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juive

juif, juive nom (latin Judaeus, de Judée) Dans l'Antiquité, habitant du royaume de Juda. Personne qui professe la religion judaïque : Un juif pratiquant. Personne appartenant à la communauté israélite, au peuple juif. (Avec une majuscule en ce sens.) ● juif, juive (citations) nom (latin Judaeus, de Judée) Paul, dit Tristan Bernard Besançon 1866-Paris 1947 J'appartiens à ce peuple qu'on a souvent appelé élu… Élu ? Enfin, disons : en ballottage. Propos, Conférence à Nice, 1942 Henri Lacordaire Recey-sur-Ource, Côte-d'Or, 1802-Sorèze 1861 Académie française, 1860 Le peuple juif a été l'historien, le sage, le poète de l'humanité. Conférences Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 Dieu des Juifs, tu l'emportes ! Athalie, V, 6, Athalie Benjamin Disraeli, comte de Beaconsfield Londres 1804-Londres 1881 Oui, je suis Juif et quand les ancêtres de mon très honorable adversaire étaient des brutes sauvages dans une île inconnue, les miens étaient prêtres au temple de Salomon. Yes, I am a Jew, and when the ancestors of the right honourable gentleman were brutal savages in an unknown island, mine were priests in the temple of Salomon. Commentaire Réponse à l'agitateur irlandais Daniel O'Connell qui lui reprochait ses origines dans un discours prononcé en 1835 à Dublin. Sem Tob de Carrión Carrión de los Condes vers 1290-vers 1369 L'autour n'est pas moins beau d'être né dans un pauvre nid, les conseils ne sont pas moins bons d'être donnés par un Juif. Nin vale el açor menos porque en vil nido siga, nin los enxemplos buenos porque judío los diga. Proverbios morales, Ni mas ni menosjuif, juive (difficultés) nom (latin Judaeus, de Judée) Orthographe 1. Un Juif, une Juive (avec une majuscule) : une personne appartenant au peuple juif, à la nation juive. Elle rêve d’une Palestine où Juifs et Arabes vivraient en paix. 2. Un juif, une juive (avec une minuscule) : une personne de religion juive. Un juif pratiquant. Emploi hébreujuif, juive (synonymes) nom (latin Judaeus, de Judée) Personne qui professe la religion judaïque
Synonymes :
- israélite
juif, juive adjectif Relatif à la Judée ou à ses habitants. Relatif aux Juifs.

juif, juive
n. et adj.
d1./d Descendant des anc. Hébreux. (Originaires de Palestine, les Juifs forment un peuple qui, bien qu'ayant été dispersé dans de nombreux pays au cours des siècles, a conservé son unité grâce au lien religieux.)
|| adj. Qui concerne les Juifs (en tant que peuple). La cuisine juive.
d2./d Adepte de la religion et des traditions judaïques.
|| adj. Qui concerne les juifs (pratiquants du judaïsme). Les pratiques rituelles juives.

⇒JUIF, JUIVE, adj. et subst.
I. — Adj. et subst.
A. — HIST. ANC.
1. (Celui, celle) qui vit dans le royaume biblique de Juda ou qui en est originaire. Synon. judéen. Le nom hébreu Yehoudim ne se lit pas dans la bible avant le temps de Jérémie, contemporain de la destruction du 1er temple; (...) la transcription de ce mot en Ioudaioi, Judaei, judéens ou juifs, prévaudra sur hébreux et israélites (WEILL, Judaïsme, 1931, p. 19) :
1. Après la mort du roi Salomon, un schisme a divisé le peuble d'Israël (...). Le petit royaume du Sud, dont le rayonnement dépasse l'importance géographique, est appelé « Royaume de Juda » (...) tous ses ressortissants seront des yehoudim — des « juifs ».
M. CATANE, Qui est Juif? Paris, R. Laffont, 1972, p. 22.
2. [À partir de l'exil babylonien] (Celui, celle) qui appartient au peuple issu d'Abraham et dont l'histoire est relatée dans la Bible. Synon. hébreu (v. ce mot A 1), israélite (v. ce mot A 1). Juif alexandrin, essénien, helléniste; grand-prêtre, prophète juif. Pour qui connaît les anciennes sectes juives, cette parabole est essénienne. Jamais Saducéen, jamais Pharisien n'aurait dit ou écrit pareille chose (P. LEROUX, Humanité, t. 2, 1840, p. 770). La destinée unique du peuple juif, aboutissant à Jésus et au christianisme, m'apparaissait comme quelque chose de tout à fait à part (RENAN, Souv. enf., 1883, p. 59) :
2. C'est en Babylonie que la grande majorité des Judéens sont déportés (...). Les Juifs de Babylone vont être (...) les témoins d'un des bouleversements les plus spectaculaires de l'Orient ancien : l'écroulement de l'empire chaldéen.
A. et R. NEHER, Hist. biblique du Peuple d'Israël, Paris, Adrien-Maisonneuve, t. 2, 1962, p. 570.
B. — (Celui, celle) qui appartient aux descendants du peuple ci-dessus, qui se réclame de la tradition d'Abraham et de Moïse. Synon. hébreu (v. ce mot A 2), israélite (v. ce mot A 2). C'était un dur obstacle que d'être né juif, mais c'était peut-être aussi une force (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 52). C'était une fine Juive au teint laiteux, languissante et fiévreuse. Elle s'appelait Sephira (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 81). Être « juif » n'est exclusivement ni l'appartenance à une ethnie ni l'adhésion à une foi, mais une condition qui, généralement acquise par la naissance, compte néanmoins des implications spirituelles (M. CATANE, Qui est Juif? Paris, R. Laffont, 1972p. 30). V. apocalypse ex. 4, apparence ex. 2, dispersion B 6 ex. de J. de Maistre :
3. Otages torturés, garçons français abattus au bord des routes, femmes et nouveau-nés d'Oradour, paysans d'Ascq, enfants juifs arrachés des bras de vos mères, entassés dans des wagons de marchandises comme des agneaux, c'est à vous qu'il faut dédier ce jour qui, d'un seul coup, rachète tant de compromissions, de complicités et de crimes.
MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 395.
SYNT. Monde, prolétariat, syndicat juif; communauté, minorité, nation, personnalité, population, société juive; copiste, docteur juif; banquier, compositeur, écrivain, fonctionnaire, marchand, médecin, penseur, philosophe juif; juif espagnol, français, polonais, portugais, russe; juif occidental; juif parisien; juif converti; juif honteux; juif du ghetto; juifs de la diaspora; haine, persécution des juifs; le Dieu des Juifs; la Pâque des Juifs; déporter, expulser les juifs.
Loc. À la juive. À la manière des juifs. Tel fils de sénateur, protégé de César, envie peut-être l'agneau rôti du vigneron et la carpe à la juive que me cuit mon épouse Phénenna (ARNOUX, Juif Errant, 1931, p. 13).
En partic.
1. a) Le Juif errant. Personnage légendaire condamné à errer jusqu'à la fin des temps pour avoir injurié le Christ portant sa croix. La légende, la plainte du Juif errant. Je suis une chose que l'on met à cheval ou en voiture, qui part, qui passe, qui arrive et qui repart, le tout au galop (...). Bref, je suis comme le Juif errant (...) « Marche! marche!... » (DUMAS père, L. Bernard, 1843, I, 7, p. 218).
P. métaph. Je suis le Juif-Errant de la pensée, toujours debout, toujours marchant, sans repos, sans jouissances de cœur (...); je mendie l'avenir, je lui tends la main (BALZAC, Lettres Étr., t. 1, 1836, p. 324).
b) [P. all. à ce personnage] Il est possible que mon Itinéraire demeure comme un manuel à l'usage des Juifs errants de ma sorte (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 235).
2. Péj. [À cause des métiers d'argent interdits aux chrétiens et réservés aux juifs au Moy. Âge] Synon. de avare, usurier. Sans doute quelque vieil avare, quelque vieux juif (DUMAS père, Laird de Dumbiky, 1844, III, 9, p. 89).
3. Pop. Petit juif. Face postéro-interne du coude, sur le trajet du nerf cubital. Touchée au petit-juif, ma mère pousse un cri et s'efface (H. BAZIN, Huile sur feu, 1954, p. 243).
II. — Adjectif
A. — Qui concerne les juifs, qui leur appartient. Femme magnifique : profil juif busqué, brune florentine, le nez net comme un nez de camée, les cheveux noirs, la bouche découpée au ciseau (GONCOURT, Journal, 1855, p. 165). Nouvelle plongée dans Simenon; je viens d'en relire six d'affilée. Et les Réflexions sur la Question juive de Sartre (GIDE, Journal, 1948, p. 319). Les Testaments des Douze Patriarches sont un écrit juif alexandrin du IIe ou Ier siècle avant J-C, qui revêt la forme de testaments légués par les douze fils de Jacob à leurs successeurs (Philos., Relig., 1957, p. 36-4). V. alexandrin1 ex. 1 :
4. Son enfance s'était écoulée dans un ghetto de Lithuanie, et juqu'à sa quinzième année il avait mené l'existence que menaient, il y a quarante ans, les étudiants talmudiques dans ces petites universités juives qu'on appelle des yéchiba.
THARAUD, An prochain, 1924, p. 178.
SYNT. Âme, authenticité, condition, culture, histoire, identité, inquiétude, origine, pensée, religion juive; école, maison, noce, vie juive; esprit, nom, sang, type juif; théâtre juif; état, pays, quartier, temple juif; théocratie juive; le problème juif.
B. — En partic. Qui concerne le judaïsme, qui lui appartient. Si nous ne disposions (d'ailleurs) que du Livre [le Coran] pour connaître les origines des institutions musulmanes, nous ignorerions complètement que le premier çawm imposé aux Croyants fut le jeûne juif du 10 Tichri (G.-H. BOUSQUET, Prat. rit. Islam, 1949, p. 53). Jésus, fidèle aux schémas de l'apocalyptique juive, considérait comme imminente la fin des temps et l'instauration du Royaume (Philos, Relig., 1957, p. 4-14) :
5. En apparence, c'est l'Église qui, en secouant le joug de la loi, en déclarant caduque la Tora juive pour introniser la loi de charité, le règne de la Grâce, a délié l'homme enchaîné, l'a émancipé d'un despotisme théocratique oppresseur (...). En réalité, c'est la loi bien comprise qui fonde la liberté.
WEILL, Judaïsme, 1931, p. 110.
SYNT. Canon juif; sacerdoce juif; messianisme, universalisme juif; Bible, Kabbale, Loi, Tradition juive; prière juive; année juive.
Rem. 1. On trouve le subst. juif écrit avec ou sans majuscule. Dans le premier cas, le terme semble exprimer plutôt l'appartenance à un groupe ethnique; dans le second l'appartenance à une communauté relig. L'usage de la majuscule tend, cependant, à se généraliser. 2. L'adj. juif est plus usité que son synon. judaïque, mosaïque étant réservé au domaine religieux.
REM. 1. En composition. a) Élément initial synon. de judéo-. La religion juive-chrétienne (P. LEROUX, Humanité, t. 2, 1840, p. 518). Élie Nadelman est ce jeune sculpteur juif-polonais qu'Alexandre Natanson me menait visiter dans sa tanière (GIDE, Journal, 1909, p. 272). b) Élément terminal. ) Antijuif. ) Demi-juif, demi-juive, adj. et subst. (Celui, celle) dont seul l'un des parents est juif. Gambetta, catalogué comme demi-juif (BLUMENKRANZ, Hist. des Juifs en Fr., Toulouse, E. Privat, 1972, p. 341). ) Non(-)juif, non(-)juive, (Non juif, Non-juif, non juive, non-juive)adj. et subst. Le mercredi 31 mai une manifestation silencieuse groupant (...) Juifs et non-Juifs, se déroulait devant l'ambassade d'Israël (BLUMENKRANZ, Hist. des Juifs en Fr., Toulouse, E. Privat, 1972p. 434). Le monde non juif (Grand Rabbin KAPLAN, Justice pour la foi juive, Vendôme, Le Centurion, 1977, p. 13). À partir du moment où les dits juifs (...) épousent des non-juifs ou des non-juives (A. HARRIS, A. DE SEDOUY, Juifs et Français, Paris, Grasset, 1979, p. 195). 2. Juifaillon, juivaillon, subst. masc., vieilli. Synon. péj. de juif. Je reconnais là un de ces juifaillons qui infestent le pays des Morticoles (L. DAUDET, Morticoles, 1894, p. 164). Juivaillon attesté ds Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, QUILLET 1965. 3. Juiferesse, subst. fém. Synon. péj. de juive. Nous approchons fort, la juiverie doit être peu éloignée maintenant. — La juiverie! (...) — Votre future est donc une hérétique? une juiferesse? — Une israélite, maître (BOREL, Champavert, 1833, p. 117). 4. Juivillon, subst. masc., rare. Jeune juif. Isaac Laquedem passe dans la rue, se multiplie comme la Mère Gigogne; de son manteau rouge et bleu sortent mille juifs et juivillons, vêtus le plus curieusement du monde, qui fourmillent sur le marché au bric-à-brac (JAMMES, Mém., 1923, p. 85).
Prononc. et Orth. : [], fém. []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Subst. masc. ca 980 Judeu (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 215); mil. XIIe s. juef (Épître de Saint Etienne, 19 ds FOERSTER-KOSCHWITZ,, col. 169 [ms. 2e moitié XIIe s.] : tuít li íuef); ca 1190 Juiu (MARIE DE FRANCE, Purgatoire, éd. Th. Atkinson Jenkins, 1916); ca 1223 juif (GAUTIER DE COINCI, Miracles de Notre Dame, éd. V. Fr. Koenig, t. 2, p. 95, titre, var. ms. 13e s. [I Mir. 12]); b) subst. fém. ca 1274 juise (ADENET LE ROI, Berte, éd. A. Henry, 1831, juyve [var. ms. 1re moitié du XIVe s.]); 2. adj. 1119 judeue (PHILIPPE DE THAON, Comput, 1549 ds T.-L. : judeue gent); ca 1245 juiue (HUON DE CAMBRAI, Regrets N. D., éd. A. Långfors, 44, 5 : la gent juiue). Du lat. Judaeus « de la tribu de Juda; juif », empr. au gr. « id. », et celui-ci à l'hébr. Ye « id. », dér. de Ye « Juda, personnage biblique, fils de Jacob et de Léa, chef d'une des douze tribus d'Israël (Genèse, 35, 23; 49, 8); p. ext. nom de cette tribu, puis nom d'un des deux royaumes de Palestine (cf. judéen) et du peuple qui y vivait ». L'ext. sém. « membre de la tribu de Juda → juif » est due au fait que « la plupart des Hébreux qui revinrent de la captivité [de Babylone] étaient de la tribu de Juda et occupèrent le territoire de l'ancien royaume de Juda » (Bible, s.v. Judée, col. 1818). La forme juif a été refaite sur le fém. juive, juiue de l'a. fr. juiu (H. SUCHIER ds Z. rom. Philol. t. 6, p. 438 et 439; MEYER-L. t. 1, §§ 115 et 260; FOUCHÉ, p. 637). Fréq. abs. littér. : 3 981. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 4 923, b) 3 866; XXe s. : a) 8 743, b) 5 398. Bbg. HONORÉ (J.-P.). Le Vocab. de l'antisémitisme en France pendant l'affaire Dreyfus. MOTS. 1981, n° 2, pp. 73-92. - RICHARD (W.) 1959, pp. 54-55.

juif, juive [ʒɥif, ʒɥiv] n. et adj.
ÉTYM. V. 1220, juiu, juieu, fém. juieue d'où juive, sur lequel a été refait le masc. juif (juef, mil XIIe); judeu, v. 980; du lat. judaeum, du grec ioudaios « de Juda », de l'hébreu Yehūdī, de Yehūdā « Juda », nom de la tribu israélienne apparue après l'Exil, au IVe s. avant l'ère chrétienne.
1 N. a Descendant d'Abraham ( Hébreu, israélite), appartenant au peuple sémite monothéiste qui vivait en Palestine et dont la dispersion (cit. 2) ou diaspora commença vers cette époque pour s'achever au second siècle.REM. Dans ce sens, le mot s'écrit avec J majuscule.
Les Juifs de l'ancienne Palestine. || Les Juifs n'ont pas reconnu Jésus pour leur Messie.
1 On peut affirmer que, dès le 1er siècle avant Jésus-Christ, il y avait des Juifs dans la plupart des provinces de l'Empire romain, surtout celles qui entouraient la Méditerranée et bordaient le Pont-Euxin (…) Ces déracinés regardent comme leur patrie le pays où ils sont nés, mais ils ne se fondent pas dans la population qui les environne; leur religion s'y oppose, autant que leur orgueil et ils ne cessent pas d'appartenir à la nation juive.
Ch. Guignebert, le Monde juif…, p. 279.
Le Juif errant, personnage que la légende suppose condamné à errer jusqu'à la fin du monde, pour avoir injurié le Christ portant sa croix (titre d'un roman de E. Sue).
REM. En parlant des Juifs du royaume biblique de Juda, on dit aussi judéen, enne.
b Personne appartenant à la descendance de ce peuple, répandu dans le monde entier notamment en Europe centrale et occidentale, sur le pourtour de la Méditerranée, puis en Amérique du Nord, demeuré généralement fidèle à la religion et attaché aux traditions judaïques. Israélite. || Sous l'Ancien Régime, le prêt à intérêt, interdit aux chrétiens, était pratiqué par les juifs. || Un juif allemand, un juif polonais, un juif new-yorkais. || Hostilité à l'égard des juifs. Antisémitisme. || Persécutions subies par les Juifs (→ Autodafé, cit. 2; impliquer, cit. 1; infamant, cit. 3). || Juif christianisé par contrainte et resté fidèle à sa religion. Marrane. || Massacre de Juifs, des Juifs. Pogrom; holocauste. || Les Juifs ont obtenu le partage de la Palestine et la création de l'État moderne d'Israël en 1947. Israélien, sionisme, sioniste. || Juifs orientaux ( Séfarade), occidentaux ( Ashkénaze). || Naturalisation des Juifs de France sous la Révolution. || Juifs et non Juifs ( Goy) d'une communauté.REM. Dans cet emploi, on rencontre les deux graphies juif et Juif.
1.1 Le roi, regardant le tas d'or. Produit d'une saignée aux juifs. Peuple aurifère.
Gucho, à part. Voir les autres rôtir me suffit.
Le marquis, au roi. Les hébreux…
Le roi. Dis les juifs !
Le marquis. Les juifs, sire, industrieux, nombreux,
Demandent, prosternés, que le roi les tolère
En Espagne (…)
Hugo, Torquemada, IV, 2.
2 À Rome, où ils s'installèrent plus tard, les Juifs ne tardèrent pas non plus à être nombreux. Cicéron parle de leur cohésion, de leur sens communautaire, de leur esprit d'entreprise, mais déplore que tant de bon argent romain soit, par eux, exporté vers Jérusalem.
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, IV, II.
3 (…) à la fin de l'Ancien Régime, le roi cherche à tenir la balance égale entre les Juifs, dont l'activité commerciale lui rend des services, et les Français, qui supportent difficilement ces concurrents redoutables. Sa protection a préparé lentement, avec les précautions nécessaires, une assimilation que rendaient délicate et les habitudes particularistes des Juifs et les préventions excessives des chrétiens.
Fr. Olivier-Martin, Précis d'hist. du droit franç., §848.
4 La question juive fut posée à la Constituante par Mirabeau et l'abbé Grégoire (…) Le 3 août 1789, Grégoire fit à la Constituante un tableau des persécutions que venaient encore de subir les Juifs en Alsace, ajoutant que, « comme ministre d'une religion qui regarde tous les hommes comme frères », il venait défendre « un peuple proscrit et malheureux ».
A. Rambaud, Hist. de la civilisation franç., t. II, p. 131.
4.1 C'était une juive (Mme Marie) et il avait fallu l'ascendant de son charme et l'expérience de ses vertus pour que Mme Santeuil, issue d'un milieu où pesait sur les juifs la défiance la plus profonde, ait pu s'attacher à une juive comme à une sœur.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 581.
2 (Attesté XVIIe). Vx (langue class.; à cause de l'exercice de la profession d'usurier, autorisée pour les juifs). Usurier.
Fig. et péj. Personne âpre au gain.
5 Comment diable ! quel Juif, quel Arabe est-ce là ? C'est plus qu'au denier quatre.
Molière, l'Avare, II, 1.
3 Loc. (1931). Le petit juif, endroit sensible du coude.
5.1 (…) je remontai vers ce que je croyais être son coude. Mais au lieu de tomber sur ce que les Français appellent si curieusement « le petit juif », je me heurtai à un membre complémentaire (…)
R. Queneau, les Œuvres complètes de Sally Mara, Journal intime, p. 51.
4 Adj. (1611). Relatif à la communauté des Juifs anciens ou actuels. || Le peuple juif.Syn. : le peuple élu (→ Endroit, cit. 3). || Religion juive. Israélite; judaïsme (→ Baptême, cit. 5). || La torah (ou thora, tôrâ), loi juive. || Les livres sacrés juifs (la Bible, le Pentateuque; → Ancien Testament) et l'interprétation de ces livres. Cabale, massorah, talmud, torah. || Messianisme, syncrétisme juif. || Fêtes juives. Pâque, pardon (grand pardon : yom kippour), pentecôte, scénopégie. || La Pâque juive. || Viande abattue selon les rites juifs. Kascher. || Coutumes, institutions juives. Circoncision, lévirat, phylactère, sabbat. || Temple juif. Sanctuaire, synagogue; tabernacle. || Les hosannas d'une prière juive. || Prêtres, docteurs juifs. Lévite, rabbi, rabbin, sacrificateur, sanhédrin, scribe. || Prosélyte juif. || Sectes ou tendances juives anciennes. Assidéen, essénien, pharisien, saducéen, thérapeute, zélote. || Sectes juives modernes : juifs orthodoxes; juifs progressistes (réformés, libéraux). || Vêtements religieux juifs. Pectoral, rational, taleth. || Quartier juif. Ghetto, juiverie, mellah. || Langue des communautés juives d'Europe de l'Est. Yiddish. || Raconter des histoires juives. || L'humour juif de Woody Allen.
6 (…) j'ai la conviction qu'il y a dans l'ensemble de la population juive, telle qu'elle existe de nos jours, une part considérable de sang non sémitique (…)
(…) chez les juifs, la physionomie particulière et les habitudes de vie sont bien plus le résultat de nécessités sociales qui ont pesé sur eux pendant des siècles, qu'elles ne sont un phénomène de race.
Renan, Discours et Conférences, Judaïsme…, OElig;., t. I, p. 941-943.
Qui concerne les juifs. || La Question juive, œuvre de Sartre.
Qui est propre aux juifs, à une communauté juive. || La cuisine juive.N. f. (en loc. adj.). || À la juive. || La carpe à la juive.
REM. Tant comme nom que comme adjectif, le mot a revêtu selon les époques des connotations diverses, souvent liées à l'hostilité de la majorité chrétienne (thème du juif usurier, aux XVIIe et XVIIIe s.) puis au racisme antisémite à partir de la deuxième moitié du XIXe s. De là les emplois insultants (en appellatif, notamment), les synonymes injurieux (→ Youtre, youpin…), les emplois figurés plus ou moins diffamatoires (→ ci-dessus, la cit. 5 et les emplois adj. au sens de « avare » [en attribut]). Il en va de même pour les dérivés (juivaille, n. f., v. 1810, in D. D. L.) et composés (→ Judéo-). À certaines époques, on a conseillé d'éviter le mot juif au bénéfice d'un terme plus neutre (→ Israélite); mais, comme pour nègre, longtemps évité au profit de noir, le mot a été repris et revendiqué (la conscience juive, le renouveau juif, etc.).
CONTR. 1. Gentil, goy.
DÉR. et COMP. Antijuif. V. Juiverie. — REM. Plusieurs dérivés et composés sont liés à la péjoration raciste (→ ci-dessus).

Encyclopédie Universelle. 2012.