blessure [ blesyr ] n. f.
• 1138; de blesser
1 ♦ Lésion faite aux tissus vivants par une cause extérieure (pression, instrument tranchant ou contondant, arme à feu; chaleur), involontairement ou pour nuire. Types de blessures : lésion, plaie, trauma; balafre, coupure, écorchure, égratignure, entaille, éraflure, estafilade, estocade, morsure, mutilation, piqûre; bleu, bosse, brûlure, commotion, contusion, distension, ecchymose, élongation, entorse, fêlure, foulure, fracture, froissement, hématome, luxation, meurtrissure. Blessure grave, mortelle. Infliger une blessure à qqn. Être couvert de blessures. Soigner, panser une blessure. Marque, trace d'une blessure. ⇒ cicatrice. Blessure en séton. Inculpé pour coups et blessures. Blessures involontaires.
2 ♦ Atteinte morale. ⇒ coup, douleur, froissement, offense. « Cette blessure au contact de l'affreuse réalité » (A. Gide ). Blessure d'amour-propre. ⇒ humiliation. Rouvrir, raviver une blessure.
● blessure nom féminin Lésion produite en un point quelconque du corps par un choc, un coup, une arme ou un corps dur quelconque. Atteinte morale profonde et douloureuse ; offense : Une blessure d'amour-propre. ● blessure (citations) nom féminin Virgile, en latin Publius Vergilius Maro Andes, aujourd'hui Pietole, près de Mantoue, 70 avant J.-C.-Brindes 19 avant J.-C. La blessure vit au fond du cœur. Vivit sub pectore vulnus. L'Énéide, IV, 67 ● blessure (expressions) nom féminin Coups et blessures, atteintes volontaires ou involontaires à l'intégrité physique de la personne, crime ou délit puni selon les conséquences corporelles, la durée de l'incapacité totale de travail (I.T.T.), la qualité de la victime (mineur de moins de 15 ans, personne vulnérable, magistrat, etc.). [Le nouveau Code pénal sanctionne plus sévèrement les coups et blessures involontaires causés par un manquement délibéré à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou les règlements.] ● blessure (synonymes) nom féminin Lésion produite en un point quelconque du corps par un...
Synonymes :
- coupure
- entaille
- plaie
Atteinte morale profonde et douloureuse ; offense
Synonymes :
- offense
- plaie
- vexation
blessure
n. f.
d1./d Lésion comportant une plaie. Une blessure superficielle.
d2./d Fig. Atteinte morale. Une blessure d'amour-propre. Rouvrir une blessure: raviver un chagrin.
⇒BLESSURE, subst. fém.
A.— [Concerne les êtres vivants] Lésion faite volontairement ou par accident à un organisme vivant à la suite d'un coup, d'un choc, d'une brûlure, au moyen d'une arme, d'un instrument tranchant ou contondant.
— [En parlant de la blessure d'une pers.] :
• 1. Marius, toujours combattant, était si criblé de blessures, particulièrement à la tête, que son visage disparaissait dans le sang et qu'on eût dit qu'il avait la face couverte d'un mouchoir rouge.
HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 493.
• 2. Tout à l'heure, tandis que le major examinait sa blessure : « Ah, pour une bonne blessure, c'est une bonne blessure! Et juste la veille d'une attaque! »
MONTHERLANT, Le Songe, 1922, p. 130.
• 3. Le chef nous montre sur le dos de cet homme des cicatrices de blessures et des traces de coups. Il nous dit les exactions de Korami, les gens de son village terrorisés, désertant pour une circonscription voisine.
GIDE, Voyage au Congo, 1927, p. 842.
♦ Spéc., DR. PÉNAL. Coups et blessures. Crime ou délit pour lesquels la loi distingue les faits volontaires et les faits involontaires et qu'elle punit de peines diverses :
• 4. Peut-être les aventures de Doua-Tara fourniront-elles un sujet d'épopée à quelque Homère maori. Elles furent fécondes en désastres, en injustices, en mauvais traitements. Manque de foi, séquestration, coups et blessures, voilà ce que le pauvre sauvage reçut en échange de ses bons services.
VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, t. 3, 1868, p. 20.
— [En parlant de celle d'un animal] :
• 5. ... si le blaireau ne provoque personne, il se défend dangereusement. Nul carnassier de nos climats n'en vient à bout. Ne pouvant ni courir ni bondir, il se renverse sur le dos, mord et griffe. Ses ongles puissants labourent son adversaire; ses dents lui font des blessures cuisantes.
PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 92.
— [En parlant de celle d'un arbre] :
• 6. Il [Olivier] le revoyait [Regotaz] penché sur le petit bouleau tigré; il le revoyait qui touchait avec la bonne intention de ses doigts les blessures vertes de l'arbre.
GIONO, Le Grand troupeau, 1931, p. 174.
• 7. ... ils [les villageois] goûtaient l'eau d'érable, trouble et fraîche, telle qu'elle coulait aux blessures des arbres...
GENEVOIX, Éva Charlebois, 1944, p. 35.
— Rouvrir une blessure. Remettre à vif une blessure qui commençait à cicatriser.
♦ Au fig. :
• 8. La purification alors ne peut lui venir qu'à travers l'art, et de préférence à travers l'art pictural : les œuvres littéraires lui demeurent trop proches pour pouvoir opérer en ce sens (ou bien, si c'est d'elles qu'il s'agit, il faut qu'il en jouisse pour ainsi dire décorativement, sans quoi les rapports des mots avec l'idée réveillent en lui des souvenirs trop récents et par là rouvrent une blessure); plutôt que de l'apaiser, la musique l'exalte...
DU BOS, Journal, 1921, p. 15.
B.— P. anal. [En parlant de la blessure d'une chose] :
• 9. Un obus tombé devant elle [la maison] avait (...) criblé le mur de blessures blanches.
GENEVOIX, La Boue, 1921, p. 132.
• 10. Trois locomotives reprenaient haleine, appuyées contre quelque butoir (...). Elles (...) portaient même des blessures de balles.
P. VIALAR, L'Éperon d'argent, 1952, p. 87.
— P. métaph. La nuit est toujours (...) déchirée de longues blessures de clarté (GENEVOIX, Rroû, 1930, p. 164) :
• 11. Il n'y avait pas de lumière dans le ciel, seulement là-bas vers l'est une blessure violette pleine de nuages.
GIONO, Le Chant du monde, 1934, p. 91.
C.— Au fig.
1. Atteinte à la sensibilité, à l'amour-propre d'une personne; offense :
• 12. Quelques-uns des lecteurs de l'abbé Cénabre parmi ceux qu'il irrite, que sa gentillesse, son goût de plaire n'ont point désarmés, recherchent dans ses derniers livres, avec clairvoyance, cet accent singulier, douloureux qui semble marquer une blessure de l'orgueil, un doute de soi.
BERNANOS, L'Imposture, 1927, p. 329.
• 13. Le lieutenant-rapporteur allait déplorer la douloureuse blessure faite à notre prestige, affirmer que la honte nous atteignait tous, qu'elle atteignait surtout les chefs, parce qu'un tel acte pouvait donner à croire que nous n'étions ni obéis, ni respectés.
VERCEL, Capitaine Conan, 1934, p. 83.
2. Souffrance morale :
• 14. Il semble que la première blessure de Gide fut qu'on l'ait, dès l'enfance, habitué à agir d'après une règle où il ne trouva rien d'autre qu'« une intolérable réprobation de soi-même ».
MASSIS, Jugements, 1924, p. 40.
Prononc. :[] ou [ble-]. Cf. blesser. Enq. ://.
Étymol. ET HIST. — Mil. XIIe s. blescëure « plaie produite par un coup » (WACE, St-Nicolas, éd. N. Delius, 1113 dans T.-L.); XIVe s. blessure d'apr. FEW t. 15, 1, s.v. blettian; XIVe s. par métaph. (MACHAULT, éd. E. Höpffner, t. 1, Dit. dou Vergier, 537); 1538 « blessure d'amour-propre » (EST.).
STAT. — Fréq. abs. littér. :2 758. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 4 534, b) 4 445; XXe s. : a) 3 632, b) 3 292.
BBG. — SIGURS 1963/64, p. 37, 97.
blessure [blesyʀ] n. f.
❖
1 Lésion faite aux tissus vivants par une cause extérieure (pression, choc, coup porté au moyen d'un instrument tranchant ou contondant, arme à feu; chaleur), involontairement ou pour nuire. ⇒ Lésion, plaie, trauma; balafre, coupure, écorchure, entaille, estafilade, estocade, morsure, mutilation, piqûre; bleu, bosse, brûlure, commotion, contusion, distension, ecchymose, élongation, fêlure, foulure, fracture, froissement, luxation, meurtrissure. || Blessure béante, ouverte; la blessure bâillait. ⇒ Plaie (cit. 3). || Blessure en séton. || Blessure faite au chien par le sanglier. ⇒ Décousure. || Blessure légère, bénigne, superficielle. ⇒ Bobo (fam.), égratignure, éraflure, griffure; excoriation (didact.). || Blessure béante, profonde, dangereuse, grave, mortelle. || « Une blessure large et creuse » (→ Meurtrir, cit. 2, Baudelaire). || Blessure cruelle, cuisante, douloureuse. || Recevoir une blessure, être couvert, criblé de blessures. || Soigner, bander, panser, guérir une blessure. || Blessure curable, guérissable. || Aviver, rouvrir une blessure. || Marque, trace d'une blessure. ⇒ Cicatrice.
1 Les défauts de l'âme sont comme les blessures du corps : quelque soin qu'on prenne de les guérir, la cicatrice paraît toujours, et elles sont à tout moment en danger de se rouvrir.
La Rochefoucauld, Maximes, 194.
2 Il lui fait dans le flanc une large blessure.
Racine, Phèdre, V, 6.
2.1 (…) je m'y traînai comme je pus, et m'y étant mise à la même place, tourmentée de mes blessures encore saignantes, accablée des maux de mon esprit et des chagrins de mon cœur, je passai la plus cruelle nuit qu'il soit possible d'imaginer.
Sade, Justine…, t. I, p. 99.
3 Ce jour verdâtre (…) ces ombres vêtues de pansements comme d'un costume de mi-carême, tout cela (la salle de l'hôpital San Carlos) semblait un royaume éternel de la blessure, établi là hors du temps et du monde.
Malraux, l'Espoir, I, III, 1.
♦ Par métaphore, poét. (→ Ensanglanter, cit. 3).
4 Mes lèvres sont les bords d'une blessure brûlante.
Pierre Louÿs, Aphrodite, I, p. 23.
♦ (En parlant d'un animal). || Soigner les blessures d'un cheval. || Animal qui lèche ses blessures. — Fig. (en parlant d'un végétal). Littér. || « Les blessures vertes de l'arbre » (Giono, le Grand Troupeau).
♦ (Choses). || Les blessures d'un vieux mur. — Poét. Trace comparée à une blessure. || « La nuit (est…) déchirée de longues blessures de clarté » (Genevoix, in T. L. F.).
2 Par métaphore ou fig. Atteinte morale. ⇒ Blesser (3.); coup, douleur, froissement, offense, trait. || Blessure de l'âme. || Blessure d'amour-propre. || Les blessures de l'amour. || Infliger une blessure. ⇒ Blesser. || Blessure béante : peine morale vive et toujours présente. || Accabler de blessures. || Rouvrir, raviver une blessure oubliée. || Une vieille blessure : un ancien amour. || Enfoncer, retourner le fer, le poignard dans la blessure. ⇒ Plaie. || Mettre un baume sur une blessure (→ Baume, cit. 9). || Être insensible, invulnérable aux blessures.
5 Il va percer mon cœur et rouvrir ma blessure (…)
Voltaire, Alzire, III, 3.
6 La femme est née pour la souffrance. Chacun des grands pas de la vie est pour elle une blessure.
Michelet, la Femme, p. 268.
7 (…) de toutes les blessures, celles que font la langue et l'œil, la moquerie et le dédain sont incurables.
Balzac, le Cabinet des Antiques, Pl., t. IV, p. 349.
8 (…) l'esprit a ses plaies et ses blessures aussi cruelles et souvent plus horribles que celles du corps.
A. de Musset, l'Anglais mangeur d'opium, Au lecteur.
9 (…) en dépit des froissements, des blessures, qui ne sont point épargnés à ceux qui s'aiment, et surtout quand ils sont des êtres trop sensibles (…)
R. Rolland, le Voyage intérieur, p. 133.
10 Mon Dieu je viens à Vous avec toutes mes plaies qui sont devenues des blessures; avec tous mes péchés sous le poids desquels mon âme est écrasée (…)
Gide, Numquid et tu… ?, 29 octobre, in Journal 1889-1939, Pl., p. 603.
11 (…) ils ont rompu, je ne sais trop pourquoi et, chez lui au moins, la blessure saigne encore (…)
A. Maurois, Terre promise, XXX, p. 210.
12 Il lui restait des souvenirs de beauté humaine comme des blessures.
Cocteau, le Grand Écart, I.
❖
CONTR. Guérison, pansement, soin. — Caresse, cicatrice, douceur. — Apaisement, consolation.
Encyclopédie Universelle. 2012.