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attribuer

attribuer [ atribɥe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1313; lat. attribuere, de ad et tribuere, d'ab. « répartir entre les tribus »
1Allouer (qqch. à qqn) dans un partage, une répartition. Attribuer une part à un héritier. adjuger, allouer, assigner, départir, lotir. Attribuer à chacun son dû.
Accorder (un avantage) à qqn, attacher (une prérogative) à un emploi, une fonction. De nombreux avantages lui ont été attribués. octroyer. Attribuer une dignité à qqn. conférer, décerner. De grands privilèges sont attribués à cette fonction. adjoindre, attacher, joindre, rattacher. Attribuer un crédit à une dépense. 2. affecter, imputer.
2Considérer comme propre (à qqn ou qqch.). prêter, reconnaître, supposer. Michèle « lui attribuait des arrière-pensées malveillantes » (F. Mauriac). Attribuer à un mot un sens qu'il n'a pas. donner.
3Rapporter (qqch.) à un auteur, à une cause; mettre sur le compte de. À quoi attribuez-vous cette fièvre persistante ? Attribuer une invention à qqn. Attribuer à qqn un accident, une faute, une responsabilité. accuser, imputer; rejeter. « On souffre trop d'attribuer tout son échec à sa propre faute » (Barrès). Spécialt Attribuer une œuvre à..., la considérer comme provenant de (un écrivain, un artiste) et non comme un faux. Dessin attribué à Picasso.
4 ♦ S'ATTRIBUER QQCH. : attribuer à soi, se donner en partage (une chose matérielle ou morale). ⇒ s'adjuger, se donner, revendiquer. Il s'attribue la meilleure part. S'attribuer un titre auquel on n'a pas droit. s'approprier, s'arroger, usurper. S'attribuer tout le mérite de qqch. « Cette manie qu'eurent les nationalistes de s'attribuer le monopole du patriotisme » (Martin du Gard).
⊗ CONTR. Ôter, refuser, reprendre, retirer. Décliner, rejeter, renoncer.

attribuer verbe transitif (latin attribuere, donner) Donner en partage quelque chose à quelqu'un : Attribuer un rôle à un acteur. Accorder une qualité, un avantage à quelqu'un, à quelque chose, considérer qu'il en est doté : Attribuer des avantages imaginaires à une fonction sociale. Considérer quelqu'un comme l'auteur de quelque chose ; imputer : Il faut lui attribuer le mérite de cette découverte. Considérer que quelque chose est à l'origine de quelque chose : Le médecin attribue cette maladie à un virus. Une fièvre qu'il faut attribuer à un refroidissement.attribuer (difficultés) verbe transitif (latin attribuere, donner) Orthographe Avec deux t. Emploi Noter les nuances d'emploi : on attribue une récompense, un rôle, des crédits, des qualités, des défauts (= on accorde, on donne, on impute), mais on décerne un prix (= on accorde avec une certaine solennité), on confère un grade (= on l'accorde en vertu de l'autorité qu'on a pour le faire), on délivre un diplôme (= on le remet à son titulaire) et, à l'occasion d'un tirage au sort, un lot échoit à qqn (= lui revient, lui est attribué par le sort). ● attribuer (expressions) verbe transitif (latin attribuere, donner) Attribuer une œuvre à un artiste, juger d'après certains critères qu'elle est de lui. ● attribuer (synonymes) verbe transitif (latin attribuere, donner) Donner en partage quelque chose à quelqu'un
Synonymes :
- adjuger
- allouer
- assigner
- conférer
- décerner
- distribuer
- impartir
- octroyer
Contraires :
- ôter
- refuser
- reprendre
- retirer
Accorder une qualité, un avantage à quelqu'un, à quelque chose, considérer...
Synonymes :
- accorder
- prêter
- reconnaître
Contraires :
- contester
- dénier
Considérer quelqu'un comme l'auteur de quelque chose ; imputer
Synonymes :
- imputer
- rapporter

attribuer
v.
rI./r v. tr.
d1./d Conférer, concéder. Attribuer une place à quelqu'un.
d2./d Supposer (des qualités bonnes ou mauvaises) chez qqn. On lui attribue du courage.
d3./d Considérer comme causé ou fait par. Attribuer un incendie à la malveillance. Ce tableau fut longtemps attribué à Raphaël.
rII./r v. Pron. Spécial. S'adjuger, revendiquer (sans y avoir droit). Il s'attribue tout le mérite de cet ouvrage collectif.

⇒ATTRIBUER, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— Attribuer qqc. à qqn. Lui donner (une chose) en partage, le rendre possesseur (d'une chose).
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose concr., somme d'argent, parcelle de terrain, etc.] Donner à quelqu'un une chose dans un partage, une répartition, une adjudication, comme sa part, son lot, etc. Synon. allouer, départir, répartir (à qqn) :
1. Qui de nous est assez malheureux pour avoir oublié ses battements de cœur à l'aspect de ce magasin périodiquement ouvert pendant les récréations du dimanche, et où nous allions à tour de rôle dépenser la somme qui nous était attribuée...
BALZAC, Louis Lambert, 1832, p. 31.
P. anal. plais. :
2. — (...) Fermez-moi donc votre porte. Pourquoi « ma porte »? Cette porte ne m'appartient pas en propre. Mais tel est Cerbelot : il faut qu'il attribue chaque parcelle de l'univers à quelqu'un.
G. DUHAMEL, Journal de Salavin, 1927, p. 78.
Spéc., INFORMAT. Attribuer une mémoire. ,,Lui assigner certaines données`` (GUILH. 1969, s.v. attribution).
2. P. ext. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose abstr., un avantage, une prérogative, une distinction, un prix, etc.] Synon. accorder, concéder, conférer (à qqn ou à qqc.) :
3. Godefroi a toutes les qualités d'un héros et d'un chef, sans aucun des vices ni des foiblesses de l'homme privé; sublime pensée du Tasse qui attribue la perfection au chef, et laisse les foiblesses aux subalternes!
BONALD, Législ. primitive, t. 2, 1802, p. 214.
4. ... si l'homme n'est pas maître des données imposées par la vie qui, autour de lui, le presse de toutes parts et, en lui, façonne sa nature, il est maître du prix qu'il leur attribue, comme spectateur, ou qu'il leur confère, comme créateur. Quelque obligation qu'il subisse, il garde toujours le pouvoir de la juger, de décider de sa valeur, esthétique ou morale; et, par là, il reste irréductiblement libre.
HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, p. 439.
3. [Le compl. d'obj. dir. désigne une qualité, un défaut, une fonction, une signification, etc.; le suj. lui-même peut désigner, p. méton., une qualité ou un défaut] Considérer, à tort ou à raison, telle qualité, tel défaut comme propre à quelqu'un, à quelque chose; lui supposer telle qualité, tel défaut :
5. ... malgré cette particularité qui semble indiquer un organe de circulation, ce tube n'a aucun vaisseau qui en sorte, et l'on ne peut ni lui attribuer la fonction de cœur, ni lui en imaginer une autre.
CUVIER, Leçons d'anat. comp., t. 4, 1805, p. 164.
6. ... il restera à établir que l'Être ainsi défini, ainsi démontré, est bien Dieu. Alléguerez-vous qu'il l'est par définition, et qu'on est libre de donner aux mots qu'on définit le sens qu'on veut? Je l'admets encore, mais si vous attribuez au mot un sens radicalement différent de celui qu'il a d'ordinaire, c'est à un objet nouveau qu'il s'applique; vos raisonnements ne concerneront plus l'ancien objet; il sera donc entendu que vous nous parlez d'autre chose.
BERGSON, Les Deux sources de la mor. et de la relig., 1932, p. 256.
B.— Considérer (une chose), avec plus ou moins de certitude, comme découlant d'une autre ou comme étant l'œuvre, l'invention de quelqu'un.
1. [Le compl. d'obj. indir. désigne une chose abstr.] Attribuer qqc. à qqc. Considérer une chose comme étant l'effet, le résultat d'une autre :
7. « On a attribué à la fortune mes plus grands actes, et on ne manquera pas d'imputer mes revers à mes fautes; mais si j'écris mes campagnes, on sera bien étonné de voir que dans les deux cas, et toujours, ma raison et mes facultés ne s'exercèrent qu'en conformité avec les principes, etc. »
Comme il est à désirer que l'Empereur accomplisse sa pensée d'écrire ses campagnes! Quels commentaires que ceux de Napoléon!!!
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 2, 1823, p. 338.
8. Le vieux père attribuait à une certaine faiblesse d'esprit ce qui était le résultat des ravages intimes de rêves impossibles en un cœur que l'amour avait percé de part en part.
RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, p. 36.
Spéc. Attribuer (un document) à une certaine date. Le rapporter à cette date, considérer qu'il a commencé d'exister à cette date :
9. Quand j'étais petit M. Langlois m'a enseigné qu'il faut avant tout dater un document. Il n'a pas perdu son temps, avec moi, M. Langlois. Dix-huit mois de recherches m'ont permis de dater le document que nous examinons. Ce document doit être attribué à la date du 15 juillet 1911.
PÉGUY, L'Argent, 1913, p. 1152.
2. [Le compl. d'obj. indir. désigne une pers.; le suj. peut désigner, p. méton., au lieu d'une ou plusieurs pers., l'opinion d'un groupe] Considérer quelqu'un comme l'auteur de quelque chose (œuvre, écrit, dires, bonnes ou mauvaises actions, etc.), rapporter une chose à quelqu'un en tant qu'auteur, considérer une chose comme l'œuvre de quelqu'un :
10. La tactique du marquis, qui s'effaçait, fit regarder Rougon comme le chef de la bande. Les réunions avaient lieu chez lui, cela suffisait aux yeux peu clairvoyants du plus grand nombre pour le mettre à la tête du groupe et le désigner à l'attention publique. On lui attribua toute la besogne; on le crut le principal ouvrier de ce mouvement qui, peu à peu, ramenait au parti conservateur les républicains enthousiastes de la veille.
ZOLA, La Fortune des Rougon, 1871, p. 80.
11. Vous m'attristez un peu, chère Maître, en m'attribuant des opinions esthétiques qui ne sont pas les miennes.
FLAUBERT, Correspondance, 1876, p. 290.
P. ext. plais. :
12. Un des sujets de plaintes de Mary était la présence d'Alba dans la maison; on avait dit aux voisins qu'elle était fille d'une dame de Londres et envoyée à la campagne pour sa santé, mais tout le monde pouvait constater l'attitude maternelle de Claire, et il ne manquait pas de bonnes âmes pour attribuer l'enfant à Shelley.
MAUROIS, Ariel ou la Vie de Shelley, 1923, p. 241.
C.— [À chacun des emplois précédents correspondent des emplois également trans. où l'obj. second. est un pron. réfléchi]
1. (Cf. supra I A 1). S'adjuger, prendre pour soi :
13. Cependant, sous les vagues des manifestations populaires, se découvraient les charges qui incombaient à la France mandataire. Il ne pouvait être question qu'elle en portât toujours le fardeau sur des territoires qui ne lui appartenaient pas et que les traités lui défendaient de s'attribuer.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, p. 19.
2. (Cf. supra I A 2). Se donner à soi-même (un avantage, un droit, un pouvoir, une prérogative, un rôle, une fonction, etc.) :
14. J'en étais arrivé à croire que tout s'achète. Je m'attribuais déjà, comme un privilège naturel d'homme riche, le droit de travailler peu, de faire travailler les autres.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, p. 820.
3. (Cf. supra I A 3). [Le suj. peut désigner, p. méton., une qualité ou un défaut] Se donner (un avantage) sans y avoir droit. La vanité s'attribue tous les mérites (Lar. encyclop.). Synon. s'arroger.
4. (Cf. supra I B 2). Se considérer comme l'auteur de quelque chose. Synon. revendiquer :
15. ... beaucoup s'attribuent des exploits qu'ils n'ont accomplis qu'en songe.
A. ARNOUX, Rêverie d'un policier amateur, 1945, p. 74.
II.— En emploi pronom. passif, rare. [Le suj. désigne une action] Être attribué, rapporté à quelqu'un, considéré comme étant l'œuvre de quelqu'un. Les fautes d'un peuple peuvent presque toujours s'attribuer à ses gouvernants (Nouv. Lar. ill.).
PRONONC. ET ORTH. :[], j'attribue []. Enq. :// (il) attribue. FÉR. Crit. t. 1 1787 propose la graph. atribuer avec un seul t. Lar. 19e au sujet de la conjug. du verbe : ,,Prend un e muet au futur simple et au cond. prés. : j'attribuerai, nous attribuerions; les poètes peuvent remplacer cet e muet par un accent circonflexe sur u; prend un tréma sur l'i aux deux prem. pers. du pl. de l'imp. de l'ind. et du prés. du subj. : nous attribuïons, que vous attribuïez. Toutefois l'Académie ne mentionne pas cette particularité.`` (Cf. aussi Nouv. Lar. ill.).
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1313 « assigner qqc. à qqn pour son partage » ([cité ds] HOUDOY, Chap. de l'hist. de Lille, 35 ds QUEM. : Se Wavrins estoit ostee de la dite castelenie, comme elle ne soit de nulle autre, li coens de Flandres le poroit attribuer a lui, dont il n'a nulle volontei); 1541 pronom. « attribuer à soi, revendiquer » (CALVIN, Instit. I, XVI ds GDF. Compl. : Le Seigneur s'attribue toute puissance); 2. 1370 « rapporter à, imputer, considérer comme étant la cause » (ORESME, Eth., 21 ds LITTRÉ : Felicité qui est si très grant bien et qui ne doit pas estre attribuée à fortune).
Empr. au lat. attribuere au sens 1 de « donner » (Rhet. Her., 3, 6, 10 ds TLL s.v., 1163, 26); au sens 2 (CICÉRON, Nat. deor., 3, 89, ibid., 1166, 24).
STAT. — Fréq. abs. littér. :3 217. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 6 407, b) 3 508; XXe s. : a) 4 013, b) 3 917.
BBG. — Foi t. 1 1968. — PIERREH. Suppl. 1926.

attribuer [atʀibɥe] v. tr.
ÉTYM. 1313; lat. attribuere « attribuer, donner », de ad, et tribuere, d'abord « répartir entre les tribus ».
1 (1313). || Attribuer qqch. à qqn : donner, allouer (qqch. à qqn) à titre de part (dans un partage, une répartition). Donner. || Attribuer une part à un héritier, un lot à un copartageant. Adjuger, allotir, allouer, assigner, départir, doter, lotir. || Partager, répartir des biens en les attribuant à plusieurs personnes. || Attribuer à chacun sa part. Distribuer.
1 La Cour de cassation semblait admettre que pour qu'il y ait partage et application de l'article 883, il suffit qu'un des héritiers ait été définitivement alloti de sa part et que les autres n'aient plus aucun droit sur le bien à lui attribué.
A. Colin et H. Capitant, Cours élémentaire de droit civil franç., t. III, p. 549.
Par ext. Accorder (un avantage) à qqn, attacher (une prérogative) à un emploi, une fonction. Accorder. || De nombreux avantages lui ont été attribués. || Attribuer une dignité à qqn. Conférer, décerner. || Attribuer une faveur. Concéder, octroyer; impartir. || Attribuer un commandement à un général. Affecter. || De grands privilèges sont attribués à cette charge. Adjoindre, annexer, attacher, joindre, rattacher. || Attribuer un crédit à une dépense. Affecter, consacrer, destiner; imputer. || Attribuer à une juridiction la connaissance de tel ou tel genre d'affaires. Connaître (donner, habiliter à), compétence (donner, reconnaître la).
2 Le roi défendit aux princes et aux pairs d'aller opiner dans le parlement de Paris sur des affaires dont il attribuait la connaissance à son Conseil privé.
Voltaire, Précis du siècle de Louis XV, 36.
3 Vous avez saisi mon système : il consiste à attribuer concurremment le droit de faire la paix ou la guerre aux deux pouvoirs que la Constitution a consacrés.
Mirabeau, Collection, t. III, p. 340.
2 Attribuer qqch. à qqn, à qqch. : considérer comme propre à, supposer (un caractère, une qualité) à qqn ou à qqch. Accorder, appliquer; gratifier (de), prêter, reconnaître, supposer. || N'attribuez pas aux autres vos propres défauts. || Vous attribuez à ce mot un sens qu'il n'a pas. || Attribuer une importance capitale à une réforme insignifiante. Attacher.
4 (…) J'attribuerais à l'animal
Non point une raison selon notre manière,
Mais beaucoup plus aussi qu'un aveugle ressort.
La Fontaine, Fables, IX, XXI.
5 Il n'est pas permis d'attribuer à l'Écriture les sens qu'elle ne nous a pas révélé qu'elle a.
Pascal, Pensées, X, 687.
6 On lui attribuait un courage à toute épreuve (…)
Antoine Hamilton, Mémoires du comte de Gramont, 6.
7 On attribue à la cigogne des vertus morales dont l'image est toujours respectable : la tempérance, la fidélité conjugale, la piété filiale et paternelle.
Buffon, Hist. nat. des oiseaux, La cigogne.
8 Michèle (…) lui attribuait des arrière-pensées malveillantes (…)
F. Mauriac, la Pharisienne, p. 248.
9 (…) attribuer à l'auteur des intentions qu'il n'a jamais eues.
A. Thibaudet, Gustave Flaubert, p. 219.
10 (…) aussi longtemps que le préjugé public attribuera une valeur de premier ordre à la connaissance de pures conventions d'écriture (…)
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 8.
3 (1370). Mettre sur le compte de, considérer comme étant le fait, l'effet, le résultat de cette action de… Rapporter. || Attribuer un acte, un changement à qqn : considérer qqn comme étant la cause, l'auteur de… || À quoi attribuer ce phénomène, ce changement ? || Attribuer une invention à qqn. || Attribuer à qqn tout le mérite d'un succès. Appliquer; honorer; reporter (sur…). || Attribuer à qqn un accident, une faute, une responsabilité… Imputer, mettre (sur le compte, le dos… de qqn); prêter, rejeter (sur). || On lui attribue de nombreux méfaits, on l'en accuse.
11 Notre cœur se sent déchiré entre des efforts contraires. Mais il serait bien injuste d'imputer cette violence à Dieu qui nous attire, au lieu de l'attribuer au monde qui nous retient.
Pascal, Pensées, VII, 498.
12 Dans ma confusion que Roxane, madame,
Attribuait encore à l'excès de ma flamme (…)
Racine, Bajazet, III, 4.
13 Peut-on m'attribuer ces sottises étranges ?
Boileau, Épîtres, VI.
14 Le peuple attribue tous les maux aux personnes plus qu'aux choses.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., t. II, p. 972.
15 On souffre trop d'attribuer tout son échec à sa propre faute (…)
M. Barrès, Leurs figures, p. 345.
16 Les hommes ont inventé le destin, afin de lui attribuer les désordres de l'univers, qu'ils ont pour devoir de gouverner.
R. Rolland, Au-dessus de la mêlée, p. 26.
17 Je n'ai jamais protesté contre les jugements que l'on m'attribue le plus officiellement, que l'on me prête le plus formellement.
Ch. Péguy, Clio, Œuvres posthumes, 1909-1914, p. 152.
Syn. : imputer.
18 Imputer veut dire que l'on met sur le compte de; attribuer, que l'on attache à, que l'on rapporte à. Par conséquent, attribuer a une signification plus générale. Ce qu'on attribue n'implique rien de favorable ni de défavorable. Ce qu'on impute n'est pas indifférent, c'est un blâme, ou quelquefois une louange; car on impute aussi à bien, à mérite. Attribuer des vers à quelqu'un, c'est dire seulement, à tort ou à droit, qu'il en est l'auteur; imputer des vers à quelqu'un, ce serait faire entendre que les vers dont on parle méritent l'animadversion.
Littré, Dict., art. Attribuer.
Spécialt. || Attribuer une œuvre à qqn : authentifier une œuvre, la considérer comme provenant de (un auteur : écrivain, artiste). Attribution, (I., 4.).
Spécialt. || Attribuer (un document) à une certaine date, considérer qu'il existe depuis cette date.
——————
s'attribuer v. pron.
ÉTYM. (1541).
|| S'attribuer (qqch.) : attribuer à soi, se donner en partage (une chose matérielle ou morale). Adjuger (s'), donner (se), revendiquer. || S'attribuer un titre auquel on n'a pas droit. Appliquer (s'), approprier (s'), arroger (s'), emparer (s'); targuer (se), usurper, vanter (se). || Il s'attribue la qualité, le titre de… (→ Il s'érige en…, il se pose en…, il se qualifie de…). || Il s'attribue certains hauts faits. (→ Se faire gloire, honneur de…).
19 Aussitôt que le char chemine
Et qu'elle voit des gens marcher,
Elle s'en attribue uniquement la gloire (…)
La Fontaine, Fables, VII, 9.
20 Et soyons de concert auprès des malades, pour nous attribuer les heureux succès de la maladie, et rejeter sur la nature toutes les bévues de notre art.
Molière, l'Amour médecin, III, 1.
21 (…) on n'est considéré à l'étranger qu'en rapport de la considération que l'on s'attribue soi-même (…)
Flaubert, Correspondance, t. I, p. 211.
——————
attribué, ée p. p. adj.
|| Parts attribuées. || Privilèges attribués.Spécialt. || Œuvres attribuées et œuvres anonymes. Attribution (I., 4.).
CONTR. Ôter, refuser, reprendre, réserver, retenir, retirer. — Décliner, dénier, rejeter, renoncer (à), repousser.
DÉR. Attribuable.

Encyclopédie Universelle. 2012.