Akademik

humeur

humeur [ ymɶr ] n. f.
• 1119 « liquide »; lat. humor
I(v. 1160) Vieilli Substance liquide élaborée par un corps organisé, et spécialt (méd. anc.) Liquide organique du corps humain. bile, chassie, chyle, flegme, glaire, vx ichor, larme, lymphe, vx mélancolie, morve, mucosité, pituite, pus, vx 1. roupie, salive, sang, sanie, sueur, synovie. Humeurs séreuses ( sérosité) , subtiles ( 1. vapeur) . Les quatre humeurs, les humeurs cardinales, fondamentales, de l'ancienne médecine (bile, bile noire, flegme et sang).
Spécialt, vx Les humeurs viciées, causes de maladies. Humeurs froides. écrouelles. Absolt Elle se plaignait « de ses nerfs, de ses humeurs » (Flaubert).
Mod. Humeur aqueuse, humeur vitrée de l'œil.
II(XVe) Mod. (Abstrait)
1 Ensemble des dispositions, des tendances dominantes qui forment le tempérament, le caractère (que l'on attribuait autrefois à la composition, au rapport des humeurs du corps). caractère, naturel, tempérament. « La fortune et l'humeur gouvernent le monde » (La Rochefoucauld). Incompatibilité d'humeur (entre deux personnes, deux époux). Humeur brouillonne, querelleuse. Humeur gaie, chagrine, maussade. Être d'humeur égale ( équanimité) . « notre humeur change plus souvent que notre fortune » (Renard). Humeur vagabonde. Sautes d'humeur.
Psychol. Disposition affective fondamentale allant de la gaieté à la tristesse. thymie. Régulation, trouble de l'humeur.
2Littér. L'HUMEUR, considérée dans ce qu'elle a de spontané, d'irréfléchi, et opposée à la raison, à la volonté. ⇒ caprice, fantaisie , impulsion. Agir par humeur et non par raison, par volonté.
Par ext. Caprice, fantaisie, impulsion brusque et irraisonnée. « Ses brusques humeurs surprenaient » ( Maurois).
3(1578) Disposition particulière, momentanée qui ne constitue pas un trait de caractère, parfois liée aux circonstances (cf. État d'âme, d'esprit). L'humeur du moment, de l'instant. Selon, suivant son humeur. De quelle humeur est le chef aujourd'hui ? Avoir l'humeur baladeuse.
Vieilli HUMEUR DE : disposition, tendance à. L'humeur l'a pris de... envie. « J'étais sur le théâtre, en humeur d'écouter » (Molière).
♢ D'HUMEUR À. disposé, enclin (à). Être, se sentir d'humeur à faire qqch. Je ne suis pas d'humeur à plaisanter.
4(déb. XVIIe) Cour. (qualifié) BONNE HUMEUR; BELLE HUMEUR : disposition passagère à la gaieté, à l'optimisme, qui se manifeste dans l'air, le ton, les manières. ⇒ enjouement, entrain, gaieté. La bonne humeur règne. Dans la joie et la bonne humeur. Être de bonne humeur. content, gai, réjoui (cf. Fam. Être bien luné, de bon poil). Il n'est pas de très bonne humeur. Être d'excellente, de joyeuse, de meilleure, de charmante humeur.
♢ MAUVAISE HUMEUR : disposition passagère à la tristesse, à l'irritation, à la colère. ⇒ grogne, hargne, rogne. Avoir l'air, être de mauvaise humeur. mécontent (cf. Être mal luné, de mauvais poil, s'être levé du pied gauche). Manifester de la mauvaise humeur. bouder, grogner, fam. râler. Mettre qqn de mauvaise humeur. Méchante humeur; humeur massacrante, exécrable; humeur de chien.
♢ HUMEUR NOIRE : mélancolie profonde; tristesse, abattement. ⇒ cafard. « Mes jours de jalousie et mes nuits d'humeur noire » (Verlaine).
5Absolt, littér. Mauvaise humeur. colère, irritation. Avoir, garder de l'humeur contre qqn. rancune. Accès, geste, mouvement d'humeur. À mes moments d'humeur.
6Vx Disposition à la plaisanterie, à l'ironie. humour.

humeur nom féminin (latin humor, -oris, liquide) Terme vieilli désignant tout liquide organique, tel le sang ou la lymphe. (Il n'est plus guère employé qu'en ophtalmologie [humeur aqueuse, humeur vitrée].) ● humeur (expressions) nom féminin (latin humor, -oris, liquide) Humeur aqueuse, liquide physiologique contenu dans la chambre antérieure de l'œil (entre la cornée et le cristallin). Humeurs (peccantes), les quatre humeurs de l'ancien humorisme (sang, lymphe, bile, atrabile ou pituite), ainsi nommées à cause du rôle qui leur était attribué dans les maladies. Mise en humeur, humidification des cuirs avant certaines opérations de corroyage. ● humeur nom féminin (de humeur) Disposition affective dominante et permanente d'une personne : Une jeune fille d'humeur gaie. Incompatibilité d'humeur entre deux personnes. Disposition affective de base dont les variations entre une tonalité agréable (pôle du plaisir) et une tonalité désagréable (pôle de la douleur) seraient sous-tendues par une régulation neuro-humorale. Disposition affective passagère d'une personne, liée souvent aux circonstances : Il est d'une humeur exécrable aujourd'hui. Mauvaise humeur : Accès d'humeur.humeur (citations) nom féminin (de humeur) Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 Qui est mécontent des autres est toujours mécontent de soi ; nos flèches rebondissent sur nous. Propos d'un Normand, tome III Gallimard Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 Le pessimisme est d'humeur ; l'optimisme est de volonté. Propos sur le bonheur Gallimard Henri Frédéric Amiel Genève 1821-Genève 1881 La plus légère économie de mauvaise humeur a son prix. Journal intime, 13 septembre 1866 Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 […] Comme tous les êtres réellement forts, il avait l'humeur égale. Les Paysans François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 La fortune et l'humeur gouvernent le monde. Maximes Napoléon Ier, empereur des Français Ajaccio 1769-Sainte-Hélène 1821 Un homme, véritablement homme, ne hait point ; sa colère et sa mauvaise humeur ne vont point au-delà de la minute. Cité par Las Cases dans le Mémorial de Sainte-Hélènehumeur (expressions) nom féminin (de humeur) D'humeur, qui dépend de l'impulsion du moment, d'un jugement spontané ou irréfléchi. Être d'humeur à, être disposé à faire telle chose : Ne pas être d'humeur à s'amuser. Humeur noire, état de dépression, d'abattement, de profonde tristesse. Trouble de l'humeur, tout excès dans les variations de l'humeur, soit dans le sens dépressif, soit dans le sens expansif, comme dans la manie ou l'hypomanie. ● humeur (synonymes) nom féminin (de humeur) Disposition affective dominante et permanente d'une personne
Synonymes :
- caractère
- tempérament
Disposition affective de base dont les variations entre une tonalité...
Synonymes :
Disposition affective passagère d'une personne, liée souvent aux circonstances
Synonymes :
- état d'esprit

humeur
n. f.
rI./r MED Liquide situé dans un organe, une articulation, un abcès. Humeurs du corps.
ANAT Humeur aqueuse: liquide situé entre la cornée et le cristallin. Humeur vitrée: liquide situé entre le cristallin et la rétine.
rII./r
d1./d Disposition affective due au tempérament ou à un état passager. être de bonne, de mauvaise humeur.
|| être d'humeur à: être disposé à.
d2./d Absol. Disposition chagrine, se traduisant par un comportement agressif. Répondre avec humeur. Geste d'humeur.

⇒HUMEUR, subst. fém.
I. — Vieilli. Substance liquide sécrétée par un organisme vivant.
A. — Liquide normalement présent dans un organisme vivant, généralement humain ou animal (sang, salive, lymphe, bile, p. ex.). La circulation des humeurs; l'alcalinité d'une humeur; l'humeur pancréatique, spermatique; l'altération, la décomposition, l'empoisonnement des humeurs. Nous parlerons, dans cet article, des glandes qui versent dans la cavité de la bouche une humeur particulière qui se mêle aux alimens pendant leur mastication (CUVIER, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 203). Quelque ridicules que soient ces opinions, on doit en quelques cas, avant de lier le cordon [du nouveau-né], en exprimer le sang et l'humeur glaireuse autant qu'on le peut (BAUDELOCQUE, Art accouch., 1812, p. 218). Le rôle des substances minérales dans l'alimentation est complexe. On croit qu'elles servent à empêcher l'acidification des humeurs, et surtout à faciliter les processus de fermentation dans lesquels se résument un grand nombre de phénomènes biologiques (MACAIGNE, Précis hyg., 1911, p. 215) :
1. La bile participe du caractère des autres humeurs; elle est gélatineuse, presque inodore, presque insipide; et le chyle qu'elle concourt à former, traîne avec lui, dans le torrent de la circulation, un amas muqueux, que la faiblesse des vaisseaux et des poumons ne peut corriger entièrement.
CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 226.
Rem. Auj. on ne considère plus le sang comme une humeur ou un liquide, mais comme un tissu.
BOT., rare. Il distille de cet arbre une humeur visqueuse et gluante (Ac. 1798-1878).
Au plur., MÉD. ANC. Les quatre humeurs fondamentales ou cardinales. Le sang, le flegme (pituite), la bile, l'atrabile étaient censés gouverner l'équilibre du corps humain, toute atteinte pathologique étant le résultat d'un déséquilibre de ces humeurs. Les anciens avaient réduit à quatre toutes les humeurs du corps humain, toutes celles, du moins, qui influaient d'une manière notable sur la santé : c'étaient le sang, la pituite, la bile jaune et l'atrabile, qu'ils nommaient les humeurs cardinales (BOUILLET 1859). Cette division quaternaire se retrouvait dans un nombre considérable de phénomènes naturels, et notamment dans les quatre humeurs de base : lymphe, sang, bile, atrabile, dont les équilibres divers constituent le tempérament (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 179).
MÉD. MOD.
Humeur aqueuse. ,,Liquide transparent contenu dans les chambres antérieure et postérieure de l'œil, formé de composés non colloïdaux plasmatiques`` (Méd. Biol. t. 2 1971). L'acide ascorbique paraît assurer essentiellement l'approvisionnement en oxygène du cristallin baignant dans l'humeur aqueuse (R. SCHWARTZ, Nouv. remèdes et mal. act., 1965, p. 75).
Humeur vitrée. Substance transparente semi-liquide qui remplit la cavité oculaire en arrière du cristallin. Synon. corps vitré. L'œil de l'homme est, parmi les Mammifères, celui où l'humeur vitrée est la plus abondante, à proportion; il en a vingt fois autant que d'humeur aqueuse (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 381).
Littér. Sécrétion non caractérisée du corps humain. Nana restait seule, la face en l'air, dans la clarté de la bougie. C'était un charnier, un tas d'humeur et de sang, une pelletée de chair corrompue, jetée là, sur un coussin (ZOLA, Nana, 1880, p. 1485). Dans l'homme il [Zola] voit la brute, dans l'amour l'accouplement, dans la maternité l'accouchement. Il remue longuement et tristement les glaires, les humeurs, tous les dessous de l'humanité physique (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 265).
B. — Liquide d'origine pathologique présent dans un organisme vivant humain ou animal (pus, catarrhe, p. ex.). Humeur peccante, âcre; humeur de goutte. Je ne parle pas ici de la fausse pleurésie, qui est produite par une humeur rhumatisante, et qui ne demande que les boissons légèrement sudorifiques, mentionnées ci-dessus (GEOFFROY, Méd. pratique, 1800, p. 155). Mais si l'humeur lithique, goutteuse ou rhumatismale, est au contraire incertaine dans sa direction (...) : alors l'inquiétude, l'anxiété, s'emparent de tout l'être sensitif; l'esprit est sans force et sans lumière; l'âme se refuse à tous les sentimens de bonheur (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 251). Quoi qu'on en dise, la saignée est excellente pour chasser les humeurs pernicieuses. Laisse-toi saigner gentiment pour me faire plaisir et me rassurer ainsi que ta bonne mère (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 377) :
2. Quant aux autres, comme les dartres, la gale, la lèpre, les maladies pédiculaires et vermineuses, (...) qui ne se communiquent que par un attouchement plus ou moins intime, elles paraissent devoir leur origine à des animalcules invisibles, qui vivent dans nos humeurs viciées, et s'attachent même à de simples linges.
BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 189.
Humeur froide (vx). Adénite. Synon. écrouelle. La mode du triste enfermement du cou des femmes viendrait également des fanfioles avec lesquelles la princesse de Galles cacherait des humeurs froides (GONCOURT, Journal, 1895, p. 731).
II. — Disposition, particularité constante ou momentanée du caractère, du tempérament d'une personne.
A. — Vieilli. Tendance habituelle du caractère d'une personne liée à l'équilibre, à la prédominance des humeurs du corps. Humeur flegmatique, bilieuse. De sorte que ce qui était l'effet de son humeur atrabilaire semblait celui du mépris des personnes à l'égard de qui elle s'exerçait (PROUST, Temps retr., 1922, p. 764).
B. — Tendance dominante du tempérament, du caractère d'une personne. Arnoux se lamentait devant lui sur l'humeur de sa femme, son entêtement, ses préventions injustes. Elle n'était pas comme cela autrefois (FLAUB., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 219). Ma mère est une femme admirable, je vous l'ai dit, mais elle est d'humeur simple, c'est une âme sans détour (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 26). Il est donc vrai de dire que le caractère enferme le tempérament et l'humeur; mais ce n'est pas tout dire. Un homme très vigoureux, très puissant, a souvent plus d'humeur que de caractère. Le caractère c'est l'humeur contrainte (ALAIN, Propos, 1931, p. 1031) :
3. Car des hérésies en matière de foi je n'ai ni le goût ni l'autorité de les dénoncer ou simplement de m'en faire le censeur et toutes espèces de délations ou de censures ne conviennent ni à ma nature, ni à mon humeur, ni à mon tempérament, ni à mon caractère.
PÉGUY, Argent, 1913, p. 1289.
Humeur + adj. (spécifiant la qualité de cette humeur). Je suis au fond Girondin et républicain par instinct; j'ai l'humeur populaire, et à chaque émotion publique le vieux levain se remue en moi (SAINTE-BEUVE, Cahiers, 1869, p. 84). C'est donc à tort que, pour expliquer la décadence des proverbes, on a invoqué notre goût réaliste et notre humeur scientifique (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p. 145). Christophe s'apercevait de la fascination qu'il exerçait ainsi sur son ami; et il outrait son humeur agressive; il sapait, comme un vieux révolutionnaire, les conventions sociales et les lois de l'État (ROLLAND, J.-Chr., Matin, 1904, p. 160) :
4. C'est avec elle seulement que j'aime à parler. Mais toujours je me heurte à son humeur récriminante. Elle n'a parlé que pour se plaindre. Tout la ramène à ses stupides griefs... Que lui faut-il donc pour être heureuse?...
CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 213.
SYNT. Humeur accommodante, conciliante, débonnaire, enjouée, sociable; humeur austère, dévote, inquiète, méditative; humeur combative, frondeuse, guerrière; humeur âpre, endurante, fière, indomptable, fanatique, farouche, indépendante, indocile; humeur noire, sombre, rogue; humeur de chien, de dogue; humeur changeante, fantasque, vive, vagabonde, voyageuse; humeur caustique, goguenarde, moqueuse, médisante, querelleuse; humeur hystérique, sauvage, violente; humeur babillarde, hautaine, jalouse, paresseuse, pessimiste.
Incompatibilité d'humeur, humeur incompatible. Affrontement de deux caractères inaptes à s'accorder (motif fréquemment invoqué dans une procédure de divorce). Mais rien n'est plus contraire à l'intérêt des époux, lorsque leur humeur est incompatible, que de les réduire à l'alternative ou de vivre ensemble ou de se séparer avec éclat (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 594). Après avoir vu tant de ménages disjoints par incompatibilité d'humeur, il n'était pas étonnant d'en voir d'autres stériles par incompatibilité physique (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Million, 1882, p. 394).
Égalité, saute d'humeur. Caractéristique d'un tempérament sujet à la constance ou l'inconstance de l'humeur. Elle supporte ce nouvel ennui avec l'égalité d'humeur que tu lui connais, mais moi j'en suis bien attristé pour elle (HUGO, Corresp., 1823, p. 379). Il se montra d'une humeur très égale, très empressé pour sa mère, mangea, causa d'avenir, de projets (DURANTY, Mal. H. Gérard, 1860, p. 326). Jacques, surpris, l'examina affectueusement. Les sautes d'humeur de l'Autrichien le trouvaient toujours plein d'indulgence (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 80) :
5. Avec Harriet les relations étaient tantôt faciles, tantôt difficiles suivant les sautes de son humeur. Elle ne manquait de rien, ayant encore un peu de l'argent de Shelley et recevant d'ailleurs une pension du vieux cafetier, mais elle était enceinte, et très malheureuse.
MAUROIS, Ariel, 1923, p. 180.
PSYCHOL. Tendance affective de base de l'état mental dont le dérèglement peut entraîner des troubles du comportement (synon. plus rare thymie). Tous nous présentons, en effet, à quelque degré, des variations d'humeur injustifiées qui ne sont que des formes très atténuées de cycloïdie (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 290). Chez le schizophrène, l'atonie de l'humeur réalise une hypothymie qui peut aller jusqu'à l'athymie, disparition totale du tonus instinctivo-émotionnel de base (DELAY, Psychol. méd., 1953, p. 147).
C. — Disposition de caractère, état de réceptivité dans lequel se trouve une personne à un moment donné. J'avais, en revanche, constaté, chez Ortègue, une cordialité qui excluait toute hypothèse de jalousie; cet homme autoritaire déguisait mal ses moindres humeurs (BOURGET, Sens mort, 1915, p. 39). Il est plus fantasque et mobile que jamais, souvent au bord de la folie, tout livré à la sensation. Impulsif et violent. Impossible à vivre. Son humeur du soir n'est jamais son humeur du matin (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1950, p. 278) :
6. Mais au contraire si deux mots se joignent par la coutume, et font jugement, si l'on ose dire, par mécanisme, ou si un mot devient centre, même par l'étonnement, comme ces noms de pierres précieuses qu'on n'a point vues, aussitôt le lecteur improvise selon son humeur, ce qui toujours commence bien, mais tout de suite nous laisse pauvre et seul, comme dans les contes de fées et enchantements.
ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 335.
Bonne/mauvaise humeur. Disposition d'une personne tournée à un moment précis vers la gaîté ou la tristesse. Steiner haussa les épaules. Depuis la veille, sa mauvaise humeur grandissait; il avait reçu des lettres qui l'obligeaient à partir le lendemain matin; puis, ce n'était pas drôle, de venir à la campagne pour dormir sur le divan du salon (ZOLA, Nana, 1880, p. 1252). Et, pendant tout le temps qu'il me parle, affectant une grosse bonne humeur cordiale, j'imagine ce que sera ce voyage, bientôt plein de larmes (GIDE, Journal, 1902, p. 123). Quand, à quelques kilomètres de l'ennemi, il commanda des exercices avec la même lenteur minutieuse que si la guerre n'était qu'une hypothèse lointaine, il se heurta à une mauvaise humeur têtue (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 28) :
7. ... dans plusieurs de ses alphabets et dans les dessins dont il a orné des cahiers de musique, il a su mettre une bonne humeur, une finesse d'esprit, une fantaisie de haute lice qui en font des œuvres à part, des œuvres uniques, en art.
HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 222.
[Fréq. avec un synon. de bonne et mauvaise] Ensuite le chrétien, qui était de joyeuse humeur, frappa sur l'épaule de son hôte et l'obligea, en quelque sorte, de faire ce que nous appellerions le tour du propriétaire (BARRÈS, Cahiers, t. 4, 1906, p. 260). Antoinette se laissait gagner quelquefois par la belle humeur enfantine de son frère (ROLLAND, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 907). Monsieur le Président sera reçu sans chaleur. Il sera donc, au retour, d'une humeur massacrante. Avis! (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 94).
P. ell. Être d'une humeur! Être de très mauvaise humeur. — Oh! mais il est d'une humeur, ce soir!... (H. BATAILLE, Maman Colibri, 1904, I, 13, p. 13). — Votre patron est d'une humeur! fait-elle en détournant aussitôt les yeux. Encore un après-midi gâché... (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 904).
Loc. prép. Disposé à, enclin à.
D'humeur à + inf. J'étais ce jour-là d'humeur à travailler et j'avais trempé dans l'encrier le bec de ma plume, quand j'entendis qu'on sonnait (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p. 495). Je suis d'humeur à traiter n'importe quelle femme de sale grue, excepté peut-être une belle grue (RENARD, Journal, 1898, p. 487).
En humeur de + inf. Il ne poussa pas plus loin ses confidences, n'étant guère en humeur de subir des consolations (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 228). Le mois d'après, l'Oberleutnant Daimohl ne se trouvait pas en humeur de me servir de cicerone et délégua dans ces fonctions l'un des ses secrétaires (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 320).
En humeur de + subst. (rare). Elle [la France] se donne. Elle est plus souvent que les autres peuples en humeur de dévouement et de sacrifice (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 488). Il aimait la patiente discrétion de ce vieux prêtre qui le laissait aller lorsqu'il était en humeur de confidence, l'écoutait avec soin, ne témoignait aucune surprise de ses réduplications charnelles et de ses chutes (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 136).
L'humeur de + inf. L'envie de + inf. Quel sauvage! et remarquez qu'il avait une sorte d'amitié pour ce Sacramoro. Cela donne une idée de ce qui nous attend, le jour où l'humeur lui viendra de plaisanter avec nous (MONTHERL., Malatesta, 1946, I, 4, p. 441).
D. — Manière d'agir, de ressentir répondant à un élan irréfléchi, spontané. Synon. impulsion, caprice. Gouverner, discipliner, tempérer son humeur; agir selon son humeur. Si je cours dans ces montagnes du Péloponèse, c'est pour y ressentir des humeurs nouvelles et les traduire en phrases longues, brèves, lourdes, ailées, pareilles à des barques mouvementées sur mon cœur (BARRÈS, Voy. Sparte, 1906, p. 179). Quand il refuse de servir, un grognement lui suffit : personne n'insiste. Être roi de ses humeurs, c'est le privilège des grands animaux (CAMUS, Chute, 1956, p. 1475) :
8. Et moi, quand j'écris, je voudrais composer mes récits comme une lettre, où l'on rapporte ce que l'on veut, au gré de son humeur, en ayant présente à l'esprit l'image de celui qui demain brisera l'enveloppe à son réveil. Aussi je vais m'offrir le plaisir, entre de graves romans qui sont difficiles, de raconter — une fois — ce qu'il me plaira...
BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 1.
P. méton. Extériorisation fantaisiste, imprévisible. Depuis qu'elle était arrivée à prendre d'assaut son peintre, toutes ses humeurs, toutes ses lubies avaient disparu et elle était pleine d'indulgence pour les amours de sa sœur (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 176). Ce serait très heureux que Jean se mariât, disait-elle : il manquait à cette maison une ménagère. Ah! sans doute les jeunes femmes ont d'étranges humeurs et le régime de Jérôme subirait quelque bouleversement (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p. 159).
♦ Subst. + d'humeur(s) (vieilli). Personne, activité d'une personne soumise aux caprices, aux inégalités de l'humeur. Historien d'humeur. C'est un homme d'humeur, dit le Ministre des Finances; son associé Van Peters me l'a souvent dit (STENDHAL, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 236). Nous avons beaucoup d'écrivains de grand renom, d'écrivains d'humeur (ce sont les plus précieux de tous), où l'on trouve un amalgame, une combinaison du latin et du grec (L. DAUDET, Ét. et mil. littér., 1927, p. 97). Et néanmoins sa politique n'a jamais cessé d'être stupide. Elle a été toute sa vie une politique d'humeurs, et une petite politique au jour le jour, empirique et bornée (MONTHERL., Malatesta, 1946, III, 4, p. 496).
Verbe + par humeur. Agir sous le coup d'une impulsion, d'un caprice :
9. Le langage humain est comme un piano : si vous le faites sonner à coups de poing, il n'en sortira aucune combinaison qui mérite d'être retenue. Réellement, ce que je dis par humeur, dans le premier mouvement, dans l'impatience, dans la surprise, n'a jamais aucun sens pour moi; que ce soit du chinois pour vous, c'est le mieux.
ALAIN, Propos, 1913, p. 171.
E. — Absol. Mauvaise humeur, irritation. Cette offre donna de l'humeur à Julien, elle dérangeait sa folie. Pendant tout le souper, que les deux amis préparèrent eux-mêmes comme des héros d'Homère, car Fouqué vivait seul, il montra ses comptes à Julien, et lui prouva combien son commerce de bois présentait d'avantages (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 73). Je ne puis m'empêcher de concevoir quelque humeur contre notre société si profondément divisée en hommes cultivés et en barbares (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 322). Peut-être avait-elle de l'humeur contre Gaspard même, comme s'il prenait trop bien les choses, qu'il n'y vît jamais qu'une occasion de lutte (POURRAT, Gaspard, 1930, p. 200) :
10. Plusieurs prix remportés dans ses classes ne lui firent pas perdre le surnom de Bouracan, que ses camarades lui avaient donné, et qui le suivit dans le régiment où il entra en sortant du collége. L'humeur que lui donnait ce sobriquet était telle qu'il ne pouvait plus entendre prononcer ce mot sans le prendre pour une injure, et sans en demander raison...
JOUY, Hermite, t. 3, 1813, p. 78.
Verbe + avec humeur. Agir avec mauvaise humeur. S'il avait l'air mécontent, elle se levait pour le prendre à part; s'il sortait avec humeur, elle s'enfermait presqu'à l'instant pour lui écrire (STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 266). Elle ne bougea pas, ne répondit rien, deux larmes parurent à ses longs cils. Je me penchai pour les essuyer; elle m'écarta avec humeur, et me dit d'une voix piteuse : « Laisse-moi, laisse-moi, et donne-moi une permission pour aller chez les Naïliat du Mzab! » (THARAUD, Fête arabe, 1912, p. 222) :
11. « ... Je me suis appuyée au mur, j'ai essayé de faire les gestes qu'il fallait. Mais il y avait ma tante et ma mère, agenouillées au bord du lit, qui gâchaient tout par leurs sanglots. » Elle dit ces derniers mots avec humeur, comme si le souvenir en était encore cuisant.
SARTRE, Nausée, 1938, p. 186.
Mouvement, geste d'humeur. Acte empreint de mauvaise humeur, de colère. Quand je cherche à rentrer en moi-même et à trouver dans mes idées des motifs de courage et d'élévation, je ne trouve rien et je me laisse aller à des mouvements d'humeur, à des irritations désordonnées (MAINE DE BIRAN, Journal, 1815, p. 48). Denise dépliait les vêtements, les repliait, sans se permettre un geste d'humeur, et c'était cette sérénité dans la patience qui exaspérait davantage Mme Desforges (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 634).
En prendre de l'humeur. S'irriter contre quelque chose. Quand il revint, dans l'après-midi, Mme Jacquemart lui dit que Renée était sortie; il en prit de l'humeur, alla s'enfermer à la mairie (ARLAND, Ordre, 1929, p. 524). Je méprisais aussi la platitude des romans de Maupassant que mon père considérait comme des chefs-d'œuvre. Je le dis poliment, mais il en prit de l'humeur : il sentait bien que mes dégoûts mettaient en jeu beaucoup de choses (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 189).
REM. Humoreux, -euse, adj. Qui secrète une humeur (supra I). Le cheveu rare, les yeux bleu de faïence entre des paupières humoreuses, un petit nez en as de pique (...) telle était Mélie (E. DE GONCOURT, Élisa, 1877, p. 127).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1119 « eau (élément nécessaire à la vie, symbolisant ici l'amour) » (PH. DE THAON, Comput, 1033 : Pluius est nostre lei, Ço est amur e fei; Por l'humur entendum L'amur qu'aveir devun Par valur de la fei), attest. isolée; 2. ca 1175 « composant liquide du corps humain » gén. au plur. (B. DE STE-MAURE, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 28633); spéc. ca 1265 méd. « composants au nombre de quatre dont le dosage détermine le tempérament » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F. J. Carmody, I, 99, 9 : car en aus a .IIII. humors, colera ki est chaude et seche, fleuma, ki est froide et moiste, melancolie ki est froide et seche, sanc ki est chaus et moistes); 3. a) 1555 au plur. « sentiments, attitudes, état d'esprit » (RONSARD, Hymnes, éd. P. Laumonier, Œuvres Complètes, VIII, 158, 184); 1556 au sing. humeur Pindarique (ID., Nouvelle Cout. des Amours, ibid., VII, 324, 171); b) 1559 « tempérament, caractère » (ID., Second Livre des Meslanges, ibid., X, 112, 51). Empr. au lat. humor, -oris « eau, humidité, fluide, composant liquide ». Fréq. abs. littér. : 4 674. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 7 250, b) 6 398; XXe s. : a) 4 961, b) 7 279. Bbg. HENRY 1960, p. 50, 56. - SCKOMM. 1933, pp. 16-22.

humeur [ymœʀ] n. f.
ÉTYM. 1119, en parlant de l'eau; au sens I, 1, v. 1175; les quatre humeurs, B. Latini, 1265; lat. humor « liquide », sens lat. jusqu'au XVIe; de humere « être humide ». → Humide.
———
I Vx. Substance élaborée par un corps organisé.Anc. méd. Liquide organique du corps humain. || Relatif aux humeurs Humoral. || Principales humeurs. Atrabile, bile, chassie, chyle, flegme, glaire (2.), ichor, larme, lymphe, mélancolie (vx), morve, mucosité, pituite, pus, roupie, salive, sang, sanie, sueur, synovie. || Les quatre humeurs, les humeurs cardinales, fondamentales, de l'ancienne médecine (bile, atrabile, flegme et sang). || Théorie des quatre humeurs Humorisme. || Humeur albuginée, blanchâtre. || Humeurs séreuses. Sérosité.Vx. || Humeurs subtiles. Vapeur(s). || Humeur sèche, séchée. Croûte. || Humeur atrabilaire (cit. 2), humeur noire (1631, in D. D. L.). Atrabile. || Circulation des humeurs. || Écoulement, épanchement, excrétion, extravasation, flux, fluxion d'humeurs. || Humeurs affluentes.Les humeurs viciées, les mauvaises humeurs étaient tenues pour causes de maladies. || Humeurs âcres, aigries (cit. 14.1), corrompues (cit. 24), mordicantes, peccantes (→ Entre, cit. 26). || Évacuer (cit. 1) les mauvaises humeurs. || Atténuer les humeurs. || Médicaments pour dépurer, éliminer les humeurs malignes (→ aussi Attractif, n. m.).
1 Les humeurs du corps ont un cours ordinaire et réglé, qui meut et qui tourne imperceptiblement notre volonté; elles roulent ensemble, et exercent successivement un empire secret en nous, de sorte qu'elles ont une part considérable à toutes nos actions, sans que nous le puissions connaître.
La Rochefoucauld, Maximes, 297.
2 Il lui fallait son chocolat tous les matins, des égards à n'en plus finir. Elle se plaignait sans cesse de ses nerfs, de sa poitrine, de ses humeurs.
Flaubert, Mme Bovary, I, I.
Humeurs froides. Écrouelles, scrofule.
Mod. || Humeur aqueuse (cit. 1), humeur vitrée de l'œil : substance semi-liquide, transparente, qui remplit en arrière du cristallin la cavité oculaire (syn. : corps vitré; → Chambre, cit. 15; cristallin, cit. 4).
———
II (XVe [mil. XVIe, Ronsard, selon T. L. F.]). Mod. Littér. (Abstrait).
1 Ensemble des dispositions, des tendances dominantes qui forment le tempérament, le caractère, que l'on attribuait autrefois à la composition, au rapport des humeurs du corps (→ 1. Charrier, cit. 4, Alain), et qui sont liées à la physiologie endocrinienne. (Syn. : état thymique). Caractère (cit. 51), complexion, disposition, naturel, tempérament (→ Action, cit. 14; face, cit. 38). || « La fortune et l'humeur gouvernent (cit. 20) le monde » (La Rochefoucauld). || S'enquêter (cit. 2, Marivaux) de l'humeur de qqn.Rapports d'humeur. || Compatibilité, conformité d'humeur. || Contrariété, incompatibilité d'humeur (souvent compris au sens purement psychique).
3 (Deux amis) Qu'un doux rapport d'humeurs sut joindre dès l'enfance (…)
Molière, Psyché, I, 3.
4 Nous agissons par humeur et non par raison; c'est pourquoi l'ambition ni l'avarice ne se changent pas pour avoir ce qu'elles demandent, parce que l'humeur demeure toujours.
Bossuet, Pensées détachées, 30, in Littré.
5 Il y a plus de défauts dans l'humeur que dans l'esprit.
La Rochefoucauld, Maximes, 290.
6 C'est le même moraliste, contemporain de Cromwell, qui a dit cet autre mot si vrai et qu'oublient trop les historiens systématiques : « La fortune et l'humeur gouvernent le monde ». Entendez par humeur le tempérament et le caractère des hommes, l'entêtement des princes, la complaisance et la présomption des ministres, l'irritation et le dépit des chefs de parti, la disposition turbulente des populations, et dites, vous qui avez passé par les affaires, et qui ne parlez plus sur le devant de la scène, si ce n'est pas là en très grande partie la vérité.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 4 févr. 1850, t. I, p. 325.
7 Ce qui m'en a profondément (…) navré (…) c'est que j'y ai vu plus que jamais l'incompatibilité native de nos humeurs.
Flaubert, Correspondance, 20 mars 1847, Pl., t. I, p. 447.
8 Le pessimisme est d'humeur; l'optimisme est de volonté.
Alain, Propos sur le bonheur, p. 272.
8.1 L'humeur, ou comme on dit encore l'état thymique, oscille entre deux pôles, l'exaltation ou hyperthymie et l'atonie ou hypothymie. L'exaltation de l'humeur peut se faire dans le sens de la joie, de l'expansion, de l'activité, ce qui à un degré pathologique constitue l'état maniaque, ou dans le sens de la douleur, de l'anxiété, de l'inhibition, ce qui à un degré pathologique constitue l'état mélancolique.
Jean Delay, la Psycho-physiologie humaine, p. 44.
(Qualifié). || Humeur acariâtre, acerbe, acrimonieuse ( Acrimonie), aigre, aigre-douce, aigrelette ( Aigreur). || Humeur atrabilaire, bilieuse (métaphore du sens 1), bourrue, caustique (cit. 2; Causticité).Vx. || Une humeur colère (cit. 20), contentieuse. || Humeur contrariante (→ Bizarrerie, cit. 1), criarde, difficile (→ Désaccord, cit. 3), insupportable, tatillonne. || Humeur batailleuse (cit. 1) brouillonne, brusque ( Brusquerie), querelleuse, violente. || Humeur chagrine, inquiète (→ Fantasque, cit. 3), maussade, mélancolique, quinteuse, rechignée, rétive, revêche, sauvage, solitaire, sombre, taciturne, triste ( Chagrin, maussaderie, mélancolie, misanthropie, sauvagerie, tristesse). || Humeur altière, (vx) haute (cit. 55), hautaine (cit. 7 et 8). || Humeur bizarre, étrange (→ Esclave, cit. 18), extrême (cit. 8). || Humeur vagabonde (→ Caprice, cit. 11). || Humeur ardente, prompte, vive. Ardeur; → Fréquentation, cit. 5. || Humeur bavarde, enjouée, folâtre, gaie, joviale, piquante. Gaieté, jovialité; → Éplucher, cit. 7; forme, cit. 60. || Humeur accommodante, bénigne (cit. 4), calme, commode, conciliante, débonnaire (cit. 3), douce, égale (cit. 33), endurante, (vx) souffrante, facile (→ Caprice, cit. 5; engageant, cit. 2; explosion, cit. 8). || Humeur accorte, agréable (cit. 13), amène. Accortise (vx), aménité.Plus cour. (Non qualifié, dans quelques expressions). || Égalité, facilité d'humeur. Composition (bonne). || Gaieté d'humeur ( Alacrité). || Garder la même humeur; constance d'humeur (→ Changer, cit. 63).
9 Toutes trois de contraire humeur :
Une buveuse, une coquette,
La troisième avare parfaite.
La Fontaine, Fables, II, 20.
10 Les tempéraments ne sont pas les mêmes, et rien n'est plus différent que les humeurs. Il y a des humeurs douces et paisibles, et il y en a de violentes et d'impétueuses (…)
Bourdaloue, Exhortations, Instructions, sur la paix avec le prochain, §2. I.
11 Dire d'un homme colère, inégal, querelleux, chagrin, pointilleux, capricieux : « c'est son humeur », n'est pas l'excuser, comme on le croit, mais avouer sans y penser que de si grands défauts sont irrémédiables.
La Bruyère, les Caractères, XI, 9 (→ Chose, cit. 1).
12 Enjouée jadis, expansive et toute aimante, elle était, en vieillissant, devenue (à la façon du vin éventé qui se tourne en vinaigre) d'humeur difficile, piaillarde, nerveuse.
Flaubert, Mme Bovary, I, I.
13 La tristesse de mon humeur habituelle s'accrut jusqu'à la haine de toutes choses et de toute humanité (…)
Baudelaire, Trad. E. Poe. Nouvelles histoires extraordinaires, « Le chat noir ».
L'agitation (cit. 10), le caprice (cit. 12), la mobilité de notre humeur. || L'humeur change, se transforme avec l'âge. (→ Éternel, cit. 30). — Vx. || Effervescences (cit. 2) d'humeur.Mod. || Inégalités d'humeur. || Saute d'humeur.
14 Par la diversité de son humeur, tour à tour mystique ou joyeuse, babillarde, taciturne, emportée, nonchalante, elle allait rappelant en lui mille désirs, évoquant des instincts ou des réminiscences.
Flaubert, Mme Bovary, III, 5.
15 Certes, il y a de bons et de mauvais moments, mais notre humeur change plus souvent que notre fortune.
J. Renard, Journal, 30 janv. 1905.
16 En réalité, les motifs qu'on a d'être heureux ou malheureux sont sans poids; tout dépend de notre corps et de ses fonctions, et l'organisme le plus robuste passe chaque jour de la tension à la dépression, de la dépression à la tension, et bien des fois, selon les repas, les marches, les efforts d'attention, la lecture et le temps qu'il fait; votre humeur monte et descend là-dessus, comme le bateau sur les vagues.
Alain, Propos, 1908, Neurasthénie.
17 Du reste, il avait des sautes d'humeur. Un jour où l'épicier s'était montré moins aimable, il était revenu chez lui dans un état de fureur (…) démesurée (…)
Camus, la Peste, p. 68.
2 Littér. a (L'humeur). Ensemble des tendances spontanées, irréfléchies (opposé à raison, à volonté). Caprice, fantaisie, impulsion. || Agir par humeur et non par raison, par volonté. || L'humeur de qqn. || Se livrer à son humeur (→ Force, cit. 13). || S'abandonner, résister à son humeur (→ Austérité, cit. 15). || Contraindre (cit. 3), gouverner (cit. 47) son humeur.
18 Il ne vous eût pas été permis de vivre d'humeur, de tempérament, et de ne prendre que ce qui vous plaît pour la règle de ce que vous devez faire.
Massillon, Profession religieuse, Sermon 3.
19 Je ne comprends pas comment un mari qui s'abandonne à son humeur et à sa complexion, qui ne cache aucun de ses défauts, et se montre au contraire par ses mauvais endroits, qui est avare, qui est trop négligé dans son ajustement (…)
La Bruyère, les Caractères, III, 74 (→ Ajustement, cit. 4).
20 (…) les meilleurs conseils (sont) rejetés d'abord par présomption et par humeur, et suivis seulement par nécessité ou par réflexion.
La Bruyère, les Caractères, XII, 76.
21 (…) une femme (…) esclave de son humeur.
La Bruyère, les Caractères, III, 36.
22 On ne pouvait prendre un plus mauvais prétexte : mais nulle femme n'a, mieux que la Vicomtesse, ce talent commun à toutes, de mettre l'humeur à la place de la raison, et de n'être jamais si difficile à apaiser que quand elle a tort.
Laclos, les Liaisons dangereuses, LXXI.
Vx. || Un homme d'humeur : « un homme capricieux, inégal » (Littré). || C'est un homme qui n'a point d'humeur, qui est sans humeur (Académie).
23 (…) un auteur né copiste (…) doit (…) éviter (…) de vouloir imiter ceux qui écrivent par humeur, que le cœur fait parler (…)
La Bruyère, les Caractères, I, 64.
Loc. Critique, article d'humeur, écrit subjectivement, selon l'humeur du moment.
b (Une, des humeurs). Caprice, fantaisie, impulsion brusque et irraisonnée. || De brusques humeurs. || Des humeurs imprévisibles.
24 Car aussi ce sont ici mes humeurs et opinions; je les donne pour ce qui est en ma créance, non pour ce qui est à croire.
Montaigne, Essais, I, XXVI.
25 À la cour, à la ville, mêmes passions (…); partout des humeurs, des colères, des partialités (…)
La Bruyère, les Caractères, IX, 53.
26 D'une sincérité exacte, pénétrante, et de caractère changeant, il inquiétait comme certaines femmes. Ses brusques humeurs surprenaient.
A. Maurois, la Vie de Byron, I, VII, p. 42.
3 (1578). Disposition particulière, momentanée, dans laquelle se trouve une personne et qui ne constitue pas un trait de caractère. Disposition, état (d'esprit, d'âme). || L'humeur du moment, de l'instant; notre humeur présente (→ Correspondre, cit. 6). || Selon, suivant son humeur…Vx. || Être dans une humeur… (→ Avis, cit. 12, Molière). Mod. || Être d'une humeur… (→ ci-dessous, 4. et 5.), bonne, mauvaise humeur.
27 Vous êtes aujourd'hui dans une humeur désobligeante (…)
Molière, le Sicilien, 6.
28 Si vous êtes encore de l'humeur dont vous étiez (…)
Mme de Sévigné, 27, in Littré.
29 Tu peux donc, suivant ton humeur, comprendre, ne pas comprendre; trouver beau, trouver ridicule, à ton gré ?
Valéry, Eupalinos, l'âme et la danse, p. 157.
Vieilli. || Humeur de et n. ou inf. : disposition, tendance à… || L'humeur l'a pris de faire cela. Envie.
30 Et (je) trouverai pour vous quelques autres vengeances,
Quand l'humeur me prendra de punir tant d'offenses.
Corneille, Attila, V, 3.
En humeur de (et inf.). Disposé (à). || Nous ne sommes pas en humeur de vous écouter. || En humeur de parler, de raconter des histoires. Veine, verve. || « Êtes-vous en humeur d'aller vous promener, de travailler ? » (Académie, 8e éd.).
31 J'étais sur le théâtre, en humeur d'écouter.
Molière, les Fâcheux, I, 1.
32 On n'est pas en humeur de se promener.
Mme de Sévigné, 185, in Littré.
33 Devant une telle âme, nous ne nous sentons en humeur que de respect. La conscience du juste doit être crue sur parole.
Hugo, les Misérables, I, I, XIII.
34 (…) la jeune fille (…) avait toutes les qualités pour mettre les hommes en humeur de confidences.
J. Green, Léviathan, I, VIII.
Vx. En humeur de bien faire, en bonne humeur : en bonne disposition intellectuelle, en verve (en parlant d'un écrivain, d'un artiste).
35 Pour marquer l'heureuse disposition d'esprit de ceux qui travaillent de génie et d'imagination, on dit qu'ils sont en bonne humeur de travailler, en humeur de bien faire, en bonne humeur (…)
Trévoux, Dict. (1771), art. Humeur.
(1643, Corneille). D'humeur à… Disposé, enclin (à). || Être, se sentir d'humeur à faire qqch. (→ Avoir le cœur à…). || Il n'est pas d'humeur à rire, à plaisanter, à écouter un fâcheux (cit. 12, Lemaître).REM. Dans la langue classique, être d'humeur à s'employait plutôt en parlant d'une disposition habituelle, d'un trait de caractère (→ ci-dessus, 1.) et être en humeur de en parlant d'une disposition accidentelle, passagère. Cette distinction, faite par Bouhours (cf. Brunot, H.L.F., t. IV, p. 532) et qui se trouve encore chez Littré et dans Académie 8e éd., ne correspond plus à l'usage actuel. || Lui, si jovial d'ordinaire, n'était pas, ce matin, d'humeur à plaisanter.
36 Comme (la favorite) avait peu de tempérament, elle n'était pas toujours disposée à recevoir les caresses du sultan, ni le sultan toujours d'humeur à lui en proposer.
Diderot, les Bijoux indiscrets, III.
4 (Déb. XVIIe). Cour. Bonne humeur : disposition à la gaieté, à l'optimisme, à l'alacrité, qui se manifeste dans l'air, le ton, les manières. Enjouement (cit. 9), entrain, gaieté; → Correctif, cit. 2; généreux, cit. 16. || La bonne grâce (cit. 95) et la bonne humeur. || Une bonne humeur factice (cit. 8), forcée, moqueuse, narquoise (→ Entendre, cit. 85; fantaisie, cit. 36). || Caractère enjoué (cit. 3), plein de bonne humeur. || Un garçon (cit. 12), une personne de bonne humeur (→ Fier, cit. 13). || Un fond de bon sens et de bonne humeur (→ Ardent, cit. 24). || Il a une bonne humeur inaltérable. || La bonne humeur de qqn. || Il les émoustillait (cit. 2) par sa bonne humeur.Réunion, endroit où règne la bonne humeur (→ 2. Foudre, cit. 1). || Ouvrage, récit plein de bonne humeur (→ Farcir, cit. 5).
37 (…) sa bonne humeur qui montrait à tout propos de belles dents blanches et retentissait en éclats sonores (…)
Th. Gautier, Portraits contemporains, p. 204.
38 Si j'avais, par aventure, à écrire un traité de morale, je mettrais la bonne humeur au premier rang des devoirs.
Alain, Propos, 1909, Bonne humeur.
39 (…) il avait le visage tranquille et volontaire de ceux qui ne permettent pas à la vie de les troubler et qui tiennent à leur bonne humeur comme un avare à son trésor.
J. Green, Adrienne Mesurat. I, II.
Être de bonne humeur, en bonne humeur (moins cour.). Content, luné (bien luné); joyeux, réjoui; → Badiner, cit. 10; gêné, cit. 3. || Se mettre en bonne humeur (→ Fanfaron, cit. 5). || Il est arrivé de bonne humeur, de très bonne humeur. || Reprendre, retrouver sa bonne humeur. Calmer (se), défâcher (se). || Il n'est pas de très bonne humeur.(Dans le même sens). || Être d'excellente, de joyeuse, de charmante humeur.
40 Son ton léger, son chapeau de travers, son air d'enfant prodigue en joyeuse humeur, vous eussent fait revenir en mémoire quelque « talon rouge » du temps passé.
A. de Musset, Nouvelles, « Les deux maîtresses », I.
(1636). Vieilli ou littér. Belle humeur (→ Gai, cit. 5; glace, cit. 8). || Il a perdu sa belle humeur. || Être de belle humeur, en belle humeur.Vx. || Être dans sa belle humeur, dans ses belles humeurs.Parler, écrire avec la plus libre belle humeur (→ Agile, cit. 7).
41 Je ne suis pas en belle humeur : les affaires de Flandres prennent un mauvais tour.
Mme de Maintenon, Lettre au duc de Noailles, 15 août 1711.
42 (…) il avait toujours remarqué que cette belle humeur est incompatible avec la cruauté.
Voltaire, L'Ingénu, XIX.
43 Jamais fâché, toujours en belle humeur (…)
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, I, 4.
5 (Déb. XVIIe, Malherbe). Cour. Mauvaise humeur : disposition à la tristesse, à l'irritation, à la colère (→ Attention, cit. 29; chagrin, cit. 17; couvrir, cit. 27). || Avoir l'air de mauvaise humeur. Mécontent. || Manifester de la mauvaise humeur. Bisquer; bouder; fâcher (se), pester; rager, râler; → Faire la mine, la tête, la gueule; (fam.) être en rogne. || Il est de mauvaise humeur aujourd'hui, il a dû se lever du pied gauche. || C'est de la mauvaise humeur pour huit jours (→ Foncier, cit. 1). || Mettre qqn en mauvaise humeur (→ Compagnie, cit. 8). Plus cour. || Être de mauvaise humeur, être de fort (cit. 63) mauvaise humeur. Cran (à), crin (comme un crin). || Accès, mouvement de mauvaise humeur (→ Bêtise, cit. 14). || Sa mauvaise humeur s'apaisa, tomba (→ Gouaillerie, cit. 2).(Dans le même sens). || Méchante humeur; humeur massacrante (cit. 1 et 2), exécrable (cit. 9), épouvantable. || Humeur de chien, de dogue.
44 (…) j'étais de méchante humeur de votre fortune qui n'est pas heureuse.
Mme de Sévigné, 1035, 2 sept. 1687.
45 Chateaubriand, dans ses relations avec Béranger, avec Carrel, était charmant : c'étaient des adversaires. Chateaubriand ressemblait à ces maris qui gardent toute leur mauvaise humeur pour la maison, pour leur femme. Sa femme, c'était le parti royaliste.
Sainte-Beuve, Chateaubriand, t. II, p. 318.
46 (…) il était d'une humeur massacrante (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « À un dîner d'athées ».
47 Mais elle était née de mauvaise humeur et elle avait continué à être mécontente de tout. Fâchée contre le monde entier, elle en voulait principalement à son mari.
Maupassant, Toine, p. 12.
48 Les amours, ça ne devait pas marcher sur des roulettes. D'où cette humeur de dogue.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, XXXII.
49 Fréquemment éclatent des scènes dues à la seule mauvaise humeur, qui devient chronique.
Camus, la Peste, p. 136.
49.1 Nommez-moi donc, dit Werther, l'homme qui, étant de mauvaise humeur, est assez honnête pour le dissimuler, le supporter tout seul, sans détruire la joie autour de lui ! Cet homme est évidemment introuvable, car la mauvaise humeur n'est rien d'autre qu'un message.
R. Barthes, Fragments d'un discours amoureux, p. 201.
(1666, Molière). Humeur noire : mélancolie profonde; tristesse, abattement. Cafard (fam.); → Chagrin, cit. 16; contradiction, cit. 2.
50 Mes jours de jalousie et mes nuits d'humeur noire (…)
Verlaine, le Livre posthume, Fragments, I.
6 (Fin XVIIe; au plur., 1538). Absolt. Littér. Mauvaise humeur. Colère, irritation; → Employer, cit. 8; galant, cit. 5; gronder, cit. 20. || Cela me donne de l'humeur. || Avoir, garder de l'humeur contre qqn. Rancune. || Concevoir, prendre de l'humeur. Froisser (se). || Accès, mouvement, trait d'humeur. Bourrasque, boutoir (coup de), quinte; → Excuser, cit. 24.
51 L'humeur est de tous les poisons le plus amer (…)
Voltaire, Lettre à d'Argens, 1100, 1752.
52 En lui (M. de Marigny) l'humeur gâtait tout, et cette humeur était quelquefois hérissée de rudesse et de brusquerie.
Marmontel, Mémoires, V.
53 Notre Salomon a de l'humeur et je le crois mécontent ou malade.
d'Alembert, Lettre à Voltaire, 27 déc. 1777.
54 La jolie Prude arriva seulement au moment du dîner, et annonça une forte migraine; prétexte dont elle voulut couvrir un des plus violents accès d'humeur que femme puisse avoir.
Laclos, les Liaisons dangereuses, XL
55 Des foules d'adversaires m'attaquèrent sans m'entendre, avec une étourderie qui me donna de l'humeur, et avec un orgueil qui m'en inspira peut-être.
Rousseau, Lettre à Mgr de Beaumont.
56 On rit peu de la gaieté d'autrui, quand on a de l'humeur pour son propre compte.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, Lettre sur la critique.
57 Pendant deux mois, il parla avec humeur de la hardiesse qu'on avait eue de faire, sans le consulter, une réparation aussi importante, mais madame de Rênal l'avait exécutée à ses frais, ce qui le consolait un peu.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, VIII.
57.1 Voilà le malheur de la Province : prendre l'humeur. On ne prend point d'humeur aux colonies.
Stendhal, Mémoires d'un touriste, t. I, p. 27.
58 Il était sévère, calme, réservé, bien qu'à ses moments d'humeur il traitât son meilleur ami ou même sa femme de « sale denrée »
G. Duhamel, Salavin, Deux hommes, p. 210.
7 (1693; → étym. de humour). Vx. Disposition à la plaisanterie, à la facétie, à l'ironie. Humour.
59 Cet homme a de l'humeur. — C'est un vieux domestique,
Qui, comme vous voyez, n'est pas mélancolique (…)
Corneille, la Suite du Menteur, III, 1.
60 Ils (les Anglais) ont un terme pour signifier cette plaisanterie, ce vrai comique, cette gaieté, cette urbanité, ces saillies qui échappent à un homme sans qu'il s'en doute; et ils rendent cette idée par le mot humeur, humour (…); et ils croient qu'ils ont seuls cette humeur (…) Cependant c'est un ancien mot de notre langue, employé en ce sens dans plusieurs comédies de Corneille.
Voltaire, Mélanges littéraires, Lettre à d'Olivet, 20 août 1761.
61 La gaieté, chez M. de Chateaubriand, n'a rien de naturel et de doux; c'est une sorte d'humeur ou de fantaisie qui se joue sur un fond triste.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 18 mars 1850.

Encyclopédie Universelle. 2012.