cogner [ kɔɲe ] v. <conjug. : 1>
• fin XIIe; lat. cuneare « enfoncer un coin »
1 ♦ V. tr. Vx Frapper sur (qqch.). Cogner un clou. — Mod. Heurter (qqch.). Sa tête alla cogner le mur. Se cogner la tête et se faire une bosse. Loc. Se cogner la tête contre les murs : s'efforcer de venir à bout d'une difficulté insurmontable, d'une situation désespérée.
♢ SE COGNERv. pron. (réfl.) Se heurter par maladresse, inadvertance. Se cogner à un meuble, contre une porte (cf. Se donner un coup).
2 ♦ Pop. Frapper, donner des coups à (qqn). ⇒ battre, 2. taper. Je vais te cogner ! Absolt Ça va cogner !
3 ♦ V. tr. ind. Frapper (sur qqch., qqn) à coups répétés. « C'était comme un clou sur lequel il ne cessait de cogner » (Mac Orlan). Fam. Il commence à me cogner dessus. Absolt Il cogne dur, comme une brute. — Cogner à la porte. ⇒ frapper; heurtoir, marteau. La grêle cogne contre la vitre, sur la vitre.
4 ♦ V. intr. (sujet chose) Donner, faire entendre des chocs. Il y a un volet qui cogne, qui bat contre le mur. ⇒ battre. Le moteur cogne, ne tourne pas rond (⇒ à-coup, cognement) .
♢ Fam. Envoyer des rayons très ardents (soleil). Le soleil cogne, aujourd'hui. Ça cogne ! ⇒ 2. taper. — Être très fort en alcool (boisson).
5 ♦ Fam. Sentir mauvais.
⊗ HOM. Cognée.
● cogner verbe transitif (de coin) Frapper quelque chose contre quelque chose, le heurter (involontairement) : Ne cogne pas les verres, ils sont fragiles. Populaire. Frapper durement quelqu'un, le battre. ● cogner (homonymes) verbe transitif (de coin) cognée nom féminin ● cogner (synonymes) verbe transitif (de coin) Frapper quelque chose contre quelque chose, le heurter (involontairement)
Synonymes :
Populaire. Frapper durement quelqu'un, le battre.
Synonymes :
- buter (populaire)
- étriller (familier)
- rosser
Contraires :
- câliner
- caresser
- flatter
● cogner
verbe transitif indirect
Frapper, venir frapper quelque chose, donner des coups sur quelque chose : Cogner sur un clou avec un marteau.
Frapper, donner des coups, surtout pour avertir : Quelqu'un cogne à la porte.
Populaire. Frapper violemment sur quelqu'un, le battre : Quand il est ivre, il cogne.
● cogner
verbe intransitif
Faire entendre un battement, un bruit sourd et répété : Entendre son cœur cogner.
Populaire. Sentir mauvais, puer.
● cogner (homonymes)
verbe transitif indirect
cognée
nom féminin
● cogner (synonymes)
verbe transitif indirect
Frapper, venir frapper quelque chose, donner des coups sur quelque chose
Synonymes :
- taper
Frapper, donner des coups, surtout pour avertir
Synonymes :
- frapper
- taper
● cogner (expressions)
verbe intransitif
Populaire. Ça va cogner, il va y avoir de la bagarre.
Familier. Le soleil cogne, il fait très chaud, le soleil tape.
● cogner (homonymes)
verbe intransitif
cognée
nom féminin
● cogner (synonymes)
verbe intransitif
Faire entendre un battement, un bruit sourd et répété
Synonymes :
- taper
cogner
v.
d1./d v. tr. dir. Pop. Battre, frapper (qqn.)
d2./d v. intr. Frapper fort (avec l'idée de répétition). Cogner à la porte.
d3./d v. intr. TECH Moteur qui cogne, qui fonctionne mal et fait entendre un bruit saccadé.
d4./d v. Pron. Se heurter. Se cogner à un meuble.
⇒COGNER, verbe.
I.— Emploi trans.
A.— Vx. Frapper sur quelque chose pour l'enfoncer. Cogner un clou.
— Au fig., région. (Canada), fam. Cogner des clous. Hocher la tête lorsqu'on dort assis :
• 1. ... l'ange du sommeil penchait la tête de Didace à petits coups, puis plus obstinément. Alphonsine poussa Amable du coude : — Ton père qui cogne des clous! ...
G. GUÈVREMONT, Le Survenant, 1945, p. 95.
Rem. Lar. 19e, LITTRÉ mentionnent l'expr. fig. cogner un fétu (« s'occuper de choses sans importance ») et la plupart des dict. gén. du XIXe s., le subst. masc. cogne-fétu (« celui qui se donne beaucoup de peine pour ne rien faire ») qui paraît cependant peu usité : Dom Beaudequin (...) a la réputation d'être un finassier et un cogne-fétu (...) il l'a [l'abbé] d'abord roulé par sa force d'inertie et ses faux-fuyants (HUYSMANS, L'Oblat, t. 2, 1903, p. 225).
B.— P. ext
1. Frapper plus ou moins violemment.
a) [L'obj. explicite ou implicite désigne une chose] Cogner qqc. (sur, contre qqc). Quelqu'un cogne ses sabots sur le seuil avant d'entrer, pour enlever la boue (ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec J. Rivière], 1907, p. 308). Le mercanti cognait furieusement le bureau de l'institutrice de son poing massif (DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, p. 103). Contre les vitres un arbre cognait ses branches jaunies (TOULET, Les Demoiselles de la montagne, 1920, p. 168).
— Employé avec un pron. réfl. indir. [Le compl. désigne une partie du corps] Il a essayé de s'ouvrir le crâne en se cognant la tête contre le mur (GREEN, Journal, 1942, p. 264).
Rem. 1. Se cogner la tête. Cogner sa tête. 2. On rencontre le verbe suivi d'un objet interne. Il s'en va cogner un grand coup dans le petit poêle (CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 622).
— Emploi abs. [Éventuellement suivi d'un compl. d'obj. second.] :
• 2. Rocambole se dirigea vers la porte que lui avait indiquée le chiffonnier (...). Mais le fils adoptif de la veuve cogna inutilement, la porte ne s'ouvrit pas.
PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 5, Les Exploits de Rocambole, 1859, p. 286.
• 3. À l'intérieur [de la grotte], dans l'ombre piquée par des flammes tremblantes de bougies, une forme accroupie cognait en ce moment avec un marteau.
CAMUS, L'Exil et le Royaume, 1957, p. 1666.
♦ Cogner sur qqc. :
• 4. La caisse (...) fut menée à bras jusqu'à la rotonde, et le sculpteur, homme vigoureux, armé d'un coin de fer, d'un marteau, cogna dessus avec prudence...
BOYLESVE, La Leçon d'amour dans un parc, 1902, p. 13.
♦ Cogner à (contre, sur) la porte. Pour avertir, signaler sa présence. Nanon vint cogner au mur pour inviter son maître à descendre (BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, p. 117). Meaulnes fut réveillé par quelqu'un qui cognait à la vitre (ALAIN-FOURNIER, Le Grand Meaulnes, 1913, p. 121). On cogna du heurtoir à la porte (POURRAT, Gaspard des Montagnes, La Tour du Levant, 1931, p. 28).
P. méton., fam. Frapper sur la porte pour réveiller qqn. « La chambre, ce sera sept francs. (...) Le premier train arrive à 5 H 30; je vous cognerai » (R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, Le Cahier gris, 1922, p. 628).
b) [L'obj. explicite ou implicite désigne une pers.] Fam. Battre. Cogner qqn. Je quitterai cette infâme danseuse ignoble (...) je la battrais, je la cognerais, je lui dirais son fait (BALZAC, Un Prince de la Bohême, 1840, p. 390). Ma fureur décuplait mes forces; je le cognai, le bousculai, le tombai tout aussitôt (GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 409)
♦ Emploi pronom. (réciproque ou réfléchi). Un de ces ménages où on se cogne du matin au soir (G. DE MAUPASSANT, Mont-Oriol, 1887, p. 43).
— Pop. Se battre (au combat). Moi, ayant rien, j'ai rien à perdre. Donc, j'hésite pas : j'cours me cogner! (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 20).
♦ Emploi abs. Cogner dur, cogner comme un sourd. Nous avons à l'Action Française un type qui est une vraie brute, il ne sait que cogner (J. RIVIÈRE, Correspondance avec Alain-Fournier, 1908, p. 345). Pour passer sa colère, — ou sa honte, — il tirait la femme du lit et se mettait à cogner (R. MARTIN DU GARD, Vieille France, 1933, p. 1057).
[Avec un compl. d'obj. second.] Cogner sur qqn. Je ne suis pas un gentilhomme, je n'aurai pas peur de cogner sur une femme (SARTRE, Huis clos, 1944, p. 155).
2. Heurter (involontairement).
a) Cogner qqn, qqc. Charles marchait comme un homme ivre (...) il cognait les passants, rompait les familles (E. et J. DE GONCOURT, Charles Demailly, 1860, p. 34). Il courait dans le jardin, cognant sa tête aux branches basses des pruniers (MOSELLY, Terres Lorraines, 1907, p. 267). Un papillon vert et deux libellules cognent ma lampe (SAINT-EXUPÉRY, Terre des hommes, 1939, p. 191).
— Cogner contre qqn, qqc. Je l'ai vu pousser Julia Kasen et la faire cogner du front contre le marronnier (FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, p. 85). Le bac cogna soudain contre l'extrémité d'un embarcadère qui avançait dans l'eau (CAMUS, L'Exil et le Royaume, 1957, p. 1657).
b) Emploi pronom. fam.
— Se cogner (à, contre qqc.). Se heurter.
♦ P. métaph. :
• 5. Dans le numéro d'octobre de la N. R. F., (...) je me cogne à cette phrase stupéfiante : « Gabriele d'Annunzio est le plus grand écrivain de l'Italie... »
GIDE, Journal, 1938, p. 1327.
— Se cogner avec qqn. Rencontrer par hasard, par surprise. En sortant ce soir-là de chez Charpentier, je me cogne sous la porte cochère avec Bourget (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1882, p. 143).
Rem. On rencontre ds la docum. le verbe s'entre-cogner. Les prisonniers, harassés de la veille et qui dormaient encore plus qu'à demi, s'entre-cognaient sur le chemin comme des hommes ivres (AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, p. 60).
II.— Emploi intrans. Faire entendre des bruits sourds et répétés.
A.— [En parlant du cœur, du sang] Battre violemment. Le cœur lui cognait à coups sourds sous la côte (POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 304). Victor n'avait jamais été aussi essoufflé. Son cœur cognait (G. MAGNANE, La Bête à concours, 1941, p. 292) :
• 6. ... [il] rougit comme je n'ai jamais vu quelqu'un rougir : une montée de sang qui devait lui cogner à grands coups dans les tempes...
ALAIN-FOURNIER, Le Grand Meaulnes, 1913, p. 252.
Rem. Noter la constr. : Le sang (le cœur) lui [pron. réfléchi] cognait, au lieu de son sang cognait; il s'agit d'une partie du corps (cf. se laver les mains = laver ses mains), avec en outre un compl. circonstanciel.
B.— [En parlant d'un mécanisme, d'un moteur] Au fond de cette demi-nuit domestique où les radiateurs cognaient (NIZAN, La Conspiration, 1938, p. 181). Trois mille pistons. Six mille soupapes. Tout ce matériel grince, racle et cogne (SAINT-EXUPÉRY, Pilote de guerre, 1942, p. 320).
— En partic. [En parlant d'obus qui éclatent] L'artillerie allemande cognait partout (DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, p. 196). Tant qu'ça a cogné, il [le sergent] est resté planqué dans un abri (GENEVOIX, Les Éparges, 1923, p. 117).
Prononc. et Orth. :[], (je) cogne []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin XIIe s. « coincer » (J. LE NEVELON, Vengeance Alexandre, 1427 ds T.-L.); 2. 1re moitié XIIIe s. « frapper » (HUGUES PIAUCELE, D'Estormi, 195 ds Montaiglon, Raynaud, Fabliaux, t. 1, p. 204). Dér. de coin; dés. -er, plutôt qu'issu du lat. impérial cuneare « serrer, maintenir avec un coin ». Fréq. abs. littér. :687. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 222, b) 1 015; XXe s. : a) 1 363, b) 1 364.
DÉR. Cogneur, subst. masc. Celui qui cogne, qui donne des coups. Avec ça pas jaloux, pas méchant, pas cogneur, un vrai amour d'homme qui n'a jamais fait un bleu à une personne du sexe! (E. et J. DE GONCOURT, Germinie Lacerteux, 1864, p. 202). Rem. BESCH. 1845, LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Lar. 19e, Lar. Encyclop., QUILLET 1965 enregistrent le subst. masc. cogneux. « Outil utilisé par les fondeurs pour battre le sable dans le moule ». — [], fém. [-ø:z]. — 1res attest. 1319 quoingneur « celui qui frappe avec la cognée (?) » (Recette du Cte de Blois, Arch. KK 296, f° 18 r° ds GDF.), attest. isolée en ce sens; XVe s. coigneur « celui qui frappe une pers. » (Miracle Ste Genevieve, 2834 ds IGLF), uniquement attesté ds ce texte, à nouv. au XIXe s. 1864 (E. et J. DE GONCOURT, loc. cit.); de cogner, suff. -eur2. — Fréq. abs. littér. : 2.
BBG. — DUCHÁ (O.). L'Interdépendance et l'interaction du contenu et de l'expr. Orbis. 1972, t. 21, p. 477. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 143, 428, 461. — QUEM. Fichier.
cogner [kɔɲe] v.
❖
A V. tr. dir.
1 Vx ou fam. Heurter, frapper sur (qqch.). || Cogner un clou. || Se cogner la tête : cogner sa tête. || Cogner involontairement un meuble.
1 (…) quels sont ses outils ? est-ce le coin ? Sont-ce le marteau ou l'enclume ? où fend-il, où cogne-t-il son ouvrage ?
La Bruyère, les Caractères, XII, 20.
♦ Mod. (avec un compl. indirect). || « Quelqu'un cogne ses sabots sur le seuil » (Alain-Fournier, in T. L. F.). || « Contre les vitres un arbre cognait ses branches » (P.-J. Toulet, in T. L. F.).
♦ ☑ Fig. Se cogner la tête contre les murs (face à un problème) : se heurter à des difficultés insurmontables.
2 Pop. (Compl. n. de personne ou d'animé). Battre, rosser (→ Coller, cit. 13.2). || Arrête, ou je te cogne !
2 C'était comme un clou sur lequel il ne cessait de cogner.
P. Mac Orlan, la Bandera, XV, p. 185.
♦ Cogner à (contre, sur) la porte. ⇒ Heurter. || Cogner au mur, au plafond, pour faire cesser le bruit chez les voisins.
3 Nanon vint cogner au mur pour inviter son maître à descendre.
Balzac, Eugénie Grandet, p. 117.
4 Un pauvre homme passait dans le givre et le vent.
Je cognai sur ma vitre; il s'arrêta devant
Ma porte, que j'ouvris d'une façon civile.
Hugo, les Contemplations, V, « En marche », IX.
♦ (Sujet n. de chose). || Un volet qui cogne contre le mur. ⇒ Taper.
C V. intr. (ou absolu.)
1 Frapper, heurter. || J'entends quelque chose qui cogne. || Quelle émotion ! mon cœur cogne, bat violemment.
♦ Spécialt. Fam. ou régional. Heurter à la porte de qqn.
2 Fam. Porter des coups. || Cogner dur; comme un sourd. || Ce type ne sait que cogner.
5 (…) il aimait cogner, lui aussi : même qu'il cognait dur !
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 75.
6 Il la repousse brutalement (une femme), et l'on croit qu'il va cogner.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 702.
3 Spécialt (en parlant d'un moteur). Faire entendre des bruits sourds (⇒ Cognement).
7 Trois mille pistons. Six mille soupapes. Tout ce matériel grince, racle et cogne.
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, Pl., p. 320.
♦ (En parlant d'un tir d'artillerie) :
8 Le secteur venait de se calmer : une canonnade de routine, peu de lueurs dans un ciel sombre. C'était au loin vers l'Argonne que ça cognait dans le noir (…)
Drieu La Rochelle, la Comédie de Charleroi, p. 298-299.
4 Fig., fam. Sentir mauvais. ⇒ Cocoter. || Ouvrez la fenêtre, ça cogne ici ! — REM. Un dér. cognotter, dans ce sens, est attesté (Y. Gibeau, Allons z'enfants, p. 489).
9 Et puis alors l'odeur terrible !… comme ça quand il bouge… Il lui monte des bouffées du corps… des os enfin… de la carcasse… il cogne de partout… quelque chose à pas croire !…
Céline, le Pont de Londres, p. 177.
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se cogner v. pron.
2 (1834). Se battre. || Se cogner avec qqn. — (Récipr.). || Ils se sont violemment cognés. — Spécialt, vx. Se battre (à la guerre).
3 ☑ Fig. Se cogner au mur : se heurter à des difficultés.
10 Dans la nuit où nous sommes tous, le savant se cogne au mur, tandis que l'ignorant reste tranquillement au milieu de la chambre.
France, le Jardin d'Épicure, p. 62.
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DÉR. Cognage, 1. cogne, 2. cogne, cognement, cogneur.
HOM. Cognée.
Encyclopédie Universelle. 2012.