apporter [ apɔrte ] v. tr. <conjug. : 1> A ♦ Concret
1 ♦ Apporter (qqch.) à (qqn) :porter (qqch.) au lieu où est qqn. Allez me chercher ce livre et apportez-le-moi.
♢ Apporter une chose (quelque part),la porter avec soi en venant. Elle a apporté le café dans le salon. Quand vous viendrez, apportez vos outils. Il nous apporte toujours un petit cadeau. Le facteur apporte le courrier.
♢ (Sujet chose) « Le flux les apporta; le reflux les remporte » (P. Corneille). « Le vent m'apportait par lambeaux leurs chants barbares » (Hugo).
2 ♦ Fournir pour sa part. Apporter son tribut, son écot. Loc. Apporter sa pierre à l'édifice.
B ♦ Abstrait
1 ♦ Manifester, montrer (auprès de qqn, quelque part). « Mme de Sévigné apporte la gaîté [...] et la verve [...] de ses saillies » (Faguet).
♢ Apporter du soin, de l'attention, de l'empressement, de la passion à qqch., à faire qqch. ⇒ employer, mettre, prendre. « Il s'occupa de l'affaire avec la passion qu'il apportait à toutes ses entreprises » (Lacretelle).
2 ♦ Donner, fournir (un élément de connaissance) à. ⇒ donner. « Je viens vous apporter de fâcheuses nouvelles » (P. Corneille). ⇒ apprendre. Apporter des informations supplémentaires à qqn. « ceux qui, par leur présence, venaient lui apporter une preuve de fidélité » (Barrès). Son enseignement m'a beaucoup apporté. Elle lui a beaucoup apporté. (Sans compl. en à) Son article n'apporte rien.
3 ♦ Fournir (ce qu'on a produit, ce qu'on a fait naître) à. « J'aurais fait je ne sais quoi pour apporter un soulagement à sa détresse » (A. Gide). Saint-Saëns « apporte à notre inquiétude artistique un peu de la lumière et de la douceur d'autrefois » (R. Rolland).
4 ♦ (Choses) Être la cause de (qqch.). Les changements que l'automobile a apportés dans la vie quotidienne. ⇒ 1. amener, 1. causer, entraîner, produire , provoquer.
♢ Apporter à qqn. ⇒ donner. « la religion, disait-elle, lui apportait une tranquillité heureuse » (France) .
⊗ CONTR. Emporter, enlever, remporter, retirer.
● apporter verbe transitif (latin apportare) Porter avec soi quelque chose en venant dans un lieu : N'oubliez pas d'apporter vos disques. Porter ou transporter quelque chose jusqu'à un lieu, en particulier pour le remettre à quelqu'un qui s'y trouve : Un jeune homme a apporté ces fleurs. Venir auprès de quelqu'un pour lui annoncer quelque chose, lui transmettre un message : Je vous apporte de bonnes nouvelles. Fournir, procurer, donner quelque chose (à quelqu'un, à quelque chose) : Il doit nous apporter des preuves de ses allégations. Être la cause, l'agent de quelque chose : Cette réforme apportera des changements. Mettre telle qualité, telle aptitude au service de quelque chose, d'une action, d'une œuvre : Apporter tous ses soins à la réalisation d'un projet. ● apporter (difficultés) verbe transitif (latin apportare) Sens et emploi 1. Apporter / emporter. Apporter qqch à qqn = le lui porter en allant jusqu'à lui. Il m'a apporté deux livres en cadeau. Emporter qqch = le prendre avec soi en partant. Sur une île déserte, il n'emporterait que des livres. Remarque On a le même rapport entre amener et emmener. 2. Apporter / amener. → amener ● apporter (expressions) verbe transitif (latin apportare) Apporter beaucoup, peu, quelque chose, rien, etc. (à quelqu'un), l'enrichir intellectuellement, lui être utile moralement. Apporter sa pierre, son tribut, etc., à quelque chose, y participer, y donner sa part. ● apporter (synonymes) verbe transitif (latin apportare) Porter avec soi quelque chose en venant dans un lieu
Synonymes :
- amener
- porter
Contraires :
- emporter
Porter ou transporter quelque chose jusqu'à un lieu, en particulier pour...
Synonymes :
- amener
- porter
Contraires :
- emporter
Fournir, procurer, donner quelque chose (à quelqu'un, à quelque chose)
Synonymes :
- alléguer
- donner
- fournir
- procurer
Contraires :
- enlever
- retirer
Être la cause, l'agent de quelque chose
Synonymes :
- amener
- déclencher
- déterminer
- entraîner
- procurer
- produire
apporter
v. tr.
rI./r
d1./d Porter (qqch) à (qqn), là où il est. Apportez-moi ce livre.
|| Porter soi-même en venant dans un lieu. Apporter ses outils.
d2./d Fournir pour sa part. Apporter des capitaux.
rII./r Fig.
d1./d Apporter de bonnes, de mauvaises nouvelles à qqn, les lui apprendre.
d2./d Donner, procurer. Apporter la consolation.
d3./d Employer, mettre. Apporter tous ses soins à une affaire, s'y employer avec application.
d4./d (Choses) Causer, produire. L'électricité a apporté de grands changements.
⇒APPORTER, verbe trans.
A.— [L'obj. du verbe désigne une chose concr. ou abstr., dont on n'envisage pas essentiellement le retentissement ou l'action sur le destinataire]
1. [Le suj. est un animé (gén. humain plus rarement animal)]
a) Apporter qqc. à qqn. Porter quelque chose d'un lieu plus ou moins éloigné au lieu où l'on se rend pour le remettre ou le faire connaître à un destinataire. Apporter une lettre, une nouvelle à qqn :
• 1. Il était enfoui sous les calculs de sa vaste opération du chemin de fer, affaire devant laquelle disparaissaient toutes celles de ses clients, lorsqu'un clerc lui apporta une lettre timbrée de Compiègne.
GOZLAN, Le Notaire de Chantilly, 1836, p. 227.
• 2. ... le roi de Neustrie forçait de vitesse et continuait sa marche. À peine fut-il établi dans ses nouvelles positions, qu'un héraut de l'armée austrasienne lui apporta le message suivant : « si tu n'es pas un homme de rien, prépare un champ de bataille et accepte le combat. »
THIERRY, Récits des temps mérovingiens, t. 2, 1840, p. 30.
• 3. Elles couraient vers nous, sous les balles; elles m'apportaient de la nourriture.
GIDE, Journal, 1914, p. 502.
b) [Sans indication du destinataire] Apporter qqc. :
• 4. La bonne se décide enfin à le servir. Elle lève paresseusement son grand bras noir, atteint la bouteille et l'apporte avec un verre.
« Voilà monsieur ».
J.-P. SARTRE, La nausée, 1938, p. 88.
c) [Sans indication du destinataire, ni de l'obj. porté] (Le chasseur au chien) : « Apporte! »
— P. anal. et plais., en s'adressant à une personne :
• 5. Il doit en rester deux ou trois [femmes] dans le pays. Déniche et apporte.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Les Rois, 1887, p. 292.
Rem. La lang. pop. connaît un emploi pronom. au sens de « arriver, venir » :
• 6. Vers le coup de huit heures, la victime s'apporte le bec enfariné.
A. SIMONIN, J. BAZIN, Voilà taxi! 1935, p. 40.
2. [Le suj. est une force naturelle, un moyen de transport, etc.] :
• 7. ... et le vent apportait une poussière d'eau sur mon visage.
MONTHERLANT, La Petite Infante de Castille, 1929, p. 619.
a) [Avec indication du lieu de provenance] :
• 8. Sur le conseil du chimiste Balthazar Claës, son ami de Douai, elle avait voulu cristalliser le jus de betterave, et le vendre comme le sucre de canne que les navires n'apportaient plus des Antilles, depuis le blocus. À Paris déjà, beaucoup de cafés, de tavernes débitaient ce produit.
ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, p. 65.
b) [Avec indication du lieu de destination] :
• 9. ... « Oh! si Marseille t'avait pour évêque, les navires n'y apporteraient plus d'huile ni d'autres denrées de ce genre, et seulement des cargaisons de papyrus, afin que tu eusses de quoi écrire à ton aise, pour diffamer les gens de bien. »
THIERRY, Récits des temps mérovingiens, t. 2, 1840, p. 295.
B.— [L'obj. désigne une valeur concr. ou abstr. dont la pers. ou l'obj. destinataire doit ressentir l'effet le plus souvent heureux]
1. [Le suj. désigne une pers.; le destinataire ou bénéficiaire explicite ou implicite désigne une pers. ou une entité étroitement liée à la pers.] Mettre à la disposition, au service de quelqu'un (ou d'un groupe).
a) DROIT
— [L'obj. du verbe désigne les biens que les époux mettent à la disposition du ménage en se mariant] Apporter en mariage; apporter à la communauté, dans la communauté; sa femme lui avait apporté de grands biens (Ac. 1835-1932).
— [En parlant d'un associé] Fournir sa mise dans une société commerciale :
• 10. Chaque associé est débiteur envers la société de tout ce qu'il a promis d'y apporter. Dans cette société, l'un apporte son travail, l'autre ses capitaux.
Ac. 1932.
b) En gén. :
• 11. C'est égal, j'ai du cœur et de la conviction, je sais sur quel immense appui, invisible encore, je me soutiens, et je vais dans quelques jours les déchaîner davantage quand je parlerai sur la réforme électorale que j'admets, et sur l'instruction secondaire, où je leur apporterai des idées hardies qui les feront tous cabrer.
LAMARTINE, Correspondance, 1834, p. 8.
• 12. Que j'aime cette première parole du père Lacordaire à son auditoire de Nancy : « Mes frères, je vous apporte le bonheur! » La chasse de Stendhal vieillissant l'éloignait chaque jour davantage de l'objet même de sa recherche.
MAURIAC, Journal 3, 1940, p. 328.
— P. anal. [Le bénéficiaire est une chose ou une action à laquelle s'intéresse ou est censé s'intéresser le suj.] :
• 13. Rien de plus monotone que ma vie; elle s'écoule plus uniforme à l'œil que la rivière qui passe sous mes fenêtres. La petite fille apporte un peu de gaieté dans la maison. Quant à ma mère, elle vieillit de corps et d'humeur.
FLAUBERT, Correspondance, 1852, p. 355.
— Littér. Apporter des raisons, des preuves (à l'appui de ...). Alléguer, citer :
• 14. J'ai parcouru bien vite cette carrière, sans pouvoir, à beaucoup près, ni vous dire tout ce qu'il y avait d'important, ni apporter les preuves de tout ce que j'ai dit.
GUIZOT, Hist. gén. de la civilisation en Europe, 1828, p. 41.
♦ Apporter beaucoup de soin, de courage, etc. à qqc., à faire qqc. Appliquer à :
• 15. Il y a apporté beaucoup de précaution. Il a apporté tous les soins nécessaires à cet arrangement. Il apporte beaucoup de zèle dans tout ce qu'il fait, à tout ce qu'il fait. Vous n'apportez pas assez d'attention à ce que vous faites. Il n'y apporte que de la mauvaise volonté.
Ac. 1932.
— Loc. Apporter sa pierre à l'édifice. Contribuer à... :
• 16. Chaque flot du temps superpose son alluvion, chaque race dépose sa couche sur le monument, chaque individu apporte sa pierre.
HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 132.
2. [Le suj. désigne une chose pouvant retentir sur la vie du destinataire] Procurer (un bien) :
• 17. Petite provinciale sans fortune et sans relations, je ne puis faire le mariage « sérieux » qui m'apporterait argent et situation, par exemple un mariage à Paris, dans un milieu aisé et cultivé (pour trouver un mari cultivé, il me faudrait vivre à Paris la moitié de l'année, libre, et je n'ai pas de quoi).
MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, p. 936.
• 18. L'illustre vieillard n'aime pas son admiratrice : il se laisse adorer par elle, et il retrouve dans ses lettres, avant d'en être agacé, toute une exaltation juvénile qui lui apporte un écho de sa propre jeunesse.
BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, p. 241.
— [Avec un adv. de quantité ou un pronom neutre] Enrichir moralement, intellectuellement. Cette lecture m'apporte beaucoup, ce que cette lecture m'apporte... :
• 19. ... plusieurs articles sur Les Mémoires intérieurs m'avaient échappé. Presque tous m'ont beaucoup apporté... Je vois bien ce qu'ici j'ai souhaité : fixer une certaine figure de moi-même à tous les âges, un aspect de ma forme d'intelligence et de mes façons de sentir... liée à un style qui ne fût qu'à moi. C'est le style qui dure, quoi qu'en pensent mes cadets, à condition qu'il soit l'homme même.
MAURIAC, Le Nouveau Bloc-notes, 1961, p. 211.
— Vieilli. [Le retentissement a lieu dans une chose] Entraîner :
• 20. Les états de digestion, d'abstinence, de veille, de sommeil, d'âge, de sexe, peuvent aussi apporter des modifications dans cette sensibilité organique spéciale qui fera le véritable désespoir du médecin et du biologue, tant qu'on n'aura pas rattaché toutes ces variétés aux causes prochaines qui les déterminent ou les règlent.
C. BERNARD, Principes de méd. expérimentale, 1878, p. 157.
3. [L'obj. est un mot abstrait exprimant une idée d'aide et formant avec le verbe apporter une loc. dont il existe gén. un équivalent verbal de la même famille morphol. ou sém. que l'obj.] :
• 21. ... si les armées italiennes venaient à être trop vivement pressées, je m'étais engagé vis-à-vis du général Cadorna à lui apporter l'appui direct des forces françaises.
JOFFRE, Mémoires, t. 2, 1931, p. 360.
• 22. Elle pensait avec désespoir : « ce n'est donc pas vrai ... Le temps n'apporte donc pas d'adoucissement aux peines ... »
VAN DER MEERSCH, L'Empreinte du dieu, 1936, p. 218.
— [À la limite dans la lang. littér., l'article est omis devant le nom obj.] Apporter remède. Remédier :
• 23. ... et si je me détermine à le mettre au jour, c'est que plusieurs faits notoires peuvent les suppléer, c'est que nos maux sont à leur comble, c'est qu'on ne peut trop se hâter d'y apporter remède en proscrivant leur auteur.
MARAT, Les Pamphlets, Nouvelle dénonciation contre Necker, 1790, p. 169.
• 24. C'est d'après cette vue qu'en toute catastrophe nous distinguons d'abord si bien le malheureux qui ne sait que faire de celui qui apporte secours, dont les mouvements sont, au contraire, prompts et décidés, et seulement signes d'eux-mêmes.
ALAIN, Propos, 1925, p. 661.
Rem. 1. Cette constr., outre sa valeur styl. (resserrement de l'expr. par suppression de l'article, expr. verbale se terminant par un subst. etc.) permet un emploi abs. là où le verbe simple ne l'autorise pas. 2. Le suj. désigne une pers., ou plus rarement une force assimilable à l'action d'une pers. (cf. ex. 22).
PRONONC. ET ORTH. :[], j'apporte []. Enq. ://, (il) apporte. FÉR. Crit. t. 1 1787 admet une var. aporter.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 2e moitié du Xe s. aporter « venir porter qqc. à qqn [l'objet est un inanimé concret] » (St Léger, str. 34 ds A. HENRY, Chrestomathie de la littérature en ancien fr., p. 12 : Il li vol faire mult amet; Bewre li rova aporter); 2. ca 1100 [l'objet est un inanimé abstrait] « fournir [un élément de connaissance] » (Roland, 3496, ds GDF. Compl. : Males nuveles li aportet et dit); XIIIe s. « rapporter, produire » (Serm. du XIIIe s., ms. Cassin, f° 103d ds GDF. : Moult fait a loer cis gardins que fruit aporte et especes). — XVIe s. PALISSY, ibid.; 1595 « apporter de l'attention, de l'effort à qqc. » (Lett. miss. de Henri IV, t. IV, p. 402 ds GDF. Compl. : Les affaires ne vont guere bien; j'y apporte ce que je puis, mais non ce que je veux); av. 1622 « fournir, alléguer [une preuve] » (FRANÇOIS DE SALES, Serm. dim. pass., ibid. : Et pour confirmation de mon dire, je vous apporterai un exemple qui...); 1675 vén. (WIDERHOLD, Nouv. dict. fr.-all. et all.-fr. : Apporte. Terme dont on se sert envers les Barbets, quand on leur jette quelque chose pour l'aller quérir).
Empr. au lat. apportare « porter qqc. à qqn » 1 [l'objet est un inanimé concret] (PLAUTE, Epid., 36 ds TLL s.v., 304, 22); 2 [l'objet est un inanimé abstrait] « id., en parlant de nouvelles » (PLAUTE, op. cit., 21, ibid., 304, 54); « id. [le sujet aussi est un inanimé abstrait] » (TÉRENCE, Ad., 856, ibid., 304, 79).
STAT. — Fréq. abs. littér. :13 495. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 15 468, b) 20 226; XXe s. : a) 22 956, b) 19 548.
BBG. — BRUANT 1901. — DARM. Vie 1932, p. 143. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 20. — KUHN 1931, p. 31. — LE ROUX 1752. — PIERREH. Suppl. 1926. — SPR. 1967.
apporter [apɔʀte] v.
ÉTYM. Après 950; du lat. apportare, de 1. a-, et portare. → Porter.
❖
A Concret.
1 (Sujet n. de personne, d'animal). || Apporter (qqch.) à (qqn) : porter (qqch.) au lieu où est qqn. ⇒ Porter. || Allez me chercher ce livre et apportez-le-moi. || Il m'avait apporté ces papiers, les avait remportés et maintenant il me les rapporte. ⇒ Rapporter. || Faire apporter son dîner. ⇒ Venir (faire). || Il ne vient jamais les mains vides, il nous apporte toujours qqch. || Apporte-nous le fric ! ⇒ Abouler (fam.). || Le chien apporte un bâton à son maître pour jouer. — (1675). Absolt. En parlant à un chien, pour lui faire comprendre qu'il doit aller chercher, pour son maître, le gibier abattu (chasse) ou tout autre objet. || Apporte ! — Sans compl. en à. || Apporter une chose (quelque part). (En précisant la provenance ou la destination). || J'ai apporté de chez moi tout le matériel nécessaire. || Apportez au secrétariat votre bulletin de salaire. (Sans précision de provenance ou de destination). || Apporter qqch., le porter avec soi en venant. || Quand vous viendrez, apportez vos outils. || Emporter ce qu'on avait apporté. ⇒ Emporter. || Ces fruits ont été apportés par avion. ⇒ Amener, transporter.
♦ (Sujet n. de chose). || Le vent apportait une odeur de résine. || La marée montante apporte des débris sur le rivage. → ci-dessous cit. 3, 4, 8, 10, 11.
1 On m'apporte à Lyon une lettre pour donner à une personne qui n'y est pas; je dis au messager qu'il la remporte au lieu d'où il vient.
2 Nicole, apportez-moi mes pantoufles, et me donnez mon bonnet de nuit (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 4.
3 Le flux les apporta; le reflux les remporte.
Corneille, le Cid, IV, 3.
4 Le flot qui l'apporta recule épouvanté.
Racine, Phèdre, V, 6.
5 Sur le soir on apporte herbe et fourrage
Comme l'on faisait tous les jours.
La Fontaine, Fables, IV, 21.
6 (…) Allez chez nos amis
Les prier que chacun, apportant sa faucille,
Nous vienne aider demain (…)
La Fontaine, Fables, IV, 22.
7 L'ours allait à la chasse, apportait du gibier (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 10.
8 (…) mon oreille, lente à m'apporter les sons.
La Fontaine, Fables, VII, 18.
9 (…) quand un enfant désire quelque chose qu'il voit et qu'on veut lui donner, il vaut mieux porter l'enfant à l'objet, que d'apporter l'objet à l'enfant (…)
Rousseau, Émile, I.
10 Le vent m'apportait par lambeaux leurs chants barbares mêlés au son des guitares.
Hugo, Bug-Jargal, XXVII.
11 Le soir apportait sa caresse froide, son effleurement perfide.
Edmond Jaloux, les Visiteurs, I.
12 Ici, c'est comme dans les mosquées; on se déchausse en entrant pour ne pas apporter la boue du dehors.
Gide, les Faux-monnayeurs, I, VII.
13 (…) il en est de la lecture comme des auberges espagnoles (…) on n'y trouve que ce qu'on apporte.
A. Maurois, Un art de vivre, III, V.
14 Si l'on souhaite de trouver, en quelque lieu que ce soit, de l'amitié, de l'harmonie, de la poésie, de l'ordre, il est plus sage, plus expédient et même plus généreux de tout apporter soi-même.
G. Duhamel, Inventaire de l'abîme.
2 Fournir pour sa part. || Participer en apportant son tribut, son écot. — Dr. || Apporter en mariage. || Apporter des biens à la communauté, à une société. ⇒ Apport. — Littér. (sujet n. de chose). → cit. 15.
15 Chaque saison apportait son tribut (…)
La Fontaine, Fables, IX, 5.
16 C'est une fille qui vous apporte douze mille livres de rente.
Molière, l'Avare, II, 5.
17 Lorsque les époux apportent dans la communauté une somme certaine (…)
Code civil, ancien art. 1511.
18 Chaque associé doit y apporter (à la société) ou de l'argent, ou d'autres biens, ou son industrie.
Code civil, ancien art. 1833.
♦ ☑ Par métaphore. Apporter sa pierre à l'édifice, sa contribution à une œuvre collective. ⇒ Contribuer.
19 On devait, par affectation de bon sens, dénigrer toujours les avocats, et servir le plus souvent possible ces locutions : « apporter sa pierre à l'édifice, — problème social, — atelier ».
Flaubert, l'Éducation sentimentale, III, I.
B Abstrait.
1 Manifester, montrer (auprès de qqn, quelque part). || Apporter de la bonne humeur à, dans une réunion. || Il nous apporte la confiance dont nous avons besoin. || Il y apporte tout son enthousiasme. ⇒ Mettre. — Apporter qqch. sur soi.
20 Chimène à vos genoux apporte sa douleur.
Corneille, le Cid, II, 7.
21 (…) Dissimulez. Votre rivale en pleurs
Vient à vos pieds, sans doute, apporter ses douleurs.
Racine, Andromaque, III, 3.
22 Il (Corneille) aimait, il cultivait nos exercices. Il y apportait surtout cet esprit de douceur, d'égalité, de déférence même (…)
Racine, Discours à l'Académie.
23 (…) chaque homme apporte en naissant un caractère, un génie et des talents qui lui sont propres.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, V, III.
24 Tous naissent égaux : nul, en venant au monde, n'apporte avec lui le droit de commander.
F. de Lamennais, Paroles d'un croyant, p. 83.
25 (…) Mme de Sévigné apporte la gaîté toujours prête et la verve intarissable de ses saillies sans fiel et de son enjouement de bonne compagnie (…)
Émile Faguet, Études littéraires, XVIIe s., p. 371.
♦ (1595). || Apporter du soin, de l'attention, du courage, de l'empressement, de la passion… à qqch., à faire qqch. ⇒ Employer, mettre, prendre.
26 Depuis plus de quatre ans vous voyez quelle adresse
J'apporte à rejeter l'hymen de la princesse.
Corneille, Héraclius, IV, 4.
27 Quelque soin qu'on apporte à être serré et concis (…)
La Bruyère, les Caractères, I, 29.
28 Il s'occupa de l'affaire avec la passion qu'il apportait à toutes ses entreprises.
Jacques de Lacretelle, Retour de Silbermann, p. 79.
2 (Sans compl. direct). Donner, fournir sur le plan moral, intellectuel. || Apporter beaucoup, énormément à qqn. (Sujet n. de personne ou de chose). || Son enseignement m'a beaucoup apporté. || Elle lui a beaucoup apporté durant l'année qu'ils ont passé ensemble.
3 Donner, fournir (à qqn un élément de connaissance). ⇒ Porter (à la connaissance de qqn). || Apporter des nouvelles. ⇒ Annoncer, apprendre. || Je vous apporte de très bonnes nouvelles. || Quelles mauvaises nouvelles nous apporte ce messager de malheur ?
29 En est-ce fait, Julie, et que m'apportez-vous ?
Est-ce la mort d'un frère, ou celle d'un époux ?
Corneille, Horace, III, 2.
30 Je viens vous apporter de fâcheuses nouvelles (…)
Corneille, Horace, III, 5.
♦ Apporter une information de dernière minute lors d'un journal parlé. || Apporter des informations complémentaires.
31 (…) au seizième et dernier chapitre (…) où les preuves de Dieu (…) sont apportées (…)
La Bruyère, Discours à l'Académie, Préface.
32 (…) ceux qui, par leur présence, venaient lui apporter une preuve de fidélité.
M. Barrès, la Colline inspirée, p. 83.
33 La science n'apporte pas l'explication du monde comme l'avaient cru, assez naïvement, les hommes de la génération de Zola.
A. Maurois, Études littéraires, t. I, p. 39.
♦ Apporter des raisons. ⇒ Alléguer.
34 (…) j'y suis résolu; et je vous conjure encore une fois de ne me point apporter de raisons pour m'en dissuader.
Molière, l'Avare, I, 2.
4 Fournir (ce qu'on a produit, ce qu'on a fait naître) à qqn. || Apporter son appui.
♦ Apporter un remède, du remède, remède à quelque mal. ⇒ Remédier. || Apporter un adoucissement, un soulagement à une douleur. ⇒ Adoucir, soulager. || Apporter des facilités. ⇒ Faciliter.
35 (…) il s'agit (…) d'examiner les causes de la maladie, et de voir les remèdes qu'on y doit apporter.
Molière, l'Amour médecin, II, 5.
36 J'aurais fait je ne sais quoi pour apporter un soulagement à sa détresse (…)
Gide, les Faux-monnayeurs, I, XIII.
37 (Saint-Saëns) apporte à notre inquiétude artistique un peu de la lumière et de la douceur d'autrefois.
R. Rolland, Musiciens d'aujourd'hui, p. 96.
♦ Rare (le compl. désigne un élément négatif). || Apporter des obstacles, des difficultés. ⇒ Contrecarrer, entraver; susciter.
♦ Littér. || Apporter remède, secours. ⇒ Porter.
5 (Sujet n. de chose). Être la cause de (qqch.). || Les changements que l'automobile a apportés dans la vie quotidienne. ⇒ Amener, causer, entraîner, provoquer, produire. — Apporter qqch. à qqn. ⇒ Donner. || La vie ne lui a apporté que des malheurs.
38 (…) Si mon retour t'apporte quelque joie (…)
Racine, Bérénice, V, 2.
39 (…) un ouvrage qui peut seul apporter de l'adoucissement à mes peines : ce sont les Mémoires de ma vie.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 279.
40 (…) la religion, disait-elle, lui apportait une tranquillité heureuse.
France, le Petit Pierre, I.
41 Pourquoi la levée d'une douleur apporte-t-elle moins de joie que la fin d'une joie ne cause de peine ?
Gide, les Nouvelles Nourritures, p. 30.
42 (…) sa santé, sa jeunesse apportèrent enfin dans ce lieu une atmosphère purificatrice.
Martin du Gard, les Thibault, III, VII.
——————
s'apporter v. pron. (réfl.).
❖
CONTR. Emporter, enlever, remporter, retirer.
DÉR. Apport, apporteur.
COMP. Rapporter.
Encyclopédie Universelle. 2012.