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rogner

1. rogner [ rɔɲe ] v. tr. <conjug. : 1>
rooignier XIIe; lat. pop. °rotundiare « couper en rond »
1(Concret) Couper (qqch.) sur les bords, de manière à rectifier le contour. Rogner les pages d'un livre, un livre : couper les bords des feuillets pour les rendre nets. ⇒ massicoter. Exemplaire rogné, non rogné. Rogner une pièce d'or (par fraude).Rogner les ailes à un oiseau, fig. à qqn. Rogner les griffes à un chat. « Il avait ouvert un canif, il se rognait les ongles » (Zola).
2Fig. Diminuer sans conséquences trop visibles. Tu mettais « ton honneur à rogner de quelques sous son maigre profit » (F. Mauriac). Rogner les salaires. Rogner les pouvoirs d'une assemblée. — ROGNER SUR qqch. lésiner, prélever, retrancher. Rogner sur les dépenses de nourriture, sur les loisirs. Fig. « Soucieux d'autant plus de ne rien rogner sur ce qu'il estimait devoir à sa mère » (A. Gide).
⊗ CONTR. Allonger. rogner 2. rogner [ rɔɲe ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1876; o. onomat.
Fam. Vx Être en rogne, en colère; rager. rognonner.

rogner verbe transitif (latin populaire retundiare, couper en rond, du latin classique rotundus, rond) Couper quelque chose sur son pourtour, en rectifier ou en égaliser la forme, en retrancher une partie sur ses bords : Rogner une pièce de bois à une extrémité. Diminuer faiblement ce qui doit revenir à quelqu'un ou lui appartient, afin de réaliser un petit profit ou d'acquérir un léger avantage : Rogner les pouvoirs d'une assemblée. Découper, sur une bobineuse, la feuille de papier à la largeur désirée. Couper les marges d'un livre broché ou relié pour faire disparaître les plis fermés par la pliure des cahiers et égaliser la dimension des feuillets. Synonyme de surtailler. ● rogner (homonymes) verbe transitif (latin populaire retundiare, couper en rond, du latin classique rotundus, rond)rogner (synonymes) verbe transitif (latin populaire retundiare, couper en rond, du latin classique rotundus, rond) Couper quelque chose sur son pourtour, en rectifier ou en égaliser...
Synonymes :
- arrondir
- désépaissir
- écourter
- raccourcir
- rafraîchir
Diminuer faiblement ce qui doit revenir à quelqu'un ou lui...
Synonymes :
- diminuer
Synonymes :
- surtailler
rogner verbe transitif indirect Faire de petites économies : Rogner sur la nourriture.rogner verbe intransitif (radical ron, exprimant le grondement) Familier et vieux. Être en rogne. ● rogner (homonymes) verbe transitif indirectrogner (synonymes) verbe transitif indirect Faire de petites économies
Synonymes :
- gratter (familier)
- lésiner
rogner (homonymes) verbe intransitif (radical ron, exprimant le grondement)rogner (synonymes) verbe intransitif (radical ron, exprimant le grondement) Familier Être en rogne.
Synonymes :
- bougonner (familier)
- grognasser (familier)
- grogner
- grommeler
- maugréer
- râler (familier)
- ronchonner
- rouspéter (familier)

rogner
v. tr.
d1./d Couper sur les bords. Rogner les pages d'un livre au massicot.
d2./d Fig. Retrancher une petite partie de (qqch). Ces dépenses ont rogné mes économies.
|| Fig. Rogner les ailes à qqn, diminuer son pouvoir, sa liberté.

I.
⇒ROGNER1, verbe trans.
A. — 1. Couper une chose en retranchant une partie de son pourtour, de ses bords, de son extrémité, pour lui donner un aspect plus net ou des dimensions déterminées. Synon. égaliser, raccourcir, rectifier. Il avait un peu rogné, pour ne point se refuser à la mode, ses belles moustaches gauloises, mais par l'effet d'une vieille habitude, il continuait de les chercher à leur place ordinaire avec un geste caressant (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 291):
1. ... en même temps il [l'ouvrier] presse avec le genou droit la branche mobile des cisailles qui taillent les pointes tout en rognant les fils de fer. On continue de rogner ceux-ci, et de former des pointes avec ces rognures, tant que la longueur des fils de fer le permet.
NOSBAN, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 203.
2. Spécialement
a) PAPET., RELIURE. Couper le bord des feuilles de papier, des feuillets d'un livre pour les rendre nets ou leur donner la dimension voulue. Synon. émarger, massicoter. Couteau, machine à rogner (synon. massicot2). Marion, formée par Séchard père, façonnait le papier, le trempait, aidait Kolb à l'imprimer, l'étendait, le rognait (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 555). Les livres brochés sont rognés sur les bords pour obtenir des tranches lisses (Civilis. écr., 1939, p. 10-14).
Part. passé en empl. adj. En France, la faveur va au livre broché non rogné (Civilis. écr., 1939, p. 10-14).
b) VITIC. Faire le rognage des sarments de vigne. On fait usage [de la cisaille à main] en viticulture pour rogner les sarments des vignes qui sont palissées sur fils de fer (BRUNET, Matér. vitic., 1909, p. 153). Il se penchait sur le cep dangereusement délaissé, réduisait et rognait avec une passion vétilleuse (LACRETELLE, Silbermann, 1922, p. 24).
3. a) Vieilli. Rogner les ongles, les griffes. Couper les ongles, les griffes. L'accoucheur doit se découvrir le bras jusqu'au-dessus du coude, toutes les fois qu'il est obligé de porter la main profondément dans la matrice; et il doit avoir l'attention auparavant de bien rogner ses ongles (BAUDELOCQUE, Art accouch., 1812, p. 350). T'as des griffes comme une charrue (...); je te rognerai les griffes à coups de serpe, moi (GIONO, Colline, 1929, p. 66).
Part. passé en empl. adj. Louise (...) posa ses deux mains, aux ongles rognés, à plat, sur ses cuisses (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 306).
Au fig. Rogner les ongles à qqn. V. ongle A 1.
b) Rogner les ailes (à un oiseau). Lui couper l'extrémité des ailes pour le garder en captivité. Part. passé en empl. adj. Elle s'enfuit vers sa cage fermée où elle ne put rentrer, tourna autour, se blottit derrière contre les barreaux, enfouit sa tête sous son aile rognée, et refusa obstinément de manger, de boire et de bouger pendant tout le reste du jour (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 226).
Au fig., littér. Ôter la liberté, l'élan, l'esprit d'indépendance à quelqu'un ou à quelque chose. Le poëte a dit des paroles qu'elles étaient ailées; pourquoi leur rogner les ailes? (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 295). V. aile ex. 82. Part. passé en empl. adj. La paix chuchote son espérance, aux ailes rognées... et, dès les premières mesures du Dona, voyez ce petit vol inquiet, palpitant, brisé, des violons (ROLLAND, Beethoven, t. 2, 1937, p. 404).
4. Vieilli. Couper, limer la tranche d'une pièce de monnaie en métal précieux pour prélever frauduleusement ce métal. Il ne craignait pas de visiter (...) les juifs sordides, afin d'apprendre (...) le titre des métaux, le prix des pierres précieuses et l'art de rogner les monnaies (A. FRANCE, Barbe-bleue, Mir. Gd St Nic., 1909, p. 94). Changeurs et orfèvres (...) s'arrangent pour rogner sur les deniers les plus lourds un peu de métal précieux (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 76).
Part. passé en empl. adj. Ce n'est qu'à ce prix qu'il obtient l'argent qu'il emprunte à gros intérêts, et qu'on lui compte en écus rognés (JOUY, Hermite, t. 3, 1813, p. 64).
5. Fam. ou pop.
a) Vx. Guillotiner. Tu sais bien celui [cet assassin] qu'on a rogné y a quéque temps (...) les autres disent qu'il ne faudrait plus condamner au bagne, [mais] rogner toute la fripouille (POULOT, Sublime, 1870, p. 151). Absol. Condamné aux galères perpétuelles (...) [il] me regarda [moi le condamné à mort] d'un air d'envie en disant: — Il est heureux! il sera rogné (HUGO, Dern. jour condamné, 1829, p. 73).
b) Amputer. La guerre rogne un peu ses héros; on nous coupe, au lendemain d'une victoire, une jambe, un bras (VALLÈS, Réfract., 1865, p. 30). Il a été blessé, vous avez su? À la main. En avril 17, près de Fismes. Vous connaissez?... Il s'était engagé en 16... On lui a rogné ces deux doigts-là... Heureusement, c'est la gauche (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 850).
B. — P. anal.
1. Diminuer, raccourcir une durée, un espace. Elle rencontra, sur la place, Lestiboudois, qui s'en revenait; car, pour ne pas rogner la journée, il préférait interrompre sa besogne, puis la reprendre, si bien qu'il tintait l'Angelus selon sa commodité (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 127). Au passif. Ils n'osaient pas aller dormir (...) parce qu'en se réveillant ils se trouveraient devant le petit tas de leurs six jours déjà rogné (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p. 15). Les mêmes plantes se cultivent de plus en plus hors des grandes plantations européennes, et celles-ci rognées sur leurs bords, perdent de leurs dimensions (MEYNIER, Paysages agraires, 1958, p. 51).
Rogner sur + subst. Penser que vous consacrez à votre fils — ne parlons pas de moi: je ne compte pas — un jour et demi par semaine, et que vous parvenez à rogner sur ce pauvre jour et demi! Arriver ici à près de dix heures du soir! (MONTHERL., Fils personne, 1943, I, 1, p. 276).
2. Raccourcir, amputer un texte, un discours, une œuvre littéraire. Cette sacrée petite Océane risque de flanquer notre troisième acte par terre. Il faut absolument lui rogner son rôle, dût-elle nous inonder de larmes (L. DAUDET, Médée, 1935, p. 32):
2. Lui-même est encore obligé de disputer pour ne pas être rogné ou remanié: on lui indique des endroits, « où il faudrait des généralités... » Singulières et honteuses choses, que ces fourches caudines du style, subies au XIXe siècle par les plus grands, les plus fameux, les plus considérables, Rémusat comme Cousin!
GONCOURT, Journal, 1863, p. 1243.
3. En partic.
a) Souvent péj. Diminuer d'une petite quantité un avantage matériel qui revient à quelqu'un, dans un but de profit ou d'économie. Rogner un salaire. On ne vous guillotinera pas [la bourgeoisie], vous ne méritez pas Sanson; mais on vous rognera vos fortunes (GONCOURT, Journal, 1861, p. 926). Le décimateur et le seigneur n'éveillaient pas moins de colère: ils devenaient accapareurs du fait de leurs prélèvements, qui, amputant une faible moisson, rognaient la subsistance du cultivateur (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 136).
Rogner sur + subst. Économiser petitement, lésiner sur quelque chose. Il dut rogner beaucoup sur sa nourriture. Il mangeait une fois par jour, à une heure de l'après-midi (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 793). Il rognait sur la solde des troupes, si bien que les meilleurs soldats le quittèrent et que la défense d'Édesse ne fut assurée que par des effectifs squelettiques (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 163).
b) Diminuer la valeur, l'importance de quelqu'un ou de quelque chose. C'est ainsi qu'en 1661 il [Sully] rogna les attributions des fonctionnaires provinciaux pour ne plus leur laisser qu'un rôle financier (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 155).
REM. Rogne, subst. fém. a) Reliure. ,,Action de couper les tranches d'un livre pour obtenir une surface unie`` (VOGÜÉ-NEUFVILLE 1971). b) Technol. Outil de sabotier servant à creuser les sabots. (Dict. XIXe et XXe s.).
Prononc. et Orth.:[], (il) rogne []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) [Fin XIe s. redo[g]nier « rogner » (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, 879)]; ca 1180 rooignier « couper, trancher (par exemple la tête) » (Fierabras, 32 ds T.-L.); XIIIe s. [date des mss] reoignier, rooingnier « id. » (Troie, éd. L. Constans, 15712, var.); b) ca 1135 reoignier « tonsurer » (Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, rédaction AB, 516); 1246 rongnier « id. » (GERBERT DE METZ, Image du monde ds T.-L.); c) fig. ca 1165 reoingnier « raccourcir (par exemple un nom) (CHRÉTIEN DE TROYES, Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 995); 1176-81 reoignier « id. (en parlant d'une ennemi taillé en pièces) » (ID., Chevalier Lion, éd. A. Micha, 1912); d) ca 1260 roignier ses ongles (PHILIPPE DE NOVARE, Quatre Ages, 157 ds T.-L.); e) spéc. 1283 rooignier « enlever une partie de la matière d'une monnaie » (PHILIPPE DE BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis, éd. Am. Salmon, 835); 1567 rogner « couper les branches, des racines de » (Ch. ESTIENNE, Agriculture et Maison rustique, f ° 135 r °); f) expr. 1358 bien près rongnier les ongles à aucun « diminuer, retrancher les profits, l'autorité de quelqu'un » (Lett. de Marcel ds Hist. de Flandre, t. 3, p. 390); 1549 rongner les ongles à qqn (EST.); 1549 rongner les aelles (ibid.); 1549 tailler et rongner quelques faict de son autorité « diminuer l'autorité de quelqu'un » (ibid.); 1608 tailler, roigner « agir à sa guise » (RÉGNIER, Satyre X ds Œuvres, éd. G. Raybaud, p. 109, 28); 1549 oster et rongner de son prouffit « retrancher à quelqu'un une partie de ce qui lui appartient » (EST.). Du lat. pop. retundiare, altér. de rotundiare « couper en rond », dér. du lat. class. rotundus (rond). Cf. a prov. redonhar (RAYN., LEVY Prov.).
DÉR. 1. Rognage, subst. masc. a) Opération par laquelle on rogne un objet, une matière, généralement pour la rendre conforme à une norme. Synon. massicotage. [Les fausses marges] s'observent surtout avant le rognage du livre (MAIRE, Manuel biblioth., 1896, p. 362). Le rognage d'une grume est plutôt une opération de tronçonnage (MÉTRO 1975). b) Vitic. Coupe de l'extrémité des sarments de vigne qui ont atteint une certaine longueur. Le rognage a pour but de concentrer la sève dans la base des sarments afin de leur permettre de nourrir les raisins (BRUNET, Matér. vitic., 1909, p. 152). V. écimage dér. s.v. écimer ex. de Levadoux. []. 1res attest. a) 1761 asse de rognage « outil de tonnelier muni d'un tranchant » (SAVARY t. 3, p. 445), b) 1842 vitic. (Ac. Compl.), c) 1870 « action de rogner » (LA CHÂTRE); de rogner1, suff. -age. 2. Rognement, subst. masc. Fait de rogner quelque chose. Synon. rognage. P. anal. Fait d'économiser, de lésiner; p. méton. ce qui oblige à économiser. Pour les enfants, elle prend son parti de n'en pas avoir: elle connaît des gens bien qui n'en ont pas. Puis, c'est un dérangement du monde et un rognement sur les toilettes (GONCOURT, Journal, 1862, p. 1091). []. 1res attest. a) fin XIVe s. roingnement « action de rogner » (Aalma, 9.565 ds ROQUES t. 2, p. 325), 1538 rongnement (EST. s.v. resectio), b) 1600 roignement « action de couper (des branches) (OL. DE SERRES, Théâtre d'agriculture, III, 4, p. 175), 1910 vitic. (Lar. pour tous), c) 1636 rognemant « action de rogner (un livre, etc.) » (MONET); de rogner1, suff. -(e)ment1. 3. Rognoir, subst. masc. Appareil servant à rogner le papier, le carton, des feuilles métalliques; en partic., reliure, outil servant à rogner les pages d'un livre. On fait aussi des rognoirs mécaniques (CHESN. t. 2 1858). []. 1res attest. 1803 « plaque de cuivre chaude sur laquelle on rogne le pied des chandelles » (BOISTE), 1835 « tout outil dont on se sert pour rogner quelque chose » (RAYMOND); de rogner1, suff. -oir.
II.
⇒ROGNER2, verbe intrans.
Fam. Être en rogne, grogner, bougonner. Synon. pop. plus usuels râler, rouspéter. Dis donc, Ginginet cela s'appelle casser du sucre sur la tête du chef d'orchestre (...) ça le fera rogner, ce racleur! (HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 14). J'aurai juste un accessit en gymnastique, il me l'a dit. Tu penses si le vétérinaire va rogner, je l'entends déjà: les sacrifices que je m'impose pour te préparer un avenir dont la famille n'ait pas à rougir. Vieux con (AYMÉ, Jument, 1933, p. 117).
Prononc. et Orth.:[], (il) rogne []. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. [XIIIe s. [ms.] ruignier « gronder » (Rom. de Kanor, B.N. 1446, f ° 8 v ° ds GDF.; on est tenté de rapprocher le mot de l'a. fr. ruigier « rugir »)] 1876 (HUYSMANS, loc. cit.); certainement plus anc. à en juger d'apr. les dér. rogne2, rognonner et la présence du mot dans de nombreux dial., v. FEW t. 10, p. 461b. Dér. du rad. onomat. ron- qui exprime le grondement (cf. grogner, gronder, grommeler); dés. -er.
STAT.Rogner1 et 2. Fréq. abs. littér.:181.

1. rogner [ʀɔɲe] v. tr.
ÉTYM. 1570; rongner, XIIIe; rooignier « couper autour », v. 1160; reoignier « tonsurer », v. 1131; du lat. pop. rotundiare « couper en rond », de rotundus « rond ».
1 (V. 1175, reoignier). Couper (une chose sur les bords, sur les angles, à l'extrémité) de manière à diminuer la surface, la longueur ou la largeur, à rectifier le contour, à prélever une partie. || Rogner un bâton, une baguette, une tige. Écourter, raccourcir. || Rogner les angles, les arêtes vives. Arrondir.
Spécialt. a (1690). Couper de manière nette et régulière (les bords des feuilles de papier, des feuillets d'un livre). || Le relieur a trop rogné la marge. Émarger.Absolt. || Outil, machine qui sert à rogner. 2. Massicot, rogneur (3.). || Couteau à rogner : couteau de relieur. Rognoir.
b (V. 1283). || Rogner une pièce de monnaie, en couper les bords de manière à garder pour soi, avant de la remettre en circulation, une partie du métal précieux dont elle est faite.
1 Et saisissant ses grands ciseaux, il rogna de-ci de-là des pièces d'or, comme il avait coutume de rogner toute pièce de monnaie avant de s'en séparer. Et il recueillit soigneusement les rognures dans une sébile (…)
France, les Contes de Jean Tournebroche, p. 33.
c (XXe). Techn. Découper les bords de (une peau) pour ôter les parties superflues.
d (Le compl. désigne une partie d'un être vivant). || Rogner les ailes à un oiseau. Éjointer. — ☑ Fig. Rogner les ailes (cit. 21) à qqn.Rogner les griffes à un chat. || Se rogner les ongles. — ☑ (1768). Fig. Rogner les griffes à qqn.Rogner les ongles (infra cit. 8) à qqn.
2 (…) Ma fille est délicate :
Vos griffes la pourront blesser
Quand vous voudrez la caresser,
Permettez donc qu'à chaque patte
On vous les rogne (…)
La Fontaine, Fables, IV, I.
3 (…) nous ressemblons à ce conquérant de la Chine, qui poussa ses sujets à une révolte générale pour les avoir voulu obliger à se rogner les cheveux ou les ongles.
Montesquieu, Lettres persanes, LXI.
4 Il avait ouvert un canif, il se rognait les ongles.
Zola, la Terre, I, II.
2 (1559). Fig. Diminuer d'une petite quantité (avec l'idée d'un profit mesquin, d'une économie sordide). || Rogner les gages de ses domestiques.(Sans compl. direct). || Rogner sur qqch. : faire de petits profits en réduisant ce dont on dispose. Lésiner, prélever, retrancher.
5 Avec cela très scrupuleux, soucieux d'autant plus de ne rien rogner sur ce qu'il estimait devoir à sa mère, il partageait son cœur, son temps, et ne vivait jamais qu'à cloche-pied.
Gide, Si le grain ne meurt, I, IX, p. 230.
6 Cette misérable vieille (…) ne te vendait pas une salade que tu n'eusses mis ton honneur à rogner de quelques sous son maigre profit.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, I, VII.
3 (1608). Absolt, fig. Vx. Tailler et rogner : agir à sa guise, être le maître (dans une maison, etc.).
——————
rogné, ée p. p. adj.
|| Feuille rognée. || Exemplaire non rogné, rogné (d'un livre).Pièce (de monnaie) rognée.
Ailes rognées. || Ongles rognés.
CONTR. Allonger.
DÉR. et COMP. Rognage (ou rognement), 3. rogne, rogne-pied, rogneur, rognoir, rognure.
HOM. 2. Rogner.
————————
2. rogner [ʀɔɲe] v. intr.
ÉTYM. 1876; ruignier, XIIIe; cf. les dér. attestés bien antérieurement, 2. rogne, rognonner; famille de mots d'orig. onomatopéique très répandus en gallo-roman et attestés dans les dial. sous div. formes, avec des var. vocaliques.
Fam. Être en rogne (2. Rogne), en colère; rager. Rognonner.
0 Ça le fera rogner, ce racleur !
Huysmans, Marthe, p. 14, in Cressot.
DÉR. 2. Rogne, rogneux, rognonner.
HOM. 1. Rogner.

Encyclopédie Universelle. 2012.