atrabilaire [ atrabilɛr ] adj. ♦ Méd. anc. Qui a rapport à l'humeur noire (ou atrabilen. f.). ⇒ bilieux, mélancolique.
♢ Fig. et vx Caractère, humeur, tempérament atrabilaire, porté à la mauvaise humeur, à l'irritation, à la colère. ⇒ coléreux, irritable. Subst. « L'atrabilaire amoureux », sous-titre du « Misanthrope ». « un vieil atrabilaire que tout exaspère » (Sarraute).
● atrabile nom féminin (latin atra bilis, bile noire) Substance hypothétique de l'ancienne médecine qui passait pour causer la mélancolie et l'hypochondrie. (On l'appelait aussi bile noire.)
⇒ATRABILE, subst. fém.
MÉD. ANC. Humeur noire sécrétée par les glandes surrénales, cause de la mélancolie maladive. Synon. bile noire :
• 1. ... les maladies aiguës, tantôt prennent le véritable caractère inflammatoire; tantôt, (...) elles paraissent se couvrir de ce caractère extérieur, comme d'un symptôme superficiel, pour voiler le fond bilieux dont elles dépendent alors pour l'ordinaire : tantôt enfin, des vomissements noirâtres y font reconnaître, ou la vraie atrabile des anciens, c'est-à-dire la bile altérée par une excessive concentration, ou d'abondantes hémorragies internes; car le sang dégénéré dans les intestins, prend toujours cette couleur obscure.
CABANIS, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 2, 1808, p. 193.
• 2. À propos de ces biles noires, on ne saurait méconnaître un curieux phénomène de prescience chez nos prédécesseurs de l'Antiquité et du XVIIe siècle qui ont attribué certains états de dépression mentale à la mélancolie (...) et à l'« atrabile » autre expression littérale de la bile noire.
Ce que la France a apporté à la méd. dep. le début du XXe s., 1946, p. 237.
— Au fig. Mauvaise humeur, ressentiment :
• 3. ... ce maître après Dieu, s'exaspère de reprendre une place bourgeoise, et toute une part de son atrabile en sortira.
J. DE LA VARENDE, Jean Bart pour de vrai, 1957, p. 42.
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1575-90 méd. anc. atrabile, atrebile « bile noire, qui engendrait l'instabilité » (AMBR. PARÉ, XX, I, 15 ds HUG. : Le sang ne se peut enflammer et pourrir qu'il ne se tourne incontinent et degenere ou en bile ou en atrabile; XX, I, 29 : Reste à parler de celle [fièvre] qui se fait de l'atrebile ou humeur melancholique contre nature); cf. 1674 (BOUHOURS, Doutes sur la langue françoise, p. 44 ds Dict. hist. Ac. fr. : Atrabilaire est de ma connoissance, mais atrabile n'en est point, et j'ai été surpris de rencontrer l'atrabile au lieu de la bile noire), qualifié de ,,hors d'usage`` par FÉR. Crit., s.v. atrabilaire.
Empr. au syntagme lat. atra bilis « bile noire (qui engendre l'emportement, la colère) », PLAUTE, Amph., 727 ds TLL s.v., 1987, 61; cf. CICÉRON, Tusc., 3, 11, ibid., 1987, 66; et CELSE, 2, 1, ibid., 1987, 59 : bilis atra, quam appellant; v. mélancolie.
STAT. — Fréq. abs. littér. :6.
BBG. — BOUILLET 1859. — DUVAL 1959. — GARNIER-DEL. 1961 [1958]. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — Méd. Biol. t. 1 1970. — Mots rares 1965. — NYSTEN 1824. — PRIVAT-FOC. 1870.
atrabile [atʀabil] n. f.
ÉTYM. 1575-90; var. atrebile; du lat. atra bilis « bile noire ».
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♦ (XVIe-XVIIe). Méd. anc. Humeur noire que les anciens supposaient sécrétée par les capsules surrénales, et à laquelle ils attribuaient les accès d'hypocondrie. ⇒ Hypocondrie, mélancolie.
0 (…) atrebile (atrabile) ou humeur mélancholique (mélancolique).
♦ Fig., vx. Mauvaise humeur.
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DÉR. Atrabilaire.
Encyclopédie Universelle. 2012.