nous [ nu ] pron. pers. ♦ Pronom personnel de la première personne du pluriel (représente la personne qui parle et une ou plusieurs autres, ou un groupe auquel celui qui parle appartient ⇒ on). I ♦ Pron. pers. pl.
1 ♦ Employé seul (sujet) « Mes deux frères et moi, nous étions tout enfants » (Hugo). Vous et moi, nous sommes de vieux amis. Eux et moi, nous partirons plus tard. — (Attribut) « Et c'est nous trop souvent qui faisons nos malheurs » (M.-J. Chénier). — Compl. Il nous regarde, il ne nous voit pas. Tu nous ennuies. Partez sans nous. — Compl. ind. Vous nous le donnerez. Il nous a écrit (= à nous). « Notre fortune n'est pas à nous » (A. Dumas). Il est venu à nous, vers nous. Chez nous, pour nous.
♢ Pron. réfl. (ou récipr.) Nous nous sommes regardés sans rien dire. Sauvons-nous.
2 ♦ NOUS, renforcé. Nous, nous restons là. — NOUS-MÊME(S). « Nous sommes incompréhensibles à nous-mêmes » (Pascal). — (XVIe) NOUS AUTRES, marque une distinction très forte ou s'emploie avec un terme en apposition. « Nous autres, compatriotes de Napoléon » (Mérimée). « Nous autres Français », ouvrage de Bernanos. — (Précisé par un numér. card.) Voilà qui nous contentera tous deux. À nous trois, nous y arriverons. — Nous voici, nous voilà.
II ♦ Emplois stylistiques (transposition de personnes)
1 ♦ (1re pers. du sing.) Employé pour je (plur. de modestie ou de majesté) Le roi dit : nous voulons. REM. L'adj. et le p. p. s'accordent avec le vrai sujet : Nous sommes étonnée de cette décision.
2 ♦ (2e pers., en signe d'intérêt, d'affection) ⇒ toi, vous. « Eh bien, madame la baronne, comment allons-nous ? » (Maupassant). « Hé bien, nous deviendrons un grand savant ? » (Bourget). Alors, nous sommes contente ? ⇒ on.
3 ♦ (3e pers.) ⇒ il, elle. S'emploie lorsque la personne qui parle (avocat, notaire) le fait en tant que représentant des intérêts d'une personne (plur. normal de l'adj. et du p. p.).
III ♦ N. m. sing. Le mot nous. « Un de ces orgueils exigeants qui s'accommodent mal du “nous” » (Duhamel). Le je et le nous.
⊗ HOM. Noue.
● nous pronom personnel de la première personne du pluriel des deux genres (latin nos) Représente le locuteur et une ou plusieurs autres personnes constituant avec lui un groupe ; forme atone, avant le verbe, il peut être sujet, objet direct, indirect : Nous partons. Il nous voit. Il nous laisse sa chambre. (Nous, complément d'un impératif affirmatif, est accentué et se place après le verbe auquel il est joint par un trait d'union : Laissez-nous.) Forme accentuée, il peut être apposé (emphase), complément après une préposition, attribut du sujet, sujet inversé dans les interrogatives : Nous, nous restons. Venez avec nous. C'est nous. S'emploie pour je dans le style officiel et dans la bouche d'une personne constituée en dignité, en autorité (nous dit " de majesté ") : Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit ; ou par modestie dans un ouvrage. Familier. S'emploie à la place d'un pronom personnel de la deuxième ou de la troisième personne. Peut être renforcé par même, auquel il est lié par un trait d'union, ou par autre : Nous-mêmes, nous autres. Ce que c'est que de nous !, exclamation pour déplorer la nature mortelle et le triste sort de l'homme. ● nous (citations) pronom personnel de la première personne du pluriel des deux genres (latin nos) Paul Claudel Villeneuve-sur-Fère, Aisne, 1868-Paris 1955 Le bonheur n'est pas un luxe ; il est en nous comme nous-mêmes. La Ville (2e version), III, Cœuvre Mercure de France Marcel, dit Jean Guéhenno Fougères 1890-Paris 1978 Académie française, 1962 Nous restons au bord de nous-mêmes. La Foi difficile Grasset Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 De tout ce qui fut nous, presque rien n'est vivant. Les Rayons et les Ombres, Tristesse d'Olympio Pierre Nicole Chartres 1625-Paris 1695 Nous nous pouvons dire en quelque sorte citoyens de nous-mêmes et de notre propre cœur. Essais de morale, Des moyens de conserver la paix avec les hommes Pierre Nicole Chartres 1625-Paris 1695 Souvent il est plus facile de vivre avec tout le monde extérieur qu'avec ce peuple intérieur que nous portons en nous-mêmes. Essais de morale, Des moyens de conserver la paix avec les hommes Jean-Paul Sartre Paris 1905-Paris 1980 L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous. Saint Genet, comédien et martyr Gallimard ● nous (difficultés) pronom personnel de la première personne du pluriel des deux genres (latin nos) Accord 1. Nous, pluriel de modestie ou de majesté. Nous, employé comme pluriel de modestie ou de majesté, commande l'accord du verbe au pluriel, mais les adjectifs ou les participes qui se rapportent au pronom restent au singulier : nous sommes reconnaissant à nos collègues de leurs précieux conseils ; le roi dit « nous sommes persuadé de l'attachement de nos sujets à notre personne ». - Lorsque la personne qui emploie le nous de convenance est une femme, l'accord des adjectifs ou des participes se fait au féminin : désireuse de faire toute la lumière sur cette affaire, nous nous sommes livrée à une enquête approfondie. 2. Beaucoup d'entre nous. Après beaucoup d'entre nous (ou combien, un grand nombre, la plupart, plusieurs, trop, etc., d'entre nous), le verbe se met normalement à la troisième personne du pluriel : beaucoup d'entre nous ont compris que c'était fini. - L'emploi de la première personne est rare, mais correct. Il permet à la personne qui parle ou qui écrit de souligner son appartenance au groupe dont il est question : la plupart d'entre nous, naïfs jeunes gens, avons été leurrés par ces promesses d'aubes radieuses. Registre 1. Nous, employé pourtuou vous. Dans le registre familier, nous peut remplacer tu ou vous lorsque l'on s'adresse à quelqu'un : alors, nous sommes méchante, aujourd'hui ? L'adjectif et le participe restent au singulier et varient en genre. Recommandation Cet emploi marque souvent une forme de supériorité ou de condescendance de la personne qui parle envers celle à qui elle s'adresse (une mère parlant à son enfant, par exemple). Il faut donc n'y recourir qu'avec précaution. 2. Reprise de nous par on : nous, on n'en sait rien. La reprise de nous par on appartient à l'expression orale relâchée. Recommandation Dans l'expression soignée, dire nous, nous n'en savons rien. 3. Nous deux. → deux 4. Nous autres. → autre ● nous (homonymes) pronom personnel de la première personne du pluriel des deux genres (latin nos) noue nom féminin noue forme conjuguée du verbe nouer nouent forme conjuguée du verbe nouer noues forme conjuguée du verbe nouer
nous
Pron. pers. de la 1re pers. du Plur., sujet ou complément.
d1./d (Désignant un ensemble de personnes qui inclut la personne qui parle.) Nous partons. Il nous regarde. Suivez-nous. Il l'a dit à nous et à nos amis. Il nous l'a dit.
— Chez nous: dans notre maison, notre pays.
|| Nous autres (marquant l'opposition entre un groupe dont la personne qui parle fait partie et les autres). Nous autres, travailleurs.
d2./d Remplaçant je (nous de majesté ou de modestie). Nous, maire de...
d3./d Fam. (Employé pour tu ou vous.) Nous avons été sages?
d4./d (Employé comme indéterminé.) Il nous arrive à tous de nous tromper.
⇒NOUS, pron. pers.
I. —Pron. pers. de la 1re pers. du plur.
A. —Valeurs sém. [Le locuteur est le terme constant de l'addition de la première personne et d'une autre ou d'autres personnes; la ou les personnes qu'il associe à lui sont, dans son esprit, déterminées individuellement ou collectivement; elles ne sont pas nécessairement présentes, mais toutes sont concernées au même titre que le locuteur lui-même]
1. [Désigne le locuteur associé à une ou à plusieurs autres pers., dans un groupe restreint]
— [Le tu est déterminé, le locuteur place l'interlocuteur sur le même plan que lui] Il est parti! dit-il. —Alors, nous pouvons causer, mon cher. —Tout à notre aise (PONSON DU TERR., Rocambole, t.3, 1859, p.118).
♦[Le locuteur s'adresse à un animal ou (littér.) à un objet personnifié] —«Voulez-vous venir avec nous aux bains de mer?» —«Qui cela, nous!» —«Moi et mon oiseau (...)» (FLAUB., Éduc. sent., t.2, 1869, p.74):
• 1. Mon beau navire ô ma mémoire
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire
Avons-nous assez divagué
De la belle aube au triste soir...
APOLL., Alcools, 1913, p.47.
— [Le tu est indéterminé, l'auteur associe à lui le lecteur] Représentons-nous donc la lune fixée à l'extrémité du rayon de son orbite terrestre (BERN. DE ST.-P., Harm. nat., 1814, p.371). V. entendre II A 2 b ex. de Thibaudet.
b) [Nous = je + il (ou + elle)] Mes enfants, je suis obligé de vous mettre au collège. Votre mère et moi, nous pensons qu'un précepteur, si dévoué soit-il, ne peut plus vous suffire (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.270).
— Fam. et pop. [Nous deux + subst. désignant la pers. que le locuteur unit à lui] Avec cette personne, cette personne et moi. Ça nous ira [ce genre de vie] à nous deux ma femme (SUE, Myst. Paris, t.9, 1843, p.360). V. deux I A 2 a loc. fam.
c) [Nous = je + ils (ou + elles); le groupe désigné par ils (elles) est déterminé individuellement ou collectivement] Elle: Nous devrions être couchés à cette heure-ci! Jean: Nous, madame? Elle: Non, je dis: «nous»... mes amis et moi! (GUITRY, Veilleur, 1911, I, p.5). Nous demeurions là, des après-midi, coude à coude, le commissaire au milieu, à bercer ensemble nos secrets, nos craintes, et nos espoirs (CÉLINE, Voyage, 1932, p.98).
d) [Nous = je + tu (ou + vous) + il(s) (ou + elle(s))] Nous étions toujours contents, elles et nous, de marquer notre amitié (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p.16).
2. [Désigne une collectivité plus large dans laquelle s'inclut le locuteur, notamment province, quartier, pays, patrie; nous = je + ils collectif] Nous devons à Napoléon notre Code criminel, qui, plus que le Code civil (...) sera l'un des plus grands monuments de ce règne si court (BALZAC, Splend. et mis., 1846, p.379). Êtes-vous du pays? Notre langue, Monsieur, est si belle, que, lorsque nous l'entendons en pays étranger, cela nous fait tressaillir (MÉRIMÉE, Carmen, 1847, p.35). Ce sont les yeux de l'autorité qui ont «flanché», comme nous disons à Ménilmontant (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p.77).
3. [Désigne l'humanité en général, la condition humaine, le locuteur et ses contemporains; nous = je + tu (ou + vous) + il(s) + tous; dans ce sens, peut servir de régime à on] Dans quel temps vivons-nous! (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p.610). À partir d'un certain âge, les enfants nous échappent (GIDE, Faux-monn., 1925, p.1114):
• 2. Nous ne sommes pas plus forts que la vie. Interrogeons-la docilement; il ne convient pas de l'interrompre dès que nous avons saisi une, et une seule, de ses paroles: elle a encore beaucoup à nous dire, et nous beaucoup à en apprendre.
HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p.102.
— [Pour exprimer la date] Nous sommes le dix; nous sommes jeudi. —Quel jour sommes-nous, aujourd'hui? —Samedi 15 mars (MILLE, Barnavaux, 1908, p.71). Louise: Quelle date sommes-nous? Brotonneau: Le 7 mai (FLERS, CAILLAVET, M. Brotonneau, 1923, II, 2, p.11).
4. Valeur de sing. (syllepse de pers.)
a) [Employé pour je]
) Plur. dit de majesté
— [Le nous «autoritaire», des actes officiels] Nous, préfet de la Seine, ordonnons...:
• 3. Ordonnance créant l'Ordre de la Libération. Au nom du Peuple et de l'Empire français, Nous, Général De Gaulle, Chef des Français Libres, Vu notre Ordonnance n° 1 du 27 octobre 1940, organisant les pouvoirs publics durant la guerre et instituant un Conseil de Défense de l'Empire...
DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p.323.
— [Le nous «emphatique», sans idée d'autorité, ou le nous de pudeur, pour ne pas dire je/moi] «Tenons-nous bien!» pensait le héros... «il va m'arriver quelque chose!» (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p.83). La gouvernante: Ne serait-il point décent que Sa Majesté nous accordât le loisir de nous vêtir? Le cardinal: Recouchez-vous, Madame (...). Les matins sont froids (AUDIBERTI, Mal court, 1947, II, p.154).
) Plur. dit de modestie. [Le nous d'auteur. ,,C'est par modestie que les écrivains de Port-Royal l'avaient mis à la mode, pour éviter, disaient-ils, la vanité du moi`` (BESCH. 1845)] Le lecteur nous permettra donc de ne pas nous occuper plus, à présent, de quelqu'un qu'il reverra suffisamment dans la suite (GIDE, Prométhée, 1899, p.303).
b) Fam. [Employé pour tu (ou vous de politesse), ou pour la 3e pers., même du sing.; pour s'adresser à une ou des pers. ou parler d'elles et exprimer certaines nuances de sentiment (sympathie, condescendance, reproche affectueux, parfois ironie)] Le prince est mon ami, capitaine. —Bon! bon! Ne nous fâchons pas... Vous ne prenez pas une absinthe? (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p.98). Marc: Hé! c'est notre amie Vivette... Où allons-nous donc de si bonne heure, miss Vivette, avec ces gros paquets? (A. DAUDET, Arlésienne, 1872, II, tabl. III, p.404):
• 4. Assise sur son séant, la mère l'emmaillota largement, de ses mains expertes, plaisantant, répondant à chacun de ses cris: —Oui, oui, je sais, nous avons très faim, très faim... Ça va venir, la soupe est au feu...
ZOLA, Fécondité, 1899, p.229.
c) [Employé pour il (ou elle) lorsque le locuteur (mandataire officiel, avocat, notaire) parle en tant que représentant des intérêts de son client, dans le style officiel] Le délégué: Nous prions humblement Votre Seigneurie de nous rendre notre parole (CLAUDEL, Chr. Colomb, 1929, p.1166).
B. —Fonctionnement syntaxique
1. [Nous atone, non prédicatif, en fonction de]
a) [Suj.] Depuis que nous avons appris la grande nouvelle de ton transfert dans l'infanterie (...), nous n'avons rien su de toi et nous nous en étonnons (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p.304). [En concurrence avec on] Nous avions quelquefois des bouffées d'opulence pendant lesquelles l'argent se dépensait avec une ridicule prodigalité; puis, pendant longtemps, on retombait dans un état voisin de l'indigence (KARR, Sous tilleuls, 1832, p.270).
— [Suj. d'une «prop. infinitive»] Elle nous fit traverser des salles aux plafonds effondrés (G. LEROUX, Parfum, 1908, p.41).
— [Devant voici, voilà] Nous voilà!... Nous arrivons! (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t.2, 1870, p.14). Nous voici partis tous trois, maman, le curé et moi, pour administrer mon oncle (MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Marquis de F., 1886, p.67).
b) [Compl. d'obj. dir.] Ce déluge de la réalité qui nous submerge (PROUST, Sodome, 1922, p.1115).
c) [Compl. d'obj. indir. ou compl. d'attribution] Elles vagirent comme des enfants: «Ouvrez-nous! Ouvrez-nous!» (LOUYS, Aphrodite, 1896, p.189):
• 5. Paris nous paraît gris, les femmes nous semblent laides, les roues des voitures nous semblent avoir des chaussons de lisière. Rien de la patrie ne nous sourit, pas même notre intérieur.
GONCOURT, Journal, 1860, p.818.
d) [En emploi pronom., réfl., réciproque ou essentiellement pronom.; compl. d'obj. dir. ou indir.]
— [réfl.] Nous feignions, pour ainsi dire, de ne pouvoir nous fixer sur rien (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p.284). Nous saisirons les ambassades anglaise et russe. Et nous nous laverons les mains du reste (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p.344).
— [réciproque] Nous aurons le loisir de nous connaître et de nous apprécier; nous en viendrons peut-être à nous aimer (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p.133). Nous sommes rentrées chacune dans notre chambre sans nous rien dire (HUGO, Misér., t.1, 1862, p.104).
— [essentiellement pronom.] Vivons chacun de notre côté et puis, nous nous en irons un jour chacun du nôtre (GONCOURT, Journal, 1858, p.503).
e) [Compl. d'intérêt, datif éthique, nous soulignant l'intérêt ou l'importance qu'a pour les pers. désignées par nous l'action exprimée par le verbe] Tais-toi, tu vas nous la tuer (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p.74). Peut-être ben que le Survenant est allé au Congrès eucharistique et qu'il va nous revenir avec une foule de nouvelles à raconter (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p.266).
2. [Nous tonique, prédicatif, en fonction de]
a) [Suj. accentué]
— [Suj. ou thème d'une prop. infinitive] Et nous de rire, et Bertrand de se fâcher (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p.1726). Vous comprenez, nous, aller nous bagarrer avec ces types-là, qui ne nous ont rien fait, en somme (MALRAUX, Espoir, 1937, p.496).
— [Suj. d'une prop. ell.] La mer fut un instant très méchante, et nous fort malades (MICHELET, Journal, 1834, p.141).
b) [Attribut, notamment après c'est] Ils prétendent posséder une bonne, une excellente physique. «C'est nous les savants!» s'écrient-ils (A. FRANCE, P. Nozière, 1899, p.165).
c) [Appos. à un subst. ou un pron., notamment le pron. nous atone ou (fam.) le pron. on] Tu es trop jeune. Vingt ans, vous ne vous rappelez pas... Nous, au contraire, on se rappelle (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p.6). Chaque famille a ses petits secrets: nous en savons quelque chose, nous! (BERNANOS, Joie, 1929, p.654). Nous, la délégation —et les gars —on a réfléchi, de notre côté (MALRAUX, Espoir, 1937, p.661).
— [Suivi d'une prop. rel.] Nous cependant, qui écrivons ceci, nous tirons notre chapeau à ce cul-de-jatte (MONTHERL., Célibataires, 1934, p.758).
— [Suivi d'une appos.] Une élite dans laquelle, pourtant, nous Français étions admis (LARBAUD, F. Marquez, 1911, p.11).
d) [En coordination avec un subst. ou un pron. tonique, prédicatif] On s'est habitué, ces lieux et nous, à être ensemble (BARBUSSE, Feu, 1916, p.98).
e) [Compl. prép. (sauf les prép. temporelles durant, pendant, passé, etc.)] Grand saint Joseph, priez pour nous (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p.53).
— [À nous renforçant le poss. notre, nos] Le temps, c'est notre champ de bataille, à nous. Mieux, c'est notre allié (BOURGET, Sens mort, 1915, p.135).
— [En emploi d'insistance, à la place d'un nous atone] Vous disiez ceci à l'Allemagne; pourquoi ne pas le dire à nous? (MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, p.120).
f) [Compl. de compar.] La ville commence à se remuer autant que nous (COLETTE, Cl. école, 1900, p.265).
g) Loc. et expr. avec nous tonique prép. À nous deux! V. deux ex. 5. Chez nous. V. chez ex. 8, 10 et A 1 ex. de Ringuet. Entre nous (soit dit). V. entre II A.
♦Malheur à nous! Misère de nous! Pauvre de nous! Ce que c'est que de nous!
h) [Nous tonique renforcé par]
— [même] Nous-même(s). V. même II A 2.
♦Sens réfl.:
• 6. ... ce qui distingue uniquement la mémoire de la sensation en général, c'est que, dans la mémoire, nous avons conscience que cet objet présent est nous-même, le sujet, à un état antérieur de manifestation. Nous voyons de nous-même, objectivement, une certaine image.
P. LEROUX, Humanité, 1840, p.278.
♦En partic. En personne. Nous leur donnâmes nous-même une poignée de piastres turques que les jeunes filles se partagèrent (LAMART., Voy. Orient, t.2, 1835, p.90).
♦De nous-mêmes. De notre propre initiative, spontanément. V. de1 I C ex. 4.
— [seul(s), tous] Nous tous ici qui gagnons notre vie péniblement (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p.40). Notre sort dépend donc de nous seuls! Nous sommes les maîtres de notre destin (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.493).
— [un adj. numéral cardinal] V. aussi supra g à nous deux! et supra A 1 b (pop.) nous deux mon frère. Il nous restait environ un kilo de pain à nous quatre (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936 p.369).
a) [En emploi non prédicatif, est antéposé au verbe, sauf]
— [en phrase interr. comme suj. (lang. écrite; lang. soutenue)] Ne sommes-nous pas leurs représentants ici? (GIRAUDOUX, Intermezzo, 1933, III, 1, p.157).
— [en phrase impérative positive comme compl.] Rends-le-nous. Allons-nous en, la femme nous attend pour la soupe (AYMÉ, Jument, 1933, p.192).
Rem. Ds la lang. fam., parfois, le/la/les sont placés après nous obj. indir. Rends-nous-le, dis-nous-le. Voir GREVISSE, Le Fr. correct, Gembloux, Duculot, 1973, p.188.
b) [Le verbe s'accorde]
) [à la 3e pers. du plur. ou du sing. lorsque nous tonique est compl. partitif] C'est elle qui voulait mourir. Aucun de nous n'était assez fort pour la décider à vivre (ANOUILH, Antig., 1946, p.196).
) [à la 1re pers. du plur. après c'est nous] Ce n'est pas nous qui avons commencé (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.223).
) [au sing. (ainsi que les subst., adj., part. et appos.) avec un nous = «je» (de majesté, d'auteur, de modestie)] Nous, maire de la commune, convaincu que... Quant à nous, adonné à la lecture heureuse, nous ne lisons, nous ne relisons que ce qui nous plaît (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p.9).
Rem. Lorsque nous désigne une femme, l'accord du part. passé se fait au fém.: Nous nous trouvions placée devant une double impasse (I. TAMBA-MECZ, Le Sens fig., Paris, P.U.F., 1981, p.17).
c) [Ell. de nous atone suj. dans une suite de verbes coordonnés ou juxtaposés à la 1re pers. du plur.] Nous nous levâmes et prîmes congé (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p.301).
— [Avec une appos. sans reprise de nous tonique] Nous, gens de village, sommes tenus de parler français, pour n'être point repris (COURIER, Pamphlets pol., Au réd. la Quotidienne, 1823, p.205).
— [avec deux suj. coordonnés] V. moi, toi, vous.
d) Constr. partic.
— Il nous laisse reposer; il nous fait asseoir (ell. du pronom. avec les auxil. factitifs faire, laisser...). Mademoiselle nous laisse un peu reposer, de peur que nous ne soyons trop défraîchies pour le grand jour (COLETTE, Cl. école, 1900, p.279).
— Fam. Un ami à nous. Un de nos amis. Il est là-bas chez des amis à nous (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p.502).
— Littéraire
♦Une lettre à nous adressée (antéposition de nous prép. devant un part. passé). L'éditeur Lemerre (à qui nous devons les oeuvres de poésie par nous étudiées à l'instant) (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p.804).
♦Il nous veut + inf. (nous antéposé à l'auxil. suivi d'un inf.). Il nous veut terrasser: plions les reins, mais avec élégance (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p.178).
II. —Emploi subst. masc. sing. [Avec déterm.] Le nous. La communauté de deux ou plusieurs êtres humains ayant des relations interpersonnelles et des intérêts communs. Elle avait cessé de s'occuper du moi, ou de l'homme individu, de l'homme abstrait, pour s'éprendre du nous, ou de l'humanité (P.LEROUX, Humanité, 1840, p.140).
— PHILOSOPHIE
♦Dans le platonisme, l'esprit en tant qu'il saisit intuitivement la réalité des choses, l'«Idée» au delà des apparences sensibles (d'apr. Logos). Aristote utilise l'intelligence contre l'affectivité, le nous contre l'éros de Platon (CHOISY, Psychanal., 1950, p.227).
♦ ,,Chez les existentialistes, «le Nous» désigne un groupe humain caractérisé par des relations authentiques et non pas anonymes. Les membres du groupe gardent chacun une disponibilité spontanée à l'égard d'autrui, et pourtant ils participent à l'obligation collective. Contrairement à l'inauthenticité du «On», le «Nous» sauvegarde l'intimité et le pouvoir de décision des individus`` (THINÈS-LEMP. 1975).
Prononc. et Orth.:[nu]. Homon. noue et formes de nouer. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Pron. pers. 1re pers. du plur. tonique et atone A. cas régime direct 1. atone ca 881 précède le verbe (Ste Eulalie, 28 ds HENRY Chrestomathie, p.3: ... et a lui [Christus] nos laist venir); 2e moitié Xe s. (St Léger, éd. J. Linskill, 239: Il [Lethgiers] nos aiud ob ciel Senior); ca 1050 régime d'un inf., lui-même régime d'un autre verbe, nus se place non devant l'inf. mais devant cet autre verbe (St Alexis, éd. Chr. Storey, 11: Puis icel tens que Deus nus vint salver); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 1149: Li emperere nos devreit ben venger; 1744); 2. tonique a) ca 1100 (ibid., 1747-48: Nostre Franceis ... Truverunt nos e morz e detrenchez, Leverunt nos en bieres sur sumers); b) id. après un verbe à l'impér. en début de prop. (ibid., 1906-07: Paien escrient: ,,Aïe nos, Mahum! Li nostre deu, vengez nos de Carlun!...``). B. Cas régime indirect 1. tonique a)ca 881 après une prép. (Ste Eulalie, 26-27, p.3: Tuit oram que por nos degnet preier [Eulalia] Qued auuisset de nos Christus mercit); fin Xes. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 502: contra nos eps [nos ipsos; a. prov.] pugnar devem); 1365 chiés nous (FROISSART, Meliador, éd. A.Longnon, 633); b) après un impér. en début de phrase, fin Xes. (Passion, 188: ,,Di nos, prophete, chi t'o fisdret?``); ca 1100 le pron. pers. régime direct précède nus régime indirect (Roland, 2560: ,,Sire, rendez le nus! ...``); 2. atone fin Xe s. précède le verbe (Passion, 11: La sua morz vida nos rend; 307); ca 1100 le pron. pers. régime direct précède nus régime indirect (Roland, 1008: Respont Rollant: ,,E! Deus la nus otreit!...``; 3013). C. Cas suj. 1. atone 2e moitié Xe s. plur. de narration représentant l'auteur et ses lecteurs (St Léger, 6: Et or es temps et si est biens Quae nos cantumps de sant Lethgier); fin Xes. (Passion, 305: O Deus... Nos te laudam e noit e di); ca 1100 le compl. étant placé en tête de la phrase, le verbe se place entre ce compl. et le suj. (Roland, 77: Dient paien: ,,De ço avun nus asez!``); XIIIe s. en prop. interr., le verbe précède le pron. (Aucassin et Nicolette, éd. M. Roques, 27, 10, p.29: En quel tere en irons nous?); 2. tonique fin Xes. (Passion, 291: El mor a tort, ren non forsfist; Mais nos a dreit per colpas granz Esmes oidi en cest ahanz; 501); fin XIIe s. nos meïsmes (BÉROUL, Tristan, éd. A. Ewert, 599). II. Nous peut désigner le locuteur seul, non associé à d'autres personnes A. Ca 1200 (Auberée, 165 ds T.-L.: Se riens vous faut, dites le nous [= moi]); 2e moitié XIIIes. (Blancandin, 561, ibid.). B. Ca 1213 nous dit ,,de modestie`` désignant l'auteur parlant à la 1re personne (Fet des Romains, éd. K. Sneyders de Vogel, IV, 2, 17, t.1, p.726). C. 1241, nous dit ,,de majesté`` par lequel se désigne lui-même un grand personnage dans un acte officiel (Charte de Thibaud, roi de Navarre et comte de Champagne ds Layettes du Trésor des chartes, éd. A. Teulet, t.2, p.447a: Nos Tiebauz...Sachent tuit...que...nostre ami...). III. Emploi subst. 1674 «ensemble formé par deux ou plusieurs personnes» ici, les Muses (LA FONTAINE, Poèmes, Clymène ds OEuvres, éd. P. Clarac, 1968, t.2, p.35); 1751 (D'ALEMBERT, Discours préliminaire de l'Encyclop. ds OEuvres, éd. Paris, A. Belin, t.1, 1821, p.22). Du lat. nos, pron. pers. de la 1repers. du plur. tonique et atone, quelquefois employé au sens de ego, notamment pour accentuer une opposition (VIRGILE, Bucoliques, I, 3, 4). Depuis le haut Moy. Âge (Léon le Grand), nos s'emploie comme plur. dit ,,de majesté`` (cf. IXe s. Raban Maur [pour une autorité relig.]; id. Dipl. Arnulfi [autorité civile] ds Nov. gloss.) et comme plur. ,,de narration`` pour représenter l'auteur qui s'exprime (2e moitié VIIIes., LIUTGER) ou l'auteur et ses lecteurs (Xe s., ibid.). Fréq. abs. littér.: 334508. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 488618, b) 434681; XXe s.: a) 447815, b) 503474. Bbg. ERINGA (S.). La Signif. du pron. nous en fr. J. de psychol. normale et pathol. 1950, t.43, pp.171-179. —FURUKAWA (N.). Le Nombre gramm. en fr. contemp. Tokyo, 1977, pp.122-125. — Giscard d'Estaing-Mitterand: 54774 mots pour convaincre. Par J.-M. Cotteret, et alii. Paris, 1976, pp.203-213. —GOUGENHEIM (G.).Le Nous de solidarité et de substitution. R. Philol. fr. 1933, t.45, pp.109-117. —GRAFSTRÖM (Å.). On remplaçant nous en fr. R. Ling. rom. 1969, t.33, pp.270-298. — HAUSMANN (F. J.). Wie alt ist das gesprochene Französisch? Rom. Forsch. 1979, t.91, pp.431-444. —LOFFLER-LAURIAN (A.-M.). L'Expr. du locuteur ds les discours sc. R.Ling. rom. 1980, t.44, pp.135-157. —SPITZER (L.). Vous et nous régimes atones de on. Fr. mod. 1940, t.8, pp.323-343.
nous [nu] pron. pers.
ÉTYM. IXe, Poème de sainte Eulalie; du lat. nos.
❖
♦ Pronom personnel de la première personne du pluriel.
REM. 1. (Fonctions). Nous peut être sujet (comme je), apposition ou attribut (comme moi), complément direct ou indirect (comme me, moi).
2. (Sens et valeurs). Nous peut représenter : le locuteur (moi) et une autre personne (toi, lui, elle) : || « Un soir nous étions seuls, j'étais assis près d'elle » (Musset, Poésies nouvelles, « Lucie »); le locuteur et plusieurs autres personnes : « Le roi, l'âne et moi (cit. 11) nous mourrons »; une généralité de personnes (on) comprenant le locuteur → On.
1 Il me croit peut-être plus fâchée que je ne suis. Les hommes nous connaissent si peu (nous : les femmes).
Henry Becque, la Parisienne, III, 4.
2 Nous subit une généralisation analogue (à « ils ») : Quand nous nous trompons, nous acceptons rarement qu'on nous le prouve. Il s'agit d'une maxime qui s'applique à l'humanité, à une race, etc. D'où la correspondance fréquente entre ce nous et on (…)
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 276.
3 « Toi », ce n'était pas exactement la petite Antonia (…) c'était le quelque chose, à propos duquel et de moi je disais « nous ».
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XVIII, XV, p. 204.
———
I Pron. pers. pl.
A Employé seul.
1 (Sujet). || Ma fiancée (cit. 4)… m'attend, et demain nous serons époux. || Nous l'avons, en dormant… (→ Beau, cit. 78).
4 Mes deux frères et moi, nous étions tout enfants.
Hugo, les Contemplations, V, X.
♦ Par plaisanterie :
5 (…) je me suis détesté, je me suis adoré; — puis, nous avons vieilli ensemble.
Valéry, M. Teste, p. 15.
♦ (Apposition au sujet, ou sujet d'un verbe sous-entendu). || Vous et moi, nous sommes de vieux amis. || Nous, modérés ? (cit. 7) : vous prétendez que nous sommes des modérés ?
6 Qu'est-ce que c'est que ça : nous, Juifs ? demanda-t-il. Connais pas. Je suis Français, moi. Tu te sens juif ?
Sartre, le Sursis, p. 78.
♦ (Attribut). || L'art, c'est moi; la science, c'est nous (→ Impersonnalité, cit. 1). || Et c'est nous trop souvent qui faisons nos malheurs (cit. 13). — REM. Pour l'accord du verbe après c'est nous qui… ⇒ Qui.
7 Nous pourrions être si heureux si… si nous n'étions pas nous.
2 (Compl.). || Il nous écoute volontiers. || Pourquoi nous regardez-vous ?
REM. 1. Nous, complément d'objet direct, se place normalement avant le verbe, sauf avec un impératif positif. « D'où vient qu'un boiteux (cit. 7) ne nous irrite pas, et un esprit boiteux nous irrite ? » « … Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du malin » (cit. 1). — N. B. Toutes les remarques concernant la place de me (→ Me, II., 1.) s'appliquent également à nous. — Pour la place de nous, complément d'objet direct, combiné avec un autre pronom personnel, → Me, et 2. Le.
2. Nous peut se placer après le verbe, quand il est coordonné ou juxtaposé à un autre objet direct.
8 Si votre lettre a trait à un fait qui concerne nous et non eux (…)
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Folio, p. 195.
9 Nous pensons que la vie est bonne;
Mais dis-toi bien, cœur triomphant,
Que nous n'intéressons personne,
Pas même nous, ma chère enfant (…)
Valery Larbaud, Barnabooth, Journal, III.
♦ Nous, complément d'objet direct juxtaposé avec un pronom sujet de la 1re personne du singulier (rare ou plaisant).
10 Je nous rêve (toi et moi) ayant ici un oncle qui serait un paysan riche (…) Il nous hébergerait pour un mois d'hiver.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XV, XXII, p. 263.
3 Nous voici, nous voilà. || Nous voilà enfin débarrassés.
11 (…) je n'ai pu me défendre de t'aimer. — Nous y voilà (…) adieu.
Marivaux, le Jeu de l'amour et du hasard, II, 12.
4 (Compl. indir.). a (Sans préposition : « à nous »). || Il nous a écrit une longue lettre. || Ça nous laisse de la marge (cit. 6)… || « C'est du Nord aujourd'hui que nous vient la lumière » (cit. 35, Voltaire; et lunette, cit. 3; magie, cit. 4). || Il ne nous est de rien (→ 2. Maille, cit. 2). — REM. Les observations concernant l'emploi de me (I., 2.) s'appliquent également à nous; à noter cependant que nous correspond, pour le pluriel, à me et à moi.
12 (…) tu vas nous attraper une de tes bronchites.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XI, II, p. 13.
b (Avec préposition). || Nous n'avons à nous que la minute présente (→ Chance, cit. 4). || Après nous le déluge ! (infra cit. 13). || Chez nous (→ Littérateur, cit. 2). || Tout ce qui vient de nous nous paraît admirable. || « Ce ne sont pas ses pensées, ce sont les nôtres que le poète fait chanter (cit. 10) en nous » (France). — Entre nous (→ Maman, cit. 5). || « Nul n'aura de l'esprit (cit. 134) hors nous et nos amis ». || Pour nous (→ Exister, cit. 12; injuste, cit. 3). || « Loin (cit. 34) de nous les héros sans humanité ». || Une malédiction (cit. 14) pèse sur nous.
13 Notre fortune n'est pas à nous. — À qui donc est-elle ? — À tous ceux qui en ont besoin.
14 Quand ça ne va pas, quand j'ai (…) des embêtements, enfin, je m'en vais chez nous.
Colette, la Vagabonde, p. 118.
♦ ☑ Loc. Pauvres de nous ! || « Avez-vous vu comme il parlait tout seul ? Ce que c'est que de nous ! » (Beaumarchais, Barbier de Séville, III, 12).
5 Nous, pron. réfléchi (ou réciproque). || Nous nous sommes regardés sans rien dire. || « Nous ne gagnerions, à nous marier, que le loisir (cit. 1) de nous quereller à notre aise ». || Il faut que nous nous écrivions pendant les vacances. || Tâchons de nous maintenir (cit. 22)...
6 Nous, répété. — || « Nous, nous n'oserions pas faire cela. Nous prétendons, nous, ne pas le faire. On nous a insultés, nous ! On nous a fait cela, à nous ! » (Académie). || Il nous a donné de l'argent, à nous et à nos compagnons (Littré). || Et nous… Nous qui marchions (cit. 26)...
15 Nous, vieillards nés d'hier, qui nous rajeunira ?
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Rolla », I.
B (Emploi renforcé).
1 Nous-même(s). — (Sing.). → Extérieur, cit. 3; inquiétude, cit. 17. — (Plur.). || Nous sommes incompréhensibles (cit. 2) à nous-mêmes (Pascal).
2 (XVIe). || Nous autres, marquant une distinction très forte, employé avec un terme en apposition. || « Entre (1., cit. 26) nous autres savants… ». — || « Nous autres, compatriotes de Napoléon, nous l'aimons peut-être moins que les Français » (Mérimée, Colomba, II). — || « Nous sommes sans pitié, nous autres savants, comme dit M. Zola » (France, Livre de mon ami, p. 200, in G. et R. Le Bidois, Syntaxe du français moderne, §287). || Nous autres femmes (→ Aussi, cit. 14). — « Nous autres Français », titre d'un ouvrage de Bernanos.
16 Car nous croyons, nous autres, nous autres Français, que la vie est faite pour l'homme et non pas l'homme pour la vie.
REM. Nous autres, [nuzɔtʀ] ou pop. [nuzot] est plus fréquent dans certains usages régionaux qu'en français central.
3 Nous, précisé par un numéral cardinal. || Voilà qui nous contentera tous deux (→ Moquer, cit. 17). || À nous trois, nous y arriverons. — Pop. || Nous deux ma femme, ma femme et moi.
17 Ma femme nous avait envoyés, nous deux l'enfant, faire un tour du côté de Villeneuve-la-Garenne (…)
Alphonse Daudet, Contes du lundi, « Prussien de Bélisaire ».
18 À nous deux, nous pouvons accomplir ce que vous appelez « de grandes choses ».
G. Duhamel, la Pierre d'Horeb, p. 227.
19 Quel est cet arbre ? — Un chêne que nous avons coupé nous deux mon père.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXIII, p. 203.
———
II Emplois stylistiques (transposition de personnes).
1 (1re pers. du sing.). Employé pour je.
a Plur. de modestie. || « Un usage qui paraît aujourd'hui un peu pédant exigeait, dans les préfaces, que le je fût remplacé par un nous de modestie : “le je nous répugne tellement que notre formule expressive est nous, dont le pluriel vague efface déjà la personnalité et vous replonge dans la foule” » (Gautier, Histoire du romantisme…, p. 98, in Brunot et Bruneau, Précis de grammaire historique, 3e éd., p. 283).
b Plur. « de majesté ». || Nous, préfet de la Seine, ordonnons… || Nous, évêque de… || « Nous n'appliquerons (cit. 2, La Fontaine) point… Nos sacrés ongles ».
REM. Dans cet emploi, le participe passé conjugué avec être reste au singulier. Nous sommes enchanté…
20 Non, ne révoquons point l'arrêt de mon courroux :
Qu'il périsse ! Aussi bien il ne vit plus pour nous.
Racine, Andromaque, V, I.
21 Nous, Tartarin, gouverneur de Port-Tarascon et dépendances (…) Recommandons le plus grand calme à la population.
Alphonse Daudet, Port-Tarascon, II, IV.
22 Aussi nous sommes ravi que vous soyez venu, dit-il (le baron), en employant ce nous, sans doute parce que le Roi dit : nous voulons.
Proust, la Prisonnière, I, p. 23.
2 (2e pers.). ⇒ Toi, vous.
REM. Par cet emploi, dit de sympathie, celui qui parle s'associe ou feint de s'associer à la situation, aux faits et gestes, à l'état de santé de son interlocuteur, etc.
23 (Il) salua de nouveau quand il fut à trois pas et s'écria : « Eh bien, madame la baronne, comment allons-nous ? »
Maupassant, Une vie, II.
24 Que de fois (…) étions-nous, lui et moi, arrêtés par quelque ami, qui, tapotant ma joue, me disait : « Hé bien, nous deviendrons un grand savant, comme le père ? »
Paul Bourget, le Disciple, IV, I.
25 — Je venais demander de l'ouvrage à Madame. — Tiens, nous avons décidé de nous remettre au travail.
J. Green, Léviathan, II, VI.
3 (3e pers.). ⇒ Il, elle. S'emploie lorsque celui qui parle (avocat, notaire…) le fait en tant que représentant des intérêts d'une personne auxquels il s'associe (→ Notre, cit. 14, Balzac). || « Nous nous marions séparés de biens » (dit Bartholo, avocat de Marceline, dans la scène du procès du « Mariage de Figaro », III, 15).
———
III Nous. N. m. sing. Le mot nous. || Quand j'écris « nous », je la mets à part, elle (cit. 4) de qui j'ai reçu ce don. || Un de ces orgueils exigeants (cit. 6) qui s'accommodent mal du « nous ».
❖
HOM. 1. Noue, 2. noue; formes du v. nouer.
Encyclopédie Universelle. 2012.