appliquer [ aplike ] v. tr. <conjug. : 1>
• XIIIe; lat. applicare
I ♦ (Actif)
1 ♦ Mettre (une chose) sur (une autre) de manière à faire toucher, recouvrir, adhérer ou à laisser une empreinte. ⇒ mettre, 1. placer, poser. Appliquer une couche de peinture sur un mur, du vernis sur ses ongles. ⇒ étendre. Géom. Appliquer une figure sur une autre. ⇒ superposer. Appliquer une feuille d'acajou sur du bois blanc. ⇒ plaquer. — Appliquer son oreille sur une cloison. ⇒ coller. Par ext. Il lui appliqua un baiser sur la joue; une bonne gifle. ⇒fam. 2. flanquer.
2 ♦ Fig. Faire servir (pour telle ou telle chose). ⇒ employer, utiliser. Appliquer un traitement à une maladie. « les mathématiciens de Sicile appliquaient leurs découvertes aux machines » (Taine). Appliquer une somme à une dépense. ⇒ 2. affecter, consacrer, destiner, imputer.
♢ Rapporter (à un objet) ce qui était dit d'un autre. Appliquer un nom, un cas, un exemple à qqn. ⇒ attribuer, donner, rapporter. « Aristote appliquait cet apologue aux hommes » (La Fontaine).
♢ Littér. Appliquer son esprit à l'étude : s'appliquer. ⇒ concentrer, diriger (vers), occuper. Appliquer tous ses soins à faire qqch.
♢ Mettre en pratique. Appliquer une méthode, une recette. La peine sera appliquée sans délai. ⇒ exécuter. « Les lois sont bonnes ou mauvaises [...] par la façon dont on les applique » (France).
II ♦ S'APPLIQUER v. pron.
1 ♦ Se placer, être appliqué. Une lame qui s'applique exactement sur une autre. ⇒ s'adapter, recouvrir. « La pesante porte revint s'appliquer hermétiquement sur ses chambranles de pierre » (Hugo). Peinture qui s'applique au rouleau.
2 ♦ Fig. Être adapté, applicable à. ⇒ convenir, correspondre, se rapporter. Cette épigraphe s'applique bien au sujet de l'ouvrage. Cette remarque s'applique à tout le monde. ⇒ concerner, intéresser, 1. viser. La règle s'applique aux cas suivants.
3 ♦ (1403) Fig. Apporter une attention soutenue à qqch., prendre soin de faire qqch. vieilli, avec à (et nom, et inf.) S'appliquer avec ardeur, zèle, acharnement à une étude, un travail. ⇒ s'acharner, s'adonner, s'attacher, s'atteler, se consacrer, se donner, s'employer, se livrer, se vouer. S'appliquer à cultiver son esprit. S'appliquer à apprendre, comprendre qqch. ⇒ chercher, rechercher; s'efforcer; s'escrimer, s'évertuer, s'exercer; peiner. S'appliquer à contrarier qqn. Molière « s'est appliqué à peindre les défauts des hommes » (Faguet).
♢ Mod. Absolt Travailler avec zèle, application. Cet écolier s'applique.
⊗ CONTR. 1. Écarter, enlever, ôter, séparer. Distraire (se), dissiper (se).
● appliquer verbe transitif (latin applicare) Poser, mettre un objet, une matière sur quelque chose de façon qu'ils le recouvrent, y adhèrent, s'y impriment : Appliquer un calque sur un dessin. Peintre qui applique ses couleurs au couteau. Poser, placer quelque chose sur ou contre quelque chose : Appliquer l'échelle contre le mur. Utiliser un procédé dans une action ; le faire porter sur quelque chose ou quelqu'un : Appliquer la même règle à tout le monde. Mettre en œuvre, en pratique ce qui a été défini, prévu, décidé : Appliquer une consigne sans la discuter. Faire usage d'une faculté, d'une aptitude à quelque chose, à une activité déterminée : Appliquer son intelligence à résoudre une énigme. ● appliquer (expressions) verbe transitif (latin applicare) Appliquer une appellation, une remarque, etc., à quelqu'un, à quelque chose, en faire usage à son sujet, la lui rapporter. Appliquer un coup, un baiser, etc., à quelqu'un, le lui donner avec une certaine force. Appliquer une peine à quelqu'un, lui infliger la sanction prévue par la loi. ● appliquer (synonymes) verbe transitif (latin applicare) Poser, mettre un objet, une matière sur quelque chose de façon...
Synonymes :
- apposer
- étendre
- imprimer
- mettre
- passer
Contraires :
- écarter
- effacer
- enlever
- ôter
Poser, placer quelque chose sur ou contre quelque chose
Synonymes :
- appuyer
- placer
Mettre en œuvre, en pratique ce qui a été défini...
Synonymes :
- mettre à exécution
- réaliser
Faire usage d'une faculté, d'une aptitude à quelque chose, à une...
Synonymes :
- affecter
- employer
- utiliser
Appliquer un coup, un baiser, etc., à quelqu'un
Synonymes :
- assener
- ficher (populaire)
- flanquer (populaire)
appliquer
v.
rI./r v. tr.
d1./d Mettre une chose au contact d'une autre, de façon qu'elle la recouvre, y adhère ou y laisse son empreinte. Appliquer une compresse sur une plaie. Appliquer des couleurs sur une toile.
d2./d Fig. Faire servir une chose à tel usage. Appliquer son esprit à une chose, y apporter une extrême attention.
d3./d Réaliser, mettre en pratique. Appliquer une théorie, un conseil.
— DR Appliquer une loi, la faire exécuter.
rII./r v. Pron.
d1./d Se placer, se poser sur. Une crème qui s'applique sur le visage.
d2./d Fig. S'adapter (à), être applicable. La règle s'applique à tous.
d3./d Mettre tout son soin à faire qqch. Il écrit en s'appliquant.
rIII/r v. intr. (Maurice) (Anglicisme) Faire une application (sens 6) pour un acte de candidature.
⇒APPLIQUER, verbe
I.— [Appliquer est un verbe à double constr.]
A.— Poser, mettre, généralement en exerçant une pression.
1. Poser, mettre sur, contre une chose, en exerçant une pression de manière à laisser une empreinte; mettre en contact :
• 1. ... Je remarquai que le mur étoit rempli de crevasses : j'appliquai l'oreille contre ces ouvertures, et je n'entendis rien d'abord; ...
Mme DE GENLIS, Les Chevaliers du Cygne, t. 2, 1795, p. 151.
• 2. Puis, elle devint subitement sérieuse; il s'agissait de mettre le rouge. De nouveau, le visage près de la glace, elle trempait son doigt dans un pot, elle appliquait le rouge sous les yeux, l'étalait doucement, jusqu'à la tempe.
ZOLA, Nana, 1880, p. 1213.
Rem. L'obj. second. peut ne pas être exprimé : il applique successivement deux couches de peinture.
— Emploi pronom. (passif) :
• 3. Sur sa tête, une calotte en velours également noir laissait passer, de chaque côté de la figure, les longues mèches de ses cheveux blancs et s'appliquait sur le crâne de manière à rigidement encadrer le front.
BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, p. 28.
• 4. Chez Renault le cric s'applique à l'extérieur de la carrosserie sur le support du pare-chocs.
H. TINARD, L'Automobile, 1951, p. 334.
Rem. La constr. du type : elle s'applique une crème sur le visage au lieu de elle applique une crème sur son visage s'explique par anal. avec il se lave les mains au lieu de il lave ses mains.
2. Mettre, donner à quelqu'un, avec en général une idée de force. Appliquer une fessée à un enfant; appliquer un baiser sur la joue de qqn :
• 5. L'homme à la chemise verte empoigna Céline aux deux bras, et lui appliqua sur le cou un baiser. Elle se débattit.
P. ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, p. 140.
— MÉD. Appliquer les fers, des ventouses, un cataplasme :
• 6. L'accouchement avait été difficile. À neuf heures du soir il avait fallu demander la sage-femme de Préveranges. À minuit, on avait attelé de nouveau pour aller chercher le médecin de Vierzon. Il avait dû appliquer les fers. La petite fille avait la tête blessée...
ALAIN-FOURNIER, Le Grand Meaulnes, 1913, p. 315.
♦ Appliquer les menottes :
• 7. ... — Comme le prisonnier a fait acte de violence dans l'intérieur de la citadelle, lui dit-il, en vertu de l'article 157 du règlement, n'y aurait-il pas lieu de lui appliquer les menottes pour trois jours?
STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 251.
— Donner, attribuer, sans idée de force :
• 8. ... et les noms d'Hérode et de Néron du siècle, que bien des gens lui appliquaient tout bas, furent prononcés, impunément cette fois, par les agents de trahison.
THIERRY, Récits des temps mérovingiens, 1840, p. 236.
B.— Utiliser quelque chose en vue d'obtenir un résultat déterminé.
1. Affecter, réserver une somme à tel ou tel usage :
• 9. Et les peuples, devenus riches, appliquèrent le superflu de leurs moyens à des travaux d'utilité commune et publique; et ce fut là, dans chaque état, l'époque de ces ouvrages dont la magnificence étonne l'esprit; ...
VOLNEY, Les Ruines, 1791, p. 59.
• 10. D'ailleurs, ma transaction consiste à faire appliquer mes 2 000 fr. déjà pris à la correction des 20 livraisons environ que j'ai faites et à ce que la société ne puisse rien répéter sur moi à cet égard, et que mon action devienne libre; ...
BALZAC, Correspondance, 1835, p. 55.
— Vx. [Le compl. second n'est pas exprimé] :
• 11. Par une porte entr'ouverte, le bureau de la liquidation lui apparut endormi, avec ses sept employés lisant leur journal, n'ayant plus à appliquer que de rares affaires, depuis que la Bourse chômait.
ZOLA, L'Argent, 1891, p. 382.
2. Utiliser des principes, des règles abstraites dans un cas particulier, pour régler un problème concret. Faire passer du domaine de la théorie à celui de la pratique :
• 12. En supposant même que ces observations puissent être négligées dans la recherche des vérités spéculatives, doivent-elles l'être, lorsqu'il s'agit d'appliquer ces vérités à la pratique, et de déduire de la science l'art qui en doit être le résultat utile?
CONDORCET, Esquisse d'un tableau hist. des progrès de l'esprit hum., 1794, p. 12.
• 13. Il s'agit donc d'appliquer une méthode d'analyse à l'exploration progressive de la synthèse psychologique, et non pas de réduire cette synthèse à la juxtaposition des produits de l'analyse.
E. MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 24.
• 14. Il m'est clairement apparu alors que, si je m'obstinais à appliquer la forme de Jean Barois aux nombreux volumes prévus pour les Thibault, je me jetais à l'aveuglette dans une déraisonnable aventure, qui risquait de lasser le lecteur, et que je n'étais pas assuré de mener à bien.
R. MARTIN DU GARD, Souvenirs autobiographiques et littéraires, 1955, p. LXII.
— Vx. [Avec un subst. concr.] :
• 15. ... ce sont les besoins de la cuisine qui nous ont appris à appliquer le feu, et c'est par le feu que l'homme a dompté la nature.
BRILLAT-SAVARIN, Physiol. du goût, 1825, p. 256.
— S'appliquer à. Convenir à, être applicable à :
• 16. Les lois de la mécanique, de la physique et de la chimie s'appliquent complètement à l'univers matériel.
A. CARREL, L'Homme, cet inconnu, 1935, p. 126.
3. DR. Mettre en pratique les dispositions d'une loi, d'un règlement dans tel cas particulier :
• 17. Quand on songe au droit pénal tel qu'il fonctionne dans nos sociétés actuelles, on se représente un code où des peines très définies sont attachées à des crimes également définis. Le juge dispose bien d'une certaine latitude pour appliquer à chaque cas particulier ces dispositions générales; mais, dans ses lignes essentielles, la peine est prédéterminée pour chaque catégorie d'actes défectueux.
É. DURKHEIM, De la Division du travail social, 1893, p. 62.
— [Le compl. second n'est pas exprimé] Mettre à exécution. Appliquer les ordres.
— S'appliquer :
• 18. Les quatre articles précédens ne s'appliquent point aux donations dont il est mention aux chapitres VIII et IX du présent titre.
Code civil, 1804, p. 171.
4. Appliquer (son intelligence, son esprit, sa pensée, son attention, etc.) à qqc., à faire qqc. Diriger vers, concentrer sur :
• 19. Alors que les hommes purent couler des jours dans de longs loisirs, et dans la communication de leurs pensées, ils portèrent sur la terre, sur les cieux, et sur leur propre existence des regards de curiosité et de réflexion; ils remarquèrent le cours des saisons, l'action des élémens, les propriétés des fruits et des plantes, et ils appliquèrent leur esprit à multiplier leurs jouissances.
VOLNEY, Les Ruines, 1791, p. 45.
• 20. ... Joanny devait appliquer à cette tentative de séduction toute sa patience méthodique, tout son entêtement studieux de bon élève.
V. LARBAUD, Fermina Marquez, 1911, p. 69.
— Vieilli. Appliquer qqn à qqc. ,,Occuper fortement qqn à...`` (LITTRÉ) :
• 21. La « tension de communion », dont nous avons observé la merveilleuse efficacité pour appliquer l'homme à son devoir humain, et lui faire extraire la vie jusque des puissances les plus chargées de mort, a pour ultime effet de précipiter le chrétien dans l'amour des âmes.
P. TEILHARD DE CHARDIN, Le Milieu divin, 1955, p. 183.
II.— S'appliquer à. Consacrer une attention soutenue à faire quelque chose :
• 22. À votre place je tâcherais de m'étourdir sur ma situation, par la dissipation; je ferais de fréquens voyages, je m'appliquerais avec plus d'ardeur au dessin, je ne lirais aucun roman, aucune pièce de théâtre, et je ferais mes efforts pour être toujours en compagnie.
SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré, 1797, p. 1671.
• 23. Sans doute l'impatience, la démangeaison d'être ailleurs, de faire autre chose, n'est pas une excellente condition pour travailler. On est dans l'humeur d'un écolier qui attend la cloche. Il semble que l'esprit ne puisse pas vraiment s'appliquer à sa besogne; il est seulement posé dessus, comme une mouche sur une feuille de papier.
ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, p. 82.
— En emploi abs. :
• 24. Il s'appliquait pourtant, prenant soin des contours, faisant les ombres avec l'estompe, les clairs avec de la mie de pain, ainsi qu'on le lui avait enseigné.
Ch.-F. RAMUZ, Aimé Pache, peintre vaudois, 1911, p. 34.
• 25. — Travaille, a-t-il dit, fais des petites choses, en attendant, au jour le jour. Applique-toi bien. Rappelle-toi l'écolier penché sur sa page d'écriture, et qui tire la langue. Voilà comment le bon Dieu souhaite nous voir, lorsqu'il nous abandonne à nos propres forces.
BERNANOS, Journal d'un Curé de campagne, 1936, p. 1191.
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[aplike], j'applique []. Enq. :/aplik/. (il) applique. 2. Forme graph. — Var. apliquer ds FÉR. Crit. t. 1 1787.
ÉTYMOL. ET HIST.
A.— 1. 1280 trans. « faire servir, employer qqc. à un usage déterminé » (Clef d'amour, Appendice, 62, éd. Doutrepont d'apr. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 2, p. 256 : Or donc applique ton engin); XIIIe s. apliquier « utiliser pour » (Gouvernement des rois, éd. S. P. Molenaer, 40, 28 ds T.-L. : apliquier les bones loys et les bones costumes as boenes euvres); XIIIe s. « imputer un fait à qqn » (G. DE NANGIS, Vie de S. Louis ds GDF. Compl.); 1311 aplikier « attribuer une somme d'argent » (Cart. de Ponthieu, ibid.); 1652 p. ext. (Vaugelas ds RICH. 1680 : Apliquer un criminel à la question); av. 1662 « attribuer, rapporter qqc. à qqn » (Pascal, ibid. : Il se moquoit du Pére & lui apliquoit ces paroles); av. 1669 appliquer son esprit à qqc. (La Chambre, ibid.); av. 1704 théol. « faire bénéficier qqc. de qqc. » (Bossuet ds Trév.); 2. 1314 « apposer qqc. sur ou contre qqc. » (H. DE MONDEVILLE, Chirurgie, B.N. 2030, f° 70b ds GDF. Compl. : Enplastre appliqué chaut).
B.— XIIIe s. pronom. « s'adapter à » (Trad. Ovide, Remèdes d'Amour, éd. Koerting, 351 ds T.-L. : Se ta nature s'i applicque Tu ne puez meilleur oevre faire); XIIIe s. s'appliquer pour « apporter une attention soutenue à » (Sept Sages Rome, 37, G. Paris d'apr. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 2, p. 256); 1330-32 s'appliquer à « id. » (G. DE DIGULLEVILLE, Pélerinage vie hum., éd. Stürzinger, 12955 ds T.-L.); av. 1622 « travailler avec zèle à » (MOLIÈRE, Les femmes savantes, acte 3, scène 4, éd. du Seuil, p. 615 : A vous remettre bien je me veux appliquer [Philaminte s'adressant à Henriette et Trissotin]); 1690 employé absol. (FUR. : ... Et on dit absolument d'un homme, qu'il s'applique, pour dire qu'il travaille, qu'il s'attache fortement à sa profession, ou à quelque ouvrage); 1690 « prendre pour soi » (FUR. : ... Un homme chiche ne s'applique jamais ce qu'on dit en general contre les avares).
Empr. au lat. applicare attesté dep. Ennius au sens de « incliner, prendre une direction » (ENNIUS, Trag., 77 ds TLL s.v., 296, 5); au sens de « mettre, assujettir qqc. à qqc. [fig.] » (PLAUTE, Trin., 271, ibid., 289, 64); d'où pronom. « travailler avec zèle à qqc. » (CICÉRON, De orat., 2, 55, ibid., 298, 50); au sens de « attribuer, rapporter qqc. à qqc. » (QUINTILIEN, Instit., 7, 3, 19, ibid., 299, 24); au sens propre « mettre qqc. sur qqc. » (PLINE, Nat., 11, 217, ibid., 296, 47).
STAT. — Fréq. abs. littér. : Appliquer. 4 016. Appliquant. 350. Fréq. rel. littér. : Appliquer. XIXe s. : a) 5 222, b) 4 834; XXe s. : a) 5 484, b) 6 734. Appliquant. XIXe s. : a) 423, b) 539; XXe s. : a) 537, b) 514.
BBG. — FROMH.-KING. 1968. — JAL 1848. — JOSSIER 1881. — PIERREH. Suppl. 1926.
appliquer [aplike] v. tr.
ÉTYM. 1280, au sens 2.; au sens 1., en méd., 1314; du lat. applicare.
❖
1 Appliquer sur : mettre (une chose) sur (une autre) de manière à faire toucher, recouvrir, adhérer ou à laisser une empreinte. ⇒ Placer, poser. || Appliquer un cataplasme sur la poitrine de qqn, des ventouses sur son dos. || Appliquer des couleurs, des dessins sur une toile. ⇒ Imprimer. || Appliquer un sceau, un cachet sur la cire, une marque sur une marchandise. ⇒ Apposer. || Appliquer une couche de peinture sur un mur, du vernis sur un panneau, sur ses ongles. ⇒ Étendre. || Appliquer des ornements de dentelle sur un fond de tulle. || Appliquer une feuille d'acajou sur du bois blanc, une feuille d'or sur du cuivre… ⇒ Plaquer. || Appliquer ses cheveux sur les tempes. ⇒ Aplatir, coller. || Appliquer son oreille sur une cloison. ⇒ Coller. || Appliquer sa bouche sur une main. ⇒ Baiser. || Appliquez votre main là-dessus. — Faux pron. || S'appliquer qqch. sur le corps (→ ci-dessous S'appliquer, 4.).
1 D'un loup écorché vif appliquez-vous la peau
Toute chaude et toute fumante (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 3.
2 Nous n'appliquerons point sur tes membres profanes
Nos sacrés ongles (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 14.
3 Sur cet œil malade, mon père appliqua pendant plusieurs jours des compresses à l'eau d'iris.
G. Duhamel, Inventaire de l'abîme, IV.
♦ Géom. || Appliquer une figure sur une autre. ⇒ Application.
♦ Appliquer contre… ⇒ Poser. || Appliquer une échelle contre un mur. — Appliquer sur… || Appliquer un baiser sur la joue de qqn (→ Coller, planter un baiser). — Appliquer sa main sur la figure de qqn. ⇒ Ficher, flanquer, foutre (fam.).
4 (…) je te jure que je t'appliquerai sur la joue le plus grand soufflet qui se soit jamais donné.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 2.
♦ Appliquer… à… : mettre contre, de manière à porter un coup, à frapper. || Appliquer l'éperon à son cheval. ⇒ Appuyer (l'éperon). || Appliquer un coup de poing, une gifle à qqn. ⇒ Administrer, asséner, coller, délivrer (vx), donner, mettre, plaquer, porter.
♦ Vx. || Appliquer une peine, une torture, la question à qqn.
2 a Appliquer à… : faire servir, employer, utiliser (pour un usage, dans un cas). ⇒ Employer, utiliser (faire usage). || Appliquer une chose à un certain usage, un remède à un mal, un traitement à une maladie. || Appliquer convenablement les moyens au but. ⇒ Adapter. || Appliquer une méthode, un procédé, une recette, une règle, un principe à une situation. ⇒ Mettre (en pratique, en application). || Appliquer une science à une autre : transporter les principes ou les procédés d'une science à une autre. || Appliquer l'algèbre à la géométrie. — (Sans compl. en à). || Appliquer le même procédé dans plusieurs cas. — (Sans compl. second). → cit. 5, 6 et 8.
5 Landry n'en avait pas d'autre (don) que celui d'être soigneux et entendu à appliquer les recettes de son enseignement.
G. Sand, la Petite Fadette, XXVI.
6 (…) magnifique axiome qu'il avait pris à Sheridan, mais qu'il appliquait de manière à se faire absoudre de l'avoir pris.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le dessous de cartes… »
7 Platon, voyant que les mathématiciens de Sicile appliquaient leurs découvertes aux machines, leur reprocha de dégrader la science (…)
Taine, Philosophie de l'Art, t. II, IV, I, 2.
8 Il ne faut pas dire que les « Oraisons funèbres » sont l'ouvrage le mieux écrit de Bossuet; on peut dire qu'elles sont l'ouvrage où Bossuet a appliqué le plus curieusement et avec le plus de complaisance les ressources infinies de son art d'écrivain et de peintre.
Émile Faguet, XVIIe s., Études littéraires, p. 430.
9 Il (Proust) appliqua aux sentiments la minutie dont Ruskin lui avait donné le modèle.
A. Maurois, Études littéraires, t. I, Marcel Proust, p. 106.
♦ Spécialt. || Appliquer une somme à telle dépense. ⇒ Affecter, consacrer, destiner. || Appliquer une somme à son profit. ⇒ Imputer.
b (1280). Mettre en application (2., b.). || Appliquer la loi, le règlement à une personne, un cas. ⇒ Mettre (à exécution). || Appliquer une peine. || Quelle peine va-t-on lui appliquer ? ⇒ Infliger.
10 Les lois sont bonnes ou mauvaises moins par elles-mêmes que par la façon dont on les applique.
France, les Opinions de J. Coignard, Œ., t. VIII, p. 510.
c Rapporter (ce qui était dit d'un objet) à (un autre). || Appliquer un nom, un cas, un exemple à qqn. ⇒ Attribuer, donner, rapporter.
11 Mon sujet est petit, cet accessoire est grand.
Je pourrais l'appliquer à certain conquérant (…)
La Fontaine, Fables, XII, 10.
12 Aristote appliquait cet apologue aux hommes.
La Fontaine, Fables, XII, 13.
13 (…) il ne faut l'appliquer, ce nom illustre (celui du Grand Condé) qu'à des emplois qui soient dignes de lui (…)
Molière, Amphitryon, Épilogue.
d Spécialt (correspond à s'appliquer, 3.). || Appliquer son esprit à l'étude, son attention à qqch., à faire qqch. ⇒ Concentrer, diriger (vers), occuper. || Appliquer fortement son esprit à qqch. ⇒ Tendre (son esprit). || Appliquer tous ses soins à… ⇒ Efforcer (s').
14 Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien.
Descartes, Discours de la méthode, I.
15 Pense, si tu le veux; mais applique tes soins
À ne m'en point parler (…)
Molière, Tartuffe, II, 2.
16 N'applique point à la vérité l'œil seul, mais tout cela sans réserve qui est en toi-même.
Claudel, Connaissance de l'Est.
e Vx. || Appliquer qqn à (faire) qqch., l'occuper entièrement à. || « (…) appliquer l'homme à son devoir humain » (P. Teilhard de Chardin, le Milieu divin, in T. L. F.).
——————
s'appliquer v. pron.
ÉTYM. (XIIIe, « s'adapter »).
1 (Passif). Se mettre, se poser, être appliqué. || Les emplâtres s'appliquent sur la peau. || Cette ventouse s'applique bien à la peau. ⇒ Adhérer. || Une surface qui s'applique exactement sur une autre. ⇒ Recouvrir. || Cette draperie s'applique exactement sur son corps. ⇒ Coller, mouler.
17 La pesante porte revint s'appliquer hermétiquement sur ses chambranles de pierre sans qu'on vît qui l'avait ouverte ni qui la refermait.
Hugo, l'Homme qui rit, II, IV, 5.
2 Être adapté, applicable à, avoir un étroit rapport avec. ⇒ Convenir, correspondre, rapporter (se rapporter à). || Cette épigraphe s'applique bien au sujet de l'ouvrage. || L'attribut s'applique à un plus grand nombre de choses que le sujet. ⇒ Embrasser, étendre (s'étendre à). || Cette remarque s'applique à tout le monde. ⇒ Concerner, intéresser, viser.
18 Ceci peut s'appliquer à la grandeur royale,
Elle reçoit et donne, et la chose est égale.
La Fontaine, Fables, III, 2.
19 La raison et le langage ne s'appliquent qu'au fini. Les transporter dans l'infini, c'est comme si l'on prétendait mesurer la chaleur du soleil ou du centre de la terre avec un thermomètre ordinaire.
Renan, Dialogues et fragments philosophiques, Œ. compl., t. I, p. 147.
20 Allons au bien, disait-il (Danton) dans une formule qui aurait pu s'appliquer à toutes choses (…)
Louis Barthou, Danton, p. 245.
3 (1403). Réfl. (sujet n. de personne). Apporter une attention soutenue à qqch., prendre soin de faire qqch. || « S'appliquer à faire une chose, à cultiver son esprit, à régler sa conduite, à bien élever ses enfants, à contrarier qqn » (Lafaye). || S'appliquer avec ardeur, zèle, acharnement à une étude, un travail… ⇒ Acharner (s'), adonner (s'), attacher (s'), atteler (s'), consacrer (se), dévouer (se), donner (se), employer (s'), intéresser (s'), livrer (se), occuper (s'), plaire (se), vouer (se vouer à); tourner (toutes ses pensées vers); et aussi étudier, vaquer. || S'appliquer avec une grande contention d'esprit à apprendre, comprendre qqch. ⇒ Tendre (son esprit); chercher, rechercher; efforcer (s'efforcer de); escrimer (s'), évertuer (s'), exercer (s'exercer à); peiner (→ fam. Se casser la tête à). || S'appliquer à conserver son calme. ⇒ Étudier (s'), veiller (à).
21 Ceux qui s'appliquent trop aux petites choses deviennent ordinairement incapables des grandes.
La Rochefoucauld, Maximes, 41.
22 (Moi qui) Semble depuis six mois ne veiller que pour elle,
Qui me suis appliquée à chercher les moyens
De lui faciliter tant d'heureux entretiens,
Et qui même souvent, prévenant son envie,
A hâté les moments les plus doux de sa vie.
Racine, Bajazet, IV, 4.
23 (Gens qui) Ne s'appliquent jamais qu'à se rendre fâcheux (…)
Molière, les Fâcheux, II, 4.
24 (…) ne s'est-elle pas appliquée en toutes rencontres à conserver cette même intelligence (entre la France et l'Angleterre) ?
Bossuet, Oraison funèbre de Henriette-Anne d'Angleterre.
25 (Molière) s'est appliqué à peindre les défauts des hommes et non à les corriger.
Émile Faguet, XVIIe s., Études littéraires, p. 290.
26 Ce grand savant (Chaptal) s'était, depuis de longues années, appliqué à mettre ses connaissances au service des œuvres pratiques.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, t. IV, XIII.
27 (…) en 1760, Dresde fut sauvagement dévastée par Frédéric II, qui s'appliqua à effacer pour toujours sa splendeur.
R. Rolland, Voyage musical…, p. 212.
28 Il s'efforçait de sourire, et, tête nue, s'appliquait à garder l'attitude d'un ami qui prend congé.
Martin du Gard, les Thibault, III, 2.
♦ (1690). Absolt. Travailler avec zèle, application. || Cet écolier s'applique. || Voyez comme il s'applique.
29 À force de s'appliquer, il se maintint toujours vers le milieu de la classe.
Flaubert, Mme Bovary, I, I, → Accessit, cit. 1
4 (Faux pronominal). Appliquer à soi-même (→ ci-dessus cit. 1). || S'appliquer un cataplasme. — Fig. || Il s'appliquait tous les profits de l'affaire. ⇒ Adjuger (s'), approprier (s'), arroger (s'), attribuer (s'), prendre (pour soi). || Un avare s'applique rarement ce qu'il entend dire contre l'avarice (Académie).
30 N'allons point nous appliquer nous-mêmes les traits d'une censure générale (…)
Molière, la Critique de l'École des femmes, 6.
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appliqué, ée p. p. adj.
1 Posé sur, posé contre. || Un emplâtre appliqué sur une tumeur. || Un coup, un baiser bien appliqué.
31 (…) un lit (…) à bandes de points de Hongrie, appliquées fort proprement sur un drap de couleur d'olive (…)
Molière, l'Avare, II, 1.
32 (…) trente bons coups de gaules,
Bien appliqués sur tes larges épaules (…)
La Fontaine, Contes, « Paysan. »
33 (…) et la mère ne manquait jamais de m'accueillir par un baiser bien appliqué sur la bouche (…)
Rousseau, les Confessions, t. I, V.
2 Fig. || Appliqué à un travail, à bien faire. ⇒ Attentif.
34 Appliqué sans relâche au soin de me punir (…)
Racine, Andromaque, V, 5.
♦ Absolt. || Un écolier appliqué. ⇒ Assidu, diligent, sérieux, studieux, travailleur. || Elle est vive, mais peu appliquée.
35 J'assure Votre Altesse Sérénissime qu'il (le duc de Bourbon) est appliqué et que j'en suis content.
La Bruyère, Lettres, 9.
36 La paresse, l'indolence et l'oisiveté, vices si naturels aux enfants, disparaissent dans leurs jeux, où ils sont vifs, appliqués, exacts (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 55.
3 Arts appliqués, à vocation utilitaire : décoration (⇒ Décoratif), mobilier, parure (⇒ Art, II., 3.). || École des Arts appliqués. || Arts purs et arts appliqués.
37 Je tiens à ce que vous soyez à Paris pour l'Exposition coloniale de 1924. Celle des Arts appliqués, je m'en moque (Arts appliqués est d'ailleurs une faute de français).
Giraudoux, Siegfried et le Limousin, p. 289.
♦ Recherche appliquée (opposée à recherche fondamentale), destinée à exploiter dans la pratique les progrès réalisés par la recherche de base dans l'ensemble des domaines scientifiques et techniques.
♦ Sciences appliquées (opposées à sciences pures), qui utilisent pour des réalisations concrètes le travail théorique de la science. — Mathématiques appliquées (opposées à mathématiques pures), considérées dans leurs applications (physique, statistique, techniques…). — Linguistique appliquée (opposée à linguistique pure, théorique), qui envisage concrètement les conditions de la communication linguistique en tenant compte de l'état des travaux de la linguistique théorique. || Linguistique appliquée dans l'enseignement des langues, à la lexicographie, à la traduction.
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DÉR. Applicable, applicage, applicateur, application, applique, appliqueuse.
Encyclopédie Universelle. 2012.