salon [ salɔ̃ ] n. m.
• 1650; it. salone, augment. de sala « salle »
1 ♦ Pièce de réception (dans une maison ou un appartement). Grand salon. Petit salon. ⇒ boudoir, fumoir. Salon-bibliothèque. Salon-salle à manger. ⇒ living-room, séjour. — Salon d'attente (d'un médecin, dentiste, etc.). ⇒ salle (d'attente).
♢ Par méton. Mobilier de salon. Un salon Louis XVI.
2 ♦ Lieu de réunion, dans une maison, où l'on reçoit régulièrement; la société (mondains, artistes, personnalités diverses) qui s'y réunit. Les salons littéraires des XVII e et XVIII e siècles. Les snobs « habitués à coter un salon d'après les gens que la maîtresse de maison exclut plutôt que d'après ceux qu'elle reçoit » (Proust). Habitué des salons. ⇒ salonnard. Une conversation de salon, mondaine. Tenir, faire salon. Par ext. Faire salon : être réunis dans un lieu, bien installés, et converser. — Loc. Le dernier salon où l'on cause, se dit par plaisanterie de toute réunion où les gens bavardent.
3 ♦ Salle (d'un établissement ouvert au public). Salon de coiffure : boutique de coiffeur. Salon de thé : pâtisserie ou local aménagés pour consommer sur place des gâteaux et des boissons généralement non alcoolisées. — Salons d'essayage, chez un couturier, un tailleur. — Salons de réception d'une maison de haute couture. — Salons particuliers (d'un grand restaurant). Les salons (d'un grand hôtel) :pièces qu'un client peut réserver pour une réception. — Voiture-salon, dans certains trains de luxe.
♢ Au Canada, Salon funéraire ou mortuaire.
4 ♦ (1750; du Salon carré du Louvre qui servit dès 1737 de salle d'exposition) Exposition périodique d'œuvres d'artistes vivants (peinture, sculpture, etc.). Le Salon des artistes indépendants. Salon d'automne. — Compte rendu de cette exposition. Les Salons de Diderot, de Baudelaire.
♢ Exposition annuelle où l'on présente des nouveautés. ⇒ 1. foire. Le Salon de l'Automobile (1898) , des Arts ménagers. Le Salon du Livre.
● salon nom masculin (italien salone, de sala, salle) Pièce d'un appartement, d'une maison, destinée à recevoir les visiteurs. Mobilier propre à cette pièce de réception : S'acheter un salon Louis XVI. Pièce commune confortablement meublée où l'on peut s'asseoir, lire, converser, dans un hôtel, sur un paquebot. Pièce qu'un client peut réserver pour un repas, une réception, une fête, etc. Réunion de personnalités des lettres, des arts et de la politique qui, en particulier aux XVIIe et XVIIIe s., se tenait chez une femme distinguée et où l'on discutait de littérature, de philosophie, de politique, etc. Littéraire. Société mondaine : Conversation de salon. Manifestation commerciale professionnelle permettant périodiquement aux entreprises de présenter leurs nouveautés (avec majuscule) : Le Salon de l'automobile. Exposition, le plus souvent annuelle, d'artistes vivants (souvent avec une majuscule) ; article de journal, de revue, consacré à la critique d'un Salon. Nom de certains magasins : Salon de coiffure. Salon de thé. ● salon (citations) nom masculin (italien salone, de sala, salle) Paul Morand Paris 1888-Paris 1976 Académie française, 1968 Les salons et les académies tuent plus de révolutionnaires que les prisons ou les canons. Le Lion écarlate Gallimard ● salon (expressions) nom masculin (italien salone, de sala, salle) Comédie de salon, petite pièce de théâtre facile, jouée par des amateurs. Danse de salon, danse récréative, exécutée presque toujours par couples, sur une musique spécifique (valse, tango, rumba, paso-doble, jerk, rock, etc.). Salon funéraire, au Canada, funérarium. Salon de treillage, sorte de tonnelle. Salon de verdure, espace ménagé au milieu des arbres d'un parc et garni de bancs. Tenir salon, réunir chez soi des personnes, en particulier du monde des arts et des lettres ; converser de manière assez mondaine. ● salon (homonymes) nom masculin (italien salone, de sala, salle) salons forme conjuguée du verbe saler
salon
n. m.
d1./d Pièce de réception d'un appartement, d'une maison privée.
d2./d Par ext. Maison où l'on reçoit régulièrement des gens en vue, des personnes de la société cultivée, des artistes, etc.; les gens qui s'y réunissent, la société mondaine. Les salons littéraires du XVIIe et du XVIIIe s.
d3./d Local où l'on reçoit la clientèle, dans certains commerces. Salon de coiffure.
|| (Québec) Salon de bronzage: établissement équipé de matériel à ultraviolets, permettant des séances de bronzage.
— Salon de billard, de quilles: salle de billard, de quilles.
— Salon funéraire, mortuaire: établissement spécialisé où les défunts sont embaumés et exposés avant les obsèques. Syn. foyer, funérarium.
d4./d (Avec une majuscule.) Exposition périodique d'oeuvres d'art et, par ext., de produits de l'industrie. Le Salon d'automne. Le Salon de l'automobile.
d5./d Au Maroc, ameublement traditionnel composé de banquettes, de matelas et de gros coussins.
⇒SALON, subst. masc.
I. — [Dans un lieu privé]
A. — 1. a) Pièce aménagée avec un soin particulier où l'on reçoit les visiteurs et où l'on se réunit en famille et entre amis. Crevel fut annoncé chez ses enfants, au moment où toute la famille était réunie au salon après le déjeuner (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 357). Durant l'hiver parisien, alors que les rues noires, humides et froides rendent plus agréables les salons chauds et clairs (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 501).
SYNT. Salon exigu, spacieux; salon circulaire, ovale, rectangulaire; salon confortable, coquet, douillet, intime; salon cossu, élégant, luxueux, modeste, raffiné; salon froid, pompeux, sinistre, solennel; salon illuminé; salon chichement éclairé; vastes salons; salons en enfilade; introduire qqn dans le salon; passer, recevoir au salon.
— Loc. adj. De salon. Approprié à l'aménagement d'un salon. Lampe, mobilier, table de salon. Elle lança un modèle de poupée de salon qui fut à la mode en 1922 (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 818).
— En partic. [Dans une demeure d'une certaine importance]
♦ [Suivi d'un compl. déterm. désignant une activité, un loisir] Salon où l'on s'adonne à une occupation particulière. Salon de billard. Une pièce (...) qui, dans l'ordonnance de l'appartement, formait un salon de jeu (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 4). Le salon de musique avec le grand piano de Herz (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p. 837).
♦ Grand salon. Salon d'apparat réservé aux réceptions. Petit salon. Salon réservé aux réunions plus intimes. On distingue alors [dans les habitations luxueuses] le grand et le petit salon (CHABAT t. 2 1876). Avant de franchir la porte du grand salon (...), il écouta s'il ne venait pas du petit salon contigu un bruit de voix (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 255).
b) P. méton.
— Mobilier de cette pièce. Salon moderne, rustique; salon de style; acheter un salon. Le salon du baron Bernstorff par N.Q. Foliot [ébéniste du XVIIIe s.] (L'Estampille, déc. 1987, p. 22).
♦ En partic. Ensemble composé d'un canapé et de fauteuils ou d'autres sièges assortis. Salon contemporain; salon en cuir. Ce salon haut dossier vous séduira par son confort pratique. (Canapé fixe ou convertible) (Le Nouvel Observateur, 4 oct. 1976, p. 21, col. 1).
— P. anal. Salon de jardin. Ensemble de meubles résistants, composé le plus souvent d'une table et de sièges assortis, destinés aux réunions de plein air. Salon de jardin en bois laqué; ranger, sortir le salon de jardin. Le salon de jardin, confortable et peu encombrant:1 table forme tonneau et 4 fauteuils empilables, entièrement démontables (Catal. La Redoute, printemps-été 1987, p. 1073, col. 4).
2. P. anal., vieilli. Salon (de verdure). Espace garni de bancs, aménagé au milieu des arbres d'un parc. Il y a dans les promenades aux environs du Mont Dore des endroits qu'on appelle des salons, ce sont des groupes d'arbres, des quinconces sous l'ombrage desquels les baigneurs vont passer quelques heures en plein air (MALOT, Sans fam., 1878, p. 176).
B. — P. ext.
1. a) Demeure privée où la maîtresse de maison reçoit à jour fixe; p. ext., le plus souvent au plur., lieu de réunions mondaines. Salon aristocratique, bourgeois; salon à la mode; salon fermé; salons mondains; salons parisiens, provinciaux; salons du faubourg Saint-Honoré; habitué des salons; courir, fréquenter les salons. Le château de la Seiglière était devenu le salon de la noblesse du pays (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p. 87). Au temps de ma petite enfance (...) dans un salon bien posé on n'eût pas pu recevoir un républicain (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 517). V. gueuser B ex. de Barbier, officieux I B 1 b ex. de Bernanos.
— Loc. verb. Faire salon, tenir salon
♦ Recevoir. Madame Mercadet: Il n'y a que madame Duval pour recevoir chez elle des gens sans position! (...) Mercadet: Elle fait salon, elle veut des danseurs à tout prix! (BALZAC, Faiseur, 1850, I, 10, p. 203). Celles [des Parisiennes] qui tenaient salon furent aussi connues que celles qui fréquentaient les restaurants, aussi courtisées (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 183).
♦ Se réunir pour converser; p. ext., bavarder. Après dîner nous avons fait salon un peu longtemps, grâce à sir Hamilton Seymour qui en avait sans doute fort long à dire à l'empereur (MÉRIMÉE, Lettres ctesse de Montijo, t. 2, 1854, p. 10). V. bêcher2 ex. 6. P. métaph. Trois minuscules animaux fétiches tiennent salon, nez à nez, sur ma table à écrire (COLETTE, Vagab., 1910, p. 79).
— P. anal., fam., avec une nuance iron. Le dernier salon où l'on cause. Lieu (généralement à la mode, parfois inattendu) où l'on se rencontre pour bavarder. Tous les sans-famille du quartier (...) se retrouvent là [dans la station de métro de Strasbourg-Saint-Denis], dans le dernier salon parisien où l'on cause (J. BIALOT, Le Manteau de saint Martin, 1985, p. 120 ds BERNET-RÉZEAU 1989).
— P. méton. Ensemble de personnes réunies, à un moment donné, dans une demeure privée; assistance d'un salon; p. ext., au plur., la société mondaine, les gens en vue. Snobisme des salons; être apprécié des salons. Le grand Tartarin s'approchant du piano d'un pas solennel (...), tout de suite le salon frémissait; on sentait qu'il allait se passer quelque chose de grand (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 10). V. appareil ex. 1, malveillant C ex. de Las Cases.
b) Loc. adj., souvent péj. De salon
— [En parlant d'une pers.] Qui fréquente le monde et aime les mondanités; p. ext., qu'on ne peut prendre au sérieux. Femme, homme de salon; officier, politicien de salon. Des républicains comme Mme de Staël et comme Benjamin Constant sont des républicains de salon, des raffinés (SAINTE-BEUVE, Chateaubr., t. 1, 1860, p. 78). V. cacatoès ex. de Mauriac.
♦ En partic. [En parlant d'un artiste, d'un écrivain, etc.] Dont les œuvres s'adressent à un public mondain; p. ext., dépourvu de talent, qui doit sa notoriété à ses relations mondaines. Écrivain, portraitiste de salon. Amaury est un poète de salon, un de ces exaltés (...) qui vont (...) raconter dans le monde leurs extases d'amour, leurs désespoirs (A. DAUDET, Femmes d'artistes, 1874, p. 48).
— [En parlant d'une chose]
♦ [En parlant du comportement soc.] Propre aux gens du monde, relatif aux réunions mondaines; p. ext., superficiel. Conversation, mœurs, vie de salon. Vous faites ricaner nerveusement, jolies méchancetés de salon (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 34).
Succès de salon. Succès mondain. Son Génie du christianisme eut un succès de salon d'abord. Ce ne fut qu'un peu plus tard qu'il pénétra dans toutes les classes de la société (DELÉCLUZE, Journal, 1827, p. 367).
♦ [En parlant d'une discipline artist., intellectuelle] Pratiqué dans les salons, apprécié d'un public mondain; p. ext., qui manque de sérieux. La science de salon est tout aussi peu la vraie science que la science des petits traités pour le peuple (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 413). V. déclamatoire ex. 1.
Comédie de salon. Comédie interprétée par des amateurs dans les réunions mondaines. J'avais dû une fois aller à une leçon de danse, et même tenir un petit rôle dans une comédie de salon (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 368).
Danse de salon. Danse de divertissement pratiquée dans les soirées mondaines. Cours de danses de salon. Les danses de salon connurent une grande vogue, surtout à partir du début du XVIIIe s., qui vit s'ouvrir le premier « bal de l'Opéra » (GDEL, s.v. danse).
Tennis de salon (vx). Ping-pong. Un jeu nouveau fait fureur, en ce moment, en Angleterre [.] c'est le ping-pong, qui n'est pas autre chose qu'un tennis de salon (L'Illustration, 25 mai 1901, p. 340 ds QUEM. DDL t. 33).
2. En partic. [Gén. suivi d'un adj. spécifiant la qualité des pers. qui fréquentent le salon ou la nature des sujets qui y sont débattus, des opinions qui y sont professées] Domicile d'une femme du monde cultivée ou d'un intellectuel où se rencontrent régulièrement des hommes de lettres, des personnalités des arts, des sciences, de la politique. Nous avons d'autres salons (...): des salons politiques (...) Puis les salons où l'on s'amuse (...) Mais le vrai salon littéraire (...) a bien définitivement disparu (A. DAUDET, Trente ans Paris, 1888, p. 87). Le salon de la marquise du Châtelet est resté célèbre pour les réunions de savants qui s'y tenaient (Encyclop. éduc., 1960, p. 242).
SYNT. Salon monarchique, républicain; salon scientifique; salons du XVIIIe s.; salon de Mme Scarron, de la marquise de Rambouillet; salon de Mme de Tencin, de Mme du Deffant; salon de Mme Récamier, de Mme de Staël; salon de Marie-Laure de Noailles; salon de Victor Hugo, de Charles Nodier, du baron Gérard.
— P. méton. Réunion d'hommes de lettres, de personnalités des arts, des sciences, de la politique dans une demeure particulière. Un salon pour moi, c'est un cercle présidé par une femme (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 1, 1861, p. 225). Toutes les factions de la politique littéraire avaient alors leurs quartiers généraux et leurs places d'armes. (...) les salons dissertaient, les cafés résonnaient (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 12).
II. — [Dans un lieu public ou un local professionnel]
A. — 1. Pièce d'un édifice public réservée aux réceptions. Les salons de la préfecture. Les élèves de l'école normale supérieure de l'Enseignement technique organisent (...), dans les salons de la mairie du 5e arrondissement, un bal (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 7, col. 2). Le petit salon de l'hôtel de ville [de Nancy], dit salon de l'Impératrice, retrouve ses lettres de noblesse (L'Est Républicain, 21 août 1986, p. 603, col.1).
2. a) Vieilli. Salon d'attente. Pièce d'un local professionnel (en particulier d'un cabinet de profession libérale) ou d'un établissement administratif où l'on introduit et où l'on fait patienter les clients ou les usagers. Synon. usuel salle d'attente. Salon d'attente d'un avocat, d'un dentiste. Me voilà dans le salon d'attente du ministère de l'Instruction Publique (GONCOURT, Journal, 1894, p. 598). M. de Coantré écrivit: « Le comte de Coantré, neveu du baron de Coëtquidan » sur un papier qu'il fit passer au médecin, et entra dans le salon d'attente (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 889).
b) En partic.
♦ Salon (d'attente, de réception). Dans une maison de tolérance, pièce où l'on introduit les clients pour leur présenter les pensionnaires. La pièce n'est qu'un prétexte pour mettre en scène, à chaque acte, un salon de bordel (GONCOURT, Journal, 1860, p. 864):
• 1. ... la tolérance de deuxième ordre est (...) agencée de façon à assurer une discrétion absolue. (...) le nouvel arrivant est conduit dans un petit salon d'attente où il opérera son choix (...). La maison de quartier évoque la pension bourgeoise; outre le salon commun de réception et les chambres, on y trouve une salle à manger pour les locataires...
A. CORBIN, Les Filles de noce, Paris, Flammarion, 1982 [1978], p. 91.
♦ Salon (de réception). Dans une maison de haute couture, pièce où l'on reçoit la clientèle pour lui présenter les modèles. La vente auprès de la clientèle particulière est dirigée par la directrice du salon, aidée de ses vendeuses (La Gde encyclop., Paris, Larousse, t. 28, 1974, p. 5756, col. 3).
3. [Gén. suivi d'un compl. ou plus rarement d'un adj. spécifiant la nature du service fourni]
a) Salle d'un établissement public ou local commercial généralement aménagé de façon confortable où les clients peuvent bénéficier de certains services. Salon de télévision d'un hôtel; salon de toilettage pour chiens. À Lisieux, l'Université populaire est fondée le 20 novembre 1900 (...). Elle possède un salon de lecture, un salon de correspondance, un salon de conversation (CACÉRÈS, Hist. éduc. pop., 1964, p. 58).
— En partic.
♦ Salon (funéraire, mortuaire). Établissement (très courant en Amérique du Nord) où le corps d'une personne décédée est transporté pour y être mis en bière et où la famille et les amis se réunissent avant les obsèques. La création (...) de salons (...) pour y recevoir les corps dans leur cercueil, à l'extérieur de sa maison ou de son appartement est devenue indispensable (L'Est Républicain, 18 déc. 1986, p. 260, col. 2).
♦ Salon (particulier, privé). Dans un restaurant ou un café, pièce à l'écart de la salle principale que les clients soucieux de tranquillité peuvent réserver pour un repas ou une réception; dans un hôtel, pièce que l'on peut louer pour des réunions, des séminaires, etc. Donner une conférence de presse dans le salon particulier d'un hôtel. Je l'avais aperçu deux ou trois fois dans les salons d'un restaurateur français, nommé Gérard, alors fort en vogue (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1822, p. 111). Édouard VII, qui l'attendait dans un salon privé du Café Anglais (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 181).
♦ Salon de coiffure. Local professionnel du coiffeur. Elle a un salon de coiffure à Suresnes (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 84).
♦ Salon de dégustation. Local où la clientèle d'un commerce de denrées alimentaires, d'un négociant en vins, etc. peut déguster les produits mis en vente. Un salon de dégustation de glaces (...) avec plus de quarante parfums à la carte, dont un délicieux sorbet au fromage blanc (L'Événement du jeudi, 25 juin-1er juill. 1987, p. 115, col. 4). Robert Linxe, dans sa nouvelle Maison du chocolat dotée d'un salon de dégustation, en sert 42 litres [de chocolat chaud] en un seul samedi (L'Express Style, 11 déc. 1987-14 janv. 1988, p. 45, col. 2).
♦ Salon d'essayage. Dans une maison de couture, chez un tailleur, local réservé aux essayages. M. Boutarel (...) à la recherche de sa femme (...) finit par retrouver cette dernière dans un salon d'essayage (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 780).
♦ Salon de pose. Dans un atelier de photographe, pièce aménagée pour la prise de vue des portraits. (Ds Lar. encyclop., GDEL, s.v. pose).
♦ Salon de thé. Établissement ou local aménagé dans un établissement commercial (pâtisserie, hôtel, grand magasin, etc.) où l'on consomme des boissons généralement non alcoolisées et des gâteaux et où l'on peut parfois bénéficier d'un service de restauration rapide. Salon de thé confortable, douillet, luxueux; salon de thé réputé; se donner rendez-vous dans un salon de thé. Jos-Mari alla chercher Kate au salon de thé de la confiserie Seiler (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 174).
En compos. [Le 1er élém. désigne l'établissement où est aménagé le salon de thé] Bar-salon de thé; pâtisserie-salon de thé. Jeanne Laffitte, marseillaise et gourmande, croque un sablé au chocolat dans sa librairie-salon de thé des « Arcenaulx » (Le Point, 18 avr. 1981, p. 106, col. 2).
♦ Salon des courses (vieilli). Établissement où les turfistes font leurs paris. Avouez donc! Vous avez eu besoin de quarante mille francs pour liquider une petite dette au Salon des courses (G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 57).
b) P. anal., TRANSP. [Parfois suivi d'un compl. désignant une activité, un loisir] Salle d'un paquebot aménagée pour le repos, la détente des passagers. Salon des premières. Au moment du thé, l'Étoile-des-Mers était animé. Des couples tournaient dans le salon de danse (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 161). Mon frère et ma sœur jouaient dans les salons du grand vapeur et (...) maman faisait chaise longue dans l'habitacle d'Agostini qui donnait sur la passerelle (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 26).
B. — 1. ARTS
a) Salon carré. Grande salle carrée du Louvre où s'est tenue sporadiquement, aux XVIIIe et XIXe s., l'exposition officielle des artistes membres de l'Académie ou agréés par elle; p. ext. (parfois avec une majuscule), absol., tout lieu où se tient cette exposition. Le milieu du salon carré était occupé par un gigantesque chameau, produit d'un artiste célèbre dans l'école coloriste (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 247).
b) P. méton.
) [Avec une majuscule] Salon (officiel). Exposition officielle des artistes vivants. Jury, prix du Salon; clôture, ouverture, vernissage du Salon; exposer une œuvre au Salon. On a remarqué cette année l'absence de M. Planet, dont la Sainte Thérèse avait au dernier Salon attiré les yeux des connaisseurs (BAUDEL., Salon, 1846, p. 131). La peinture ne l'intéresse pas (...). (S'il s'agissait de faire poser de beaux modèles nus, et d'avoir des médailles au Salon, à la rigueur...) (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 79).
— P. ext. [Gén. suivi d'un compl. indiquant la qualité des exposants, la nature des œuvres exposées ou la périodicité de l'exposition] Exposition périodique d'œuvres d'artistes vivants ne faisant pas partie de la sélection officielle; p. méton. (avec une minuscule), lieu de cette exposition. Salon de la jeune Peinture; Salon de Mai; Salon des refusés; parcourir un salon. Les collègues, comme les autres remarquent mon salon [l'exposition de 1855], on me parle des compliments qu'ils en entendent faire (DELACROIX, Journal, 1855, p. 329):
• 2. ... il existe aujourd'hui bien d'autres Salons. (...) le Salon d'Automne qui débuta au Petit-Palais en 1903 (...) le Salon des Tuileries, né en 1922 sur la terrasse des Tuileries...
Arts et litt., 1936, p. 76-1.
) P. méton. [Parfois avec une majuscule] Compte rendu critique du Salon officiel ou d'un Salon. Jean Adhémar collaborait d'ailleurs, depuis 1957, à une édition monumentale illustrée des salons de Diderot, due à Jean Seznec (Le Monde, 3 juill. 1987, p. 18, col. 2).
2. [P. anal. de II B 1 b supra; avec une majuscule; suivi d'un compl. ou d'un adj. désignant une branche de l'activité écon.] Grande exposition, généralement annuelle, où sont présentés les produits d'une branche particulière de l'industrie ou du commerce; p. méton. (avec une minuscule), lieu de cette exposition. Salon nautique; Salon de l'Automobile, de l'Aviation, de l'Enfance, des Antiquaires, des Arts ménagers, du Livre. En 1909, (...) le Grand Palais (...) abritait le Premier Salon International de la Locomotion Aérienne (Industr. aéron. fr., 1962, p. 4).
REM. 1. Salon-, -salon, élém. de compos. entrant dans la constr. de subst., l'autre élém. étant un subst. désignant une autre pièce d'habitation ou un local à usage particulier; les mots constr. désignent soit un salon ayant d'autres fonctions que celles qui lui sont habituellement attribuées (salon(-) + subst.), soit une pièce ou un local à usage particulier aménagé de façon suffisamment confortable pour pouvoir faire office de salon (subst. + (-)salon). Salon bibliothèque, salon-fumoir, salon-salle à manger, salon-studio, antichambre-salon. Gérard l'a bientôt introduit au milieu de l'atelier-salon (DELÉCLUZE, Journal, 1826, p. 339). En accord avec le salon-véranda, le bois au naturel, les beaux carrelages et toujours du blanc (Elle, 15 sept. 1980, p. 79). P. anal., transp. [L'autre élém. est un subst. désignant une (division de) voiture de chemin de fer] V. lit-salon, salon-lit (s.v. lit I A 2 d) et aussi: Voiture-salon, subst. fém.; wagon-salon, subst. masc. Voiture, wagon d'un train de luxe aménagé(e) pour servir de lieu de repos ou de détente aux voyageurs. Le wagon-salon de Napoléon III (Compagnie du Nord) servant à ses déplacements entre Paris et Compiègne (Flandres, Artois, Picardie, Paris, Michelin, 1985, p. 76). Une rame de voitures des années 30 qui vient d'être totalement rénovée: (...) deux voitures-salons aux parois lambrissées (Tertiel, févr. 1988, p. 97, col. 3). 2. Saloniser, verbe trans., hapax. Lancer quelqu'un dans les salons. À propos de l'article (...) auquel il voulait bien attribuer quelque part dans cette vulgarisation parisienne de son œuvre, il me disait en riant: « Vous m'avez salonisé » (SAINTE-BEUVE, Portr. contemp., t. 2, Paris, Didier, 1846, p. 68).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. salons (de saler). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1650 « pièce de réception dans une demeure privée » (R. FRÉART DE CHAMBRAY, trad. des Quattro libri dell'architettura de Palladio, B.N. Rés. V. 359, p. 102 et 129 d'apr. J.-L. DE BOISSIEU ds Fr. mod. t. 45, p. 47, note 20); 1652 sallon (A. LE PAUTRE, Dessins de plusieurs palais..., planches 9 et 19, ibid., p. 46); 1661 salon (Mlle DE SCUDÉRY, Clélie, p. 1103, ibid., p. 45); b) 1767 désigne le mobilier propre à cette pièce (Annonces, affiches et avis divers, 18 mai ds HAVARD); c) 1793 « lieu de réunion et de conversation » (STAËL, Lettres div., t. 2, déc., p. 517); 1850 faire salon (BALZAC, Faiseur, I, 10, p. 203); 2. [1737 date à laquelle commencèrent les expositions bisannuelles dans le Salon carré du Louvre, d'apr. BRUNOT t. 6, p. 768]; 1750 Salon « exposition annuelle d'artistes vivants » (GRIMM, Corresp., t. 1, p. 461, 24 août, ibid., p. 1365); 3. 1798 désigne les pièces où l'on reçoit les clients, dans certaines professions salon d'un traiteur (Ac.); 1822 Salon pour la coupe des cheveux (Lunes paris., n ° 3, 13 nov., p. 80 ds QUEM. DDL t. 21, s.v. coupe); 1847 désigne la salle d'attente d'un médecin (BALZAC, Cous. Pons, p. 163). Empr. à l'ital. salone, att. au sens 1 dep. 1550 (C. BARTOLI ds TOMM.-BELL.), dér., à l'aide du suff. augm. -one (-on1), de sala empr. au fr. salle. Fréq. abs. littér.:9 391. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 12 533, b) 18 798; XXe s.: a) 15 874, b) 9 623.
DÉR. 1. Salonner, verbe intrans. rare. Se réunir pour converser, faire salon; fréquenter les salons. Elle n'était pas sportive, ne conduisait pas elle-même (...) ne salonnait que dans la mesure indispensable (L. DAUDET, Rech. beau, 1932, p. 99). — [], (il) salonne [-]. — 1re attest. 1878 (FLAUB., Corresp., p. 75); de salon, dés. -er. 2. Salonnet, subst. masc., rare. Petit salon. a) [Corresp. à supra I A 1 a] Un salonnet (...): le petit salon des enfants qu'Hélène n'avait pas eus! Un minuscule endroit. On y voyait (...) des fauteuils Louis XV en miniature (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 241). b) [Corresp. à supra I B 1 a] Cent salonnets de jeunes ménages remplacent, depuis la guerre, les illustres salons littéraires (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 94). — []. — 1re attest. 1840 (E. DE GUÉRIN, Journal, p. 332); de salon, suff. -et.
BBG. — ARVEILLER (R.). R. Ling. rom. 1981, t. 45, p. 499. — BAR (F.). Sur le mot salon. Fr. mod. 1969, t. 37, pp. 1-6. — BOISSIEU (J.-L. de). Note sur le mot salon. Fr. mod. 1977, t. 45, pp. 43-47. — HOPE 1971, p. 302. — QUEM. DDL t. 2, 16 (s.v. salon d'essayage), 17 (s.v. salon-bar; salon-écrin), 18, 21.
salon [salɔ̃] n. m.
ÉTYM. 1664; ital. salone « grande salle », augmentatif de sala « salle ».
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1 (Dans une maison ou un appartement). Pièce de réception meublée et décorée avec un soin particulier. ⇒ Salle (→ Essuyer, cit. 7; feston, cit. 3; hôtel, cit. 12; luxe, cit. 5; 1. portière, cit. 3). || Grand salon (→ Composite, cit. 2). || Petit salon (→ 2. Baie, cit. 1). ⇒ Boudoir, fumoir. || Meuble (cit. 9 et 10), mobilier de salon (→ Placer, cit. 3). || Salon-bibliothèque; salon-salle à manger.
1 Étourdie du bruit de la route, Margot regardait les tapisseries, les lambris et les meubles dorés, mais surtout les belles glaces qui décoraient le salon.
A. de Musset, Nouvelles, « Margot », III.
♦ (Chez une personne qui, du fait de sa profession, reçoit des visiteurs, des clients). || L'infirmière le fit entrer dans le salon d'attente.
2 Elle prétendait que le client, le plaideur a besoin d'être impressionné, qu'il doit ressentir, en entrant dans le salon d'attente, l'émotion de la richesse.
Maupassant, Pierre et Jean, V.
♦ (1883). Par métonymie. Mobilier de salon. || Un salon Louis XVI.
2 (Attesté 1807, Mme de Staël). Lieu de réunion, dans une maison où l'on reçoit régulièrement; la société (mondains, artistes, personnalités diverses) qui s'y réunit (→ Exister, cit. 13). || Les salons aristocratiques et littéraires des XVIIe et XVIIIe siècles (→ Assortir, cit. 11; précieux, cit. 11); → aussi Bureau d'esprit (vx). || Les salons politiques au XIXe siècle, sous la Troisième République (→ Politique, cit. 7). || Salons nobles (cit. 26), les plus (cit. 91) fermés. || Succès de salon. || Des succès qui lui ouvraient (cit. 16) quelques salons. || Habitué des salons. ⇒ Salonnard. — Faire, tenir salon. — Par ext. ☑ Faire salon : se réunir; réunir des personnes pour converser.
3 Un salon de provinciaux enrichis et qui étalent du luxe est ma bête noire par exemple. Ensuite vient un salon de marquis et de grands cordons de la Légion d'honneur qui étalent de la morale. Un salon de huit ou dix personnes dont toutes les femmes ont eu des amants, où la conversation est gaie, anecdotique, et où l'on prend du punch léger à minuit et demi, est l'endroit du monde où je me trouve le mieux (…)
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 29.
4 Ce bohème, ce petit bourgeois qu'elle avait distingué, elle était obligée de lui adresser ses invitations (…) avec une insistance qui la dépréciait peu à peu aux yeux des snobs habitués à coter un salon d'après les gens que la maîtresse de maison exclut plutôt que d'après ceux qu'elle reçoit.
Proust, le Côté de Guermantes, Pl., t. II, p. 187.
♦ ☑ Loc. Le dernier salon où l'on cause, se dit, par plaisanterie, de toute réunion où les gens bavardent (notamment, au lieu de travailler).
3 (Dans un établissement ouvert au public ou commercial). Salle ou local (dans des expressions).
♦ Salon de dégustation, ouvert par certains grands négociants en vins.
♦ Salons particuliers (cit. 5), dans un grand restaurant. || Salons d'un hôtel (→ Labyrinthe, cit. 8). — Voiture-salon, dans certains trains de luxe. — Au Canada, Salon funéraire ou mortuaire, où sont exposés les morts, avant l'enterrement (s'emploie aussi pour traduire l'angl. funeral parlor, en parlant des États-Unis). — (1863). || Salons d'essayage, chez un couturier, un tailleur. || Salons de réception d'une maison de haute couture.
5 (…) une gravure tout au plus propre à orner le salon de coiffure d'un barbier de village.
Balzac, Dictionnaire des enseignes, in Œ. diverses, t. I, p. 189.
6 (…) un salon de thé classique (en Angleterre), lambrissé de chêne sombre, tenu par des demoiselles épineuses qui m'ont servi en guise de dîner des sardines sur des toasts et des tartelettes emplies de crème rosâtre.
Michel Butor, l'Emploi du temps, p. 33.
4 (1829). Par métonymie. || Les salons : la société mondaine. || Snobisme des salons (→ Exclusivisme, cit. 1). || La langue (cit. 44) des salons. || Poète des salons. — Au sing. || Une gloire de salon (→ Parler, cit. 45).
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II
1 (1737, date à laquelle ces expositions se tinrent dans la salle du Louvre dite salon carré). Exposition périodique d'œuvres d'artistes vivants (peinture, sculpture, etc.). || Le salon des Refusés (1863), devenu en 1884 le salon des Artistes indépendants. || Exposer au Salon (→ Cimaise, cit. 1; malaria, cit.). || Salon d'Automne (1903); → Reconnaître, cit. 7. || Salon des Tuileries (1922), des Surindépendants. — Par ext. Compte rendu de cette exposition. || Les Salons de Diderot, de Baudelaire. ⇒ Critique (d'art).
7 Si j'ai quelques notions suivies de la peinture et de la sculpture, c'est à vous, mon ami que je les dois; j'aurais suivi au Salon la foule des oisifs; j'aurais accordé comme eux un coup d'œil superficiel et distrait aux productions de vos artistes (…)
Diderot, Salons, Introduction, in Œ. esthétiques, p. 439.
8 (…) la critique des journaux, tantôt niaise, tantôt furieuse, jamais indépendante, a, par ses mensonges et ses camaraderies effrontées, dégoûté le bourgeois de ces utiles guide-ânes qu'on nomme comptes rendus de Salons.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, I, I.
2 Exposition, en général annuelle ou biennale, où sont présentés de nouveaux modèles. ⇒ Foire. || Salon de l'Automobile (1898), des Arts ménagers, de l'Enfance.
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DÉR. Salonnard, salonner, salonnier. — V. Saloon.
Encyclopédie Universelle. 2012.