insurgé, ée [ ɛ̃syrʒe ] adj. et n.
• de insurger
♦ Qui s'est insurgé, soulevé. Les provinces, les populations insurgées.
♢ N. (1794) Agitateur, révolté. ⇒ rebelle. « L'Insurgé », roman de J. Vallès.
⊗ CONTR. Soumis.
● insurgé, insurgée adjectif et nom Qui se révolte ● insurgé, insurgée (synonymes) adjectif et nom Qui se révolte
Synonymes :
- émeutier
- mutin
- rebelle
- révolté
- révolutionnaire
- séditieux
insurgé,ée
adj. et n.
d1./d adj. Qui s'est insurgé.
d2./d n. Agitateur, révolté, révolutionnaire.
⇒INSURGÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst.
I. — Part. passé d'insurger.
II. — Adjectif
A. — Qui est en insurrection, qui se soulève contre un pouvoir politique établi. Département, peuple, province, ville insurgé(e); troupe insurgée.
♦ Insurgé contre qqn, qqc. Le foyer de la révolution était chez les Gantois insurgés contre leur comte (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 109).
— Absol. Il est bien difficile de délimiter les droits d'un pouvoir révolutionnaire agissant au nom d'un pays insurgé (ABOUT, Grèce, 1854, p. 329). D'énormes patrouilles, (...) précédées d'un commissaire de police en écharpe, allaient reconnaître les rues insurgées (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 290) :
• 1. Le dos de ces Mains est la place
Qu'en baisa tout Révolté fier!
Elles ont pâli, merveilleuses,
Au grand soleil d'amour chargé,
Sur le bronze des mitrailleuses
À travers Paris insurgé!
RIMBAUD, Poés., Les Mains de Jeanne-Marie, 1871, p. 107.
B. — Au fig.
1. Insurgé contre qqc. Qui se révolte, qui conteste une autorité morale, religieuse, esthétique, un état de fait. Une philosophie insurgée contre la nature (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1907, p. 61). [Les] remontrances d'un père à sa fille insurgée contre les traditions (ARTAUD, Théâtre et son double, 1938, p. 64).
2. Absol. Qui a une attitude de refus, de révolte, de contestation. Il y a quelque chose qui m'étonne toujours, c'est ta défiance de mes facultés. Je te vois insurgée, à l'idée de ce qui peut réparer le présent et assurer l'avenir, l'affaire de Monceaux (BALZAC, Lettres Étr., t. 3, 1850, p. 2). Cette humanité du Quartier Latin, toujours à demi vagabonde et à demi insurgée (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 77) :
• 2. ... la femme qu'il rejetait, il la voyait comme s'il l'avait créée, tout entière connue sous des perspectives différentes, à la fois odieuse, innocente, fautive et noble, à jamais présente, vivante, insurgée.
CHARDONNE, Dest. sent., II, 1934, p. 21.
— [En parlant d'une expression] Le bon Croquebol balança, partagé entre le cri insurgé de sa conscience irréprochablement pure, et ce besoin de forfanterie, de hâblerie (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, p. 247). Son visage insurgé signifie : « Je suis libre, n'est-ce pas? » (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 415).
III. — Substantif
A. — Personne participant à une insurrection. Bande d'insurgés; les insurgés de 1830, de 1848, de la Commune. Nous apprenons de source officielle que les insurgés ont assiégé la caserne de la garde civile, après avoir coupé l'eau et l'électricité ils ont bombardé la caserne à l'aide des mortiers de tranchées volés à l'arsenal (CAMUS, Révolte Asturies, 1936, II, 3, p. 416). Les étudiants boivent à la santé des insurgés. La Sainte-Alliance s'apprête à les écraser (ROLLAND, Beethoven, t. 2, 1937, p. 599) :
• 3. ... ce qui prouve que la République est le meilleur des gouvernements, c'est qu'en 1871, elle a pu fusiller en une semaine, soixante mille insurgés sans devenir impopulaire.
FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 59.
— P. ext. Personne prompte à se révolter contre l'ordre établi, l'autorité sociale ou politique. Puisque vous avez institué un Maupas et créé un ministère de la police (...) je vous dénonce cette rebelle, cette réfractaire, cette insurgée, la conscience de chacun (HUGO, Nap. le Pt, 1852, p. 171). Elle [la Démocratie] a créé, sous le nom de Poilu, un type de héros, on peut dire grotesque (...). Le soldat citoyen, jobard et raisonneur, l'insurgé patriote, sorti tout vif d'un chapitre des Misérables (BERNANOS, Gde peur, 1931, p. 414).
B. — Au fig. Personne qui se révolte, qui conteste une autorité morale, religieuse, esthétique, un état de fait. Le Romantisme déjà avait fortement remué le monde intellectuel; mais les insurgés romantiques s'appareillaient aux mouvements de violence politique du dix-neuvième siècle (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 16) :
• 4. L'insurrection est en elle-même une ascèse, qui refuse tous les conforts. L'insurgé ne s'accordera aux autres hommes que dans la mesure et pour le temps où leur égoïsme coïncidera avec le sien. Sa vraie vie est dans la solitude où il assouvira sans frein l'appétit d'être qui est son seul être.
CAMUS, Homme rév., 1951, p. 86.
Encyclopédie Universelle. 2012.