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presser

presser [ prese ] v. <conjug. : 1>
• 1150 « tourmenter »; sens concret 1256; lat. pressare, de pressum, supin de premere
I V. tr. A(Concret)
1Serrer de manière à extraire un liquide. exprimer. Presser des raisins ( pressoir) . Presser un fruit ( presse-fruits) , un citron ( presse-citron) . P. p. adj. Citron pressé, orange pressée. Loc. fig. On presse l'orange et on jette l'écorce : on rejette (qqn) après s'en être servi au maximum (cf. Faire le coup du presse-citron). Presser qqn comme un citron, l'exploiter complètement. Se presser le citron : réfléchir intensément (cf. Se creuser la tête). — Presser une éponge. Presser les pis d'une vache.
2Serrer de manière à comprimer, à déformer, à marquer d'une empreinte. serrer, tasser. Presser dans un étau. Presser un disque : fabriquer une série de disques à partir d'une matrice. — Les bras qui la pressaient. embrasser, étreindre. « Il m'entraînait en me pressant le bras » (Duhamel). Presser (qqn) entre, dans ses bras. serrer.
3Appliquer avec force contre, sur qqch. appuyer. Presser un cachet, une marque sur de la cire. imprimer. Presser qqn sur son cœur. P. p. adj. Tous « pressés les uns contre les autres afin de se tenir chaud » (Balzac).
4Exercer une pression, une poussée sur. appuyer. Presser un bouton ( presse-bouton) .
B(Abstrait)
1(1150) Tourmenter, accabler. « La révolution est une forme de phénomène immanent qui nous presse de toutes parts » (Hugo). contraindre.
2Vx Attaquer avec vigueur. « Nous les pressons sur l'eau, nous les pressons sur terre » (P. Corneille).
Mod. assaillir, harceler, persécuter. Presser ses débiteurs. Presser qqn de questions.
3 ♦ PRESSER QQN DE (et l'inf.) :pousser vivement (qqn) à faire qqch. ⇒ engager, insister (auprès). Je savais que « Robert me presserait enfin d'exécuter mes projets » (F. Mauriac).
4(1552) Inciter, obliger (qqn) à se hâter. bousculer, brusquer . « Rien ne me pressait plus maintenant » (F. Mauriac).
Presser une affaire, les événements. accélérer, activer, hâter. « Presser la marche du temps » (Camus). Presser le pas : marcher plus vite. Presser l'allure, la cadence. Presser le mouvement.
II ♦ SE PRESSER v. pron. (réfl. ou récipr.).
1Se presser contre qqn, contre sa poitrine. se blottir. Fig. et vx « Vos larmes vont couler, et votre cœur se presse » (P. Corneille),est serré.
Être en foule compacte. s' entasser. Se presser à l'entrée d'un spectacle. Se presser autour : approcher en foule. Les fans se pressent autour de leur idole. Fig. Les mots, les paroles se pressent dans sa bouche.
2(1640) Se hâter. courir, se dépêcher (cf. Aller vite, presser le mouvement). « Ma femme, je te prie de te presser un peu » (Diderot). Pressez-vous. Sans se presser : en prenant son temps. — Se presser de faire qqch. « Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer » (Beaumarchais). Fam. (ellipse de se ) Allons, pressons !
III V. intr. Être urgent; ne laisser aucun délai. fam. urger. La chose presse beaucoup. « Le temps presse, le péril grandit » (France) . Rien ne presse. ⊗ CONTR. 1. Écarter; effleurer. Attendre; atermoyer. ⊗ HOM. Pressant :pressent (pressentir).

presser verbe transitif (latin pressare) Serrer quelque chose, le comprimer, en particulier pour en faire sortir un liquide : Presser une éponge. Presser une orange. Soumettre quelque chose à l'action d'une presse : Presser un disque. Appuyer quelque chose, quelqu'un fortement sur (contre) quelque chose, le serrer : La foule le pressait contre le mur. Attirer quelqu'un et le tenir étroitement serré contre soi. Littéraire. Serrer quelqu'un de près, l'attaquer vivement : L'ennemi pressait nos troupes. Inciter quelqu'un, le pousser instamment à faire quelque chose : On me presse de répondre. Obliger quelqu'un à se hâter, à aller plus vite : Presser les retardataires. Littéraire. Hâter une action, un événement, le faire survenir au plus tôt : Presser son départ.presser (expressions) verbe transitif (latin pressare) Presser le pas, le mouvement, l'allure, etc., aller plus vite, accélérer. Presser quelqu'un de questions, l'assaillir de nombreuses questions. ● presser (synonymes) verbe transitif (latin pressare) Serrer quelque chose, le comprimer, en particulier pour en faire sortir...
Synonymes :
Attirer quelqu'un et le tenir étroitement serré contre soi.
Synonymes :
- étreindre
Littéraire. Serrer quelqu'un de près, l'attaquer vivement
Synonymes :
- assiéger
Obliger quelqu'un à se hâter, à aller plus vite
Synonymes :
Littéraire. Hâter une action, un événement, le faire survenir au plus...
Synonymes :
- précipiter
Presser le pas, le mouvement, l'allure, etc.
Synonymes :
- hâter
Presser quelqu'un de questions
Synonymes :
presser verbe transitif indirect Appuyer fortement sur quelque chose : Presser sur un bouton.presser verbe intransitif Ne souffrir aucun délai, être urgent : Rien ne presse, prenez votre temps.presser (synonymes) verbe transitif indirect Appuyer fortement sur quelque chose
Synonymes :
- appuyer sur
presser (expressions) verbe intransitif Le temps presse, il faut faire vite. Pressons !, accélérez. ● presser (synonymes) verbe intransitif Ne souffrir aucun délai, être urgent
Synonymes :
- être urgent

presser
v.
rI./r v. tr.
d1./d Serrer avec plus ou moins de force, comprimer (qqch) pour en faire sortir du liquide. Presser une éponge, un citron.
d2./d Soumettre à l'action d'une presse, d'un pressoir, etc.; fabriquer au moyen d'une presse. Presser des raisins. Presser un disque.
d3./d Appuyer sur. Presser le bouton de la sonnette.
d4./d Hâter, précipiter. Presser son départ.
|| Faire se hâter (qqn). Qu'est-ce qui vous presse tant?
d5./d Tourmenter. La faim le presse.
d6./d Presser qqn de, l'engager vivement à. On me presse de conclure.
rII./r v. intr. être urgent. Dépêchez-vous, ça presse.
|| Le temps presse: il y a urgence.
rIII/r v. Pron.
d1./d Se serrer. La foule se presse devant la porte.
d2./d Se hâter.

⇒PRESSER, verbe trans.
A.Empl. trans.
1. [La pression qui s'exerce est une pression physique]
a) Serrer de manière à extraire un liquide, un suc. Synon. exprimer, pressurer. Presser une éponge, un fruit, une grappe, un tube. Ah! vivre ainsi les jours qui mènent au tombeau, Avoir le coeur gonflé comme le fruit qu'on presse Et qui laisse couler son arome et son eau; Loger l'espoir fécond et la claire allégresse! (NOAILLES, Coeur innombr., 1901, p.20). Édouard s'était levé, et, par grande crainte de paraître faire un cours, tout en parlant il versait le thé, puis allait et venait, puis pressait un citron dans sa tasse (GIDE, Faux-monn., 1925, p.1080):
1. Les variétés de fruits sont convenablement mélangées, puis soumises à un lavage suivi d'un broyage ou d'un râpage. La pulpe obtenue est abandonnée à elle-même pendant un temps variant de douze à vingt-quatre heures, au contact ou à l'abri de l'air (cuvage), après quoi elle est pressée avec des pressoirs discontinus ou continus (pressurage).
BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p.78.
P. métaph. Du Bousquier encore au lit, remâchait ses plans de fortune, car il ne pouvait être qu'ambitieux, comme tous les hommes qui ont trop pressé l'orange du plaisir (BALZAC, Vieille fille, 1836, p.281).
Au fig. Extraire, tirer tout ce que l'on peut de quelqu'un ou d'une situation. Il pressait son passé, exprimait un reste de suc sur son désert présent (COLETTE, Fin Chéri, 1926, p.183):
2. ... lorsque nous n'avons plus d'autres sujets, celui-là demeure, ce mot dont on peut toujours tirer quelques gouttes, si pressé qu'il ait été et ne resterait-il que le zeste? Ceux de cette espèce, vivraient-ils mille ans, comment se tairaient-ils? On dirait que leur épuisement même les inspire et que ce leur est un délice d'entasser des livres faits de si peu de matière, comme si, à leurs yeux, ce néant les sacrait grands classiques.
MAURIAC, Mém. intér., 1959, p.103.
Expr., fam. Presser qqn comme une orange, comme un citron. Exploiter quelqu'un au maximum sans exclure le rejet après l'utilisation. Vous le voyez, patron. Le sort est contre nous. Transportez votre résidence ailleurs. N'avez-vous pas pressé Camaalot comme une orange? (COCTEAU, Chev. Table Ronde, 1937, I, p.145). Il s'agit pour lui [l'inspecteur] d'employer, c'est-à-dire d'exploiter quiconque, de presser le citron (H. BAZIN, Mort pt cheval, 1949, p.120).
Loc. pop., fam. Si on leur pressait le nez, il en sortirait du lait. (Dict. XIXe et XXes.).
b) Serrer de manière à ne pas laisser échapper, à étreindre, à comprimer, déformer ou marquer d'une empreinte. Presser comme dans un étau.
[Le compl. désigne un objet] Synon. broyer, comprimer, écraser, tasser. Et il n'est pas rare de trouver au creux d'un de ces vieux saules le squelette d'un chouan, pressant encore son fusil et son chapelet entre ses doigts décharnés (A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p.325). Une machine à coudre, une grande table à presser —lisez «à repasser», servant de table à manger, —une cage où les oiseaux chantent à leurs heures, (...) ensorcellent mon insomnie (VERLAINE, OEuvres posth., t.3, L'Hôpital chez soi, 1896, p.158). Le pouce, le médius, l'annulaire et le petit doigt de sa main gauche pressent les cordes sur la touche (GRILLET, Ancêtres violon, t.1, 1901, p.192).
[Le compl. désigne une pers. ou une partie de cette pers.] Synon. étreindre, serrer. Presser le poignet. Aujourd'hui, m'a-t-on dit, tes compagnons de gloire Trop heureux! te pressaient entre leurs bras glissants (CHÉNIER, Bucoliques, 1794, p.155). Bonjour, père Porriquet, dit Raphaël à son professeur en pressant les doigts glacés du vieillard dans une main brûlante et moite. Comment vous portez-vous? (BALZAC, Peau chagr., 1831, p.205):
3. Il aurait fallu l'aimer: c'est toujours à ça qu'on en revient avec les femmes; il faudrait toutes les aimer d'un amour exclusif. —À ce soir, dit-elle. —Oui; j'irai t'attendre dans notre petit bar. Elle pressa doucement sa main et il sut qu'ils pensaient ensemble à cette nuit dans notre lit.
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.281.
♦[P. méton.] Les êtres, sans penser qu'un tel jour finira, S'élancent en pressant le bonheur dans leurs bras (NOAILLES, Éblouiss., 1907, p.391).
c) Appuyer plus ou moins fort sur ou contre quelqu'un ou quelque chose.
[Le compl. désigne une chose] Synon. appliquer. Presser un cachet, un tampon. Don Ruy Gomez presse le ressort, tout se referme, et le portrait revient à sa place (HUGO, Hernani, 1830, III, 6, p.76). C'est dangereux, car un de ces imbéciles pourrait presser la détente sans le faire exprès (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p.295):
4. Pour se servir du scarificateur, on pousse un ressort qui fait rentrer les lames, et les tient fixées sur un côté de la boîte; on applique la face sur laquelle sont pratiquées les fentes parallèles sur la peau, que l'on comprime modérément, puis, en pressant sur un bouton, on lâche le ressort...
NÉLATON, Pathol. chir., t.1, 1844, p.32.
[Le compl. désigne une pers. ou une perception] Il crie, il veut saisir, presser sur sa poitrine, Entre ses bras tendus, sa vision divine (LECONTE DE LISLE, Poèmes barb., 1878, p.143):
5. Ses bras restaient étroitement croisés sur sa poitrine. Tout vacillait et se confondait déjà dans un demi-rêve. Il lui sembla que ce qu'elle pressait contre son sein, dans la chaleur du lit, c'était aussi un petit enfant, à elle, à elle seule...
MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p.1324.
d) Rapprocher étroitement entre elles des personnes ou des choses ou différentes parties d'une chose. [Autour de l'arène règne une barrière] garnie d'un rebord en charpente (...) où les banderillos posent le pied pour sauter de l'autre côté lorsqu'ils sont trop vivement pressés par le taureau (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p.74). Il dit, et tout autour, muets, en rangs pressés, Les chefs et les soldats tiennent leurs yeux baissés (MORÉAS, Iphigénie à Aulis, 1903, p.268). Ces retraites lorraines [les villages], si bien enveloppées, pressées, protégées par leurs verdures reconnaissantes (BARRÈS, C. Baudoche, 1909, p.150).
VÉN. Son projet, longuement mûri, était d'attendre de pied ferme, puis de défoncer directement la racaille révolutionnaire (...). Cependant que ses lieutenants essaieraient d'envelopper, de presser et de lui rabattre le gibier de l'aile droite et du centre (L. DAUDET, Sylla, 1922, p.135).
Vx. Presser qqn. Serrer quelqu'un de près. Toute cette foule désordonnée courait au Volga (...) pour entrer dans les bateaux abandonnés par les cosaques (...). Les Moscovites pressaient ces masses éperdues, les mitraillaient et les poussaient dans le fleuve (MÉRIMÉE, Cosaques d'autrefois, 1865, p.356).
Au fig., vx. Presser (son style, sa pensée). Rendre (son style, sa pensée) aussi concis que possible, serrer au plus près la réalité. Lorsque Saint-Simon écrit des Notes et commentaires sur le journal de Dangeau, il écrit comme on fait pour des notes, à la volée, tassant et pressant les mots, voulant tout dire et dans le moindre espace (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t.15, 1856, p.458):
6. Ce jeune homme préhistorique [lui-même] faisait ce qu'il voulait, —j'entends: ce qu'il voulait d'imaginaire. Il n'écrivait jamais que pour aider, presser, définir sa pensée; et il avait, en somme, toute licence d'être ce qu'il était...
VALÉRY, Lettres à qq.-uns, 1945 [vers 1927], p.168.
2. [La pression exercée est une pression morale]
a) Exercer, (être ressenti comme) une forte contrainte. Synon. tourmenter, accabler. Le besoin, la fatalité le presse; les dettes pressent qqn. Cependant Dortous de Mairan force Malebranche à sortir de sa réserve. Il le presse par un argument irrésistible (Théol. cath. t.4, 1 1920, p.1251). C'était la première fois qu'ils se trouvaient seuls dans un lieu aussi découvert (...). Ce vaste espace baigné dans une belle lumière, l'impression de cette liberté nouvelle, donnaient de grands élans à la pensée de Sabine. Il lui semblait que, pressée par une foule de contraintes, elle n'avait jamais regardé le monde jusqu'à ce jour (LACRETELLE, Hts ponts, t.1, 1932, p.82):
7. Ce sont des savants, des amants, des vieillards, des désabusés et des prêtres; tous les absents possibles, et de tous les genres (...). L'un traîne sa maladie, l'autre est pressé par son angoisse; ce sont des ombres qui se fuient; mais il n'y a pas d'autre lieu [un antique jardin] pour y fuir les autres que celui-ci, où la même idée de la solitude attire invinciblement chacun de tous ces êtres absorbés.
VALÉRY, Soirée avec M. Teste, 1895, p.53.
Avoir le coeur pressé. Synon. serré. Un chant de clairons éclata soudain, musique invisible, partie, semblait-il, du flanc d'une colline pierreuse, et bientôt, sous le jaune soleil, apparut, aride et brûlée, la petite ville de Sedan. Antoine eut le coeur pressé (NOAILLES, Domination, 1905, p.60).
Harceler, pousser dans ses retranchements. Synon. accabler, assaillir, assiéger, persécuter. Il s'amusait à tourmenter la soeur Philomène sur la religion (...). Il pressait la soeur, il la harcelait en se jouant pour la faire parler et répondre (GONCOURT, Soeur Philom., 1861, p.179). La conversation s'engageait mal; on me pressait de questions sur Orsenna quittée la veille (GRACQ, Syrtes, 1951, p.23). Le péché ne peut être qu'avoué, quand l'homme y est poussé, pressé dans ses derniers retranchements (Philos., Relig., 1957, p.38-16).
Vieilli. Presser une femme. Courtiser une femme de manière pressante. (Dict. XIXe et XXes.).
b) Pousser avec insistance quelqu'un à faire quelque chose par la persuasion ou même par la violence ou la menace. Je suis allé la semaine dernière chez Gobseck pour l'instruire de l'amour qu'Ernest porte à mademoiselle Camille en le pressant d'accomplir son mandat, puisque le jeune comte arrive à sa majorité (BALZAC, Gobseck, 1830, p.436). Quand, en octobre, l'évêque de Pamiers, D'Agoult, déjà émigré, vint le presser d'agir, il n'eut pas de peine à le convaincre (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p.215):
8. Il se rappelait aussi avec quelle insistance Laure l'avait pressé d'aller à la cour; les bouderies de sa femme, qu'il avait à peine remarquées, lui revenaient en mémoire, et, rapprochées des entretiens de la Trélade, les éclairaient d'une lueur inattendue.
SANDEAU, Sacs, 1851, p.41.
3. Faire aller plus vite.
a) Aiguillonner, talonner quelqu'un. Synon. activer. Presser un indolent. Il faudra être si souvent à Paris pour voir les imprimeurs, parler aux libraires, presser les ouvriers, corriger les épreuves, etc. (HUGO, Lettres fiancée, 1822, p.177).
b) Accélérer le rythme. Synon. hâter. Presser l'allure (d'un cheval); presser une affaire. Je pressais sa marche devenue trop lente au gré de ma lassitude et de mon impatience (NODIER, Smarra, 1821, p.38). Antoine eut froid, leva son col et pressa le pas (MARTIN DU G., Thib., Consult., 1928, p.1120):
9. D'ailleurs, monsieur, dit le capitaliste sans s'émouvoir ni presser son débit et en versant du café dans sa jatte de lait, vous me permettrez de vous faire observer qu'il ne m'est pas prouvé que vous ayez le droit de venir me faire des remontrances chez moi...
BALZAC, Gobseck, 1830, p.416.
MUS. Augmenter la rapidité dans le mouvement d'une composition musicale. Anton. sans presser. Le Métronome repose sur un principe d'une application très facile: il prend la minute pour unité de tems pour point de comparaison entre toutes les divisions possibles, un contrepoids adapté au balancier permet de presser ou de ralentir le mouvement à volonté (KASTNER, Gramm. mus., t.1, 1837, p.94).
Au fig. Ainsi, la première chose que la poste apporta à nos concitoyens fut l'exil (...). Oui, c'était bien le sentiment de l'exil que ce creux que nous portions constamment en nous, cette émotion précise, le désir déraisonnable de revenir en arrière ou au contraire de presser la marche du temps, ces flèches brûlantes de la mémoire (CAMUS, Peste, 1947, p.1274).
c) Rendre prochain un événement prévu pour plus tard. Synon. accélérer, hâter. Il m'écrit de presser mon retour [le ministre], car il espère me faire obtenir, en qualité de veuve d'officier général, la pension que l'autre gouvernement m'avait toujours refusée (DUMAS père, Angèle, 1834, II, 6, p.147). Galathée: Vous devez avoir faim? nous allons presser le déjeuner. Dardenboeuf: Ne vous gênez pas pour moi (...) je resterai avec cet excellent M. Vancouver (LABICHE, Isménie, 1853, 5, p.285).
B.Empl. pronom. réfl. ou réciproque
1. Se serrer contre quelque chose ou contre quelqu'un. Se presser les uns contre les autres. On avait loti le clos. Il s'y pressait de petites maisons ouvrières qui me parurent innombrables (COCTEAU, Diff. d'être, 1947, p.11). Les gars se pressent contre la barrière et se taisent (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p.267):
10. L'abbé Fouillard habitait l'une d'elles [des petites maisons], au premier étage, assez haut cependant pour que l'on pût apercevoir, de son bureau, les toits de planches goudronnées qui se pressaient comme une couche de moisissure au delà du grand talus pelé.
LACRETELLE, Hts ponts, t.4, 1935, p.144.
P. méton. Former un groupe compact, venir en foule. Synon. s'entasser. On se presse à Ruy Blas en s'en moquant, en trouvant que c'est la farce la plus grosse (SAINTE-BEUVE, Corresp., t.2, 1838, p.485). Une foule bigarrée, où chaque pays du monde a ses représentants, se presse à toute heure au pied des colonnes (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p.346). Robert Greslou se tenait à droite sur le banc des prévenus, les bras croisés, livide, mais impassible, et du monde se pressait partout, derrière les magistrats, dans les tribunes (BOURGET, Disciple, 1889, p.236).
P. métaph. De cette ode [de Malherbe Sur la réduction de Marseille] Il faut admirer le mouvement, l'élan, l'allégresse: les syllabes se pressent, le vers se resserre, la strophe s'allonge et bondit (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t.11, 1868, p.375).
2. Se hâter, se précipiter, se dépêcher.
a) [Le suj. désigne une pers.] Il ne se presse pas d'en sortir. Il cherche sans doute quelque chose (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p.234). Je leur parlais, ils ne se pressaient pas de comprendre, ils écoutaient avec ce même air de calme réfléchi, en tatillonnant un peu; ce qu'ils avaient compris, ils ne l'oubliaient plus (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p.268).
[L'acte est involontaire] Son âme était vivement émue, sa respiration se pressait (STENDHAL, Nouv. inéd., 1842, p.149).
P. ell., fam. Pressez!... pressez vite!... Il la chahutait tant et plus! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.666). Allons allons Voyons pressons (PRÉVERT, Paroles, 1946, p.260).
b) [Le suj. désigne une chose] Pendant que j'écris ma brochure, son moment passe, les événements se pressent, les faits prévus deviennent imminents et vont être des faits accomplis (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p.6).
Prononc. et Orth.:[], [-], (il) presse []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1160 trans. «tourmenter, accabler» (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 2114: la morz la [Didon] presse et argüe); b) 1302 presser qqn de (Charte ds Journ. de la Soc. d'archéol. lorraine, t.30, p.106); c) 1306 «attaquer avec vigueur» (JOINVILLE, Vie de St Louis, éd. N. L. Corbett, p.138); d) ca 1350 intrans. (GILLES LE MUISIT, I, 375 ds T.-L.: car a ti dechevoir anemis tous temps priesse); e) 1538 pressant «urgent» (EST., s.v. urgeo); f) 1557 (O. DE MAGNY, Souspirs, éd. Courbet, p.42: le temps nous presse); g) 1557 part. passé adj. pressé «qui a hâte» (ID., ibid., p.47); h) 1563 (B. PALISSY, Recepte, p.41: ils ont d'autres affaires qui les pressent); 2. a) ca 1200 pronom. «arriver en foule» (Moralités sur Job, 348, 26 ds T.-L.); b) 1677 «se hâter» (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., éd. R. Duchêne, t.2, p.458); 3. a) ca 1200 «serrer, comprimer des fruits de manière à extraire le liquide qu'ils contiennent» (Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, 180, 3: li Lumbar pressoient olive el pressoir); b) 1540 «appuyer, appliquer avec force» (Amadis, éd. H. Vaganay, t.1, p.55); c) 1552 part. passé «comprimé» (RONSARD, Amours ds OEuvres, éd. P. Laumonier, t.4, p.62: air pressé). Du lat. pressare, intensif de premere (d'apr. le supin pressum) «presser, serrer de près, harceler» et «comprimer», «faire sortir, exprimer». Fréq. abs. littér.:4464. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 7425, b) 6517; XXes.: a) 6120, b) 5479.
DÉR. 1. Pressement, subst. masc. Action de presser. Croyez que je sympathise avec tout chagrin qui peut vous atteindre. Gardez, dans l'un et l'autre cas, de ce mot hâtif, mon silencieux pressement de mains (MALLARMÉ, Corresp., 1879, p.190). Au fig., vx. Impulsion qui pousse à faire quelque chose. Synon. pression. (Dict. XIXe et XXes.). []. 1re attest. 1538 «action de presser» (EST., s.v. premo), cf. FUR. 1690: ne se dit gueres qu'en Physique du pressement de l'air; de presser, suff. -ment1. 2. Presseur, -euse, adj. [En parlant d'un appareil ou d'une partie de celui-ci] Qui exerce une pression. Le rouleau presseur de l'ourdissoir moderne n'est pas moteur et sert uniquement à égaliser le rouleau et contrôler la commande de vitesse constante (THIÉBAUT, Fabric. tissus, 1961, p.44). Empl. subst. masc. Personne qui soumet un objet ou une matière à l'action d'une presse, d'un pressoir. Il fallait des «coupeurs» pour cueillir le raisin; des «fouleurs» pour l'écraser à la vigne même dans les «comportes», sortes de cuves cylindriques; des «presseurs» qui piétinaient au pressoir la grappe écrasée, et la pressaient enfin. Les femmes et les jeunes garçons fournissaient les coupeurs, les hommes les fouleurs et les presseurs (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p.87). On compte une quarantaine d'éditeurs non fabricants qui font presser leurs disques chez les cinq éditeurs susnommés ou chez des presseurs qui ne sont que des fabricants (Disque Fr., 1963, p.9). [], fém. [-ø:z]. 1res attest. a) 1384 subst. «ouvrier qui met des étoffes en presse» (Ordonnances des rois de France, t.5, p.101), attest. isolée, repris dans la lexicogr. dep. LITTRÉ, b) 1869 adj. «qui sert à exercer une pression» (LITTRÉ); de presser, suff. -eur2.
BBG. —GARY-PRIEUR (M.-N.). Contribution à l'ét. de qq. règles sém. Thèse, Paris, t.1, 1979, pp.347-348.

presser [pʀese] v.
ÉTYM. 1150, « tourmenter »; du lat. pop. pressare, de pressum, supin de premere.
———
I V. tr.
A (Concret).
1 (Fin XIIe). Serrer de manière à extraire un liquide. Épreindre (vx), exprimer. || Presser des raisins. Pressoir; pressurer. || Presser un fruit, un citron. Presse-citron (→ Jus, cit. 2). — ☑ Loc. fig. On presse l'orange et on jette l'écorce (cit. 5) : on rejette qqn après s'en être servi au maximum (→ Faire le coup du presse-citron). — ☑ Presser une éponge (au fig. Éponge). || Presser les pis d'une vache. — ☑ Loc. fam. Si on leur pressait le nez, il en sortirait du lait (cit. 10).
1 Ses doigts tout pleins de lait (…)
Pressaient les bouts du pis (…)
Molière, la Princesse d'Élide, Intermède, II, 1.
Par métaphore ou fig. Extraire (cit. 10), tirer tout ce que l'on peut de (qqch., et, par métaphore, qqn). || Presser un auteur (→ On, cit. 1).
2 Nous volons au passage un plaisir clandestin
Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.
Baudelaire, les Fleurs du mal, Au lecteur.
2 (1256). Serrer de manière à comprimer, à déformer, à marquer d'une empreinte. Comprimer, fouler, serrer, tasser; broyer, écraser, esquicher (régional). || Presser dans un étau. aussi Presse. || Presser une pile de papiers. Presse-papiers.Presser une étoffe. Catir.
Presser la main, le bras de qqn. Caresser, pétrir; masser (→ Garder, cit. 34; itinérant, cit. 2). || Les bras qui la pressaient. Embrasser, étreindre (→ Céder, cit. 12). || Presser le cou, la nuque de qqn. Étrangler; oppresser.
3 (…) elle avait un genou en terre, ma jambe était posée sur sa cuisse, que je pressais quelquefois un peu : j'avais une main sur son épaule (…)
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 733.
Presser qqn entre, dans… ses bras. Serrer.
4 De ses bras innocents je me sentis presser.
Racine, Athalie, I, 2.
5 La vierge d'Orient, une ombre dans les yeux,
Pressait entre ses bras son fils mystérieux (…)
Leconte de Lisle, Poèmes barbares, « Le Runoïa ».
3 Appliquer avec force contre, sur qqch. Appliquer, appuyer. || Presser un cachet, une marque sur de la cire. Empreinte; imprimer. || Presser un disque : fabriquer une série de disques.Presser des animaux, des prisonniers les uns contre les autres. Entasser, tasser.
Il lui presse la tête contre sa poitrine (→ Embrasser, cit. 3). || Presser son sein contre… (→ Palpiter, cit. 4). || Presser qqn sur son cœur (→ Garder, cit. 46). || Presser ses mains l'une contre l'autre (→ Piteusement, cit.).
4 (1538). Approcher, rapprocher de manière à gêner, à serrer.Vx. || Presser les rangs. Resserrer, serrer.Vx. || Presser qqn, le serrer de près. || « Ceux qui pressent et entourent le prince » (La Bruyère).
(1660). Fig., vx. Serrer, condenser. || Presser son style, ses idées : s'exprimer avec concision.
5 Exercer une pression, une poussée sur… Appuyer, peser. || Presser un bouton.
6 Et qu'on ne s'étonne pas de ce que le poids de l'eau ne comprime pas ce ballon visiblement, et que néanmoins on le comprime d'une façon fort considérable, en appuyant seulement le doigt dessus, quoiqu'on le presse alors avec moins de force que l'eau. La raison de cette différence est que, quand le ballon est dans l'eau, elle le presse de tous côtés, au lieu que quand on le presse avec le doigt, il n'est pressé qu'en une partie seulement (…)
Pascal, Traité de l'équilibre des liqueurs…, VI, XVII.
6 Repasser (un vêtement) à la vapeur, au pressing.
6.1 (…) pourquoi ne fait-il pas porter plus souvent ses costumes au teinturier pour les faire détacher, nettoyer, délustrer, presser, repasser ?
N. Sarraute, le Planétarium, p. 170.
B (Abstrait).
1 (1150). Tourmenter, être vivement et péniblement ressenti. Accabler, tourmenter. || Ardeur (→ Heureux, cit. 9), désirs (cit. 22) qui pressent qqn. Contraindre. || Une loi inexorable (cit. 11) nous presse. || La nécessité qui nous presse de toute part (→ Immanent, cit 2). || La politique… nous presse (→ Incolore, cit. 4). || La fatalité le presse (→ Encaisser, cit. 3).Les dettes le pressent (→ Épouvanter, cit. 6).
2 a (Fin XIIIe). Vx. Attaquer avec vigueur. || « Nous les pressons sur l'eau, nous les pressons sur terre » (Corneille, le Cid, IV, 3). b Poursuivre de manière à obtenir qqch. Assaillir, assiéger, courir (après), harceler, persécuter (→ Fuyard, cit. 3). || Presser ses débiteurs (→ Gras, cit. 33; et aussi insolvable, cit. 1).Presser qqn de questions. Interroger (→ Hésitation, cit. 11). || Si on l'eût beaucoup pressé… (→ Gallican, cit. 2).
Spécialt. Vieilli. || Presser une femme, la courtiser d'une façon pressante.
3 (Fin XIIIe). || Presser qqn de : pousser vivement (qqn) à faire qqch. (par la persuasion ou la violence). Aiguillonner, conseiller, engager, exciter (à), hâter, insister (auprès), pousser; instance, violence (faire). || Presser qqn de dire, de faire (→ Aimer, cit. 8, Montaigne; aujourd'hui, cit. 11; falloir, cit. 44; inexorablement, cit. 1).
7 Je savais que le soir même, ou le lendemain, Robert me presserait enfin d'exécuter mes projets.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, II, XV.
Vx. || Presser qqn de (qqch.).
8 Mais il me semble que je ne puis assez reculer ce choix dont on me presse (…)
Molière, les Amants magnifiques, III, 1.
4 (1552). Inciter ou obliger (qqn) à faire diligence, à se hâter. Bousculer, brusquer. || Il est paresseux, indolent, il faut le presser sans cesse.Presser un animal de l'aiguillon (cit. 1), un cheval de l'éperon, du talon. Talonner. || « Presse tes blancs moutons » (→ Pleuvoir, cit. 1).
9 Son usage était de le laisser aller à sa fantaisie; car il trouvait autant d'inconvénient à l'arrêter quand il galopait, qu'à le presser quand il marchait lentement.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 529.
10 Rien ne me pressait plus maintenant, je pouvais demeurer tranquille.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, II, XV.
Presser une affaire, les événements. Accélérer, activer, chauffer, dépêcher, hâter. || Presser son départ (Fénelon, Télémaque). — ☑ Presser le pas : marcher plus vite. aussi Courir, hâter (se), voler (fig.). → Affliger, cit. 7; faiblir, cit. 6; fuir, cit. 36. || Presser l'allure, la cadence (cit. 3). Forcer.
11 (…) le désir déraisonnable de revenir en arrière ou au contraire de presser la marche du temps (…)
Camus, La Peste, p. 85.
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II V. intr. (XVIIe). Être urgent; ne laisser aucun délai. || La chose presse beaucoup (→ Lieue, cit. 1). || Le temps presse. || Rien ne presse.
12 L'affaire presse, et le plus tôt que vous pourrez sortir d'ici sera le meilleur.
Molière, Dom Juan, II, 5.
13 Le temps presse, le péril grandit (…) Il faut agir.
France, M. Bergeret à Paris, XXV, Œ., t. XII, p. 523.
Impers. || Il presse (vieilli) : cela presse (cf. Corneille, Bossuet, in Littré).
tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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se presser v. pron. (réfléchi ou réciproque).
1 Se presser contre qqn, contre sa poitrine. Blottir (se). → Agripper, cit. 3. — Se presser les uns contre les autres (→ Brouhaha, cit. 3), dans les bras l'un de l'autre. Embrasser (s').
Fig., vx. || Le cœur se presse, est serré (de douleur…).
14 Vos larmes vont couler, et votre cœur se presse.
Corneille, Horace, II, 4.
Être en foule compacte. Entasser (s'), étouffer (s'). → Anarchie, cit. 6; bosquet, cit. 1. || Se presser pêle-mêle (→ 3. Gaillard, cit. Chateaubriand). || Se presser à l'entrée d'un spectacle. Assiéger. || Se presser autour : approcher en foule (→ Pontifier, cit. 2). || Des groupes se pressent (→ Flot, cit. 13). || La foule, la populace (cit. 4) se presse (→ Bourdonnement, cit. 5; bousculer, cit. 4). || Moutons (cit. 6) qui se pressent vers les parcs.
Par métaphore ou fig. || Les mots, les paroles (cit. 6) se pressent dans sa bouche, sur sa langue (→ Effervescence, cit. 5). || Ces manuscrits… se pressent en foule (cit. 24).
2 Plus cour. Se hâter. Courir, dépêcher (se); mouvement (hâter, presser le mouvement), vite (aller vite). → Appeler, cit. 1; 1. penser, cit. 51. ☑ Sans se presser : en prenant son temps, tranquillement (→ Garder, cit. 50; grimper, cit. 9; impression, cit. 36; marcher, cit. 6). || Sans trop se presser (→ Faufiler, cit. 6).Se presser de faire qqch. || « Je me presse de rire de tout… » (→ Obliger, cit. 14).(Avec ellipse du réfléchi). || « Ce qui m'a fait presser de… » (Mme de Sévigné).Fam. || Allons, les enfants, pressons !
15 Va, fais dire à Mathan qu'il vienne, qu'il se presse (…)
Racine, Athalie, II, 3.
16 Que diable, marche donc, mordieu ! marche donc (…) Ma femme, je te prie de te presser un peu et de ne le pas faire attendre (…)
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 587.
17 Les ouvrières ne se pressèrent pas, engourdies d'une torpeur de paresse, les bras abandonnés sur leurs jupes, tenant toujours d'une main leurs verres vides, où un peu de marc de café restait. Elles continuèrent de causer.
Zola, l'Assommoir, VI, t. I, p. 239.
18 (…) cette affectation d'indolence qui lui faisait dire : « Il ne faut jamais se presser; moi je ne me suis jamais pressé et je suis toujours arrivé ».
Louis Madelin, Talleyrand, V, XL.
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pressé, ée p. p. adj.
1 (XIVe). Qui a été pressé. || Citron pressé, orange pressée.Par ext. Jus de ces fruits (pour le distinguer des jus de fruits industriels). || Trayons à peine pressés (→ 1. Pis, cit. 2).Un tas de papier bien pressé. Comprimé, serré (→ Oreiller, cit. 4).Fromage à pâte pressée.
Techn. Obtenu par pressage, au moyen d'une presse.
18.1 Les objets « pressés » offrent souvent un aspect imitant l'effet de la taille, mais il n'est pas besoin d'un œil bien exercé pour saisir la différence : les facettes de l'objet pressé ne sont pas rigoureusement planes et les arêtes de séparation ne sont ni très droites, ni très vives.
F. Meyer et P. Grivet, le Verre, p. 77.
2 (1629). Vx ou littér. Rapproché (dans l'espace). || Pressés éperdument (cit. 2) l'un contre l'autre. || Cordon (cit. 8) d'alouettes pressées. || Cette population (cit. 8) de pierres (statues) est si nombreuse, si pressée… Compact.Fig. || Ruelle pressée entre des murs (→ Douloureux, cit. 13).
19 (…) tous (…) pressés les uns contre les autres afin de se tenir chaud (…)
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 397.
(1642). Par anal. || Coups pressés (→ Martèlement, cit. 1), très rapprochés. Redoublé.
Fig., vx. || Avoir le cœur pressé. Serré.
20 Peut-être (…) que mon cœur, qui est toujours pressé, se mettra un peu plus au large (…)
Mme de Sévigné, 341, 30 oct. 1673.
Vx. Dont le style est bref, concis.
21 Soyez vif et pressé dans vos narrations (…)
Boileau, l'Art poétique, III.
3 Vx. Tourmenté (par un besoin, etc.). || Pressé par la faim (→ Canin, cit. 2), pressé d'une détresse (cit. 1) incroyable.Pressé d'argent (cit. 31), du besoin d'argent.
22 Sa mère se trouvant de pauvreté pressée,
De la lui demander il me vint la pensée (…)
Molière, l'École des femmes, I, 1.
4 (1564). Qui a de la hâte.Pressé de… (et inf.). || Pressé d'en finir (→ Briser, cit. 6; marchandage, cit 2). || Il n'est pas pressé de vendre (→ Marché, cit. 1).Pressé d'arriver (→ Impatience, cit. 9). Hâtif.(Sans compl.). || Il est bien pressé (→ Hé, cit. 1). || Voyageur pressé (→ Malle, cit. 2). || Un air pressé (→ Important, cit. 16; mander, cit. 4; morgue, cit. 3).
23 (…) au bout de quelque temps, car les Espagnols ne sont jamais pressés, l'on vint nous ouvrir (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 119.
24 (…) nous sommes des gens pressés. Nous avons hâte de nous connaître et de nous juger.
Sartre, Situations II, p. 40.
5 (1606). Qui doit être fait sans délai. Urgent; pressant. || Besogne pressée (→ Parterre, cit. 2). || Une lettre pressée. || Il n'eut rien de plus pressé que de… (→ Infect, cit. 4).
25 Est-ce que c'était pressé d'annoncer au monde qu'il y avait un mort dans le logement ? Ça manquait de gaieté au milieu de la nuit (…)
Zola, l'Assommoir, IX, t. II, p. 80.
N. m.(1588). Aller, courir au plus pressé, à ce qui est le plus urgent, le plus important.
26 Il faut aviser au plus pressé (…)
Proust, la Fugitive, Pl., t. III, p. 421.
27 Les exceptions abondent et je les connais : mais, pour en rendre compte, il faudrait un gros livre : je suis allé au plus pressé.
Sartre, Situations II, p. 188.
CONTR. Dilater, écarter. — Effleurer. — Attendre. — Atermoyer, lambiner. — Clairsemé.
DÉR. Pressage, pressant, presse, presse- (et comp.), pressée, pressement, presseur.
COMP. V. à l'ordre alphab. les comp. à partir de presse-.
HOM. Pressée.

Encyclopédie Universelle. 2012.