gronder [ grɔ̃de ] v. <conjug. : 1>
• 1210; var. grondir, grondre; lat. grundire, var. de grunnire → grogner
I ♦ V. intr.
1 ♦ Émettre un son menaçant et sourd. ⇒ grogner. Chien qui gronde ⇒ grrr .
2 ♦ Par anal. Produire un bruit sourd, grave et plus ou moins menaçant. Le canon gronde. Le tonnerre gronde. ⇒ tonner. « Nos passions sont comme les volcans : elles grondent toujours, mais l'éruption n'est qu'intermittente » (Flaubert). — (Sans idée de menace) La mer gronde.
♢ Fig. Être menaçant, près d'éclater. La révolte gronde. Colère qui gronde.
3 ♦ Vx ou littér. Murmurer, se plaindre à voix basse entre ses dents, sous l'effet de la colère, etc. ⇒ bougonner, grogner, grommeler, murmurer, ronchonner. Gronder entre ses dents.
II ♦ V. tr. (1665) Réprimander (un enfant). ⇒ attraper, sermonner, tancer; fam. enguirlander, secouer; pop. crier (après), disputer. Gronder un élève. « ma mère m'aurait grondé pour avoir oublié mon foulard » (Céline). Se faire gronder. — Réprimander amicalement. Nous devons vous gronder d'avoir fait un si beau cadeau.
⊗ CONTR. (de II) 1. Louer, remercier.
● gronder verbe intransitif (ancien français grondir, du latin grundire, grogner) Émettre un bruit sourd, plus ou moins menaçant : Chien qui gronde. Produire un bruit sourd, plus ou moins effrayant : L'orage gronde. Littéraire. Être menaçant, imminent, se manifester sourdement : L'émeute gronde dans la rue. ● gronder (synonymes) verbe intransitif (ancien français grondir, du latin grundire, grogner) Émettre un bruit sourd, plus ou moins menaçant
Synonymes :
- grogner
Produire un bruit sourd, plus ou moins effrayant
Synonymes :
- hurler
- mugir
- vrombir
● gronder
verbe transitif indirect
Manifester son hostilité par des grognements : Le chien gronde après les passants.
Exprimer de manière plus ou moins distincte, sourde, son mécontentement à l'égard de quelqu'un ou de quelque chose : La presse gronde contre le gouvernement.
● gronder
verbe transitif
Littéraire. Proférer des paroles avec mauvaise humeur : Gronder quelques phrases inintelligibles.
Réprimander avec une certaine familiarité : Tu vas te faire gronder si tu rentres tard.
● gronder (synonymes)
verbe transitif indirect
Exprimer de manière plus ou moins distincte, sourde, son mécontentement...
Synonymes :
- grognonner (familier)
- maronner (familier)
- maugréer
- râler (familier)
- ronchonner (familier)
- rouscailler (populaire)
● gronder (synonymes)
verbe transitif
Littéraire. Proférer des paroles avec mauvaise humeur
Synonymes :
Réprimander avec une certaine familiarité
Synonymes :
- attraper
- disputer (familier)
- engueuler (populaire)
- enguirlander (familier)
- réprimander
- savonner (familier)
- sonner les cloches (familier)
gronder
v.
rI./r v. intr.
d1./d Faire entendre un son sourd et menaçant. Le chien gronde.
d2./d Faire entendre un son prolongé sourd et grave. La mer grondait.
d3./d Fig. Menacer. La révolte gronde.
rII./r v. tr. Réprimander (un enfant). Gronder un enfant dissipé.
⇒GRONDER, verbe
A. — Emploi intrans.
1. [Le suj. désigne un animal comme le chien, l'ours, etc.] Émettre du fond de la gorge un cri sourd, prolongé et menaçant. Synon. grogner. Quand mes sens ont parlé, tout en moi fait silence, Comme au désert la nuit quand gronde le lion (SAMAIN, Chariot, 1900, p. 160). Ses babines, froncées, découvraient ses crocs éclatants, et elle [la chienne] grondait tout bas, avec des spasmes d'abois retenus (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 38) :
• 1. ... le lion eut tout à coup un mouvement de colère. D'abord il renifla, gronda sourdement, écarta ses griffes, étira ses pattes; puis il se leva, dressa la tête, secoua sa crinière, ouvrit une gueule immense et poussa vers Tartarin un formidable rugissement.
A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 31.
2. [Le suj. désigne une pers.] Vx ou littér. Exprimer son mécontentement ou sa douleur à voix basse, entre ses dents, indistinctement; p. ext. se plaindre vivement. Synon. bougonner, grogner, grommeler, ronchonner (fam.), râler (pop.). Il se met rarement en colère. Il gronde, il grommelle, il bavote et se lamente (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 112). Samazelle a parlé le dernier. Tout de suite, il s'est mis à gronder, à tonner : un aboyeur de foire (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 205).
— Gronder contre qqn ou qqc. Se fâcher contre. Synon. pester contre, rouspéter contre (fam.). Et Rose, la cuisinière, se fâchait, grondait contre tout le monde (ZOLA, Conquête Plassans, 1874, p. 919). Il grondait contre ces mazettes qui ne savent pas conduire (DUHAMEL, Passion Pasquier, 1945, p. 30).
3. [Le suj. désigne un inanimé concr., notamment un élément de la nature ou une chose en mouvement, en activité] Produire un bruit sourd et prolongé, plus ou moins impressionnant. L'orage, le tonnerre gronde; la mer, le flot gronde; le canon gronde; les orgues grondent; gronder fort, sourdement, dans le lointain. La montagne couverte de cascades grondait comme un tambour (GIONO, Chant monde, 1934, p. 295). Tout autour grondait Anvers, vibrante d'activité (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 81) :
• 2. Déjà un bruit immense retentit sur la ville.
Déjà les trains bondissent, grondent et défilent.
Les métropolitains roulent et tonnent sous terre.
Les ponts sont secoués par les chemins de fer.
CENDRARS, Du monde entier, 1957, p. 34.
— Au fig. Être menaçant, près d'éclater. La foule, l'émeute, la guerre gronde; passions qui grondent. Quand la révolution commença à gronder, ma grand'mère, comme les aristocrates éclairés de son temps, la vit approcher sans terreur (SAND, Hist. vie, t. 1, 1855, p. 62). Et d'un effort de volonté il étouffa les révoltes qui grondaient en lui (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 116).
B. — Emploi trans.
1. [Correspond à A 2; en emploi énonciatif, souvent en incise] Dire en bougonnant, en récriminant, avec protestation, colère. Jacques, tais-toi! gronda la mère à son tour. Laisse ton père manger tranquille! (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 235). « Allons, fais donc attention », gronda l'oncle Dane (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 831).
2. [L'obj. désigne une pers., très souvent un enfant] Réprimander, reprendre sur un ton sévère. Gronder vivement, sévèrement, vertement qqn; avoir peur d'être grondé; se faire gronder. Il était en retard. Un sous-maître le gronda sévèrement (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 175). Elle n'élevait jamais la voix, jamais elle ne me grondait sans raison (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 10) :
• 3. On était inquiet dans sa chaumière, et on veillait pour l'attendre. Sa mère le gronda, de son air dur, en prenant une grosse voix, comme on fait pour gronder les petits enfants, et lui s'en alla tout penaud s'asseoir dans un coin.
LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 104.
— En emploi abs. Et je ne pouvais bouger, ma tante grondait quand je faisais du bruit (ZOLA, T. Raquin, 1867, p. 38). Je n'avalais quelques bouchées qu'au prix de grands efforts; ma mère suppliait, grondait, menaçait et presque chaque repas s'achevait dans les larmes (GIDE, Si le grain, 1924, p. 431).
3. Faire un reproche amical à (quelqu'un). Mme Verdurin montrant des roses qu'il avait envoyées le matin lui disait : « Je vous gronde » (PROUST, Swann, 1913, p. 218) :
• 4. — « Voilà une heureuse surprise, Jacques, n'est-ce pas? s'écria le directeur. « Mais je vais vous gronder : il faut mettre votre pardessus et le boutonner, quand vous êtes à la chapelle; la tribune est froide, vous attraperiez du mal! »
MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 689.
REM. 1. Grondeler, verbe intrans., rare. Gronder légèrement. La pauvre cloche grondelait sourdement et un fourmillement d'angélus agitait sa robe (ARNOUX, Abisag, 1919, p. 155). 2. Grondouiller, verbe intrans., rare. Même sens. V'là el' tounnerr' d'orage qui grondouille (MARTIN DU G., Gonfle, 1928, III, 2, p. 1228).
Prononc. et Orth. : [], (il) gronde []. Ds Ac. dép. 1694. Étymol. et Hist. A. Intrans. [grondir 1. ca 1170 gront (ind. prés. 3e pers.) « grogner (en parlant de chien) » (BEROUL, Tristan, éd. E. Muret, 1496); 2. ca 1230 grundir « en parlant de choses » (Ste Modvenne, éd. A.T. Baker et A. Bell 8301 ds T.-L.)]; 1230 gront (subj. prés. 3e pers. de gronder) « murmurer, grommeler » (Gaidon, 135 ds T.-L.). B. Trans. av. 1679 « réprimander quelqu'un » (RETZ, Œuvres, éd. A. Feillet et J. Gourdault, III, 321). Du lat. class. grundire, var. de grunnire (v. grogner) par changement de conjug. à côté de l'a. fr. grondir et grondre. Fréq. abs. littér. : 2 250. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 098, b) 4 667; XXe s. : a) 3 377, b) 2 390.
gronder [gʀɔ̃de] v.
ÉTYM. V. 1170, grondir; grundir, v. 1230; du lat. grundire, var. de grunnire. → Grogner.
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I V. intr.
1 Émettre un son menaçant et sourd (le sujet désigne certains animaux). ⇒ Grogner. || Chien qui gronde. || Le chacal (cit. 1) gronde. || Lion qui gronde et rugit. || Gronder fort, doucement.
1 Les chiens de garde que nous voyons souvent gronder en songeant et puis japper tout à fait et s'éveiller en sursaut (…)
Montaigne, Essais, II, XII.
2 (…) votre petit chien Brusquet ? gronde-t-il toujours aussi fort ?
Molière, Dom Juan, IV, 3.
3 Le dogue Liberté gronde et montre ses crocs (…)
Hugo, les Châtiments, « Nox », I.
4 Quand mes sens ont parlé, tout en moi fait silence,
Comme au désert, la nuit, quand gronde le lion.
Albert Samain, le Chariot d'or, Évocations, Bacchante, p. 117.
2 (Sujet n. de chose). Produire un bruit sourd, grave et menaçant (l'idée de menace étant plus ou moins marquée, selon les emplois). ⇒ Frémir (vx), murmurer (vx). || Le canon (cit. 1), le « brutal » (cit. 10) gronde. || Le tonnerre gronde. ⇒ Tonner. || L'orage grondait sourdement. ⇒ Menacer. || Volcan qui gronde avant l'éruption.
5 (…) ce n'est pas en vain qu'il (Dieu)lance la foudre, ni qu'il fait gronder son tonnerre !
Bossuet, Sermons, 2e serm. purif. Vierge, 1er point.
6 L'âpre rugissement de la mer pleine d'ombres,
Cette nuit-là, grondait au fond des gorges noires (…)
Leconte de Lisle, Poèmes barbares, « Mille ans après ».
♦ Par métaphore :
7 Nos passions sont comme les volcans : elles grondent toujours, mais l'éruption n'est qu'intermittente.
Flaubert, Correspondance, 403, 25-26 juin 1853, t. III, p. 248.
♦ Fig. Être menaçant, près d'éclater. || La révolution, l'émeute gronde. || Le conflit qui grondait. — La fureur, la colère qui grondait en elle (→ Braver, cit. 4).
8 Dès qu'on ouït gronder l'orage qui vient de fondre sur l'Empire et la Hongrie (…)
Fléchier, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche.
9 Les têtes fermentaient. Une tempête, qui ne faisait encore que gronder, flottait à la surface de cette foule.
Hugo, Notre-Dame de Paris, I, I.
3 (Sujet n. de chose; sans idée de menace ou de peur). Produire un son grave, sourd et prolongé. || La mer, le fleuve gronde (→ Buccinateur, cit.; émouvoir, cit. 16; enfoncer, cit. 35). || Le vent gronde dans la cheminée (→ Feu, cit. 12). || Les contrebasses grondaient sourdement. || Sons qui grondent (→ Éteindre, cit. 34).
10 (…) d'autres fois, c'était Meyerbeer faisant gronder les touches sous quelques-unes de ses puissantes harmonies (…)
Th. Gautier, Portraits contemporains, Sophie Gay.
11 (…) la montagne était coupée comme une falaise, la mer grondait au bas, bleue et pure (…)
Nerval, les Filles du feu, « Octavie ».
12 Un espace paisible, ami du loisir et du soleil, l'environne, bien qu'on entende sans cesse gronder les trains sur les deux ponts de fer de la rue Proudhon, où vieillit une ombre de tunnel.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XIX, p. 266.
♦ Par métaphore :
13 Et mon cœur orageux dans ma poitrine gronde
Comme le chêne au vent dans la forêt profonde !
Hugo, les Châtiments, I, V.
4 Vx ou littér. (Personnes). Murmurer, se plaindre, protester à voix basse entre ses dents, sous l'effet de la colère, etc. ⇒ Bougonner, grogner, grommeler, maronner, murmurer, rognonner, ronchonner; → Essuyer, cit. 17. || Un atrabilaire qui gronde sans cesse, critique tout. ⇒ Criailler. || Gronder entre ses dents (→ Barboter, cit. 9). — Gronder contre qqn, contre qqch. ⇒ Protester, râler (fam.), rouspéter (fam.).
14 Tant que le jour est long, il gronde entre ses dents (…)
J.-F. Regnard, les Folies amoureuses, I, 1.
15 (…) il vit que le visage de cette bonne fille était baigné de larmes, et, tout son courage l'abandonnant, il lui fut impossible de retenir les siennes, bien qu'il grondât et menaçât encore.
G. Sand, la Mare au diable, VI.
16 Ma grand-mère dit cela parce qu'elle aime à gronder et à se plaindre.
G. Sand, la Petite Fadette, XIX.
17 Il se plaint, gronde et de reproche en insulte, sa femme l'a traité de pouilleux.
M. Jouhandeau, Chaminadour, II, IX.
♦ Trans. Dire (qqch.) en grondant, en bougonnant. || « Foutre le camp ! » (cit. 7), gronda-t-il. || Gronder des menaces, des protestations entre ses dents.
5 Trans. Vx. (Personnes). Dire, fredonner à mi-voix (⇒ Murmurer), sans idée de colère, de menace. || Gronder une petite chanson entre ses dents (→ 2. Air, cit. 17, Molière).
18 Voilà mon petit doigt (…) qui gronde quelque chose.
Molière, le Malade imaginaire, II, 8.
19 (…) et, de sa voix d'orgue, il lui gronda le bonjour.
France, le Mannequin d'osier, II, Œ., t. XI, p. 254.
♦ Mod. Dire ou chanter d'une voix très grave, caverneuse. || Basse qui gronde un air d'opéra.
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II V. tr. (1665). Réprimander (un enfant) avec humeur. ⇒ Admonester, attraper, crier (après), disputer (fam.), emballer, engueuler (fam.), fâcher (se fâcher contre), gourmander, morigéner, quereller, rabrouer, réprimander, secouer (fam.), tancer, tempêter, tonner (contre). || Gronder un enfant désobéissant. || Tu vas te faire gronder. || Gronder un élève. — REM. Gronder s'emploie surtout en parlant des enfants ou avec une nuance d'indulgence. — Gronder amicalement, affectueusement un camarade. ⇒ Gronderie.
20 Je vous ai toujours aimé (…) Je suis en droit, par mon amitié, de vous gronder vivement, de vous reprocher votre humeur avec moi.
Voltaire, Lettre à Maupertuis, 693, 28 mai 1741.
21 Madame Derville voyait avec étonnement que son amie, toujours grondée par M. de Rênal à cause de l'excessive simplicité de sa toilette, venait de prendre des bas à jour et de charmants petits souliers arrivés de Paris.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XIII.
22 (…) c'était un de ces fidèles serviteurs dont les modèles sont devenus trop rares en France, qui (…) grondent les enfants et quelquefois les pères (…)
A. de Vigny, Cinq-Mars, I.
23 J'irai parler à M. Cadet Blanchet, je lui dirai de me battre et de ne pas vous gronder pour moi.
G. Sand, François le Champi, III.
24 Sa mère le gronda, de son air dur, en prenant une grosse voix, comme on fait pour gronder les petits enfants, et lui s'en alla tout penaud s'asseoir dans un coin.
Loti, Mon frère Yves, XX.
25 Sous le couperet, ma mère m'aurait grondé pour avoir oublié mon foulard.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 160.
♦ Absolt. || Une mère qui gronde sans cesse (→ Fléau, cit. 8).
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DÉR. Grondable, grondant, gronde, grondement, gronderie, grondeur, grondin.
Encyclopédie Universelle. 2012.