ériger [ eriʒe ] v. tr. <conjug. : 3>
• 1495; lat. erigere « dresser »
1 ♦ Placer (un monument) en station verticale. ⇒ dresser. On érigea l'obélisque place de la Concorde (⇒ érection) . — Pronom. Se dresser. « sa mentonnière dont les deux coques ridicules s'érigeaient en cornes sur sa tête » (Martin du Gard ).
♢ Construire avec solennité. ⇒ bâtir, élever. Ériger un temple, une statue.
2 ♦ Littér. ou admin. ⇒ créer, établir, fonder, instituer. Ériger un tribunal, une commission, une société.
3 ♦ Fig. ÉRIGER (qqn, qqch.) EN : donner à (qqn, qqch.) le caractère de; faire passer (qqn, qqch.) à (un statut plus élevé, plus important). ⇒ changer, transformer. Ériger une église en cathédrale. Ériger un criminel en héros. Ériger ses caprices en règle morale. M. de Penthièvre « dont il érigeait en culte la sainte mémoire » (Sainte-Beuve).
♢ S'ÉRIGER ENv. pron. S'attribuer la personnalité, le rôle de. ⇒ se poser (en), se présenter (comme). S'ériger en moraliste, en maître, en justicier.
⊗ CONTR. 1. Coucher, détruire.
● ériger verbe transitif (latin erigere) Dresser, élever quelque chose en position verticale : Ériger le mât du cirque. Élever une statue, un monument avec une certaine solennité, en l'honneur de quelqu'un ; édifier : On a érigé une statue à cet homme politique. Élever à tel rang : Ériger un consulat en ambassade. Établir quelque chose à un degré supérieur ; élever, instituer : Ériger un cas particulier en règle générale. Créer une charge, une institution, un tribunal. ● ériger (difficultés) verbe transitif (latin erigere) Conjugaison Le g devient -ge- devant a et o : j'érige, nous érigeons ; il érigea. ● ériger (synonymes) verbe transitif (latin erigere) Dresser, élever quelque chose en position verticale
Synonymes :
- élever
Élever une statue, un monument avec une certaine solennité, en...
Synonymes :
- bâtir
- édifier
Établir quelque chose à un degré supérieur ; élever, instituer
Synonymes :
ériger
v. tr.
d1./d Dresser, élever (un monument). ériger une statue, un autel.
d2./d établir, instituer. ériger un tribunal.
d3./d élever à la qualité de. ériger une ville en capitale.
— Fig. ériger en principe que...
|| v. Pron. S'ériger en: s'attribuer le rôle de, se poser en. S'ériger en défenseur des bonnes causes.
⇒ÉRIGER, verbe trans.
I.— [Sans compl. second. prép. en]
A.— [Le compl. désigne une chose concr.]
1. Dresser, placer à la verticale (en particulier une statue, une colonne, etc.).
a) [Le suj. désigne l'agent] Ériger un obélisque, une croix; ériger une statue aux héros. (Quasi-)synon. élever. On a érigé une colonne commémorative et qui n'est pas vilaine (BARRÈS, Cahiers, t. 3, 1902-04, p. 228). Le premier nouveau riche Allemand, en érigeant une colonne près d'une source, pouvait créer dans la journée une légende d'ondine (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p. 228).
— Emploi pronom.
♦ [à valeur passive] Des palais s'érigeaient dans la ville (LITTRÉ).
♦ Au fig. [Avec un compl. introduit par contre] S'opposer à. (Quasi-)synon. se dresser contre. En littérature, on l'interprète [la masturbation] comme une façon de s'ériger contre l'ordre naturel, donc bourgeois, et de rejoindre le courant marxiste (AYMÉ, Confort, 1949, p. 91).
b) [Le compl. désigne une partie du référent du suj.] (Quasi-)synon. dresser, élancer. Et l'on voyait ceux-là [de grands étalons] (...) immobiles sur les quais en érigeant l'encolure (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 175). La muraille du Matterhorn érigeait son plan noir dans un effort monstrueux et vain (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 214). Au sud, un calvaire de granit, sur un plateau pelé, érige des croix titubantes sur un ciel froid (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 225).
— Emploi pronom. Sur une ligne horizontale de digues basses (...) s'érigeait le phare solitaire de l'île de « Schouwen » (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 218). Les cheveux, collés par la sueur, s'érigent en touffe (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1540).
— Emploi abs., rare. Entrer en érection (v. ce mot A 3). « Vite, vite! » crie le médecin au moment où Demidoff commence à ériger. Et la Duverger se précipite et le suce (GONCOURT, Journal, 1863, p. 1220).
Rem. La docum. atteste le part. passé érigé, ée en emploi adj. Qui est en position verticale. Le coq porte la crête droite, haute, érigée (Apert ds Nouv. Traité Méd., fasc. 8, 1925, p. 422). Au fig. Il se sentit encore rempli d'une force profonde, érigée, compacte (LA VARENDE, Homme aux gants, 1943, p. 356).
2. Construire un monument ayant un caractère symbolique ou religieux dans une intention solennelle. Ériger un temple, une chapelle. (Quasi-)synon. édifier, élever :
• Je ne doute point que la première occupation de cette académie ne soit de célébrer le martyr et la gloire des victimes de 1769. En érigeant un arc triomphal à ces braves qui voulaient rester français, elle ne pourra s'empêcher d'élever un monument de honte à ce féroce Orelly, qui ne les a sacrifiés que par le vil motif de sa cupidité.
BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 341.
B.— [Le compl. désigne une institution] Établir, instituer. Ériger un tribunal, un évêché (Ac.).
II.— [Avec un compl. second. prép. en] Faire passer d'une condition à une autre considérée comme plus élevée ou plus importante.
A.— [Le compl. désigne une institution, une chose instituée] Ériger une seigneurie en marquisat. Ériger une église en cathédrale; ériger un évêché en archevêché (Ac.). La Guyenne fut érigée en principauté en faveur du Prince Noir (STENDHAL, Mém. touriste, t. 3, 1838, p. 111). Sur sa demande, l'empereur Henri VI venait d'ériger cette seigneurie en royaume (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 289). L'Anglais et l'Américain parlèrent d'ériger la Libye en un état indépendant (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 217).
B.— [Le compl. désigne une pers.] Élever à la dignité de; donner le rôle ou le caractère de. La crédulité populaire érige quelquefois les scélérats en héros (Ac. 1878-1932). L'amour est noble, non pas quand il érige deux êtres en couple modèle, mais quand il les broie et n'en fait qu'une poudre (GIRAUDOUX, Sodome, 1943, p. 74).
— Emploi pronom. réfl. S'ériger en moraliste, en critique (Ac. 1932). (Quasi-)synon. se poser en, se présenter comme. De quel œil j'aurais regardé ces parjures s'érigeant en juges d'un parjure (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 13). — Comment osez-vous vous ériger en juges? (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 108). Les économies nationales disloquées par la guerre sont hors d'état de s'ériger en comptables exactes des coûts de l'homme (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 346).
C.— [Le compl. désigne un inanimé abstr.] Donner le caractère de. Ériger qqc. en principe. Ériger une exception en règle (Ac. 1932). Mais il faut prendre garde à ne pas ériger en thèse philosophique ce qui n'est, pour la science, qu'une façon de sérier les questions (RUYER, Esq. philos. struct., 1930, p. 57). Jean de Meung érige la misogynie en doctrine (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 252).
— Emploi pronom. passif. Le vol et le pillage s'érigeaient en protestation contre la propriété et le travail (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 206).
— Fréq. au part. passé. Un système érigé en institution. Je ne crois pas que le journal, érigé en système, et pratiqué avec endurcissement, puisse aller sans au moins une petite trace de lâcheté (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p. 6). Mais pris hors de sa fonction de moyen, érigé en fin, il [l'argent] est encore plus loin d'être un bien (WEIL, Pesanteur, 1943, p. 59).
Prononc. et Orth. :[], (j')érige []. Enq. : // (il)érige. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1466 « élever, construire » (Ordonnance, XXI, 513 ds GDF. Compl.); 2. 1555 « élever à une condition supérieure » (RONSARD, Hymnes, éd. P. Laumonier, VIII, 76, 78). Empr. au lat. class. erigere « dresser; construire ». Fréq. abs. littér. :499. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 561, b) 538; XXe s. : a) 1 038, b) 717.
ériger [eʀiʒe] v. tr.
ÉTYM. 1466, sens 2.; lat. erigere « dresser », de ex-, et regere « diriger, mener ». → Régir.
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1 (1530). Placer (un monument) en station verticale. ⇒ Dresser. || Action d'ériger une colonne. ⇒ Érection. || Ériger une statue sur son socle. || On érigea l'obélisque place de la Concorde. — (1679). Construire avec solennité. ⇒ Bâtir, élever. || Ériger un autel, un temple, un arc de triomphe. || Ériger une statue en l'honneur de qqn.
1 Un beau temple serait celui que l'on érigerait à l'opiniâtreté.
Montesquieu, Cahiers, p. 54.
2 Sur leurs corps tout sanglants érigez vos trophées (…)
Voltaire, Tancrède, V, 1.
3 Le brave général Joubert est né à Pont-de-Vaux qui lui a érigé tout récemment une statue sur une de ses places.
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre…, p. 10.
♦ Littér. ⇒ Lever, dresser. || L'arbre érigeait ses branches.
2 Littér. ou admin. ⇒ Créer, établir, instituer, fonder. || Ériger un tribunal, une commission, une société.
3 (1555). || Ériger (qqn, qqch.) en : donner à (qqn, qqch.) le caractère de; faire passer (qqn, qqch.) à (une condition plus élevée, plus importante). ⇒ Changer, transformer. || Ériger une église en cathédrale, une baronnie en duché. || Ériger un philosophe en prophète, un criminel en héros. || Ériger des hypothèses en axiomes. || Ériger ses caprices en règle morale (→ aussi Agacement, cit. 2; déité, cit. 3).
4 (…) le bienfait et l'honneur
Que sa vertu reçut, quand il fut de Grand-maître
Érigé connestable (…)
Ronsard, Pièces retranchées, Temple Messeign. Châtillon.
5 Nous devons, tous tant que nous sommes,
Ériger en divinité
Le sage par qui fut ce bel art inventé (l'apologue).
La Fontaine, Fables, VII, À Mme de Montespan.
6 (…) bientôt en oracle on érigea ma voix.
Racine, Athalie, III, 3.
7 L'argent en honnête homme érige un scélérat.
Boileau, Épîtres, V (→ Argent, cit. 26).
8 (…) M. de Penthièvre, qu'il avait servi en qualité de second écuyer, et dont il érigeait en culte la sainte mémoire.
Sainte-Beuve, Volupté, III, p. 16.
8.1 Sentant sa fin prochaine, Haendel avait légué à la ville de Londres sa maison tout entière, destinée à être érigée en musée.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 335.
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s'ériger v. pron.
9 Dressé sur l'oreiller, grandi soudain, en pleine lumière, M. Thibault, avec sa mentonnière dont les deux coques ridicules s'érigeaient en cornes sur sa tête, avait pris l'aspect d'un personnage de légende (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 189.
2 Rare. Se lever.
9.1 Il se redresse avec une extrême lenteur, le cou d'abord, puis la poitrine, puis s'appuyant de ses mains lacérées il se soulève, s'érige titubant sur ses genoux; le voici debout tremblant (…)
Butor, la Modification, p. 186.
3 (1643). || S'ériger en : s'attribuer la personnalité, le rôle de. ⇒ Agir (agir comme), poser (se poser en), présenter (se présenter comme). || S'ériger en moraliste, en réformateur, en censeur, en maître (→ Architriclin, cit.). || S'ériger en homme infaillible, en épouse modèle…
10 (…) vous voulez (…) vous ériger en homme de bien ? — Je m'érigerai en censeur des actions d'autrui (…)
Molière, Dom Juan, V, 2.
11 Capys, qui s'érige en juge du beau style (…)
La Bruyère, les Caractères, I,32.
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érigé, ée p. p. adj.
♦ || Colonnes érigées ou abattues.
12 Parfois un tronc d'arbre était couché par terre, ses branches érigées, comme un buffle mort aux hautes cornes.
Montherlant, in G. L. L. F.
♦ Sexe, pénis érigé, en érection.
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CONTR. Coucher, détruire.
DÉR. V. Érection.
Encyclopédie Universelle. 2012.