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SOLEIL
SOLEIL

Le Soleil est l’une des innombrables étoiles de notre Galaxie; à cet égard, ni sa position ni ses propriétés intrinsèques ne sont exceptionnelles. Situé aux deux tiers du rayon galactique (à 8,5 kpc du centre galactique), il appartient à un bras spiral semblable à ceux que l’on observe dans certaines galaxies [cf. GALAXIES]. Le spectre optique du Soleil permet par ailleurs de le classer parmi les étoiles naines, qui sont les plus communes des étoiles de la Galaxie. C’est la proximité du Soleil qui fait tout l’intérêt de son étude. Son atmosphère, c’est-à-dire la partie extérieure de l’étoile, est observable dans ses détails. Les taches solaires , répertoriées dès le IVe millénaire avant notre ère par les astronomes chinois, mettent en évidence l’existence d’une activité due à la concentration de champs magnétiques intenses et donnent lieu à des éruptions. Très localisée, cette activité ne perturbe pas (du moins dans les couches les plus profondes de l’atmosphère) la plus grande partie de la surface du Soleil, que l’on qualifie de normale. Grâce aux éclipses, on connaît depuis longtemps l’existence, au-dessus de la photosphère , partie visible du Soleil, de la chromosphère et de la couronne . Cette dernière région, très chaude, s’étend jusqu’au vent solaire qui balaye le milieu interplanétaire.

Des structures de l’ordre de la seconde d’angle (env. 700 km, ce qui correspond au millième du rayon solaire) peuvent être étudiées dans chacune des grandes régions mentionnées plus haut. Les observations spatiales, affranchies des perturbations dues à l’atmosphère terrestre, permettront progressivement de réduire cette dimension d’un facteur 10. Par ailleurs, toujours en raison de sa proximité, nous recevons du Soleil un rayonnement assez intense pour qu’une analyse spectrale précise puisse être envisagée à toutes les longueurs d’onde, des rayons gamma au domaine radio, et pour qu’une bonne résolution temporelle des phénomènes transitoires dont l’atmosphère solaire est le siège soit possible. Le Soleil apparaît donc comme un «laboratoire» où la finesse des observations permet l’étude des mécanismes physiques de base, dans des conditions généralement impossibles à reproduire sur la Terre.

L’intérieur du Soleil n’est pas aussi aisément observable puisque, c’est sa définition, les photons ne peuvent pas en échapper. Pourtant, deux techniques de la physique solaire, aptes à apporter des informations expérimentales sur l’intérieur du Soleil, se sont développées: d’une part, la sismologie solaire , ou héliosismologie , d’autre part, la mesure du flux des neutrinos. Indépendamment de ces observations, les modèles d’intérieur d’une étoile mettent en jeu son âge, sa masse, son rayon et sa luminosité; le Soleil est la seule étoile pour laquelle ces paramètres sont mesurables directement et avec une grande précision. Sa masse (1,989 憐 1030 kg, soit 333 000 fois celle de la Terre) est obtenue par l’observation du mouvement des planètes; son rayon (695 990 km) est déduit des mesures précises de distance par écho radar, et son rayonnement total (3,86 憐 1026 W) est mesuré par satellite, hors de l’atmosphère terrestre. Son âge (4,5 milliards d’années) est estimé grâce aux mesures de la radioactivité des roches terrestres et des météorites.

Si le Soleil permet l’étude détaillée de grandeurs et de phénomènes tout juste détectables dans les autres étoiles, c’est en revanche l’observation d’étoiles de tous âges qui a permis de placer le Soleil dans sa séquence évolutive et de connaître ainsi son histoire et son avenir. Issue d’un nuage de gaz interstellaire se contractant et s’échauffant jusqu’à l’apparition de réactions thermonucléaires, une proto-étoile a donné naissance au Soleil et à l’ensemble du système solaire. Le Soleil actuel, dont l’énergie provient de la transformation de noyaux d’hydrogène en noyaux d’hélium, continue à évoluer lentement car la combustion de l’hydrogène dans ses régions centrales modifie d’une manière irréversible les équilibres régnant à l’intérieur de l’étoile. On pense que, dans cinq milliards d’années environ, le Soleil, devenu une géante rouge, aura un diamètre cent fois supérieur à son diamètre actuel et aura porté la Terre à une température de l’ordre de 1 700 kelvins. À travers des phases convulsives, il deviendra une naine blanche, très dense, avant de s’éteindre définitivement [cf. ÉTOILES].

1. Structure interne

Les photons formés à l’intérieur du Soleil n’étant pas observables, il est fait appel, pour obtenir des informations expérimentales sur l’intérieur du Soleil, à des particules capables de le traverser, les neutrinos, ou à des phénomènes globaux d’oscillation qui permettent de sonder le Soleil comme le fait, pour la Terre, la sismologie. Les données, pourtant, ne peuvent s’interpréter qu’à travers des modèles de l’intérieur solaire (fig. 1). Si elles conduisent à modifier les modèles antérieurs, il est peu probable qu’elles remettent fondamentalement en cause l’image globale actuelle, obtenue par le calcul des équilibres régissant une étoile, connaissant la masse, la luminosité, le rayon, l’âge et la composition chimique photosphérique.

La température du noyau central du Soleil, région occupant un quart de son rayon, est estimée à 15,5 millions de degrés, et la densité centrale à cent cinquante fois celle de l’eau. Cette valeur est relativement faible, comparée à celle d’étoiles âgées, les naines blanches, dont la densité est dix mille fois supérieure. Dans ce noyau ont lieu les réactions thermonucléaires qui fournissent son énergie au Soleil. L’hydrogène qui, à la surface, représente 71 p. 100 de la masse, est réduit dans le noyau à 34 p. 100 en raison de sa transformation en hélium. Les modèles indiquent aussi que les réactions nucléaires du cycle proton-proton prédominent (tabl. 1) et que celles du cycle du carbone (tabl. 2), importantes à températures plus élevées, n’apportent que 2 p. 100 de l’énergie libérée.

Les rayons gamma et les particules rapides émis par les réactions thermonucléaires sont immédiatement réabsorbés et sont à l’origine du flux de chaleur qui se propage vers l’extérieur de l’étoile par une infinité d’émissions et d’absorptions de photons. Ces photons, dont la température locale détermine l’énergie moyenne, sont des rayons X de quelques dixièmes de nanomètre, puis des ultraviolets et, à la surface, des photons du domaine visible. Dans les régions, denses, de la zone de transport radiatif, ils ne peuvent guère parcourir que des distances de l’ordre du centimètre avant d’être réabsorbés, et, de ce fait, on estime à environ 10 millions d’années le temps qui est nécessaire au transport vers la surface de l’énergie libérée par ce rayonnement. Un autre mode de transport de l’énergie, le transport convectif, prend le relais du transport radiatif à environ 0,2 rayon solaire sous la photosphère. À ce niveau, en effet, des mouvements verticaux à grande échelle se développent et transportent plus efficacement la chaleur vers le haut. La «signature» de cette convection est d’ailleurs visible, sous forme de la granulation photosphérique, à la surface du Soleil (cf. chap. 2, Photosphère ).

C’est également par l’étude de la photosphère que l’on a découvert les oscillations globales auxquelles le Soleil est soumis et qui comportent un grand nombre de modes oscillatoires différents. L’étude de ces oscillations permet de tester les modèles d’intérieur du Soleil. Deux types d’oscillations globales sont étudiés: celles dont la force de rappel est la gravité, qui n’ont pas encore été détectées avec certitude en ce qui concerne l’intérieur du Soleil, et celles dont la force de rappel est la pression, pour lesquelles on dispose de l’observation de centaines de modes différents. Pour séparer les modes entre eux, des mesures continues de longue durée sont nécessaires. Après avoir observé le Soleil plusieurs jours de suite durant l’été austral en Antarctique, les spécialistes ont organisé des réseaux internationaux d’instruments au sol et ont placé des expériences à bord de satellites comme Soho (solar and heliospheric observatory ). Un des apports essentiels de l’héliosismologie est la mesure de la rotation à l’intérieur du Soleil.

Au cours des réactions thermonucléaires, des neutrinos (notés 益 dans les tableaux 1 et 2) sont émis; ces particules peuvent traverser des quantités considérables de matière sans être absorbées. On peut obtenir par leur observation des informations directes sur la température du noyau solaire. Leurs propriétés rendent évidemment la détection des neutrinos solaires extrêmement difficile. Il a fallu un réservoir de 380 000 litres de perchloréthylène C2Cl4 (enterré dans une mine à 1 590 m de profondeur pour éviter les effets parasites des rayons cosmiques) pour réussir cette première mesure, qui ne met en jeu que deux captures de neutrinos par jour. Les résultats d’une autre expérience (Gallex) ont montré que le flux de neutrinos est 30 p. 100 moindre que celui qui est prédit par les modèles. Des modèles modifiés de l’intérieur du Soleil ont été proposés pour expliquer ce déficit en neutrinos, mais de nombreux spécialistes considèrent que la solution pourrait venir de la transformation des neutrinos électroniques initiaux en neutrinos muoniques ou tau [cf. NEUTRINOS], que ne peuvent pas détecter les expériences actuelles. La poursuite des mesures des neutrinos solaires permettra certainement de résoudre cette énigme; en tout état de cause, elle ne manquera pas de faire progresser notre connaissance de l’intérieur de l’étoile, avec l’aide de la sismologie solaire.

2. Atmosphère normale

Photosphère

La photosphère pourrait être définie comme la surface du Soleil telle que l’œil la voit, mais cette définition n’est que très approximative car l’atmosphère d’une étoile est continue, et chaque longueur d’onde y pénètre à une profondeur différente. La température effective de la photosphère, de 5 780 kelvins, explique la couleur blanc-jaune perçue par l’œil. Outre les taches solaires, l’observation en lumière blanche (c’est-à-dire sans analyse spectrale), avec une bonne résolution angulaire, montre l’existence de fluctuations de brillance, connues depuis le début du XIXe siècle, couvrant toute la surface du Soleil. La granulation solaire est en fait formée de polygones brillants dont la dimension est de l’ordre de 1,4 seconde d’angle (soit 1 000 km), séparés les uns des autres par un réseau de fines régions sombres (fig. 2). La durée de vie de chaque granule est de quelques minutes, et l’étude cinématographique montre le caractère dynamique de ces structures qui sont liées, nous l’avons vu, à l’affleurement de la zone convective sous-jacente.

Le rayonnement continu de la photosphère s’assombrit nettement du centre vers le bord du disque solaire. Les rayons issus de régions proches du bord traversent l’atmosphère sous incidence oblique et sont, de ce fait, plus absorbés à une altitude donnée que les rayons observés au centre. Ils pénètrent moins profondément dans la photosphère que ces derniers. L’assombrissement au bord indique donc une décroissance de la température avec l’altitude, en continuité avec l’intérieur de l’étoile. L’ensemble du spectre de la photosphère permet la construction de modèles moyens de la température et de la densité en fonction de l’altitude. La photosphère est la région du Soleil où la composition chimique peut être déterminée avec le plus de précision car plusieurs milliers de raies d’absorption, les raies de Fraunhofer , sont identifiables (fig. 3): ce sont des raies atomiques ou moléculaires dont l’intensité absolue permet de connaître le nombre d’atomes absorbants et de déduire l’abondance de l’élément concerné. L’abondance des éléments lourds d’une étoile reflète l’histoire de leur création par nucléosynthèse.

Deux autres caractéristiques essentielles de la photosphère peuvent être étudiées grâce aux raies. D’une part, par déplacement Doppler-Fizeau des longueurs d’onde, le champ de vitesse peut être mesuré avec beaucoup de précision. C’est, en particulier, la base de la sismologie solaire. En outre, certaines raies sont séparées par effet Zeeman en plusieurs composantes polarisées: des mesures du champ magnétique sont donc possibles. Dépassant 0,4 tesla dans certaines taches, les champs magnétiques pourraient aussi atteindre des valeurs élevées dans la photosphère calme, dans des domaines inférieurs à la seconde d’angle. Le magnétisme solaire est essentiel car il est non seulement responsable de toute l’activité solaire, mais il détermine aussi pour une bonne part la structure et la physique de l’atmosphère normale.

Chromosphère

Les observations lors d’éclipses indiquent qu’immédiatement au-dessus de la photosphère existe une région d’environ 1 500 kilomètres d’épaisseur, la chromosphère, dont la température, à l’inverse de celle de la photosphère, croît avec l’altitude. Un mécanisme de chauffage, probablement par dissipation d’ondes, permet d’expliquer cette remontée de la température. Le minimum de température, situé entre la photosphère et la chromosphère, est observé en infrarouge et en ultraviolet, et correspond à environ 4 300 kelvins. En dehors des éclipses, diverses techniques (spectrohéliographie ou utilisation de filtres interférentiels) permettent l’obtention d’une image de la chromosphère sur le disque dans les raies fortes telles que les raies H et K du calcium ionisé (à 396,7 nm et 393,3 nm) ou la raie H 見 de l’hydrogène à 656,3 nanomètres (fig. 4). L’aspect de la chromosphère en H 見 est fortement hétérogène. Des spicules , structures verticales d’un

diamètre de l’ordre de 1 000 kilomètres, bordent des régions de 40 000 kilomètres de diamètre environ. Ce quadrillage de l’atmosphère solaire normale correspond au réseau chromosphérique brillant dans les raies H et K du calcium ionisé. Il est observé également au niveau de la photosphère: appelé «supergranulation», il est caractérisé par un écoulement de matière du centre vers le bord des cellules avec des vitesses horizontales de l’ordre de 0,3 à 0,5 km/s. Une faible vitesse verticale est détectée au centre des supergranules. La durée de vie des cellules de supergranulation est de quelques heures (cent fois supérieure à celle des granules). Alors que les granules n’ont apparemment pas de liaison avec le champ magnétique, les mesures du champ photosphérique indiquent une nette augmentation du champ en bordure de la supergranulation, par concentration du champ magnétique à cet endroit. C’est d’ailleurs aux nœuds du réseau chromosphérique que naissent les régions actives. Le mécanisme créant la supergranulation et le réseau chromosphérique n’est pas éclairci, mais, en raison de son échelle horizontale plus grande que celle des granules, son origine se situe certainement dans des mouvements convectifs subphotosphériques plus profonds que ceux qui sont liés à la granulation.

Transition chromosphère-couronne

Alors que les gradients verticaux de température dans les régions interspiculaires de la chromosphère sont de l’ordre de 10 kelvins par kilomètre, ils deviennent brusquement cent fois plus grands à 2 000 kilomètres d’altitude (fig. 5). C’est là, en effet, que l’influence de la couronne commence à être sensible, un flux conductif important chauffant toute la région de transition chromosphère-couronne. Cette partie de l’atmosphère solaire est difficilement observable dans le domaine visible, car les raies du spectre d’éclipse s’affaiblissent quand la température croît et que la densité diminue. Les modèles de la zone de transition proviennent principalement des observations de raies ultraviolettes et du continuum radioélectrique. L’intensité de ce dernier indique des températures s’échelonnant de 10 000 kelvins à 2 centimètres de longueur d’onde, à près d’un million de kelvins pour une longueur d’onde de 1,5 m. De même, les raies ultraviolettes qui proviennent, près de la chromosphère, d’éléments peu ionisés, tel le silicium une fois ionisé (Si II), sont, près de la couronne, des raies d’atomes très ionisés, tel le silicium neuf fois ionisé (Si X), les différents états intermédiaires étant successivement présents.

Les spicules traversent toute cette région, atteignant la base de la couronne à des altitudes de 10 000 à 15 000 kilomètres. Les mouvements du réseau chromosphérique se prolongent ainsi dans la région de transition avec des vitesses ascendantes au centre des cellules et des vitesses descendantes à leur périphérie. L’ordre de grandeur de ces vitesses est de quelques kilomètres à la seconde. L’atmosphère solaire est donc loin d’être statique, même si la composante normale paraît globalement stationnaire.

Couronne

L’étude de la couronne s’est faite, pendant de nombreuses années, lors d’éclipses ou à l’aide d’un instrument, le coronographe, créant une éclipse artificielle de la photosphère. Pourtant, en 1973, les images en rayons X obtenues à partir de la station orbitale habitée Skylab ont profondément modifié l’approche que l’on pouvait avoir de la physique coronale, car, contrairement aux observations précédemment citées, ces images montraient l’aspect de la couronne sur le disque et non plus seulement au-dessus du bord . Sur ces images en rayons X, ainsi que sur celles qui ont été obtenues ultérieurement à partir de fusées-sondes ou de satellites, la couronne apparaît en grande partie formée d’arches. Ces arches étant dominées par le champ magnétique d’une région active solaire, ou même reliant deux régions actives entre elles, la distinction entre composante normale et activité est peu pertinente au niveau coronal. Dans d’autres régions, où le champ magnétique est ouvert sur le milieu interplanétaire, on a observé en X des trous coronaux dont les propriétés physiques diffèrent notablement de celles des arches. Les trous coronaux occupent les pôles du Soleil en permanence, et ils peuvent s’étendre vers les latitudes les plus basses. Ils sont moins denses et moins chauds (800 000 K) que les arches, dont la température est de 1,5 à 2 millions de kelvins. Cela explique leur émissivité moindre en rayons X.

Le chauffage de la couronne reste encore un problème ouvert. Pendant de nombreuses années, la couronne étant considérée comme relativement homogène, le mécanisme le plus probable semblait être un chauffage par dissipation des ondes de choc acoustiques créées, sous la photosphère, par la turbulence de la zone convective. Des observations et des calculs théoriques ont montré pourtant que ces ondes n’avaient aucune chance d’atteindre la couronne. Depuis la découverte des arches coronales, d’autres mécanismes ont été proposés, qui font appel soit à la dissipation d’ondes ayant pour support le champ magnétique des arches, soit au dépôt d’énergie liée à l’évolution du champ magnétique lui-même ou à la dissipation de courants électriques.

D’autres structures coronales, connues, quant à elles, depuis le Moyen Âge grâce aux observations d’éclipses, sont des régions plus froides et plus denses que la couronne environnante: il s’agit des protubérances. Leur spectre est, de fait, proche de celui de la chromosphère. Les protubérances ont la forme de lames verticales de quelques milliers de kilomètres d’épaisseur, dont la longueur peut atteindre un demi-rayon solaire lorsqu’elles sont proches des pôles. Leur hauteur est de l’ordre de 50 000 kilomètres. Les protubérances peuvent durer quelques semaines, mais elles sont quelquefois perturbées et oscillent. Elles peuvent alors disparaître brusquement pour se reformer plus tard au même endroit. Elles sont fondamentalement liées à la présence de configurations magnétiques bien spécifiques, qui expliquent leur stabilité et les isolent thermiquement de la couronne. Au-dessus des protubérances, des jets coronaux, structures magnétiques ouvertes, à température coronale, mais dix fois plus denses que la couronne moyenne, peuvent être suivis au-delà de dix rayons solaires de la surface (fig. 6). La couronne proprement dite cède la place, à grande altitude, au vent solaire par accélération de la matière jusqu’à des vitesses de 300 à 700 kilomètres par seconde (cf. milieu INTERPLANÉTAIRE). Si le mécanisme d’accélération du vent solaire est maintenant bien étudié, la localisation verticale de la transition, qui d’ailleurs dépend de la structure coronale sous-jacente, n’est pas complètement précisée.

3. Activité solaire

Régions actives

Les taches solaires sont la manifestation la plus évidente de l’activité du Soleil. Certaines, visibles à l’œil nu, ont été observées depuis fort longtemps en Chine, mais c’est l’invention du télescope, au début du XVIIe siècle, qui en a permis l’étude systématique. Dès cette époque, Galilée, Johann Fabricius et Christoph Scheiner ont découvert la rotation du Soleil (fig. 7). Les taches ne sont pas réparties uniformément sur le Soleil: elles sont généralement situées de part et d’autre de l’équateur solaire, entre les latitudes 300 nord et sud. L’observation de taches situées à différentes latitudes montre que le Soleil a une période de rotation de 27,1 jours à 100 de l’équateur et de 28,5 jours à 300. Cette rotation différentielle est un phénomène global d’une grande importance pour la compréhension de l’activité solaire.

La partie centrale des taches (l’ombre) est moins lumineuse que le reste de la photosphère car elle est moins dense et plus froide (4 200 K) que l’atmosphère normale (5 800 K). La pénombre qui entoure l’ombre est une région de transition dont la température n’est inférieure que de 300 à 500 kelvins à celle de la photosphère. Les différences de conditions physiques entre la tache et la photosphère normale sont dues à des champs magnétiques très forts (plusieurs dixièmes de

tesla) qui bloquent le transport convectif de l’énergie dans les régions subphotosphériques.

Les taches ne sont pas isolées. Elles sont l’une des composantes des régions actives, qui peuvent posséder un grand nombre de taches et de protubérances. Des facules, plages brillantes bien visibles au niveau chromosphérique, sont aussi observées dans les régions actives. Les régions actives sont en évolution permanente, naissant et disparaissant à l’échelle de quelques jours ou de quelques mois. Apparaissant d’abord sous forme de petits pores sombres, les taches peuvent ne jamais se développer complètement: c’est le cas des régions actives éphémères, petites régions bipolaires bien visibles sur les images en rayons X, où elles sont vues sous forme de points brillants . Comme le montre l’image en rayons X acquise depuis Skylab (fig. 8), les points brillants couvrent l’ensemble du Soleil, y compris les zones proches du pôle, contrairement aux taches plus grandes. Les taches sont dues à l’émergence, au niveau de la photosphère, de boucles de champ magnétique transportées par la convection. C’est l’apparition de nouveaux tubes de champ, ou au contraire la dispersion des structures existantes, qui détermine l’évolution de la région active. La rotation différentielle joue, à cet égard, un rôle destructeur, en dispersant lentement, après la disparition des taches, les facules et les protubérances restantes.

Phénomènes éruptifs

Les éruptions dans une région active correspondent à la libération brusque (en quelques minutes) d’une énergie importante (jusqu’à 1025 joules). Cette libération d’énergie donne lieu à l’échauffement du plasma (108 K) et à l’accélération de particules (électrons, protons, ions). On détecte alors des émissions intenses dans tout le domaine spectral, depuis les rayons X jusqu’aux ondes radioélectriques. Certaines éruptions particulièrement intenses donnent également lieu à des émissions de rayons gamma ( 麗 0,1 nm) par interaction des noyaux accélérés avec les couches de la basse atmosphère solaire. Électrons et protons accélérés peuvent s’échapper de l’atmosphère solaire et être détectés dans le milieu interplanétaire. Des éjections de matière coronale (les transitoires coronaux, ou CMEs, pour coronal mass ejections ) accompagnent souvent les éruptions mais peuvent aussi être déclenchées par des filaments déstabilisés. Des observations en rayons X effectuées par le satellite japonais Yohkoh, lancé en 1991, ont montré que le champ magnétique d’une grande partie de la couronne peut se restructurer différemment au cours de ces phénomènes. Des ondes de choc sont souvent observées dans le milieu interplanétaire en association avec les transitoires coronaux.

Les centres les plus actifs sont ceux dont la complexité magnétique est grande, et l’on

dispose, par l’observation des taches (en particulier lorsqu’une nouvelle polarité apparaît aux abords de la tache), de méthodes de prévision d’une éruption imminente de grande ampleur. Mais, à côté des événements spectaculaires venant perturber l’atmosphère terrestre, existent un grand nombre d’éruptions très faibles qui d’ailleurs échappent souvent à l’observation. Les petites régions actives éphémères sont elles-mêmes le siège d’éruptions.

Une éruption est un phénomène complexe, à la fois dans sa géométrie et dans sa séquence temporelle (fig. 9). Pour tenter de comprendre son mécanisme, on doit observer toutes les longueurs d’onde simultanément, avec une bonne résolution temporelle et spatiale. Cela a été possible à partir de 1980 par la conjonction de mesures au sol en optique et en radioastronomie, et grâce au lancement d’un satellite de la N.A.S.A. (S.M.M.: Solar Maximum Mission) spécialement conçu pour l’étude des éruptions. Si le détail des processus ayant lieu dans l’éruption est encore mal connu, l’accord est général sur l’origine magnétique de l’énergie libérée pendant l’éruption. On pense souvent que les structures magnétiques de la région où l’éruption a lieu ont été déformées au cours de l’évolution de la région active, emmagasinant ainsi de l’énergie qui peut être libérée par retour du champ magnétique vers une configuration plus simple.

Cycle solaire

L’activité solaire n’est pas constante au cours du temps. On observe en moyenne la présence d’un grand nombre de centres actifs durant des périodes se répétant tous les onze ans. La montée de chaque cycle, qui dure quatre ans et demi, est nettement plus rapide que sa descente (six ans et demi). La périodicité est en réalité de vingt-deux ans: l’ordre des polarités des taches appartenant à un groupe bipolaire, qui reste, pour chaque hémisphère (Nord ou Sud) du Soleil, identique pendant onze ans, s’inverse au cycle suivant. L’étude de la position des taches indique par ailleurs que la latitude d’apparition des centres actifs, de 30 degrés environ au début du cycle de onze ans, décroît ensuite et n’est en moyenne que de l’ordre de 10 degrés en fin de cycle. Simultanément, les taches liées au cycle suivant commencent à apparaître à plus haute latitude.

L’activité solaire et le cycle sont liés à la régénération du champ magnétique à l’intérieur du Soleil, dans une région probablement localisée à l’interface entre la zone de transport radiatif et celle de transport convectif. Les courants électriques (l’intérieur du Soleil est conducteur) y produisent un effet dynamo auto-entretenu et oscillant avec une période de vingt-deux ans. Notons que la rotation différentielle (le Soleil, nous l’avons vu, ne tourne pas comme un solide) est un ingrédient important de ce phénomène.

4. Relations Soleil-Terre

Les effets de l’activité solaire sur la haute atmosphère terrestre et le proche environnement spatial sont aujourd’hui bien connus, même si la physique des processus complexes qui sont mis en jeu doit encore être approfondie. Ces effets sont particulièrement spectaculaires lors des grandes éruptions. Les vecteurs impliqués sont de trois sortes: le rayonnement électromagnétique, les particules ionisées et les perturbations dues au vent solaire. Les rayons X et ultraviolets parviennent au niveau de l’orbite terrestre huit minutes après un événement et perturbent l’hémisphère éclairé de la Terre; ils modifient, en particulier, l’état d’ionisation de l’ionosphère et troublent les télécommunications radioélectriques. Les protons solaires, qui se propagent à une vitesse dix fois moindre que celle de la lumière, atteignent la Terre une heure environ après l’éruption. Comme ils emplissent tout le milieu interplanétaire, leur présence reste notable durant plusieurs jours. Ils peuvent créer des anomalies dans le fonctionnement du matériel embarqué à bord des satellites (en particulier, celui des micro-ordinateurs) et éroder les panneaux solaires; des astronautes peuvent être soumis à une irradiation dangereuse sur une orbite passant à hautes latitudes (ou lors d’un voyage vers la Lune ou vers Mars). Enfin, les perturbations dues au vent solaire, et en particulier les ondes de choc interplanétaires, arrivent en moyenne deux jours après l’éruption et déclenchent des orages géomagnétiques dont les aurores polaires sont la manifestation visible. Le champ magnétique terrestre perturbé peut avoir au sol des conséquences importantes (et coûteuses) sur la distribution du courant électrique, le fonctionnement des réseaux téléphoniques et informatiques et entraîner une érosion des pipelines.

Selon les théories actuelles, les variations des paramètres de l’orbite et de l’inclinaison de l’axe de rotation terrestres sont à l’origine des grandes glaciations que la Terre a connues. En revanche, un éventuel effet de l’activité solaire, sans être totalement écarté, n’est toujours pas démontré. Un apport essentiel à cette question provient des mesures de la «constante solaire», c’est-à-dire du flux total d’énergie reçue du Soleil. Contrairement à ce qui se produit à certaines longueurs d’onde (domaines radio, ultraviolet ou X), ce flux varie très peu avec l’activité solaire: le satellite S.M.M. a mesuré entre le minimum et le maximum d’un cycle une variation moyenne de l’ordre de deux millièmes. Si les modèles globaux des interactions thermiques entre l’atmosphère, les océans et les continents deviennent suffisamment précis, on pourra estimer l’impact de cette variation, liée à l’activité solaire, sur le climat. Les mesures des radio-isotopes dans les carottes de glace prélevées par forage dans les régions polaires permettent d’analyser plus directement le climat et l’activité solaire au cours des derniers millénaires. Les résultats obtenus tendraient à montrer qu’il n’existe pas d’effet systématique de l’activité solaire sur le climat.

soleil [ sɔlɛj ] n. m.
• 1080; soleilz v. 980; lat. pop. °soliculus, class. sol
1Astre qui donne lumière et chaleur à la Terre, et rythme la vie à sa surface. Le disque du soleil. « Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement » (La Rochefoucauld). La course du soleil. Le soleil se lève. 1. aube, aurore, matin. Le lever du soleil. Soleil levant. levant , orient. Se lever avec le soleil, de bon matin. — Soleil au zénith (à l'équateur). Le soleil se couche. « voir tous les soirs le soleil, cette joie du monde et ce père de toute vie, sombrer, s'abîmer dans les flots » (Michelet). Soleil couchant. couchant, occident. Le coucher du soleil. Un coucher de soleil. Un rayon de soleil. La lumière du soleil. jour. Le soleil luit. PROV. Le soleil brille pour tout le monde : il est certains avantages dont tout le monde peut profiter. Loc. Sous le soleil : sur la terre (cf. Sous le ciel). Rien de nouveau sous le soleil. Le soleil de minuit, dans les régions polaires. « Mais c'était surtout la nuit blanche du solstice d'été qui l'attirait, ce soleil de minuit éclairant gaiement des villes assoupies et silencieuses » (Tournier). Poét. « Le soleil noir de la Mélancolie » (Nerval). « Les soleils mouillés » (Baudelaire).
Cet astre, considéré comme un personnage divin, objet d'un culte. Amon-Râ, Apollon, dieux du Soleil. Le char, les chevaux du Soleil.
2(XIIe) Lumière de cet astre; temps ensoleillé. Le soleil donne dans la pièce. Soleil pâle, voilé. Soleil de plomb. « Par les beaux jours d'été, quand un lourd soleil brûle les rues » (Zola). Un beau soleil. Soleil éclatant, éblouissant, radieux. Il fait soleil, du soleil, beau temps ( ensoleillement) . Les pays du soleil, ceux où il fait souvent un temps ensoleillé.
Rayons, rayonnement du soleil (opposé à ombre). Herbe desséchée par le soleil. Loc. Fondre comme neige au soleil : disparaître rapidement et totalement. — Couleur qui passe au soleil. Déjeuner de soleil. Le soleil chauffe, tape. région. cagnard. Se protéger du soleil ( brise-soleil, ombrelle, parasol, pare-soleil) . Lunettes, chapeau de soleil. S'exposer au soleil pour brunir, bronzer ( hâle) . « Ève adorait le soleil et le soleil a doré Ève » (Prévert). — BAIN DE SOLEIL : vx héliothérapie; mod. exposition au soleil pour bronzer. Prendre un bain de soleil ( bronzette) . Appos. Robe bain de soleil : robe d'été qui laisse les bras et le dos nus. — COUP DE SOLEIL : insolation, ou légère brûlure causée par le soleil. ⇒ actinite, érythème (solaire), lucite.
Lieu exposé aux rayons du soleil. S'asseoir au soleil, chercher le soleil. En plein soleil. Loc. Une place au soleil : une place en vue, une situation où l'on profite de certains avantages. Avoir des biens au soleil, des propriétés immobilières. « J'ai rien au soleil. Et le camion, il est même pas à moi. Alors je peux toujours partir » (Duras). Allus. hist. Ôte-toi de mon soleil, réponse de Diogène à Alexandre lui demandant ce qu'il désirait.
3Astron. Le Soleil : astre producteur et émetteur d'énergie, étoile moyenne du type jaune (rayon valant environ 109 fois celui de la Terre, masse valant 330 000 fois celle de la Terre), masse gazeuse à peu près sphérique, autour de laquelle gravitent, sur des orbites elliptiques, plusieurs planètes parmi lesquelles se trouve la Terre ( solaire; héli[o]-) . « Le Soleil ne remonte pas à plus de 5 trillions d'années, quelle qu'ait pu être sa masse initiale » (P. Couderc). Température de radiation (5 870 °C), densité moyenne (1,4) du Soleil. « J'ai vu, grâce au coronographe, jaillir de la couronne du Soleil, de la surface extérieure, les grandes gerbes des éruptions solaires » (Cl. Roy). Granulation de la surface du Soleil (photosphère). Énergie émise par le Soleil : lumière, rayonnement solaire. Spectre ultraviolet du Soleil. Photographie, spectroscopie, radioastronomie du Soleil ( héliomètre, héliostat) . Mouvement apparent du Soleil. écliptique, équinoxe, solstice. Éclipse de Soleil.
Par anal. Un soleil : un astre au centre d'un système.
4(XVe) Par métaph. et fig. Tout ce qui brille, répand son influence bienfaisante comme le soleil. Spécialt Puissance royale. Le Roi-Soleil : Louis XIV.
Un rayon de soleil : personne, chose qui console, réjouit. Elle est mon rayon de soleil.
5Image traditionnelle du soleil, cercle d'où partent de nombreux rayons divergents. Le soleil, emblème de Louis XIV.
Cout. Plissé soleil, à plis divergents (cf. En éventail).
6Pièce d'artifice, cercle monté sur pivot, garni de fusées qui le font tourner en lançant leurs feux.
7(1882) Tour acrobatique d'une personne autour d'un axe horizontal. Faire le grand soleil à la barre fixe. « Je tournais en soleil autour de la barre » (Maurois). Automobile qui fait un soleil.
8(1640) Fleur du tournesol.
⊗ CONTR. 1. Ombre.

soleil nom masculin (latin populaire soliculus, du latin classique sol, solis) Étoile autour de laquelle gravite la Terre. (Dans ce sens, s'écrit avec une majuscule.) Étoile quelconque. Lumière, rayonnement, chaleur du Soleil : Cette pièce manque de soleil. Lieu exposé aux rayons du Soleil : Se mettre en plein soleil. Littéraire. Symbole de ce qui brille, de la bienfaisance ou du pouvoir éclatant, de l'influence rayonnante. Botanique Autre nom du tournesol. Héraldique Figure héraldique formée d'un disque d'or entouré généralement de seize rayons et présentant des traits humains. Liturgie Ostensoir dont la partie supérieure s'irradie en forme de soleil. Pyrotechnie Artifice constitué par des lances fixées sur une roue qui tourne dans un plan vertical. Sports En gymnastique, à la barre fixe, rotation arrière complète, mains en pronation. ● soleil (citations) nom masculin (latin populaire soliculus, du latin classique sol, solis) Théodore Agrippa d'Aubigné près de Pons, Saintonge, 1552-Genève 1630 Et le soleil voyant le spectacle nouveau À regret éleva son pâle front des ondes, Transi de se mirer en nos larmes profondes. Les Tragiques Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 La gloire est le soleil des morts. La Recherche de l'absolu Henri Barbusse Asnières 1873-Moscou 1935 On ne peut pas plus regarder face à face la destinée que le soleil et pourtant elle est grise. L'Enfer Librairie Mondiale René Crevel Paris 1900-Paris 1935 Croyez-vous que les endives qui blanchissent dans les caves aiment à se rappeler le soleil ? Babylone Seghers René Daumal Boulzicourt, Ardennes, 1908-Paris 1944 Si le soleil ne s'éteint pas sur mes États, c'est que mon règne est d'un seul jour. Le Contre-ciel Gallimard Xavier Forneret Beaune 1809-Beaune 1884 Quand le soleil est pâle, il regarde les tombes. Sans titre, par un homme noir, blanc de visage Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 La terre est au soleil ce que l'homme est à l'ange. Les Contemplations, Explication, III, 12 Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Un affreux soleil noir d'où rayonne la Nuit. Les Contemplations, Ce que dit la bouche d'ombre, VI, 26 Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Le vieillard regardait le soleil qui se couche ; Le soleil regardait le vieillard qui se meurt. Les Quatre Vents de l'esprit Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 La vérité est comme le soleil. Elle fait tout voir et ne se laisse pas regarder. Tas de pierres Éditions Milieu du monde Marcel Jouhandeau Guéret 1888-Rueil-Malmaison 1979 Aimer, c'est n'avoir plus droit au soleil de tout le monde. On a le sien. Algèbre des valeurs morales Gallimard Jules Laforgue Montevideo 1860-Paris 1887 Ô convoi solennel des soleils magnifiques, Nouez et dénouez vos vastes masses d'or, Doucement, tristement, sur de graves musiques, Menez le deuil très lent de votre sœur qui dort. Poèmes posthumes, Marche funèbre pour la mort de la Terre Alphonse de Prât de Lamartine Mâcon 1790-Paris 1869 Qu'importe le soleil ? Je n'attends rien des jours. Premières Méditations poétiques, l'Isolement Alphonse de Prât de Lamartine Mâcon 1790-Paris 1869 Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts. Premières Méditations poétiques, l'Isolement Félicité de La Mennais Saint-Malo 1782-Paris 1854 L'homme est ainsi fait : la lumière du soleil le laisse dans l'obscurité ; il ne discerne rien qu'à la lueur des feux qui consument, qui dévastent. Lettre au comte de Senfft, 13 juillet 1830 François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement. Maximes Guy de Maupassant château de Miromesnil, Tourville-sur-Arques, 1850-Paris 1893 L'homme qui aime normalement sous le soleil, adore frénétiquement sous la lune. Sur l'eau Jules Michelet Paris 1798-Hyères 1874 Le soleil de l'homme, c'est l'homme. Journal, 18 avril 1854 Gallimard Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz, dit O. V. de L. Milosz Tchereïa, Lituanie, 1877-Fontainebleau 1939 Et la clef de soleil est sous ma main […]. Poèmes, Talita Cumi Fourcade Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval Paris 1808-Paris 1855 L'amour constant ressemble à la fleur du soleil, Qui rend à son déclin, le soir, le même hommage Dont elle a, le matin, salué son réveil ! Poésies diverses, Mélodie Charles Perrault Paris 1628-Paris 1703 « Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? » Et la sœur Anne lui répondait : « Je ne vois rien que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie. » Barbe-Bleue Henri Petit 1900-1978 Il n'y a qu'un soleil : ne divise pas ton cœur. Ordonne ton amour Jacques Prévert Neuilly-sur-Seine 1900-Omonville-la-Petite, Manche, 1977 Il faut […] être très poli avec la terre et avec le soleil. Histoires Gallimard Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 Soleil, je te viens voir pour la dernière fois. Phèdre, I, 3, Phèdre Edmond Rostand Marseille 1868-Paris 1918 Académie française, 1901 Ô Soleil ! Toi sans qui les choses Ne seraient que ce qu'elles sont. Chantecler, I, 2 Fasquelle Marie-René Alexis Saint-Leger Leger, dit, en diplomatie, Alexis Leger, et, en littérature Saint-John Perse Pointe-à-Pitre 1887-Giens, Var, 1975 Et le soleil n'est point nommé, mais sa puissance est parmi nous. Anabase Gallimard Jean-Paul Sartre Paris 1905-Paris 1980 Il faut un double soleil pour éclairer le fond de la bêtise humaine. Nekrassov Gallimard Pierre Teilhard de Chardin Sarcenat, Puy-de-Dôme, 1881-New York 1955 Le soleil se lève en avant. La Vision du passé Le Seuil Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Ah ! le soleil… Quelle ombre de tortue Pour l'âme, Achille immobile à grands pas ! Charmes, le Cimetière marin Gallimard Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Soleil, soleil !… Faute éclatante ! Charmes, Ébauche d'un serpent Gallimard Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Ô Soleil […] Feu vers qui se soulève une vierge de sang Sous les espèces d'or d'un sein reconnaissant ! La Jeune Parque Gallimard Héraclite d'Éphèse vers 550-vers 480 avant J.-C. Le soleil se renouvelle chaque jour. Il ne cesse pas d'être éternellement nouveau. Fragment, 6 (traduction Battistini) Alexandre III le Grand, roi de Macédoine Pella, Macédoine, 356 avant J.-C.-Babylone 323 Le soleil ne se couche pas sur mon empire. Commentaire Cette phrase que W. Scott applique à Napoléon et Schiller à Philippe II, fut prononcée par Alexandre le Grand. On la trouve dans Claude, Virgile et Tibulle, pour caractériser la grandeur de Rome, et aussi dans les Lettres familières de Howell (1623). Cette affirmation a aussi été attribuée à Charles Quint. Frédéric Mistral Maillane, Bouches-du-Rhône, 1830-Maillane, Bouches-du-Rhône, 1914 Le soleil me fait chanter. Lou soulèu me fai canta. Commentaire Cette devise accompagnait le blason poétique que Mistral s'était lui-même composé : une cigale d'or sur champ d'azur chantant sous un soleil, elle est faite de sept syllabes, chiffre de la sagesse (parce qu'il est la somme des chiffres symboliques de l'action : 4, et de la mystique : 3). Frédéric Mistral Maillane, Bouches-du-Rhône, 1830-Maillane, Bouches-du-Rhône, 1914 Gai lézard, bois ton soleil ! l'heure ne passe que trop vite, et demain il pleuvra peut-être. Gai lesèrt, bèu toun soulèu ! L'ouro passo que trop lèu, E deman plòura bèlèu. Inscription pour le cadran solaire de sa maison à Maillane Commentaire En raison de cette inscription, la maison est dénommée oustau dóu lesèrt (maison du lézard). ● soleil (difficultés) nom masculin (latin populaire soliculus, du latin classique sol, solis) Orthographe Avec ou sans majuscule, selon le sens. 1. Le soleil (= le disque lumineux de l'astre ; sa lumière, sa chaleur, son rayonnement) s'écrit avec une minuscule : rien de nouveau sous le soleil ; le soleil est bas sur l'horizon ; un coup de soleil. Le Soleil (= l'étoile autour de laquelle tourne la Terre) s'écrit avec une majuscule : la lumière du Soleil met environ huit minutes à nous parvenir. - On écrit également avec une majuscule : le Roi-Soleil (= Louis XIV) ; l'empire du Soleil levant (= le Japon). 2. Un soleil (= une étoile quelconque) s'écrit avec une minuscule : notre Galaxie contient des milliards de soleils. Emploi Faire du soleil, faire soleil. Les deux expressions s'emploient pour signifier que le soleil brille, qu'il n'est caché par aucun nuage :il fait du soleil ; il fait soleil, il fait grand soleil. ● soleil (expressions) nom masculin (latin populaire soliculus, du latin classique sol, solis) Avoir des biens au soleil, avoir des propriétés immobilières, du terrain. Avoir sa place au soleil, occuper une position sociale enviable. Coup de soleil, synonyme de érythème solaire. Soleil d'eau, soleil pâle, blafard, qui passe pour annoncer la pluie. Sous le soleil, sur terre, dans notre monde. Plissé soleil, plissé en éventail dans un tissu en biais. Danse du Soleil, cérémonie religieuse caractéristique de la culture des Indiens des Plaines, qui était destinée à attirer sur le groupe ou sur un individu les bienfaits de Wakan Tauka.

soleil
l'étoile de la Galaxie autour de laquelle la Terre gravite, ainsi que d'autres planètes, l'ensemble formant le système solaire. Le Soleil, situé dans le plan galactique, à environ 28 000 années de lumière du centre galactique, participe au mouvement de rotation de la Galaxie (au niveau du Soleil, une révolution complète dure environ 250 millions d'années). Par rapport à l'ensemble des étoiles proches, le Soleil est animé d'un mouvement propre de 20 km/s qui l'entraîne vers un point (l'apex) situé dans la constellation d'Hercule. Le Soleil est une boule de gaz (masse 1,989.10 30 kg) dont la période de rotation est plus petite à l'équateur (25 jours) qu'aux pôles (37 jours). La plus profonde couche visible est la photosphère (épaisseur 300 km, rayon 696 000 km, température moyenne 5 770 K). Au-delà, on rencontre la chromosphère (épaisseur 8 000 km) puis la couronne, chauffée à environ un million de K, qui s'étend à plus de 10 rayons s de la photosphère. Les taches solaires sont les manifestations les plus connues de l'activité du Soleil; leur nombre et leur situation à la surface du Soleil varient suivant un cycle d'une durée moyenne de 11 ans. La puissance rayonnée par le Soleil (3,83.10 26 W) provient de la réaction thermonucléaire de fusion de 4 atomes d'hydrogène (donc de 4 protons) qui forment un atome d'hélium (élément dont le noyau comporte 4 protons); ce cycle proton-proton se déroule au coeur du Soleil, où la température atteint 15 millions de K.
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soleil
n. m.
d1./d Le Soleil: l'astre qui produit la lumière du jour. La distance de la Terre au Soleil. (V. Soleil.)
|| Par ext. Un soleil: un astre rayonnant d'une lumière propre, au centre d'un système.
d2./d Le disque lumineux du Soleil, l'aspect de cet astre pour un observateur terrestre. Le soleil se lève à l'est et se couche à l'ouest.
Le soleil de minuit: le Soleil, visible à l'horizon vers minuit, l'été, dans les régions polaires.
d3./d Rayonnement, chaleur, lumière du Soleil. Il fait soleil, du soleil, (Québec) beau soleil. Se protéger du soleil. S'exposer au soleil. Syn. (France rég.) cagnard et souléou.
Coup de soleil: brûlure causée par les rayons du soleil.
|| Loc. Une place au soleil: une place en vue, une bonne situation.
Il n'y a rien de nouveau sous le soleil: tout est un perpétuel recommencement.
Le soleil luit, brille pour tout le monde: il est des avantages dont tout le monde peut jouir.
d4./d Cercle entouré de rayons divergents, représentant le soleil.
d5./d Grande fleur à pétales jaune d'or, appelée aussi hélianthe. Syn. tournesol.
d6./d SPORT Grand tour exécuté le corps droit et les bras tendus, à la barre fixe.

⇒SOLEIL, subst. masc.
I. — Au sing. [Précédé de l'art. déf.]
A. — 1. Astre dont le rayonnement produit la lumière du jour et réchauffe la terre. Le soir venait. Le globe rouge du soleil entra dans la mer de l'Ouest (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 267). V. disque ex. 3:
1. ... le soleil montait à l'horizon. Il colorait d'un reflet jaune la rivière (...) arrivé au zénith, il semblait dévorer la terre. (...) dans des flocons de feu et de pourpre, il se couchait.
KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 165.
SYNT. Éclat, lumière, rayons du soleil; coucher, cours, course, déclin, lever du soleil; se lever avant/avec le soleil; le soleil apparaît, baisse, décline, monte à l'horizon, surgit; le soleil est (déjà/encore) haut dans le ciel; le soleil darde ses rayons, se cache, se couche, se lève, s'obscurcit, se voile.
Soleil bas. V. bas1 I A 3 b. Soleil couchant. V. couchant II A 2 a et b. Soleil levant. V. levant II.
Littér. Soleil de la nuit. Lune. Une vaste pierre tombale que pâlissait le soleil de la nuit (JAMMES, Robinsons, 1925, p. 66). Soleil des loups. V. loup I A.
Spécialement
ETHNOL. [Parfois avec une majuscule] Danse du soleil. Cérémonie religieuse en usage dans certaines tribus d'Indiens de l'Amérique du Nord, comprenant notamment une danse que les participants exécutent en fixant le soleil. Les Crow du Montana célèbrent leur Danse du Soleil dans un énorme bâtiment dont la forme est celle de leurs tentes coniques (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 110). Les traditions d'Indiens des Plaines racontent (...) que l'aigle, les hiboux et les canards (...) le tonnerre (...) apprirent aux hommes à exécuter le grand rituel dit « danse du Soleil » (La Gde encyclop., Paris, Larousse, t. 30, 1974, p. 6253).
GÉOGR. Soleil de minuit. Phénomène observable au-delà du cercle polaire lorsque, à l'approche du solstice d'été, le soleil reste visible à toute heure au-dessus de l'horizon. [Au pôle] Le Soleil (...), lorsqu'il est visible, reste jour et nuit au-dessus de l'horizon (soleil de minuit) pendant six mois (Sc. et Vie, n ° hors-série, L'Astronomie, 1949, p. 19). Quand, par chance, le ciel est dégagé, le cap Nord est un site enchanteur et naturellement le point le mieux situé pour observer le soleil de minuit (J.-Cl. BERRIER, Chr. COLONNA, Aventures en Laponie, 1980, p. 116).
HIST. Soleil d'Austerlitz. Soleil qui se leva à l'aube du 2 décembre 1805, jour de la victoire de Napoléon Ier sur les Austro-Russes à Austerlitz. Les torches joyeuses, le resplendissant soleil d'Austerlitz éblouissent encore comme les contemporains en ont été éblouis (J. BAINVILLE, Napoléon, 1967 [1931], p. 223).
PEINT. Coucher de soleil. V. coucher2 B.
a) Locutions
Loc. adj. (Couleur) de soleil, couleur du soleil. Loc. adj. ou nom. Couleur/jaune soleil. (D'un) jaune intense et lumineux. Chevelure de soleil; tissu couleur soleil. Son poil est plus que blond: il est couleur de soleil, c'est-à-dire plus lumière que couleur (GIONO, Eau vive, 1943, p. 142). On croyait avoir sur les yeux des lunettes en verres de couleur, jaune soleil, rouge sang, tout ce qu'il y avait de plus chaud (GENEVOIX, Assassin, 1948, p. 147). V. couleur ex. 2, jaune ex. 3, pêche1 A 2 b ex. de Zola.
Loc. adv., vieilli. Entre deux soleils. Entre le lever et le coucher du soleil. Le ciron (...) naît et meurt entre deux soleils (DUSAULX, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 273).
Loc. verb., au fig., vieilli
Plais. Faire honneur au soleil. Se lever tard, faire la grasse matinée. (Dict. XIXe s.).
Pisser contre le soleil.
b) Expressions
Vieilli. Le soleil se couche/se lève bien ou mal. Les conditions dans lesquelles le soleil se couche/se lève annoncent un bon ou un mauvais temps. (Ds Ac., dict. XIXe s.).
HIST. [P. réf. à la phrase attribuée à Charles Quint: Le soleil ne se couche jamais sur mon empire] L'empire sur lequel le soleil ne se couche jamais/pas. [Charles Quint] renonce avant sa mort à « l'empire sur lequel le soleil ne se couche pas » (La Gde encyclop., Paris, Larousse, t. 13, 1972, p. 2609). [La reine Victoria] aura bien mérité la gloire, au terme du plus long règne de l'Histoire britannique durant lequel s'est étendu un empire où, selon la formule célèbre, jamais le soleil ne se couchait (Le Monde, 3-4 juill. 1988, p. 2, col. 3).
c) Proverbe. Le soleil brille/luit pour tout le monde. V. luire A et briller2 ex. 3.
2. MYTH. ou poét. [Parfois avec une majuscule] L'astre diurne représenté sous les traits du dieu Apollon parcourant quotidiennement le ciel sur un char traîné par quatre chevaux. Vers les sommets tachés d'écumes de lumière Où piaffent, tout fumants, les chevaux du soleil (SAMAIN, Chariot, 1900, p. 191). Les chevaux qui traînent le char du Soleil, les taureaux qui traînent celui de la Lune (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 569).
[Dans l'Égypte antique] Dieu(-)soleil. Les rois de la Ve dynastie firent la fortune du dieu-soleil, Ré, qu'ils introduisirent dans le cercle des divinités tutélaires de la royauté (J. MONNET, L'Égypte, Paris, Nathan, 1963, p. 35). V. dieu 1re Section I A 1 ex. de Encyclop. univ. t. 14 1972.
B. — Spéc. [Parfois avec une majuscule]
1. ASTRON. Étoile naine située sur le plan médian de la Galaxie, formée d'une masse quasi-sphérique de gaz incandescent libérant de l'énergie dans le milieu interplanétaire, et qui constitue l'astre central du système planétaire dont fait partie la Terre. De la constitution de notre système planétaire, résulte une subordination bien marquée des planètes au soleil et des satellites à leurs planètes principales (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 30). Le Soleil est à 150 millions de kilomètres de la Terre (H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 165). V. apogée ex. 1, coronal ex. de Schatzman et ex. 2, mouvement I A 2 b ex. de Decaux et ex. 3.
SYNT. Densité, diamètre, rotation du soleil; température de radiation du soleil; facules, parties, protubérances, taches du soleil; éclipse du soleil; radioastronomie, spectroscopie du soleil; attraction entre le soleil et les planètes; énergie émise par le soleil; soleil à son périgée, au zénith.
ASTROPHYS., MÉTÉOR. Faux soleil. Synon. de parhélie. Des concentrations de lumière, ou faux soleils (GDEL, s.v. parhélie).
P. anal. Étoile autour de laquelle gravitent d'autres astres. Avant l'époque où le premier regard humain terrestre s'éleva vers le soleil (...) l'univers existait (...). Il y avait déjà d'autres planètes habitées, d'autres soleils brillant dans l'espace (FLAMMARION, Astron. pop., 1880, p. 205).
2. ASTROL. Symbole de la force vitale, qui a prérogative dans l'hémisphère zodiacal du Lion au Capricorne (d'apr. GDEL). [Les sages] peuvent dire le domicile des planètes au moment même de la création du monde. (...) La Lune était dans le signe du Cancer, le Soleil dans le Lion (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 308). Le Soleil se trouve dans le signe du Scorpion à la saison où les feuilles tombent et commencent à pourrir (Divin. 1964, p. 200).
II. — P. méton. (de supra I A 1)
A. — Au sing. [Gén. précédé de l'art. déf.]
1. Lumière, chaleur du soleil; p. méton., endroit ou temps ensoleillé. Dans les rectangles de soleil qui des fenêtres tombaient sur le carreau, on voyait danser des poussières (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 340). V. effet1 B 2 a ex. de Bernanos, empourprer A ex. de Gide, hâler ex. 1, herbe B 1 ex. de Jouve, mûrir A 2 ex. de Pesquidoux:
2. ... le soleil tombait d'aplomb sur la devanture, le trottoir renvoyait une réverbération ardente (...) et ce coup de lumière (...) mettait au-dessus de l'établi un jour aveuglant, comme une poussière de soleil...
ZOLA, Assommoir, 1877, p. 503.
SYNT. Le soleil tape; le soleil dore qqc.; le soleil joue dans les feuillages; le soleil pénètre dans une pièce; chercher/rechercher, prendre le soleil; jouir du soleil; en plein soleil; baisers, brûlures, caresses, effets du soleil; herbe grillée, roussie par le soleil.
En partic. Le (un/ce) soleil + déterm.
♦ [Le déterm. qualifie les apparences ou les effets du soleil] Soleil accablant, écrasant, frileux; soleil oblique, perpendiculaire; chaud, froid soleil; profiter d'un beau soleil. Hiver. Ce soleil glacé dont on ne peut jouir que derrière la fenêtre (RENARD, Journal, 1910, p. 563). De l'aube à la nuit le soleil brutal rôtit la terre (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 66). V. dorer B 2 c ex. de Zola, jouer II ex. 39, mouillé II A 2 ex. 2.
Vieilli. Soleil d'eau. Soleil blafard annonçant la pluie. Un climat parfaitement défini par la vieille devise des seigneurs du lieu, les Soledot: « Luis, mon soleil d'eau! » (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 15).
Soleil de plomb.
♦ [Le déterm. désigne un lieu ou une période] Soleil propre à un lieu, une période. Soleil automnal, hivernal, printanier; soleil matinal; soleil africain, tropical; soleil d'été, de printemps; soleil de mai; soleil des pays méditerranéens. C'était Marseille, Nice, Antibes, un soleil espagnol, une vie italienne! (BOREL, Champavert, 1833, p. 183). Sur cette solitude parfaite, brillait un soleil de décembre, clair et glacial (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 71). V. paille I A 4 a ex. de Duhamel. Au fig. Soleil de janvier.
2. Loc. et expr.
a) Loc. adj. et/ou adv.
) Au soleil. (Exposé) à la lumière du soleil; (situé) dans un endroit, un pays ensoleillé. Banc au soleil; s'asseoir, se chauffer, se hâler au soleil; étoffe qui passe au soleil. Je caresse le rêve suivant: aller vivre au soleil dans un pays tranquille (FLAUB., Corresp., 1871, p. 203). On grelotte sitôt que le soleil vous quitte, et, au soleil, on a trop chaud (GIDE, Journal, 1943, p. 192).
Au fig.
Place au soleil. Place en vue, situation. Désirer, obtenir, rechercher, refuser, se faire, viser une/sa place au soleil. La famille des Lourdines (...) avait du bien. Malheureusement, par la faute de son chef actuel, elle commençait à perdre de sa place au soleil (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 9). « Ma petite, si tu veux, un jour, avoir aussi ta place au soleil (...) il faudra te débrouiller toute seule! » Et je me suis débrouillée! La place au soleil, elle n'est pas encore très grande, mais patience, ça viendra (BOURDET, Sexe faible, 1931, II, p. 397). Se faire une place au soleil. Synon. de se pousser au premier rang. V. pousser I D 1.
Avoir du bien/des (de bons) biens au soleil. Avoir des biens immobiliers. Le petit industriel-exploitant est resté proche du paysan, par son origine, par son amour du « bien au soleil » (E. SCHNEIDER, Charbon, 1945, p. 128). La propriété foncière jouit d'un très grand prestige aux yeux du paysan et la considération que l'on accorde à son voisin est à la mesure des biens qu'il a au soleil (MENON, LECOTTÉ, Vill. Fr., 1, 1954, p. 20).
Fondre comme neige au soleil. V. neige I A.
) De soleil
Synon. de ensoleillé.
♦ [En parlant d'un lieu, d'un pays] Région de soleil. Je lis le voyage d'un voltairien en Orient. C'est affreux. Oh, la vilaine chose que l'esprit dans un pays de soleil! (GONCOURT, Journal, 1864, p. 41).
♦ [En parlant d'une période] Jour de soleil. Un après-midi de soleil que les hommes pêchaient au large (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 166).
[En parlant d'un accessoire vestimentaire] Destiné à protéger du soleil. Chapeau de soleil. De bonnes lunettes de soleil doivent donc filtrer de manière sélective: laisser passer la lumière nécessaire à la vision, mais absorber les rayons solaires dangereux (Le Particulier pratique, juin 1988, p. 48, col. 2).
Synon. de héliothérapique. V. ce mot rem. s.v. héliothérapie ex. de QUILLET Méd. 1965.
) Sans soleil
[En parlant d'un lieu] Qui n'est pas exposé au soleil; qui ne bénéficie pas d'un climat ensoleillé. Anton. ensoleillé. La fuite en Italie, en Sicile, aux pays du soleil, dont il a rêvé, pendant un temps, — même la fuite à Londres, aux pays sans soleil (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 59).
En partic. [En parlant d'un lieu clos] Où le soleil n'entre pas. Synon. sombre. La maison de Saumur, maison sans soleil, sans chaleur, sans cesse ombragée (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 256).
[En parlant d'une période] Durant laquelle le soleil ne brille pas. Anton. ensoleillé. Une de ces matinées pâles et sans soleil, mais calmes et de bon augure, qui annoncent une soirée paisible (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 63).
) Sous le soleil. Sur terre, ici-bas. Synon. sous le ciel, sous les cieux. L'abus de la force sous le manteau de la justice, cela s'est vu sous le soleil (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 48). V. louage ex. 4.
Proverbe. [P. réf. à Eccl. I, 9-10] (Il n'y a) rien de nouveau sous le soleil; rien n'est nouveau sous le soleil. Tout est sur terre un perpétuel recommencement. Rien n'est nouveau sous le soleil, dit un ancien proverbe. On peut plutôt dire: rien de ce qui réussit n'est entièrement nouveau (FLAMMARION, Astron. pop., 1880, p. 430).
b) Loc. nom.
) Bain de soleil. Synon. de héliothérapie. Pratiqué suivant des indications médicales précises, le bain de soleil (ou héliothérapie) constitue la meilleure application de rayons ultra-violets (GDEL, s.v. bain).
P. ext. Exposition au soleil (sans visées thérapeutiques). Il a même construit un solarium sur la terrasse de l'habitation, pour que Ljubica puisse prendre des bains de soleil (L'Est Républicain, 18 mars 1988, p. 114, col. 1).
P. méton. Bain(-)de(-)soleil. Corsage qui laisse les épaules et le dos nus. Le bain de soleil: bretelles croisées et boutonnées au dos (Catal. La Redoute, printemps-été 1988, p. 286). En appos. à valeur adj. Robe bain(-)de(-)soleil. Robe d'été qui laisse les épaules et le dos nus. Les rayures diagonales font l'élégance de cette robe bain-de-soleil (Catal. La Redoute, printemps-été 1988, p. 141).
) Coup de soleil. V. coup A 2 syntagmes.
P. anal.
Fam., vieilli. Léger accès d'ivresse. Toujours un peu ivre (...) il voyait l'existence au travers du coup de soleil qu'il avait dans la tête (GONCOURT, G. Lacerteux, 1864, p. 204).
Coup de soleil, p. ell., soleil. Rougeur qui monte au visage. Sa figure présenta cet effet que les gens du peuple nomment ingénieusement un coup de soleil (BALZAC, U. Mirouët, 1841, p. 10). Loc. verb. Piquer un (coup de) soleil. PATHOL. Coup de soleil électrique. État morbide parfois provoqué par la lumière de l'arc voltaïque, pendant la soudure électrique des métaux. (Ds Lar. 20e-Lexis 1975). SYLVIC. Coup de soleil hivernal. ,,Blessure localisée de l'écorce et du cambium, pouvant provoquer des chancres, causée par le gel aussitôt après un ensoleillement excessif hors saison`` (MÉTRO 1975).
) Au fig. Déjeuner de soleil. V. déjeuner2 A 2.
) Pays du soleil. Pays bénéficiant d'un climat ensoleillé, pays chaud. Avant de partir pour les pays du soleil, qu'avait publié Nerval? Des pièces de théâtre (DURRY, Nerval, 1956, p. 72).
) Rayon de soleil. V. rayon1 A 1.
c) Loc. verb.
) Vieilli. Partager le soleil entre des personnes. Placer les adversaires d'un combat singulier de telle sorte qu'aucune des deux parties ne soit gênée par le soleil. Les juges du camp partageaient le soleil entre les combattants (RAYMOND 1832).
) Empl. impers. Il fait (du) soleil. Il fait beau, le temps est ensoleillé. Demain il fera du soleil (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 224). Vieilles cherchant du pissenlit. Comme il fait soleil, sur leur tête elles ont mis un journal (RENARD, Journal, 1901, p. 650). Il fait grand soleil. Il fait un temps superbe. Le lendemain tout était clair et rose, il faisait grand soleil (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 236). Il fait trop (un peu etc.) de soleil. Le temps est trop (un peu etc.) ensoleillé. Il a fait aujourd'hui un peu de soleil (HUGO, Corresp., 1865, p. 489). Il n'y a pas de soleil. Le temps est couvert. Il n'y a pas de soleil, mais il ne pleut pas (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 141).
d) Expr. fam. [P. réf. à la phrase de Diogène pour éconduire Alexandre] Ôte-toi de mon soleil. Ôte-toi de là, tu me gênes. Comme Diogène disait à Alexandre: Ôte-toi de mon soleil (JANIN, Âne mort, 1829, p. 11).
B. — Vieilli ou littér.
1. Jour. Mes jours déclinent comme l'ombre; je voudrois les précipiter. Ô mon Dieu! Retranchez le nombre des soleils que je dois compter! (LAMART., Médit., 1820, p. 258). Chaque soleil rapproche de la mort (MARAN, Batouala, 1921, p. 85).
D'un soleil à l'autre. D'un jour à l'autre. Tes domaines, dont un gypaète volant à tire-d'aile ferait à peine le tour d'un soleil à l'autre (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 202).
2. Année. C'était celle [la tombe] d'Hombert, d'un mortel respecté, Qui, depuis neuf soleils, en ce lieu fut porté (FONTANES, Œuvres, t. 1, Odes et poèmes, 1821, p. 40). Un siècle n'aurait pas autant mûri les destinées d'un peuple que les trois derniers soleils qui viennent de briller sur la France (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 663).
III. A. — 1. Représentation conventionnelle du soleil sous la forme d'un cercle, parfois à figure humaine, entouré de rayons divergents. Dessiner, graver un soleil. L'épée qu'elle tient de la dextre a son pommeau orné d'un soleil rayonnant (FULCANELLI, Demeures philosophales, t. 2, 1929, p. 195). Si beaucoup de pièces [de la manufacture de porcelaines et de faïences de Saint-Cloud] ne sont pas marquées, on rencontre parfois un soleil sur les pièces exécutées avant la mort de la veuve Chicaneau (G. FONTAINE, Céram. fr., 1965, p. 93).
HÉRALD. ,,Figure généralement représentée par un disque entouré de seize rayons`` (PAST. Hérald. 1979). [L'écu d'un Baron] porte, en bon croisé (...) Le soleil, besant d'or, sur la mer de sinople (HEREDIA, Trophées, 1893, p. 145).
NUMISM. Écu au soleil, écu soleil. Écu frappé d'un soleil. Écu à la couronne de Charles VI, écu au soleil de Louis XI (GDEL, s.v. écu).
2. P. anal. de forme (de supra I A 1)
a) Ornement en forme de soleil; objet décoratif représentant un soleil. Des (...) personnages couverts d'ordres, de croix, de crachats de diamant, de soleils en sautoir (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 120).
ORFÈVR. RELIG. Ostensoir en forme de soleil. Le prêtre (...) posa (...) son grand soleil d'or qui rayonnait (FLAUB., Cœur simple, 1877, p. 72). Jean Loque, « orfèvre du Clergé », qui renouvelle le trésor de Notre-Dame de Paris sous l'Empire (...) avec un soleil de 3 pieds de haut (GRANDJEAN, Orfèvr. XIXe s., 1962, p. 83).
b) Objet marqué d'un soleil.
JEUX, OCCULT. Carte du jeu de tarot, parfois utilisée à des fins divinatoires, sur laquelle est représenté un soleil. Au jeu de tarots, le soleil est un des vingt-deux atouts. (Il porte le numéro 19) (Lar. encyclop.). On se demande si le soleil du tarot ne signifie pas trop de choses pour en exprimer une quelconque (Symboles 1969).
PAPET. ET CART. Format de papier caractérisé par un filigrane en forme de soleil. Soleil ou petit colombier 58 x 80 (É. LECLERC, Nouv. manuel typogr., 1897, p. 286). En appos. Format soleil. (Ds ROB. et ROB. 1985).
3. a) Élément naturel ou objet qui présente des ressemblances avec certains aspects du soleil. La fenêtre, dont une vitre était raccommodée avec un soleil de papier bleu (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 105).
En partic. Synon. de hélianthe, tournesol. En Provence, pendant la floraison des « soleils », en juillet-août (COLETTE, Sido, 1929, p. 116).
Spéc. [P. réf. aux rayons du soleil]
COUT. Plissé soleil.
VÊT. Coiffe auréolée de dentelle portée dans le Pas-de-Calais. Le « soleil », le bonnet de dentelle blanche, en forme d'auréole, des « matelotes » du Boulonnais (Pays et gens de France, Paris, Larousse, Sélection du Reader's Digest, 1983, p. 20). Coiffe alsacienne de la région d'Obernai dont la calotte généralement dorée est entourée d'un large volant de dentelle empesée. Aux environs d'Obernai, la jeune femme mariée porte un magnifique « soleil » de larges dentelles raidies et tuyautées (M. DOERFLINGER, Les Costumes alsac., Colmar-Ingersheim, éd. Saep, t. 2, 1973, p. 31).
b) [P. réf. à l'éclat du soleil, éventuellement à sa couleur jaune]
CIN. ,,Lumière artificielle très vive, donnée au studio par les sunlights. Le projecteur lui-même`` (GIRAUD 1956). Hier, c'était la télévision canadienne (...) les araignées (...) ont dû fuir devant ces brusques soleils qui embrasaient toute la pièce (MAURIAC, Nouv. Bloc- Notes, 1959, p. 255). PYROTECHN. [P. réf. également à la rotation du soleil sur lui-même] Pièce d'artifice constituée d'une roue garnie de fusées que la mise à feu fait tourner dans un plan vertical; effet lumineux produit. Les soleils succédaient aux chandelles romaines, au milieu des détonations (MAUPASS., Mt-Oriol, 1887, p. 170). V. étoile II B 1 b ex. de Guéhenno, fusée ex. 2.
) Objet rond et brillant. Le plateau de cuivre jaune, pâle soleil de bazar (...) brillait seul contre le mur (L. DE VILMORIN, Lit à col., 1941, p. 89). Les coquillages à gueule rose, le soleil de la bassinoire (H. BAZIN, Mort pt cheval, 1949, p. 185).
) ALCHIM. Or. Les alchimistes donnaient le nom de Soleil à l'or (BOUILLET 1859).
c) [P. réf. à la rotation du soleil sur lui-même]
) GYMN., vieilli. (Grand) soleil. ,,Grand tour arrière à la barre fixe`` (Encyclop. des sports, Paris, Larousse, 1961). Il (...) s'amusait à faire le grand soleil à la barre fixe du pont, pour dérouiller ses muscles (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 40). V. lune A ex. de PETIOT 1982.
) P. ext., fam. Culbute d'une personne; p. anal., d'un véhicule. Le plus beau soleil! vous avez voyagé plus de quinze mètres en l'air! (J. DAUVEN, Bolide des glaces, 1944 ds PETIOT 1982).
Loc. verb. Faire, piquer un soleil
♦ [Le suj. désigne une pers.] Synon. de prendre/ramasser une bûche (v. bûche2). Entraîné par son élan, le flicard (...) se prit les pinceaux dans un tapis, fit un soleil digne d'un skieur alpin et s'effondra (J. HOUSSIN, Plus noir qu'un Dobermann, 1981, p. 150). En partic. [En parlant d'un cycliste] Synon. de faire panache.
♦ [Le suj. désigne un véhicule] Se retourner complètement. Synon. capoter, faire panache, faire un tonneau. Automobile qui capote, fait un soleil (ROB. 1985).
B. — P. anal. ou au fig., vieilli ou littér. [P. réf. à l'éclat du soleil et/ou à son influence sur la vie terrestre]
1. [À propos d'un inanimé abstr.]
a) Bonheur, joie. D'un avion, tombait une poignée de journaux français. On en recueillait un (...) et on avait quinze jours de soleil au cœur (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 203).
Soleil noir. Symbole des forces destructrices, de la souffrance, de la mort. Au moment où les nazis envahissent la Yougoslavie, un soleil noir se lève à Sarajevo: cette communauté [juive] (...) périra dans le feu et le sang (Le Monde, 9 déc. 1988, p. 23, col. 2). V. mélancolie ex. 5.
b) Soleil + adj. ou soleil de + subst. Ce qui éclaire (intellectuellement ou moralement). Synon. flambeau, lumière.
) [Avec un déterm. objectif] La notion du divin, ce soleil de l'intelligence humaine (L. DAUDET, Stup. XIXe s., 1922, p. 161).
) [Avec un déterm. subjectif] C'est sur l'horizon des sept collines que, durant tant de siècles, se levèrent les deux soleils: le soleil impérial, qui éclairait les routes de la vie; et le soleil de la papauté, qui illuminait le chemin du ciel (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 184).
2. [À propos d'une pers.]
a) [Le plus souvent précédé de l'art. déf.]
) Personne qui procure de la joie, du bonheur, qui illumine l'existence de son entourage. Synon. rayon de soleil (v. rayon1 A 1). Que Cosette soit le soleil pour Marius (...) que Marius soit l'univers pour Cosette (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 645). Le soleil, c'était Roumestan. Il ranimait le majestueux logis, chassait le deuil (A. DAUDET, N. Roumestan, 1881, p. 35).
) Personne qui possède des fonctions importantes, qui exerce le pouvoir et en particulier le pouvoir royal. Était-ce bien pour la seule gloire de Dieu (...) qu'il avait brigué, à l'archevêché, cette place près du soleil? (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 736). Loc. verb. Être (placé)/se tenir près du soleil. Vivre dans le voisinage d'un personnage puissant et en tirer bénéfice. Il fait bon être près du soleil (LITTRÉ). P. plaisant. La police impériale était trop ombrageuse, et j'étais, sous ce rapport, placé [ayant mon échoppe dans la cour de la Sainte-Chapelle] trop près du soleil pour n'être pas observé avec le plus grand soin (VIDOCQ, Mém., t. 4, 1828-29, p. 120).
HIST. Le Roi(-)Soleil. V. roi I A 2 a.
b) Synon. vieilli de astre (v. ce mot B 2 et 3).
) Personne resplendissante (physiquement, intellectuellement, etc.). Il y a un nouveau soleil (...) une célébrité qui occupe tout Paris, une femme qui remplit tous les courriers de Paris de sa beauté (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 192).
) Soleil de + subst. Personne resplendissante de (quelque chose). Cette femme est un soleil de beauté. Ce juge est un soleil d'équité, de justice (Ac. 1835, 1878). Ce soleil de gloire et de beauté [Victor Hugo] surgit des plus profondes ténèbres (BARRÈS, Maîtres, 1923, p. 257).
Le soleil de justice. Dieu. Pleure, famille humaine, commence par-là à dissiper la masse des iniquités qui te dérobent la vue du soleil de justice! (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p. 167).
REM. 1. Soli-lunaire, adj. Relatif à la fois au soleil et à la lune. La puissance végétale présente (...) treize harmonies (...). J'appelle la première soli-lunaire, parce que la lune influe sur elle conjointement avec le soleil (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 54). V. luni-solaire ex. de Bernardin de Saint-Pierre. 2. Soleillade, subst. fém., région. (Provence). Ensoleillement. Léonard Astier n'avait plus besoin de fermer ses persiennes devant la soleillade ardente de la cour (A. DAUDET, Immortel, 1888, p. 214). 3. Soleillé, -ée, adj. Synon. vieilli de ensoleillé. Endroit soleillé; chambre soleillée. Les rochers, bien soleillés à cette heure (MICHELET, Journal, 1845, p. 629). En partic. [En parlant d'un phénomène de condensation d'eau] Traversé de soleil. Une nappe de brume soleillée (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 83). 4. Soleillée, subst. fém., région., vieilli. Brève apparition du soleil par un temps couvert; rayon de soleil. Promenade par une pâle soleillée d'hiver (AMIEL, Journal, 1866, p. 57).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694 Étymol. et Hist. I. 1. a) Fin Xe s. li soleilz « astre lumineux qui est le centre du système planétaire dont la terre fait partie » (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 390); en partic. ca 1100 le soleill levant (Roland, éd. J. Bédier, 3098); 1155 soleil culchant (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 14189); b) 1391 entre deux solaux (Poeces justificatives, n ° 1465 ds G. ESPINAS, Vie urbaine de Douai, IV, 656); 1660 entre deux soleils (OUDIN Esp.-Fr.); c) ca 1450-65 soubz le soleil (CHARLES D'ORLÉANS, Rondeaux, LXXVIII, 11 ds Poés., éd. P. Champion, t. 2, p. 340); 2. ca 1150 « lumière, chaleur du soleil » (Le Conte de Floire et Blancheflor, éd. J. L. Leclanche, 2624); a) ca 1590 coup de soleil (MONTAIGNE, Essais, I, XXI, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 100); b) 1611 biens au soleil (COTGR.); c) av. 1761 ôte-toi de mon soleil (Marquise de POMPADOUR ds Lar. 19e); cf. 1829 (JANIN, Âne mort, p. 11); d) 1803 [une] place au soleil (CHATEAUBR., Génie, t. 2, p. 67); 3. a) ca 1450-65 fig. symbolise ce qui a un grand éclat, du prestige, etc. (CHARLES D'ORLÉANS, Ballades, XLV, 6 ds Poés., t. 1, p. 67); d'où expr. av. 1765 être ... près du soleil (CAYLUS, Œuvres badines, X, 15 [Guillaume]); b) 1557 « le soleil personnifié ou considéré comme un dieu » du Soleil les chevaux arrestez (O. DE MAGNY, Souspirs, p. 34 ds IGLF Moy. Âge); 4. a) 1629 poét. « jour, journée » (MAIRET, Solim., I, 1 ds LITTRÉ); b) 1690 « année » (FUR.); 5. 1686 [1687 éd.] « astre considéré comme le centre du système planétaire » (FONTENELLE, Entretien sur la pluralité des mondes, Premier soir, p. 13). II. 1. 1460-83 représentation symbolique du soleil escus au soleil « écu d'or frappé sous Louis XI, Charles VIII et François Ier avec un soleil au-dessus de la couronne » (JEAN DE ROYE, Chron. scandaleuse, éd. B. de Mandrot, t. 2, p. 128); 2. 1520 « ostensoir » (Les Orfèvres de Troyes du XIIe au XVIIIe s., Guillemin de Chevry [1519-25] ds Nouv. Arch. Art fr., 3e sér., t. 7, 1891, p. 334: le soleil par où pose la saincte hostie); 3. 1530 alchim. soleil sophistique « or » (Contred. de Songe cr., f. 19 ds LA CURNE); 1611 soleil (COTGR.); 4. 1600 bot. herbe au soleil « tournesol » (O. DE SERRES, Théâtre d'agric., VI, 12 ds HUG., s.v. herbe); 1640 soleil « id. » (OUDIN Ital.-Fr.); 5. 1690 hérald. (FUR.); 6. 1694 pyrotechn. soleil de feu (CORNEILLE); 1752 id. soleil (Trév.); 7. 1844 piquer un soleil, v. piquer étymol. II 2 f; 8. 1882 « figure exécutée à la barre fixe » (LAISNE, Dict. de gymnastique ds PETIOT 1982); 9. 1933 jeux de cartes (Lar. 20e). Du lat. pop. soliculus, élargissement du lat. class. sol, solis « soleil, lumière du soleil; le plein jour d'où la vie publique » et au fig. « un grand homme », cf. aussi l'a. prov. soleilh, solelh, XIIe s. (BERNARD DE VENTADOUR, Quan la fuelha ds RAYN.); le lat. sol subsiste dans la plupart des lang. rom.: ital. sole, esp., port. sol, cat. sol (FEW t. 12, p. 30a), a. prov. sol déb. XIIIe s. (PONZ DE CAPDUEIL, Hun ils e fis ds RAYN.) qui survit encore dans l'extrême sud-ouest (FEW, op. cit., p. 23b); cf. aussi l'a. fr. sol 1119 (PHILIPPE DE THAON, Comput, 553 ds T.-L. qui cite d'autres ex.) qui est un latinisme ou qui est dû à une infl. prov. (FEW, op. cit., p. 30b, note 1). Fréq. abs. littér.:21 641. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 30 946, b) 36 247; XXe s.: a) 34 124, b) 25 683. Bbg. BUYSSENS (É). Les N. des corps célestes. Ling. antverp. 1972, t. 6, pp. 17-19; Les N. sing. Cah. F. Sauss. 1973, n ° 28, pp. 25-34. — QUEM. DDL t. 16, 17, 22, 25, 28, 32, 33, 36.

soleil [sɔlɛj] n. m.
ÉTYM. 1080; solelz, V. 980; lat. pop. soliculus, class. sol.
A Astre (→ Idée, cit. 11, Descartes).
1 Astre qui donne la lumière et la chaleur à la terre, et rythme la vie à sa surface (→ Poét. L'astre du jour, du monde, le roi du jour). || Le cercle, le disque, le globe, l'orbe du soleil. || « Le soleil ni la mort (cit. 12) ne se peuvent regarder fixement » (cit. 1, La Rochefoucauld). || Josué arrêtant le soleil (→ Fixer, cit. 16).Le cours, la course du soleil. || Le soleil apparaît, se lève (→ Incendie, cit. 6, Rousseau), surgit. Aube, aurore, matin (cit. 3). || Le lever (cit. 2) du soleil; des levers de soleil. || Soleil levant (cit. 1 et 3).Par ext. || Le soleil levant : l'est, l'orient. Levant. || L'Empire du Soleil levant : le Japon. — ☑ Loc. Se lever (cit. 30) avant, avec le soleil (→ Promesse, cit. 10).Le soleil monte (→ Haleine, cit. 31), est haut. || Soleil au zénith (à l'équateur). Asciens. || Le soleil baisse (→ 1. Ombre, cit. 4), est bas (1. Bas, cit. 7), se couche. || Soleil couchant (cit. 1). || Soleils couchants (Hugo, les Feuilles d'automne). || Le coucher du soleil (→ Chêne, cit. 6; coucher [2. Coucher, cit. 2] de soleil).Poét. || Le soleil mourant (→ Éventail, cit. 7). || « Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige » (cit. 1).Le soleil se cache, disparaît, réapparaît. || Nuage, nuée qui couvre, voile le soleil (→ Déployer, cit. 9). || Le soleil perce la brume, les nuages. || Halo autour du soleil. || Faux-soleil. Parhélie.L'ardeur (→ Glacer, cit. 8), la clarté, la lumière, la chaleur, l'éclat, les feux (cit. 62 et 64), la splendeur du soleil. Jour. || Le soleil brille, luit, darde ses rayons. — ☑ Prov. Le soleil brille pour tout le monde.Rais (cit. 2 et 3), rayons (cit. 2 et 3) du soleil, de soleil.
1 Soleil, source de feu, haute merveille ronde,
Soleil, l'âme, l'esprit, l'œil, la beauté du monde,
Tu as beau t'éveiller de bon matin, et choir
Bien tard dedans la mer (…)
Ronsard, Églogues, I, « Bergerie ».
2 Le soleil, qui s'inclinait déjà à l'occident, pénétrait jusqu'à nous, malgré l'opulente épaisseur des ombrages, et son disque d'or et de feu, descendant comme un incendie derrière un vaste groupe de nuages, leur prêtait des teintes si chaudes et si animées, qu'on eût pu se croire sous un ciel de la Grèce.
Rivarol, Rivaroliana, III.
Le soleil de minuit : le soleil, visible près de l'horizon dans les instants voisins de minuit, dans les régions polaires.
3 Cette fois, ce fut au soleil de minuit, qui les éclairait du haut de l'horizon toujours avec son même aspect d'astre mort.
Loti, Pêcheur d'Islande, I, VI.
Le soleil ne se couche jamais sur mon empire, phrase attribuée à Charles-Quint.Le soleil d'Austerlitz, qui se leva le matin de la victoire d'Austerlitz (2 déc. 1805).
4 (…) quand le jour se levait, on vit que le brouillard n'enveloppait pas les hauteurs qu'un soleil brillant allait, cinq heures, éclairer, — le soleil d'Austerlitz.
Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Avènement Empire, XXV.
Loc. Sous le soleil : sur la terre (→ Sous le ciel, sous la lune, sublunaire). — ☑ Loc. prov. Rien de nouveau (cit. 8) sous le soleil.
2 (V. 1170). Lumière du soleil; temps ensoleillé. || Soleil oblique (→ Étinceler, cit. 11), perpendiculaire (cit. 1). || Le soleil pénètre (→ Obscur, cit. 1), donne (cit. 62) dans… (→ Fournaise, cit. 5).Soleil pâle, timide. || Soleil ardent, brûlant, radieux (→ Éclairage, cit. 1; navire, cit. 7). || Soleil de plomb (→ Dévorant, cit. 5). || Un chaud (→ Blême, cit. 6), un « gras » (→ Exhaler, cit. 4), un lourd soleil (→ Par, cit. 21). || Un beau soleil. || « Au soleil luisant, clair et beau » (→ 1. Froidure, cit. 2).Le soleil d'été, d'hiver; de midi. || Le soleil des tropiques (→ Nonchalance, cit. 7), d'Afrique.
4.1 Le dimanche semblait à Jean le jour du soleil, peut-être parce que ce jour-là on ne le réveillait pas et qu'il ouvrait les yeux aux rayons du soleil de dix heures, déjà, depuis longtemps répandu dans le village, comme un ami qui vous a laissé dormir, mais quand vous vous éveillez a déjà les belles couleurs de quelqu'un qui près de vous travaille depuis déjà plusieurs heures sans bruit, aux rayons du soleil et aussi aux sons balancés des cloches. Ces beaux rayons souriants assis sur sa chaise lui semblaient, aussi bien que les cloches de la grand-messe, savoir que c'était dimanche. Il peut pleuvoir plus tard le dimanche, il n'en sentait pas moins dans les rues sombres, sous le ciel gris, quelque chose comme le soleil qui était là incognito, dans le chant des cloches, dans le lever tardif, dans la foule qui se promenait lentement dans les rues; c'était comme un soleil intérieur qui même sous la pluie, par l'orage, le réjouissait comme le soleil et, comme un jour de grande fête, rendait la pluie moins triste et le ciel bas moins lourd.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 336.
Il fait (cit. 203) soleil, du soleil, grand soleil, beau temps.Les pays du soleil, ceux où il fait souvent un temps ensoleillé.
Rayons, rayonnement du soleil (opposé à ombre).
Le soleil dore (cit. 2 et 3), empourpre les choses ( Coloration). || « Le soleil des vivants n'échauffe (cit. 1) plus les morts » (Lamartine). || Briller (cit. 8), étinceler, s'iriser (cit. 1), resplendir au soleil, par l'effet du soleil (→ Éblouir, cit. 21).Dans le soleil : dans la pleine lumière du soleil (→ Fourchée, cit. 1).Effet de soleil (→ Éclairer, cit. 3), coup de soleil (→ Hippodrome, cit. 3). || Le paysage (cit. 3) n'est créé que par le soleil.Le soleil commence à chauffer.Fondre comme neige au soleil. || Herbe grillée, rôtie par le soleil. || Vigne desséchée ( Brouir), fruits cuits par le soleil. || Le soleil mûrit les fruits, jaunit les blés. || Un endroit calciné (cit. 3), consumé, dévoré (cit. 30) de soleil. || « Et de tous les côtés au soleil exposé » (→ Chemin, cit. 16, La Fontaine). || Bois desséché, disjoint par le soleil ( Ébarouir). || Étoffe qui passe au soleil. — ☑ Loc. Un déjeuner de soleil. Déjeuner (infra cit. 4).Le soleil frappe (cit. 13), tape. || Visages boucanés (cit. 2), bronzés, brûlés, cuits (cit. 19), dorés, hâlés (cit. 1), noircis du soleil, par le soleil. Hâle. || Être aveuglé, ébloui par le soleil. || Se garantir (cit. 21), se protéger du soleil. aussi Brise-soleil, parasol (cit. 1 et 3). || Lunettes, chapeau de soleil (→ Porte-manteau, cit. 4). || S'exposer au soleil pour brunir, bronzer.
5 Le plus souvent il fallait ramer, et ramer aux heures de soleil. Oh ! les pleins midis tombant d'aplomb sur la rivière, il me semble qu'ils me brûlent encore.
Alphonse Daudet, Contes du lundi, « Le pape est mort ».
6 Ô Soleil ! toi sans qui les choses
Ne seraient que ce qu'elles sont !
Edmond Rostand, Chantecler, I, 2.
Bain de soleil (à l'origine à propos de l'héliothérapie) : exposition au soleil (dans un but thérapeutique ou pour brunir). || Robe bain de soleil : robe d'été qui laisse les bras et le dos nus. — ☑ Coup de soleil insolation », au XIXe) : légère brûlure causée par le soleil.
7 Les paupières closes (…) Lewis écoutait cette bourdonnante chanson, si spéciale, des bains de soleil. Il pensait à ce mot d'aveugle : j'entends le soleil.
Paul Morand, Lewis et Irène, I, VIII.
Au plur. (poét.). || Brillants (cit. 5) soleils. || « Les soleils mouillés (…) » (→ Ciel, cit. 33). || Les soleils couchants (→ Endormir, cit. 21).Par ext. || Le soleil noir de la Mélancolie (cit. 16, Nerval; → aussi Inconsolé, cit. 2).
8 Pourquoi gémissiez-vous, spectres épouvantés ?
Je ne sais; mais, ô chiens qui hurliez sur les plages,
Après tant de soleils qui ne reviendront plus.
Leconte de Lisle, Poèmes barbares, « Les hurleurs ».
(Lieu). Ce qui est exposé à la lumière du soleil. || Lutte (cit. 4) du soleil et de l'ombre. || Se mettre au soleil, chercher le soleil. || En plein (cit. 30) soleil. || Plein soleil, film de R. Clément. — ☑ Loc. fig. Une place au soleil : une place en vue, une situation où l'on profite de certains avantages. → Étirer, cit. 5; image, cit. 38; moi, cit. 35, Pascal. — ☑ Fig. Avoir des biens au soleil (→ Positif, cit. 9), des propriétés immobilières ( Riche).
Loc. prov. Ôte-toi de mon soleil, réponse de Diogène à Alexandre, qui lui offrait sa faveur.
Adj. invar. (1898). D'un blond doré, lumineux.
3 (Mil. XVIIe). || Le soleil, considéré comme un personnage divin, objet d'un culte (→ Dualisme, cit.). || Amon Râ, Apollon ou Phébus, dieux du Soleil. || Les Incas (cit. 1), fils du Soleil. || Le char, les chevaux (→ Aurore, cit. 19) du Soleil. Phaéton.REM. Dans ce sens, comme en astron., on écrit souvent Soleil, avec un S majuscule.
9 Noble et brillant auteur d'une triste famille,
Toi, dont ma mère osait se vanter d'être fille,
Qui peut-être rougis du trouble où tu me vois,
Soleil, je te viens voir pour la dernière fois.
Racine, Phèdre, I, 3.
4 Didact. (astron.) et cour.REM. Le Soleil était considéré comme une planète jusqu'à l'adoption du système copernicien et comme un astre fixe entre cette époque et la fin du XVIIIe s. (Lambert, Herschel). Astre producteur et émetteur d'énergie, étoile moyenne du type jaune (rayon valant environ 100 fois celui de la Terre, masse valant 330 000 fois celle de la Terre), masse gazeuse à peu près sphérique, autour de laquelle gravitent, sur des orbites elliptiques, plusieurs planètes parmi lesquelles se trouve la Terre. Hélio-, solaire; luni-solaire. || Température de radiation (5 870 °C), densité moyenne (1,4) du Soleil. || Parties du Soleil. Chromosphère, couronne, photosphère. || Protubérances et éruptions chromosphériques, taches, facules du soleil. || Granulation de la surface du Soleil. Photosphère. || Énergie émise par le Soleil : lumière, rayonnement solaire. || Production d'énergie par le Soleil ( Étoile, cit. 17 et 18). || Spectre visible, invisible, ultraviolet; température de brillance, de couleur, de radiation du Soleil. || Étude du Soleil, observation, photographie, spectroscopie, radio-astronomie du Soleil ( Hélio- : héliomètre, hélioscope, hélistat…).Le Soleil, centre du système solaire (→ Galaxie, cit. 1; graviter, cit. 1; planète, cit. 3). || Attraction (cit. 3) entre le Soleil et les planètes. || Orbite elliptique d'une planète autour du Soleil (qui en occupe un des foyers). Orbite; aphélie, périhélie. || Mouvement propre au Soleil vers son apex.
10 Voici le passage qui assurerait à lui seul sa gloire, où Copernic met le Soleil au centre du Système et affirme la translation de la Terre : « Nous ne rougirons donc pas de déclarer que cette orbite de la Lune et le centre de la Terre tournent en un an autour du Soleil dans cette grande orbite, dont le Soleil est le centre. Le Soleil sera immobile et toutes les apparences seront expliquées par le mouvement de la Terre. Le rayon de cette orbite, quelque grand qu'il soit, n'est pourtant rien encore en comparaison de la distance des étoiles fixes. »
Tout s'explique alors simplement : 1o à l'opposition, la distance de la Terre à une planète supérieure sera minimum; 2o les stations et reculs de cette dernière résultent de la combinaison de sa vitesse angulaire avec celle, plus grande, de la Terre; 3o enfin, déduction essentielle, le plan découvert par Copernic contient encore en lui-même les moyens de calculer sans peine les proportions relatives des orbites planétaires.
Paul Couderc, Dans le champ solaire, p. 11.
11 D'après Eddington, le Soleil ne remonte pas à plus de 5 trillions d'années, quelle qu'ait pu être sa masse initiale (…) Si l'on admet que le Soleil conserve indéfiniment son rayonnement actuel, son avenir est fort vaste; il pèse 2.1033 grammes et dilapide 130.1012 tonnes par an : le quotient indique une possibilité de 15 trillions d'années. Cette durée est le minimum, puisqu'une étoile réduit sa dépense à mesure qu'elle s'appauvrit.
Paul Couderc, Dans le champ solaire, p. 163.
12 J'ai vu, grâce au coronographe qu'il (le professeur Lyot) a inventé, jaillir de la couronne du Soleil, de la surface extérieure, les grandes gerbes des éruptions solaires, ces aigrettes, ces panaches de gaz en fusion dont l'éclair se mesurait (…) en centaines de milliers de kilomètres.
Claude Roy, Jules Supervielle, p. 43-44.
Mouvement apparent du Soleil. Écliptique, équinoxe (cit. 2), solstice. || Éclairement de la Terre ( Jour, nuit; hiver, été), de la Lune, des planètes ( Phase, syzygie) par le Soleil.
13 De tous les astres mobiles, le plus remarquable est le Soleil : au cours de son mouvement, son point directeur peut être considéré comme décrivant sur la sphère céleste un grand cercle appelé écliptique, qu'il parcourt en un an.
J. Delhaye, Notions fondamentales d'astrométrie, in Encycl. Pl., Astronomie, p. 263.
Par ext. || Un soleil : une étoile autour de laquelle graviterait un système planétaire (→ Graviter, cit. 4; lune, cit. 9; monde, cit. 2; ressembler, cit. 10).
B Par métaphore, fig.
1 a (XVe). Ce qui brille, éclaire, répand son influence bienfaisante comme le soleil sa lumière. || « La gloire (cit. 21) est le soleil des morts ». — ☑ Être près du soleil, du pouvoir.Adorer le soleil levant : faire sa cour au pouvoir naissant.
Spécialt (Carloix, in Littré). Puissance royale.Vx. Personne éminente, remarquable (cf. Racine, Fénelon, Voltaire).Loc. Le Roi-Soleil : Louis XIV.
b (1530, soleil sophistique). Vx. L'or, en alchimie.
2 Littér. Un rayon de soleil dans sa vie. Ensoleiller (fig.). || Vous êtes, tu es mon soleil, ma joie, mon bonheur.
3 Vx, poét. Journée (cf. J.-J. Rousseau, Lamartine, in Littré; et aussi Lune, cit. 13, Chateaubriand).
4 (1485). Image traditionnelle du soleil, cercle d'où partent de nombreux rayons divergents… || Le soleil, emblème de Louis XIV (→ Devise, cit. 1). || Soleil dessiné sur une rose (1. Rose, cit. 12) des vents.(1679). Spécialt. Ostensoir. || Un grand soleil d'or (→ Encensoir, cit. 1).Par appos. Couture. || Plissé soleil, à plis divergents.Papet. || Format soleil : format de papier de 60 sur 80 cm (en simple), le papier portant un soleil en filigrane.
Blason. Disque entouré de rayon (huit droits et huit ondoyants alternés).
tableau Termes de blason.
(XXe). Figure des tarots représentant un soleil.
5 (1752; soleil de feu, 1694). Pièce d'artifice, cercle monté sur pivot, garni de fusées qui le font tourner en lançant leurs feux. (On dit aussi gerbe tournante; Bouquet, girandole.)
14 (Un poème) éclate et tourne sur lui-même comme une fusée, des soleils en sortent qui tournent et explosent en nouveaux soleils (…)
Sartre, Situations III, p. 257.
6 (1882). Tour complet autour d'un axe horizontal. || Faire un soleil.Grand soleil. || Faire le grand soleil à la barre fixe.(1895). || Automobile qui capote, fait un soleil.
15 Corps allongé, pointes de pieds tendues, muscles déliés, je tournais en soleil autour de la barre (…)
A. Maurois, Mémoires, I, III.
(1895). Faire, piquer un soleil : tomber. → Faire panache.
7 (1640; herbe au soleil, 1600). Fleur de l'hélianthe, grande fleur à pétales jaune vif entourant un cœur plus foncé. Tournesol.
15.1 De ce cirque descendait pour rejoindre le parc un plant de ces immenses disques jaunes qu'on nomme des soleils, et par-dessus la basse clôture on apercevait des prés voisins que Jean avant d'être venu là n'avait jamais vus et qui s'étendaient au soleil, servant de pâture à quelques vaches.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 305.
8 (1884, Esnault). Fam. Piquer un soleil : rougir violemment. Fard.
16 Mais à peine avait-il dit ces mots que le duc piqua ce qu'on appelle un soleil, car il connaissait, sinon les mœurs, du moins la réputation de son frère.
Proust, Sodome et Gomorrhe, Pl., t. II, p. 718.
CONTR. Brouillard, brume, ombre, pluie; obscurité.
DÉR. Soleillade, soleillée, soleilleux.
COMP. Ensoleillé. Après-soleil, pare-soleil. — Solunaire. — V. Parasol.

Encyclopédie Universelle. 2012.