poser [ poze ] v. <conjug. : 1> I ♦ V. tr.
1 ♦ Mettre (une chose) en un endroit qui peut naturellement la recevoir et la porter. Poser un objet sur une table. Poser qqch. à terre, par terre, sur le sol, aux pieds de qqn. Poser la main, le doigt, le pied sur qqch. Poser sa tête sur l'oreiller. — Poser un objet droit, de travers, à plat. « Une petite toque cavalièrement posée » (Loti).
♢ Par ext. « Elle posa sur moi son regard éteint » (F. Mauriac) . « L'Islam a posé son empreinte ici sur les choses » (Loti). ⇒ 1. déposer.
2 ♦ Mettre en place à l'endroit approprié. ⇒ installer; pose. Poser des rideaux, du papier peint. Faire poser une moquette. Poser un décor. ⇒ planter. — Poser la première pierre, la pierre angulaire. Poser la base, les fondements de qqch. ⇒ jeter. — Poser une voie ferrée. Poser des jalons. Poser une agrafe, des ventouses. « Il était continuellement à lui tâter le pouls, à lui poser des sinapismes » (Flaubert). Se faire poser un stérilet. — Poser des mines. Poser une bombe.
♢ Écrire (un chiffre) dans une opération. Quatorze, je pose quatre et je retiens un. Poser une équation.
3 ♦ (XIVe) Fig. Admettre ou faire admettre a priori. ⇒ établir. Poser un principe, en faire le fondement de qqch. « Il pose des définitions exactes » (Fontenelle). ⇒ énoncer. Dire cela, c'est poser que... ⇒ affirmer. Ceci posé : ceci étant admis. « Ceci posé, ils se considèrent comme libres » (Aragon). — Par ext. Philos. La conscience pose qqch. comme objet, en tant qu'objet.
4 ♦ Formuler (une question, un problème, une devinette). « Cette question ne paraît difficile à résoudre que parce qu'elle est mal posée » (Rousseau). Poser un problème.
♢ Soulever. Cela pose un problème, un grave problème. Poser problème.
♢ POSER UNE QUESTION À QQN, l'interroger, le questionner. Poser des questions indiscrètes, embarrassantes. « Pas de risque qu'on lui posât des colles sur la géographie » (Aragon). — Se poser une question. ⇒ s'interroger. « Là où le devoir est net, se poser des questions, c'est déjà la défaite » (Hugo). Je me pose la question de sa responsabilité. Personne ne s'est posé la question.
5 ♦ Poser sa candidature : se déclarer officiellement candidat.
6 ♦ (Sujet chose) Mettre en crédit, en vue; donner de l'importance à (qqn). « Il n'y a rien qui pose un critique comme de parler d'un auteur étranger inconnu » (Balzac). Absolt et fam. Une maison comme ça, ça pose !
7 ♦ (XVIe) Abandonner, déposer. Poser les armes. ⇒ capituler, se rendre. Poser le masque. ⇒ baisser. — Loc. fam. Poser culotte : aller à la selle.
8 ♦ Fig. et fam. Poser un lapin à qqn.
II ♦ V. intr. (1260 « reposer »)
1 ♦ Être posé, appuyé (sur qqch.). ⇒ 1. porter, 1. reposer. Poutre qui pose sur une traverse. — Fig. et littér. « Notre crainte ne pouvant poser sur rien de certain » (Massillon).
2 ♦ (D'un modèle) Rester immobile dans l'attitude voulue par le peintre, le photographe. « Poser pour ce portrait [...] était pour elle une corvée épouvantable » (Stendhal). Poser pour des photos de mode. Poser pour un magazine.
3 ♦ (1835) Fig. Poser pour la galerie, et absolt poser : prendre des attitudes étudiées pour se faire remarquer. ⇒ parader, se pavaner; poseur. « Un de ces êtres insupportables qui posent pour la galerie » (Romains).
♢ Fam. POSER À... : tenter de se faire passer pour. ⇒ jouer. Poser au justicier.
III ♦ SE POSER. V. pron.
1 ♦ (Réfl.) Se placer, s'arrêter doucement (quelque part), spécialt en descendant après un vol. Oiseau, papillon qui se pose sur une branche. « Elle se posa sur le marchepied avec une légèreté d'oiseau » (Balzac ). Une main s'est posée sur mon épaule. — Absolt Avion qui se pose. ⇒ atterrir. On s'est posé à Montréal. — Par ext. S'arrêter. « C'est long ces journées dans Paris : on ne sait où se poser » (F. Mauriac). Son regard se posa sur lui.
2 ♦ Se donner (pour tel). Se poser comme, en tant que... L'artiste dont le propre est « de se poser comme un être d'exception » (Benda ). Se poser en... : prétendre jouer le rôle de. ⇒ s'ériger. Se poser en victime. « Un homme qui se posait à la fois en médecin, en confesseur et en confident » (Balzac). — Absolt, philos. S'affirmer. « Le moi se pose en s'opposant » (Bourget).
3 ♦ (Pass.) Être, devoir être posé. Ce papier peint se pose facilement. « La mantille espagnole se pose à l'arrière de la tête » (Gautier). ⇒ se mettre.
4 ♦ Exister (question, problème). « Le problème se posera dans tous les cas » (Romains). La question qui se pose, la seule question qui se pose, qui mérite d'être posée.
5 ♦ Loc. fam. Se poser (un peu) là, se dit de qqn ou de qqch. qui dépasse la norme dans quelque domaine que ce soit. Comme abruti, il se pose là !
⊗ CONTR. 2. Déposer, enlever, 1. lever, ôter. — Envoler (s').
⊗ HOM. Pauser.
● poser verbe transitif (latin pausare) Mettre quelque chose qu'on portait sur quelque chose qui le supporte : Poser un livre sur une étagère. Se débarrasser de ce que l'on portait sur soi : Posez votre manteau, il fait très chaud ici. Mettre une partie du corps sur quelque chose, l'y placer : Il posa sa main sur la mienne. Faire prendre contact à un avion avec le sol. Installer, mettre en place un accessoire, un mécanisme, un appareil, etc. : Poser des rideaux aux fenêtres. Appliquer une matière, un produit sur une surface : Poser de l'enduit sur un mur. Mettre quelque chose sur le corps comme traitement ou de manière définitive : Se faire poser un stérilet. Écrire les nombres soumis à une opération arithmétique en inscrivant les étapes intermédiaires du calcul. Conférer de l'importance à quelqu'un, lui donner du poids par rapport à son entourage : Sa découverte le pose dans les milieux scientifiques. Admettre quelque chose, le prendre comme hypothèse : Posons cela comme acquis. Désigner par un nom, une lettre ou un autre symbole une expression (le plus souvent algébrique), pour faciliter l'écriture ou la présentation d'un développement mathématique. ● poser verbe intransitif Reposer sur quelque chose, porter dessus, être placé dessus : Le madrier pose sur le mur. Prendre une attitude qu'un artiste ou un photographe vont reproduire, par la peinture, la sculpture, etc., ou la photographie : Poser pour un magazine. Prendre des manières affectées pour produire son effet, pour se faire valoir : Regarde-le poser devant ces dames ! Familier. Se donner des allures de, tenter de se faire passer pour : Poser au justicier. Effectuer une prise de vue en laissant l'obturateur de l'appareil ouvert durant un temps assez long. ● poser nom masculin Action du cheval qui pose son pied sur le sol. ● poser (homonymes) verbe intransitif ● poser (synonymes) verbe intransitif Reposer sur quelque chose, porter dessus, être placé dessus
Synonymes :
- appuyer
- peser
- reposer
Prendre des manières affectées pour produire son effet, pour se...
Synonymes :
- parader
- plastronner (familier)
● poser (homonymes)
nom masculin
pauser
verbe
posé
adjectif
posé
nom masculin
posée
nom féminin
poser
verbe
● poser (expressions)
verbe transitif
(latin pausare)
Poser un acte, en Belgique, l'accomplir.
Littéraire. Poser un baiser, le donner.
Poser sa candidature, être candidat à un emploi.
Poser (un) problème, soulever une difficulté.
Poser une question, une devinette, les formuler.
Poser une question à quelqu'un, le questionner.
Poser les yeux, le regard sur quelqu'un, quelque chose, les regarder.
Poser sa voix, utiliser sa voix en maîtrisant au mieux sa technique vocale et respiratoire.
● poser (homonymes)
verbe transitif
(latin pausare)
pauser
verbe
posé
adjectif
posé
nom masculin
posée
nom féminin
poser
nom masculin
● poser (synonymes)
verbe transitif
(latin pausare)
Mettre quelque chose qu'on portait sur quelque chose qui le supporte
Synonymes :
- déposer
- placer
Mettre une partie du corps sur quelque chose, l'y placer
Synonymes :
- appuyer
Admettre quelque chose, le prendre comme hypothèse
Synonymes :
- établir
- postuler
- présupposer
Poser une question, une devinette
Synonymes :
- énoncer
poser
v.
rI./r v. tr.
d1./d Placer, mettre. Poser un vase sur un meuble.
— (S. comp. de lieu.) Cesser de porter, déposer. Il posa ses valises.
d2./d Disposer, installer, fixer à l'endroit approprié. Poser un câble téléphonique.
d3./d Coucher sur le papier, disposer par écrit. Poser une multiplication.
d4./d Fig. établir. Poser en principe. Posons comme hypothèse que...
d5./d Poser une question, la formuler; demander qqch.
|| Poser un problème à qqn, être pour lui une cause d'ennui, de désagrément; faire difficulté. Votre absence risque de nous poser un problème.
d6./d (Sujet n. de chose.) Contribuer à établir la réputation de (qqn). Le succès de son roman a posé ce jeune auteur.
d7./d MUS Poser sa voix, bien la contrôler, la faire sonner juste et avec un volume égal dans toutes les tonalités.
d8./d Abandonner, déposer.
— Poser les armes: capituler.
rII./r v. intr.
d1./d Prendre la pose devant un peintre, un sculpteur, un photographe, etc.
d2./d Fig., péjor. étudier ses attitudes, ses gestes, chercher à faire de l'effet. Poser pour la galerie.
|| Fam. Poser à: tenter de se faire passer pour. Poser au génie méconnu.
rIII/r v. Pron.
d1./d Toucher terre ou se percher, en parlant d'un oiseau. Moineau qui se pose sur une branche.
|| Atterrir, en parlant d'un aéronef.
d2./d Requérir une réponse, une solution, en parlant d'une question, d'un problème. Le problème ne se pose plus.
d3./d Loc. Se poser comme: s'affirmer en tant que.
|| Fam. Se poser là: tenir sa place (presque toujours iron.). Comme imbécile, il se pose là!
⇒POSER, verbe
I. —Empl. trans.
A. —Qqn pose qqc. ou qqn (pour un temps limité)
1. [Le plus souvent suivi d'un compl. second] Mettre dans un endroit qui assure un support, un appui. Synon. déposer, placer1; anton. enlever.
a) [Suivi d'un compl. locatif] Poser un objet sur un meuble, une échelle contre un mur, un outil à terre, un livre devant soi, un enfant à ses côtés, un livre dans une bibliothèque. À peine eut-elle posé Jeanne dans son grand lit, que ce pauvre petit corps de fillette fut agité de violentes convulsions (ZOLA, Page amour, 1878, p.804). À sept heures Balionte entra avec une bougie, posa sur la table le plateau (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p.266).
♦Empl. pronom. passif. J'appréhendais sans doute d'entendre se poser l'échelle du pailler contre la façade (BOSCO, Mas Théot., 1945, p.192).
— [Sans compl. locatif] [La] femme qui à l'église s'agenouille auprès du cierge qu'elle vient de poser (DU BOS, Journal, 1928, p.93).
b) [Suivi d'un compl. de manière] Son fusil était posé la crosse en bas un peu obliquement (FLAUB., Éduc. sent., t.2, 1869, p.145).
2. En partic. [Le plus souvent sans compl. second] Se séparer, se débarrasser de ce que l'on porte. Synon. déposer, se décharger de. Poser ses bagages, sa canne, son parapluie. Posez vite vos affaires. Nous avons une bouillabaisse qui n'attend pas (PROUST, Sodome, 1922, p.900). Il posa sa valise, serra la main aux copains (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p.181):
• 1. Elle avait (...) pris sur ses bras notre petite soeur Suzanne pour monter le long escalier, en sorte qu'elle était essouflée. Elle posa l'enfant, se retint de respirer une seconde...
DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p.27.
— Loc. verb. Poser les armes (v. arme II A 4 a); poser, quitter l'épée; poser, lever le masque; poser culotte (v. culotte1 A 1 b); poser sa chique (v. chique1 A).
3. P. anal.
a) Mettre (une partie de son corps) sur/contre quelque chose ou quelqu'un. Poser sa tête sur un oreiller, sur l'épaule de qqn. Il se leva et vint poser son front contre les vitres (MAUPASS., Pierre et Jean, 1888, p.414). Elle l'attire tendrement contre elle, prend la tête d'Andoche entre ses deux mains et la pose sur sa poitrine (MARTIN DU G., Gonfle, 1928, II, 2, p.1200).
— Poser le pied (dans un lieu). Commencer à y pénétrer. Que venait faire Cornebille à pareille heure, en plein coeur d'un parc où la marquise lui avait interdit de jamais poser le pied? (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p.100).
b) Littéraire
— Poser ses lèvres, un baiser sur (une partie du corps de qqn). L'embrasser de manière délicate. Et, sur les joues de la jeune femme impuissante, l'insolent posa deux baisers (TOULET, Tendres mén., 1904, p.139). Robert, se détournant un peu, posa ses lèvres sur le pied nu de Lilian (GIDE, Faux-monn., 1925, p.968).
♦Empl. pronom. passif. Ses lèvres se posèrent sur les joues de Florentine (ROY, Bonheur occas., 1945, p.102).
— Poser les yeux, le regard sur (qqc. ou qqn). Regarder en s'attardant. Elle pose sur lui un regard indéchiffrable, étrangement attentif et limpide (BERNANOS, Mme Dargent, 1922, p.7). Je pose les yeux sur un évangéliaire anglais d'avant la conquête normande (MORAND, New-York, 1930, p.135).
♦Empl. pronom. Ses yeux se posèrent sur moi, souriants (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p.60).
♦Loc. fig. Poser un regard neuf, nouveau sur qqc. Regarder (quelque chose) sous un jour nouveau. Il s'aperçut qu'il posait sur la vie un regard neuf (MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p.829).
B. —Qqn/qqc. est posé ou se pose
1. Vieilli. [Le suj. désigne une pers.]Être installé, s'installer en recherchant une pose ou un effet plus ou moins marqué. La marquise, posée théâtralement dans son grand fauteuil, s'apprêtait (...) à jouer sa petite comédie d'étiquette (SAND, Valentine, 1832, p.165).
— Empl. pronom. réfl.
♦[Suivi d'un compl. locatif] C'est une charmante jeune personne, dit Béatrix en se posant dans un fauteuil gothique (BALZAC, Béatrix, 1839, p.163).
♦[Suivi d'un compl. de manière] Il interrogeait les femmes d'un oeil heureux en (...) se penchant en arrière et se posant de trois-quarts (BALZAC, Illus. perdues, 1837, p.87).
2. [Le suj. désigne un animé ou un inanimé capable de voler]
a) [Le suj. désigne un oiseau] Être à terre, ne pas voler. Des mouettes posées marquetaient en troupe la plage mouillée (CHATEAUBR., Mém., t.4, 1848, p.403).
♦Empl. pronom. réfl. Je vois deux hirondelles se poser dans l'allée du jardin (DELACROIX, Journal, 1853, p.67).
— Posé sur. Perché sur. Un grand aigle aux plumes fauves, posé sur la branche d'un arbre (GREEN, Journal, 1934, p.265).
♦Empl. pronom. réfl. Le Ramier se pose bruyamment sur l'arbre le plus proche pour descendre de branches en branches jusqu'à la rive (VIDRON, Chasse, 1945, p.66).
♦Rare, vieilli, empl. intrans. Poser sur. Se percher sur. Des merles bleus si légers qu'ils posent sur une herbe sans la faire plier (RENAN, Vie Jésus, 1863, p.67). Les oiseaux dans leur vol viennent poser sur lui [l'arbre solitaire] (MORÉAS, Stances, 1901, p.113).
b) [Le suj. désigne un insecte qui vole] Être en position de repos, ne pas voler. Deux bambins occupés à attraper des mouches posées contre un mur (D'ALLEMAGNE, Récr. et passe-temps, 1904, p.179).
— Empl. pronom. réfl. Se placer. De grosses mouches venaient se poser sur moi (MAUROIS, Climats, 1928, p.15).
c) Empl. pronom. passif. [Le suj. désigne un aéronef] Atterrir. Un avion militaire se posait dans leur verger (GIRAUDOUX, Bella, 1926, p.65).
— [P. méton. du suj.]:
• 2. Je tournai donc autour de la lagune, à trente mètres d'altitude jusqu'à la panne d'essence. Après deux heures de manège, je me posai et capotai. Quand je me dégageai de l'avion, la tempête me renversa.
SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p.162.
C. —Qqn pose qqc., qqn pose qqn. [De manière plus durable et avec une idée de précision]
1. Qqn pose qqc. Placer à l'endroit qui convient; procéder à l'installation d'un objet, d'un appareil ou d'un ensemble plus complexe. Synon. installer; anton. déposer. Poser une porte, des planchers, des rideaux, une serrure, l'électricité dans une maison, des voies ferrées. Dans les grandes villes, les lignes [téléphoniques] sont posées dans les égouts (A. LECLERC, Télégr. et téléph., 1924, p.312). Il ne restait à poser que les tuiles du toit (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p.276).
♦Loc. adv. Prêt à poser. V. prêt2 A 2 a .
♦Empl. pronom. passif. Ces planches en bois blanc se posent presque toujours transversalement, en évitant de multiplier les morceaux (NOSBAN, Manuel menuisier, t.2, 1857, p.208).
a) ARCHIT., CONSTR. Poser une pierre, une colonne, une statue. Les placer à l'endroit qui convient en procédant à leur fixation ou à leur stabilisation. C'était pendant qu'on posait les statues du pont des Saints-Pères (...). Il y avait foule pour voir (...) soulever des statues si lourdes (A. FRANCE, Bergeret, 1901, p.46).
♦[Suivi d'un compl. de manière] Les pierres d'un édifice, posées deux à deux par points alternatifs, en affermissent toute la masse (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.310).
— Loc. verb.
♦Poser la première pierre (d'un édifice).
♦Poser à cru. ,,Élever sans fondation (une charpente, un mur, un pilier)`` (NOËL 1968; dict. XIXe et XXes.).
♦Poser à sec. ,,Construire sans mortier, ce qui se fait pour les constructions en pierre de taille, en frottant les pierres avec du grès et de l'eau par leurs joints de lits bien dressés jusqu'à ce qu'il ne reste plus de vide`` (NOËL 1968; dict. XIXe et XXes.).
♦Poser de chant (ou de champ), sur champ. ,,Mettre en place une pierre, une brique, une pièce de bois, en la faisant reposer sur sa face la plus étroite`` (NOËL 1968). Imaginez deux lignes de doubles briques posées sur champ, deux lignes carrées entre les pavés (GONCOURT, Journal, 1862, p.1151). Les briques sont posées de champ, (...) perpendiculaires à l'axe de la chaussée qu'on borde (BOURDE, Trav. publ., 1929, p.94).
♦Poser à plat. ,,Mettre en place une pierre, une brique en la faisant reposer sur sa face la plus large`` (NOËL 1968; dict.XIXe et XXes.).
— Vieilli. [Toujours empl. au part. passé ou en empl. pronom.; le suj. désigne une construction ou un ensemble de constructions] Installer, construire. Une vallée qui (...) semble bondir sous les châteaux posés sur ces doubles collines (BALZAC, Lys, 1836, p.29). Visite à Béni-Souef (...). Jolie petite ville posée sur le Nil (FROMENTIN, Voy. Égypte, 1869, p.58).
♦Empl. pronom. passif. Être installé, construit. Le château (...) touche au hameau et se pose au bord de la place champêtre sans plus de faste qu'une habitation villageoise (SAND, Hist. vie, t.1, 1855, p.144).
b) Spécialement
— ARITHM. Inscrire, au cours d'une opération (addition, soustraction, multiplication) le résultat obtenu en commençant par le chiffre des unités pour terminer par celui des dizaines, centaines, etc.:
• 3. Supposons que nous ayons à multiplier 372 par 465. (...) procédons comme il suit: 5 fois 2 font 10, je pose 0 et je retiens 1, 5 fois 7 font 35, 35 et 1 font 36, je pose 6 et je retiens 3, 5 fois 3 font 15, 15 et 3 font 18, je pose 8 et je retiens 1.
BERKELEY, Cerveaux géants, 1957, p.242.
— CHANT. Poser sa voix. ,,Émettre des sons avec aisance sans forcer le volume de la voix`` (ROUGNON 1935, p.365). «Je suis un homme de théâtre», dit-il (...). On s'en est bien aperçu (...) à la façon dont il posait sa voix, dont il prenait ses temps (A. DAUDET, Crit. dram., 1897, p.325).
♦Empl. part. Voix bien posée. ,,Voix qui, dans toute son étendue, peut émettre les sons pleins, fermes, ronds et vibrants, sans vacillation ou tremblement`` (BRENET Mus. 1926, p.365). Aussi le chanteur semblait-il triompher. Chaque note sortait avec une grande sûreté d'intonation; la voix était parfaitement posée (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.205).
— JEUX. Poser un pion, un dé, une carte. Les jouer:
• 4. —Perrache, tu devrais te marier... —Pourquoi? —dit Perrache (...) —Pour moi! —dit Nachette en posant le double six.
GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p.113.
2. Qqn pose qqn
a) Vieilli. Poser un garde, une sentinelle. Les mettre en faction à un endroit précis. Synon. poster. Des gardes furent posées sur les ponts et dans les places publiques (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.3, 1821-24, p.59). Il était dur, après les marches, d'être obligé, à l'étape déserte (...) de poser des sentinelles, d'occuper des postes (CHATEAUBR., Mém., t.2, 1848, p.451).
b) Vieilli. Déposer quelqu'un que l'on véhiculait à un endroit précis. La diligence la posait en ville [Lise] à une heure bien incommode (LACRETELLE, Hts ponts, t.2, 1933, p.7).
c) BEAUX-ARTS
— [Le suj. désigne l'artiste] Poser le modèle. Installer le modèle dans l'attitude souhaitée. Synon. usuel faire poser un modèle (v. ce mot II B 1). Il posait un beau modèle devant lui, le copiait péniblement (GAUTIER ds La Presse, 17 févr. 1849).
— Loc. verb. [Le suj. désigne le modèle] Poser le nu, l'académie. Synon. poser nu (v. infra II B 1). Un peintre de Montparnasse lui demandait de poser l'académie (ARNOUX, Paris, 1939, p.217):
• 5. Cette présence de peintres, d'esthètes, de courtiers en tableaux, de poètes et de midinettes toujours prêtes à se déshabiller pour poser un nu...
FARGUE, Piéton Paris, 1939, p.153.
d) Au fig. Poser sa candidature. Présenter officiellement sa candidature. Peu après il se tourna vers la politique active et posa sa candidature à la députation (SARTRE, Nausée, 1938, p.120).
D. —Au fig.
1. Qqn pose qqn. Jouer le rôle de, se faire passer pour. Synon. camper:
• 6. Au demeurant, il est d'un commerce sympathique; il ne pose jamais l'érudit, au contraire; il poserait plus volontiers l'homme du monde qui n'a besoin de rien savoir...
MARTIN DU G., Devenir, 1909, p.33.
♦Poser à + subst. Poser au grand homme, au justicier. Le petit homme qui posait à l'arbitre se frappa les mains (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p.224):
• 7. Pour faire une blague, pour faire rigoler, pour poser au malin, pour rien, il leur avait donné ce papier.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.124.
♦Poser pour + subst. Il pose pour le don Juan, il est encore jeune, dans quelques années, vous le rencontrerez avec un vieux débris qui l'aura maté (POULOT, Sublime, 1872, p.107).
— Empl. pronom. réfl.
♦Se poser en + subst. Se poser en héros, en protecteur, en redresseur de torts, en séducteur. Personne n'a plus le droit de se poser en témoin ni en juge (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p.274). —Avez-vous l'intention de vous poser en victime? (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p.225).
♦Se poser comme + subst. Se poser comme un génie, comme le maître, comme un traître. On sent que sous la forme légère qu'il donne à ses paroles, le candidat remisé à la porte va sérieusement se poser comme le directeur des votes de l'Académie! (GONCOURT, Journal, 1893, p.364):
• 8. ... [les franciscains] se répandent sur l'Italie déchirée par tant de discordes, essayant de réconcilier partout les partis, de déraciner les erreurs, se posant comme les arbitres suprêmes...
MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p.XLVIII.
♦Se poser comme + adj. Quelquefois, se posant comme expérimentée, elle disait du mal de l'amour avec un rire sceptique qui donnait des démangeaisons de la gifler (FLAUB., Éduc. sent., t.1, 1869, p.189).
♦Fam. Se poser là. Faire preuve de peu de mesure, de peu de modération dans son comportement, dans ses actes. Comme délicatesse vous vous posez là (L'Est Républicain, 6 mars 1984, p.409, col. 5).
2. Qqn pose qqc.
a) Admettre en affirmant comme une vérité irréfutable ou comme une conséquence nécessaire; présumer, supposer. Synon. établir, postuler, présupposer. Poser un principe, une règle:
• 9. Le dogme de l'immortalité future, et la définition de l'homme telle qu'on l'avait posée d'abord, formaient deux prémisses d'où se devait conclure, conséquence suprême et glorieuse, la résurrection de la chair.
OZANAM, Philos. Dante, 1838, p.252.
♦Poser (qqc.) pour (principe, etc). Poser Dieu pour principe, et le Verbe va suivre: le Fils naît forcément du Père (CHATEAUBR., Mém., t.2, 1848, p.46).
♦Poser pour (maxime, etc.) que + ind. Posons, avait dit au contraire Jean-Jacques, pour maxime incontestable, que les premiers mouvements de la nature sont toujours droits (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p.124).
♦Poser en (principe, axiome, règle, etc.) que + ind. Nous pouvons poser en principe que tout être vivant, fût-ce le plus rudimentaire, naît d'un être vivant préexistant (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p.26). Le Dr Coué pose en règle que la volonté contrainte le cède toujours et sans aucune exception, en efficacité, à l'imagination libre (MOUNIER, Traité caract., 1946, p.457).
♦Poser comme (principe, etc.) que + ind. Pour le moment, posons comme principe, si vous le voulez bien, que l'opération picturale implique un choix préalable, dans la réalité, de certains éléments rares et précieux (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p.11).
♦Poser que + ind. Soit un modèle à deux revenus seulement: salaire et profit. Posons que le produit tout entier est absorbé par les deux revenus (PERROUX, Écon. XXes., 1964, p.417).
♦Ceci, cela posé. Ceci, cela admis. Vous n'êtes pas compromis, ni laissé là par moi. (...) soyez tranquille, je vous donnerai de l'ouvrage. Cela posé et bien dit, voici en quoi selon moi vous déviez (HUGO, Corresp., 1853, p.154).
b) Formuler, énoncer.
— Poser un problème. Nul n'esquive le problème de la pratique; et non seulement chacun le pose, mais chacun, à sa façon, le tranche inévitablement (BLONDEL, Action, 1893, p.X).
♦Empl. pronom. Le problème de Baudelaire pouvait donc (...) se poser ainsi: «Être un grand poète, mais n'être ni Lamartine, ni Hugo, ni Musset» (VALÉRY, Variété II, 1929, p.145).
— Poser une question. Quelqu'un pose la question: qui a fait cela? Je me lève et je réponds: c'est moi (RICOEUR, Philos. volonté, 1949, p.55).
♦Empl. pronom. Ici se pose une question: le littérateur veut-il, en vertu de son essence, exprimer uniquement son âme personnelle? (BENDA, Fr. byz., 1945, p.157).
3. Qqn pose qqc. à qqn
a) Poser un problème, une devinette, une colle à qqn. Soumettre à quelqu'un un problème, une devinette, une colle à résoudre. Il aimait naturellement à commander et à briller, et avec les ouvriers pas de risque qu'on lui posât des colles sur la géographie ou l'histoire ancienne (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.41). Il continua de la sorte à poser à tout le monde sa devinette (DRUON, Gdes fam., t.2, 1948, p.160):
• 10. Quelquefois (...), il (...) me faisait une question imprévue sur quelque vulgaire connaissance comme la géographie ou l'algèbre, me posant le plus facile problème d'enfant...
VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p.154.
— Empl. pronom. réfl. indir. C'est un problème qu'aujourd'hui encore je me pose sans pouvoir le résoudre (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.16).
b) Poser une question à qqn. Lui demander de répondre, de dire ce qu'il pense de. —Je vais te poser une question, fit-il. —Eh bien? Parle. —Ai-je bien agi avec Simon? Ai-je été juste? (GREEN, Moïra, 1950, p.109).
— Empl. pronom. réfl. indir. Chaque jour, et tout le long du jour, je me pose la question (...): est-ce que j'aurais peine à mourir? (GIDE, Journal, 1922, p.729).
c) Poser ses/des conditions (à qqn). Les formuler de manière nette et impérative. D'ailleurs, avant de commencer à réfléchir, il faut que je vous pose des conditions (PAGNOL, Fanny, 1932, I, 2e tabl., 4, p.79).
4. Qqc. pose qqc. Soulever, faire apparaître. La disparition d'Olivier, sans l'inquiéter beaucoup, car elle le savait sujet à ces sortes de fugues, n'en posait pas moins un problème (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p.998). La partition posait deux difficultés de principe: celle de la tablature, et celle de la technique de la notation (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p.81).
— Qqc. pose qqc. à qqn. Il est bien clair que ces obsessions des malades nous posent un très curieux problème de psychologie (JANET, Obsess. et psychasth., 1903, p.27).
— Empl. pronom. passif. Apparaître. D'autres problèmes, cependant, se posent en 1922 (BARRÈS, Cahiers, t.14, 1922, p.73).
5. Vieilli. Qqc. pose qqn. Le placer dans une situation avantageuse. Le succès obtenu par son livre l'a posé dans le monde des lettres. Je me livrerai à la peinture, aux beaux-arts, cela pose un homme (FLAUB., Corresp., 1855, p.79). Cela posait tout de suite une demoiselle d'avoir sur son album à souvenirs le portrait de Christian II (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p.256).
— Empl. pronom. réfl. Se poser (dans le monde). S'y faire une position avantageuse:
• 11. —Tu n'as pas su te poser à Juvigny. On donne des dîners partout; as-tu seulement tenté une démarche pour faire inviter ta femme et ta fille? —J'ai pour principe de ne jamais m'imposer, répondit le brave homme...
THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p.43.
II. —Empl. intrans.
A. —Vieilli. [Le suj. désigne un élément d'une construction ou une partie du corps hum.] Poser sur (qqc.). Synon. reposer sur. Enfin mes pieds posèrent sur une plate-forme plus large (ABOUT, Roi mont., 1857, p.215). Une salle carrée dont le plafond bleu posait sur quatre piliers massifs (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p.169).
— HÉRALD. Disposer, placer. Un pavillon aux armes de Monte-Cristo, armes représentant une montagne d'or, posant sur une mer d'azur, avec une croix de gueules au chef (DUMAS père, Monte-cristo, t.2, 1846, p.383).
B. —Qqn pose
1. BEAUX-ARTS. [Le suj. désigne le modèle] Demeurer un certain temps immobile dans l'attitude choisie par l'artiste afin qu'il puisse reproduire son modèle. Faire poser un modèle; poser nu, debout, allongé. Une élégante Roumaine que tous voulaient faire poser, Manet comme Boldini et Helleu (BLANCHE, Modèles, 1928, p.211). Philippe, avec dévotion, faisait des portraits de Suzanne et jamais la jeune femme ne refusait de poser (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.229).
♦Poser pour (le buste, la tête). Pendant que je pose pour mon portrait, Bracquemond, tout en crayonnant, me raconte un peu sa vie (GONCOURT, Journal, 1879, p.48). [Les artistes] lisent les caractères dans les physionomies avec une finesse qui me faisait peur, quand je posais pour ce buste (BOURGET, Tapin, Enf. morte, 1928, p.80).
♦Poser pour l'ensemble et, p.ell., poser l'ensemble. Poser en pied. (Dict. XIXe et XXes.).
— P. anal., LITT. Poser pour un écrivain. Lui servir de modèle pour créer un personnage de roman:
• 12. On peut reconnaître dans toute oeuvre d'art (...) celles [les femmes] qu'il a le plus aimées. Elles-mêmes n'ont fait que poser pour l'écrivain dans le moment même où, bien contre son gré, elles le faisaient le plus souffrir.
PROUST, Temps retr., 1922, p.901.
2. PHOTOGRAPHIE
a) Demeurer un certain temps immobile devant l'objectif afin d'être photographié. Ah! bel indifférent, vous donc aussi, avant de poser devant l'objectif, vous vous donnez un coup de peigne, et vous ne laissez courir que des photographies retouchées! (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p.401). Le temps interminable que mettaient autrefois à vous faire poser les photographes quand la lumière était mauvaise (PROUST, Temps retr., 1922 p.826).
b) Maintenir ouvert l'objectif d'un appareil photographique pendant un temps supérieur à un dixième de seconde afin de prendre un cliché. Votre photo est sombre, vous avez trop posé. (Dict. XXes.).
3. Au fig. Prendre une attitude affectée, manquer de naturel. Synon. fam. crâner, se pavaner. Les monarques posent toujours, et les grands monarques plus peut-être que tous les autres (SAND, Consuelo, t.3, 1842-43, p.213):
• 13. Qu'on ne te reproche pas ces simagrées que tu faisais avec tes nobles amis. Ce n'est rien. Tu posais, tu grimaçais malgré toi. Nous grimaçons tous.
GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p.51.
— Loc. Poser pour la galerie.
4. Vieilli. Faire poser qqn. Le faire attendre. Ah çà! (...) ils ne viendront pas, les médecins! (...) voilà une heure qu'ils nous font poser! (GYP, Docteurs, 1892, p.44).
— En partic. Faire attendre (quelqu'un) en le trompant par des prétextes, des vaines promesses. Synon. fam. faire lanterner qqn. Elle aurait bien voulu manquer encore celui-là [le rendez-vous], mais elle avait fait poser ce pauvre vicomte, deux fois le mois dernier, et elle n'osait point recommencer si tôt (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Rendez-vous, 1889, p.1111).
Rem. 1. Dans qq. ex., poser est empl. abusivement et par confusion graph. au sens de «pauser»: Nous nous donnâmes à peine le temps d'y poser [à Strasbourg] et ne fîmes presque que nous élancer de la voiture sur la selle des chevaux (SAINTE-BEUVE, Volupté, t.2, 1834, p.206). [Les guides] posaient une minute sur un bloc solide pour permettre au monsieur de reprendre haleine (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p.183). 2. Empl. subst. a) Formulation. Au simple poser de telles questions l'orthodoxie s'insurge évidemment (WEILL, Judaïsme, 1931, p.82). b) Équit. V. posé III A 2.
Prononc. et Orth.:[poze], (il) pose [po:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Fin Xes. pausar «déposer, ensevelir» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 351); ca 1050 poser «id.» (Alexis, éd. Chr. Storey, 587); 2. a) 1188 «mettre en place une chose» (AIMON DE VARENNES, Florimont, éd. A. Hilka, 6250); 1680 poser la première pierre (RICH.); 1579 poser (des) sentinelles (LARIVEY, Les Jaloux, éd. Viollet le Duc, VI, 46); b) 1792 «jouer un dé au domino» (Encyclop. méthod. Jeux, t.3, p.71); 1654 arithm. (CYRANO DE BERGERAC, Le Pédant joué, II, 2); c) 1669 peint. «donner la pose appropriée au modèle» (MOLIÈRE, Gloire du Val de Grâce, 91); 1840 mus. poser la voix (GARCIA, Art chant, p.95); 3. 1155 «fixer, déterminer, établir» (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 71); 1269-78 «présumer, supposer» poson que (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 18757-18758); 1657-62 cela posé (PASCAL, Pensées, éd. Brunschvicg, section VII, 385); 1690 poser des principes (FUR.); 1879 poser un acte «accomplir» (Arrêt de la cour de cassation de Belgique ds DUPRÉ 1972); 4. 1718 poser l'état d'une question «déterminer d'une façon précise les termes d'une question» (Ac.); 1789 poser une question (MIRABEAU, I, 295 ds RANFT); 1862 poser sa candidature (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t.1, p.400); 5. ca 1150 «établir quelqu'un dans une fonction» (WACE, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 160); rare jusqu'au XIXes. 1841 (BALZAC, Fausse maîtr., p.44); 6. 1188 «mettre bas quelque chose qu'on porte sur soi» (AIMON DE VARENNES, Florimont, éd. A. Hilka, 2422); 1567 poser les armes (AMYOT, Vies, Eumen, 8 ds GDF. Compl.); 1669 poser le masque (MOLIÈRE, Tartuffe, 4, 4); 1837 poser ses scrupules (BALZAC, Employés, p.38); 1866 poser sa chique «se taire», «mourir» (DELVAU, p.79); 1878 poser culotte (RIGAUD, Dict. jargon paris., p.277). B. 1. a) Ca 1140 «reposer (en parlant d'un mort)» (GEOFFROI GAIMAR, Hist. des anglais, éd. A. Bell, 1742); b) 1680 «être appuyé sur quelque chose» (RICH.); c) 1822 peint. «(en parlant d'un modèle) rester immobile dans l'attitude voulue par le peintre» (DELACROIX, Journal, p.20); d) 1834 faire poser (qqn) «le faire attendre» (BALZAC, Gaudissart, p.290); e) 1835 «prendre des attitudes, des manières affectées (Ac.); 1883 poser pour la galerie (HUYSMANS, Art mod., p.168); 2. a) ca 1145 verbe pronom. «s'étendre (sur un lit)» (WACE, Conception N.D., éd. W. R. Ashford, 1532); b) av. 1794 «en parlant du regard» (CHÉNIER, OEuvres poét., II, p.36); c) 1846 «se faire, se donner une position avantageuse» (BALZAC, Cous. Bette, p.91); d) 1835 se poser comme (ID., Fille yeux d'or, p.353); 1839 se poser en (ID., Fille Ève, p.148); 1947 se poser là (FALLET, Banlieue sud-est, p.25); 3. a) 1538 part. passé «calme, mesuré» (EST.); 1840 gens posés «qui ont une situation sociale bien assise» (BALZAC, Prince Bohême, p.381); b) 1869 verbe subst. le poser «action du cheval qui pose un pied sur le sol» (LITTRÉ); 1903 part. passé subst. «id.» (Nouv. Lar. ill.); c) 1874 part. passé fém. subst. «endroit où un navire pose sur le fond» (Rapport du préfet de la Manche dans l'Avranchin, 8 nov., Suppl. ds LITTRÉ Suppl. 1877). Du lat. pop. pausare «cesser, s'arrêter», d'où dans le lat. des inscriptions chrét. «se reposer (en parlant d'un mort)», a pris le sens de poser dans le lat. parlé de basse époque en absorbant les différents sens du lat. ponere (v. pondre), sens qui a éliminé le sens propre réservé à reposer (BL.-W.; cf. aussi A. STEFENELLI, Geschichte des fr. kernwortschatzes, p.72 et 259). Fréq. abs. littér.:10131. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 6661, b) 13661; XXes.: a) 16079, b) 20407.
DÉR. Posage, subst. masc., vieilli. Action de poser, de mettre en place à l'endroit qui convient; résultat de cette action. Quant à la difficulté du transport et du posage [des pierres] sans aucun moyen mécanique, elle disparaîtra (Voy. La Pérouse, t.4, 1797, p.34). Céram. Posage (des couleurs). Application, à la surface des poteries, de couleurs résistant au feu. [L'opération du] posage par immersion de l'enduit vitrescible (Al. BRONGNIART, Arts céram., t.1, 1844, p.177). Le mathématicien (...) proposa de faire voir le posage des couleurs [sur les poteries] (FLAUB., Éduc. sent., t.1, 1869, p.251). — []. Att. ds Ac. dep. 1694. — 1res attest. a) 1532 posage de bateaux «rade» (ds DELB. Notes mss ds DG), b) 1694 «action de poser» (Ac.); de poser, suff. -age.
BBG. —KLEIN Vie paris. 1976, pp.206-210. —PICOCHE (J.). Précis de lexicol. fr. Paris, 1977, p.81. —QUEM. DDL t.17. —SPITZER (L.). Etymologische Miszellen. Neuphilol. Mitt. 1923, t.24, p.153.
1. poser [poze] v. tr. et intr.
ÉTYM. XIe; Xe, « ensevelir »; du lat. pop. pausare « s'arrêter », d'où « reposer », et, à basse époque, « placer »; lat. class. ponere.
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I V. tr.
1 (Avec un compl. second, un adv.). Mettre (une chose en un endroit qui peut naturellement la recevoir et la porter). ⇒ Placer; fam. flanquer, foutre. || Poser un objet sur une table (→ Garnir, cit. 14), sur un meuble (→ Goudron, cit. 2). || Poser un vase droit, debout. ⇒ Camper (II., 2.), dresser. || Poser un enfant au pied d'un arbre. ⇒ Asseoir. || Poser qqch. à terre, par terre, sur le sol, aux pieds de qqn. ⇒ Étaler, étendre (→ Cadre, cit. 3; galetas, cit. 2; laiterie, cit. 1). || Poser un chapeau, une couronne (cit. 9) sur la tête. — Poser la main, le doigt, le pied sur qqch. (→ Chaire, cit. 6; crin, cit. 3; genou, cit. 7; 1. geste, cit. 15). ⇒ Appuyer. || Oreiller (cit. 4) sur lequel on pose la tête. || Je posai mes lèvres (cit. 18) sur ses yeux. — Spécialt. (Surtout au p. p.). || Manière dont une chose est posée. ⇒ Assiette. || Poser qqch. en travers (→ Harde, cit. 5), à plat… || Petite toque cavalièrement posée (→ Galette, cit. 4; occiput, cit. 2).
1 (Emma) s'entendait à poser sur des feuilles de vigne les pyramides de reines-Claude (…)
Flaubert, Mme Bovary, I, VII.
2 La route aux pavés posés de champ, plus glissante que les chemins de montagne, montait le long des remparts (…)
Malraux, l'Espoir, III, II.
3 Gonçalvez atterrit à l'est de la place du Commerce dont les marches atteignent l'eau. Il pose sur la moins glissante son petit pied chaussé d'antilope grise, à haut talon de ténor.
Paul Morand, l'Europe galante, Lorenzaccio, III.
♦ Par ext. Déposer, mettre. || Elle lui posait un baiser sur la nuque (→ Lobe, cit. 4). || Poser le regard sur qqn (→ Corrosif, cit. 2). || Poser son sceau, sa marque sur qqch. ⇒ Apposer (→ Dieu, cit. 24). || Le hâle (cit. 3) de l'été avait posé son masque sur ces visages.
4 L'Islam a posé son empreinte ici sur les choses (…)
Loti, l'Inde (sans les Anglais), V, I.
5 (…) elle posait çà et là ses regards doux et charmants, d'un bleu qui, au fur et à mesure qu'il commençait à s'user, devenait plus caressant encore (…)
Proust, Sodome et Gomorrhe, Pl., t. II, p. 720.
6 Elle posa sur moi son regard éteint que je ne lui connaissais pas (…)
F. Mauriac, la Robe prétexte, XX.
2 (Sans compl. second). Mettre en place à l'endroit approprié et comme il faut. ⇒ Appliquer, installer. || Poser des rideaux, des tapis, une moquette, un carrelage. || Faire poser une sonnette, un cadenas, une serrure… (→ Meuble, cit. 8). || Pêcheur qui pose des lignes (cit. 27) de fond. || Poser un décor. ⇒ Planter. || Poser des tableaux. — Archit. || Poser une pierre, une poutre, une pièce de charpente. ☑ Poser la première pierre, la pierre angulaire… || Poser la base, les fondements. ⇒ Jeter (également au fig.). → Despotisme, cit. 6. — Poser une voie ferrée. ☑ Poser des jalons, des bornes, des limites (cit. 7). — Méd. et chir. || Poser des ventouses, un garrot (2. Garrot, cit. 1), une agrafe. — Milit. || Poser des mines.
7 (…) il était continuellement à lui tâter le pouls, à lui poser des sinapismes, des compresses d'eau froide.
Flaubert, Mme Bovary, II, XIII.
8 J'appris assez vite à faire certains pansements et à poser des appareils plâtrés.
G. Duhamel, Biographie de mes fantômes, V.
8.1 C'est bien la première fois qu'on a des réclamations (…) on pose ces poignées-là partout, personne ne nous a fait de réflexions.
N. Sarraute, le Planétarium, p. 15.
♦ (Compl. n. de personne). || Poser des sentinelles, des gardes… ⇒ Disposer, placer, poster (→ Halte, cit. 7; insurgé, cit. 1).
9 Rarement les savants posent des sentinelles, si ce n'est dans les guerres de l'École de droit.
P.-L. Courier, Pamphlets politiques, III.
♦ (Arithm.). En parlant du chiffre des unités qu'on inscrit dans une opération. || Huit et six, quatorze, je pose quatre et je retiens un. ⇒ Écrire. || Poser une équation.
10 (…) qui veut savoir le nombre des hommes que j'ai tués n'a qu'à poser un 9, et tous les grains de sable de la mer ensuite qui serviront de zéros.
Cyrano de Bergerac, le Pédant joué, II, 2.
♦ (XVIIe). Placer en donnant la pose appropriée (→ Montrer, cit. 20, Molière). || Poser le modèle : « donner au modèle vivant l'attitude qu'il doit garder pendant la séance » (Réau).
♦ (Au p. p.). || Personnages (cit. 13) toujours posés et drapés selon les convenances.
♦ Mus. || Poser sa voix. Au p. p. || Voix bien, mal posée (→ ci-dessous, cit. 11; appui, cit. 6). — Poser un accord. ⇒ Attaquer (III.), plaquer.
11 On appelle une voix bien posée celle qui est capable d'émettre dans toute son étendue des sons fermes, sans tremblement, en ménageant convenablement la respiration.
Louis Réau, Dict. d'art et d'archéologie, art. Pose de la voix.
3 (XIVe). (Abstrait). Admettre ou faire admettre a priori. ⇒ Établir. || Poser un principe, en faire le fondement, le point de départ d'un raisonnement, d'une morale. ⇒ Thèse (→ Ascétisme, cit. 2; 1. général, cit. 7; irresponsabilité, cit. 2). || Poser des règles, des définitions. ⇒ Énoncer. || Poser qqch. en principe. || Poser en principe que… (→ Ipso facto, cit.). || Dire cela, c'est poser que… ⇒ Affirmer (→ Dieu, cit. 13). || Il pose cette vérité, que… (→ Pareil, cit. 1). || Poser qqch. en fait. || Poser son droit comme incontestable (→ État, cit. 131). || Poser l'homme comme une affirmation autonome (→ Individualisme, cit. 4). — Philos. || La conscience pose qqch. comme objet, en tant qu'objet; pose les objets.
12 Il (Leibniz) pose des définitions exactes qui le privent de l'agréable liberté d'abuser des termes dans les occasions.
Fontenelle, Éloge de Leibniz.
♦ Au p. p. ☑ Ceci posé : ceci étant établi, admis. || Ceci posé, il s'ensuit telles conséquences.
13 Au commencement était la liberté. Ceci posé, ils se considèrent comme libres, et combattent la société, en tant qu'entrave à ce don du ciel.
Aragon, les Cloches de Bâle, II, XVI.
14 Je fus sauvé (dit Claudel) quand je compris que l'art et la religion ne doivent pas être, en nous, posés en antagonisme.
Gide, Journal, 5 déc. 1905.
♦ Vieilli. ⇒ Supposer. || « Posons que cela soit » (Académie). || Posons le cas (cit. 4) que… — Impers. || Posé que…, étant posé que…
4 (Mil. XIIe). Formuler (une question, un problème, une devinette). || Poser une question, la fixer, la préciser en tels ou tels termes. ⇒ Énoncer. || Poser un problème (→ Génération, cit. 20; incliner, cit. 9). || Poser un problème de telle ou telle façon. || Bien poser une question, c'est déjà commencer de la résoudre. || La question juive (cit. 4) fut posée, à la Constituante, par Mirabeau. — Au p. p. || Question mal posée. || Le problème ainsi posé n'était pas toujours insoluble (cit.).
15 Cette question ne paraît difficile à résoudre que parce qu'elle est mal posée.
Rousseau, Du contrat social, II, V.
16 Elles (les pièces de S. Guitry) ne posent ni ne résolvent aucun problème. elles ne se proposent en rien de nous corriger ou de nous améliorer. Elles ne sont en rien de la grande littérature. Mais c'est justement ce qui fait leur agrément.
Paul Léautaud, le Théâtre de M. Boissard, XL.
17 Pour un esprit à qui une question apparaît d'avance sous la forme d'une réponse, on peut dire que la question n'est pas posée.
Gide, Journal, 8 déc. 1929.
♦ (Le sujet désigne une chose, un être, qui par soi-même, par son existence ou sa nature, est soumis à un jugement). ⇒ Évoquer, soulever (→ Médecine, cit. 1). || Le problème que pose cette aventure (→ Désolidariser, cit. 2). || Les Mudéjars (cit.) posaient un problème à la fois politique et religieux. || Cela pose un problème, un grave problème. || Le sort de l'inculpé (cit. 2) pose une question délicate.
♦ Cour. Tour non signalé par Littré, et qui semble n'apparaître qu'au XIXe s. (1834, Balzac); on disait jusqu'alors « faire une question à quelqu'un », et « se faire une question ». || Poser une question à quelqu'un, l'interroger, le questionner. ⇒ Adresser, demander (II., 2.; vx), faire (→ Dire, cit. 111; foule, cit. 18; incrédulité, cit. 9; niveau, cit. 8). || Poser une colle à un élève. — Se poser une question. ⇒ Interroger (s'). → Accréditer, cit. 2; honneur, cit. 12; parce que, cit. 7. || Une de ces interrogations qu'il se posait (→ Inquiétude, cit. 16). || Se poser certains problèmes (→ 1. Faux, cit. 31; humanisme, cit. 4; 1. métaphysique, cit. 3).
18 Je fais l'inventaire de vos désirs afin de vous poser la question. Cette question, la voici. Nous avons une faim de loup (…) comment nous y prendrons-nous pour approvisionner la marmite ?
Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 934.
19 Il tâchait de se poser une dernière fois, et définitivement, le problème sur lequel il était en quelque sorte tombé d'épuisement. Faut-il se dénoncer ? Faut-il se taire ?
Hugo, les Misérables, I, VII, III.
20 Hélas ! Gwynplaine s'interrogeait. Là où le devoir est net, se poser des questions, c'est déjà la défaite.
Hugo, l'Homme qui rit, II, IV, I.
21 Si vous me disiez le nom, je pourrais peut-être vous renseigner sans tant de détours… Mais je vois que vous tenez à me poser votre devinette (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XIV, p. 102.
22 Il aimait naturellement à commander et à briller, et avec les ouvriers pas de risque qu'on lui posât des colles sur la géographie ou l'histoire ancienne.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, VII.
5 Poser sa candidature : se déclarer officiellement candidat (→ Hésitant, cit. 7).
6 (1841; emploi voisin mil. XIIe). Suj. n. de chose; compl. n. de personne. Mettre en crédit, en vue (qqn); donner la considération, la notoriété à (qqn). || Un de ces livres qui posent un écrivain. || Son succès l'a définitivement posé.
23 (…) on ne joue que des mimodrames au boulevard, où je n'ai presque rien à faire que des bouts de rôle qui ne posent pas une femme.
Balzac, la Fausse Maîtresse, Pl., t. II, p. 44.
24 Il n'y a rien qui pose un critique comme de parler d'un auteur étranger inconnu. Kant est le piédestal de Cousin.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 775.
♦ Absolt et fam. || Une maison comme ça, ça pose !
7 (XVIe). Mettre bas quelque chose qu'on porte sur soi (armes, vêtement, etc.). ⇒ Abandonner, déposer, quitter. || Poser les armes. ⇒ Capituler, paix (faire la), rendre (se). → Capitulation, cit. 2. || Faire poser les armes. ⇒ Désarmer. ☑ Vieilli. Poser l'épée : quitter l'état militaire. ☑ Poser le masque (→ Hypocrite, cit. 16).
25 (…) nous jurons (…)
De ne poser le fer entre nos mains remis,
Qu'après l'avoir vengé (Joas) de tous ses ennemis.
Racine, Athalie, IV, 3.
26 Le matelot sortit un pistolet automatique. Gonçalvez se dressa contre lui. — Pose là ton outil. Bien. Sors l'autre aussi.
Paul Morand, l'Europe galante, Lorenzaccio, VII.
♦ ☑ Poser culotte : aller à la selle. — ☑ Poser sa chique. — Fig. || Poser ses scrupules (→ Ôter, cit. 6, Balzac).
8 ☑ Loc. fam. Poser un lapin à qqn. ⇒ Lapin.
9 (Lat. ponere, dans ponere actum). Accomplir, faire.
a Philos. Accomplir (un acte). — REM. Cet emploi, fréquent chez les philosophes chrétiens (G. Marcel, Maritain, Teilhard, in Grevisse, Problèmes de langage, pp. 18-19), est critiqué.
———
II V. intr. (1260, « reposer, en parlant d'un mort »).
1 Être posé, appuyé (sur qqch.). ⇒ Porter, reposer. || Poutre qui pose sur une traverse. || Poser à faux. — Fig. || « Notre crainte ne pouvant poser sur rien de certain » (Massillon, in Littré).
27 Reposer est augmentatif et marque plus particulièrement la solidité. Poser se borne à indiquer l'objet qui sert d'appui.
Lafaye, Dict. des synonymes, Poser, Reposer.
28 Un toit de tuiles géranium pose, à droite, sur un carré de nuit : la forge.
Gide, Journal, août 1910.
2 (En parlant d'un modèle représenté par un artiste). Rester immobile dans l'attitude voulue par l'artiste. || Poser de longues heures pour un portrait. || Elle n'a posé que pour la tête. || Poser pour l'ensemble, ou, ellipt., poser l'ensemble, se dit d'un modèle qui pose nu. || Poser nu. || Poser pour un peintre, un photographe.
29 (…) poser pour ce portrait, se soumettre si longtemps au regard scrutateur d'un inconnu, était pour elle une corvée épouvantable.
Stendhal, Romans et nouvelles, « Féder », II.
30 Le lendemain, Beltara fit du lieutenant Dundas un croquis aux trois crayons. Le jeune aide de camp posa assez bien : il exigea seulement qu'on lui permît de s'occuper, c'est-à-dire de pousser des cris de chasse à courre, de faire claquer son fouet favori et de parler avec son chien.
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, XVI.
♦ (En parlant des modèles d'un romancier).
31 (…) il n'est pas un nom de personnage inventé sous lequel il ne puisse mettre soixante noms de personnages vus, dont l'un a posé pour la grimace, l'autre pour le monocle, tel pour la colère, tel pour le mouvement avantageux du bras, etc.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 900.
3 (Vieilli). Rester dans l'attente. ☑ Faire poser qqn, le faire attendre. Spécialt. (Vx). Se moquer de qqn.
32 Ces femmes-là (les Anglaises) se font une occupation, un plaisir de marchander… Elles nous font poser, quoi !…
Balzac, Gaudissart II, Pl., t. VI, p. 858 (1833).
33 Depuis trois mois, elle le faisait poser, jouant à la femme comme il faut, afin de l'allumer davantage. Eh bien ! il poserait encore (…)
Zola, Nana, VI.
4 ☑ (Académie, 1835). Fig. Poser pour la galerie, ou, absolt, poser : prendre des attitudes étudiées, une manière de parler affectée, pour faire de l'effet, paraître ce qu'on n'est pas; manquer de simplicité, de naturel. ⇒ Beau (faire le), crâner, draper (se), pavaner (se), plastronner, rengorger (se).
34 Il avait l'air de se conduire exactement comme un de ces êtres insupportables qui posent pour la galerie, et au fond c'était tout le contraire.
J. Romains, Lucienne, IX.
♦ Poser à… || Poser au justicier, au grand homme… : prendre des airs de justicier, de grand homme; prétendre en remplir les fonctions, en tenir le rang.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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se poser v. pron.
ÉTYM. (Mil. XIIe, « s'étendre dans un lit »).
1 (Réfl.). a (1559). Se placer, s'arrêter doucement (quelque part), spécialt, en descendant, après un vol. || Oiseau, insecte, mouche qui se pose sur… (→ Écraser, cit. 5; essaim, cit. 2; éteindre, cit. 32; faucon, cit. 3). ⇒ Percher (se). — Au p. p. || Oiseau posé, qui s'est posé. ⇒ Jucher (→ Frêle, cit. 1; frémissant, cit. 3). || Avion qui se pose. ⇒ Atterrir (→ Courrier, cit. 6). || Elle se posa sur le marchepied avec une légèreté (cit. 2) d'oiseau. || Une main qui se pose sur mon épaule (→ Dire, cit. 61). — Par ext. || Mon regard, mon esprit ne se posaient nulle part (→ Endolorir, cit. 4). || Ses yeux de myope (cit. 1) se posant sur les gens.
35 Le Parnasse où, le soir, las d'un vol immortel
Se pose, et d'où s'envole, à l'aurore, Pégase.
J. M. de Heredia, les Trophées, « Sur l'Othrys ».
36 Pourquoi ces notes, volant au-dessus de la symphonie comme un oiseau tranquille, entraînaient-elles l'âme vers le bonheur ? La chanson ne plana qu'un instant et, sans s'être achevée, se posa sur les vagues orchestrales.
A. Maurois, le Cercle de famille, II, V.
37 C'est long ces journées dans Paris : on ne sait où se poser; il n'y a que les grands magasins (…)
F. Mauriac, le Fleuve de feu, I, p. 58.
b Fig. Se faire, se donner une position avantageuse. || Se bien poser, se poser avantageusement dans le monde (Académie). || Tous deux luttent à qui se posera le mieux (→ Favorable, cit. 8).
c Philos. ⇒ Affirmer (s'). || Se poser comme, en tant que… (→ Homme, cit. 1 et 142). || « Le moi se pose en s'opposant » (→ cit. 40, Bourget). || L'artiste se pose comme un être d'exception (→ Injure, cit. 5). — Spécialt. || Se poser en… : prétendre jouer le rôle de… ⇒ Ériger (s'). || Se poser en saint Jérôme ou en don Juan (→ Donner, cit. 79), en grand seigneur (→ Payer, cit. 20). (Dans le même sens). || Se poser comme expérimenté. ⇒ Attribuer (s'attribuer une qualité, un titre…).
38 Madame de La Baudraye était sans défense devant des affirmations si précises et devant un homme qui se posait à la fois en médecin, en confesseur et en confident.
Balzac, la Muse du département, Pl., t. IV, p. 143.
39 À quoi sert de recreuser sa tristesse ? Il faut se poser vis-à-vis de soi-même en homme fort; c'est le moyen de le devenir.
Flaubert, Correspondance, 1746, 15 août 1878.
40 Quand notre personnalité commence à se former, son premier geste d'âme est une réaction. Contre quoi, sinon contre ceux qui nous entourent ? La philosophie classique avait cet axiome (…) le moi se pose en s'opposant.
Paul Bourget, Au service de l'ordre, XII.
2 (Sens passif). Être, devoir être posé.
a La mantille (cit. 2) se pose à l'arrière de la tête.
b Fig. Exister (question, problème). || La question, le problème s'est posé (→ Assimilation, cit. 10; financier, cit. 4; instruction, cit. 5). || La question qui se pose, la seule question qui se pose, qui mérite d'être posée (→ Indéterminisme, cit. 1; matérialisme, cit. 5).
41 (…) le problème se posera dans tous les cas.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XII, p. 91.
42 Qu'eussé-je été si je ne l'avais pas connue ? Je puis me le demander aujourd'hui; mais, alors, cette question ne se posait pas.
Gide, Et nunc manet in te, p. 17.
3 ☑ Loc. fam. Se poser là, se dit de qqn ou de qqch. qui dépasse la norme dans quelque domaine que ce soit. || Comme abruti, il se pose là.
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posé, ée p. p. adj. et n.
1 Objet posé sur une table. || Moquette mal posée, etc. V. ci-dessus I. (notamment cit. 11 et supra; cit. 13 et 14; 15 et supra).
2 Oiseau posé, etc. V. ci-dessus Se poser, 1.
3 Adj. (XVIe). || Un homme posé. ⇒ Pondéré, rassis, sage, sérieux (→ Diable, cit. 11; laconique, cit. 2). || Maintien, air posé. ⇒ Calme, 1. grave (cit. 2), froid. || Esprit posé, bien posé. ⇒ Mûr, réfléchi. || Parler d'un ton posé. — Bien posé, dont la situation est bonne du point de vue social; bien assis (→ Immeuble, cit. 5). ⇒ Campé.
43 Il faut être, je le confesse,
D'un esprit bien posé, bien tranquille, bien doux (…)
Molière, Amphitryon, II, 1.
44 Il avait maintenant une allure, une tenue, un costume d'homme posé, sûr de lui, et un ventre d'homme qui dîne bien.
Maupassant, Bel-Ami, I, I.
45 Ces dames avaient l'air très posé, très comme il faut.
Loti, Mme Chrysanthème, XLI.
4 N. m. || Posé : le fait d'être arrêté, posé (pour un oiseau que l'on chasse). ☑ Loc. Tirer au posé. — Par métaphore :
46 Un ministère se tire au posé. Les meilleurs fusils ne sauraient l'abattre en plein vol.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 118.
♦ Didact. Assertion explicite (opposé à présupposé).
5 N. f. || Pêche à la posée. ⇒ Posée.
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CONTR. 2. Déposer, enlever, lever, ôter. — (Du p. p. adj.) Brusque, convulsif, étourdi, évaporé, folâtre, fougueux, frivole, léger. — (De se poser) Décoller, envoler (s'), errer.
DÉR. Posage, pose, posément, poseur. — V. Positif, position.
COMP. Antéposer, 2. déposer, entreposer, juxtaposer, postposer. — V. Apposer, composer, 1. déposer, disposer, interposer, reposer, superposer, supposer, transposer.
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2. poser [poze] n. m.
ÉTYM. 1868, Littré; verbe substantivé.
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♦ Équit. Action du cheval qui pose son pied sur le sol. (On dit aussi posé.) → Battue. || Un poser des membres antérieurs.
0 Un cheval galope sur le pied droit ou sur le pied gauche. Il galope sur le pied droit lorsque le pied antérieur droit vient se poser en avant de l'antérieur gauche et que le postérieur droit vient se poser en avant du postérieur gauche. Il galope sur le pied gauche lorsque les posers se font en sens inverse.
Henri Aublet, l'Équitation, p. 69.
Encyclopédie Universelle. 2012.