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reste

reste [ rɛst ] n. m.
• 1324; n. f. 1230 jusqu'à fin XVIe; subst. verb. de rester
I(Neutre collect. introd. un partit. exprimé ou s.-ent.) Ce qui reste d'un tout. A ♦ LE RESTE DE... ou LE RESTE (partitif s.-ent.) :ce qui reste d'un tout, d'un ensemble (matériel ou non), dont une ou plusieurs parties ont été retranchées (effectivement ou théoriquement).
1(D'un objet ou d'une quantité mesurable) Le reste d'une somme d'argent. complément, différence, excédent, reliquat, 2. solde, surplus. « Il emploie la moitié de son argent; le reste, il le donne aux pauvres » (Lautréamont). Verser un acompte et payer le reste par mensualités.
Vieilli Donner son reste à qqn, le congédier en lui versant ce qui lui est dû. — Loc. Partir sans demander (attendre) son reste, sans insister, piteusement (comme qqn à qui on ne doit rien).
2(D'un espace de temps) Le reste de sa vie. 1. restant. « Vivre entre ses parents le reste de son âge » (du Bellay). Loc. Jouir de son reste, des derniers moments d'une situation agréable qu'on va perdre. « Ils cherchent à bien profiter de leur reste » (A. Gide). Loc. adv. Le reste du temps : aux autres moments, dans les autres occasions. Il « incline devant Dieu des épaules que, le reste du temps, le labour courbe vers la terre » (Suarès).
3(D'une pluralité d'êtres ou de choses) Les autres. « Du reste des humains je vivais séparée » (Racine). (Suivi d'un nom au plur., avec le v. au sing.) « Le duc d'Estrées et Mazarin, à qui le reste des hommes n'osait parler » (Saint-Simon). (Avec le v. au plur.) Littér. « Le reste des individus seront réduits à la condition d'instruments » (Valéry). (Devant un collect.) « Ces simples qui vivent là isolés du reste du monde » (Loti). (Sans compl.) « Les miteux s'y logèrent à quinze ! le reste se casa où il put » (Courteline).
4(D'une chose non mesurable) Le reste de l'ouvrage. Loc. Faire le reste : agir dans le même sens. Je l'ai opéré, le repos fera le reste. « Personne ne peut être en deux endroits à la fois. Te voilà confondu ! La torture faisait le reste » (Caillois).
5Absolt LE RESTE : tout ce qui, dans quelque ordre que ce soit, n'est pas la chose précédemment mentionnée. Ne t'occupe pas du reste. « Et tout le reste est littérature » (Verlaine). Pour le reste, quant au reste. Loc. iron. Il sait faire ça comme le reste, aussi mal que toute autre chose.
(En fin d'énumération) Et le reste. et cætera. « Bon soupé, bon gîte, et le reste » (La Fontaine). Et tout le reste : et tout ce qui s'ensuit (cf. fam. Et tout le bataclan, le bazar, le bordel, le saint-frusquin, le tralala, le tremblement; arg. et tout le toutim).
BLoc. adv.
1(1538) DE RESTE : plus qu'il n'en faut, plus qu'il n'en est besoin. Il a de l'argent de reste pour se tirer d'affaire. Iron. Avoir de l'argent, du temps de reste, les prodiguer inutilement. « Vous avez de la bonté de reste, vous encore » (Courteline).
2(1382 être en reste de payer « devoir encore ») EN RESTE. redevable. Loc. (XVIIe) Être, demeurer en reste (avec qqn) : être le débiteur, l'obligé (de qqn). « Il a payé. Comme je ne voulais pas être en reste, il y a eu une seconde tournée » (Butor). Loc. N'être jamais en reste : se comporter de façon à ne jamais se trouver en situation d'obligé envers qqn; ne jamais être pris au dépourvu pour répliquer.
3(1539) Littér. AU RESTE; (1564) Cour. DU RESTE. Quant au reste; pour ce qui est du reste, de ce qui n'est pas mentionné (cf. Au surplus, d'ailleurs). Je découvre, « au reste, je m'en étais toujours douté, qu'elle sait le latin, le grec » (Sand). « Du reste, même à part ce talent phénoménal, c'était vraiment un être très intéressant » (Barbey).
II(Substantif masculin variable en nombre) UN RESTE, DES RESTES : élément restant d'un tout dont l'intégrité ne s'est pas conservée. A(Avec un compl. déterm. désignant le tout, l'ensemble dont provient l'élément restant, ou absolt)
1(Concret) Les restes d'un bâtiment détruit ( décombres, ruines) ; d'une voiture accidentée. débris. « Ce portique, seul reste conservé des constructions de l'ancien temple » (Renan). trace, vestige.
Spécialt Restes d'un repas. relief, péj. rogaton. Absolt « Leur déjeuner venait de se terminer. Les restes étaient copieux » (Céline). L'art d'accommoder les restes. Restes jetés aux ordures. déchet, détritus.
Littér. Cadavre, dépouille. cendres. Restes exhumés, incinérés. Recueillir les restes de qqn.
(Personnes) Survivant, descendant encore vivant. Les restes d'une armée vaincue. « Une aristocratie, reste des familles autrefois souveraines » (Renan).
2(Abstrait) « Nul reste de cette puissance » (Bossuet). Il retrouvait en lui quelques restes de ses anciennes préoccupations.
3Dans un calcul, Élément restant d'une quantité, après soustraction ( différence) ou après division. Dr. constit. Dans le système de la représentation proportionnelle, Se dit des restes obtenus après division des suffrages qu'une liste a recueillis.
B(Avec un compl. déterm. désignant la matière ou la nature de l'élément restant) Petite quantité restante de (qqch.).
1(Concret) « Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure » (Lamartine). Il dîna d'un reste de rôti. Loc. Avoir de beaux restes, des restes de beauté (se dit de qqn qui n'est plus jeune). « Il est fort extraordinaire qu'une femme dont la fille est en âge d'être mariée ait encore d'assez beaux restes pour s'en vanter si hautement » (P. Corneille).
2(Abstrait) « Un reste de goût pour la vertu » (Rousseau). Un reste de bon sens, de tendresse, d'espoir. « On voyait dans ses yeux un reste de fureur » (Hugo).
CAu plur. Les restes de qqn, ses restes, ce qu'il a laissé, négligé, méprisé (considéré quant à sa possession, son utilisation par une autre personne). Il n'a eu que vos restes. Spécialt (de nos jours, injurieux) « C'est chose tout à fait plaisante que de voir le grand roi, jeune encore, épouser les cinquante ans sonnés d'une dévote, [...] et ce monarque glorieux vivre trente ans des restes de ce cul-de-jatte [Scarron] » (Lemaitre).

reste nom masculin (de rester) Résultat d'une soustraction ; ce qui subsiste d'un ensemble dont on a retranché une ou plusieurs parties ou dont on considère à part une ou plusieurs parties : Il occupe trois pièces et loue le reste de la maison. Elle est très différente du reste de ses collègues. Ce qui reste ou resterait à dire, à faire, etc. ; toute chose qui vient en plus : Faites ceci, je m'occupe du reste. Partie non utilisée d'un matériau, de quelque chose, partie non consommée d'un aliment, d'un plat : Râper des restes de fromage. Ce qui subsiste de quelque chose qui est détruit ou qui est en voie de disparaître : Un reste de sa splendeur. Droit Voix non utilisées et sièges non attribués après la première répartition dans le cadre d'un scrutin à la représentation proportionnelle. ● reste (citations) nom masculin (de rester) Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Mon frère a-t-il tout ce qu'il veut, Bon souper, bon gîte et le reste ? Fables, les Deux Pigeons reste (difficultés) nom masculin (de rester) Registre Au reste / du reste. Les deux locutions ont le même sens (= au surplus, par ailleurs) mais au reste appartient au registre soigné alors que du reste est courant. Accord Le reste de. Quand le reste de est suivi d'un nom au pluriel, le verbe se met généralement au singulier (le reste des tableaux date du XIXe s.), mais le pluriel, plus rare, n'est pas fautif (le reste des tableaux datent du XIXe s.). En revanche, si après le reste de le verbe être est suivi d'un nom au pluriel, le verbe se met également au pluriel : le reste des tableaux sont des peintures sans intérêt. ● reste (expressions) nom masculin (de rester) Au reste, du reste, complète, rectifie, nuance une affirmation ; au surplus, d'ailleurs. De reste, plus qu'il n'est nécessaire : Avoir de l'argent de reste. Et (tout) le reste, après une énumération, indique qu'elle n'est pas close ; et (tout) ce qui s'ensuit. Être en reste avec quelqu'un, être son obligé, lui devoir quelque chose. Jouir, profiter de son reste, profiter des derniers moments d'une situation avantageuse. Ne pas demander son reste, se retirer promptement de crainte d'avoir à subir d'autres désagréments. N'être jamais en reste (de quelque chose), se comporter de façon à n'être jamais le dernier sur ce point, en être prodigue : Il n'est jamais en reste de bons mots. Reste de la division euclidienne d'un entier naturel a par un entier naturel b non nul, entier naturel r tel que a = bq + r avec 0 ≤ r \< b. Reste de la division euclidienne d'un polynôme A par un polynôme non nul B, polynôme R de degré strictement inférieur au degré de B, vérifiant A = BQ + R. ● reste (synonymes) nom masculin (de rester) Résultat d'une soustraction ; ce qui subsiste d'un ensemble dont on...
Synonymes :
- excédent
Ce qui reste ou resterait à dire, à faire, etc. ;...
Synonymes :
- complément
Partie non utilisée d'un matériau, de quelque chose, partie non consommée...
Synonymes :
- rogatons
Ce qui subsiste de quelque chose qui est détruit ou qui...
Synonymes :
- résidu

reste
n. m.
rI./r
d1./d Ce qui demeure d'un tout (relativement à la partie retranchée, considérée, etc.). Payer le reste d'une dette.
Fig. Ne pas demander son reste: s'en tenir là, ne pas insister.
|| Le reste du temps: tous les autres moments. Il travaille beaucoup; le reste du temps, il dort.
d2./d Absol. Ce qu'il y a encore à faire, à dire. Nous lirons le reste demain.
|| Ce qu'il y a en outre. Inutile de préciser, vous imaginez le reste.
(Après une énumération.) Et (tout) le reste: et caetera.
d3./d être en reste: demeurer débiteur (le plus souvent au fig.). Pour ne pas être en reste, les autres se sont joints au choeur.
d4./d Loc. adv. De reste: plus qu'il n'est nécessaire.
|| Au reste, du reste: d'ailleurs.
rII./r
d1./d (Surtout Plur.) Ce qui subsiste d'un tout détruit, perdu, consommé, etc. Les restes d'un repas.
|| Les restes de qqn, son cadavre, ses ossements.
|| Ce qui a été dédaigné. N'avoir que les restes.
d2./d MATH Différence de deux nombres, dans une soustraction.
|| Ce qui demeure du dividende, et qui est inférieur au diviseur.

⇒RESTE, subst. masc.
I. — Neutre collectif
A. — Le reste de + subst.; ou p. ell., le reste. Ce qui reste, ce qui subsiste d'un ensemble auquel on a retranché une partie.
1. [Le compl. désigne un inanimé concr.] Synon. le restant. Le reste d'une somme, d'une fortune, des dettes, des biens; le reste des marchandises, des livres, des vêtements. Il prélevait sur sa fortune une somme de dix mille francs, avec laquelle il constituait une dot à sa petite-fille (...). Le reste allait par tiers à chacun de ses garçons (AYMÉ, Jument, 1933, p. 33).
[Le compl. désigne un lieu, un local] La grande salle du harem, au moyen de quelques changements qu'on y fit, devint le lieu des séances, et le reste du palais servit d'habitation aux savants (GOURGAUD, 1815-21 ds Rec. textes hist., p. 104). Certaines parties [de la chaussée] s'usent plus que les autres, il se produit alors des (...) ornières lorsque certaines pistes sont fréquentées par les voitures à l'exclusion du reste de la chaussée (BOURDE, Trav. publ., 1929, p. 142).
a) Loc. verb.
Demander son reste (vieilli). Demander la monnaie qui vous revient. (Dict. XIXe et XXe s.).
Au fig. Ne pas attendre, ne pas demander son reste. S'en tenir là, ne pas insister lorsque l'on se trouve dans une situation délicate ou périlleuse et préférer se retirer rapidement. Partir, fuir sans demander son reste. Décampez, Monsieur (...) et ne remettez plus les pieds chez moi. Le coiffeur s'enfuit sans demander son reste (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 178).
Jouer de son reste (vieilli). Hasarder, utiliser ses dernières ressources. Je vous trouve l'air d'un joueur qui joue de son reste (PICARD, Théâtre, t. 8, Charlatans, 1821, p. 319).
b) Spécialement
ARITHMÉTIQUE
Reste d'une soustraction. Résultat d'une soustraction. S'il s'agit de l'ascendant et du milieu du ciel, on note alors le temps sidéral pour la situation au point de départ et pour la position au point d'arrivée. On soustrait l'un de l'autre, puis on calcule la valeur du reste en tenant compte qu'une heure vaut quinze ans (Divin. 1964, p. 242).
Reste d'une division. Somme ou chiffre qui demeure lorsque le dividende n'est pas divisé exactement par le diviseur. Puisque A' est moindre que 0, on peut diviser 0 par A'; soit P le quotient et A'' le reste (LEGENDRE, Théorie nombres, t. 1, 1830, p. 3).
Reste d'une série. ,,Somme de la série restante, après suppression de tous les termes qui précèdent un terme déterminé`` (Lar. encyclop.). Le reste de la série (...) est le développement d'une fonction algébrique ou intégrale (LAPLACE, Théorie analyt. probabil., 1812, p. 174).
SC. POL. ,,Nombre de suffrages exprimés qui, dans un scrutin à la représentation proportionnelle, n'ont pas été utilisés pour répartir les sièges`` (GRAW. 1981). Les sièges non encore attribués sont donnés aux listes auxquelles il demeure les plus forts restes dans l'ordre décroissant de ces restes (VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 151).
2. [Le compl. désigne un inanimé abstr.] Chacun d'ailleurs retournait à ses occupations, et le reste des événements se fût accompli sans dommage et sans bruit, très probablement, si Madame de Matefelon, (...) n'y eût mis la main (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 140):
1. ... la vieille théorie de Spencer (...) « expliquait » l'évolution, c'est-à-dire l'apparition des structures, en couplant... etc. Cette « solution » repose sur des erreurs et des confusions multiples. La seule thèse juste qu'elle contienne (...), est précisément ce qui détruit tout le reste de l'argumentation.
RUYER, Cybern., 1954, p. 144.
[Le compl. désigne un espace de temps]
Le reste de la journée, de la soirée, de la nuit. Son travail [de bûcheron] prend fin aux premières neiges d'avril et il vit le reste de l'année d'un certain nombre de métiers divers (BERNANOS, Crime, 1935, p. 746).
Le reste de mes jours, de ma vie, de mon existence. Synon. le restant de mes jours. Mon père (...) vous mettra à l'abri du besoin pour le reste de votre vie (L. BLANC, Organ. trav., 1845, p. 3). Le Survenant ne repartira pas. À la première nouvelle, il épousera Angélina Desmarais. À son tour il prendra racine au chenal du Moine pour le reste de ses jours (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 196).
Le reste du temps (loc. adv.). Aux autres moments. À la Corogne, mon père ne sort pas, dit Picasso, si ce n'est pour aller à l'école des arts et métiers. À son retour, il peint. Mais sans plus. Le reste du temps, il regarde par la fenêtre tomber la pluie (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 36).
Jouir de son reste (loc. verb., vieilli). Jouir du peu de temps qu'il reste à vivre; jouir d'une situation agréable qui va se terminer. Il faut (...) jouir de notre reste en faisant toutes les folies possibles (MÉRIMÉE, Théâtre Cl. Gazul, 1825, p. 314). En allant chez la princesse, (...) je me disais: « Jouis de ton reste, ce sera peut-être ta dernière soirée dans ce salon où tu as l'habitude de venir depuis vingt-quatre ans » (GONCOURT, Journal, 1888, p. 779).
3. [Le compl. désigne des pers.]
a) [Le compl. est un subst. au plur.] Le reste des enfants, des soldats. Dans tous les partis de masse, les dirigeants forment un groupe assez nettement distinct du reste des adhérents et des militants (Traité sociol., 1968, p. 31). P. ell. L'ennemi a perdu, ma chère amie, dix-huit mille hommes prisonniers; le reste est tué ou blessé (NAPOLÉON Ier, Lettres Joséph., 1796, p. 56).
Le reste des hommes. Synon. le reste de l'humanité (infra b). L'étonnante transformation psychologique et technique qui, en peu de siècles, a si profondément distingué les européens du reste des hommes, et les temps modernes des époques antérieures (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 246).
b) [Le compl. est un coll.] Le reste de l'humanité, de l'armée, de la foule, du peuple. Quelques minutes plus tard les grelots de l'attelage commencèrent à tinter et le reste de la famille se groupa derrière la petite fenêtre carrée pour regarder s'éloigner les voyageurs (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 154). Le rassemblement politique de chaque république ne peut pas être coupé de ses rapports avec le reste du monde (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 163).
Rem. Le reste de suivi d'un subst. au plur. entraîne le plus souvent le verbe qui suit au sing. Cependant, on trouve certains cas où le verbe est au plur.: Quoi qu'il en soit, l'état dictatorial se résume en une division simple de l'organisation d'un peuple. Un homme, d'une part, assume toutes les fonctions supérieures de l'esprit. Il se charge du « bonheur », de l'« ordre », de l'« avenir », de la « puissance », du « prestige » du corps national (...). D'autre part, le reste des individus seront réduits à la condition d'instruments ou de matière de cette action, quelle que soit leur valeur et leur compétence personnelle (VALÉRY, Regards sur le monde actuel et autres essais, 1951 [1931], p. 93).
B. — Absol. Le reste; tout le reste. Tout ce que l'on estime sans importance par opposition à un élément que l'on désire mettre en valeur. Fermer les yeux sur le reste. À voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse, Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse (VIGNY, Destinées, 1863, p. 129). Le sentiment seul est réalité. Tout le reste n'est que mirage tant de la vie temporelle que du songe (MILOSZ, Amour. init., 1910, p. 145). V. littérature II B 1 a ex. de Verlaine.
Expr. Et le reste, et tout le reste (s'emploie en fin d'énumération). Synon. et caetera, et ce qui s'ensuit; (pop.) et tout le bataclan, et tout le saint frusquin, et tout le tremblement. Des églises où on a approuvé les trente mille arrestations, les tortures et le reste, qu'elles brûlent, c'est bien. Sauf pour les œuvres d'art, faut les garder pour le peuple: la cathédrale ne brûle pas (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 460). Cette satanée cure de Kim (...), cure absurde qui prenait si mauvaise tournure pour moi que je risquais d'y laisser la peau, la vie et tout le reste, honneur, joie et santé (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 138).
Loc. verb. Faire le reste. Compléter l'action de quelque chose pour atteindre le résultat espéré. Je réponds du blessé (...), j'ai opéré à l'instant une saignée abondante; (...) et maintenant, du repos et de la tranquillité feront le reste (DUMAS père, Antony, 1831, I, 5, p. 169).
C. — Expr. ou loc.
1. Expressions
a) Pour le reste; quant au reste. En ce qui concerne ce dont il n'a pas été fait mention. Faire œuvre durable, c'est là mon ambition; et quant au reste: succès, honneurs, acclamations, j'en fais moins cas que de la moindre parcelle de vraie gloire: apporter réconfort et joie aux jeunes hommes de demain (GIDE, Journal, 1943, p. 223). La « charte des journalistes » est un code d'honneur sans sanctions garanties. Pour le reste, il est difficile d'imaginer par quels moyens la discipline morale de la presse pourrait être mieux assurée sans risque d'attenter aux libertés (BELORGEY, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 144).
b) Comme le reste (souvent à valeur péj.). Comme beaucoup d'autres choses. Je dois tout supporter, dit le curé de Fenouille d'une voix douce. Je supporterai cela comme le reste, seul ou non (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1467).
2. Loc. adv.
a) ) De reste. Plus qu'il n'en faut. Avoir de l'argent de reste. Ils avaient donc des habits en double, de la toile et du drap de reste! (VALLÈS, Réfract., 1865, p. 51).
[En parlant d'une qualité hum.] Avoir de l'amour, de la générosité de reste. En avoir énormément et les dispenser avec prodigalité. Le Roi, le relevant: Père Ubu, vous estes-vous fait mal? Père Ubu: Oui certes, et je vais sûrement crever. Que deviendra la mère Ubu? Le Roi: Nous pourvoirons à son entretien. Père Ubu: Vous avez bien de la bonté de reste (JARRY, Ubu, 1895, I, 6, p. 43).
) Du reste. D'ailleurs, en outre. « ... La mère aussi avait l'air d'être bien ». — « Oh, la mère... », interrompit M. Thibault. « Des gens impossibles, malgré leurs airs dignes! » — « On sait du reste », insinua l'abbé, « ce que cache la rigidité des protestants! » (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 585).
b) En reste. [Placé à l'intérieur de loc.] Être en reste (vieilli). Devoir encore quelque chose sur une somme. Il est encore en reste de tant (Ac. 1835-1935).
Ne pas (vouloir) être en reste (avec qqn). Ne pas (vouloir) être débiteur (de quelqu'un). Je ne voulus pas être en reste avec elle. (...) Je fis à Marguerite l'abandon de la rente qui me venait de ma mère (DUMAS fils, Dame Camélias, 1848, p. 208).
Au fig. Ne pas être (demeurer) en reste (avec qqn). Ne pas être redevable (envers quelqu'un), être avec lui sur un pied d'égalité; avoir toujours quelque chose à répondre, ne pas être pris au dépourvu. Adieu donc, mes chers camarades; écrivez-moi souvent. Quelque bêtes que vous puissiez être, je vous promets de n'être jamais en reste avec vous (SAND, Corresp., t. 1, 1830, p. 120). Et Schwauthaler (...), ne voulant pas être en reste, cita deux vers de Schiller, dont la moitié resta dans sa barbe de fleuve (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p. 77). D'Alembert dut se considérer comme bien honoré d'avoir été choisi pour adversaire. Il ne demeura pas en reste (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 16).
[Suivi d'un compl.] Ne pas être en reste de générosité. — Mais cette cheminée fume, cela est fort incommode. — Que ne m'en avez-vous prévenu? J'aurais fait appeler le fumiste, dit le propriétaire qui ne voulait pas être en reste de procédés (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 241).
c) Du reste. [Placé en tête de phrase ou intercalé dans la phrase] D'ailleurs, en outre. Je n'ai du reste rien de spécial à vous dire (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 388). Léon trouve Phiphi flanchard et, pour le remonter à bloc, il affecte un certain mépris pour sa préalable couardise et feint de le bouder (...). Du reste Léon juge imprudent de risquer une nouvelle expérience trop voisine de la première (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1146).
d) Au reste (littér.) [Placé en tête de phrase ou intercalé dans la phrase] Synon. du reste. Je trouvais en eux [chez les noirs] une aptitude suffisante à comprendre et à retenir, mais non point la force d'esprit, rare au reste en toute race (ALAIN, Propos, 1921, p. 296). — « Au reste », reprit-il, « si je n'ai pas la foi, il serait impropre de dire que je l'ai perdue: je crois plutôt que je ne l'ai jamais eue » (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1382).
II. — Au sing. et au plur. Élément subsistant d'un ensemble dont l'intégrité ou la totalité n'a pu être conservée.
A. — [Le compl. désigne un inanimé concr.] Les restes d'une fortune, d'un patrimoine. Je suis à Naples. Comment j'y parvins avec quelques restes informes et mutilés de mes bagages, je ne puis le dire, pour la raison que je ne le sais pas moi-même (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p. 302).
1. En partic.
a) Les restes d'un édifice, d'un monument. Synon. ruines, vestiges. En 1816, la poste aux chevaux de Calais, dirigée par M. Meurice, s'installa dans les restes du couvent des Feuillants et s'y maintint jusqu'en 1830 (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 202).
b) [En parlant de statues, objets divers découverts au cours de fouilles] Il avait vendu ses chevaux anglais pour continuer des fouilles à Misène, où il avait trouvé un buste de Tibère, jeune encore, qui avait pris rang parmi les plus beaux restes de l'antiquité (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 124). Aucune industrie n'est associée aux restes du pithécanthrope, mais celui-ci a été trouvé dans de telles conditions géologiques (...) qu'on ne devait guère espérer y découvrir des restes d'outillage (Hist. sc., 1957, p. 1482).
c) Partie des aliments d'un repas qui n'ont pas été consommés. Les restes d'un repas, d'un plat; manger un reste de fromage, de poulet. Synon. reliefs. Dans la salle à manger, l'homme qui l'attendait s'était fait servir les restes du dîner et boulottait voracement (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 189). Trois petits fauteuils restent vides, auprès de la table basse où des restes de purée voisinent avec des épluchures d'orange (BUTOR, Passage Milan, 1954, p. 41).
Absol., toujours au plur. Manger les restes; utiliser les restes pour le repas du lendemain; l'art d'accommoder les restes. Le dîner, un dîner de restes où rien ne rappelait l'ancienne largeur du ménage de garçon de Coriolis, fut servi par deux filles (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 396). Leur déjeuner venait de se terminer. Les restes étaient copieux. Nous ne refusâmes pas le petit gâteau, mais non! Et le porto pour aller avec (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 494).
Péj. Synon. rogatons (fam.). C'étaient (...) des restes qui dataient de huit jours, le fond de corbeille de quelque restaurant voisin (VALLÈS, Réfract., 1865, p. 49).
2. [Le compl. désigne la matière dont provient l'élément restant] Un (les) reste(s) de charbon, de minerai, de tissu; un reste d'eau, de chaleur, de clarté, de jour, de lumière, de verdure. L'odeur aigrelette du petit baril, calé dans un coin de la chambre, flottait à travers la pièce, avec un reste de fumée (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 41). Les femmes derrière eux râtellent les restes de foin échappés (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 80).
B. — [Le compl. désigne un inanimé abstr.] Un reste de précautions, de préjugés. Il existe encore des médecins d'un grand mérite qui perdent leur temps à discuter le vitalisme, l'animisme, l'organicisme, etc.... ce sont là les restes historiques d'une autre époque (Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 190).
[Le compl. désigne un sentiment] Un reste de froideur, de bon-sens, de tristesse; des restes de gaieté. Dans sa dépravation morale, Zidore avait gardé un reste de tendresse et de pitié pour sa mère (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 184).
PSYCHANAL., au plur. Restes diurnes. ,,Éléments de l'état vigile du jour précédent retrouvés dans le récit du rêve et les associations libres du rêveur`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Dans les rêves qui émanent de restes diurnes non liquidés et qui, dans le sommeil, n'ont subi qu'un renforcement inconscient, il est particulièrement malaisé de déceler la force pulsionnelle inconsciente (FREUD, Abr. psychanal., trad. par A. Bermann, 1949, p. 35).
C. — [Le compl. désigne un animé, un végétal]
1. [Le compl. désigne un défunt] Toujours au plur. Les restes (d'une personne). Le cadavre, et plus particulièrement, le corps d'une personne décédée, enterrée depuis longtemps. Trouver, recueillir, inhumer les restes de qqn. Les obsèques du laboureur sont plus simples; environnés de quelques amis, ses restes sont portés sans appareil au cimetière du village (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 19). Après la violation des tombes de Port-Royal en 1709, les restes de Jean Racine (...) furent transportés dans l'église Saint-Étienne-du-Mont, où ils reposent encore (A. FRANCE, Génie lat., 1909, p. 164).
ARCHÉOL. Ossements anciens (humains ou animaux), fossiles humains, animaux ou végétaux, retrouvés au cours de fouilles. Restes humains, osseux; prouver l'authenticité de restes. Vers la fin de l'aurignacien apparaissent dans divers districts de l'Europe occidentale, (...) des représentants d'un groupe probablement nomade dit hommes du lœss (...). On admet généralement que les restes squelettiques trouvés à Brünn, Brüx et Predmost, appartiennent à ce peuple (HADDON, Races hum., trad. par A. Van Gennep, 1930, p. 105):
2. L'étude de l'évolution des faunes et des flores au cours des temps géologiques (...) ne prend d'ailleurs tout son sens que si l'on essaye de comprendre les causes de la répartition actuelle par (...) l'examen des restes fossiles des animaux et des végétaux...
Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 505.
2. [Le compl. désigne un collectif] Dans un domaine milit., au plur. Survivants (après le combat). Les restes d'une armée, d'une troupe. Cinq jours et cinq nuits le terrible combat a fait rage sans interruption à l'intérieur du fort de Vaux, jusqu'au moment où les restes de l'intrépide garnison, privés de leurs derniers moyens de résistance, se sont rendus au vainqueur (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 275).
3. Au plur. [Le compl. désigne le plus souvent une femme] Les beaux restes d'une femme. Traits agréables qui subsistent de la beauté passée d'une femme. Sa femme était fort aimable. Je ne l'ai connue que déjà passée, avec de jolis restes et un goût de faste et de représentation qui lui allaient bien (A. FRANCE, Bonnard, 1900 [1881], p. 130). Ce soir-là, si Xavier avait eu des yeux pour voir, il aurait pris en pitié (...) cette mère tragique, ces yeux de jais, cette figure bilieuse, ravinée, où des restes de beauté résistaient encore à l'amaigrissement et aux rides (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 17).
Loc. verb. Avoir de beaux restes; garder des restes de beauté. La nouvelle crémière, était une personne d'une cinquantaine d'années, débordante d'embonpoint et gardant encore quelques restes de beauté (GONCOURT, G. Lacerteux, 1864, p. 61). Madame Kolouri n'est d'ailleurs pas vilaine du tout: elle a mieux que de beaux restes, et, vue ainsi à contre-jour, je lui donnerais tout au plus trente-neuf ans (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 52).
Rare. [En parlant d'un homme] Au physique, Clément des Lupeaulx était le reste d'un joli homme (BALZAC, Employés, 1837, p. 40).
4. Littér., vieilli
a) Au plur. Manières d'être, attitudes qui subsistent chez une personne et qui indiquent ses origines. C'était un original que ce chevalier pénitent [le chevalier de Sévigné], avec des restes de gentilhomme hautain et de militaire impérieux (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 14, 1858, p. 159).
b) Survivants, descendants. Vous êtes, m'écriai-je du ton inspiré d'un prédicateur puritain, vous êtes les derniers restes d'une corporation qui jadis couvrait toute la France (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 156).
5. Péj. Les restes de qqn. [En parlant d'une femme qui a été celle d'un autre homme]:
3. ... — Elle s'entend à enjôler les hommes et elle n'est pas à son coup d'essai, pour sûr. Faut pas être fier tout de même, pour se contenter des restes des chemineaux et des camps volants, qui roulent le long du canal. Épouse-la, si le cœur t'en dit, mon pauvre Pierre: trompé avant, trompé après...
MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 263.
Rare, p. anal. [En parlant d'un homme] C'est mon reste, reprit-elle [Nana], un joli coco que Rose s'est payé là!... Comme c'est malin d'attirer chez soi un homme que j'ai flanqué dehors! (ZOLA, Nana, 1880, p. 1292).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1230 subst. fém. « ce qui demeure, subsiste » (La petite philosophie, éd. W. H. Trethewey, p. 9, 248); 2. a) 1324 « partie d'une somme qu'il faut encore payer » (Mém. Sté hist. de Paris, t. 2, p. 335); b) 1382 estre en reste de paier (RUNK.); c) 1382 demeurer de reste de qqc. « devoir encore quelque chose » (ibid.); 1414-16 demeurer en reste « id. » (Compte de J. Martin, Commune, Deniers a recouvrer, A. Orléans ds GDF. Compl.); d) 1538 être en reste (EST., s.v. reliquator); 1604 jouer de son reste « employer ses dernières ressources » (LE LOYER, Spectres, I, 4 ds HUG.); 1673 donner son reste à qqn (MOLIÈRE, Malade imaginaire, II, 7); 1694 ne pas demander son reste (Ac.); 1798 ne pas attendre son reste (ibid.); 1835 n'être jamais en reste (ibid.); 3. 1445 subst. fém. « temps qui doit encore s'écouler » (Farce joyeuse des galans et du monde ds Rec. gén. des sotties, éd. E. Picot, t. 1, p. 44); 1567 subst. masc. « id. » (AMYOT, P. Aem., 62 ds LITTRÉ); 4. 1754 math. « ce qui est en excès du dividende » (Encyclop. t. 4, s.v. division); 1765 « résultat d'une soustraction » (Encyclop. t. 14). B. 1. 1532 « ce qui est encore à dire, à faire » (RABELAIS, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, p. 177); 2. 1656-57 Et le reste « etc... » (PASCAL, Provinciales, éd. Brunschvicg, Boutroux, Gazier, I, IV, p. 135); 1943 quant au reste « en ce qui concerne ce dont il n'a pas été question » (GIDE, Journal, p. 223); 3. 1546 au reste « en plus de ce qui a été dit, à part cela » (RABELAIS, Tiers-Livre, éd. M. A. Screech, p. 202); 4. 1669 de reste « bien suffisamment » (MOLIÈRE, Tartuffe, V, 4). C. 1. 1548 subst. sing. « ce qui n'a pas été consommé dans un repas » (NOËL DU FAIL, Baliverneries, éd. J. Assézat, 188); 1669 plur. « id. » (WIDERHOLD Fr.-all.); 2. 1642 les restes (de qqn) « (en rivalité amoureuse) en parlant d'une femme qui a appartenu à un autre homme » (CORNEILLE, Polyeucte, V, 1); 1660 « ce que quelqu'un a abandonné, rebut » (Th. CORNEILLE, Le Galant doublé, I, 1 ds LITTRÉ); 3. 1640 un reste de gibet (OUDIN Curiositez); 1842 un reste de potence (Ac.); 4. 1670 voici le reste de notre écu « voici une personne importune » (MOLIÈRE, Bourgeois gentilhomme, V, 1); 1757 voici le reste de nos écus « id. » (VADÉ, Trois compliments, p. 42). D. 1. 1567 « ce qui reste d'une famille, d'une troupe » (AMYOT, P. Aem., 37 ds LITTRÉ); 1667 « personne qui demeure la seule survivante d'une race, d'un sang » (RACINE, Andromaque, IV, 1); 2. 1580 « ce qui subsiste d'un sentiment » (MONTAIGNE, Essais, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 354); 1651 de beaux restes (du visage d'une femme) (SCARRON, Roman comique, éd. E. Magne, p. 151); 1660 avoir de beaux restes (CORNEILLE, Examen d'Andromède ds LITTRÉ); 3. 1616 subst. fém. plur. « cadavre d'un être humain » (D'AUBIGNÉ, Tragiques, IV, 292 ds HUG.); 4. 1651 subst. masc. plur. « ce qui subsiste d'une chose que le temps a dégradé » (SCARRON, op. cit., p. 10: Ces pauvres restes d'une troupe délabrée). Déverbal de rester. Fréq. abs. littér.:17 943. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 25 928, b) 26 165; XXe s.: a) 23 119, b) 26 266.

reste [ʀɛst] n. m.
ÉTYM. V. 1220; au fém. dès 1230 et jusqu'à la fin du XVIe; substantif verbal de rester.
———
I (Neutre collectif, introduisant un partitif exprimé ou sous-entendu). Ce qui reste d'un tout.
A Le reste de… ou le reste (partitif sous-entendu) : ce qui reste d'un tout, d'un ensemble (matériel ou non) dont une ou plusieurs parties ont été retranchées, soit effectivement, soit théoriquement. Demeurant, restant.
1 (D'un objet ou d'une quantité mesurable). || Le reste d'une somme d'argent. Complément, différence, excédent, reliquat, solde, soulte, surplus (→ Acquitter, cit. 4; battre, cit. 13; dévorer, cit. 17; obligation, cit. 4). || Le reste de l'arriéré (cit. 6). || Demander son reste, la monnaie qui vous revient. — ☑ Vx. On lui a donné son reste : on lui a réglé son compte; on lui a rendu la monnaie de sa pièce (→ Émoulu, cit. 2). — ☑ (1636). Jouer de son reste : utiliser ses dernières ressources.Devoir du reste : être redevable.
1 (…) il emploie la moitié de son argent; le reste, il le donne aux pauvres.
Lautréamont, les Chants de Maldoror, II.
Loc. fig. Il n'a pas demandé (→ Clef, cit. 7), il n'a pas attendu son reste : il n'a pas insisté, il a jugé qu'il en avait pour son compte (en fait de reproches, de tâches imposées, etc.). || Fuir, partir sans demander son reste.
2 (…) la pauvre petite Aimée ne mordait guère à l'anglais, pas du tout à vrai dire (…) Elle ne pleurait pas, mais c'était tout juste (…) Peu à peu, nous étions arrivés à laisser la petite Aimée (…) de plus en plus tranquille. Elle retourna, paisible, parmi ses nuages, sans demander son reste. Elle n'apprendrait pas l'anglais voilà tout !
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 390-391.
Le reste de la maison (→ Inconfortable, cit. 1), du territoire (→ Français, cit. 11; inquiéter, cit. 5; plaider, cit. 4). || Le noyau (cit. 5) se distingue du reste de la cellule. || Mettre le reste du lait dans un pot (→ Présure, cit.). || Par ce coin du tableau, vous jugerez du reste (→ Crayonner, cit. 4). || Le reste du corps (→ Maintien, cit. 1).
2 (1559; au fém., 1445). D'un espace de temps. || Le reste de sa vie (→ 2. Chagrin, cit. 6), de son existence (cit. 24), de son âge (cit. 2). — ☑ Loc. (1870). Vieilli. Jouir de son reste, du peu de temps qui reste à vivre, d'une situation avantageuse qui est sur le point de prendre fin. || Le reste de l'année (→ 1. Gens, cit. 7), de la journée, de la soirée (→ Innocent, cit. 16), du temps (→ Négociant, cit. 3), de la nuit (cit. 32). — ☑ Loc. adv. Le reste du temps : aux autres moments, dans les autres occasions (→ 1. Lai, cit. 3; ratatouille, cit. 2).
3 Amphoux constatait (…) ces derniers jours, la quantité de plus en plus grande de soldats allemands en état d'ébriété flagrante (…) « On dirait qu'ils cherchent à bien profiter de leur reste », dit Amphoux. Ils font main basse sur tout ce qu'ils peuvent trouver encore à acheter (…)
Gide, Journal, 24 janv. 1943.
3 (D'une pluralité d'êtres ou de choses). || « Du reste des humains je vivais séparée » (→ Attendre, cit. 68, Racine). || « En cela peu semblable au reste des mortelles » (→ Flatteur, cit. 8, La Fontaine).REM. Le reste de…, suivi d'un nom au plur., se construit avec le verbe au sing. ou (plus rarement) au plur. — Le reste des hommes n'ose pas (→ Excrément, cit. 8)…, seront réduits à… (→ Dictatorial, cit.).(Devant un collectif). || Le reste du monde (→ Annihiler, cit. 3; âpreté, cit. 7), de l'humanité (→ Inaccessible, cit. 8), du peuple (→ Aristocratie, cit. 1), de la troupe (→ Enjambée, cit. 1).(Le partitif étant sous-entendu). || Le reste se casa (cit. 3) où il put. || « Le reste ne vaut pas l'honneur d'être nommé » (cit. 8, Corneille).
4 (…) il semble qu'il y ait une loi de nature qui rende plus gras que le reste des hommes ceux qui s'engraissent non seulement de leur oisiveté, mais encore du travail des autres.
A. de Musset, Nouvelles, « Croisilles », II.
Le reste de mes jours (→ Confiner, cit. 4), de ses écrits (→ Hacher, cit. 17). || Le reste des cartes. Talon.(Sans partitif). || Occuper une partie des locaux et louer (cit. 3) le reste (→ aussi Mépriser, cit. 4). || Conserver quelques papiers et déchirer tout le reste (→ Ranger, cit. 2).
4 (D'une chose non mesurable). || Le reste de l'ouvrage (→ Main, cit. 49), de sa tâche… || Vous avez bien avancé le travail, laissez-moi faire le reste.
5 Absolt. || Le reste : tout ce qui, dans quelque ordre que ce soit, n'est pas la chose précédemment mentionnée. || « Aimer est quelque chose (cit. 5) et le reste n'est rien » (Musset). || Adorez-vous, et fichez-vous du reste (→ Numéro, cit. 4). || « Et tout le reste est littérature » (cit. 21, Verlaine). || « Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse » (cit. 32, Vigny). || Et puis le reste va comme il peut (→ Dessus, cit. 16).(Vx ou littér.). Avec un verbe au plur. || « Le reste sont des horreurs » (Proust, in G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, no 1047).Pour le reste, quant au reste (→ Durable, cit. 5; inégalité, cit. 8). — ☑ Iron. Il sait faire ça comme le reste, aussi mal que toute autre chose. || Vous ne devez pas savoir commander plus que le reste (→ Poire, cit. 3).(En fin d'énumération). || Et le reste : et ce qui s'ensuit. Et cætera; toutim (argot). || « Bon (cit. 13) soupé, bon gîte, et le reste » (La Fontaine). || Démonter (cit. 5) son gicleur et le reste.Et tout le reste.fam. Et tout ce qui s'ensuit, et tout le bataclan, le saint-frusquin, le tremblement, etc. ( Tout).Et ainsi du reste : et ainsi de suite pour tous les autres cas (→ Métempsychose, cit.).
B Loc. adv.
1 (1538) … de reste : plus qu'il n'en faut, plus qu'il n'en est besoin. || Avoir encore de la matière de reste (→ Fournir, cit. 19). || Il a de l'argent (cit. 36) de reste pour se tirer d'affaire.Avoir de l'argent, du temps, de la bonté… de reste, en avoir trop, en avoir à perdre et les prodiguer inutilement. || Tu as bien du temps de reste de t'occuper de lui ! — ☑ Vx ou littér. Savoir de reste : savoir bien suffisamment, sans qu'il soit besoin d'en être instruit davantage (→ Bon, cit. 61; pénitence, cit. 11).
5 Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
Pour dormir et pour écouter
D'où vient le vent, il (le lièvre) laisse la tortue
Aller son train de sénateur.
La Fontaine, Fables, VI, 10.
6 Il était si heureux qu'il en venait à plaindre les hommes autour de lui. Il avait de la pitié de reste.
Hugo, l'Homme qui rit, II, II, X.
7 — Vous avez de la bonté de reste, vous encore. C'est à cause de cet imbécile que vous vous faites du mauvais sang ?
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, IIe tableau, II.
2 (1382, être en reste de payer « devoir encore »). En reste. || Être en reste de tant (vieilli) : devoir encore tant sur une somme (Académie). Redevable. — ☑ (XVIIe). Fig. Être, demeurer en reste : être le débiteur, l'obligé (de qqn). || « Je suis encore en reste avec vous des bons offices que vous m'avez rendus » (Académie, 1694) : je suis encore votre débiteur, votre obligé.Il n'a pas voulu demeurer en reste de générosité, être moins généreux que telle autre personne.Absolt. || Le besoin de ne pas demeurer (cit. 14) en reste (→ Rester en arrière).
8 Cette Mme du Deffand dont il (Lauzun) parle si négligemment l'a très bien jugé dans une lettre (…) « (…) nous le trouvâmes assez plaisant (…) » On voit que Mme du Deffand n'était pas en reste de dédain avec le petit Lauzun.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 30 juin 1851.
9 Il a payé sans me laisser le temps de protester (…) Comme je ne voulais pas être en reste, il y a eu une seconde tournée (…)
Michel Butor, l'Emploi du temps, p. 27.
3 (1539). Littér. Au reste. a Quant au reste, pour ce qui n'est pas de la chose en question (→ Médire, cit. 1, saint François de Sales).
b D'un autre point de vue, sans rapport avec ce qui précède (« sert quelquefois de transition pour passer à un autre sujet tout différent », Académie, 1694). Surplus (au).
10 N'en parlons plus. Au reste, on a vu dix vaisseaux
De nos vieux ennemis arborer les drapeaux (…)
Corneille, le Cid, II, 6.
11 Eh bien, je découvre (…) au reste, je m'en étais toujours douté, qu'elle sait le latin, le grec (…)
G. Sand, Jean de la Roche, IX.
12 Mais M. de Champcenais fit valoir que le pays auquel il pensait, et qui était celui de la nourrice, serait en cette saison-là un séjour lugubre; qu'au reste il n'avait pas envie, lui, de rester seul.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XX, p. 156.
4 (1564). Du reste : pour ce qui est du reste, en considérant les choses d'un autre côté (de manière à compléter ou corriger ce qui vient d'être dit). Ailleurs (d').(En tête de phrase). → Cacher, cit. 41; double, cit. 14; Puis (et).(Intercalé dans la phrase). → Fin, cit. 11; illustration, cit. 5.
13 Du reste, même à part ce talent phénoménal (…) c'était vraiment un être très intéressant que cette jeune fille pauvre (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Bonheur dans le crime », p. 150.
REM. La distinction entre au reste et du reste disparaît déjà dans Académie (1762) : elle n'est plus observée par Littré ni par Hatzfeld, et l'usage actuel confond ces deux locutions (parfois considérées, en tête de phrase, comme des locutions conjonctives marquant l'opposition, la restriction). Cependant, du reste, moins littéraire, est beaucoup plus enployé que au reste, qui a complètement perdu son sens fort (surtout quand il n'est pas placé en tête de phrase. → Gonfler, cit. 19; observatoire, cit. 1).
———
II (Substantif masculin variable en nombre). || Un reste, des restes : élément restant d'un tout dont l'intégrité ne s'est pas conservée.
A Avec un complément déterminatif désignant le tout, l'ensemble dont provient l'élément restant, ou absolt.
1 (Concret). || Les restes d'un bâtiment (cit. 3) détruit. Décombre(s), ruine(s). || Monuments, œuvres d'art dont les restes sont conservés dans les musées (→ Rappeler, cit. 11). || On voit encore sur ce mur un reste des chaînes qui y étaient scellées. Trace, vestige (→ 1. Quartenier, cit.). || Les restes du luxe d'autrefois (→ Folie, cit. 27), d'une fortune (→ Rassembler, cit. 2). Débris, dépouille, épave, fragment. || Les restes de sa beauté (→ Prémices, cit. 3). || Un reste des faibles brises que les golfes exhalent (cit. 14).
14 Ce portique, seul reste conservé des constructions de l'ancien temple (…)
Renan, Vie de Jésus, Œ. compl., t. IV, p. 308.
15 L'entre-pont a des trous où se dressent les restes
De cinq tubes pareils à des clairons géants (…)
Hugo, la Légende des siècles, LVIII, I.
Spécialt. a (1669). || Restes d'un repas, d'un plat. Bribe, débris, relief. Absolt (→ Friand, cit. 3; populace, cit. 4). || Utilisation des restes en cuisine. Arlequin, gringuenaude (vx). || L'art d'accommoder les restes (→ Modeste, cit. 2). || Restes jetés aux ordures. Détritus, rebut.
16 Leur déjeuner venait de se terminer. Les restes étaient copieux.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 363.
17 Comme chaque matin, nous avons laissé un peu de café au fond de nos gobelets, et négligé de manger notre pain jusqu'au bout, qui laissant une croûte, qui un morceau de mie, qui de grosses miettes. Un jour (…) Alex a vigoureusement protesté contre cette décision (…) de laisser à tous nos repas, des reliefs. Il disait que faire des restes c'était le bouquet !
J. Cau, la Pitié de Dieu, p. 9.
17.1 Valentin enlève les assiettes et va chercher la suite, les restes du ragoût de midi.
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 162.
b (1616). || Le reste (vx), les restes d'un cadavre, d'une personne; absolt, les restes. Cendre (cit. 12), dépouille, os, ossements, relique(s). || Restes exhumés (cit. 2), incinérés (cit. 1). || Restes humains dévorés par les chacals (→ Précipice, cit. 2). || Recueillir les restes de quelqu'un.
18 On traîne, on va donner en spectacle funeste
De son corps tout sanglant le misérable reste.
Racine, Esther, III, 8.
19 (…) sous un amas de cendre et de boue sanglante, une main noircie, préservée du feu par un énorme bracelet de fer et une chaîne. Une femme eut le courage de l'ouvrir; les doigts serraient une petite croix d'ivoire et une image de sainte Madeleine.
— Voilà ses restes ! dit-elle en pleurant.
A. de Vigny, Cinq-mars, V.
20 Quelques trous d'obus (…) où sont éparpillés les restes, déformés par la blessure monstrueuse de l'obus, de ce qui était des êtres humains.
H. Barbusse, le Feu, I, XII.
(1559). Littér. Personnes. Survivant, descendant encore vivant. || Les restes d'une armée vaincue. || Les glorieux restes de la phalange (cit. 3) napoléonienne. || Une aristocratie (cit. 7), reste des familles autrefois souveraines. Vx (en parlant d'un individu). || « Une précieuse (cit. 10) reste de ces esprits jadis si renommés… » (Boileau).
21 Du fidèle David c'est le précieux reste (…)
Racine, Athalie, I, 2.
Loc. (1640). Vx (langue class.). Un reste de gibet, de bagne, de potence : une personne qui méritait le gibet, le bagne, la potence. Échappé.
2 (Dans le domaine psychique, abstrait). || Les restes d'une passion (→ Agiter, cit. 24; bon, cit. 77; désordonné, cit. 1). || Un reste du langage de l'Église (→ Œcuménique, cit.). || Nul reste de cette puissance (→ Quel, cit. 7). Péjor. Caput mortuum.
22 La croyance indistincte, indéfinissable, à je ne sais quoi d'autre, à côté du réel, du quotidien, de l'avoué, m'habita durant nombre d'années; et je ne suis pas sûr de n'en pas retrouver en moi, encore aujourd'hui, quelques restes.
Gide, Si le grain ne meurt, I, I, p. 27.
Psychol. || Restes diurnes : en psychanalyse, Éléments d'un rêve qui correspondent à des faits du vécu récent.
3 Élément restant d'une quantité, après soustraction ( Différence) ou après division ( Résidu).Spécialt (dr. constit.). Dans le système de la représentation proportionnelle, se dit des restes obtenus après division des suffrages qu'une liste a recueillis, soit par le quotient électoral, soit par le nombre uniforme.
23 Quel que soit le système employé, il y a des restes (…) Le problème de l'utilisation des restes est le plus difficile à résoudre de tous ceux que pose la représentation proportionnelle. La solution la plus simple est de grouper ces restes dans le cadre national (…) Autant de fois le nombre uniforme sera contenu dans le total des restes de chaque liste, autant de fois celle-ci obtiendra de députés (…) Mais elle a l'inconvénient de multiplier à l'extrême les partis (…)
Maurice Duverger, Manuel de droit constitutionnel…, p. 77.
B (Avec un complément déterminatif désignant la matière ou la nature de l'élément restant). Petite quantité restante de…
1 (Concret). || « Salut ! bois (cit. 9) couronnés d'un reste de verdure » (Lamartine). || Un reste d'eau (→ Croupir, cit. 6), d'encens (→ Flotter, cit. 5), de couleur (→ Peindre, cit. 1), de chaleur (→ Réchauffer, cit. 3), de vie (→ Exhaler, cit. 24). || Il doit y avoir un reste de beurre au garde-manger. || Mendiants nourris (cit. 35) de restes de légumes. || Un reste de tissu. Coupon. || Combinaison chimique qui laisse un reste d'oxygène. Excès.
(1660). Spécialt. De beaux restes : des restes de beauté (se dit surtout d'une femme).
24 (…) il est fort extraordinaire qu'une femme dont la fille est en âge d'être mariée ait encore d'assez beaux restes pour s'en vanter si hautement (…)
Corneille, Examen d'Andromède.
2 (Abstrait). || Un reste de peur (→ Aviver, cit. 9), de goût pour la vertu (→ Dépraver, cit. 7), de tendresse (→ Imputer, cit. 15), d'honneur (→ Laisser, cit. 64)…
25 Aucun reste d'espoir ne peut flatter ma peine (…)
Racine, Alexandre, V, 2.
26 On voyait dans ses yeux un reste de fureur
Remuer vaguement comme une hydre échouée (…)
Hugo, la Légende des siècles, LVII, Guerre civile.
C (1660). Péj. (le plus souvent au plur.). || Les restes de qqn, ses restes : ce qu'il a laissé, négligé, méprisé (considéré quant à sa possession, son utilisation par une autre personne). || « Il n'a eu que votre reste, que vos restes » (Littré, Académie).
27 (…) dans la distribution des grâces, de nouvelles sont accordées à celui-là, pendant que l'auteur grave se tient heureux d'avoir ses restes.
La Bruyère, les Caractères, XV, 27.
Spécialement :
28 C'est chose tout à fait plaisante que de voir le grand roi, jeune encore (il avait quarante-cinq ans), épouser les cinquante ans sonnés d'une dévote dont un bouffon infirme avait cueilli jadis (comme il avait pu) la jeunesse en fleur, et ce monarque glorieux vivre trente ans des restes de ce cul-de-jatte.
Jules Lemaître, Impressions de théâtre, 3e série, Scarron.

Encyclopédie Universelle. 2012.