1. voler [ vɔle ] v. <conjug. : 1>
• 880; lat. volare
I ♦ V. intr.
1 ♦ Se soutenir et se déplacer dans l'air au moyen d'ailes. Animaux capables de voler : oiseaux, insectes, quelques mammifères (chauves-souris). Façons de voler. ⇒ 2. planer, voleter, voltiger. Voler en rasant le sol, à tire-d'aile. — Loc. On entendrait voler une mouche. Fig. Vouloir voler avant d'avoir des ailes : vouloir entreprendre qqch. avant d'en avoir les moyens. — Voler de ses propres ailes. — Fam. Se voler dans les plumes (se battre comme des oiseaux qui s'attaquent). Il lui a volé dans les plumes.
♢ Par anal. (fin XIXe) Se soutenir et se déplacer au-dessus du sol (ballons, et surtout engins plus lourds que l'air). Voler à haute altitude. Voler en rase-mottes. Voler au-dessus d'une ville. ⇒ survoler. — Par ext. Se trouver dans un appareil en vol, spécialt quand on fait partie de l'équipage. Effectuer des vols. Pilote qui a cessé de voler. « C'est mon avion. Et j'étais fier de lui apprendre que je volais » (Saint-Exupéry). — Fig. Ça vole bas.
2 ♦ (1080) Être projeté dans l'air. Flèche, pierre, balle qui vole. — Par métaph. « Les menaces volaient et se croisaient » (Hugo). — Loc. VOLER EN ÉCLATS : éclater de manière que les éclats volent au loin; se briser en menus morceaux. Fig. Le projet de loi a volé en éclats.
♢ S'élever en l'air ou tomber lentement (de manière à rester un temps en suspension). ⇒ 1. flotter . Le vent fait voler les flocons, la poussière. Voler en l'air, au vent, se dit d'étoffes, de vêtements, de voiles légers.
3 ♦ (XIIe) Vieilli Aller très vite (d'une telle vitesse qu'on semble « ne pas toucher terre »). ⇒ courir, se presser. « Son petit cheval volait » (Nerval). — Spécialt S'élancer. « je volais d'un bout du salon à l'autre pour lui ramasser son mouchoir » (Balzac). Voler vers qqn, dans ses bras. Voler au secours de qqn. « Va, cours, vole et nous venge » (P. Corneille). — Mod. Loc. Voler au secours de la victoire : n'agir qu'après avoir la certitude d'un succès acquis par d'autres.
4 ♦ (1226) Se propager rapidement (dans quelques expr.). « Cette promesse vole bientôt de bouche en bouche » (Rivarol). — Loc. prov. Les paroles volent (ou s'envolent), les écrits restent.
5 ♦ (XIVe) Littér. Passer rapidement, s'écouler. Le temps vole. ⇒ fuir.
II ♦ V. tr. (XIIe « chasser en volant ») Vx Poursuivre ou chasser (une proie) en volant. Ils se servent « du tiercelet de faucon [...] pour voler les perdrix, pies, geais » (Buffon).
voler 2. voler [ vɔle ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1540; on disait rober (→ dérober); de 1. voler (II), employé à propos du faucon qui attaque un autre oiseau
I ♦ Voler qqch.
1 ♦ Prendre (ce qui appartient à qqn), contre le gré ou à l'insu de qqn. ⇒ dérober, s'emparer, escamoter, filouter, marauder, piller, prendre, ravir, soustraire, subtiliser; fam. barboter, chaparder, chiper, chouraver, 1. faire, faucher, piquer, rafler, ratiboiser, tirer (cf. Faire main basse sur). Pickpocket qui vole une montre, un portefeuille à un passant. On lui a volé, il s'est fait voler sa voiture. Voler de l'argent, mille francs. Voler des valeurs, des fonds (⇒ détourner; frauder) . PROV. Qui vole un œuf vole un bœuf : la personne qui commet un petit larcin finira par en commettre de grands. — Par ext. Voler et séquestrer un enfant. ⇒ enlever, kidnapper.
♢ Absolt Commettre un vol. ⇒ cambrioler, griveler, marauder. Voler à main armée (⇒fam. braquer) , sur les grands chemins, avec effraction. Le cleptomane ne peut s'empêcher de voler.
2 ♦ S'approprier (ce à quoi on n'a pas droit). « Et par un imposteur me voir voler mon nom » (Molière). Voler un titre, une réputation. ⇒ usurper. Fam. Voler un point, l'obtenir par hasard au jeu, sans l'avoir mérité. — Voler un baiser. ⇒ dérober. — Loc. fam. Il ne l'a pas volé : il l'a bien mérité (cf. C'est bien fait pour lui).
3 ♦ Fig. Donner comme sien (ce qui est emprunté). ⇒ s'attribuer, copier, plagier. Voler une idée, un sujet. — « Gredin ! Tu m'as volé ma phrase ! » (Balzac).
II ♦ Voler qqn.
1 ♦ Dépouiller (qqn) de son bien, de sa propriété. Voler qqn sous la menace. ⇒ cambrioler, délester, dépouiller, détrousser, dévaliser. Par ext. Priver (qqn) de ce qui lui revient, par ruse. ⇒ escroquer, flouer, gruger; fam. arnaquer, entôler, pigeonner, plumer, refaire, rouler. « C'est qu'on me vole, c'est qu'on me pille » (Lesage). « Il passait son temps à vérifier si on le volait » (Aragon) . — Pronom. « Les voleurs finissent toujours par se voler entre eux » (R. Rolland).
2 ♦ Ne pas donner ce que l'on doit ou prendre plus qu'il n'est dû à (qqn). Voler le client. ⇒ écorcher, empiler, estamper, étriller, rouler, tondre. Il nous a volés comme dans un bois, sans que nous puissions nous défendre. Absolt Voler sur le poids. — Spécialt et fam. Ne pas tenir ses promesses. On n'est pas volé, on en a pour son argent : on n'est pas déçu. « se croyant volés d'une bonne moitié de la cérémonie » (Zola). ⇒ frustrer.
● voler verbe intransitif (latin volare) Se soutenir et se mouvoir, se déplacer dans l'air : Les oiseaux volent. Rêver qu'on peut voler. Piloter un avion, faire partie de son équipage ou être à son bord : Nous volons vers Rome. Passer dans l'air, traverser l'espace : Les flèches volaient au-dessus de leur tête. Se déplacer avec une grande vitesse et une grande légèreté : Elle vole vers la porte. Se livrer à la chasse au vol. ● voler (citations) verbe intransitif (latin volare) Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 … Va, cours, vole et nous venge. Le Cid, I, 5, Don Diègue Joachim Du Bellay Liré 1522-Paris 1560 A vous, troupe légère, Qui d'aile passagère Par le monde volez […]. D'un vanneur de blé, aux vents Alekseï Maksimovitch Pechkov, dit Maksim Gorki Nijni Novgorod 1868-Moscou 1936 Celui qui est né pour ramper ne saurait voler. Le Chant du faucon ● voler (expressions) verbe intransitif (latin volare) Voler au secours de quelqu'un, s'y précipiter. Familier. Voler bas, être d'un niveau plutôt lamentable, en parlant de propos, de conversations, etc. ● voler (homonymes) verbe intransitif (latin volare) ● voler (synonymes) verbe intransitif (latin volare) Se soutenir et se mouvoir, se déplacer dans l'air
Synonymes :
- voltiger
Se déplacer avec une grande vitesse et une grande légèreté
Synonymes :
- courir
- filer (familier)
- foncer
- foncer (familier)
- se précipiter
- se ruer
- s'élancer
● voler
verbe transitif
(peut-être de voler)
Prendre, s'approprier quelque chose qui est le bien d'autrui par la ruse ou par la force : On lui a volé son portefeuille.
Commettre un vol, un cambriolage chez quelqu'un : On m'a volé, on m'a tout pris.
S'approprier indûment quelque chose : Voler des idées à un auteur étranger.
Léser sciemment quelqu'un, lui faire perdre de l'argent, lui faire payer trop cher quelque chose : Commerçant qui vole ses clients.
Prendre quelque chose à la dérobée, rapidement, subrepticement ou malgré les obstacles apparents : Voler un baiser à quelqu'un.
● voler
verbe intransitif
Commettre un vol : Il vole dans les grands magasins.
● voler (expressions)
verbe transitif
(peut-être de voler)
Familier. Ne pas l'avoir volé, l'avoir bien mérité.
● voler (homonymes)
verbe transitif
(peut-être de voler)
volé
adjectif
volée
nom féminin
● voler (synonymes)
verbe transitif
(peut-être de voler)
Prendre, s'approprier quelque chose qui est le bien d'autrui par la...
Synonymes :
- barboter (familier)
- chaparder (familier)
- chiper (familier)
- choper (familier)
- dérober
- détourner
- faucher (populaire)
- piquer (familier)
- rafler (familier)
- ravir
Commettre un vol, un cambriolage chez quelqu'un
Synonymes :
- dépouiller
- détrousser
- dévaliser
S'approprier indÛment quelque chose
Synonymes :
- copier
- plagier
- usurper
Léser sciemment quelqu'un, lui faire perdre de l'argent, lui faire...
Synonymes :
- arnaquer
- gruger (littéraire)
Prendre quelque chose à la dérobée, rapidement, subrepticement ou malgré les...
Synonymes :
- dérober
● voler (homonymes)
verbe intransitif
volé
adjectif
volée
nom féminin
voler
v. intr.
d1./d Se mouvoir ou se soutenir en l'air au moyen d'ailes. Oiseau qui vole bas.
d2./d Se déplacer par voie aérienne en parlant d'un aéronef, de son équipage, de ses passagers.
d3./d être lancé ou flotter dans l'air. Les flèches volaient.
d4./d Aller à une grande vitesse. Voler au secours de qqn. "Va, cours, vole et nous venge" (Corneille).
|| Fig. Bruit qui vole de bouche en bouche, qui se propage rapidement.
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voler
v. tr.
d1./d S'approprier (le bien d'autrui) de façon illicite. Voler le porte-monnaie de qqn.
|| Absol. N'avoir jamais volé.
d2./d Prendre indûment (une chose immatérielle). Voler une idée.
d3./d Manquer d'honnêteté à l'égard de (qqn) dans une transaction. Commerçant qui vole ses clients.
I.
⇒VOLER1, verbe
I. — Empl. intrans.
A. — [Le suj. désigne un animal]
1. Se soutenir dans l'air de manière plus ou moins prolongée et s'y mouvoir grâce à des ailes ou à des organes analogues. Le corbeau ne vole que le jour, le hibou ne vole que la nuit, le cygne vole la nuit et le jour (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 434). La chauve-souris a toujours l'air de voler entre quatre murs (RENARD, Journal, 1908, p. 1193).
— [Avec mention des points de départ et d'arrivée] Le perroquet de la comtesse Michaud ne volait pas de clocher en clocher (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 164).
— Empl. impers. Le ciel était gris de nuages il y volait des oies sauvages qui criaient la mort au passage (ARAGON, Rom. inach., 1956, p. 71).
— [Avec un compl. d'obj. interne] La profonde chanson des arbres était chantée par des oiseaux nés d'hier (...). Ils chantaient leur premier chant, ils volaient leur premier vol (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 448).
— [P. méton. du suj.] Je vois vers les gibets voler les becs nocturnes Quêtant un noir lambeau (HUGO, Légende, t. 4, 1877, p. 561).
— Loc. fig. On entendrait une mouche voler.
— FAUCONN. [Le suj. désigne un oiseau de proie] Voler d'amour. ,,Laisser voler les oiseaux en liberté, afin qu'ils soutiennent les chiens`` (BAUDR. Chasses 1834). Voler en coupant. ,,Couper le vent en le traversant`` (LITTRÉ). Voler en pointe. ,,Aller d'un vol rapide, soit en s'élevant, soit en s'abaissant`` (d'apr. BAUDR., Chasses 1834). Voler en rond. Voler en tournant au-dessus de sa proie (d'apr. BAUDR., Chasses 1834). Faire voler en troupe. ,,Jeter plusieurs oiseaux à la fois`` (Ac. Compl. 1842). Voler pour bon. Être bien affaité (d'apr. LITTRÉ).
— [Le suj. désigne un animal mythol. pourvu d'ailes] La fontaine Pirène (...) coulait encore parmi les lauriers-roses où volait, au temps des muses, le cheval Pégase (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 276).
2. Se soutenir quelques instants dans l'air grâce à des organes adaptés qui ne sont pas des ailes. Des poissons volaient à la surface de la mer, et ils passaient au-dessus de la barque (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 580).
— [Le déplacement est instantané et n'implique pas la possession d'organes particuliers] Le rat au bout de la branche, le chat sur le tronc. Ni l'un ni l'autre ne bouge. Coup de fusil. Le rat tombe. Le chat vole, flaire et s'éloigne, un peu étonné tout de même de sa puissance (RENARD, Journal, 1899, p. 541).
— P. anal. [Le procès se déroule dans l'élément liquide] Ce qui ne se communique pas c'est la transparence, les volumes, les surprises du parc où les poissons volent sans crainte autour de nous (COCTEAU, Foyer artistes, 1947, p. 52).
3. Courir à grande vitesse; se déplacer très rapidement. J'ai passé ma colère sur ma chevale, que j'ai blessée. Va, ma Péri, vole! Déferle! Que m'entraîne le fleuve chevalin! (MONTHERL., Encore inst. bonh., 1934, p. 685).
B. — [Le suj. désigne un inanimé]
1. [Le suj. désigne un élément naturel, notamment un végétal] Se soutenir et se déplacer dans l'air, sous l'effet d'un agent extérieur; se déplacer dans l'air d'un endroit à un autre en tirant profit des organes appropriés dont il est pourvu. Leurs semences aigrettées [des herbes] qui volent dans les airs résultent de l'harmonie maternelle (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 87).
— [Sans mouvement réel] Les étoiles volaient dans les branches des arbres Comme un essaim d'oiseaux de feu (HUGO, Contempl., t. 2, 1856, p. 386).
— Au fig. ou p. métaph. La semence du mal et du bien vole partout (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1159).
2. [Le suj. désigne un inanimé, naturel ou fabriqué, mû le plus souvent par un agent extérieur]
a) Être transporté dans l'air d'un point à un autre en se maintenant quelque temps en suspension à cause de sa légèreté, avant de toucher le sol. Synon. voleter, voltiger. Au vent orageux volent les feuilles sèches (LECONTE DE LISLE, Poèmes ant., 1852, p. 270). La neige volait, s'écrasait sur les pèlerines, étoilait les murs (COCTEAU, Enfants, 1929, p. 14).
— Empl. impers. Elle ajouta même: « Il pleut! » (...) C'était vrai, d'ailleurs: il volait des gouttes (H. BAZIN, Qui j'ose aimer, 1956, p. 10).
b) S'agiter sous l'effet du souffle de l'air ou d'un mouvement. Synon. flotter1. Étoffe qui vole au vent. Dans le Couronnement d'épines, le bourreau de gauche ne se démène pas tant qu'il puisse faire voler autour de sa taille les plis de son vêtement (GREEN, Journal, 1931, p. 41).
3. [Le suj. désigne un objet aérien, un engin de locomotion aérienne, un engin spatial] Effectuer un parcours déterminé par la voie des airs, dans l'espace. L'avion volait à 30 degrés soutenu par un seul moteur (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 822).
Rem. Dans la lang. de l'aéronaut., le verbe peut s'employer trans. lorsqu'il est suivi d'un compl. désignant une distance: L'aéroplane Blériot vole 186 mètres (L'Auto, 18 sept. 1907 ds PETIOT 1982).
4. [Le suj. désigne un inanimé naturel ou fabriqué] Être projeté, déplacé dans l'air en y passant avec une grande vitesse, de manière autonome ou en étant lancé par la main de l'homme. Qu'une sentinelle tournât le dos, aussitôt un paquet volait par-dessus les barbelés, qui contenait le peu que nous avions (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 169).
♦ [Le mouvement de l'objet, limité dans l'espace, se fait autour d'un axe] Les cloches de l'abbaye ne volaient plus depuis le départ du noviciat et les cent tintements, qui annonçaient la descente à l'église, se taisaient (HUYSMANS, Oblat, t. 2, 1903, p. 243).
— Rare. [Sans mouvement réel] Tolomé i n'a qu'un étage, entre une base énorme et une corniche qui vole (SUARÈS, Voy. Condottière, t. 3, 1932, p. 193).
— [Le suj. désigne un attribut d'un animé] Quand les janissaires brandissaient leurs cimeterres courbes, un gémissement parcourait le désert (...) je faisais voler les têtes à coups de sabre, je naissais dans un fleuve de sang (SARTRE, Mots, 1964, p. 93). P. métaph. Ulalie rentre à la maison. Le regard de Jaume vole en oblique jusqu'au chignon. Le peigne y est (GIONO, Colline, 1929, p. 125).
— Au fig. Voler en éclats. V. éclat I ex. de De Gaulle. Voler en pièces. V. pièce III B 2 ex. de Erckmann-Chatrian. Voler en l'air, var. Il tirait, les lois volaient en l'air, tu aimeras ton prochain comme toi-même, pan dans cette gueule de con, tu ne tueras point, pan sur le faux jeton d'en face (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 193).
5. [Le suj. désigne une réalité physique] Se déplacer avec une grande rapidité sur le sol, sur l'eau. Il la sollicite, tel que la flamme qui, volant sur le bois sec, le flaire en frémissant (CLAUDEL, Repos 7e jour, 1901, II, p. 826).
— Au fig. [Le suj. désigne un attribut de la pers., un inanimé abstr. produit par l'activité hum.] Ma pensée volait en avant du navire forcené qui trouait cette paroi d'encre (...) et, par un mouvement dont je n'étais pas maître, mes mains nerveuses à chaque instant esquissaient le geste de se porter en avant (GRACQ, Syrtes, 1951, p. -232).
6. [Le suj. désigne une information, un ensemble d'informations fournies sur qqc. ou qqn] Se propager, se communiquer avec rapidité d'un point à un autre. Les nouvelles volent vite; voler de bouche à oreille. À peine Jeanne d'Arc fut-elle partie de Vaucouleurs pour se rendre auprès de Charles VII, que son nom vola de bouche en bouche et rendit courage aux assiégés d'Orléans (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 120).
7. [Le suj. désigne le temps] S'écouler, passer rapidement. Synon. s'enfuir, s'envoler. Je travaille beaucoup et les journées semblent voler (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Gobineau], 1853, p. 204).
C. — [Le suj. désigne une pers., un de ses attributs ou un être spirituel]
1. Se déplacer dans l'air et s'y mouvoir à la manière d'un oiseau:
• Yvette avait des ailes maintenant. Elle volait la nuit, par une belle nuit claire, au-dessus des bois et des fleuves. Elle volait avec délices, ouvrant les ailes, battant des ailes, portée par le vent comme on serait porté par des caresses
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Yvette, 1884, p. 550.
— [Le suj. désigne un être incorporel assimilé à un oiseau] Cette eau bénite, ainsi répandue partout, c'était pour chasser d'abord les mauvais esprits, volant par milliards, invisibles (ZOLA, Rêve, 1888, p. 188).
— P. métaph. ou au fig. [Dans le domaine de la vie intellectuelle, morale ou sociale] Comme le héros a des ailes pour voler au faîte de la grandeur, ainsi le plausible s'accommode à la flagrante nouveauté et à la modernité la plus extrême (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 112).
— [Le suj. désigne une manifestation de l'esprit hum.] Ça vole bas/haut. Cela atteint un niveau bas ou élevé. Si le troisième acte avait valu les deux premiers, Le Pélican volait haut (COLETTE, Jumelle, 1938, p. 74).
♦ Vouloir voler avant d'avoir des ailes, sans avoir d'ailes; voler de ses propres ailes. V. aile III B 2.
2. Effectuer un déplacement dans un aéronef. Voler de nuit, de Paris à Tombouctou.
a) [En tant que pilote ou membre d'équipage] Il pourra suivre, en compagnie d'un aviateur qui ne vole pas en ce moment, les évolutions d'un pilote exécutant des loopings (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 400).
Rem. Dans la lang. de l'aéronaut., le verbe peut s'employer trans.: Farman vole 771 mètres (L'Auto, 27 oct. 1907 ds PETIOT 1982).
b) [En tant que passager] Le 6 août, alors que je volais vers l'Orient, le Président Benès avait solennellement déclaré à Maurice Dejean « qu'il considérait le Comité national français, sous la direction du général De Gaulle, comme le véritable gouvernement de la France » (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 35).
3. Se déplacer sur le sol vers un lieu donné, avec une grande rapidité, à l'aide d'un véhicule ou par ses propres moyens. Synon. courir, s'élancer, s'envoler, foncer1, se précipiter. Voler au combat, au secours de qqn. S'il regarde un horaire qui est un peu haut sur le mur, un gosse vole détacher l'horaire et le maintient à la hauteur de ses yeux (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 453).
— [Sans indication du lieu choisi comme but] Quand je ne puis courir, je vole, quand je ne puis voler, je cours (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 183).
— P. métaph. [Foch] volait d'instinct à l'essentiel; sa pensée se précipitait à peine formée vers l'acte décisif, concevait aussitôt l'événement de première grandeur (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 85).
♦ Voler au secours de la victoire. Voler de victoire en victoire. Voler dans les plumes à/de qqn (pop.). V. plume1 I C 3.
4. Ne pas tenir longtemps ses idées, ses sentiments fixés sur un être déterminé, sur une réalité précise. Parfois il ne pourra jamais aimer la femme, pour n'avoir pas franchi le seuil de la mère à la femme, ou bien il exprimera la même impuissance par une instabilité érotique, en volant de femme en femme, toujours insatisfait (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 98).
5. Disparaître rapidement, tomber vite dans l'oubli sans laisser de traces. La fantaisie de Rabelais imaginant la congélation des paroles dans les airs, n'était pas une chimère, mais une simple anticipation (...). Actuellement, les paroles ne volent plus. Elles sont fixées dans le sillon d'un disque de cire ou à la surface d'un ruban de cellulose (Arts et litt., 1935, p. 88-6).
6. FAUCONN. ,,Aller à la chasse au vol`` (LEP. 1948). Il volait avec des faucons (Ac. 1878).
II. — Empl. trans.,FAUCONN.
A. — [Le suj. désigne un oiseau de proie] Poursuivre un gibier en volant. Cet oiseau vole la pie, le héron, la perdrix (Ac. 1798-1935).
B. — [Le suj. désigne une pers.] Lancer un oiseau de proie pour le faire poursuivre et atteindre un gibier. Le faucon ne tardait pas à descendre en déchirant quelque oiseau, et revenait se poser sur le gantelet, les deux ailes frémissantes. Julien vola de cette manière le héron, le milan, la corneille et le vautour (FLAUB., St Julien l'Hospitalier, 1877, p. 91).
REM. 1. Avoler, verbe intrans., hapax (empr. à l'anc. lang.). Partir en volant de. Synon. s'envoler. La pensée est une étincelle avolée du foyer universel de l'intelligence: elle y revole et se réunit à son élément, l'esprit (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 621). 2. Volable, adj., néol., aéronaut. [En parlant du temps, d'un espace de temps, d'une région] Qui permet le vol des aéronefs dans des conditions de sécurité jugées suffisantes. Une école de pilotage doit bénéficier de 250 jours volables par an (QUILLET 1965). 3. Voler, subst. masc., rare. Synon. de vol1. Le voler des oiseaux frugivores n'est pas seulement destiné à leur faire traverser les airs, mais à les conduire à l'arbre dont ils mangent les fruits (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 89). 4. Voleur, subst. masc., fauconn. Oiseau de chasse considéré du point de vue des qualités de son vol. (Dict. XIXe et XXe s.). Beau voleur (BESCH. 1845). Bon, excellent voleur (Lar. 19e).
Prononc. et Orth.:[], (il) vole []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Fin IXe s. « se soutenir et se déplacer dans l'air au moyen d'ailes » (Eulalie, 25 ds FOERSTER-KOSCHWITZ, col. 52: In-figure de colomb volat a-ciel); ca 1175 inf. subst. (THOMAS DE KENT, Roman de toute chevalerie, éd. B. Foster et I. Short, 5109: lur voleir); ca 1340 (Batard de Bouillon, éd. R. F. Cook, 3243: li oisiaus [...] le voler en laissa); 2. a) ca 1175 fauconn., le suj. désigne un chasseur « pratiquer la chasse au vol » (BENOÎT DE STE-MAURE, Chronique Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 27487: [le duc] Voler les fist [ses fauconniers] e prendre oiseaus); ca 1370 trans. (Chron. normande du XIVe s., éd. A. et E. Molinier, p. 85: il s'esbatoit à vouler des oiseaux); b) ca 1340 inf. subst. « action de chasser en volant » (Batard de Bouillon, 1180: oseillon c'on puist prendre au voler); 1349 le suj. désigne un oiseau « chasser en volant » (GUILLAUME DE MACHAUT, Dit de l'alérion, éd. E. Hoepffner, t. 2, p. 365: pour faire voler); 1393 trans. (Ménagier, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 155: quand il [l'épervier] les avra volez, liez et abatuz [les petits poussins]); 3. 1377 « se soutenir quelques instants dans l'air, en planant » (GUILLAUME DE MACHAUT, Lays, éd. V. Chichmaref, p. 358: les poissons voler verras); 4. a) 1377 expr. (ID., ibid., p. 388: Ne qu'on puet au firmament Sans eles voler); fin XIVe s. (FROISSART, Chron., éd. G. Raynaud, t. 11, p. 132: cel evesque de Norduich, qui quidoit voller anchois que il euist elles); 1568 (G. MEURIER, Rec. de sentences, f° 22 v°: c'est follie de vouloir voler sans ailles); 1606 (NICOT, p. 22b [proverbes à la suite du dict.]: Vouloir voler avant qu'avoir des aisles); 1677 (MIEGE: on ne peut pas voler sans ailes); b) 1694 voler de ses propres ailes (Ac.); c) 1836 expr. (STENDHAL, L. Leuwen, t. 3, p. 223: on eût entendu [...] voler une mouche dans la salle). B. 1. a) Ca 1100 « être projeté en l'air (en parlant d'un objet) » (Roland, éd. J. Bédier, 723: envers le cel en volent les escicles (= les éclisses d'une lance)); ca 1165 (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 9157: cent mile saietes volent); b) ca 1130 expr. (Gormont et Isembard, éd. A. Bayot, 55: la teste en fist voler); ca 1165 (BENOÎT DE STE-MAURE, op. cit., 12403: la teste [...] li fait [...] voler); 1715 faire voler les têtes « exercer une répression sanglante » (FÉNELON, Dialogue des morts, éd. 1819, p. 393); c) ca 1165 expr. (BENOÎT DE STE-MAURE, op. cit., 23915: en volent haut li esclat [de l'épieu]); 1176-81 (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 532: an pieces vola ma lance); 1604 (MONTCHRESTIEN, Hector, éd. L. Petit de Julleville, p. 53: le bois vole en esclats); d) ) 1738 fig. en parlant de paroles, injures, menaces, etc. (PIRON, Métromanie, éd. J. Troubat, 1883, p. 239: l'effroi, les présages fâcheux volent autour de moi); 1832 (DUMAS père, Darlington, I, 5, p. 62: les menaces volent); ) 1853 (JULLIEN, Lang. vicieux corr., s.v. volée: les coups volaient); 1957 (Pt Simonin ill., p. 276: les coups de lattes dans l'oignon qui volaient bas); ) 1969 voler bas fig. (J. L. CURTIS, Le Roseau pensant, p. 22 ds ROB. 1985, s.v. bas: la facétie volait bas); 2. 1155 fig. « se propager » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 4561: Renumee ki par tut vole); 1269-78 (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 16515: Mes parole une foiz volee Ne peut puis estre rapelee); 3. a) 1178 « se déplacer en l'air au lieu de tomber, rester quelque temps en suspension (en parlant de choses légères) » (Renart, éd. M. Roques, branche II, 3674: amont en volent li flocon); b) 1839 (M. DE GUÉRIN, Poèmes, p. 11: la semence qui vole); 4. a) ca 1283 « être transporté en l'air » (PHILIPPE DE BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, t. 1, p. 424: les denrees ne volerent pas de lieu en autre); b) 1306 « se déplacer avec une grande vitesse (bateau, véhicule, etc.) » (JOINVILLE, Vie de St Louis, éd. N. L. Corbett,159: il sembloit que la galie volast); 5. a) 1384-89 fig. « s'écouler très vite (en parlant du temps) » (Hist. de Griseldis, trad. de Phil. de Mézières, éd. E. Golenistcheff-Koutouzoff, p. 158: les jours passent en volant sans jamais retourner); b) 1690 la parole vole, mais l'écriture demeure (FUR.); 6. 1400 « s'agiter au souffle de l'air » (CHRISTINE DE PISAN, Mutacion de fortune, éd. S. Solente, t. 3, p. 145: les banieres volent au vent); 7. 1784 aéron. « suivre un parcours en l'air » (J. pol. de Bruxelles, n° 2, p. 80, 10 janv. ds ZASTROW, p. 469: ce ballon [...] voleroit au dessus des mers). C. 1. 1155 « se soutenir et se déplacer dans l'air à la façon d'un oiseau (en parlant d'êtres humains) » (WACE, op. cit., 1650: Eles fist si s'apareilla Voler vout e voler quida); 2. a) 1170-83 « être précipité avec une grande rapidité » (ID., Rou, éd. A. J. Holden, III, 5220: Mult en veïssiez desroter E trebuchier e fors voler); b) 1552 fig. (RONSARD, Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 4, p. 63: je volle apres l'espoyr); c) ) 1584 expr. voler au secours de qqn (ID., ibid., t. 18, p. 53: Volez en troupe à mon secours); 1922 expr. voler au secours de la victoire, v. victoire; ) 1946 voler dans les plumes à qqn (PRÉVERT, Paroles, p. 269); 3. ca 1210 « être inconstant, volage » (HERBERT DE DAMMARTIN, Foulque de Candie, éd. O. Schultz-Gora, 1898: li vostre cuers vole); 1555 (RONSARD, op. cit., t. 8, p. 70: Çà et là voleroient les espritz des humains); 1684 (LA FONTAINE, Épîtres, Discours à Mme de La Sablière ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. 9, p. 186: je suis chose légère, et vole à tout sujet); 4. a) 1655 aéron. (CYRANO DE BERGERAC, Estats et Empires du soleil, éd. F. Lachèvre, p. 136: cet ingénieur polonais qui s'en sert maintenant à voler); 1686 (FONTENELLE, Entretiens sur la pluralité des mondes, 2e soir, p. 106: l'art de voler ne fait encore que de naistre); 1783 (JOLY DE SAINT-VALIER, Lettre à Mme la Princesse de , p. 6 ds ZASTROW, p. 470: dans deux ans d'ici on pourra voler); 1863 (G. DE LA LANDELLE, Aviation, p. 7, ibid., p. 380: voler dans les airs); b) 1916 spéc. « se trouver comme passager dans un appareil volant » (BARRÈS, Cahiers, t. 11, p. 182); c) 1928 « effectuer des vols (comme pilote ou membre d'équipage) » (SAINT-EXUP., Courr. Sud, p. 55: voler de nuit). Du lat. volare « voler »; au fig. « aller rapidement (en parlant de chars, de traits, de lettres, du temps, des paroles, de la renommée, etc.) ».
DÉR. 1. Volateur, subst. masc. a) Zool. Oiseau doué d'une grande force physique pour effectuer ses déplacements dans l'air. Parfois, quelque grand oiseau, albatros ou frégate, passait à portée de fusil, et Gédéon Spilett se demandait si ce n'était pas à l'un de ces puissants volateurs qu'il avait confié sa dernière chronique adressée au New-York Herald (VERNE, Île myst., 1874, p. 339). En appos. avec valeur d'adj. Le plumage de l'autruche adulte ressemble au duvet que l'on voit aux poussins des oiseaux volateurs (CUÉNOT, J. ROSTAND, Introd. génét., 1936, p. 67). b) Aéronaut. Appareil de locomotion aérienne effectuant ses vols à l'aide d'un moteur. (Ds LEDIEU, CADIAT, Nouv. matér. nav., t. 2, 1890, p. 437). Anton. planeur. — []. — 1res attest. a) 1784 « aérostier, aviateur » (L. G. GÉRARD, Essai sur l'art du vol aérien, p. 51 ds ZASTROW 1963, p. 386: le volateur est assis au milieu de son vaisseau); 1850 (DUPUIS-DELCOURT, Nouv. manuel complet d'aérostation, p. 21, ibid., p. 387: de volateur il [Blanchard] se fit aéronaute); b) 1864 adj. appareil volateur « appareil volant » (LA LANDELLE, Rapport de 1864, p. 23 ds GUILB. Aviat., p. 706 b); 1865 subst. « appareil volant » (SAVENEY ds R. des Deux Mondes, 15 sept., p. 321, ibid., p. 422 a [ici, sens incertain]); 1880 (DE LOUVRIÉ ds L'Aéronaute, mars, p. 56, ibid., p. 706 a: des volateurs artificiels); c) 1865 « oiseau, animal volant » (NADAR, Le Droit au vol, p. 15 ds ZASTROW, p. 385); 1865 ([DE LUCY ds] La Presse sc. t. 2, p. 581 ds LITTRÉ: ces échassiers [les grues d'Australie] sont d'excellents volateurs); 1865 adj. (NADAR, op. cit., p. 24 ds GUILB. Aviat., p. 706 b: les animaux volateurs); de voler1, suff. -(at)eur2. 2. Volier, subst. masc. Ensemble d'oiseaux d'eau en vol. Il s'arrêta pour regarder des oies sauvages qui migraient. Le volier avait la forme d'un long ruban naviguant très bas (...), onduleux et tout d'une pièce comme un tapis volant des Mille et Une Nuits (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 901). — []. — 1res attest. 1773 (BOUGAINVILLE, Voyage autour du monde, t. 1, p. 100), attest. isolée, à nouv. 1934 (MONTHERL., loc. cit.); mot région. (Normandie, Sologne, Canada: 1887 MOISY, Dict. du pat. norm., 1892 A. THIBAULT, Gloss. du pays blaisois, 1932 HUBERT-FILLAY et RUITTON-DAGET, Gloss. du pays de Sologne, FEW, t. 14, p. 602 a), de voler1, suff. -ier, cf. m. fr. volier « volaille, volatile » (1re moit. XVe s. JEAN DE STAVELOT, Chron., éd. A. Borgnet, p. 155: ne volier, ne venison), « treille » (1454, A. LECOY DE LA MARCHE, Comptes du roi René, p. 85 ds GDF.: tonnelles ou volliers), « volière » (1478, DOUËT D'ARCQ, Comptes de l'Hôtel des rois de France, p. 356: un volier de fil de fer).
BBG. — HILTY (G.). L'État actuel de la sém. dans le domaine rom. Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 14. 1974.15.20 avr. Naples; Amsterdam, 1978, t. 1, pp. 119-121; Sém. et form. des mots. Colloque sur la Néologie et la Form. des mots. Actes... Neuchâtel, 1983, p. 86. — QUEM. DDL t. 27, 36.
II.
⇒VOLER2, verbe trans.
I. — [Le procès a pour but de s'approprier une chose, un être animé]
A. — S'emparer frauduleusement et quel que soit le procédé utilisé, de ce qui appartient à autrui, avec l'intention de le faire sien. Synon. dérober, prendre, soustraire, subtiliser; fam., pop. barboter, carotter, faucher, piquer; anton. rendre. Voler de l'argent, une lettre, une montre; voler du pain, des poules. Zidore, dans la boutique, volait des outils ou des hardes qu'il allait revendre (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 50).
— Empl. abs. Voler avec effraction, à l'étalage, à main armée. Celui qui a faim? Il souffre, vole ou tue, mais il ne fait pas de phrases (RENARD, Journal, 1897, p. 387). V. larcin ex. de Faral.
♦ Voler à l'abecquage.
— Au passif impers. Celui qui a perdu ou auquel il a été volé une chose, peut la revendiquer pendant trois ans, à compter du jour de la perte ou du vol, contre celui dans les mains duquel il la trouve (Code civil, 1804, art. 2279, p. 416).
— Voler un enfant. Enlever un enfant et le tenir caché dans un endroit secret, souvent en vue d'obtenir une rançon. Synon. kidnapper, ravir. Le Père Sagoma (...) volait les enfants, leur jetant un capuchon sur la figure et les ligotant comme saucisson, les fourrant dans son bissac, sous sa robe (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 154).
— Empl. pronom.
♦ Empl. pronom. à sens passif. N'as-tu pas reçu une lettre de moi te demandant des renseignements sur la solvabilité (...) d'un M. Guerrier (...)? Dis-le moi afin que je sache si les lettres se perdent ou se volent (LAMART., Corresp., 1831, p. 122).
♦ Empl. pronom. réfl. indir. Se voler à elle-même cet objet, qu'elle choisira précieux, le fourrer dans ma cachette et, aussitôt, porter plainte (...) Tel est son plan (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 259).
♦ Empl. pronom. réciproque. Ils se volent leurs femmes, se pillent leurs troupeaux, ou s'injurient (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 563).
— [La chose dérobée présente un aspect intellectuel; le sujet désigne un inanimé] Synon. emporter, enlever. J'essayais d'écouter la conversation entre Philippe et Solange et (...) le rythme du train m'en volait la moitié (MAUROIS, Climats, 1928, p. 200).
— P. exagér. [La chose que l'on veut faire sienne fait partie intégrante de la pers. concernée] Le médecin:— Encore un peu, je croirais que vous voulez me voler votre dernière maladie et mourir d'une autre main que de la mienne (BALZAC, Double fam., 1830, p. 298).
— Proverbes. Bien volé ne profite pas, ne profite jamais. ,,On le dissipe, ou bien il est repris`` (Ac. 1798-1878). Qui vole un œuf, vole un bœuf.
B. — S'emparer, le plus souvent sans droit, de ce qui peut être considéré comme appartenant à autrui, à une autre réalité, à une autre activité d'ordre moral, social ou culturel. Synon. prendre, usurper. Voler la vedette à qqn. Un Chamery-Chameroy (...) épouser cette fille perdue! Elle a dû être bien heureuse de trouver un homme qui lui donne enfin le nom qu'elle avait volé (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 4, 1859, p. 96). Pas question non plus que cette besogne accessoire vole du temps à mon travail proprement dit (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p. 17).
— Empl. pronom. à sens passif. Rien ne se vole plus aisément que la (une bonne) renommée (BOISTE 1834; ds Lar. 19e-20e).
— [La chose dont on s'empare fait partie intégrante de la pers. concernée] Synon. s'approprier. Un être a le pouvoir (...) d'endormir, par la force de sa volonté, un autre être, et, pendant qu'il dort, de lui voler sa pensée comme on volerait une bourse. Il lui vole sa pensée, c'est-à-dire son âme, l'âme, ce sanctuaire, ce secret du moi (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Fou, 1884, p. 972). J'aurais plus franchement mis ces hommes, à qui on allait voler leur vie, devant la vérité (...). C'était en mars 1915, dans un fond de vallée boueux (GUÉHENNO, Journal homme 40 ans, 1934, p. 190).
— Dans le domaine des relations soc., amoureuses. Voler la femme de son ami. On ne nous laissait rien ignorer (...) du shah de Perse, de passage à Paris où il vendait la Perse à l'Angleterre, qui voulait en échange sous le nom de M. Téhéran, voler la plus belle danseuse de l'Opéra à M. Sanchez y Tolédo (GIRAUDOUX, Suzanne, 1921, p. 15). V. priver B 1 ex. de Lenormand:
• Les pères ordinaires, c'est gagner de l'argent, ou l'importance, ou la belote, qui les vole à leurs enfants. Moi, c'est mon œuvre qui m'a volé à l'amour et à l'éducation de mon enfant, qui m'a fait trahir mon enfant.
MONTHERL., Lépreuses, 1939, p. 1458.
— Empl. pronom. réciproque. Il fallait voir le succès du Tarasconnais dans les salons. On se l'arrachait, on se le disputait, on se l'empruntait, on se le volait (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 37).
— SPORTS. Voler le départ. Dans une course cycliste, hippique ou à pied, prendre le départ avant que le signal n'en soit donné, pour gagner de l'espace à l'arrivée. (Ds PETIOT 1982). Absol. Un troisième faux départ, — et toujours à cause de lui! Pasquet le fait venir. Je sais ce qu'il lui dit: que, s'il vole une fois encore, il sera déclassé (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 314).
— HIPP. [En bonne part] Voler une course. La gagner par surprise, en employant des moyens légaux (d'apr. PEARSON 1872).
— [Le procès, loin d'entraîner une réprobation, est conforme à l'ordre moral] Voler aux désirs leur énergie en leur enlevant leur orientation dans le temps. Nos désirs sont (...) limités par l'énergie dont ils procèdent. C'est pourquoi, avec le secours de la grâce, on peut les dominer et, en les usant, les détruire (S. WEIL, Pesanteur, 1943, p. 122).
C. — Prendre à l'improviste, sans que la personne concernée donne son consentement à l'action effectuée. Voler des baisers. Par une dérision sacrilège, la bouche immonde pressa la sienne et lui vola son souffle (...). — Tu as reçu le baiser d'un ami, dit tranquillement le maquignon (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 174).
D. — S'approprier des idées, des types d'expression rencontrées dans l'œuvre d'un autre écrivain, d'un autre artiste et les présenter comme sien(ne)s. La soirée se termine par un éreintement terrible de Coppée, éreintement de ses côtés bourgeois et peu originaux, fait (...) avec (...) les paroles cruelles de Rodenbach, lui reprochant d'avoir volé sa poésie à tout le monde, son théâtre à Dennery, ses chroniques à Joseph Prudhomme, sa voix à Banville, son écriture à Leconte de Lisle (GONCOURT, Journal, 1896, p. 970).
— Empl. abs. Si quelquefois poète vole, Bien plus souvent il est volé! C'est le même Pierre Véron qui appelait Pline le Jeune: Monsieur de Sévigné (Civilis. écr., 1939, p. 42-13).
E. — Obtenir fortuitement une chose que l'on n'a pas méritée, attribuer à une chose une caractéristique qui n'est pas justifiée. Voler l'amitié, l'estime de qqn; ne pas voler son argent. Un homme, qui a un petit ruban vert ou violet, me tire un grand coup de chapeau (...). Je devrais boiter ou porter un bras en écharpe. Ça devient gênant. Ils croient que j'ai sauvé la France; il me semble que j'ai volé ma croix (RENARD, Journal, 1902, p. 792). Quand il aura l'une de ces dernières en main [une Blennie] il sera parfaitement convaincu que le nom de « Bavarelle » que lui donnent les Provençaux n'est vraiment pas volé (J.-M. PÉRÈS, Vie océan, 1966, p. 135).
— Au fig., fam. Ne pas l'avoir volé. Avoir pleinement mérité le désagrément qui survient, la sanction infligée ou, au contraire, la récompense reçue. On conçoit que Voltaire soit immortel; il ne l'a certes pas volé! (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 10, 1866, p. 403). Je commence à croire que nous n'avons pas volé le châtiment que le Sauveur nous inflige (HUYSMANS, Oblat, t. 2, 1903, p. 210).
II. — [Le procès a pour but de priver qqn ou qqc. de qqc.]
A. — Déposséder une personne, un animal, une réalité de ce qui lui appartient, en faisant usage de la ruse le plus souvent. Synon. dépouiller, détrousser, escroquer. V. vol2 A 2 ex. de Balzac.
— Voler qqc. sur qqc. Prélever malhonnêtement sur un ensemble. Par l'enquête, les états-majors étaient forcés de rendre des deux et trois cent mille livres volées sur la soupe et les légumes des pauvres soldats (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 292). V. fourgat rem. s.v. fourgue ex. de Vidocq.
— Voler qqn de qqc. [Le procès mérite ou ne mérite pas la réprobation] Était-ce chrétien de sauver un homme de la mer, pour le voler de ses vêtements et l'abandonner sur une grève? (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 27).
— Empl. pronom. réfl. Il commet un vol de quarante mille francs au préjudice de la maison Furet, et, aussitôt, il dénonce au juge d'instruction M. Furet comme s'étant volé lui-même (G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 57).
— Empl. pronom. réciproque. [Les matelots] se querellaient, se battaient, se volaient et s'entre-tuaient avec frénésie (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 130).
— Fam. Se faire voler comme dans un bois, au coin d'un bois. Se faire totalement dépouiller de ce qu'on possède. Ma mère vient de découvrir que son jardinier la vole comme dans un bois. Nous seuls n'avons pas de légumes dans le village, parce que le village vit un peu à nos dépens (FLAUB., Corresp., 1853, p. 265).
— [Le compl. désigne un lieu où sont déposés de l'argent, des richesses] Emporter les biens d'autrui qui s'y trouvent, en faisant parfois ou au besoin usage de violence. Synon. cambrioler, dévaliser, piller. Si le Général n'avait pas été là, électrisant les troupes, ce n'est pas le trésor qu'on aurait volé, mais la banque même! (GHELDERODE, Pantagleize, 1934, III, 9, p. 124).
— Fam., au passif ou au part. passé. [En constr. affirm. ou nég.] (Ne pas) être déçu par rapport aux promesses que l'on a reçues, aux résultats que l'on a escomptés. « Monsieur, me dit-elle, je suis prête à faire ce que vous ordonnerez. Je me tuerai si vous le désirez » (...). Et je m'aperçus bientôt que je n'étais pas volé. Voilà cinq ans que je suis marié. Je ne le regrette nullement encore (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Ma femme, 1882, p. 673).
B. — [Dans une transaction comm.] Léser sciemment une personne dans ses intérêts pécuniaires, en prenant sur elle un bénéfice excessif ou en ne lui donnant pas tout ce qui lui est dû. Synon. escroquer, gruger, tondre (pop., fam.). Cette idée d'avoir de la marchandise à perte fouettait en elles l'âpreté de la femme, dont la jouissance d'acheteuse est doublée, quand elle croit voler le marchand (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 465).
— Absol. Jacques Lamberdesc était le fils d'un petit boutiquier de Bordeaux qui avait volé sur le poids des bonbons pendant toute sa vie pour envoyer son unique rejeton au lycée, puis à Paris étudier la médecine (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 35).
C. — Déposséder un écrivain du fruit de son activité intellectuelle en s'appropriant ses idées, ses créations, en en revendiquant la paternité. Synon. copier, plagier. Le docte et ingénieux auteur se garda bien de me reprocher d'avoir volé Byron; il étoit trop fort pour cela sur le synchronisme des livres (...) mais, après avoir fait justice de cette polémique (...) il me déclara voleur, en sa qualité de jury-critique. Il n'y avoit que le nom du volé de changé (NODIER, J. Sbogar, 1818, p. 83).
REM. Volant, part. prés. en empl. adj., hapax. [Les voleurs] marchent aussi avec leur siècle (...) Le monde volant n'a pas d'académie, que je sache, cependant il a, comme le monde littéraire, ses classiques et ses romantiques (VIDOCQ, Mém., t. 4, 1828-29, p. 9).
Prononc. et Orth.:[], (il) vole []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Voler qqn 1. 1539 « déposséder une personne de ce qui lui appartient » (EST.: Voler aucung, Peculatum facere, Expilare aliquem); 1732 part. passé adj. et subst. (LESAGE, Hist. de Guzman d'Alfarache, éd. 1825, t. 2, p. 119: ils furent les volés, et non pas les voleurs; p. 133: les personnes volées); 2. 1637 « abuser, tromper, frustrer » (PEIRESC, Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t. 7, p. 194: d'avoir esté depuis volée, sur le point de la maladie extreme de son mary); 1818 (CAPELLE, Contes ds LARCHEY, Excentr. lang., 1862: je suis volé!); 3. 1654 « causer sciemment un dommage (dans une transaction commerciale) » (CYRANO DE BERGERAC, Pédant joué, p. 176: si je vole, c'est en financier); 1690 (FUR.: Vendre à faux poids et à fausse mesure, c'est voler. Les Hosteliers de Hollande [...] volent tous les étrangers); 4. 1669 « déposséder quelqu'un du fruit de son travail intellectuel » (LA MOTHE LE VAYER, Lettre, 139 ds Œuvres, t. 12, p. 261: voler ceux [les auteurs] de son siecle en s'appropriant leurs pensées et leurs productions). B. Voler qqc. 1. a) ) 1549 « s'emparer du bien d'autrui » (EST.: voler le bien d'ung homme, Involare in rem alienam); 1610 absol. (BÉROALDE DE VERVILLE, Le Moyen de parvenir, Paris, Garnier, 1879, p. 185: celuy qui vole, c'est pour s'accommoder); 1656 (PASCAL, Provinciales, 12e lettre ds Œuvres compl., éd. L. Lafuma, p. 425b); 1830 objets volés (FOURIER, Nouv. monde industr., p. 10); ) 1830 expr. n'avoir pas volé qqc. « mériter quelque chose » (BRAZIER et CARMOUCHE, Oh! qu' nenni, 22 [Riga] ds QUEM. DDL t. 38: il ne l'a pas volé!); 1876 qui vole un œuf vole un bœuf (Lar. 19e); b) ) 1785 enfant volé (BEAUMARCHAIS, Le Mariage de Figaro, III, 16, éd. M. Allem, p. 329); 1832 (HUGO, N.-D. Paris, p. 245: elle me volerait mon enfant!); ) 1834 voler qqn à qqn (KOCK, Pucelle, p. 113: il semblait qu'on allait le lui voler [son cousin]); 1883 (MAUPASS., Une Vie, p. 218: cette maîtresse qui lui volait son fils); 2. 1580 « s'approprier une chose à laquelle on n'a pas droit » (GARNIER, Antigone, 313, éd. W. Foerster, t. 3, p. 16: Polynice se plaint que son frere luy vole Son droit); 3. 1625 « donner comme sien ce qui est emprunté (idées, livre, etc.) » (Th. DE VIAU, Œuvres poét., 3e part., éd. J. Streicher, p. 112: un flatteur [...] Qui vous a volé tant d'escrits Qui sont deus à vostre merite); 4. 1720 « prendre à l'improviste (un baiser, une faveur, etc.) » (HAMILTON, Hist. de Fleur d'Épine ds Le Cabinet des Fées, t. 20, 1786, p. 244: de surprendre ou de voler des faveurs); 1741 (FAVART, La Chercheuse d'esprit, p. 42: si ma bouche vole un baiser sur ton menton); 5. a) 1902 sports voler le départ « partir avant le signal » (L'Auto-Vélo, 26 mai ds PETIOT 1982: départs volés [lors d'une course à pied]); b) 1964 jeux voler un point (ROB.). De voler1, dans son empl. comme terme de fauconn. (cf. voleur). Voler a supplanté rober « dérober par force », usuel jusqu'au XVIe s. et embler « dérober par ruse », usuel jusqu'au XVIIe s.
STAT. — Voler1 et 2. Fréq. abs. littér.:4 008. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 6 602, b) 6 557; XXe s.: a) 6 057, b) 4 254.
DÉR. Volable, adj., rare. Qui peut être volé. a) [Corresp. à supra I A] Des effets volables (Ac. 1798-1878). b) [Corresp. à supra II A] C'est un homme riche (...) volé depuis qu'il est au monde, volable s'il en fut (SAND, Valentine, 1832, p. 76). — []. Att. ds Ac. dep. 1762. — 1res attest. a) 1668 « à qui l'on peut dérober quelque chose » (MOLIÈRE, Avare, I, 3: estes-vous un Homme volable), b) 1686 « que l'on peut voler » (Second factum pour Messire A. Furetière contre quelques-uns de l'Academie Françoise, Amsterdam, H. Desbordes, p. 76: [dans le dictionnaire de l'Académie] des mots nouveaux [...] qui n'ont rien de volable); de voler2, suff. -able.
BBG. — BÄCKER 1975, p. 307. — BALDINGER (K.). Zum Wortschatz des Anne d'Urfé. Z. rom. Philol. 1978, t. 94, p. 360. — BENVENISTE (E.). Probl. de ling. gén. Paris, 1966, t. 1, pp. 290-291. — GRAD (A.). Encore une rem. sur le verbe voler: dérober. Linguistica. 1965, t. 7, pp. 77-83. — HILTY (G.). Der distinktive und der referentielle Charakter semantischer Komponenten. Zur Semantik des Frz. Wiesbaden, 1983, pp. 30-39. — KOCH (P.). Verb, Valenz, Verfügung... Heidelberg, 1981, p. 184, 192, 196, 247, 279, 305, 335, 349, 362, 364. — QUEM. DDL t. 38. — SPENCE (N.C.W.). A Note on French voler: « to steal ». R. Ling. rom. 1965, t. 29, pp. 289-294.
1. voler [vɔle] v.
ÉTYM. 880; du lat. volare.
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I V. intr.
1 (Animaux). Se soutenir et se déplacer dans l'air au moyen d'ailes (ou d'organes analogues). → Étourneau, cit. 1; guêpe, cit. 3; hanneton, cit. 2; pinson, cit. || Animaux capables de voler : oiseaux (cit. 3, 5 et 14), insectes, quelques mammifères (→ Chauve-souris, cit. 2). || Oiseau qui vole, commence à voler. ⇒ Envoler (s'). || Façons de voler. ⇒ 2. Planer (cit. 3), voleter, voltiger. || Voler haut (⇒ Élever [s'], monter), à tire-d'aile, en rond (⇒ Tournoyer). || Voler bas (rare au sens propre), en rasant le sol. || Les hirondelles volent bas, il va y avoir de l'orage. — ☑ Fig. (plus cour.). Ça vole bas (→ Bas, cit. 62.2). || Les anges y volaient sans doute obscurément (→ Moment, cit. 23).
♦ ☑ Loc. On entendrait les mouches (cit. 10) voler.
♦ Jouer à pigeon-vole. ⇒ Pigeon (cit. 5).
♦ ☑ Loc. fig. (Fin XVIIe). Personnes. Vouloir voler avant d'avoir des ailes : vouloir entreprendre qqch. avant d'en avoir les moyens (par compar. avec les oisillons).
♦ ☑ Voler de ses propres ailes : avoir une certaine indépendance d'action. ⇒ Émanciper (s'). — ☑ Vx. Voler des mêmes ailes : se comporter de la même façon.
1 On ne vole point des mêmes ailes pour sa fortune que l'on fait pour des choses frivoles et de fantaisie.
La Bruyère, les Caractères, IV, 59.
♦ ☑ Loc. fam. Se voler dans les plumes (comme des oiseaux qui se battent). || Voler dans les plumes à qqn. || Il lui a volé dans les plumes.
2 (…) une quantité inhabituelle de colombes venues en congrès pour se voler dans les plumes (…)
Jacques Perret, Bâtons dans les roues, IV.
♦ ☑ Par métaphore et fig. (Choses abstraites). La pensée vole et les mots (cit. 24) vont à pied (→ aussi Prosateur, cit. 2). ☑ Les paroles volent (lat. verba volent), les écrits restent. — Fig. et vieilli. (Personnes). S'élever (par la pensée, le langage poétique, le style). ⇒ Essor.
3 Qui ne vole au sommet tombe au plus bas degré (…)
Boileau, Satires, IX.
2 (Fin XIXe). a Se soutenir et se déplacer au-dessus du sol (ballons, ou, plus souvent, engins plus lourds que l'air : avions, hélicoptères, etc.). → Hauteur, cit. 9; rafale, cit. 6. || Voler haut, à haute altitude, bas, en rase-mottes, au-dessus d'une ville, de l'océan (⇒ Survoler).
b Se trouver dans un appareil en vol, spécialt, quand on le dirige ou qu'on fait partie de l'équipage (⇒ 1. Volant, 2.). — Effectuer des vols. || Pilote qui a cessé de voler. || Elle s'est inscrite à l'aéroclub, elle vole tous les dimanches.
c Se soutenir quelques instants dans l'air, en planant. || Poisson, écureuil qui vole (grâce à ses nageoires, à une membrane). ⇒ 1. Volant. — Par anal. (Choses). || Semences (cit. 3) pourvues d'ailes, qui volent.
3 (1080, Chanson de Roland). Être projeté dans l'air. || Flèche, pierre, balle qui vole (→ Rebondir, cit. 1). || Faire voler qqch. (en l'air). ⇒ Jeter, lancer (→ Délicatesse, cit. 22). || Faire voler l'épée de son adversaire, la lui faire sauter des mains. — Spécialt. || Faire voler les têtes. ⇒ Abattre, couper; décapiter (→ Prodigieux, cit.).
4 Qui précipita le feu ? Qui poussa la garde soldée ? Qui la détourna des glacis d'où volaient les pierres, pour la faire tirer sur l'autel inoffensif, sur la pétition antiroyaliste ?
Michelet, Hist. de la Révolution franç., V, IX.
♦ Par métaphore. || Les menaces volaient et se croisaient (→ Intempérance, cit. 2).
♦ ☑ Loc. (1643). Voler en éclats (cit. 1 et 3) : éclater (I., 1.) de manière que les éclats volent au loin. ⇒ Fracasser (se), sauter. || La vitre vola en éclats.
4 (Choses). S'élever en l'air ou tomber lentement (de manière à rester pendant un temps en suspension). ⇒ Flotter. || Flocons de neige (→ Légèreté, cit. 1), poussière (cit. 9), sable (1. Sable, cit. 2) qui vole. || Les brins d'herbe (cit. 15) volaient. || Le vent fait voler les flocons, la poussière (⇒ Soulever). — Voler en l'air, voler au vent, se dit d'étoffes, de vêtements, de voiles légers (→ Fanfreluche, cit. 1). || Mousseline, rideaux qui volent au vent.
5 (XIIe). Vieilli. Aller très vite (à une vitesse telle qu'on semble « ne pas toucher terre »). ⇒ Courir, presser (se). || Son petit cheval volait (→ 1. Frayer, cit. 2). || Il ne courait pas, il volait véritablement. — Spécialt. S'élancer (cit. 4; → Étage, cit. 4; pirouetter, cit. 1). || Voler d'un bout du salon à l'autre (→ Merci, cit. 13). || Voler vers qqn (⇒ Convoler, étym.; → Néréide, cit.), à ses pieds (cit. 33), dans ses bras. — Fig. || « Mon cœur pour le chercher volait loin devant moi » (→ Parcourir, cit. 6). || « Va, cours, vole et nous venge » (→ Ranger, cit. 10). || Voler au secours de qqn (→ Pot, cit. 13).
5 Coûtât-il tout le sang qu'Hélène a fait répandre;
Dussé-je après dix ans voir mon palais en cendre,
Je ne balance point, je vole à son secours (…)
Racine, Andromaque, I, 4.
5.1 Il était loin, l'ingrat, de démêler la cause des pleurs que je versais journellement; mais il lui était impossible pourtant de ne pas se douter du désir que j'avais de voler au devant de tout ce qui pouvait lui plaire, il ne se pouvait pas qu'il n'entrevît mes prévenances (…)
Sade, Justine…, t. I, p. 75.
6 (…) je vais, je viens (…) je vole, en dansant de gaieté improvisée et de jeunesse inachevée, d'une chambre à l'autre.
Valéry, Monsieur Teste, p. 47.
♦ ☑ Loc., mod. Voler au secours de la victoire. ⇒ Victoire.
6 (1226). Se propager rapidement, se répandre, être divulgué (dans quelques expressions). || Nouvelle qui vole de bouche en bouche (→ Mousqueterie, cit.), de bouche à oreille.
7 (Dans l'ordre moral). Vx. Être changeant et léger. || « Je suis chose légère, et vole à tout sujet » (→ Fleur, cit. 11). ⇒ Volage, voltiger.
8 (XIVe). En parlant du temps. Passer rapidement, s'écouler. || Le temps vole. ⇒ Fuir. || Les heures volaient.
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II V. tr. (XIIe, « chasser en volant »). Poursuivre ou chasser (une proie) en volant. || Le faucon (cit. 1) vole les perdrix, les pies, les geais. ⇒ 2. Voler (étym.).
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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DÉR. 1. Vol, 1., 2. volant, volateur, vole, volée, 2. voler, 1. volerie, volet, voleter, volette, volier, volière, volige, volis.
HOM. Volée, 2. voler.
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2. voler [vɔle] v. tr.
ÉTYM. 1540, Estienne; on disait rober (→ Dérober); embler, du lat. involare (→ Emblée); de 1. voler (II.), à partir de loc. comme voler la perdrix « l'attraper au vol », dont l'origine n'est plus comprise; l'évolution de sens s'est p.-ê. faite par une métaphore argotique. → Voleur.
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I Voler qqch.
1 Prendre ce qui appartient à autrui, contre son gré ou à son insu. ⇒ Approprier (s'), butiner (vx), dérober, disparaître (faire), emparer (s'), escamoter, filouter, friponner (vx), marauder, piller, prendre, ravir, soustraire, subtiliser; fam. barboter, calotter, carotter, chaparder, chauffer (vx), 2. chiper, choper, chouraver (argot), faire (supra cit. 20), faucher (I., B.), grappiller, gratter, piquer (I., A., 8.), rafler, ratiboiser, refaire, repasser (II., B., 2.); main (faire main basse sur…). → Larcin, cit. 1; méfait, cit. || Pickpocket qui vole une montre, un portefeuille à un passant. ⇒ Soulager (de…), subtiliser. || Se faire voler ses vêtements, sa voiture. || Ils ont volé dix millions sous la menace. → Hold-up. || Voler de l'argent, une somme de…, cent mille francs (→ Esclandre, cit. 2). || Voler les deniers de l'État. || Voler des valeurs, des fonds (⇒ Détourner, III.), la caisse (→ Manger la grenouille). || Voler un manuscrit (→ Restituer, cit. 2). || Maraudeur qui vole une poule. ⇒ Emmener, emporter. — ☑ Prov. Qui vole un œuf vole un bœuf. — Par ext. || Voler un enfant. ⇒ Enlever, kidnapper.
1 Philippe était en prison de la veille au soir, on l'accusait d'avoir volé douze mille francs à la caisse de son régiment. Depuis trois mois, il détournait de petites sommes, espérant les remettre, dissimulant le déficit par de fausses pièces (…)
Zola, Nana, XIII.
2 (…) je devais tenir cette terreur de ma mère qui m'avait contaminé avec sa tradition : « On vole un œuf… Et puis un bœuf, et puis on finit par assassiner sa mère ».
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 162.
3 Ne me volez pas mon sac, il n'y a rien dedans. D'ailleurs, je vous le donne.
J. Anouilh, le Bal des voleurs, 3e tableau.
♦ Absolt. Commettre un vol. ⇒ Brigander (vx), cambrioler, griveler, marauder (→ Guerre, cit. 8). || Voler à main armée, sur les grands chemins (cit. 14), avec effraction. || Voler dans les grands magasins. || Impulsion morbide à voler. ⇒ Cleptomanie.
4 Du faible au fort, ce serait voler; du fort au faible, c'est seulement s'approprier le bien d'autrui.
Rousseau, les Confessions, VIII.
2 (1647, Corneille). S'approprier (ce à quoi on n'a pas droit). || Et par un imposteur (cit. 5) me voir voler mon nom. || Voler un titre, une réputation. ⇒ Usurper. — Fam. (au jeu). || Voler un point, l'obtenir par hasard, sans l'avoir mérité. — Voler un baiser. ⇒ Dérober. || Tu m'as volé ma phrase (→ Hilarité, cit. 3). — Se réserver (un moment). || « Je volais un moment à mes douleurs… » (Voltaire, in Littré).
5 (…) il volait à un autre son existence, sa vie, sa paix, sa place au soleil !
Hugo, les Misérables, I, VII, III.
6 (…) une stricte justice devrait (le) contraindre à pensionner les gens de talent dont il vole le salaire (…)
Léon Bloy, le Désespéré, p. 13.
♦ ☑ Loc. fam. (1835). Il ne l'a pas volé : il l'a bien mérité, c'est bien fait pour lui.
3 Fig. Donner comme sien (ce qui est emprunté). ⇒ Attribuer (s'), copier, plagier. || Voler une idée, un sujet, une phrase à qqn (→ Braconner sur les terres d'autrui).
7 (…) prendre une figure, un mot, une phrase (d'un maître), une page, est voler comme si on volait un mouchoir dans une poche (…)
Th. Gautier, les Grotesques, Cyrano de Bergerac.
4 (1902, in Petiot). Sports. Prendre (le départ) avant le signal (dans une course); prendre (du temps) sur ses concurrents de manière illicite.
7.1 Toujours trois sur cinq essaient de voler le départ : un dixième de seconde volé ici, cela gagne presque un mètre à l'arrivée — et il suffit d'une poitrine de moins (…)
Jean Prévost, Plaisirs des sports, p. 106.
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II Voler qqn.
1 Dépouiller (qqn) de son bien, de sa propriété, par force ou par ruse. ⇒ Arnaquer (fam.), cambrioler, carotter, délester, dépouiller, détrousser, dévaliser, empaumer (vieilli), escroquer, estamper, flibuster, flouer, gruger, piller, rouler; → Fréquenter, cit. 8; prendre, cit. 27. || On me vole, on me pille (cit. 6). || Elle se prétendait (cit. 28) volée. || Un trésorier qui ne me vole point (→ Net, cit. 5). || Se faire voler par des cambrioleurs. — Pron. récipr. || « Les voleurs finissent toujours par se voler entre eux » (R. Rolland, Vie de Tolstoï, p. 216).
8 — (…) On dit que si un voleur vole l'autre, le diable s'en rit.
Diderot, le Neveu de Rameau.
9 Il passait son temps à vérifier si on le volait. Il laissait pour cela aux endroits les plus divers, en vue, ou comme cachés négligemment sous des feuilles de papier, sous un gant, un journal, un franc, dix sous, enfin quelque monnaie. Son rêve était de surprendre Gertrude, sa femme de charge, en flagrant délit de larcin.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, V.
♦ (Compl. n. de chose). || Les cambrioleurs ont volé la banque.
REM. À la différence du sens I., cet emploi de voler concerne moins souvent le vol par violence, le vol qualifié, que le détournement d'argent ou le vol domestique.
2 Par anal. Ne pas donner ce que l'on doit ou prendre plus qu'il n'est dû (à qqn). || Voler le client. ⇒ Exploiter, tromper (sur la qualité, le poids); et, fam., arranger, écorcher, empiler, entôler, étriller, tondre. — ☑ Loc. Il nous a volés comme dans un bois. — Absolt. || Voler sur le poids (cit. 8) des bonbons. — Spécialt et fam. Ne pas tenir ses promesses. ☑ On n'est pas volé, on en a pour son argent : on n'est pas déçu. — Se croyant volés de la moitié de la cérémonie (→ Mariage, cit. 5). ⇒ Frustrer.
10 (…) le voleur vole et ne trompe pas; le marchand vole et trompe.
Nerval, Contes et facéties, « la main enchantée », III.
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volé, ée p. p. adj.
1 Qui a été pris, dérobé à autrui, acquis par le vol. || Argent volé. || Objets volés. || Voiture volée. || La Lettre volée, récit d'E. Poe. — Par métaphore :
11 Et, comme refrain, c'était toujours l'éloge discret, secret, de l'amour brusque et caché, de la sensation volée comme un fruit, en passant, et oubliée aussitôt qu'éprouvée.
Maupassant, Un échec, Pl., t. II, p. 501.
2 (Personnes). Qui a été dépouillé par un vol. — N. || Le voleur et le volé (→ Justice, cit. 20; ordonnance, cit. 11).
12 Une tête de volé c'est hideux. Des têtes de volés qui l'encadrent donnent au voleur une arrogante solitude.
Jean Genet, Journal du voleur, p. 49.
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CONTR. Donner, laisser.
DÉR. 2. Vol, volable, volereau, 2. volerie, voleur.
HOM. Volée, 1. voler.
Encyclopédie Universelle. 2012.