 Il chantonne tout bas, puis moins bas, puis tout haut, puis très haut, jusqu'à ce que de nouveau la voix exaspérée du père crie (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, L'aube, I, p. 14.
2 (V. 1160). Succession aux yeux d'un observateur. Plus loin. Après. || En bas, des fleurs (cit. 5) rouges, jaunes… puis c'étaient les jasmins, les glycines. || Puis voici une lande (cit. 1). || La forêt… et puis un damier de plaines (→ Panorama, cit. 6).
3 (Av. 1207). || Et puis. (Pour introduire le second, le troisième… terme d'une énumération, d'une série). Et (→ Désapprobation, cit. 1). || « Tout homme a deux pays (cit. 12), le sien et puis la France ». Plus.Fam. (pléonasme). || Et puis ensuite (→ Pognon, cit. 1).Et puis c'est tout, marque que l'on n'a rien à ajouter à un premier terme qui semblait annoncer une énumération.
3 Il est brave, et puis c'est tout, me dit-elle.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, X.
4 (V. 1160). || Et puis (servant à introduire une nouvelle raison, un argument supplémentaire). Ailleurs (d'), outre (en), reste (au, du). || Ce n'est guère possible, et puis cela ne servirait à rien. || Et puis il n'était pas très attachant ! (cit. 4). || Je les plains et puis ça me fait rager de penser… (→ Martyriser, cit. 2; et aussi moche, cit. 3; parole, cit. 9; poignée, cit. 2). || Et puis, en somme… (→ Parade, cit. 2).Oh, puis après tout, c'étaient ses oignons ! (cit. 3).
4 (…) vous devez (…) ne pas mettre en doute la sincérité de ma foi. Et puis votre beauté vous assure de tout.
Molière, Dom Juan, II, 2.
Ellipt, à la forme interrogative. || Et puis ?, s'emploie pour demander quelle suite, quelle importance peut bien avoir la chose en question.Fam. (dans le même sens). || Et puis quoi ? ou Et puis après ? || Elle m'en voudra ? Et puis après ? → Et alors ?
5 (Fin XIIe). Vx. || Puis après (adv. de postériorité). Après, par la suite. || « Un geai prit son plumage Puis après se l'accommoda ». → Autre, cit. 5, La Fontaine.
COMP. Depuis. — Puisque.
HOM. Puits, puy.

Encyclopédie Universelle. 2012.