ÉTRIER
ÉTRIER
Comme la domestication du cheval et le dressage du cheval de selle, l’étrier est d’origine asiatique; mais il n’apparaît qu’à la fin du \ÉTRIER Ier millénaire. Les Hiong-nou semblent l’avoir employé dès le \ÉTRIER IIIe siècle, peut-être même l’ont-ils introduit de Mongolie en Chine du Nord. Cependant, bien que l’armée chinoise soit réorganisée en \ÉTRIER 307, la cavalerie se substituant au char, l’étrier est encore peu répandu à l’époque Han (\ÉTRIER IIIe s.). On le rencontre plus à l’ouest, dans l’Altaï, sur les selles d’Oïrotin, découvertes dans des sépultures du \ÉTRIER Ier siècle. D’après l’archéologue W. Arendt, une courroie à boucle représenterait l’étrier sur le vase gréco-scythe de Chertomlik (groupe du Dniepr). Cette diffusion vers l’Europe ne touchera, cependant, ni les Grecs ni les Romains. L’étrier n’est connu en Occident qu’au VIIe siècle, et ce sont les Avars qui l’y introduisent.
étrier [ etrije ] n. m.
• estrier XIIe; estreu 1080; frq. °streup « courroie qui servait d'étrier » chez les Germains
1 ♦ Anneau métallique qui pend de chaque côté de la selle et soutient le pied du cavalier. Courroie qui supporte l'étrier. ⇒ étrivière, porte-étrier. Porter les étriers courts, longs. Se dresser, être debout sur ses étriers.
♢ Loc. (1678) Avoir le pied à l'étrier : être sur le point de partir; fig. être bien placé pour réussir dans la carrière où l'on s'engage. « Maintenant, tu as le pied à l'étrier. Tu n'as plus qu'à continuer » (R. Guérin). Mettre à qqn le pied à l'étrier, l'aider en lui procurant les moyens de réussir (cf. Mettre qqn en selle). — Le coup de l'étrier : le verre que l'on boit avant de partir. « Va pour un petit rabe de café. La tasse de l'étrier » (Pennac). — Être ferme sur ses étriers : être bien en selle; fig. être inébranlable dans ses opinions, ses résolutions. — Perdre, quitter, vider les étriers : être désarçonné (pr. et fig.).
♢ Étrier de bronze, d'argent, de vermeil : brevets donnés par la Fédération française de sports équestres sanctionnant la progression des cavaliers. ⇒aussi éperon.
2 ♦ Méd. Appareil fixé à une table d'examen ou d'opération pour soutenir les pieds du patient. ⇒ talonnière. — Dispositif en forme de fer à cheval, que l'on fixe au pied en cas de fracture, pour l'immobiliser ou exercer une traction.
3 ♦ (1396) Techn. Pièce métallique coudée, destinée à supporter des éléments de charpente, à réunir ou consolider différentes pièces.
♢ Étrier d'une fixation de ski : pièce métallique qui maintient l'avant de la chaussure.
4 ♦ (1561) Anat. Le troisième osselet de l'oreille moyenne.
⊗ HOM. Étriller.
● étrier nom masculin (ancien français estreu, du francique streup) Arceau en métal, suspendu par une courroie de chaque côté de la selle, sur lequel le cavalier pose le pied. Alpinisme Petite échelle de corde comportant de deux à quatre barreaux de métal léger que l'alpiniste utilise en escalade artificielle. (L'étrier est fixé à un piton par l'intermédiaire d'un mousqueton.) Anatomie Troisième osselet de l'oreille moyenne, s'articulant en dehors avec l'enclume, en dedans avec la fenêtre ovale de l'oreille interne. Automobile Synonyme de étoquiau. Bâtiment Arceau métallique servant à la suspension des échafaudages volants. Lien métallique utilisé pour renforcer une pièce de charpente ou pour la lier à une autre. Dans un élément en béton armé, cadre servant à relier deux armatures principales. Sports Pièce métallique antérieure de la fixation de ski (ski de fond, saut) servant à maintenir l'avant de la chaussure. Technique Crochet à dents que certains ouvriers (couvreurs, électriciens, élagueurs, etc.) se fixent aux pieds pour grimper le long d'une corde, des poteaux de bois ou des arbres. Textiles Partie du taquet sur laquelle vient buter la navette des métiers à tisser. ● étrier (expressions) nom masculin (ancien français estreu, du francique streup) Avoir le pied à l'étrier, être prêt à monter à cheval, à partir ; être en bonne voie pour réussir dans une entreprise, une carrière. Coup de l'étrier, dernier verre de vin qu'on boit au moment du départ. Vieux. Être ferme sur ses étriers, être d'aplomb sur sa selle ; défendre énergiquement ses opinions, poursuivre résolument ses projets. Perdre, vider les étriers, tomber de cheval ; perdre l'avantage qu'on avait dans la lutte, dans la discussion. Pied de l'étrier, pied gauche. ● étrier (homonymes) nom masculin (ancien français estreu, du francique streup) étriller verbe ● étrier (synonymes) nom masculin (ancien français estreu, du francique streup)
Synonymes :
- Automobile. étoquiau
étrier
n. m.
d1./d Anneau suspendu de chaque côté de la selle, et qui sert d'appui au pied du cavalier. Vider les étriers: tomber de cheval. Avoir le pied à l'étrier: être prêt à partir; fig., être bien introduit dans une carrière. Mettre (à qqn) le pied à l'étrier.
— Le coup de l'étrier: le dernier verre, que l'on boit au moment du départ.
d2./d Par anal. Nom de divers appareils servant à soutenir ou à maintenir le pied. étrier de ski.
d3./d TECH Armature transversale d'une poutre en béton armé.
|| Pièce coudée servant à supporter un élément de charpente, à renforcer ou à réunir certaines pièces.
d4./d ANAT Osselet de l'oreille moyenne.
⇒ÉTRIER, subst. masc.
A.— Anneau métallique suspendu de chaque côté de la selle à une courroie (étrivière) et servant à soutenir le pied du cavalier. Œil, branche, grille de l'étrier. Les selles de femme n'ont qu'un étrier (Ac. 1932). Un de ses étriers s'étant rompu, il est tombé de cheval et a été écrasé et horriblement mutilé (KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 120). La selle était vide, et les étriers battaient contre les flancs déchirés du coursier (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 329).
SYNT. Monter à cheval sans étriers; porter les étriers courts, longs; être droit sur ses étriers; se lever, se dresser sur ses étriers; vider, quitter, lâcher les étriers.
— Locutions
♦ Loc. nom. Le pied de l'étrier. ,,Le pied gauche de devant du cheval, qu'on appelle aussi le pied du montoir`` (Ac.). Le coup de l'étrier, le vin de l'étrier. Verre de vin que l'on buvait juste avant le départ à cheval pour se donner du courage :
• 1. L'AUMÔNIER. — (...) Reprenez plutôt hardiment de ce petit vin, il est franc comme l'or et frais comme l'œil, ce sera le coup de l'étrier. Que comptez-vous faire maintenant?
LE CHEVALIER. — Prendre le large avant l'aube. Car la route n'est pas sûre jusqu'à Vermont.
BERNANOS, Dialog. Carm., 1948, 3e tabl., 9, p. 1634.
♦ Loc. adv. À franc étrier. De toute la vitesse de son cheval et sans s'arrêter sur une grande distance. ,,Il signifiait autrefois franchir à cheval plusieurs relais de poste sans quitter la selle`` (Ac. 1932). Je vous poursuis depuis Paris à franc étrier et (...) il faut que je vous parle! (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, p. 282). La débâcle des Turcs devint générale. Kourbouqa s'enfuit à franc étrier jusqu'à Alep, puis jusqu'à Mossoul (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 39).
♦ Loc. verbales. Avoir le pied à (dans) l'étrier. Être sur le point de partir. Les chevaux étaient sellés dans la cour et l'on avait le pied à l'étrier pour le joyeux départ (SAINTE-BEUVE, Port Royal, t. 2, 1842, p. 11). Au fig. Être dans une bonne voie pour entreprendre des affaires, commencer une carrière. Marcas [journaliste pauvre] (...) dut céder la place à un concurrent riche et insolent, dont le nom était connu et qui avait déjà le pied à l'étrier (BALZAC, Z. Marcas, 1840, p. 422). Tenir l'étrier, mettre le pied à l'étrier à qqn. L'aider à monter en selle, au fig., à monter une entreprise. Je décidai de remonter sur ma bête, me trouvant assez réchauffé pour l'heure, et je priai Zarouk de me tenir l'étrier (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 176). ,,Être ferme sur ses étriers. Défendre ses sentiments, persister dans ses résolutions avec fermeté, sans se laisser ébranler. Faire perdre les étriers à qqn. Le déconcerter`` (Ac.).
B.— P. anal.
1. [P. anal. de fonction]
a) Bas à étrier. ,,Bas qui, au lieu de pied, ont seulement une espèce de bande qui passe sous le pied, en forme d'étrier`` (Ac.).
b) Support servant à soutenir ou à fixer le pied sur une échasse :
• 2. ... les Landais, pour traverser leurs terres sablonneuses ou marécageuses (...) se servent de deux longs bâtons garnis d'un étrier auxquels ils attachent leurs pieds.
MALOT, Sans fam., 1878, p. 126.
2. Spécialement
a) AGRIC. ,,Pièce qui fixe le coutre à l'age de la charrue`` (DG). Dans les charrues versant la terre d'un seul côté (...) on utilise (...) un étrier qui applique le coutre (...) contre l'age (PASSELÈGUE, Mach. agric., 1930, p. 25).
b) ANAT. ,,Le troisième et plus interne des osselets de l'ouïe dont la tête s'articule avec l'apophyse lenticulaire de l'enclume et dont la base s'insère dans la fenêtre ovale`` (LOV.-VEILL. 1954) :
• 3. Le « muscle de l'étrier » est placé dans un creux d'une éminence située en arrière de la fenêtre ovale près du bord postérieur de la caisse...
CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 509.
c) ARM. Étrier d'arbalète. ,,Étrier de fer placé à la tête de l'arbre des arbalètes à moufle et grâce auquel l'arbalétrier maintenait son arme pendant qu'il en bandait l'arc`` (Lar. encyclop.). Quand les Égyptiens les virent mettre le pied à l'étrier des arbalètes, ils firent demi-tour et disparurent (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 360).
d) CHIR. ,,Instrument en forme de fer à cheval, utilisé pour réduire une fracture ou pour en maintenir la réduction; sorte de gouttière s'adaptant à une table d'opération et dans laquelle on immobilise le pied et la jambe du malade`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Étrier du Prof. Finochietto, pour l'extension continue des fractures de la cuisse (Catal. instrum. chir. [Collin], 1935, p. 404). ,,Bandage dont on se sert pour les plaies du pied`` (Ac.).
e) CONSTR. Pièce métallique en forme d'étrier servant à soutenir une poutre. On fixe ces traverses sur le poteau au moyen d'un étrier et de deux écrous (A. LECLERC, Télégr. et téléph., 1924, p. 297).
f) SP. Alpinisme. ,,Petite échelle de corde comportant deux, trois ou quatre barreaux servant de reposoir pour les pieds et pour les cuisses de l'alpiniste qui escalade en artificielle`` (GAUTRAT 1970; cf. aussi ds ROB., Lar. Lang. fr.). Ski. ,,Pièce de métal destinée à rendre le pied solidaire du ski par l'intermédiaire de la chaussure`` (GAUTRAT 1970).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 estreu « anneau qui pend de chaque côté de la selle et soutient le pied du cavalier » (Roland, éd. J. Bédier, 348); ca 1135 estrier (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 115); 2. 1396 construction (Compte d'ouvrages, 14e Somme des mises, A. Tournai ds GDF. Compl.); 3. 1561 anat. « troisième osselet de l'oreille moyenne » (A. PARÉ, Anat. de la tête, f° 105 ds Œuvres complètes, éd. J.-F. Malgaigne, t. 1, p. 250a, note 1); 4. av. 1718 « sorte de bandage du pied » (P. Dionis ds Trév. 1721). Prob. de l'a. b. frq. streup- « boucle, étrier », malgré le petit nombre de mots correspondants dans les lang. germ., v. Z. rom. Philol. t. 86, 1970, pp. 168-172, FEW t. 17, pp. 253b-254a; -ier peut-être issu, par changement de suff., du plur. estriés de estrief (XIIIe s. ds T.-L. et GDF.), v. BOURC.-BOURC., § 46, I et FEW, loc. cit. Fréq. abs. littér. :251. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 438, b) 500; XXe s. : a) 261, b) 268. Bbg. KELLER (H.). Zur Etymologie von fr[anzösisch] étrier. Z. rom. Philol. 1970, t. 86, pp. 168-172. — LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 54, 196. — QUEM. DDL t. 4.- ROG. 1965, p. 96. — ROHLFS (G.). Traditionalismus und Irrationalismus in der Etymologie. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 2, pp. 210-212.
étrier [etʀije] n. m.
ÉTYM. V. 1130, estrier; estreu, 1080; estrin, estrif, v. 1175; estrief, XIIIe; du francique streup « courroie qui servait d'étrier » chez les Germains.
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1 Anneau métallique qui pend de chaque côté de la selle et soutient le pied du cavalier. || Œil, branches, grille de l'étrier. || Courroie qui supporte l'étrier. ⇒ Étrière, étrivière, porte-étriers. || Porter les étriers courts, longs; raccourcir, allonger les étriers. || Un peu soulevé sur ses étriers (→ Récri, cit.). || Cliquetis de l'éperon sur l'étrier (→ Coursier, cit. 2). || Monter à cheval (cit. 16) sans étrier. || Tenir l'étrier à qqn, pour l'aider à monter à cheval.
1 (…) quelques nègres, l'anneau d'argent à l'oreille, couraient autour de leur monture, la main sur la croupe des bêtes et tenant l'étrier.
Jérôme et Jean Tharaud, Marrakech, X.
♦ Pied de l'étrier ou pied du montoir : l'antérieur gauche (du cheval).
♦ ☑ Loc. (1678). Avoir le pied à l'étrier : être sur le point de partir. || Avoir toujours le pied à l'étrier : être toujours prêt à partir. Fig. Être bien placé pour réussir dans la carrière où l'on s'engage. (Dans le même sens). ☑ Mettre à qqn le pied à l'étrier, l'aider, le favoriser dans (une entreprise, une carrière). → Mettre en selle.
2 Je ne me sens pas d'humeur à mourir d'une si sotte mort; mais (…) il faut toujours avoir son paquet prêt et le pied à l'étrier pour voyager dans cet autre monde (…)
Voltaire, Lettres, 1122, 18 déc. 1752.
2.1 (…) Chalut, c'est moi qui lui ai mis le pied à l'étrier. C'est moi qui l'ai fait entrer chez Toureau. C'est moi qui lui ai apporté sa clientèle.
Pierre Daninos, Un certain Monsieur Blot, p. 135.
♦ ☑ Loc. Vieilli ou littér. Chausser l'étrier. ☑ Se dresser sur ses étriers. — ☑ Courir à franc étrier, en donnant libre carrière au cheval (→ À bride abattue). — ☑ Être ferme sur ses étriers, bien en selle. Fig. Être inébranlable dans ses opinions, ses résolutions. — ☑ Perdre, quitter, vider les étriers : être désarçonné (au propre et au fig.).
2.2 (…) un homme, qui venait de La Rochelle à franc étrier, s'arrêta à la porte pour boire un verre de vin (…)
A. Dumas, les Trois Mousquetaires, t. II, p. 733.
♦ Techn. || Étrier fou, qui n'est pas occupé par le pied du cavalier.
3 Et leurs chevaux libérés, étriers fous et clinquants, galopaient à vide et dévalaient vers nous de très loin avec leurs selles à troussequins bizarres, et leurs cuirs frais (…)
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 35.
♦ ☑ Le coup de l'étrier, le vin de l'étrier (vieilli), qu'on boit avant de partir. || Boire le coup de l'étrier.
4 Maintenant, messieurs, buvons le coup de l'étrier, et souhaitez-moi un bon voyage. Il ordonna au sergent de l'emporter dans son lit.
Claude Tillier, Mon oncle Benjamin, XVIII.
♦ Étriers de bât : pièce métallique pour soutenir des charges paires.
2 Pièce, dispositif qui sert à fixer ou à soutenir le pied. — Marchepied fixé à une échasse.
♦ Alpin. Petite échelle souple que l'on pend au mousqueton d'un piton et qui permet les escalades les plus difficiles.
♦ Ski. Pièce de la fixation du ski qui maintient l'avant de la chaussure.
♦ Méd. Appareil adapté à une table d'examen pour soutenir les pieds. — (Déb. XVIIIe). Chir. Dispositif en forme de fer à cheval que l'on fixe au pied en cas de fracture, pour immobiliser ou exercer une traction.
➪ tableau Lexique de la chirurgie.
3 Techn. Pièce de fer coudée destinée à supporter des éléments de charpente, à réunir ou consolider différentes pièces. — Pièce qui fixe le coutre à l'age de la charrue. — Mar. Suspensoir des marchepieds des vergues.
4 (1561). Anat. Le troisième osselet de l'oreille moyenne. ⇒ Enclume, marteau.
5 (Mil. XXe). || Étrier de bronze, d'argent, de vermeil : brevets, par ordre de difficulté croissante, sanctionnant la progression des cavaliers qui ont satisfait aux divers examens de la Fédération française des sports équestres. ⇒ aussi Éperon (A., 3.).
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DÉR. Étrière, étrive, étrivière (anc. forme estrieu).
HOM. Étriller.
Encyclopédie Universelle. 2012.