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flotter

1. flotter [ flɔte ] v. <conjug. : 1>
floter 1080; o. i.; infl. de flotte, du rad. frq. °flod ( flot), et du lat. fluctuare
I V. intr.
1Être porté sur un liquide. surnager. Flotter sur l'eau, à la surface de l'eau, au gré des eaux. Faire flotter une bouée, un radeau. Épave qui flotte à la dérive. « La blanche Ophélia flotte comme un grand lys » (Rimbaud).
2Être en suspension dans les airs. 1. voler, voltiger. Vapeur, brume qui flotte au-dessus des prés. Impers. « Il flottait encore dans l'air un reste d'encens » (Green).
3Bouger, remuer au gré du vent ou de quelque autre impulsion variable. ondoyer, onduler. Les drapeaux flottent aux fenêtres. « Leurs beaux cheveux pendaient sur leurs épaules et flottaient au gré du vent » (Fénelon). Laisser flotter les rênes d'un cheval.
Spécialt Être libre, non ajusté. Vêtements amples qui flottent autour du corps. Par méton. (Personnes) Flotter dans son pantalon, sa robe. nager. « rien ne lui va, tout est trop grand pour elle, et c'est beau, elle flotte, trop mince » (Duras).
4(1669) Être instable, errer. Un sourire flottait sur ses lèvres. (Abstrait) Laisser flotter ses pensées, son attention, renoncer à les diriger, à les contrôler. « Je laissais au hasard flotter ma rêverie » (Musset).
(Personnes) Vx Hésiter. « Elle flotte, elle hésite; en un mot, elle est femme » (Racine).
5(1971) Fluctuer selon l'offre et la demande, en parlant d'une monnaie. Laisser flotter le franc.
II V. tr. Flotter du bois, le lâcher dans un cours d'eau pour qu'il soit transporté. ⇒Région. draver. P. p. adj. Bois flotté, venu par flottage. ⊗ CONTR. Couler, enfoncer (s'), sombrer. Fixer (se). Décider (se) . flotter 2. flotter [ flɔte ] v. impers. <conjug. : 1>
• 1886; de 3. flotte, à moins que flotte n'en soit le déverbal; dans ce cas, o. i.
Fam. Pleuvoir abondamment. Il a flotté toute la journée.

flotter verbe intransitif (de flot) Rester à la surface d'un liquide, ne pas couler : Bouchon qui flotte sur l'eau. Être porté, bouger, remuer, au gré du vent : Drapeau qui flotte au vent. Être en suspension dans l'air en parlant de particules ; être répandu dans l'air, en parlant d'une odeur : Un parfum léger flottait dans la pièce. Errer, aller sans contrôle, sans but précis : Laisser flotter son imagination. Être imprécis, sans contours nets : Un sourire flottait sur ses lèvres. Être indécis, irrésolu, être porté çà et là au gré des circonstances. Avoir beaucoup ou trop d'ampleur en parlant d'un vêtement : Depuis qu'elle a maigri, sa jupe flotte. En parlant d'une monnaie, être soumise à un flottement. ● flotter (citations) verbe intransitif (de flot) Virgile, en latin Publius Vergilius Maro Andes, aujourd'hui Pietole, près de Mantoue, 70 avant J.-C.-Brindes 19 avant J.-C. De rares naufragés flottent sur le vaste abîme. Apparent rari nantes in gurgite vasto. L'Énéide, I, 118flotter (expressions) verbe intransitif (de flot) Flotter dans l'air, être vaguement en question, en parlant d'une nouvelle. Flotter dans un vêtement, porter un vêtement trop grand ou trop large pour soi. ● flotter (synonymes) verbe intransitif (de flot) Rester à la surface d'un liquide, ne pas couler
Synonymes :
- nager
- surnager
Contraires :
- couler
- sombrer
Être porté, bouger, remuer, au gré du vent
Synonymes :
- onduler
- voler
- voltiger
flotter verbe transitif Procéder au flottage du bois. Soumettre un matériau à la flottation. ● flotter verbe impersonnel (peut-être argot faire flotter, noyer) Familier. Pleuvoir.

flotter
v. impers. Fam. Pleuvoir.
————————
flotter
v.
rI./r v. intr.
d1./d être porté par un liquide. Des épaves flottaient encore à la surface. Ant. couler, sombrer.
d2./d Onduler, voltiger en ondoyant. Des drapeaux flottaient au vent.
d3./d Fig. être hésitant, irrésolu, incertain.
rII./r v. tr. Flotter du bois, assurer son transport par flottage.

I.
⇒FLOTTER1, verbe intrans.
A.— [En parlant d'un solide, d'un être vivant ou mort] Être porté par un liquide, s'y maintenir en surface ou en suspension sans s'y enfoncer.
1. [Sur l'eau courante ou non] Port où flottent les barques; épave qui flotte au gré des courants; ligne dont le bouchon flotte. On voyait flotter les débris du naufrage (Ac. 1798-1932). Faire flotter des bois [pour les transporter] (cf. BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 220). Ce qui est mou, léger, rond, n'enfonce pas, et les nids d'alcyon flottent gracieusement sur la mer qui ne s'en soucie (BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1836, p. 14). Lorsqu'un cadavre flotte à peu de distance d'un rivage plat, il est bien rare que le flot ne l'y rejette pas tôt ou tard (VERNE, Île myst., 1874, p. 63) :
1. ... je n'ai eu que le temps de sauter à l'eau — il n'y avait que moi qui savais nager! — avec la marmite et ces autres objets utiles. Mon pauvre sergent a flotté un petit peu, pas longtemps, de quoi me dire adieu avec la main.
CLAUDEL, Soulier, 1929, 2e journée, 10, p. 747.
Arg., vx. Faire flotter qqn. Le noyer (cf. SUE, Myst. Paris, Paris, Gosselin, t. 3, 1842, p. 26).
SYNT. Flotter comme une algue, comme un bouchon, à la dérive, au gré des flots, entre deux eaux.
2. [Sur un autre liquide] Particules de graisse flottant sur du bouillon. Sauce gluante où flottent les aliments solides (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 25). P. anal. :
2. Les yeux bleus d'Eugénie, les yeux bruns d'Angélique avaient une expression de naïve insouciance (...) bien rendue par la manière vague dont flottaient leurs prunelles sur le blanc fluide de l'œil ...
BALZAC, Fille Ève, 1839, p. 80.
B.— P. anal.
1. [Le suj. désigne un corps léger, nuage, vapeur en suspension dans l'air] Être porté çà et là, aller au gré des vents dans un mouvement ondoyant. Un nuage, une odeur, une ombre flotte; flotter dans l'air, dans le ciel, au gré des vents. Une brume légère et plus ou moins dorée flotte à l'extrémité des flots, et sépare le ciel et l'eau (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 283). Cet air frais et vif qui flotte sur les fontaines (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1834, p. 141). Le moucheron qui danse et flotte en l'air (MICHELET, Oiseau, 1856, p. 151). V. aussi asphodèle ex. 2.
P. métaph. et au fig. [Le suj. désigne une pers.] Éprouver un sentiment de légèreté comme si on flottait dans l'air; avoir une présence diffuse. Flotter entre deux vins (cf. CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 293). Il n'est rien de Juliette à Vérone et de Myrrha dans Chypre, mais Ophélie flotte sur Elseneur (BARRÈS, Cahiers, t. 2, 1901-02, p. 269). V. aussi SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 155.
2. [Le suj. désigne un objet de matière souple fixé à une de ses extrémités] Se déployer avec un mouvement d'ondulation, généralement par le fait du vent; retomber librement, avec souplesse ou en ondulant au gré des mouvements. Un drapeau, une lessive flotte au vent; faire flotter son écharpe. Par-dessus ses cheveux noirs tombe et flotte (...) un voile de dentelles moins noires que ses cheveux (LAMART., Confid., 1849, p. 29). Sa barbe, longue et blanche, flotte jusque sur son ventre (DU CAMP, Nil, 1854, p. 57). Une dentelle épaisse de toiles d'araignées qui pendaient et flottaient, remuées par l'air (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Père Amable, 1886, p. 226). V. abreuvoir ex. 5, bain ex. 6 :
3. La plupart [des dactylos, des cousettes] portaient les cheveux longs flottant sur les épaules, comme le voulait la mode, mais faute d'aller assez souvent chez le coiffeur, paraissaient coiffées à la hâte, sans soin.
VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 198.
MAR. Un pavillon flotte quand il est hissé et déployé (SOÉ-DUP. 1906).
[Avec l'idée de relâchement] Laisser flotter les rênes de son coursier (Ac. 1932).
[Le suj. désigne des vêtements amples] Les pans de sa chemise flottaient sur ses cuisses, qui étaient grasses, blanches et duvetées de blond (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 470).
P. méton. [Le suj. désigne la pers. qui les porte] Porter des vêtements trop larges. Flotter dans son costume, sa robe :
4. Il a vu à peine le flot des draps et des linges soulevés, tirés au pied du lit, d'un seul coup, et elle est déjà devant lui, à sa hauteur, effroyable. Son corps maigre flotte dans la chemise et à travers la batiste apparaît sur sa poitrine et jusqu'à ses flancs la répugnante morsure des ventouses.
BERNANOS, Mme Dargent, 1922, p. 13.
3. [Le suj. désigne une ligne, les contours d'un objet] Subir un léger mouvement d'ondulation qui déforme l'image. Les cimes flottaient encore dans la lumière rosée; elles ondulaient gravement, avec un bruit de houle (ROLLAND, J.-Chr., Matin, 1904, p. 153).
ART MILIT. [Le suj. désigne la ligne de bataille, la colonne en marche] La ligne de bataille flotte et serpente comme un fil, (...) les fronts des armées ondoient (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 382).
C.— P. ext. et au fig. Ne pas être fixe, permanent dans un état, changer tour à tour d'idée ou d'opinion; hésiter entre plusieurs partis.
1. [Le suj. désigne les expressions du visage] Avoir une manifestation fugitive. Un sourire flotte aux lèvres, sur les lèvres. Sur ses traits reposés, flottait toujours la même expression de recueillement et de mystère, comme si elle voulait garder pour elle le grand secret de la tombe (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 281) :
5. Alexis ne bougeait pas; son regard, après avoir flotté sans but, s'était arrêté, comme attaché de force, sur une pente du pré où reposaient deux traînées de neige en forme de fuseau ...
LACRETELLE, Hts ponts, t. 3, 1935, p. 160.
2. Flotter entre l'état de sommeil et l'état de veille, entre l'espérance et la crainte, au gré des opinions humaines :
6. Je flotte entre plusieurs idées, dont aucune ne prédomine et n'absorbe mon attention. Je ne me sens plus de penchant déterminé, ni de disposition marquée pour quelque sujet d'étude fixe. Ma volonté est errante et incertaine.
MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p. 210.
3. [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Un esprit qui flotte au hasard; mes idées flottaient dans une incertitude pénible (Ac. 1835-1932). La morale flotte incertaine entre mille systèmes (FIÉVÉE, Dot Suzette, 1798, p. 9). La science humaine marche donc sans guide, sans système et flotte au hasard, sans s'être tracé de route (BALZAC, L. Lambert, 1832, p. 128).
[Avec l'idée de liberté, de fantaisie] Laisser flotter son imagination, son attention, ses pensées (Pt ROB.).
FIN. [Le suj. désigne une monnaie] Varier librement sur le marché des changes sans référence à des parités fixes. Après la déclaration d'inconvertibilité du dollar (août 1971) plusieurs gouvernements décidèrent de laisser provisoirement flotter leurs monnaies (Fin. 1976, s.v. flottement des monnaies).
REM. Flotiller, verbe fréquentatif de flotter. Une vapeur insaisissable et rose dans laquelle flotille l'âme toute oppressée et toute confuse (FLAUB., Smarh, 1839, p. 96).
Prononc. et Orth. :[], (il) flotte []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 floter « être porté sur un liquide » (Roland, éd. J. Bédier, 2472); 2. ca 1200 « bouger, remuer au gré du vent » (Bueve de Hanstone, éd. A. Stimming, I, 3908). D'un rad. frq. flot-, cf. le m. néerl. vloten « couler à flots, naviguer » (VERDAM). Bbg. BRÜCH (J.). Arch. St. n. Spr. 1915, t. 133, p. 354. — ROBINSON (A.H.). Les Désignations de la « marche dans l'espace » dans trois quotidiens parisiens. Fr. mod. 1974, t. 42, p. 157.
II.
⇒FLOTTER2, verbe trans.
A.— TECHNOL. (flottage). Flotter du bois. L'acheminer par voie d'eau en le faisant flotter en radeau, par train, à bûches perdues. Sa plus haute pente [de la Seine], là où l'on flotte le bois (GIRAUDOUX, Bella, 1926, p. 43).
B.— MAR. Flotter un câble. Le soutenir à la surface de l'eau au moyen de bouées (cf. LITTRÉ, DG).
Rem. Flotter2 est ressenti comme emploi trans. à valeur factitive de flotter1 ds DG et ROB., et fait également l'objet d'un article partic. ds Lar. Lang. fr. Ac. ignore cet emploi.
Prononc. et Orth. :[], (il) flotte []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. [Attesté indirectement au XVe s. par son dér. flotteur, v. aussi flotte4]; 1611 bois flotté (COTGR.); 1701 floter trans. « lâcher (du bois) dans une rivière pour qu'il soit transporté » (Nouv. maison rustique, t. 1, p. 341); 2. 1690 intrans. « descendre une rivière (en parlant du bois) » (FUR.). Dér. de flotte « radeau », v. flotte4.
III.
⇒FLOTTER3, verbe intrans.
Mod., arg. et fam. [À la forme impers.] Pleuvoir. Quand il flottait, il devait avoir les nougats (= pieds) humides (LE BRETON, Razzia, 1954, p. 169) :
— Tiens, y a plus de soleil!
C'est vrai. Un nuage s'étend et l'a caché.
— I' va même flotter, mes petits gars, dit Lamuse.
BARBUSSE, Feu, 1916, p. 181.
Prononc. :[], (il) flotte []. Étymol. et Hist. 1886 (d'apr. ESN.). Mot d'orig. incertaine; se rattacherait d'apr. FEW t. 15, 2, p. 149b, à flotter « couler » (ca 1180ds T.-L.); pourrait venir de l'arg. faire flotter « noyer » (1842 ds ESN.), issu de flotter1 (par l'intermédiaire de flotter « nager », 1836, ibid.).
STAT. — Flotter1, 2 et 3. Fréq. abs. littér. :2 743. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 657, b) 4 382; XXe s. : a) 4 127, b) 3 709.

1. flotter [flɔte] v.
ÉTYM. 1080, floter, Chanson de Roland; du rad. francique flot- (→ Flot) avec infl. probable du lat. fluctuare. → Fluctuer.
———
I V. intr.
1 Être porté sur un liquide (notamment sur l'eau). Surnager. || Corps qui flotte à la surface de l'eau. || Particules graisseuses qui flottent sur un bouillon. Nager. || Faire flotter des bateaux de papier, une bouée, un radeau. || L'arche de Noé flotta sur les eaux quarante jours (→ Déluge, cit. 2). || Épave, bouchon qui flotte à la dérive, à l'aventure.
1 Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys (…)
Rimbaud, Poésies, VI.
2 C'est le premier bain de mer qui tranche la dernière entrave… Flotter, désormais, entre cette méduse et ce trigle-hirondelle, voir passer sur le fond de sable blanc mon ombre nageante (…)
Colette, Belles Saisons, p. 17.
Faire flotter du bois pour le transporter. Flotter (II.).
2 Par anal. Être en suspension dans l'air. Voler, voltiger. || Les poussières qui flottent dans une pièce. || Le parfum qui flotte autour d'elle (→ Arôme, cit. 4). || Fumée qui flotte à la bouche d'un canon (→ Bombarde, cit. 1). || Vapeur, brouillard (cit. 4), brume qui flotte au-dessus des prés.Bruit flottant dans l'air calme (cit. 1.1) du soir. || Une ombre, un fantôme flotte autour de nous.
3 Dès le retour à Paris l'ombre de François flotta de nouveau, imprécise et toujours présente, autour de notre vie.
A. Maurois, Climats, I, XVIII.
4 Une fine fumée flotte encore, mêlée à de la poussière en suspens.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XX, p. 239.
5 Il flottait encore dans l'air un reste d'encens dont elle huma l'odeur une ou deux fois avec un plaisir mélancolique (…)
J. Green, Léviathan, I, IX.
3 (V. 1200). a Bouger, remuer au gré du vent ou d'une autre impulsion. Ondoyer, onduler; 1. flottant. || Fil d'araignée qui flotte dans les airs (→ Argenté, cit. 4). || Faire flotter un panache, un drapeau. Agiter, brandiller (vx). || Pavillon, drapeau, étendard qui flotte (→ Armoirie, cit. 3; crête, cit. 3). || Ses cheveux flottent sur ses épaules (→ Annoncer, cit. 14; dont, cit. 18). || Les basques de sa jaquette flottent derrière lui (→ Alpaga, cit. 1). || Laisser flotter les rênes d'un cheval.
6 Leurs beaux cheveux pendaient sur les épaules et flottaient au gré du vent.
Fénelon, Télémaque, IV.
7 Surtout qu'il commençait à se lever un petit vent de rivière et que flottaient dans le cadre des fenêtres les rideaux tuyautés comme autant de petits drapeaux de fraîche gaieté.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 365.
b Être libre, non ajusté (étoffes, vêtements), lâche; ne pas être retenu, serré. || Vêtements vagues qui flottent autour du corps. || Laisser flotter les pans d'une écharpe.Spécialt. Être trop grand (vêtements). || Pantalon qui flotte ( 2. Flottant).Par métonymie. (Sujet n. de personne). || Elle flotte dans sa robe.
8 Leurs personnes délicates sont perdues dans ces vêtements larges, qui flottent comme autour de petites marionnettes sans corps, et qui glisseraient d'eux-mêmes jusqu'à terre (…)
Loti, Mme Chrysanthème, XLIX.
Laisser, faire flotter des rênes.
9 Sa main sur ses chevaux laissait flotter les rênes.
Racine, Phèdre, V, 6.
4 (1669). Être porté de côté et d'autre, être instable. || Les rangs de la colonne flottent, ne sont pas alignés. || Elle laissait flotter ses mains sur le clavecin (cit. 1). Errer. || Regard qui flotte, reste dans le vague, ne se fixe pas. || Reflet qui flotte dans un regard (→ Céleste, cit. 12). || Un léger sourire flottait sur ses lèvres.
Fig. (avec une nuance de fantaisie, de liberté). || Laisser flotter ses pensées, son attention, renoncer à les diriger, à les contrôler. Vaguer.(Sujet n. de personne). || Flotter d'une pensée à une autre, d'une expérience à une autre, aller de l'une à l'autre sans s'y arrêter sérieusement.
10 Je flottai quelque temps d'idée en idée et de projet en projet.
Rousseau, les Confessions, IX.
11 Nos chevaux, au soleil, foulaient l'herbe fleurie;
Et moi, silencieux, courant à ton côté,
Je laissais au hasard flotter ma rêverie (…)
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Sonnet à Alf. T. ».
11.1 (…) cet homme élégamment coiffé d'un chapeau haute forme brillant et qui ne regardait nulle part en laissant sur sa tête très dégagée et inclinée à droite ou à gauche, flotter un regard paisible et comme sans pensée, comme la petite fumée qui s'élève des villages dans le bleu, par les temps ensoleillés (…)
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 635.
12 Son attention précise et autrefois assez sévère flottait à présent entraînée vers de fabuleuses, interminables digressions.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 392.
13 (…) mon esprit détendu s'est laissé flotter au hasard.
Gide, Journal, 10 mai 1906.
Techn. Manquer de tenue de route. || Cette voiture flotte un peu.
5 Vx ou littér. Hésiter, être indécis. || Flotter entre une chose et une autre : ne pouvoir arrêter son choix, ne pouvoir se fixer. Balancer (cit. 28); → Atermoyer, cit. 1. || Il flotte entre ses penchants et ses devoirs (→ Contradiction, cit. 4), entre la sagesse et l'égarement (cit. 3).REM. Les emplois absolus sont archaïques (→ ci-dessous, cit. 14).
14 Elle flotte, elle hésite; en un mot, elle est femme.
Racine, Athalie, III, 3.
15 (…) ce cœur à la fois si fier et si tendre, ce caractère efféminé, mais pourtant indomptable, qui, flottant toujours entre la faiblesse et le courage, entre la mollesse et la vertu, m'a jusqu'au bout mis en contradiction avec moi-même, et a fait que l'abstinence et la jouissance, le plaisir et la sagesse, m'ont également échappé.
Rousseau, les Confessions, I.
16 Il passa plusieurs années ainsi partagé entre deux maîtresses; flottant sans cesse de l'une à l'autre; souvent voulant renoncer à toutes deux et n'en pouvant quitter aucune; repoussé par cent raisons, rappelé par mille sentiments, et chaque jour plus serré dans ses liens par ses vains efforts pour les rompre.
Rousseau, Amours de Mylord E. Bomston.
17 Je me suis épris d'une beauté en pourpoint et en bottes, d'une fière Bradamante qui dédaigne les habits de son sexe et qui vous laisse par moments flotter dans les plus inquiétantes perplexités (…)
Th. Gauthier, Mlle de Maupin, XI, p. 316.
6 Se mouvoir sans pouvoir se fixer. || Idées qui flottent entre deux tendances, d'un sujet à l'autre.
18 Lorsque l'âme flotte incertaine entre la vie et le rêve, entre le désordre de l'esprit et le retour de la froide réflexion (…)
Nerval, Aurélia, II, 1.
Par métaphore du sens 1. :
19 Mon opinion est hésitante de plus en plus et flotte au gré des courants.
Gide, Journal, 21 févr. 1943.
7 (1971). Fluctuer, en parlant d'une monnaie flottante.
20 Je me suis opposé à ceux qui suggéraient de sortir du système monétaire européen et de laisser « flotter » le Franc.
J. Delors, in le Nouvel Obs., no 885, 20 oct. 1981, p. 47.
8 Sports. Perdre le contrôle de ses gestes (boxeur), du jeu (jeux de ballon).
tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
———
II V. tr. (1690; au p. p., 1611). Techn. || Flotter du bois, le lâcher dans un cours d'eau pour qu'il soit transporté. 1. Flotté; 2. drave (Canada). || Flotter un câble, une torpille, les maintenir sur l'eau au moyen de bouées. 2. Flotte.
CONTR. Couler, enfoncer (s'), sombrer. — Fixer (se). — Décider (se).
DÉR. Flottable, flottage, flottaison, 1. flottant, 2. flottant, 2. flotte, 1. flotté, 2. flotté, 3. flotté, flottement, flotteron, 1. flotteur, 2. flotteur.
HOM. 1. Flotté, 2. flotté, 3. flotté, 2. flotter.
————————
2. flotter [flɔte] v. impers.
ÉTYM. 1886; de 3. flotte, à moins que ce dernier n'en soit le déverbal; dans ce cas, l'origine est incertaine (p.-ê. de 1. flotter, trans., au sens argotique de « noyer »).
Fam. Pleuvoir. || Il a flotté toute la journée.
HOM. 1. Flotté, 2. flotté, 3. flotté, 1. flotter.

Encyclopédie Universelle. 2012.