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frange

frange [ frɑ̃ʒ ] n. f.
• fin XIIe; lat. pop. °frimbia, métathèse du class. fimbria
1Bande de tissu d'où pendent des fils tirés ou des filets rapportés, servant à orner en bordure des vêtements, des meubles, etc. crépine, 2. effilé. Les franges d'un tapis. « raidie, torturant les franges de son châle brun » (Loti). « l'écharpe de prière à franges bleues » (Tharaud). Fig. « La mer jetait mollement sa frange argentée au sable fin » (France).
2Frange de cheveux ou frange : cheveux coupés plus ou moins courts, couvrant le front sur toute sa largeur. Avoir, porter la frange. « Son front à demi mangé par une frange noire » (Martin du Gard).
3(1872; par anal.) Opt. Raie lumineuse blanche ou irisée, dont la partie centrale est plus brillante ou plus sombre que les bords. Franges d'interférence : bandes étroites, alternativement brillantes et sombres produites par l'interférence de deux vibrations lumineuses.
4Anat. Franges synoviales : replis graisseux de la membrane interne d'une articulation.
5Fig. Limite imprécise entre deux états, deux notions. marge. Frange de conscience (entre la conscience claire et la conscience obscure). « une frange où se rencontraient le rationalisme du XVIII e siècle et le romantisme du XIX e » (Maurois).
6(v. 1966) Minorité, plus ou moins marginale (d'un groupe humain, d'un mouvement d'opinion). Une frange importante d'étudiants politisés.

frange nom féminin (latin populaire frimbia, du latin classique fimbria) Ornement de passementerie composé d'un galon de tête et d'une jupe de fils travaillés et habillés d'éléments divers. Ce qui rappelle une frange : Une frange de longs cils. Ce qui forme une bordure : Une frange d'écume. Partie marginale de quelque chose, minorité étroite d'un groupe, limite imprécise d'un ensemble : Une frange d'abstentionnistes. Bande de cheveux qui couvre la partie supérieure du front. Chacune des bandes rectilignes, alternativement brillantes et obscures, observables dans une zone de diffraction ou d'interférence lumineuse. ● frange (expressions) nom féminin (latin populaire frimbia, du latin classique fimbria) Frange épiploïque, petit corps graisseux implanté sur le gros intestin. Frange synoviale, repli que présentent certaines membranes synoviales.

frange
n. f.
d1./d Bande d'étoffe à filets retombants qui sert d'ornement. Frange de soie.
|| Fig. Frange d'écume des vagues.
d2./d Cheveux retombant sur le front et coupés en ligne droite. Syn. (Belgique, vieilli; Guad.) capoule, (Mart.) chien, (Belgique, Luxembourg) chienne(s).
d3./d PHYS Franges d'interférence: bandes alternativement brillantes et sombres qui résultent de l'interférence de rayons lumineux provenant de sources distinctes.
d4./d Fig. Ce qui est au bord ou marginal, et, par ext., indistinct, vague. Frange du souvenir.
d5./d Petit groupe marginal. Une frange de séditieux.

⇒FRANGE, subst. fém.
A.— Bordure décorative composée de divers ornements de passementerie suspendus à un galon ou obtenus en effilant l'étoffe qu'ils ornent; p. méton. (au plur.), éléments constituant cette bordure. France d'argent, d'or de soie; franges d'un coussin; châle à franges. Synon. crépine2. Une petite table couverte d'une riche nappe à frange ouvragée (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 390). Des peignoirs à volants, à franges, à dentelles (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 83). Les rideaux baissés sur le grand jour faisaient une frange de pompons à la vie réelle (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 377).
P. ext. Bordure similaire composée de divers petits ornements. Cet habillement (...) est quelquefois bordé d'une frange de petits ornements de cuivre, qui font un bruit semblable à celui des grelots (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 69).
B.— P. anal. Ce qui rappelle une frange par sa disposition. Synon. bordure.
1. [À propos d'un élément du paysage] Des îles oblongues avec une couronne de peupliers et une frange de roseaux (FLAUB., Champs et grèves, 1848, p. 185). C'est en effet le long des fleuves qu'ont afflué les établissements humains. Une frange d'établissements suit fidèlement les cours d'eau (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 190) :
1. ... les coteaux de Sainte-Marthe, des gradins de terres rougeâtres plantées d'oliviers, soutenues par des murs de pierres sèches, et que couronnaient des bois sombres de pins : large amphithéâtre, mangé de soleil, d'un ton de vieille brique cuite, déroulant en haut, sur le ciel, cette frange de verdure noire.
ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 27.
Littér. Frange d'écume. Les franges d'écume que les vagues immenses chassaient à terre (LAMART., Graziella, 1849, p. 172). La mer, grise et froide, avec sa frange d'écume (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Épaves, 1881, p. 1215).
2. [À propos de traits physiques d'une pers.] Sous la frange des cils soyeux (CROS, Coffret santal, 1873, p. 52).
En partic. Frange (de cheveux). Masse de cheveux rabattus sur le front et coupés au niveau des sourcils. Synon. chiens1. Jeunes filles à la frange sagement collée sur le front (MALRAUX, Conquér., 1928, p. 11). Cette frange noire, raide, lustrée, qui lui mangeait le front jusqu'aux sourcils (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 25). Ses cheveux (...) sont rabattus par devant sur le front, où ils forment une frange bien régulière (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p. 70).
3. Spécialement
a) ANAT. Franges synoviales. ,,(...) replis adipeux bien limités, toujours visibles à l'œil nu, qui soulèvent toute une partie de la synoviale, en formant des lames plus ou moins larges qui flottent dans la cavité articulaire (notamment du coude)`` (Méd. Biol. t. 2 1971, p. 251). Tout l'espace laissé libre entre les surfaces articulaires est comblé par des franges synoviales (G. GÉRARD, Anat. hum., 1912, p. 202).
b) OPT. Franges d'interférence. ,,Bandes successivement claires et sombres obtenues à l'aide de deux faisceaux de lumière monochromatique parcourant des distances différentes et se rejoignant`` (Électron. 1963-64) :
2. On se trouve donc dans des conditions très différentes des appareils optiques destinés à l'étude des interférences, où les deux rayons marchent dans le même sens en se coupant sous un angle très aigu. Plus cet angle est aigu, plus les franges d'interférence sont larges et par conséquent faciles à observer.
POINCARÉ, Théorie Maxwell, 1899, p. 69.
C.— P. métaph. ou au fig. Limite floue d'une réalité; état intermédiaire entre deux zones. Je disais qu'il [Baudelaire] fut le premier en France à charger chaque mot isolément du halo et de la frange des significations associées (DU BOS, Journal, 1922, p. 205). Comme les gens qui se tiennent aux franges seulement du pouvoir (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 325) :
3. Il n'y a pas d'intelligence où l'on ne découvre des traces d'instinct, pas d'instinct surtout qui ne soit entouré d'une frange d'intelligence. C'est cette frange d'intelligence qui a été cause de tant de méprises.
BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 137.
En partic. Partie d'un groupe humain, d'une population. Une frange de l'opinion (GILB. 1971). Minorité plus ou moins marginale. Une frange du gauchisme (GILB. 1971).
REM. 1. Frangère, frangeuse, subst. fém. Ouvrière spécialisée dans la confection de franges. Deux jolies petites frangères de la rue des Bourdonnais, déguisées en amazones; (...) deux brodeuses de la rue des Prouvaires, en vielleuses (JOUY, Hermite, t. 2, 1812, p. 66). Nous sommes des frangères... nous ne roulons pas sur l'or (KOCK, Zizine, 1836, p. 122). Rose-Pompon, ex frangeuse de dix-sept ans, avait la plus gentille et la plus drôle de petite mine que l'on pût voir (SUE, Juif errant, 1844-45, p. 66). En partic. Frangeuse-passementière. J'ai entendu que vous étiez frangeuse-passementière (SUE, Myst. Paris, t. 8, 1843, p. 16). 2. Frangette, subst. fém., dimin., rare. Si Benda, au lieu d'avoir la frangette, avait le cheveu hirsute (MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1296).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin XIIe s. (Sermons St Bernard, 139, 15 ds T.-L.). Du lat. pop. frimbia, altération par métathèse du class. fimbria (surtout empl. au plur.) « extrémité, bout; bord de vêtement, franges ». Fréq. abs. littér. :507. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 687, b) 889; XXe s. : a) 508, b) 787.

frange [fʀɑ̃ʒ] n. f.
ÉTYM. V. 1190; lat. pop. frimbia, métathèse du lat. class. fimbria « bord d'un vêtement, frange ».
1 Bande de tissu d'où pendent des fils ou des filets rapportés, et qui sert à border des vêtements, des meubles, etc. Crépine (cit. 1), torsade; ornement, passementerie. || Frange de laine, de soie. || Franges d'un fichu, d'une tenture. || Draperie, rideau, tapis à franges. || Frange d'un cordon. || Frange à pompons. || Franges d'épaulette. || Frange à graines d'épinards. || Guiper des franges : faire des franges torses ou torsades.
1 Nous faisons chercher un tapis de revente, car s'il le faut acheter chez le marchand, il vous coûtera avec la frange d'or et d'argent plus de quatre cents francs.
Mme de Sévigné, 432, 19 août 1675.
2 Elle restait debout, devant ce bureau, raidie, torturant les franges de son châle brun avec ses pauvres vieilles mains gercées de laveuse.
Loti, Pêcheur d'Islande, III, V.
(1830). Ce qui forme une bordure à (qqch.). || La frange argentée (cit. 6) des flots (→ Étincelant, cit. 11).
2 (1845). Ce qui ressemble à une frange. || La frange de ses cils.
3 Elle abaissa ensuite les franges de ses paupières soyeuses (…)
Th. Gautier, Fortunio, II.
(Déb. XXe). || Frange de cheveux ou frange : cheveux coupés plus ou moins courts, couvrant le front sur toute sa largeur.
4 Elle aperçut Louise, fraîche sous la frange bouclée de ses cheveux blancs (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 398.
Par analogie :
5 (…) une affreuse barbe de chèvre, qu'on eût dite postiche, une frange effilochée qui lui pendait au menton.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 129.
3 (1872). Opt. Raie lumineuse blanche ou irisée, dont la partie centrale est plus brillante ou plus sombre que les bords.(1877). || Franges d'interférence : raies alternativement brillantes et sombres obtenues par l'interférence de radiations lumineuses.
Anat. || Franges synoviales : replis graisseux de la membrane interne d'une articulation.
4 Fig. Limite imprécise entre deux états, deux situations, deux notions. Marge.(Abstrait). || Frange de conscience (entre la conscience claire et la conscience obscure).
6 (…) le rôdeur qui, à deux heures du matin marcherait avec des semelles de feutre en utilisant les franges d'ombres.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, VII, p. 49.
7 L'histoire de George Sand est celle d'une femme qui, par sa naissance, se trouva placée sur la frontière de deux classes et, par son éducation, sur une frange où se rencontraient le rationalisme du XVIIIe siècle et le romantisme du XIXe (…)
A. Maurois, Lélia, p. 11.
8 On ne peut aborder les franges du sommeil que par le rêve. Il commence à l'état de veille et nous conduit sur ces étendues inconstantes où le sens de soi s'atténue pour se fondre dans la fluidité de l'assoupissement.
H. Bosco, le Jardin d'Hyacinthe, p. 155.
5 (V. 1966). Partie minoritaire (d'un groupe humain, d'un mouvement d'opinion), caractérisée par des origines, des comportements, etc., considérés comme marginaux. || « L'existence à l'intérieur de l'université d'une frange importante d'étudiants politisés » (J. Sauvageot, 1968).
DÉR. Franger, frangette.
COMP. Effranger, effrangé.
HOM. Formes du v. franger.

Encyclopédie Universelle. 2012.