brusquer [ bryske ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Vx Traiter (qqn) de manière offensante.
♢ Mod. Traiter d'une manière brusque, sans se soucier de ne pas heurter. Vous avez tort de brusquer cet enfant. ⇒ secouer. Par anal. « Il n'aimait guère qu'on brusquât les convenances » (Barrès). ⇒ bousculer.
2 ♦ Précipiter (ce dont le cours est lent, l'échéance éloignée). ⇒ hâter, presser. « Il était trop prudent pour brusquer les choses » (Sand). Il ne faut rien brusquer. « Il n'avait plus qu'une pensée, brusquer l'adieu » (Martin du Gard). — P. p. adj. Une attaque brusquée, décidée et exécutée soudainement.
⊗ CONTR. 1. Ménager. Ralentir.
● brusquer verbe transitif (de brusque) Traiter quelqu'un d'une manière brutale, sans ménagement : Évite de le brusquer, il est très susceptible. Hâter une action, la précipiter : Brusquer un départ. ● brusquer (synonymes) verbe transitif (de brusque) Traiter quelqu'un d'une manière brutale, sans ménagement
Synonymes :
- rabrouer
- rudoyer
Contraires :
- amadouer
- cajoler
- caresser
- flatter
- ménager
Hâter une action, la précipiter
Synonymes :
- accélérer
- activer
- expédier (familier)
- hâter
- précipiter
- presser
Contraires :
- ralentir
- retarder
brusquer
v. tr.
d1./d Traiter sans ménagement. Brusquer les gens.
d2./d Précipiter. Brusquer les choses. Brusquer une décision. Ant. ralentir, différer.
— Attaque brusquée: coup de main rapide, inattendu.
I.
⇒BRUSQUER1, verbe trans.
I.— Traiter de manière brusque, violente.
A.— Brusquer qqn :
• 1. Ce dernier coup (...) rendit madame de La Chanterie d'une défiance envers elle-même qui l'isola d'autant plus de sa fille, que sa fille, en échange de sa mauvaise fortune, exigea presque sa liberté, domina sa mère, et la brusqua même quelquefois.
BALZAC, L'Envers de l'hist. contemp., Madame de La Chanterie, 1850, p. 306.
— Emploi pronom., rare. Se secouer, se faire violence. Hier, j'ai résolu de me brusquer pour me guérir (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 194).
B.— Brusquer qqc. Secouer, malmener :
• 2. Aujourd'hui, l'Empereur, bien qu'il ne fût pas mieux, a résolu de brusquer, disait-il, sa souffrance.
LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 2, 1823, p. 79.
— P. métaph. :
• 3. Presque tout homme, dont la jeunesse fut sensible, a eu également son histoire où la qualité principale de son âme et, en quelque sorte, la saveur naturelle de ses larmes, s'est produite, où il a apporté sa plus chère offrande pour prix de l'initiation à la vie; mais la plupart, loin de ménager et de respecter ce premier accomplissement en eux, le secouent, le brusquent, le dénaturent et finissent d'ordinaire par l'abolir ou le profaner.
SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 269.
— Spéc., ART MILIT. Brusquer une place de guerre, une position (Ac. 1835-78, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., LITTRÉ, DG).
II.— Hâter le cours normal ou naturellement lent, précipiter. Anton. ralentir :
• 4. On était en hiver, la pièce n'était pas chauffée. « Je sentais que je m'enrhumais », me disait M. Royer-Collard, qui, la porte entrouverte, avait un pied dans une chambre et l'autre pied dans l'autre; il abrégeait donc et brusquait la conversation, que M. de Vigny, au contraire, maintenait toujours.
SAINTE-BEUVE, Pensées et maximes, 1869, p. 139.
• 5. Mais le cœur d'Alban battait la chamade. L'appréhension montait en lui. Il ne se sentait plus capable de sourire, plus capable de parler. Il brusqua le départ.
MONTHERLANT, Les Bestiaires, 1926, p. 522.
— Au fig. et employé absol. Conclure, c'est brusquer, c'est trancher, c'est renoncer (AMIEL, Journal intime, 1866, p. 383).
SYNT. Brusquer l'aventure (Ac. 1835, 1878, Lar. 19e, Lar. encyclop., LITTRÉ). Prendre rapidement son parti des événements quand ils se présentent. Brusquer une affaire (Ac. 1798-1932); brusquer le dénouement (cf. ZOLA, La Curée, 1872, p. 518); initiative brusquée (cf. MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 695).
— Emplois techn.
♦ ART MILIT. Brusquer la bataille. Ils [les Russes] furent les premiers à offrir la bataille, à la brusquer (SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, t. 13, 1863-69, p. 89). Attaque brusquée (cf. JOFFRE, Mémoires, t. 1, 1931, p. 126 et BORDEAUX, Les Derniers jours du fort de Vaux, 1916, p. 12).
♦ Rare, LITT. et PEINT. Brusquer son trait. ... on a Montesquieu qui aiguise et qui brusque son trait (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 57).
Rem. On rencontre dans la docum. les néol. : a) Brusquailler, verbe trans. Malmener. Une voiture toute neuve en rodage, la brusquailler à ce point-là! (J. DE LA VARENDE, Le Souverain Seigneur, 1953, p. 141). b) Brusquiaire, subst. masc., vx. Homme brutal. ... il lui eût été plus que facile alors de brusquer le brusquiaire encore étourdi (L. CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 16; attesté uniquement chez cet aut.). — 1re attest. 1866 (Lar. 19e). Prob. empr. au prov. brusquiaire « celui, celle qui brusque tout le monde, emporté » (MISTRAL, s.v. brusquejaire), dér. du verbe brusquia « brusquer, rudoyer » v. brusquer, avec suff. -aire issu du suff. -átor au cas sujet.
PRONONC. :[], (je) brusque [].
ÉTYMOL. ET HIST. — Mil. XVIIe s. d'apr. DG signalé par Bouhours comme récent en 1692, Suites des Rem. 334 [et non comme le signale Lar. Lang. fr. dep. 1589, Chron. bordeloise qui renferme le verbe brusquer2, v. ce mot].
Dér. de brusque; dés. -er.
STAT. — Fréq. abs. littér. :239. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 157, b) 307; XXe s. : a) 359, b) 497.
II.
⇒BRUSQUER2, verbe trans.
Chercher, partir à la conquête de. Brusquer la fortune :
• ... vous me voyez souvent si étourdie ou si audacieuse, brusquer la fortune que je pouvais attendre, changer d'idée au moment du succès, me lancer dans des périls que je connais... que je prévois...
SCRIBE, La Camaraderie, 1837, II, 3, p. 270.
Rem. Ce sens n'est pratiquement plus attesté que dans cette expr. figée.
Prononc. et Orth. Cf. brusquer1. Étymol. et Hist. Av. 1571 brusquant fortune (Carl. V, 6 dans LITTRÉ); 1589 brusquer (la) fortune « tenter la fortune par des moyens prompts mais hasardeux » (Chron. bordeloise, I, 296, Delpit. dans R. Hist. litt. Fr., 1898, p. 305). Altération sous l'infl. de brusquer1, de busquer2.
BBG. — DUCH. 1967, § 28.
III.
⇒BRUSQUER3, verbe trans.
MAR. Brusquer un navire. Chauffer la carène d'un navire à l'aide de fagots de bruyère, pour l'assainir.
— P. ext., ART CULIN., vx. Brusquer une volaille. La flamber.
Prononc. et Orth. Cf. brusquer1. Étymol. et Hist. 1. 1382 mar. brusquer, brusquier (Compte du clos des galées de Rouen, 96 dans R. Hist. litt. Fr., 1898, p. 305); 2. 1845 art culin. brusquer une volaille (BESCH.). Empr. — soit à l'a. prov. bruscar « brûler l'extérieur d'un navire avec de la bruyère » (Pt LEVY; cf. lat. médiév. bruscare, Marseille dans DU CANGE t. 1, p. 761b), dér. de l'a. prov. brusc « bruyère » (XIIe s. MARCABRU, forme brus), lui-même issu du b. lat. bruscus « fragon » seulement attesté en lat. médiév. : IXe s. dans Mittellat. W. s.v., 1592, 12; bruscus est prob. issu du croisement du b. lat. des gloses brucus (bruyère) et du lat. « fragon épineux » (d'où prov. rusc « houx » Pézénas, FEW t. 10, p. 586a); l'hyp., pour bruscus, brusc, de l'étymon lat. bruscum « nœud de l'érable » paraît moins vraisemblable du point de vue sém., cf. cependant les développements sém. de son dér. bruscia, v. brosse et broussaille; — soit à l'a. ital. bruscare (EWFS2) attesté comme terme de mar. « brûler la carène d'un navire » dep. 1270, Venise dans DEI, lui-même dér. de l'ital. brusco « fragon épineux », de même orig. que l'a. prov. brusc (REW3, n° 7460).
1. brusquer [bʀyske] v. tr.
ÉTYM. Mil. XVIIe; de brusque.
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1 Vx. Traiter (qqn) de manière offensante.
2 Mod. Traiter d'une manière brusque, sans se soucier de ne pas heurter. || Vous avez tort de brusquer cet enfant. ⇒ Secouer. || Il brusque tout le monde.
1 Pour peu que j'eusse parlé, je n'aurais pu m'empêcher de le brusquer.
Montesquieu, Lettres persanes, 48.
♦ Littér. (compl. n. de chose). || « Il n'aimait guère qu'on brusquât les convenances » (Barrès). || Brusquer la nature.
♦ Rare. Dire d'une manière brusque. — En incise :
1.1 — Eh bien ? brusqua Lampieur.
Francis Carco, l'Homme traqué, p. 38.
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II Précipiter (ce dont le cours est normalement lent, ou l'échéance éloignée). ⇒ Hâter, presser. || Brusquer une affaire, une décision. || Brusquer un voyage. || Brusquer le dénouement, la solution d'une crise. || Brusquer une séparation. || Il ne faut rien brusquer.
2 Il était trop prudent (le père Barbeau) pour brusquer les choses et se devait tenir pour content de ce qu'il avait obtenu.
G. Sand, la Petite Fadette, XXX, p. 203.
3 Il n'avait plus qu'une pensée : brusquer l'adieu, se retrouver seul (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 128.
♦ ☑ Loc. (Vx). Brusquer l'aventure : prendre brusquement son parti, au hasard de ce qui peut arriver.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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brusqué, ée p. p.
♦ || Attaque brusquée, soudaine.
4 On croyait que l'affaire traînerait, elle fut brusquée.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., t. I, p. 892.
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CONTR. Flatter, ménager, ralentir.
HOM. 2. Brusquer.
Encyclopédie Universelle. 2012.