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impersonnel

impersonnel, elle [ ɛ̃pɛrsɔnɛl ] adj.
impersonal fin XIIe; lat. impersonalis
1Gramm. Qui exprime une action sans sujet réel ou dont le sujet ne peut être déterminé. Verbes impersonnels, ne s'employant qu'à la troisième personne du singulier et à l'infinitif. Verbes essentiellement impersonnels (falloir, neiger, etc.). — Verbes accidentellement impersonnels : formes, tournures, constructions impersonnelles de verbes personnels (ex. Il a été décidé que...; mieux vaut). N. m. Un impersonnel : un verbe impersonnel. — Modes impersonnels (infinitif, participe).
2(1833) Qui ne constitue pas une personne. Le dieu des panthéistes est impersonnel. Le roi « c'est moins un homme qu'une idée; être impersonnel, il vit dans l'universalité » (Michelet).
Qui n'appartient pas à une personne; qui ne s'adresse pas à une personne en particulier. La loi est impersonnelle.
3Indépendant de toutes particularités individuelles. Jugement impersonnel. 1. objectif. Qui manque (volontairement ou non) d'originalité. dépersonnalisé, neutre. Cadre, décor impersonnel. Style impersonnel et froid. La conversation était restée « courtoise et impersonnelle » (Romains).
⊗ CONTR. Personnel; 2. original, personnalisé.

impersonnel, impersonnelle adjectif (bas latin impersonalis) Qui n'appartient ou n'est destiné en propre à personne : La loi est impersonnelle. Qui fait abstraction de toute marque personnelle pour exprimer un point de vue objectif : Historien qui se veut impersonnel. Ton impersonnel. Qui n'a aucun caractère personnel, original, qui ne reflète pas la personnalité d'un individu : Une décoration impersonnelle. Se dit d'une phrase dans laquelle le sujet est représenté par le pronom neutre il, substitué au sujet réel. (Par exemple Il est arrivé un paquet.) ● impersonnel, impersonnelle (expressions) adjectif (bas latin impersonalis) Mode impersonnel, mode du verbe qui ne comporte pas de flexions indiquant la personne (en français, l'infinitif, le participe et le gérondif). Verbe impersonnel, verbe qui n'a pas d'autre forme que celle de la troisième personne du singulier avec pour sujet le pronom neutre il (par exemple il neige, il faut, etc.).

impersonnel, elle
adj.
d1./d Dépourvu de marque personnelle, d'originalité. Une oeuvre impersonnelle.
d2./d Qui n'appartient pas à une personne en particulier. La science est impersonnelle.
d3./d GRAM Verbes impersonnels, qui ne s'emploient qu'à la troisième personne du singulier et à l'infinitif, et dont le sujet grammatical (le pronom neutre il) ne réfère pas à un sujet réel ou déterminable de l'action exprimée par le verbe. (Ex.: il faut, il neige, il convient que.)
|| Modes impersonnels, qui ne reçoivent pas d'indication de personnes (infinitif, participe).

⇒IMPERSONNEL, -ELLE, adj.
A. — GRAMM. Qui exprime une action sans relation avec un sujet déterminé. Tour impersonnel, construction impersonnelle. Des formes impersonnelles comme il m'ennuie de, il me fâche de, etc. se disent encore de nos jours, mais leur emploi est vieilli (GREV. 1961, § 606).
1. Mode impersonnel. Mode du verbe (infinitif, participe, gérondif) qui ne comporte pas de flexion indiquant la personne. On appelle quelquefois modes impersonnels (...) les systèmes des formes nominales de la conjugaison, du fait que ces formes sont impropres à exprimer l'idée de la personne : infinitif, gérondif, participe (MAR. Lex. 1951, p. 116).
2. Verbe impersonnel et, p. ell., un impersonnel. Verbe qui ne s'emploie qu'à l'infinitif et à la troisième personne du singulier précédé du pronom neutre il, lequel n'a pas de contenu sémantique. Quoi de plus doux à prononcer que notre verbe [sic] impersonnel il y a (SAINTE-BEUVE, Tabl. poés. fr., 1828, p. 153). Les verbes impersonnels (...) sont ceux qui ne peuvent être employés qu'à la 3e personne (...) du fait qu'ils ne comportent pas de sujet concevable : il pleut (MAR. Lex. 1951, p. 116).
B. — PHILOS. Qui ne constitue pas une personne, qui n'existe pas en tant que personne :
1. Un dieu inconscient est nécessairement un dieu impersonnel. Pas plus que la conscience, la personnalité ne désigne une perfection absolue. Si Dieu est inconscient, s'il est impersonnel, c'est qu'il exclut ou dépasse toute limite.
Théol. cath. t. 4, 1920, p. 1275.
C. — [En parlant d'une chose] Qui n'appartient pas ou ne s'applique pas à une personne en particulier. Autorité, force, loi impersonnelle. Un principe impersonnel, infaillible et absolu (PROUDHON, Créat. ordre, 1843, p. 98) :
2. En comparaison de ce chant magnifique [le chant grégorien], créé par le génie de l'Église, impersonnel, anonyme comme l'orgue même dont l'inventeur est inconnu, toute musique religieuse lui paraissait profane.
HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 269.
PHILOS. Théorie de la raison impersonnelle. ,, Théorie d'après laquelle la raison de chaque homme ne lui appartient pas en propre, mais n'est que le reflet d'une Raison universelle à laquelle il participe`` (LAL. 1968).
D. — P. ext.
1. Qui ne prend en compte aucune impression individuelle, qui s'attache à rester objectif. Le grand art est scientifique et impersonnel (FLAUB., Corresp., 1866, p. 257) :
3. Tu comprends en même temps combien cette conception implique un art impersonnel, détaché de l'artiste, qui ne fait qu'ordonner, combiner et condenser des motifs.
RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1908, p. 343.
Point de vue impersonnel. En me plaçant au point de vue historique, (...) au célèbre point de vue impersonnel, (...) au point de vue objectif (PÉGUY, Argent, 1913, p. 1246).
2. Qui ne reflète aucun caractère individuel; anonyme, banal. Écriture, voix impersonnelle. Un bureau impersonnel d'ingénieur départemental (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 124). Les mots qui servent à les exprimer [les concepts] donnent à la pensée un tour imprécis et impersonnel (Hist. sc., 1957, p. 1661) :
4. J'écrivis un jour que si Mistinguett (...) entrait en scène avec les girls pour se comporter en girl impersonnelle, nous sentirions que Mistinguett vient d'entrer en scène.
COLETTE, Jumelle, 1938, p. 168.
Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Vous vous rappelez ce que Bergson a écrit sur l'impersonnel, le socialisé, le tout fait (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 8).
REM. 1. Impersonnalisme, subst. masc., hapax. Système de pensée recherchant l'objectivité impersonnelle. C'est ce que nous nommons l'impersonnalisme objectiviste, ou, plus familièrement, l'objectivisme impersonnaliste (PÉGUY, Œuvres en prose, Compte rendu de mandat, Paris, Gallimard, 1959 [1901], p. 368). 2. Impersonnaliste, adj. et subst. a) Adj. Qui relève de l'impersonnalisme (supra). b) Subst. masc. Personne qui est adepte de l'impersonnalisme. Ces grands impersonnalistes s'occupèrent beaucoup de ma personnalité. Je dus à leur sollicitude quatre mois de maladie (PÉGUY, Œuvres en prose, Personnalités, , 1959 [1902], p. 457ID., ibid., Personnalités, [1902], p. 457).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. a) 1174-76 gramm. (G. DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 2259 : verbe impersonal); 1606 subst. (J. MASSET, Exact et très-facile acheminement à la langue françoise, p. 30 : Des impersonels); b) 1765 mode impersonnel (Encyclop. t. 8, p. 594a). B. 1. 1829 « qui n'appartient pas à une personne en propre » (COUSIN, Hist. philos. XVIIIe s., p. 479 : la raison est impersonnelle); 2. a) 1830 « exempt de tout caractère personnel (en partic., d'une œuvre artistique ou littér.) » (MICHELET, Journal, p. 73 : [la musique] est aussi personnelle que l'architecture impersonnelle); b) 1838 « qui fait abstraction de ses idées personnelles » (BARB. D'AUREV., Memor. 1, p. 194); c) 1884 péj. « sans originalité, banal » (ADELINE, Lex. termes art : Se dit d'un talent sans originalité); 3. 1833 « qui ne constitue pas une personne » (MICHELET, Hist. de France, IV, V ds ROB.). Empr. au b. lat. impersonalis, aux sens A a et b. V. personnel. Fréq. abs. littér. : 380. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 89, b) 388; XXe s. : a) 706, b) 906.
DÉR. 1. Impersonnaliser, verbe trans. Rendre impersonnel. Le propre de la pensée est de nous impersonnaliser (AMIEL, Journal, 1866, p. 116). Emploi pronom. Toute la question est que l'artiste soit assez maître du sentiment, pour que celui-ci s'impersonnalise (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 137). [], (il) impersonnalise []. 1res attest. a) 1638 gramm. « rendre impersonnel » (MAUPAS, Gramm. fr., p. 246 ds BRUNOT t. 3, p. 214 : les tierces personnes singulieres des verbes impersonnalisez), b) 1866 pronom. « abdiquer sa personnalité » (AMIEL, op. cit., p. 69); de impersonnel, suff. -iser. 2. Impersonnellement, adv. a) D'une manière impersonnelle, indépendante de la personne. Comme vous savez bien vous écouter impersonnellement dans celui qui vous lit! (VILLIERS DE L'I.-A., Corresp., 1861, p. 46). b) Gramm. Employé à la forme impersonnelle. Verbes transitifs conjugués impersonnellement (DG). []. Att. ds Ac. dep. 1694. 1res attest. a) XVe s. « sans désignation de personne » (Chron. et hist. saintes et profanes, Ars. 3515, f° 29c ds GDF. Compl.), b) 1606 gramm. (CRESPIN), c) 1861 « d'une façon impersonnelle » (VILLIERS DE L'I.-A., loc. cit.); de impersonnel, suff. -ment2. Fréq. abs. littér. : 10.
BBG. — RITTER (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois, 1905, t. 36, p. 441.

impersonnel, elle [ɛ̃pɛʀsɔnɛl] adj. et n. m.
ÉTYM. 1606, n. m., « verbe impersonnel »; impersonal, XIIe, en gramm.; bas lat. impersonalis, du bas lat. personalis « personnel », mots de grammaire, du lat. class. persona. → Personne.
1 Ling. Qui exprime une action sans sujet réel (d'après les grammairiens classiques) ou dont le sujet est vague et ne peut être déterminé. || Verbes impersonnels, exprimant une telle action, et ne s'employant qu'à la troisième personne du singulier et à l'infinitif (on les appelle parfois unipersonnels). || Verbes impersonnels proprement dits, essentiellement impersonnels (ex. : falloir; neiger, pleuvoir, tonner, etc.).
N. m. (1606). || Un impersonnel. || La conjugaison défective des impersonnels.Verbes accidentellement impersonnels : formes, tournures, constructions impersonnelles de verbes personnels (ex. : peu importe, n'importe, mieux vaut, reste, suffit…; v. intr. : il souffle un vent…; v. passif : il est venu quelqu'un; v. pron. : il se trouve…). || « Il a été trouvé une montre » est un passif impersonnel. || L'ancienne langue admettait l'emploi impersonnel de nombreux verbes (→ Ennuyer, cit. 3; fâcher, etc.).
1 Il existe (…) une façon spéciale de concevoir l'action ou l'état, où la pensée part de l'idée de l'acte, non du sujet qui le fait. On a plusieurs fois parlé de verbes « unipersonnels » : il neige, c'est « impersonnels » qu'il faut dire. Ils n'ont point de personnes, pas même une. Ces verbes étaient très nombreux en a. f. (ancien français). Quelques-uns ont disparu tout à fait (…) D'autres sont archaïques : il appert (…) il me souvient, il me fâche (…) Mais il en reste qui sont en pleine vie : il faut, il advient. Les phénomènes de la nature sont exprimés pour la plupart sous cette forme : il pleut, il neige (…) Elle sert aussi à l'expression de toutes sortes d'idées abstraites : il convient, il est, il y a (…)
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 285.
REM. 1. Les verbes impersonnels expriment les phénomènes naturels (il pleut), certaines idées abstraites (nécessité, évidence : il faut…), des actions présentées d'une manière impersonnelle (il me souvient)… La forme impersonnelle est aussi un procédé de style destiné à mettre en valeur l'action, le verbe, en diminuant ou en supprimant l'importance du sujet.
2. La plupart des verbes impersonnels peuvent s'employer figurément avec un sujet personnel, se mettre au pluriel, se conjuguer à l'impératif, au participe présent (→ Pleuvoir, neiger, tonner…).
3. Sujet des verbes impersonnels. → Il (II.); ça (cit. 4), ce, cela.
(1765). || Modes impersonnels, les formes nominales du verbe (p. prés. et p. gérondif; infinitif).
2 (1833, Michelet). Qui ne constitue pas une personne. || Le dieu des panthéistes, de Spinoza, est impersonnel.
2 La personnalité est faible en lui (le roi de France); c'est moins un homme qu'une idée; être impersonnel, il vit dans l'universalité, dans le peuple, dans l'Église, fille du peuple : c'est un personnage profondément catholique, dans le sens étymologique du mot.
Michelet, Hist. de France, IV, V.
(1829, V. Cousin). Didact. (assez courant). Qui n'appartient pas à une personne; qui ne s'adresse pas à une personne en particulier. || Composition impersonnelle, où l'auteur disparaît (→ Évangile, cit. 5). || Exécution (cit. 3) uniforme d'actes impersonnels.Règle générale et impersonnelle. || La loi est impersonnelle. || Avis impersonnel.
3 Nous ne saisissons de nos sentiments que leur aspect impersonnel, celui que le langage a pu noter une fois pour toutes parce qu'il est à peu près le même, dans les mêmes conditions, pour tous les hommes.
H. Bergson, le Rire, p. 118.
(1844). Philos. || Raison impersonnelle, la raison d'un homme, considérée comme le reflet de la raison universelle à laquelle il participe. || De la raison impersonnelle, œuvre de F. Bouillier (1844).
3 (1830, en art). Cour. « Indépendant de toutes particularités individuelles » (Lalande, Vocabulaire philosophique). || Jugement impersonnel; opinion impersonnelle. Objectif. || Un ton impersonnel et froid.(1884). Qui manque (volontairement ou non) d'originalité. || Un style impersonnel et froid. || Une écriture impersonnelle. Banal (→ Fixer, cit. 3), blanc (écriture blanche).
4 Sa politesse était (…) froide, impersonnelle. C'était une conséquence de ces bonnes manières qu'on doit avoir avec tous, non pour eux, mais pour soi.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Dessous de cartes… ».
5 La conversation était restée jusque-là courtoise et impersonnelle. Ils avaient mis une animation complaisante à parler de choses dont ils savaient bien l'un et l'autre qu'elles n'étaient pas l'objet de leur rencontre.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XX, p. 214.
CONTR. Personnel. — Original.
DÉR. Impersonnaliser, impersonnalité. — Impersonnellement.

Encyclopédie Universelle. 2012.