convenable [ kɔ̃vnabl ] adj.
• v. 1150; de convenir
1 ♦ Littér. Qui convient, est approprié. ⇒ adéquat, ad hoc, conforme, congru, 1. expédient, idoine, pertinent, propre (cf. À propos) . Choisir le moment convenable. ⇒ favorable, opportun, propice. Convenable à (vx), pour. ⇒ adapté. « je ne suis pas dans les dispositions convenables pour recueillir mon passé dans le calme » (Chateaubriand).
2 ♦ Suffisant, acceptable. ⇒ passable, raisonnable. Le prix est convenable. Un salaire convenable, à peine convenable. ⇒ correct, décent, honnête.
3 ♦ Cour. Conforme aux règles, aux conventions de la bienséance. ⇒ correct, décent, digne, honnête, honorable. Des manières convenables. Une tenue, une mise convenable. Il n'est pas convenable que vous sortiez seule. Ce n'est pas convenable. — C'est une personne très convenable (cf. Très bien, comme il faut). « C'était une jeune fille excessivement convenable » (Chardonne).
⊗ CONTR. Déplacé, incongru, inconvenant, incorrect, inopportun, intempestif, malséant.
● convenable adjectif Qui convient à quelque chose, qui est approprié à son objet ; adéquat : Agir au moment convenable. Qui respecte les convenances ; correct, décent : Des jeunes très convenables. Se présenter dans une tenue convenable. Dont la qualité, la valeur est suffisante sans être remarquable : Un salaire à peine convenable. ● convenable (synonymes) adjectif Qui convient à quelque chose, qui est approprié à son objet ;...
Synonymes :
- adéquat
- approprié
- idoine
- opportun
- propice
Contraires :
- déraisonnable
- disconvenant
- inadéquat
- indu
Qui respecte les convenances ; correct, décent
Synonymes :
- bienséant
- correct
- décent
- digne
- honnête (familier)
- passable
- poli
- séant
Contraires :
- déplacé
- grossier
- impoli
- incongru
- indécent
- malhonnête
- malséant
Dont la qualité, la valeur est suffisante sans être remarquable
Contraires :
- mauvais
- misérable
- piètre
- ridicule
convenable
adj.
d1./d Qui convient, qui est à propos, adapté. La réponse convenable.
d2./d Conforme aux convenances. Une tenue convenable. C'est un jeune homme très convenable.
⇒CONVENABLE, adj.
I.— Qui convient, qui est bien adapté (à une norme ou à une fin explicite ou implicite).
A.— [Suivi d'un compl. prép. à]
1. [Le compl. désigne la destination] Les mesures convenables à un dessein. Synon. approprié. Les moyens convenables à la nature et à la destination de la science sociologique (COMTE, Philos. posit., t. 4, 1839-42, p. 327) :
• 1. Les moines ayant à remplacer par des édifices plus durables leurs oratoires établis provisoirement cherchèrent les dispositions les plus convenables au but qu'ils se proposaient.
A. LENOIR, Archit. monastique, t. 1, 1852, p. 104.
— [Avec la prép. pour] L'emplacement convenable pour l'ensemencement des radis.
2. [Le compl. désigne la convenance] Synon. adapté. Des actions (...) plus convenables à un soldat qu'à un archevêque (MONTHERLANT, Port-Royal, 1954, p. 979) :
• 2. Il fallut à Titien l'ombre de la mort prochaine pour lui inspirer la tristesse religieuse convenable à cette scène lugubre.
T. GAUTIER, Guide de l'amateur au Musée du Louvre, 1872, p. 49.
— [Avec un compl. prép. en] Les formules convenables en la circonstance (GIDE, Corresp. [avec Valéry], 1932, p. 514).
3. [Avec un compl. désignant un humain] Vieilli. De nature à être accepté sans difficulté. Présenter sous une forme convenable au consommateur. Quasi-synon. agréable. Nous serions bien heureux que les propositions vous fussent convenables (CHATEAUBR., Corresp., t. 1, 1789-1824, p. 240).
B.— [Sans compl.] Qui convient, en la circonstance. Trouver les moyens, les mesures convenables, une solution convenable; agir avec les ménagements convenables; donner une forme convenable au projet. Synon. requis, adéquat. Le lieu convenable et le moment favorable (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 123).
— [La norme implicite est d'ordre quantitatif] Mettre la quantité convenable, faire le dosage convenable; fixer à la hauteur convenable.
Rem. Cet emploi est fréq. dans le discours mathématique. Pour une valeur convenable de l'angle; avec un choix convenable de la constante; en faisant les substitutions convenables.
C.— [À la forme impers.] Synon. il convient de, il faut. Nous sommes en pays ennemi et il est convenable d'avoir les yeux ouverts (FEUILLET, Bellah, 1850, p. 36).
D.— En partic. Qui est conforme aux normes sociales, aux règles, aux mœurs acceptées dans un groupe social.
1. a) [Qualifie un n. de pers.] Dont la situation, l'apparence, le comportement est conforme aux normes sociales. Un jeune homme, un monsieur très convenable.
— [Du point de vue moral] Dont les manières ne sont pas choquantes (sur le plan de la décence). [Iorga] La légende veut que nos popes soient paillards et abrutis; je vous assure qu'ils sont convenables et d'esprit ouvert (MORAND, Bucarest, 1935, p. 276).
— P. méton. Un jeune homme à l'air convenable. Toutes les gamines arborent des figures convenables (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 158).
b) [Qualifie un subst. désignant le comportement, l'apparence, etc.] Le ton convenable et prudent d'un nouveau conformisme (GUÉHENNO, Jean-Jacques, t. 3, 1952, p. 167) :
• 3. En effet, l'endimanchement des uns réagit si bien sur les autres, que les gens les plus habitués à porter des habits convenables ont l'air d'appartenir à la catégorie de ceux pour qui la noce est une fête comptée dans leur vie.
BALZAC, La Cousine Bette, 1846, p. 134.
— [En emploi négatif] Pas convenable. Qui choque les habitudes, les usages sociaux. Une robe pas convenable; faire des choses pas convenables; parler en termes pas convenables. Quasi-synon. incorrect, impoli. Quels rires, quels éclats de voix, quels gestes, pas convenables! (LÉAUTAUD, Pt ami, 1903, p. 129).
2. [Impliquant la convenance à une situation partic.] Trouver une solution plus convenable que le divorce; donner à ses enfants une éducation convenable. Elle songea que cette lampe n'était pas convenable, il fallait un cierge (ZOLA, Nana, 1880, p. 1485) :
• 4. Il doit suffire de savoir lui présenter la chose, de trouver les mots convenables. Les trouvera-t-il, le moment venu?
BERNANOS, Monsieur Ouine, 1943, p. 1433.
— [Avec un compl. prép. pour] Ce n'est pas une heure convenable pour se présenter; préoccupé de la grandeur convenable pour des cartes de visite.
3. [Emploi impers.] Il serait peu convenable pour moi que je vous reçoive (de vous recevoir) en l'absence de mon mari.
Rem. Dans les emplois 2 et 3, on peut retrouver la valeur sém. de « adaptation à une circonstance » (cf. supra, B), mais un jugement de valeur normative s'y ajoute toujours.
4. Emploi subst. Ce qui est convenable (cf. supra D), socialement accepté. Le convenable est le grand malheur du dix-neuvième siècle (STENDHAL, Prom. ds Rome, t. 1, 1829, p. 96). Sachez attendre, les limites du convenable reculeront dans une confusion presque endormie (BUTOR, Pass. Milan, 1954, p. 214).
II.— Qui est d'une qualité, d'une valeur suffisante.
A.— [En parlant d'objets concr., de caractéristiques concr. ou abstr.] Acceptable. Ce ruban a un pouvoir adhésif convenable; un [champagne] veuve Cliquot fort convenable. Synon. correct, satisfaisant. J'ai eu beaucoup de peine à trouver une paire de chaussures convenables (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 221) :
• 5. Il y avait un bon tapis, les fauteuils étaient convenables, mais la pièce puait le tabac, le pétrole, le charbon, le vieux dossier.
DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, p. 87.
— [Avec un compl. prép. pour] Un stock de peaux de mouton, un peu mitées mais encore très convenables pour des soldats (ROMAINS, Hommes b. vol., Verdun, 1938, p. 172).
— [En parlant de données intellectuelles] Avoir des connaissances convenables en grec; des résultats convenables à un examen.
B.— [Dans le domaine moral] Estimable :
• 6. « C'est drôle, se dit-il. Dès qu'on fait un truc convenable, au lieu de vous conférer des droits, ça vous crée des devoirs. »
S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 142.
Rem. De nombreux ex. manifestent une ambiguïté entre les sens I et II : Il avait une situation convenable [= acceptable, mais aussi socialement non méprisée], mais c'était le fils d'un ouvrier (BUTOR, Pass. Milan, 1954, p. 50).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1160 « (d'une chose) qui convient » (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 4331); 1754 subst. « ce qui convient » (Encyclop.); b) ca 1170 « (d'une personne) adapté à sa mission, accompli » (B. DE SAINTE-MAURE, Chronique des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 5582); 2. a) 1611 « conforme à la bienséance, bienséant » (COTGR.); b) 1803 « (d'une personne) décent, qui a de bonnes manières » (CONSTANT, Journaux, p. 33). Dér. de convenir; suff. -able. Fréq- abs. littér. :1 961. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 473, b) 3 993; XXe s. : a) 2 169, b) 1 931. Bbg. MATORÉ (G.). Proust linguiste. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 1, p. 288.
convenable [kɔ̃vnabl] adj.
ÉTYM. V. 1150; de convenir.
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1 Vx. || Convenable à… : qui convient, s'adapte bien à. ⇒ Adapté. || Le temps est peu convenable à nos projets. || Dire une parole convenable à la situation. || Être reçu d'une manière convenable à son rang.
1 Cette solitude n'est-elle pas bien convenable à une personne (…) qui est ou veut être chrétienne ?
Mme de Sévigné, 1191, 29 juin 1689.
2 Cette bassesse m'a paru plus convenable à une nourrice.
Racine, Phèdre, Préface.
2.1 (…) il pouvait s'attendre à une récompense convenable à la libéralité du sultan, son seigneur et maître.
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. III, p. 361.
2 Littér. Qui convient, est approprié. ⇒ Adéquat, ad hoc, compatible, conforme, congru, convenant, expédient, idoine, pertinent, propre, propos (à propos), raisonnable, saison (de saison). || Solution convenable. || Présenter qqch. sous une forme convenable. || Choisir le moment convenable. ⇒ Favorable, opportun, propice. || Au moment convenable. || Faire un mariage convenable. ⇒ Assorti. || Un parti convenable. ⇒ Sortable.
♦ Qui est proportionné à son objet, à sa destination. ⇒ Adapté, conforme, proportionné. || Une récompense convenable. — Mesures convenables pour obtenir un résultat. — Il est, il n'est pas convenable de… (et infinitif).
3 (…) le moyen le plus convenable pour gouverner les enfants est de les mener par leur bouche.
Rousseau, Émile, II.
4 Il n'est pas toujours convenable de consulter uniquement le droit sans rien accorder aux circonstances.
5 (…) je ne suis pas dans les dispositions convenables pour recueillir mon passé dans le calme où il dort, tout agité qu'il fut quand il était à l'état de vie.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 1.
3 Suffisant, acceptable. ⇒ Décent, passable. || Un salaire convenable, à peine convenable. || Des vêtements encore convenables.
6 (…) il est de toutes les contrebandes, aussi bien de celles qui rapportent un salaire convenable que des autres où l'on risque la mort pour cent sous.
Loti, Ramuntcho, IX, p. 264.
♦ (Euphémisme). || Convenable, très convenable : bon, excellent. || Goûtez donc ce vin (ces cigares), il est (ils sont) très convenable(s).
4 (V. 1611). Conforme aux règles, aux conventions de la bienséance. ⇒ Bienséant, correct, décent, digne, honnête, honorable, séant. || Des manières convenables. || Une tenue, une mise convenable. — Impers. || Il n'est pas convenable que vous sortiez seule. ⇒ Beau (fam.). || Ce n'est pas convenable. || C'est une démarche peu convenable. || Juger convenable de faire, de dire telle chose. ⇒ Bon, juste. || Adopter une conduite peu convenable.
7 C'était en hiver, aux environs du carnaval, époque de l'année où il est séant et convenable chez nous de faire les noces.
G. Sand, la Mare au diable, Appendice, I, p. 143.
8 C'était un petit hôtel blanc, fort convenable d'aspect, et dont rien ne décelait la vie intérieure.
Pierre Louÿs, les Aventures du roi Pausole, VIII, p. 234.
9 Puisqu'on avertissait, puisqu'on prévenait tout le monde, et le grand public des journaux et des meetings (…) il était indispensable, il était convenable, il était juste, il était correct de nous prévenir aussi, de prévenir les dreyfusistes.
Ch. Péguy, la République…, p. 75.
♦ (1803; personnes). || C'est une personne très convenable, qui respecte les convenances, les conventions sociales du milieu bourgeois (cf. Très bien, comme il faut).
10 C'était une jeune fille excessivement convenable. C'est à peine si l'on voyait sa figure sous une voilette et une couche de poudre, quand elle allait à l'église accompagnée par une petite bonne.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 397.
♦ N. m. || « Le convenable est le grand malheur du dix-neuvième siècle » (Stendhal, Promenades dans Rome).
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CONTR. Déplacé, déraisonnable, disconvenant, disproportionné, impertinent, impropre, inadéquat, incompatible, incongru, inconvenant, incorrect, indécent, indigne, indu, inopportun, intempestif, malhonnête, malséant, malsonnant, messéant, saugrenu.
DÉR. Convenablement.
Encyclopédie Universelle. 2012.