culotte [ kylɔt ] n. f.
• 1593; haut de chausses à la culotte 1515; de cul
1 ♦ Anciennt Vêtement masculin de dessus qui couvre de la ceinture aux genoux (d'abord serré aux genoux) et dont la partie inférieure est divisée en deux éléments habillant chacun une cuisse (opposé à pantalon; cf. Les sans-culottes). ⇒ haut-de-chausses, grègues.
♢ Mod. Vêtement de forme analogue porté par les enfants et les sportifs (⇒ cycliste, flottant; région. cuissettes). Porter des culottes courtes (⇒ short ; bermuda) ; fig. être un jeune garçon. Les jambes, le fond d'une culotte. User ses fonds de culotte sur les bancs de l'école. Boutons de culotte. — Culotte de cheval. ⇒ jodhpur. Culotte de golf. ⇒ knickerbockers. — ⇒aussi jupe-culotte. — Vieilli Culotte de peau, que portaient autrefois les militaires. Fig. et par dénigr. Une vieille culotte de peau : un militaire borné. ⇒ baderne. Culotte de cycliste. ⇒ cuissard. La culotte et le maillot d'un joueur de rugby, de football. Loc. Marquer à la culotte.
♢ (Incluant les pantalons). Acheter à un enfant des culottes longues. ⇒ pantalon. Loc. Attraper qqn par le fond de la culotte. S'en moquer comme de sa première culotte, complètement (cf. Comme de sa première chemise). Vulg. Baisser, poser culotte, pour faire ses besoins; fig. baisser culotte : se soumettre, avouer. — Fam. Trembler dans sa culotte : avoir très peur. — Loc. Fig. et fam. C'est elle qui porte la culotte : c'est elle qui commande son mari. « Dans le ménage, c'était le mari qui portait les jupes et la femme les culottes » (Proust). Vulg. N'avoir rien dans la culotte : être impuissant; fig. être lâche (cf. N'avoir pas de couilles).
2 ♦ Sous-vêtement féminin qui couvre le bas du tronc, avec deux ouvertures pour les jambes. ⇒ 2. slip. Entrejambe d'une culotte. Gaine-culotte. Les bodys, les collants forment culotte. Être en culotte et en soutien-gorge. — Spécialt (opposé à slip, string). Ce vêtement quand il couvre le haut des cuisses et monte jusqu'à la taille.
♢ Culotte de bains (hommes, enfants). ⇒ caleçon, 2. slip. — Culotte de bébé. Couche-culotte.
3 ♦ Bouch. Partie de la cuisse du bœuf, de l'échine au filet.
4 ♦ (1842) Fam. Perte importante au jeu. Prendre une culotte. ⇒ déculottée.
5 ♦ Techn. Élément de tuyauterie dans lequel un conduit principal se subdivise en deux conduits de même section que lui. Culotte simple, double.
● culotte nom féminin (de cul) Vêtement à jambes habillant le corps de la taille aux genoux. Sous-vêtement féminin habillant le corps, de la taille au haut des cuisses. Sous-vêtement ou vêtement de bébé ou d'enfant de même forme. Populaire. Perte au jeu, revers : Prendre une culotte à la roulette. S'emploie en apposition avec ou sans trait d'union : Jupe-culotte. Morceau du bœuf et du veau dans la partie postérieure de la croupe. Ensemble des deux gigots entiers du mouton. Ensemble des poils et des franges de la partie postérieure de la cuisse du chien. Partie postérieure de la cuisse des quadrupèdes, d'autant plus rebondie que l'animal est spécialisé dans la production de viande. ● culotte (difficultés) nom féminin (de cul) Orthographe Avec un l et deux t. Emploi Au singulier. L'emploi du pluriel pour désigner un seul vêtement (un petit garçon en culottes courtes) est aujourd'hui régional ou vieilli. → caleçon, → pantalon ● culotte (expressions) nom féminin (de cul) Culotte de cheval, culotte d'équitation, à oreilles plus ou moins grandes, très serrée au mollet, où elle s'arrête ; cellulite localisée aux cuisses et en haut des flancs. Culotte de peau, culotte de basane autrefois en usage chez les militaires ; militaire borné qui ne voit et ne sait rien en dehors de son métier. En culotte(s) courte(s), dans l'enfance. Familier. Faire, trembler dans sa culotte, avoir très peur. Porter la culotte, commander dans le ménage, en parlant d'une femme.
culotte
n. f.
d1./d Vêtement masculin qui couvre de la ceinture aux genoux en enveloppant chaque jambe séparément. Faire un accroc à son fond de culotte.
— Culotte courte: pantalon s'arrêtant aux genoux porté par les petits garçons.
|| Fig., Fam. Femme qui porte (la) culotte, qui gouverne le ménage plus que son mari. V. (Québec) avoir, tenir les cordeaux.
|| Plur. (Québec) Culottes de baseball: vêtement qui moule le corps des joueurs, de la taille au mollet. Culottes de hockey, amples et rembourrées, protégeant le corps de la taille aux genoux.
|| (Afr. subsah.) Short d'homme.
d2./d Plur. (Québec) Fam. Pantalon. Une paire de culottes. Sauter dans ses culottes: s'habiller rapidement pour aller quelque part.
— Par ext. Culotte(s) de pyjama.
|| Loc. Fam., fig. Prendre qqn les culottes à terre, au dépourvu, par surprise.
— Ne pas être gros dans ses culottes: être mal à l'aise (devant qqn), redouter une situation.
d3./d (Québec), culotte(s) ou petite(s) culotte(s). Sous-vêtement couvrant de la ceinture au haut des cuisses, porté par les femmes, les enfants. Culotte de coton, de nylon. Culottes en plastique pour les bébés.
d4./d En boucherie, partie du boeuf située entre le filet et l'échine.
d5./d CONSTR élément de raccordement de conduites d'évacuation.
I.
⇒CULOTTE1, subst. fém.
A.— Pièce de vêtement dans laquelle chacune des jambes s'insère séparément.
1. Vêtement de dessus, généralement porté par l'homme.
a) Vêtement de dessus, couvrant le bas du corps depuis la ceinture jusqu'au-dessous du genou ou à mi-mollet, et habillant séparément chaque jambe. Culotte bouffante; culotte de drap, de cérémonie; fond de culotte; enfiler sa culotte. Synon. anc. braies, chausses, grègues, haut-de-chausses. Des knickerbockers, charmantes culottes anglaises qui se bouclent sous le genou et retombent sur la jambe (COCTEAU, Gd écart, 1923, p. 88). Le grand escalier d'honneur où des valets en culottes de satin et en bas blancs ajourés étaient alignés (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 119). Une culotte bouffante comme celles des joueurs de golf (GREEN, Moïra, 1950, p. 132) :
• 1. Il ne portait sur lui ce jour-là, avec sa culotte de bure, très courte et béante au-dessus des genoux, qu'une chemise de soie rouge aigre, violacée, (...). Il était pieds nus, jambes nues.
GIDE, Journal, 1917, p. 630.
Rem. 1. Ainsi qu'il ressort des ex. ci-dessus, ,,On dit aussi, Une paire de culottes, ou simplement, Des culottes. Porter des culottes`` (Ac. 1835-1932). 2. Pour le vêtement propre à l'aristocratie, p. oppos. à l'homme du peuple, v. sans-culotte.
— P. métaph. Les bœufs poilus et bourrus avec leurs culottes de boue (RENARD, Journal, 1903, p. 867) :
• 2. Vêtu [un angora] comme une fée, il semblait miraculeusement à l'aise au sein de son nuage, qui sur les flancs battait à chaque pas et l'habillait par derrière d'une immatérielle culotte floconneuse.
COLETTE, Fanal bleu, 1949, p. 39.
SYNT. Culotte collante, fendue, flottante; culotte cycliste; culotte de casimir, coutil, cuir, nankin, soie, velours; culotte de bal, de chasse, des dimanches; culotte à braguette, à pont; jambe de culotte; déboutonner, dégrafer, remonter sa culotte.
♦ Culotte de cavalier, de cheval. Culotte évasée sur les hanches, serrée aux genoux et dont la partie inférieure est recouverte par les bottes. Il portait un veston couleur feuille morte sur des culottes de cheval et il était chaussé de bottes fauves (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 114). P. anal. [En parlant d'une femme] Culotte de cheval. Protubérances graisseuses situées sur les hanches et le haut des cuisses (cf. Publicité de la marque Effiligne ds Marie-Claire, juin 1977, n° 298).
♦ Culotte de golf. Culotte faisant généralement partie d'un costume de sport, couvrant la jambe jusqu'à mi-mollet et bouffante dans sa partie inférieure. Tout un habillage sportif, des culottes de golf, ses jumelles (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 321).
♦ Culotte de peau. Culotte de basane portée autrefois par les militaires. Sans armes, sans revers de couleur à la poitrine, sans culottes de peau et sans épaulettes (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 45).
♦ Jupe-culotte. Vêtement féminin de dessus ayant la forme, l'ampleur et la longueur d'une jupe et habillant séparément les deux jambes. Exhiber une jupe-culotte et des bottes blanches (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 43).
♦ Culotte longue ou p. ell. culotte (fam.). Pantalon. Maurice Rostand, longs cheveux et culottes longues (RENARD, Journal, 1906, p. 1092). Les Français, quand il fallait immobiliser les prisonniers allemands, se contentaient de couper leurs boutons de culotte (GIRAUDOUX, Bella, 1926, p. 181).
— P. méton.
♦ L'homme, par opposition à la femme. Quand je dis les hommes, je ne fais même pas de différence entre la jupe et la culotte. Je pense à toute l'engeance (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 220).
♦ Fam. Culotte de peau (cf. supra). Militaire endurci et strict; péj. militaire borné et stupide. Cette culotte de peau (...) cet homme que nous vêtons en rouge (...) pauvre cervelle qui ne comprend ni les conditions ni les limites de sa force! (BARRÈS, Appel soldat, 1900, p. 87) :
• 3. Tel est le ton qu'une part notable du commandement français adoptait vis-à-vis des soldats captifs, telles les consignes de passivité et d'obéissance à l'ennemi, stupides j'y consens plutôt que vénales, mais dans les deux cas criminelles, qui nous étaient données par les « culottes de peau » thuriféraires de Pétain.
AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, p. 224.
Rem. On rencontre chez Huysmans, forgée sur le modèle culotte de peau, l'expr. culotte de fer s'appliquant à un soldat revêtu d'une armure. La vieille culotte de fer, le soudard qui étaient en lui disparaissent (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 75).
b) Loc. et expr.
— Trivial. Baisser, poser culotte, mettre culotte bas. Aller à la selle. Savourer la solitude des endroits où l'on met culotte bas, à l'aise (HUYSMANS, Soir. Médan, Sac au dos, 1880, p. 147).
Rem. On rencontre ds la docum. cette loc. verbale avec un suj. désignant un animal. La joie du chienchien qui vient de poser culotte (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p. 1509).
— Pop. Faire, trembler dans sa/ses culottes(s). Avoir très peur. Les turlupins qui tremblaient dans leurs culottes (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 219). Arg. Chier dans sa/ses culotte(s).
— Familier
♦ Par dérision. [En parlant d'une femme] Porter la/les culotte(s). Diriger le ménage. On disait au ministère, (...) que, dans le ménage, c'était le mari qui portait les jupes et la femme les culottes (PROUST, Sodome, 1922, p. 645).
♦ Se moquer de qqc. comme de sa première culotte. ,,N'y attacher aucune importance, aucun intérêt, ne pas s'en soucier`` (Lar. Lang. fr.). Synon. chemise. Ils ne s'en souciaient pas plus que de leur première culotte (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 69).
♦ User ses fonds de culotte, user ses culottes sur les bancs d'une école. Fréquenter cette école, y faire toutes ses études. Trois galopins qui usaient encore leurs culottes sur les bancs du collège (ZOLA, Doc. littér., Musset, 1881, p. 73). Naples où j'ai usé mes premiers fonds de culotte sur les bancs de la « Scuola Internazionale » (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 25).
♦ Avaler le Bon Dieu (le petit Jésus) en culotte de velours. Déguster du bon vin (d'apr. CARABELLI, [Lang. campagn.]). Une eau-de-vie de cidre à croire qu'on avalait le bon Dieu en culotte de velours (RICHEPIN, Cauchemars, 1892, p. 259).
Rem. On rencontre ds la docum. une var. de cette loc. J'en ai mangé [des confitures]. On dirait (...) qu'on avale « la culotte de velours du bon Dieu » (ZOLA, Nouv. contes Ninon, 1874, p. 163).
c) Culotte courte ou simplement culotte
— Vêtement porté surtout par les jeunes garçons, couvrant la partie inférieure du corps, de la ceinture à mi-cuisse, et habillant chaque jambe séparément. Ma mère s'est très vite aperçue que les culottes courtes humiliaient mes presque quinze ans (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 233). Ma famille croissait, mon fils aîné quittait les culottes, montait à bicyclette (ARNOUX, Paris, 1939, p. 263).
— Culotte courte portée par les sportifs. Le footballeur prête sa culotte, le boxeur sa coquille, aussi simplement que le coureur prête ses souliers (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 313).
2. Sous-vêtement féminin fabriqué en tissu à lingerie ou en tissu ajouré à maille, très court et collant, maintenu par un élastique et couvrant le bas ventre, des hanches jusqu'au haut des cuisses. Synon. cache-sexe, slip. L'Anaïs, effarée d'être surprise en culotte et en corset (AYMÉ, Jument, 1933, p. 298) :
• 4. ... elle montrait en effet, au grand scandale et au plaisir des Rouennais, ses jambes et ses cuisses, grâce à une jupe fendue des deux côtés, qui laissait voir ses bas et sa petite culotte.
BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, p. 350.
B.— [P. anal. de forme gén.]
1. ANAT. ANIMALE. Totalité ou partie de l'arrière-train de certains animaux. Quand j'avais égorgé mes bêtes, on me jetait pour ma peine un morceau de la culotte d'un cheval mort de maladie (SUE, Myst. de Paris, t. 1, 1842-43, p. 84).
— Spéc., BOUCH., GASTR.
♦ Culotte de bœuf. Partie supérieure de la cuisse du bœuf allant de l'échine au filet et comprenant une partie du gîte à la noix et du rumsteck. Un morceau dans la culotte :
• 5. ... un garçon boucher, (...) mettait une rapidité vertigineuse et une religieuse conscience à mettre d'un côté les filets de bœuf exquis, de l'autre de la culotte de dernier ordre, ...
PROUST, La Prisonnière, 1922, p. 138.
♦ Culotte de pigeon. Culotte de mouton, ,,les deux gigots non séparés`` (CHAUD. 1970). Culotte de veau, ,,les deux cuisseaux non séparés`` (CHAUD. 1970).
2. MÉCAN. (chaudières). Conduit qui fait communiquer entre elles certaines parties d'une chaudière ou la chaudière à la cheminée.
— Spéc., locomotives. Culotte d'échappement. ,,Dans une locomotive, pièce cylindrique creuse en fonte qui, dans la boîte à fumée, reçoit la vapeur d'échappement des tuyaux qui l'amènent des cylindres, et à l'aide d'une bifurcation terminée par la tuyère d'échappement, la conduit dans la cheminée`` (Nouv. Lar. ill.) :
• 6. La vapeur qui s'échappe des cylindres entraîne peu à peu l'huile qui a servi à les lubrifier. Une partie de cette huile se dépose sur les parois antérieures de la culotte d'échappement, ...
A. HERDNER, Construction et conduite des locomotives à vapeur, 1887, p. 99.
3. MINÉR. ,,Goulotte en forme de Y renversé dont les deux branches figurent les jambes d'une culotte`` (Minéral. 1972).
4. MINES ET CARR. Culotte de décalabrage. Cage suspendue où s'assoient les ouvriers dans les ardoisières. Des ouvriers décalabreurs travaillaient suspendus à des câbles, et assis dans des cages appelées culottes de décalabrage (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 439).
5. TRAV. PUBL. Tuyauterie double. Culotte simple. ,,Élément de conduit, où un conduit principal se subdivise en deux conduits de même section obliques, et sans retour par rapport à l'axe du premier`` (BARB.-CAD. 1971). Culotte double. ,,Élément de conduit analogue à la culotte simple, mais où le conduit principal se continue après les deux conduits de dérivation, les trois conduits ayant même section`` (BARB.-CAD. 1971).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. FÉR. Crit. t. 1 1787 propose la graph. culote. Étymol. et Hist. 1. XVIe s. [hault de chausses] à la culote (Chron. Bordeloise, I, 45 1515, Delpit ds DELB. Notes); 1593 une paire de culottes de velours (Argenterie du roy, ms 11208 ds GAY); 1798 porter la culotte fig. (Ac.); 2. 1708 bouch. (FUR.); 3. 1821 se donner une culotte « se saoûler » (DESGRANGES, Pt dict. du peuple à l'usage des 4/5 de la France, Paris); 1839 se foutre une culotte « id. » (FLAUB., Corresp., p. 48); 4. 1838 « pertes successives au jeu » (Ac. Compl. 1842). Dér. de cul; suff. -otte; au sens 3 prob. déverbal dér. de se culotter « se saoûler »; au sens 4 prob. à rattacher à culot « partie basse de quelque chose » d'où la notion d'infériorité : spéc. être culot « être inférieur à son adversaire, avoir moins de points que lui au jeu de billard » (Pat. Suisse rom.) cf. culot 3. Bbg. GOSSEN (C. T.). Zur lexikalen Gliederung des pikardischen Dialektraumes. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 2, p. 136. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 203. — GOUG. Lang. pop. 1929, pp. 106-107, 202. — GOUG. Mots t. 3 1975, p. 154. — HASSELROT 1957, p. 171.
II.
⇒CULOTTE2, subst. fém.
Perte importante au jeu ou dans les affaires. Attraper, prendre une culotte. Puis, François, il y a toujours le poker... — Une culotte? — Oui, hier soir... un pot de cinq sacs (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 31) :
• Les échanges avaient porté sur plus de vingt mille titres, et l'agent de change de Lulu Maublanc savait quelle « culotte » avait pris son client.
DRUON, Les Grandes familles, t. 2, 1948, p. 114.
— P. ext. Échec. Il a encore empoigné une forte culotte au bac (A. FRANCE, Anneau améth., 1899, p. 107).
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. Cf. culotte1. Bbg. GOUG. Lang. pop. 1929, p. 154.
III.
⇒CULOTTE3, subst. fém.
Action de s'enivrer, état d'ivresse :
• Ils [Boche et Lorilleux] étaient déjà soûls comme des tiques. Et les dames avaient leur pointe, oh! une culotte encore légère...
ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 278.
— Prendre, se donner, avoir une culotte. S'enivrer, être ivre. A 5 nous avons bu 7 (bouteilles) de champagne, 1 de madère, 1 de Chambertin. Hier, chez la mère Lormier, je me suis foutu une culotte (FLAUB., Corresp., 1839, p. 48).
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. Cf. culotte1.
STAT. — Culotte1, 2 et 3. Fréq. abs. littér. :966. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 652, b) 1 833; XXe s. : a) 2 268, b) 1 203.
BBG. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 270.
culotte [kylɔt] n. f.
ÉTYM. XVIe; une paire de culottes, 1593; de cul, et suff. dimin. -otte.
❖
———
1 Vêtement masculin de dessus qui couvre le corps de la ceinture aux genoux (à l'origine, serré aux genoux) et dont la partie inférieure est divisée en deux éléments habillant chacun une jambe (opposé au pantalon, qui va jusqu'aux chevilles). ⇒ Chausse (haut-de-chausses), grègue, trousse (vx). || Culotte de drap, de velours, de peau. || « Le bon roi Dagobert a mis sa culotte à l'envers », chanson enfantine. — Spécialt, hist. Ce vêtement, serré aux genoux et opposé au pantalon (au sens pris par ce mot au XVIIIe s.). || La culotte était portée par les aristocrates, d'où le nom de sans-culottes donné aux hommes du peuple, porteurs de pantalons (→ Pantalon, cit. 3).
♦ Mod. || Culotte, ou culotte courte : vêtement analogue au pantalon, mais à jambes courtes. || Les jambes, le fond d'une culotte.
1 (…) le sculpteur, qui traversait la placette, vêtu, en toute innocence, d'une culotte courte, en toile vert Nil, d'un veston rose sans manches, ouvert sur un chandail brodé (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 96.
2 Leurs mollets maigres garnis de bandes molletières s'échappaient d'une culotte dont le fond très large leur retombait sur les jarrets.
P. Mac Orlan, la Bandera, VI, p. 73.
♦ Au plur. (Des culottes). || Une paire de culottes, culottes courtes, généralement portées par les garçonnets. ⇒ Bermuda, short. || Culottes bouffantes. ⇒ Bloomer. || Bouton de culotte (fig. ⇒ Bouton). || Culottes à braguette; culottes à pont. || Porter des culottes.
♦ Culotte de cavalier; culotte de cheval, évasée aux hanches. — (1946, in D. D. L.). Par anal. || Culotte de cheval : saillie graisseuse sur le haut des cuisses.
♦ Culotte de golf, descendant jusqu'à mi-mollet (⇒ Knickerbockers). — Culotte de sport. ⇒ Caleçon, short. || Culotte de cycliste. ⇒ Cuissard, cycliste (3.). — Jupe-culotte : jupe large séparée en deux éléments.
♦ Vx. || Culotte de peau, que portaient autrefois les militaires. — ☑ Fig. et péj. Une vieille culotte de peau : un militaire borné. ⇒ Baderne.
♦ (Incluant les pantalons). || Acheter à un enfant des culottes longues. ⇒ Pantalon.
♦ ☑ Se moquer de qqch. comme de sa première culotte, n'y accorder aucun intérêt (→ Comme [de] sa première chemise). ☑ Jouer sa culotte, ses culottes : jouer jusqu'à ses derniers sous. — ☑ Perdre sa culotte : tout perdre (→ ci-dessous III., 1.).
♦ ☑ Fam. Baisser, poser (sa) culotte : aller à la selle. — Fig. Renoncer à qqch. « se déculotter » (fig.).
♦ ☑ Faire, trembler dans sa culotte : avoir peur. ⇒ Froc. — ☑ Vulg. N'avoir rien dans la culotte : être impuissant et, fig., être lâche (→ Ne pas avoir de couilles).
♦ Fond de culotte. || Attraper qqn par le fond de la culotte, par le fond (son fond) de culotte. ⇒ Fond. — ☑ Loc. Avoir usé ses fonds de culotte sur les bancs de (telle) école : avoir fait ses études dans telle école.
3 (Un) géant empoigna Biggs par le fond de sa culotte et le hissa avec son fusil à la hauteur du parapet.
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, X, p. 105.
♦ ☑ (1798). Porter les culottes (la culotte) : assumer le rôle de l'homme dans un couple. || Dans ce ménage, c'est la femme qui porte la culotte.
4 On disait au ministère, sans y mettre ombre de malice, que, dans le ménage, c'était le mari qui portait les jupes et la femme les culottes.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IX, p. 62.
2 (1903, Willy, in D. D. L.). Vêtement féminin de dessous, plus haut que le slip, qui couvre le bassin et les fesses avec deux ouvertures pour les jambes. ⇒ Cache-sexe, slip; string (anglic.). || Culotte en coton, en soie. || Culotte en dentelle. || Petite culotte. || Entre-jambes renforcé d'une culotte. — Appos. || Gaine-culotte (⇒ Panty).
3 Sous-vêtement pour un jeune enfant. || Culotte de bébé. || Culotte imperméable. — En composition. || Couche-culotte. ⇒ 1. Couche (I., 2.), et aussi change (III.). — Culotte de bain (homme, enfant). ⇒ Caleçon, slip. — Par ext. || Bouée-culotte.
4 En franç. d'Afrique. || Culottes courtes : short.
———
II
1 Bouch., cuis. Partie de la cuisse du bœuf, de l'échine au filet. — Culotte de veau, de mouton, les deux gigots, les deux cuisseaux entiers, non séparés. || Culotte de pigeon : la partie de derrière du pigeon.
4.1 Voilà que l'étalier (…) me flanque dans sa balance un gros os (…) avec un morceau de la culotte.
Henri Monnier, Scènes populaires, t. I., Le dîner bourgeois, p. 159.
♦ Fesses et cuisses (d'une vache, d'un veau) lorsqu'elles sont souillées d'excréments (→ Pâtis, cit.).
2 (XIXe). Techn. Tuyau bifurqué. — Culotte d'un pistolet : morceau de métal rond et creux à l'extrémité de la crosse.
♦ Ch. de fer. || Culotte d'échappement : pièce de fonte cylindrique et creuse, dans la boîte à fumée, qui reçoit la vapeur pour la diriger dans la cheminée (d'une locomotive à vapeur).
♦ Mar. || Culotte de cheminée : boîte à fumée, conduit par où passe la flamme avant d'aller dans la cheminée.
♦ Mines. || Culotte de décalabrage : cage suspendue sur laquelle travaillent les ouvriers dans les ardoisières.
———
III
1 (1838). Fam. Perte importante au jeu. || Prendre une culotte, sa culotte. || Il a pris une sacrée culotte, une sévère culotte.
5 Quand il a pris sa culotte, ainsi qu'il s'exprime, le prêteur est obligé, neuf fois sur dix, d'attendre qu'il ait regagné, pour rattraper son pauvre argent (…)
Léon Bloy, le Désespéré, V, p. 249.
2 ☑ (1821). Fam., vx. Prendre, se donner une culotte : s'enivrer.
❖
DÉR. 1. Culotter. — Culottier.
COMP. Couche-culotte, gaine-culotte, jupe-culotte, sans-culotte, surculotte.
Encyclopédie Universelle. 2012.