domination [ dɔminasjɔ̃ ] n. f.
• 1120; lat. dominatio
I ♦
1 ♦ Action de dominer; autorité souveraine. ⇒ empire, maîtrise, omnipotence, 2. pouvoir, vx prépotence, suprématie. Domination despotique, injuste, tyrannique. ⇒ dictature, joug, oppression, tyrannie. C'est au nom de l'esprit européen « que l'Asie rejette aujourd'hui la domination de l'Europe » (Malraux). Établir sa domination sur qqn. Être, vivre sous la domination de qqn, dans l'esclavage, la sujétion. Vivre sous la domination française, anglaise, sous une domination étrangère. ⇒ férule, mainmise. « Aucun contact humain, mais des rapports de domination et de soumission » (Césaire).
2 ♦ Le fait d'exercer une influence déterminante. Domination spirituelle, morale. ⇒ emprise, influence; et aussi charisme. Il exerce sur tous une domination irrésistible. ⇒ 2. ascendant. — Domination de soi-même. ⇒ contrôle, maîtrise, self-control. « Enseigne-lui que la domination de la vie ne va pas sans domination de soi-même » (F. Mauriac).
II ♦ N. f. pl. LES DOMINATIONS : anges formant avec les Vertus et les Puissances le premier chœur du second ordre, dans la théologie catholique. « l'éternelle fête Des Trônes, des Vertus, des Dominations » (Baudelaire).
⊗ CONTR. Liberté; indépendance. Obéissance, servitude, sujétion.
● domination nom féminin (latin dominatio, -onis) Action de dominer, d'exercer son autorité ou son influence sur le plan politique, moral, etc. ; autorité, empire : Subir la domination de ses passions. Fait pour un concurrent, un adversaire, une équipe, etc., de dominer l'autre. Pour les hégéliens, rapport du maître à l'esclave ; pour les marxistes, exploitation et oppression d'une classe sur une autre. ● domination (expressions) nom féminin (latin dominatio, -onis) Effet de domination, influence dissymétrique et irréversible exercée par une unité économique sur une autre. ● domination (synonymes) nom féminin (latin dominatio, -onis) Action de dominer, d'exercer son autorité ou son influence sur...
Synonymes :
- autorité
- empire
- emprise
- férule
- hégémonie
- joug (littéraire)
- maîtrise
- suprématie
Contraires :
- indépendance
- liberté
domination
n. f.
d1./d Puissance, autorité souveraine. César voulut étendre sa domination.
d2./d Influence, ascendant. Subir une domination morale.
⇒DOMINATION, subst. fém.
A.— Au sing. Action ou fait de dominer, d'exercer une puissance souveraine ou une influence prépondérante.
1. Domaine pol., idéologique ou relig. Domination atroce, brutale, insupportable, tyrannique. Synon. autorité, dictature, empire, suprématie. Une guerre de despotes pour dépouiller les peuples et les réduire sous notre domination (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 72). L'idée de pouvoir qui, à son tour, ne va pas sans celle d'ascendant, de maîtrise, de domination et, corrélativement, de dépendance et de subordination (DURKHEIM, Formes élém. vie relig., 1912, p. 522) :
• 1. ... le haut clergé maronite, quoique simple et bon, ne pouvait voir d'un œil bienveillant l'établissement parmi eux d'un corps religieux qui aurait enlevé une partie des populations catholiques à leur domination spirituelle. Les Jésuites n'existent donc plus en Syrie.
LAMARTINE, Voyage en Orient, t. 2, 1835, p. 125.
♦ Domination de + subst. désignant l'agent. Sous la domination de l'oligarchie le peuple était en butte à beaucoup de vexations (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 428). Dans la nuit du 4 août, l'Assemblée réalisa en principe l'unité juridique de la nation, anéantit, avec le régime féodal, la domination de l'aristocratie dans les campagnes (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 149).
— P. méton., rare. Objet, territoire sur lequel s'exerce cette puissance, cette influence. Le 6 mai 1802, Napoléon est élu consul pour dix ans, et bientôt consul à vie. Il se trouve à l'étroit dans la vaste domination que la paix avec l'Angleterre lui avait laissée (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 375).
— Spéc., ÉCON. ,,L'effet de domination consiste, (...) en une influence irréversible ou partiellement réversible exercée par une unité sur une autre. Une unité économique exerce cet effet en raison de sa dimension, de son pouvoir de négociation, de la nature de son activité ou de son appartenance à une zone d'activité dominante`` (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 85).
— Au fig. [L'agent désigne un inanimé concr. ou abstr.] La langue française s'est fixée; plus analogue que l'espagnole, elle a étendu et affermi en Europe sa domination (BONALD, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 345) :
• 2. Avant même de traverser l'Adige, on sent que ce pays est dominé par de l'eau. On passe vingt petits ponts sur des canaux, sur des ruisseaux, sur des rivières et on voit luire des marais sous de grands joncs. Après Rovigo, cette domination se fait plus pesante. Nous avons vu en plein champ un chaland qui arborait un mât et des voiles.
GIONO, Voyage en Italie, 1853, p. 185.
SYNT. Domination despotique, farouche, impitoyable, injuste; domination de l'argent, de la classe bourgeoise; besoin, désir, folie, instinct de domination; instrument de domination; être, tomber, vivre sous la domination de; subir la domination de; échapper à la domination de; établir sa domination sur un pays; affermir, appesantir, établir, étendre sa domination sur; exercer la domination sur; se disputer la domination de; renverser la domination de, se soustraire à la domination de; se défendre contre la domination de.
2. Domaine des relations entre pers. ou de la vie personnelle. Domination d'une belle-mère. Synon. ascendant, emprise. Sa femme dont il subissait vivement le charme physique et l'insensible domination (MAUPASS., Bel-Ami, 1885, p. 229) :
• 3. Henriette étudiait donc ses parents et leurs amis, pour bien se définir leur sincérité, ne s'affranchissant pas encore d'un certain respect envers leur autorité. Cependant, elle projetait d'échapper à la domination qui pesait sur elle, parce qu'elle en trouvait indignes ceux qui l'exerçaient.
DURANTY, Le Malheur d'Henriette Gérard, 1860, p. 262.
— En partic. Domination de soi. Maîtrise, contrôle de ses réactions :
• 4. ... jamais il [Blaise] ne sourit; ou, s'il le fait, c'est avec une si évidente volonté de domination de soi, de laborieuse construction d'une façade destinée à la préserver que personne ne saurait s'en trouver dupe...
ARNOUX, Pour solde de tout compte, 1958, p. 245.
3. Domaine des rapports d'une pers. avec des animaux ou des choses. Synon. asservissement, domestication, maîtrise. Taquine et emportée avec les autres, elle [ma jument] se pliait à ma domination de son plein gré, à coup sûr (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 266). Obtenir la plus parfaite domination sur son archet (CAPET, Techn. sup. archet, 1916, p. 48). Tout part du fait, hélas! acquis pour toute l'architecture moderne, de la domination du fer (GILLET, Art fr., 1938, p. 205).
B.— P. méton., au plur., THÉOL. [Dans la hiérarchie céleste] Premiers anges de la seconde hiérarchie. Il y a trois hiérarchies d'esprits célestes la première comprend les Séraphins, les Chérubins et les Trônes; la deuxième, les Dominations, les Vertus et les Puissances (FRANCE, Révolte anges, 1914, p. 101). V. chérubin ex. 2.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1re moitié XIIe s. dominaciun (Psautier d'Oxford, éd. F. Michel, CXLIV, 13); 1690 au plur. théol. (FUR.). Empr. au lat. class. dominatio, -onis « domination, souveraineté »; au plur. « les Dominations » (ordre angélique) en lat. chrétien. Fréq. abs. littér. :1 336. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 978, b) 1 611; XXe s. : a) 1 597, b) 2 169.
domination [dɔminɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. V. 1120; lat. dominatio, du supin de dominari. → Dominer.
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1 Action de dominer (des personnes); autorité souveraine. ⇒ Autorité, empire, maîtrise, omnipotence, pouvoir, prépondérance, prépotence, suprématie. → Opprimer, cit. 1. || Domination absolue, totale. || Domination despotique, injuste, tyrannique. ⇒ Dictature, oppression, tyrannie. || Établir sa domination sur un pays (⇒ Conquête; conquérir). || Affermir, appesantir, étendre sa domination. || La domination d'un chef, d'un maître, d'un souverain, d'une armée, d'un envahisseur… || La domination d'un pays sur un autre. || Être, vivre sous la domination de qqn, dans l'esclavage, la sujétion. || Tomber sous la domination de… (→ Dans les griffes de…, sous la coupe de…, sous le joug de…). || Vivre sous la domination anglaise, sous une domination étrangère (→ Degré, cit. 26). — Se défendre contre la domination de qqn. — REM. Le compl. de nom en de peut être ambigu. || La domination d'un peuple (sur un autre / par un autre). — Désir, esprit, goût, instinct, tentative de domination.
1 Aristote, avant eux tous, avait dit aussi que les hommes ne sont point naturellement égaux, mais que les uns naissent pour l'esclavage et les autres pour la domination.
Rousseau, Du contrat social, I, 2.
2 La division de l'Europe est trop grande pour qu'une tentative de domination universelle ne provoque pas très vite une coalition qui fasse rentrer la nation ambitieuse dans ses bornes naturelles.
Renan, Discours et Conférences, Œ., t. I, p. 888.
3 (…) c'est au nom de l'esprit européen, et grâce à ses découvertes, que l'Asie rejette aujourd'hui la domination de l'Europe.
Malraux, les Voix du silence, p. 589.
♦ Par ext. Action de dominer (des animaux, des choses). ⇒ Domestication. || La domination d'une espèce sauvage par l'homme. — Plus cour. Fait de dominer militairement (une région, une zone). || La domination des mers.
2 Fait d'exercer une influence déterminante. || Domination spirituelle, morale. ⇒ Emprise, influence. || Il exerce sur tous une domination irrésistible. ⇒ Ascendant.
4 Il subissait cet ensorcellement féminin, mystérieux et tout-puissant, cette force inconnue, cette domination prodigieuse, venue on ne sait d'où, du démon de la chair et qui jette l'homme le plus sensé aux pieds d'une fille quelconque (…)
Maupassant, la Femme de Paul, p. 20.
5 Cette vieille femme se meurt de ne posséder plus son fils : désir de possession, de domination spirituelle, plus âpre que celui qui emmêle, qui fait se pénétrer, se dévorer deux jeunes corps.
F. Mauriac, Génitrix, VII, p. 85.
♦ Domination de soi-même. ⇒ Maîtrise, self-control (anglic.). || La domination des passions, de l'amour.
6 Enseigne-lui que la domination de la vie ne va pas sans domination de soi-même; car, pour dominer, d'abord il s'agit d'être; mais nous ne sommes pas : nous nous créons.
F. Mauriac, le Jeune Homme, p. 82.
♦ Écon. || Effet de domination (F. Perroux) : influence exercée par une unité économique sur une autre.
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II N. f. pl. (Av. 1690, Furetière). || Les Dominations : anges formant le premier chœur du second ordre (ou seconde hiérarchie), dans la théologie catholique. || La seconde hiérarchie comprend les Dominations, les Vertus et les Puissances.
7 Je sais que vous gardez une place au Poète
Dans les rangs bienheureux des saintes Légions,
Et que vous l'invitez à l'éternelle fête
Des Trônes, des Vertus, des Dominations.
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Spleen et idéal », I.
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CONTR. (Du sens I) Liberté; indépendance. — Esclavage, obéissance, servitude, sujétion.
Encyclopédie Universelle. 2012.