venir [ v(ə)nir ] v. intr. <conjug. : 22; auxil. être>
• 880; lat. venire
I ♦ (Sens spatial) Marque un déplacement qui aboutit ou est près d'aboutir au lieu où se trouve le locuteur ou un point de référence. ⇒ 1. aller, fam. s'amener, se déplacer, se rendre.
A ♦ (Sans compl. de lieu) « Je ne t'ai pas demandé de venir » (Sartre). Venez avec moi : accompagnez-moi. Il peut venir d'une seconde à l'autre. ⇒ arriver. « Vient-il ? — N'en doutez pas, Madame, il va venir » (Racine). Impers. Il en viendra d'autres. — Loc. Aller et venir. « Les miroirs sont les portes par lesquelles la mort vient et va » (Cocteau). Fam. Je ne fais qu'aller et venir : je reviens tout de suite. — Faire venir qqn, le convoquer. Faire venir un livre, le commander, le faire livrer. « Elle les laissait venir » (R. Rolland). — Voici venir votre ami, le voici qui vient. — Loc. Je te vois venir (avec tes gros sabots) : je devine tes intentions, tes allusions sont un peu trop grosses (cf. La ficelle est un peu grosse; c'est cousu de fil blanc). « Taisez-vous [...] je vous vois venir » (Molière). « Le Champi commençait à la voir venir avec ses gros sabots » (Sand). — Voir venir les événements, ou ellipt voir venir : attendre prudemment en observant l'évolution des événements.
B ♦ (Avec un compl. marquant le terme du mouvement) VENIR À, CHEZ, DANS...
1 ♦ Demain vous viendrez chez moi, ou bien j'irai chez vous. Venez ici. Venez près de moi. ⇒ approcher, avancer. « Ils aperçurent leur mère et Marie qui venaient au-devant d'eux » (Bernardin de Saint-Pierre). Venir à la rencontre de qqn. — Impers. « Il vint à Genève un charlatan italien » (Rousseau). — VENIR À (qqn),aller vers lui, aller le trouver. « Laissez venir à moi les petits enfants » ( ÉVANGILE ). — Fam. (expr. de menace) Viens-y !
♢ (Choses) « Quelques larmes qui me vinrent aux yeux » (Balzac). Faire venir l'eau à la bouche. ⇒ mettre. — Mot qui vient aux lèvres, sous la plume.
2 ♦ Commencer à être, à se présenter. Une idée m'est venue à l'esprit. ⇒ entrer. Cela ne vient même pas à l'idée : on n'y pense pas. « L'idée ne lui vint pas un instant que des doutes s'élèveraient pour moi » (Renan). « Comment cette sympathie lui était-elle venue ? » (France). — Impers. Jamais il ne m'est venu dans l'idée, à l'esprit de...
3 ♦ Arriver à (une limite, un niveau), atteindre. Votre fils me vient à l'épaule.
♢ Parvenir à (un but, une étape d'un développement). Vx Venir à ses fins, à son but (⇒ arriver) . Mod. Venir à bout de. — Il faudra bien qu'il y vienne : il finira bien par s'y résoudre, par l'accepter. — Venir à (un sujet, une question). ⇒ aborder. « Mais venons au sujet qui m'amène en ces lieux » (Molière). Venons au fait.
♢ EN VENIR À : finir par faire, par employer, après une évolution. En venir aux extrémités. En venir aux mains, aux coups : engager la lutte. Où veut-il en venir ? que veut-il, que cherche-t-il en fin de compte ? Venons-en à la question, au fait. — En venir à... (et inf.). « J'en suis venu maintenant à regarder le monde comme un spectacle » (Flaubert). — En venir là.
C ♦ VENIR DE...
1 ♦ (Avec un compl. marquant l'origine du mouvement, la provenance) D'où venaient-ils ? « Il venait le diable sait d'où » (Duhamel). Venir de la part de qqn. — (Véhicules) Ce train, cet avion vient de Genève.
♢ (Choses) Les nuages viennent de l'ouest. — Provenir de. « J'ai des bracelets qui viennent du pays des Sères » (O. Wilde). — (Héritage) Des biens qui lui venaient de son grand-père.
2 ♦ (Avec un compl. d'origine) Provenir, sortir de. « Ce pelé, ce galeux d'où venait tout le mal » (La Fontaine). « Toute justice vient de Dieu » (Rousseau). ⇒ émaner. « Les grandes pensées viennent du cœur » (Vauvenargues). — La plupart des mots français viennent du latin. ⇒ 1. dériver.
3 ♦ (Avec un compl. de cause) Être l'effet de. ⇒ découler. « Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre » (Pascal). — Cela vient de ce que (et indic.). « La prétendue légèreté des femmes vient de ce qu'elles ont peur d'être abandonnées » (Mme de Staël). — Impers. De là vient que... D'où vient que... : c'est pourquoi. « D'où vient qu'une parole, un geste, puissent faire des ronds à n'en plus finir, dans une destinée ? » (Saint-Exupéry). ⇒ pourquoi.
II ♦ (En fonction de semi-auxil., suivi d'un inf.)
1 ♦ (Sans prép.) Se mettre à (faire), faire en sorte d'être dans la possibilité de. « Viens, mon fils, viens mon sang, viens réparer ma honte » (P. Corneille). Je viens vous chercher. « Des images sombres et violentes venaient m'assaillir » ( France).
♢ (Pour marquer une idée d'intervention plus ou moins fortuite) « Et vous venez prétendre ensuite que vous ne m'avez pas questionné ! » (Courteline).
2 ♦ (1549) VENIR À (surtout à la 3e pers.) :se trouver en train de (faire, subir qqch.). S'il venait à me perdre : au cas où il me perdrait. — Le roi vint à passer. Impers. S'il venait à passer qqn. — « Lorsque les vivres viennent à leur manquer » (Chateaubriand).
3 ♦ (XIIIe « revenir ») VENIR DE (et inf.) :avoir (fait) très récemment, avoir juste fini de... Elle vient de sortir. Livre qui vient de paraître. « La félicité que je venais d'éprouver » (Proust). — (Avec que temporel) « Mon télégramme venait de partir que j'en reçus un » (Proust)(cf. À peine était-il parti que...).
III ♦ Arriver, se produire, survenir.
1 ♦ (Personnes) Arriver (dans la vie). (1560; venir à vie 1250) Venir au monde. ⇒ naître. Littér. « Je suis venu trop tard dans un monde trop vieux » (Musset). — Absolt Ceux qui viendront après nous. ⇒ succéder. « Enfin Malherbe vint » (Boileau).
♢ (Événements) Se produire. ⇒ apparaître, arriver, survenir. « Si la guerre vient, on dira qu'on avait donc raison de la préparer » (Alain). Prendre les choses comme elles viennent, avec philosophie. « Chaque jour j'apprenais quelque chose sur la planète, sur le départ, sur le voyage. Ça venait tout doucement » (Saint-Exupéry). — PROV. Tout vient à point à qui sait attendre. La fortune vient en dormant.
♢ Apparaître dans le cours du temps. « Un jour viendra où il n'y aura plus qu'un coup de pouce à donner » (Aragon). Quand vint son tour. Les jours, les années qui viennent. ⇒ prochain, 1. suivant. — Le jour venu. La nuit venue, tombée.
♢ Loc. adj. À VENIR : qui doit venir, qui viendra. ⇒ futur; 1. avenir. Les générations à venir. « Une aptitude merveilleuse à saisir les rapports lointains entre les faits présents et les faits à venir » (Balzac).
2 ♦ Naître et se développer (végétaux; tissus vivants). ⇒ pousser. Un sol où le blé vient bien, vient mal. « Le blé ne peut venir sous leur ombre [des noyers] » (Stendhal). — Par anal. Des boutons qui viennent sur le visage.
3 ♦ (Productions de l'esprit, de l'art) Se manifester. « Les idées ne venaient pas facilement » (Céline).
4 ♦ Techn. Estampe, épreuve qui vient bien, qui vient mal, dont le tirage est bon, médiocre.
IV ♦ S'EN VENIR. v. pron. (1080) Vx ou région. Venir. Un homme « qui s'en venait, à petits pas » (Maupassant).
⊗ HOM. Vins :vaincs (vaincre).
● Venir + infinitif, indique une éventualité, un fait fortuit : Ce rêve est encore venu me troubler cette nuit.
venir
v.
rI./r v. intr.
d1./d Gagner le lieu où se trouve celui qui parle ou celui à qui l'on parle. Il viendra dans une heure. Viens chez moi.
— Aller et venir: faire à pied un trajet alternativement dans les deux sens.
— Faire venir qqn, le prier de venir. Faire venir qqch, se le faire livrer.
|| Loc. fig. Voir venir qqn, deviner ses intentions.
|| (Suivi d'un inf.) Venez me voir demain. Les soupçons venaient le tourmenter.
d2./d S'étendre dans une dimension (jusqu'à une certaine limite). Des manches qui viennent au coude.
— Fig. Venir à maturité, y parvenir.
|| Loc. En venir à: en arriver (après une évolution) à (un point essentiel ou extrême). J'en viens au problème qui vous préoccupe.
— En venir aux mains: finir par se battre.
— Où veut-il en venir?: quel est en fin de compte le sens de ses paroles, le but de ses actes?
— (Suivi d'un inf.) J'en viens à me demander si...: je finis par me demander si...
d3./d Venir de: provenir, tirer son origine de, découler de. Ces kiwis viennent de Chine. Ce mot vient du grec. Son erreur vient de là.
|| Venir à qqn: avoir été légué à qqn. Cette maison lui vient de sa tante.
d4./d (Sujet n. de chose.) Arriver, se produire. Le moment du départ est venu.
— La semaine, l'année qui vient, prochaine.
— Loc. adj. à venir: qui suivra (dans le temps), futur. Les jours, les événements à venir.
|| Loc. Voir venir (les choses): s'abstenir d'agir avant de savoir à quoi s'en tenir.
|| Venir à qqn: apparaître sur son corps ou dans son esprit. Avec l'âge, des rides lui sont venues. Des doutes me viennent.
d5./d (Plantes) Croître, se développer. Ces arbres viennent bien.
rII./r v. semi-auxiliaire (suivi de l'inf.).
d1./d Venir de (au prés. et à l'imparf. pour marquer un passé récent). Il vient de sortir, vous le manquez de peu.
d2./d (Dans une propos. conditionnelle.) Venir à (pour renforcer l'idée d'éventualité). Si le temps vient à se couvrir, rentrez.
d3./d (Québec) Venir pour: être sur le point de. Elle venait pour monter dans l'autobus quand elle m'a vu.
⇒VENIR, verbe intrans.
I. — [Sens spatial]
A. — [Constr. sans compl. de lieu] Se déplacer dans la direction d'un lieu ou d'une personne de référence. Venir avec qqn; venir en personne; venir d'une minute à l'autre; venir à cheval, à pied, en voiture, par le train; venir par Paris; venir en permission, en vacances; venir pour quelque chose, pour dîner; s'en aller comme on est venu. Le chasseur lui fit part d'un coup de téléphone; le comte d'Orgel regrettait de ne pouvoir venir après dîner (RADIGUET, Bal, 1923, p. 72).
♦ Aller et venir. Comme il habitait au-dessus de chez nous, je l'entendais aller et venir, frapper du pied, renverser des chaises, bâiller longuement (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 99). Ne faire qu'aller et venir. V. aller1 I A 1 b.
— Locutions
♦ Venir à l'aide de qqn, venir en aide à qqn. Aider quelqu'un, aller près de quelqu'un pour l'aider. Il a l'air d'un mendiant et personne n'y fait attention. Ne trouvant nulle âme pour venir à son aide, il se décide à dépenser au moins ce qu'il a dans sa poche (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 158). Il fit un emprunt à un de ses camarades, aussi pauvre que lui et qui se priva pour lui venir en aide (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 183).
♦ Venir au secours de qqn. S'approcher de quelqu'un pour le secourir; secourir quelqu'un. Tu sais bien, ma fille, dit Baccarat, que nous sommes seules ici, que personne ne viendra à ton secours (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 290). Toutes les fois que le baron venait au secours de quelqu'un, pécuniairement, l'obligé devait venir au secours du baron, physiquement (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 803).
♦ DR. Venir de son chef ou par représentation. Se présenter pour avoir sa part d'une succession d'un partage. Les enfants ou leurs descendants succèdent à leurs père et mère, (...). Ils succèdent par égales portions et par tête, quand ils sont tous au premier degré et appelés de leur chef: ils succèdent par souche, lorsqu'ils viennent tous ou en partie par représentation (Code civil 1990, Paris, Litec, 1990, art. 745, p. 352).
— [Constr. avec faire]
♦ Faire venir qqn. Demander à quelqu'un de se rendre auprès de soi; appeler, convoquer quelqu'un. J'ai fait venir un serrurier de Rouen, et lui ai commandé pour ma chambre des persiennes de fer (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Horla, 1886, p. 1121). Il imaginait Catherine chez lui; il fit venir les ouvriers et se dit que quand elle reviendrait, l'appartement sentirait affreusement la peinture (NIZAN, Conspir., 1938, p. 162).
♦ Faire venir qqc. Faire apporter, faire livrer quelque chose. J'ai résolu de prendre ici mes quartiers d'hiver. J'ai fait venir des livres (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Gobineau], 1853, p. 200).
— [Constr. avec voir] Voir quelqu'un, quelque chose qui arrive. Voir venir les nuages, la pluie, la tempête. Flick justement, sur le seuil du quartier, prenait le frais après dîner, en roulant une cigarette (...), quand il les vit venir du coin de l'œil (COURTELINE, Train 8 h. 47, 1888, p. 231). Je vois venir Haudouin avec cet air qu'il avait de ne pas se presser en mettant quand même une lieue derrière lui à chaque demi-heure (AYMÉ, Jument, 1933, p. 165).
♦ Loc. fig. Voir venir qqn (avec ses gros sabots). V. sabot A 2 b.
— Empl. impers. Au milieu du sillage, derrière, une petite chose grise, ayant la même forme que le navire et le suivant toujours entre deux eaux: le requin. Il y a toujours un requin qui suit, rarement deux; seulement, quand on l'a pêché, il en vient un autre (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 69). Les malades? Depuis quelque temps, il en vient d'un peu partout (ROMAINS, Knock, 1923, III, 3, p. 16).
B. — [Constr. avec un compl. de lieu indiquant le terme du déplacement]
1. a) Aller auprès d'une personne, dans un lieu, pris comme référence. Venir à l'école, à Marseille, en Écosse; venir chez qqn; venir dans les bras, sur les genoux de qqn. Elle m'avait dit de venir cette nuit, de venir dans sa chambre (CROS, Coffret santal, 1873, p. 13). Ma tante n'est pas là, reprend Annie, vous pouvez venir à la maison, vous coucherez dans sa chambre (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 245).
— [Le suj. désigne une chose] Odeur, lumière qui vient jusqu'à qqn; paroles qui viennent aux oreilles, aux lèvres de qqn; l'eau m'en vient à la bouche. Une bouffée de chaleur lui vint au visage (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1314).
♦ Loc. Faire venir les larmes aux yeux. Faire pleurer, émouvoir. On soulève, en marchant, une épaisse poussière blanchâtre qui prend à la gorge et fait venir les larmes aux yeux (GIDE, Journal, 1943, p. 204).
b) Aller, se diriger vers. Venir au devant de qqn, sur qqn/qqc., vers qqc. C'est le lendemain que l'armée fit son entrée à Mayence. Toute la ville vint à notre rencontre (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 64). Elle vint à son oncle: — Eh bien! mon oncle, ça va un peu? (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 210).
♦ [Le suj. désigne une chose] La brume venait vers eux, spectrale, à une vitesse folle (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 183).
— Fam. [Pour exprimer le défi, la menace] Qu'il y vienne! Aide-moi, Jean, on va le mener chez M. le maire. — Viens-y donc! Arrive me toucher, si tu peux, cagot! Le roulier se planta devant sa maison, la menace au bout du poing tendu (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 239). La ferme! — J' la fermerai si j' veux, saleté! — Un trois kilos te la fermerait vite! — Non, mais chez qui? — Viens-y voir, mais viens-y donc! Ils écument et grincent et s'avancent l'un vers l'autre (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 31).
— MAR. Venir au lof. Venir au vent. Venir sur tribord, sur babord. Gouverner de manière à se diriger un peu plus vers tribord, vers babord (d'apr. GRUSS 1952).
c) Venir à qqn. [P. allus. à l'Évangile selon St Marc, X, 13] Aller trouver quelqu'un, s'adresser à quelqu'un. Je viens à vous, Seigneur, père auquel il faut croire (HUGO, Contempl., t. 2, 1856, p. 401).
2. Au fig., ou p. métaph. [Le suj. désigne une idée, un affect] Se présenter à. Espérance, pensée qui vient à qqn; venir dans l'esprit, à l'idée de qqn; sentiment qui vient au cœur de qqn; la peur lui vient au ventre. Que de choses ici viennent à la pensée! (VALÉRY, Variété [I], 1924, p. 130). Je restai immobile près de la portière, dans un grand tourbillon de pensées. Les nobles attitudes me viennent toujours trop tard à l'esprit (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p. 60).
— Empl. impers. Il vient une idée, une pensée, un sentiment de honte à qqn; il lui vient à l'idée, à l'esprit de + inf. La honte de son ignorance s'en allait, il lui venait un orgueil, depuis qu'il se sentait penser (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1275). Il ne viendrait à la pensée de personne de puiser dans le dictionnaire une poignée de mots et d'appeler cela un texte (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 100).
3. [Le compl. désigne un niveau, une hauteur, une limite] Arriver à.
a) [Le suj. désigne une pers.] Le garçon se plaça devant moi. Nulle erreur possible. Il me venait presque à l'épaule, et je pus le constater d'une manière indiscutable (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 176).
— P. métaph. Ne pas venir à la cheville de qqn. Beaucoup de saints se sont humiliés devant des êtres qui ne leur venaient pas à la cheville (DUHAMEL, Journ. Salavin, 1927, p. 76).
b) [Le suj. désigne une chose] Un homme à longue barbe grise, vêtu d'une redingote recousue à la ficelle, paraissait craindre le froid aux cheveux: son chapeau boule lui venait aux oreilles (HAMP, Champagne, 1909, p. 215). Des blés superbes qui leur venaient aux épaules (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 62).
4. [Le suj. désigne une pers.]
a) [Le compl. désigne un but, une étape ou le résultat d'un processus ou d'une évolution] Arriver, parvenir à. Venir à composition, à résipiscence; venir à la démocratie.
— Loc. Y venir. S'y résoudre, l'accepter. Plaise au ciel, quand tu auras trente ans, t'accorder une bonne place à Bicêtre ou aux Repenties, puisque tu dois y venir tôt ou tard! (JANIN, Âne mort, 1829, p. 81):
• « N'importe, il a tort; c'est si bête, le mariage! » — « Tu parles légèrement, mon ami! » répliqua M. Des Aulnays, tandis qu'une larme roulait dans ses yeux, au souvenir de sa défunte. Et Forchambeaux répéta plusieurs fois de suite, en ricanant: — « Vous y viendrez vous-même, vous y viendrez ! » Cisy protesta. Il aimait mieux se divertir, « être régence ».
FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 24.
♦ Venir à bout de qqc. V. bout I C 2 b.
b) [Le compl. désigne un problème, une question, un sujet] Arriver à, aborder. Venir à un sujet, à une question. Trêve d'arguties, monsieur, et venons au fait (DUMAS père, P. Jones, 1838, V, 5, p. 198).
— [Constr. avec un inf.] Venir à considérer, à envisager qqc. Ne sachant rien l'un de l'autre et de préoccupations si différentes, leur conversation se traîna juqu'à ce qu'ils vinssent à parler des animaux (BARRÈS, Enn. Lois, 1893, p. 46).
c) Loc. En venir à
) Arriver à. Synon. venir à (supra I B 4 a et b). Devenir passive, être contredite et contrainte, peiner, c'est là, semble-t-il, pour la volonté, une étrange façon d'en venir à ses fins (BLONDEL, Action, 1893, p. 150). Le père accusait sa bru de dresser son garçon contre lui, car il n'avait jamais pardonné à Adélaïde d'être entrée sans un sou dans sa maison, (...). Quand la dispute en venait à ce point, la malédiction paternelle était en route, et Honoré jurait qu'il allait quitter la baraque le lendemain (AYMÉ, Jument, 1933, p. 32).
) Finir par, utiliser en dernier recours. En venir aux dernières extrémités, aux grands moyens; en venir jusque-là. Il disait que si les Girondins s'obstinaient à se mettre en travers de toutes les mesures nécessaires au salut de la patrie, il faudrait en venir aux coups tôt ou tard (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 97). Flaubert et Tourgueneff discutaient jusqu'à en venir presque aux mains, sur le roman d'un de leurs camarades (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 179).
— Loc. Où veut-il en venir? Que cherche-t-il? Quel est son but en fin de compte? Tu vois dans mes yeux quelque chose qui hésite, tu vois que je te laisse parler au lieu d'appeler mes soldats; alors tu marques, tu attaques tant que tu peux. Où veux-tu en venir, petite furie? (ANOUILH, Antig., 1946, p. 180).
) [Constr. avec un inf.] Finir par. Après avoir dit à Brigitte que je doutais de sa conduite passée, j'en doutai véritablement, et dès que j'en doutai, je n'y crus pas. J'en venais à me figurer que Brigitte me trompait, elle que je ne quittais pas une heure par jour (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p. 274). Il était susceptible; il en vint à ne plus ouvrir la bouche que lorsqu'il s'agissait d'annoncer un accident, un malheur, enfin quelque événement en soi assez grave pour que son accent eût chance de passer inaperçu (PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p. 55).
C. — [Constr. avec un compl. prép. de]
1. [Le compl. indique le point de départ, la provenance]
a) [Le suj. désigne un animé] Arriver en provenance de. D'où vient-il? venir du ciel, de la mer; venir de nulle part. Quand il s'est amené au lycée de Tulle, il venait de Paris, il m'en a jeté plein la vue (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 254).
b) [Le suj. désigne une chose] Provenir de, être apporté de. Épée qui vient de Tolède; thé qui vient de Ceylan, de Chine; lumière qui vient du soleil; un air de danse venait de la salle. Un immense vent venait de l'Est comme un souffle de malédiction divine qu'eussent annoncé des prophètes (GIDE, Journal, Feuillets, 1896, p. 79). Le vin de votre père vient directement du producteur (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 180).
♦ [Constr. avec faire] La mère de M. Rosenthal faisait venir d'Oxford les graines de raygrass (NIZAN, Conspir., 1938, p. 133).
— En partic. Provenir par héritage de. Intaille représentant Alexandrine, la fille de Mme de Pompadour, legs fait au duc de Chabot et qui lui vient de famille (GONCOURT, Journal, 1887, p. 707). J'ai même dû vendre, l'an dernier, un domaine de cent soixante hectares, la Michouille, qui me venait de ma grand'mère maternelle (ROMAINS, Knock, 1923, II, 5, p. 12).
2. [Le compl. indique l'orig.]
a) [Le suj. désigne une pers.] Sortir de, être issu de, descendre de. Venir d'une bonne famille, d'une vieille famille périgourdine, de la petite bourgeoisie. Tout le genre humain vient d'un couple (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 94).
b) [Le suj. désigne une chose] Avoir son origine dans. C'est de Dieu que vient la force qui délivre, parce que c'est de Dieu que vient l'amour qui unit (LAMENNAIS, Paroles croyant, 1834, p. 257). J'ai vérifié par ailleurs que Dani n'a vu personne du service entre le moment où je lui ai transmis le rendez-vous et le moment de son arrestation. Il n'a donc pu en parler qu'à Mathilde. Conclus: la fuite ne peut venir que de Mathilde ou de moi (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 48).
— En partic. [Le suj. désigne une lang., un mot]
♦ Avoir pour origine étymologique. Le français vient du latin. Le plus répandu des petits dictionnaires manuels a soin de spécifier que écaille vient du latin squama, ce qui est absurde (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 154).
♦ Être un dérivé de. Désirable vient de désir. Bleuet vient de bleu. Ne tenir aucun compte de la stupide orthographe des dictionnaires qui sont tous faits par des ânes (HUGO, Corresp., 1862, p. 375).
3. [Le compl. indique la cause] Avoir sa cause dans, être l'effet de. Synon. provenir. Le malheur vient du vice, et non de la pauvreté (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 226). Ma chère maman, qui ne me reconnaissait plus, me demandait d'où venait cette paresse nouvelle (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 78).
♦ Venir de ce que + ind. L'étrangeté superficielle du texte vient de ce qu'étant une succession de notes prises au jour le jour, il a le décousu des notes et les lueurs soudaines de beautés non développées (DURRY, Nerval, 1956, p. 100).
— Empl. impers. De là vient que, d'où vient que + ind. C'est pourquoi. De là vient que chacun juge les actions des autres comme il juge les siennes propres, de tout près, du dedans, avec toutes leurs innombrables nuances et leurs contradictions qui empêchent les classifications, les étiquetages grossiers; de là vient que personne ne peut jamais avoir de la conduite d'autrui cette vision panoramique qui seule permet la rancune ou le blâme (SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p. 36).
II. — [Sens temporel]
A. — [Idée d'apparition dans le temps]
1. [Le suj. désigne une pers.] Arriver à un certain moment, dans la vie sociale, etc. Venir à son heure, trop tard, trop tôt; venir après qqn; venir à temps. Comment se peut-il (c'est ici le mystère) que ceux qui vinrent après nous, et qui s'en iront tout de même (...) aient eu d'autres désirs que les nôtres, et d'autres dieux? (VALÉRY, Variété [I], 1924, p. 110).
♦ Empl. impers. Je suis (...) bien aise qu'il vienne de temps en temps quelque homme assez hardi pour rompre en visière à ces docteurs si sûrs de doctrines qu'ils n'ont pas inventées (DELACROIX, Journal, 1853, p. 109).
— En partic. Venir au jour, au monde, ou, p. ell., venir. Naître. Les autres avaient tout trouvé en venant au monde, moi, j'avance par mon courage et ma chance (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 270). L'enfant vint au monde, mais c'était encore une fille (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 118).
2. [Le suj. désigne un événement] Se produire, survenir. Prendre les choses comme elles viennent. Il me dit (...) Qu'il n'avait pas encor voiture, Mais que cela viendrait bientôt (BAUDEL., Fl. du Mal, 1865, p. 290). Ah! puisque tout ne peut être sauvé, apprenons du moins à préserver la maison de l'amour! Vienne la peste, vienne la guerre et, toutes portes closes, vous à côté de nous, nous défendrons jusqu'à la fin (CAMUS, État de siège, 1948, 3e part., p. 298).
♦ Empl. impers. Par suite d'un refroidissement, il lui vint une angine (FLAUB., Cœur simple, 1877, p. 56).
— Laisser venir, voir venir (supra I A). Attendre en observant le développement, l'évolution des événements. Impose de suite l'idée que tu n'es pas facile à attraper, cela donne un air capable; et puis laisse venir (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 80). J'ai déjà mis de côté, pour vous les remettre dès lundi, un certain nombre d'obligations qui vous assurent une centaine de mille francs de rente. Avec cela vous pourrez voir venir (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 225).
— Loc. Tout vient à point à qui sait attendre. V. attendre II B 1 c. Prendre les choses comme elles viennent. V. prendre 1re section I C 2 b .
3. [Le suj. désigne un moment, une période de temps] Arriver, apparaître, se manifester dans le cours du temps. Le moment, le temps, l'heure vient (de + inf.) ; l'automne vient; son heure viendra; le jour, le soir venu; la nuit venue. Fritz reprenait son histoire sentimentale, et c'est ainsi que venait l'heure de dormir (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 111). Mon parrain, regardant la cour que dorait le soleil, sourit avec mélancolie:— Quel temps radieux! Les derniers beaux jours nous sont les plus chers. — Ils nous semblent une faveur du ciel, fit ma mère. Bientôt viendront les temps froids et sombres (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 161).
— Empl. impers. Quand on a travaillé toute sa vie, il vient un moment où on s'aperçoit qu'on aurait pu faire autre chose, et, alors, on regrette, oh! oui, on regrette! (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Bois, 1886, p. 557). Dans chaque existence humaine, il vient un jour, une heure, un bref instant, où Dieu, tout à coup, daigne apparaître dans toute son évidence et nous tend brusquement la main (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1261).
4. Loc. adj. À venir. Qui doit arriver, se produire; futur. L'existence, le monde à venir; les générations, les hommes à venir; les siècles, les temps à venir. La médiocrité de sa vie, et non pas seulement à l'hôpital, de l'étude du bouillon Chartier, de sa chambre, mais de sa vie à venir, mais de ce lendemain pour lequel il esquintait sa jeunesse (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 289). Les mots, le rythme, la tonalité, la mélodie, les harmonies d'une même œuvre à venir, dont l'intelligence de l'artiste n'embrasse pas encore le sens réel et la figure (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 210).
B. — [Idée de développement dans le temps]
1. [Le suj. désigne un végétal] Pousser. Blé qui vient bien, mal; arbre long à venir. Ma tante Elisabeth me raconta que mon grand-père était né à Avignon, ville de Provence, pays où venaient les oranges, me dit-elle avec l'accent du regret (...) « Il y a donc un pays où les orangers viennent en pleine terre », dis-je à ma tante? (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 93).
— [Constr. avec faire] Un jardin pour faire venir des légumes (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 112).
2. P. anal.
a) [Le suj. désigne un enfant ou le petit d'un animal] La Blanchette a fait veau la semaine dernière, et le petit vient bien: c'est une génisse blanche (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 30). Je me porte comme trois Turcs, ma Léna aussi, et vos deux fillettes viennent à ravir (SAND, Corresp., t. 5, 1868, p. 259).
b) [Le suj. désigne un symptôme de réaction] Le sang réagit. À certains, dans des cas analogues, des boutons viennent sur tout le corps (AUDIBERTI, Quoat, 1946, 2e tabl., p. 73).
C. — Au fig. [Le suj. désigne des idées, des productions intellectuelles ou artistiques] Arriver, se manifester, se développer. Ce matin, travaillé à mon livre avec ces éternelles difficultés: les idées viennent, les mots refusent de se montrer (GREEN, Journal, 1957, p. 319).
— Venir bien, mal. Se développer bien, mal. Je travaille depuis deux jours à (...) un petit Samuel d'après sir Joshua Reynolds (...) à l'aquarelle. Cela vient horriblement mal (MÉRIMÉE, Lettres Mme de La Rochejacquelein, 1856, p. 38). J'ai abandonné mon Sterne qui venait mal, et travaille maintenant à un pastiche de Proust avec grand plaisir (MAUROIS, Mes songes, 1933, p. 142).
♦ GRAV., PHOT. Dont le tirage est bon, mauvais. Épreuve, tirage qui vient bien, mal. [Mr Belgrand à sa fille:] « Et toi, tu as tiré les photographies? » — « Oui, père, » répondit-elle. « J'ai les quatre faces du chapiteau de la Passion: (...) Il y avait une lumière excellente. Les clichés seront très bien venus (...) » (BOURGET, Conflits int., 1925, p. 43).
III. — Empl. semi-auxil.
A. — Venir + inf.
1. [Indique le but du mouvement au terme duquel se réalise l'action exprimée par l'inf., le commencement de l'action exprimée par l'inf.] Venir acheter, réclamer qqc.; venir voir qqc.; venir chercher, voir qqn; venir demander conseil. Juliette eut presque de la joie lorsqu'elle entendit le pas de sa grand-mère qui venait vérifier au salon le bon fonctionnement des convenances (MIOMANDRE, Écrit eau, 1908, p. 137).
2. [Indique le caractère fortuit ou possible de l'action exprimée par l'inf.] On viendra sans doute dire que. Que le courtisan ne vienne pas ramper sur mon amour; que la vipère ne vienne pas jeter son venin sur mes fleurs (DUMAS père, Intrigue et amour, 1847, 7e tabl., 3, p. 274).
3. [Indique une mise en relief de l'action exprimée par l'inf.] Vous venez prétendre que; ne venez pas dire que. Le souvenir vague et confus venait étinceler par moments à son esprit (SUE, Atar-Gull, 1831, p. 18). Mais une occupation vint la distraire (FLAUB., Cœur simple, 1877, p. 25).
B. — Venir à + inf.
1. [Indique que l'action exprimée par l'inf. se produit par hasard, fortuitement, dans une prop. introd. par si] S'il venait à pleuvoir. À quoi bon, dis-moi, retarder plus longtemps notre union? Si le monde venait à s'apercevoir de notre liaison, on dirait bien du mal de moi (BOREL, Champavert, 1833, p. 20). Que ferais-je si jamais tout ce que nous sommes en train d'entreprendre vient à rater? (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 120).
2. [Indique que l'action exprimée par l'inf. commence] Se mettre à. La pluie vient à tomber. Tout porte à croire que nous allons vers la famine. L'on s'y attend, et que le pain même vienne bientôt à manquer (GIDE, Journal, 1943, p. 180).
C. — Venir de + inf. [Indique que l'action exprimée par l'inf. s'est achevée très récemment] Venir d'acheter une maison, d'écrire quelques mots, de faire qqc.; venir d'arriver, de rentrer; il vient de mourir. Armand avait encore un grand frère, qui venait d'achever ses études de médecine et commençait à chercher clientèle (GIDE, Si le grain, 1924, p. 472).
IV. — Empl. pronom., vieilli ou région. S'en venir
A. — [Sens spatial] Synon. de venir (supra I).
1. [Constr. sans compl. de lieu] Là-bas, au bout de l'allée, dans le sentier de lune, deux jeunes gens s'en venaient en se tenant par la taille. Ils s'en venaient, enlacés, charmants, à petits pas (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, J. Romain, 1886, p. 1298).
2. [Constr. avec un compl. indiquant le lieu où l'on va] Puche, à ce moment, était descendu de sa meule. Il s'en venait vers ses hommes d'un petit pas de promenade, en se dandinant (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 59).
B. — Empl. semi-auxil. Synon. de venir (supra III).
1. [Constr. avec un inf.] Une joyeuse chanson montait l'escalier, et s'en vint frapper à la porte (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 245).
2. [Constr. avec un inf. introd. par à] Quand l'art italien, comme un fleuve autrefois, S'en venait à passer par une grande ville, Ce n'était pas alors une eau rare et stérile, Mais un fleuve puissant à la superbe voix (BARBIER, Ïambes, 1840, p. 166).
Prononc. et Orth.:[], (il) vient [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. ind. prés.: je viens, tu viens, il vient, nous venons, vous venez, ils viennent; imp.: je venais; passé simple: je vins; fut.: je viendrai; passé composé: je suis venu; plus-que-parfait: j'étais venu; passé ant.: je fus venu; futur ant.: je serai venu, cond.: je viendrais; cond. passé: je serais venu; subj. prés.: que je vienne; imp.: que je vinsse ; passé que je fus venu; plus-que-parfait: que je fusse venu: impér.: viens, venons, venez; passé: sois venu, soyons venu, soyez venu; inf. prés.: venir; passé: être venu; part. prés.: venant; passé: venu, -ue; étant venu. Étymol. et Hist. A. 1. Venir a + subst. marquant le terme du mouvement a) ca 880 « se déplacer pour arriver près du point de référence » (Eulalie, 28 ds HENRY Chrestomathie, p. 3); ca 1050 en venir « id. » (Alexis, éd. Chr. Storey, 113); spéc. 1690 « atteindre un certain point » (FUR.); 1842 mar. (Ac. Compl.: Venir au vent [...]. Venir à bâbord ou à tribord); b) 1176-81 fig. venir à + subst. abstr. « apparaître dans l'esprit, être conçu » (CHRÉTIEN DE TROYES, Charrete, éd. M. Roques, 495); 2. venir de + subst. indiquant l'origine du mouvement a) ca 1050 « arriver en provenance de » (Alexis, 251); b) ca 1170 fig. « provenir, découler de » (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 4392); spéc. ca 1250 « descendre (de quelqu'un) » (Grant mal fist Adam, I, 28 ds T.-L.); 1606 « dériver (d'un mot) » (NICOT, s.v. bohourd); c) loc. 1176-81 don vos vient? (CHRÉTIEN DE TROYES, Charrete, 137); 1580 d'où venoit celà (MONTAIGNE, Essais, I, 20, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 96); 1664 d'où vient que (MOLIÈRE, Tartuffe, I, 1); 3. a) ca 1050 venir sans compl. de lieu (Alexis, 467); ca 1050 faire venir qqn « lui demander de venir » (ibid., 335); 1539 venir au secours (EST.); b) loc. 1176-81 aler et venir (CHRÉTIEN DE TROYES, Charrete, 4117); av. 1399 à tous venans « à tous ceux qui se présentent » (J. D'OUTREM., Chron., I, 72 ds GDF. Compl.); 1559 à tout venant (AMYOT, Rom., 6 ds LITTRÉ); 1559 fig. premier venu « celui pris au hasard » (ID., Vies, Compar. de Lysand. av. Sylla, p. 1781, éd. 1567 ds GDF. Compl.); 1580 un nouveau venu (MONTAIGNE, op. cit., II, 4, p. 364). B. En relation avec le temps 1. a) ca 980 « se présenter à un certain moment » (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 57); ca 1100 impers. (Roland, éd. J. Bédier, 162); déb. XIIe s. a venir « qui doit arriver » (St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 300); ca 1170 qui vient « qui s'approche » (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, 6493); b) loc. ) 1275 venir a vie « naître » (ADENET LE ROI, Berte, éd. A. Henry, 85), supplanté par venir au monde 1560 (Bible, Rebul 4 Eschas 4, 29 d'apr. FEW t. 14, p. 240a); 1690 impers. (FUR.: à force de prier il lui vint une fille); ) 1539 venir tout à point « arriver avec opportunité » (EST.); puis 1611 tout vient à poinct qui peut attendre (COTGR.); 1868 tout vient à point à qui sait attendre (LITTRÉ, s.v. point); ) 1670 fig. voir venir (qqn) « deviner ses intentions » (MOLIÈRE, Bourgeois gentilhomme, III, 12); av. 1747 laisser venir « ne pas se presser » (LESAGE, Turcaret, III, 9 ds LITTRÉ); 2. 1225-30 « arriver, se développer (de plantes) » (GUILLAUME DE LORRIS, Rose, éd. F. Lecoy, 1396); ca 1245 « se développer (de quelqu'un) » (PHILIPPE MOUSKET, Chron., 1342 ds T.-L.); spéc. techn. « se produire, se manifester » 1767 peint. (DIDER., Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 302 ds POUGENS ds LITTRÉ); 1872 phot., impr. bien venir, mal venir (LITTRÉ). C. Venir à indique l'aboutissement après une évolution 1. + subst. ca 1050 « parvenir à un certain stade » (Alexis, 443); ca 1100 en venir a (Roland, 1286); 1160-74 i venir « y parvenir » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, II, 2624); spéc. ca 1170 venir à chief « parvenir à ses fins » (MARIE DE FRANCE, Lais, éd. J. Rychner, Guiguemar, 740); 1538 venir a composition (EST., s.v. deditionem subire); 1549 venir à bout (EST.); 1575 venir aux mains (THEVET, Cosmogr., XIII, 12 ds GDF. Compl.); 1674 en venir aux coups (LA FONTAINE, Contes, IV, 16, 191); 2. + inf. ca 1150 venir a + inf. subst. « se résoudre à » (WACE, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 312); XIIIe s. venir a + inf. (Du Segretain moine ds Rec. gén. de fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 4, p. 215). D. Avec l'inf. venir servant de simple auxil. 1. fin Xe s. venir + inf. « faire en sorte de » (Passion, 407); 2. ca 1050 venir a surtout à la 3e pers. + inf. « se trouver en train de » (Alexis, 47); 3. ca 1225 venir de + inf. « avoir juste fini de » (GAUTIER DE COINCI, Mir., éd. V. Fr. Koenig, I Mir 12, 44). Du lat. venire « venir », « arriver, se présenter », « parvenir à », « venir à quelque chose, venir dans tel ou tel état » et « en venir à ». Fréq. abs. littér.:98 961. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 142 843, b) 153 800; XXe s.: a) 144 519, b) 129 650. Bbg. BAMBECK (M.). Galloromanische Lexikalia aus volksprachlichen mittelalterlichen Urkunden. Mél. Gamillscheg (E.) 1968, p. 69. — DABÈNE (L.). Aller et venir: de la ling. à la didact. Mél. Pottier (B.) 1988, pp. 217-224. — DEJAY (D.). Les Rel. actancielles appréhendées à travers un corpus de verbes fr. Thèse, Nancy, 1986, pp. 37-42. — GARDIES (J.-L.). Élém. pour une gramm. pure de l'aspect. Modèles ling. 1981, pp. 112-134. — GOUG. Mots t. 1 1962, pp. 257-258. — KERBRAT-ORECCHIONI (C.). L'Énonciation de la subjectivité ds le lang. Paris, 1980, pp. 50-54. — LANLY (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp. 318-321. — LETOUBLON (Fr.). Il vient de pleuvoir, il va faire beau. Z. fr. Spr. Lit. 1984, t. 94, pp. 25-41. — NEF (F.). Les Verbes aspectuels du français... Semantikos. 1980, t. 4, n° 1, p. 39. — PINCHON (J.). Les Pron. adv. en et y. Genève, 1972, pp. 263-265. — QUEM. DDL t. 9, 27, 34. — SANKOFF (G.), THIBAULT (P.). L'Alternance entre les auxil. avoir et être en fr. parlé à Montréal. Lang. fr. 1977, n° 34, pp. 97-99.
venir [v(ə)niʀ] v. intr.
CONJUG. je viens, tu viens, il vient, nous venons, vous venez, ils viennent; je venais; je vins; je viendrai; je viendrais; que je vienne, que nous venions; que je vinsse; viens, venons, venez; venant; venu. Aux. être.
ÉTYM. 880; lat. venire.
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I (Sens spatial). Se déplacer de manière à aboutir ou à être près d'aboutir à un lieu (où se trouve une personne de référence, qui peut être ou non le locuteur). ⇒ Aller, déplacer (se), rendre (se); fam. amener (s'), et l'inf. plais. viendre.
REM. Aller exprime le mouvement, arriver l'aboutissement du mouvement, venir le mouvement et son terme par rapport à qqn.
A (Sans compl. de lieu). || Les femmes ne viennent pas quand on les appelle (cit. 4) et viennent quand on ne les appelle pas. || Elle regretta d'être venue (→ Calculateur, cit. 3). || Je ne t'ai pas demandé (cit. 28) de venir. || Venez avec moi : accompagnez-moi. || Venez à neuf heures sans faute (cit. 13). ⇒ Passer. || Il peut venir d'une seconde à l'autre (→ Sérieux, cit. 3). ⇒ Arriver. || « Vient-il ? — N'en doutez pas, Madame, il va (1. Aller, cit. 38) venir » (Racine). || Il vient, il va venir, il ne viendra pas. || Nous sommes venus en hâte. || Venir à l'aide, au secours de qqn. — Par métaphore, (sujet n. de chose). || Les passions viennent ensemble (→ Arriver, cit. 57). || « La vengeance est boiteuse (cit. 8), elle vient à pas lents. » — ☑ Loc. Aller et venir. ⇒ Aller (cit. 3 à 6). ☑ Fam. Je ne fais qu'aller et venir : je reviens tout de suite, rapidement.
♦ Faire venir. || Faire venir qqn. ⇒ Appeler, convoquer, demander (→ Laboureur, cit. 3). || Sonnez, ça les fera venir, ces lambins (cit. 3). — Les confitures font venir les mouches. ⇒ Attirer. — Faire venir qqch. || Faire venir un livre, un produit. ⇒ Apporter (faire), commander (→ 1. Penser, cit. 14).
♦ Laisser… venir. || Elle les laissait venir (→ Paraître, cit. 41). || Regarder venir un train de péniches (→ Remorqueur, cit. 2). — Voici venir…
♦ Voir venir : voir (qqn, qqch.) qui vient. || Il vit venir Pierre lui-même (→ Renier, cit. 5). || Tu as vu venir le grain (cit. 37; → Prendre, cit. 116; prodrome, cit.). ⇒ Attendre (s'attendre à). — ☑ Loc. Je te vois venir avec tes gros sabots (cit. 1). || Je te vois venir : je devine tes intentions. || « Taisez-vous… je vous vois venir » (Molière, le Bourgeois gentilhomme, III., 12.). — ☑ Voir venir les événements, ou, ellipt, voir venir : attendre prudemment en observant l'évolution des événements, ne pas se presser (→ Se, cit. 1).
1 Un état singulier de l'inquiétude humaine se traduit par ce mot : voir venir. Gwynplaine était dans cet état. On ne se sent pas encore en équilibre avec une situation qui surgit. On surveille quelque chose qui doit avoir une suite. On est vaguement attentif. On voit venir. Quoi ? on ne sait. Qui ? on regarde.
Hugo, l'Homme qui rit, II, V, IV.
♦ ☑ Loc. Venir en aide à qqn : aller auprès de lui pour l'aider (équivaut, la valeur de venir étant affaiblie, à venir aider qqn → ci-dessous II., 1.). ⇒ Aider.
B (Avec un compl. marquant le terme du mouvement). || Venir à, chez, dans…
1 Demain vous viendrez chez moi (→ Assez, cit. 20). || Elle s'attendait (cit. 112) à ce qu'il vînt à Paris. || Venez ici (cit. 16), allez là. || Venez près de moi. ⇒ Approcher, avancer, rapprocher (se). || Venez avec moi aux lavabos (cit. 3). || Elles venaient au-devant d'eux (→ Flamber, cit. 12), à leur rencontre. || Il vint vers moi (→ Cahier, cit. 3). — Impers. || Il (cit. 23) vint à Genève un charlatan italien. — Mar. (le sujet désigne le navire). || Venir au lof, au vent. || Venir sur bâbord, sur tribord : gouverner de manière à se diriger vers bâbord, vers tribord.
♦ Venir à (qqn) : aller vers lui, aller le trouver. || Des cavaliers qui venaient à nous (→ 1. Caravane, cit. 2). — Fig. || Mon Dieu je viens à vous (→ Blessure, cit. 10). || « Vous qui passez, venez à lui, car il demeure » (cit. 28). || « Laissez venir à moi les petits enfants » (cit. 1) (cit. des Évangiles). || Il croyait voir qqn venir à lui (→ Personne, cit. 29). — Fam. (exprimant le défi, la menace). || Viens-y ! (→ Mais, cit. 32). || Qu'il y vienne ! — (Sujet n. de chose). || Inviter les objets à venir à nous au lieu que nous allions vers les objets (→ Effort, cit. 26). || Les odeurs de la campagne ne venaient pas jusqu'à lui (→ Aspirer, cit. 19). || Les larmes me vinrent aux yeux (→ Reconduire, cit. 1). || Faire venir les larmes (cit. 4) aux yeux de qqn. ☑ Faire venir l'eau à la bouche. ⇒ Mettre. || Cela m'est venu aux (entre les) mains. ⇒ Tomber. — Mot qui vient aux lèvres (cit. 25), sous la plume (→ Influence, cit. 12). || Cela m'est venu aux oreilles, à la mémoire. — Venir auprès de qqn, près de qqn (même sens).
2 Si vous n'avez rien à me dire,
Pourquoi venir auprès de moi ?
Hugo, les Contemplations, II, IV.
2 (Fin XIIe). Par métaphore (le sujet désigne des idées, des sentiments, avec une valeur temporelle). Commencer à être, à se présenter. — Vieilli. || Venir dans l'esprit (cit. 102), dans l'idée (cit. 66) de qqn. (Impers.). || Jamais il ne m'est venu dans l'idée, à l'esprit de… (→ Blasphémer, cit. 5; drogue, cit. 1). — Mod. || Venir à l'esprit. ⇒ Présenter (se). || Cela ne m'est pas venu à l'idée. — Idée, pensée… qui vient à qqn. || Il me vient une idée (cit. 50). ⇒ Concevoir, imaginer. — L'idée ne lui vient pas un instant que… (→ Droiture, cit. 3). || Que cette idée ne vous vienne jamais de… (→ Douter, cit. 26). ⇒ Aviser (s'), penser. — Les pensées plaisantes qui lui venaient (→ Enfouir, cit. 5). || Une pitié lui venait au cœur (→ Dérisoire, cit. 2). || Cette peur lui vient quand… (→ Blesser, cit. 5). || Un scrupule lui vient (→ Infirmer, cit. 4). || Des pudeurs (cit. 9) lui venaient. || La dévotion vient à quelques-uns (→ Âge, cit. 40). — L'appétit me vient en mangeant (1. Manger, cit. 14).
3 Tout ce que je fais me vient naturellement, c'est sans étude.
Molière, les Précieuses ridicules, 9.
4 Comment cette sympathie lui était-elle venue ?
France, le Lys rouge, XII.
3 (1690). Arriver à… (une limite, un niveau), atteindre. || Votre fils me vient à l'épaule (Académie). — ☑ Fig. Je ne connais pas de femme qui lui vienne à la cheville (cit. 5). — (Sujet n. de chose). || Son col venait à la hauteur de ses oreilles (→ Muscadin, cit. 2).
4 Abstrait. (Sujet n. de personne). Parvenir à… (un but, une étape d'un développement). Vieilli. || Venir à ses fins (→ Afféterie, cit. 1), à son but (→ Détour, cit. 10). ⇒ Arriver. ☑ Mod. Venir à bout de… ⇒ Bout (cit. 35, 36, et 36.1). — Venir à composition, à résipiscence. || Venir à maturité. — Venir à la démocratie (cit. 8), au communisme (cit. 3), à la révolution (→ Générosité, cit. 9). — Il faudra bien qu'il y vienne : il finira bien par s'y résoudre, par l'accepter.
♦ (Fin XIIe). || Venir à… (un sujet, une question). ⇒ Aborder. || « Mais venons au sujet qui m'amène (cit. 4) en ces lieux » (Molière). || Pour venir à notre affaire (cit. 6). ⇒ Parler (de). ☑ Venons au fait (cit. 37). — (Avec l'inf., vieilli). || Si maintenant nous venons à considérer… (→ Dieu, cit. 36).
♦ (1690). || En venir à… a Dans le même sens que venir à…, ci-dessus (→ Afin, cit. 1; préambule, cit. 3; rétrospectif, cit. 2).
5 Mon cher ami, intervint le secrétaire, vous feriez mieux d'en venir tout de suite à l'objet de notre réunion.
P.-J. Toulet, la Jeune Fille verte, VII.
b Mod. Finir par faire, par employer, après une évolution. || En venir aux moyens extrêmes, aux extrémités (cit. 19). ☑ Loc. En venir aux mains (cit. 54), aux coups (cit. 6) : engager la lutte. — En venir aux invectives (→ Disputeur, cit. 1), à la brutalité (→ Régler, cit. 11),… || « … puis en vint au baiser » (→ Apprivoiser, cit. 12). || « Sans doute il est fâcheux d'en venir jusque (cit. 24)-là ». || On n'en peut venir là (→ Douter, cit. 14). ☑ Où veut-il en venir ? : que veut-il, que cherche-t-il en fin de compte ? (→ Déplacer, cit. 13; folâtre, cit. 2).
c En venir à… (suivi de l'inf.). ⇒ Finir (finir par…), réduire (être réduit à…). → Deviner, cit. 8; lendemain, cit. 8; liguer, cit. 2; 1. lire, cit. 25; manquer, cit. 74; parier, cit. 9; reste, cit. 6.
6 J'en suis venu maintenant à regarder le monde comme un spectacle et à en rire.
Flaubert, Correspondance, 22, 13 sept. 1838.
1 (Avec un compl. marquant le point de départ du déplacement l'origine du mouvement, la provenance). || Un ange (cit. 4) venant du ciel. || « Rien ne suffit aux gens qui nous viennent de Rome » (→ Assouvir, cit. 2; joie, cit. 27). || De quel pays venait cette famille (⇒ Originaire). → Piraterie, cit. 1. || D'où (cit. 58) venaient-ils ? || Il venait le diable sait d'où (cit. 79). || Venir de la part de quelqu'un.
♦ (Choses). || La lumière vient du Soleil en 6 minutes et demie (→ Newtonien, cit.).|| Un souffle glacial (cit. 1) venait de la route. ☑ Regarder d'où vient le vent. ⇒ Souffler. || Les nuages viennent du Nord. || « Cette paisible rumeur (cit. 4)-là vient de la ville. » — Provenir de, être fabriqué à… || Bracelets d'argent filigrané (cit. 1) qui venaient de Tolède. — (Héritage). || Des biens qui lui venaient de son grand-père. ⇒ Échoir.
2 (XVe). Provenir, tirer son origine de. — (Personnes). || Venir d'une bonne famille (vieilli). ⇒ Sortir. || Jumeaux (cit. 4) qui viennent de deux œufs. ⇒ Descendre, issu (être). — (Choses). || Les maux qui affligent (cit. 6) la terre ne viennent pas de Dieu (→ aussi Diable, cit. 5). || « Ce pelé, ce galeux (cit. 4) d'où venait tout le mal » (La Fontaine). || « L'apologue (cit. 3) est un don qui vient des immortels ». || Toute justice (cit. 11) vient de Dieu. ⇒ Émaner. || Tout bien vient du peuple (→ Démocratie, cit. 6). || « Tout ce que nous connaissons de grand nous vient des nerveux » (cit. 12). || « Les grandes pensées viennent du cœur » (Vauvenargues).
♦ (1606). || La plupart des mots français viennent du latin (cit. 12). ⇒ Dériver. || « Ironie » (cit. 1) vient d'un mot latin, qui lui-même vient d'un mot grec.
3 (V. 1175). Avec un complément de cause. Être l'effet de. ⇒ Découler. || L'ingratitude vient peut-être de l'impossibilité où l'on est de s'acquitter (cit. 10). || « Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose… » (→ Chambre, cit. 4). || C'est de l'unique despotisme (cit. 7) des pères que viennent les vices des enfants. || « D'où vient ce sombre accueil (cit. 3) et ces regards fâcheux ? » — « Tout notre mal vient de ne pouvoir être seuls » (→ Dissipation, cit. 6). — Cela vient de ce que (avec l'ind.) → Justice, cit. 17. || « La prétendue légèreté (cit. 9, Mme de Staël) des femmes vient de ce qu'elles ont peur d'être abandonnées ».
7 Toutes les erreurs de ma vie sont venues d'avoir sacrifié mes opinions à celles d'autrui.
A. Maurois, Disraëli, p. 83.
♦ (1655). Impers. || De là vient que…, d'où vient que… : c'est pourquoi (→ Incompréhensible, cit. 5). Interrog. || D'où vient que… ? (avec l'indic. ou, rare, le subj.). ⇒ Pourquoi (→ Accorder, cit. 15; agir, cit. 28). Vx (anacoluthe). || « D'où vient donc, monsieur le marquis, me l'avez-vous laissé ignorer… ? » (Marivaux, le Legs, p. 11).
8 D'où vient que l'on ne peut guère plus faire de bonne littérature avec de bons sentiments, ni mettre en poésie la vertu.
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, p. 34.
9 D'où vient qu'une parole, un geste, puissent faire des ronds à n'en plus finir, dans une destinée ?
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, XIV.
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II En fonction de semi-auxiliaire, suivi d'un infinitif.
1 (1080). Sans prép. Se mettre à (faire), faire en sorte d'être dans la possibilité de. || « Oui, je viens dans son temple adorer (cit. 1) l'Éternel » (Racine). || « J'oublie, en le voyant, ce que je viens lui dire » (1. Dire, cit. 10). || « Viens, mon fils (cit. 1), viens mon sang, viens réparer ma honte » (Corneille). || L'infanterie débouchant de ses lignes venait attaquer (cit. 4). || Elle est venue chercher les enfants. || Venir chercher qqn. || « Lorsqu'elle vient me voir, je souffre le martyre » (cit. 10). || « Regarde ! je viens seul m'asseoir (cit. 26) sur cette pierre… ». || Elle vint se mettre (cit. 57) à côté d'elle. || Des images sombres venaient m'assaillir (→ Angoisse, cit. 12; et aussi apparaître, cit. 5; briser, cit. 30).
10 Et plus tard un Ange entr'ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.
Baudelaire, les Fleurs du mal, « La mort », CXXI.
10.1 Mon oncle dit d'une voix faible, essoufflée, mais nette.
« Bonjour, mon enfant. Il est tard pour me venir voir. Notre connaissance ne sera pas longue. »
Je balbutiai : « Mon oncle, ce n'est pas ma faute… »
Il répondit : « Non. Je le sais. C'est la faute de ton père et de ta mère plus que la tienne (…) »
Maupassant, le Marquis de Fumerol, Pl., t. II, p. 810.
♦ (Pour marquer une idée d'intervention plus ou moins fortuite). || Et vous venez prétendre (cit. 24) que vous ne m'avez pas questionné ! || Et quand un philosophe viendra me dire que… (→ 1. Penser, cit. 17). — (Sujet n. de chose). || Jamais une indiscrète censure ne venait arrêter son babil (→ Aise, cit. 9). || Une lumière (cit. 5) que nul reflet ne vient tempérer. || Une expérience que rien n'est jamais venu contredire (→ Miraculeux, cit. 1; et aussi approfondir, cit. 5; boucher, cit. 3).
11 Le barbier (…) les poussa tous deux dans la rue, et referma sa porte en disant : — Venir refroidir le monde pour rien !
Hugo, les Misérables, IV, VI, II.
2 (1549). || Venir à (surtout à la 3e pers.) : se trouver en train de (faire, subir qqch.). || Si par hasard on vient à rencontrer… (→ Portrait, cit. 12). || S'il venait à me perdre : au cas où il me perdrait (→ Joie, cit. 18). ⇒ Cas (au cas où). || Lorsque je viendrais à tourner de l'œil (cit. 47). — Le roi vint à passer (cit. 1). || Le prêtre vient à éternuer (→ Assister, cit. 13). — Lorsque les vivres viennent à manquer (→ Boucaner, cit. 1). || Si ta santé venait à dépérir (cit. 3). || Quand toutes les douleurs (cit. 2) viendraient à se taire.
12 Mais si ce feu, Seigneur, vient à se rallumer ?
S'il lui rendait son cœur, s'il s'en faisait aimer ?
Racine, Andromaque, I, 3.
♦ Impersonnel :
13 S'il venait à passer, sous ces grands marronniers
Quelque alerte beauté de l'école flamande (…)
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Une bonne fortune », XXV.
a Pour marquer, à l'indicatif présent, un passé récent, à l'indicatif imparfait, un plus-que-parfait récent. Avoir (fait) très récemment, avoir juste fini de… (→ Ne faire que de…, sortir de…). || Écoute une chanson (cit. 1) que je viens de faire. || L'âme qui vient d'obtenir ce qu'elle a longtemps désiré (cit. 4). || Ce qui est neuf (2. Neuf, cit. 1) vient d'être fait. || Livre qui vient de paraître (cit. 7). || Les toutes dernières toiles qu'il vient de peindre (cit. 14). || Il venait de commettre une infraction (cit. 3). || Comme s'il venait de faire une découverte (→ Moins, cit. 33). || Cette chambre qui venait d'être retapissée (1. Retapisser, cit.).
14 La félicité que je venais d'éprouver était bien en effet la même que celle que j'avais éprouvée en mangeant la madeleine (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XV, p. 8.
♦ (En corrélation avec que temporel; → Que, I., 5.). || Mon télégramme (cit. 1) venait de partir que j'en reçus un. ⇒ Juste, peine (à).
b À d'autres modes que l'indicatif, avec la même valeur. || « Un soir, venant de perdre une bataille honnête… ». || Il semblait qu'il vînt de reprendre quelque nouvelle vigueur (→ Pâle, cit. 1).
15 Tout à l'heure (…) vous avez fait allusion à quelque chose de sérieux, qui viendrait d'arriver ?
Pierre Benoit, Bethsabée, XIII.
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III Arriver, se produire, survenir.
1 (Personnes). Arriver (dans la vie, dans l'activité sociale, dans l'histoire). ☑ Venir au monde (1560; venir à vie, 1250). ⇒ Naître (→ Abreuver, cit. 6; apporter, cit. 24; désespérer, cit. 22; 1. fer, cit. 13). Littér. || « Je suis venu trop tard dans un monde (cit. 31) trop vieux » (Musset). — Absolt. || « Tout est dit (1. Dire, cit. 112) et l'on vient trop tard… » (La Bruyère). || « Les grands poètes sont venus après de grandes calamités » (cit. 1). || Mille scolastiques sont venus ensuite. ⇒ Suivre (→ Irréfragable, cit. 1). || Ceux qui viendront après nous. ⇒ Succéder. || « Enfin Malherbe vint… » → Cadence, cit. 1 (Boileau). — Impers. || Il viendra une autre génération (cit. 21; → Libérateur, cit. 1).
♦ (Événements). ⇒ Apparaître, arriver, produire (se), survenir. — REM. L'inversion du sujet est fréquente en ce sens. || Si la guerre vient (→ Raison, cit. 69). || « Vienne encore un procès et je suis achevé » (cit. 7). || Vinrent les ventes d'Anvers (→ Descendre, cit. 38). || Tout vient à son temps dans la vie (→ Revue, cit. 11). ☑ Prendre les choses comme elles viennent, avec philosophie. — Voir venir (les événements). → ci-dessus, I., A. — ☑ Prov. Tout vient à point à qui sait attendre. ☑ La fortune vient en dormant.
♦ (Moments). Arriver, apparaître dans le cours du temps. || Le moment (cit. 18), le temps est venu, viendra… (→ Dépister, cit. 3; 1. manger, cit. 12; mourir, cit. 27; 1. placer, cit. 14). || L'heure est venue de réfléchir (→ Dimanche, cit. 3). || Un jour viendra où… (→ Pouce, cit. 8). || Quand vint son tour (→ Père, cit. 22). || Les jours, les années qui viennent. ⇒ Prochain, suivant. || Nous anticipons (cit. 1) l'avenir comme trop lent à venir. ⇒ Tarder. || Vinrent juin et les plus longs (cit. 26) jours. || « Quand la bise fut venue » (→ Dépourvu, cit. 1). — Au p. p. || Le printemps venu (→ 1. Pêcher, cit.). || Avril venu (→ Cèdre, cit. 3). || La nuit venue (→ Arrêter, cit. 54). — Impers. || Il vient un moment où… (→ Alchimie, cit. 1; assainir, cit. 2).
♦ ☑ Loc. adv. À venir : qui doit venir, qui viendra. ⇒ Futur, avenir. || Leur descendance (cit. 1) encore à venir. || Les générations à venir. || Les faits présents et à venir (→ 1. Politique, cit. 24). || Notre vie passée (cit. 157) et notre vie à venir.
2 (1560). Naître et se développer (végétaux; tissus vivants). ⇒ Pousser. || Des végétaux qui puissent venir dans les mauvais terrains (→ Matière, cit. 10). || Un sol où le blé vient bien, vient mal. || Faire venir une plante. ⇒ Cultiver. || Lent à venir. ⇒ Tardif. || Ainsi le riz (cit. 2) vient. || « Nulle moisson ne vient sur la grève arrosée » (→ Rosée, cit. 4).
16 Il semait bonnement pour pouvoir recueillir.
Aussi dans son terrain tout venait à merveille (…)
Florian, Fables, I, 10.
17 Chacun de ces maudits noyers (…) me coûte la récolte d'un demi-arpent, le blé ne peut venir sous leur ombre.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, VIII.
♦ Par anal. || La peau qui vient sur le lait (cit. 13). || Des boutons qui viennent sur le visage.
3 (En parlant des productions de l'esprit, de l'art). Se manifester. || Deux livres écrits d'une haleine que je publiai comme ils étaient venus (→ Distance, cit. 7). || Les idées ne venaient pas facilement (cit. 3).
4 Fig. || Venir bien, mal : se développer bien, mal.
17.1 Et j'ai décidé de reprendre le haut, je trouve la lumière trop jolie. Mais je crois que la toile ne vient pas mal. Je la sens. Je l'ai dans les doigts.
M. Aymé, le Vin de Paris, « La bonne peinture », 1947, p. 173.
♦ Gravure, photogr. || Estampe, épreuve qui vient bien, mal, dont le tirage est bon, médiocre. || Si le profil (cit. 6) d'une pièce venait mal.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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s'en venir v. pron.
ÉTYM. (1080).
♦ Vx ou régional. Venir. || Le voilà qui s'en vient, qui s'en vient vers nous (→ Amoureusement, cit. 3; monter, cit. 21; protestataire, cit.).
18 Je disais : Viens-nous-en dans les profondeurs sombres (…)
Hugo, les Contemplations, II, XIV.
19 L'abbé vira vers la route et aperçut en effet un homme, qui lui parut, de loin, fort mal vêtu, et qui s'en venait, à petits pas, vers la maison.
Maupassant, l'Inutile Beauté, « Champ d'oliviers », II.
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venu, ue p. p. ⇒ Venu (adj. et nom).
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CONTR. Aller. — (De faire venir) Envoyer.
DÉR. Venant, venue.
COMP. Avenir. — Bienvenu, malvenu. — Survenir. — V. Advenir, contrevenir, convenir, devenir, parvenir, provenir, subvenir.
Encyclopédie Universelle. 2012.