venu, ue [ v(ə)ny ] adj. et n.
• 1559; p. p. de venir
1 ♦ Littér. (avec un adv.) Être bien (ou mal) venu : arriver à propos (ou non); être bien (ou mal) accueilli. — Être mal venu à (vieilli), de (et inf.) :n'être pas fondé à. Ils « auraient donc été mal venus de s'en plaindre » (J.-R. Bloch). Impers. Il serait mal venu d'insister.
2 ♦ N. Loc. Le premier venu : la première personne à se présenter; par ext. n'importe qui. — De nouveaux venus : des personnes qui viennent d'arriver.
3 ♦ Adj. (êtres vivants) Qui s'est développé (bien, mal). Un enfant mal venu, chétif. — (Choses) Qui a été produit (bien ou mal). La pièce « était d'un écolier sans doute, mais prodigieusement bien venue » (A. Gide).
● venu Participe passé de venir. ● venu (homonymes) bienvenu adjectif
venu, ue
adj. et n.
rI./r adj.
|| Harmonieusement développé; retardé dans son développement (êtres vivants). Un veau mal venu.
— Bien fait, agréable (choses). Une aquarelle bien venue.
d2./d (Suivi d'un inf.) être mal venu à, de: ne pas être moralement en droit de. Vous seriez mal venu de lui faire des reproches.
rII./r n.
d1./d Nouveau venu, nouvelle venue: personne qui vient d'arriver.
|| Le premier venu: celui qui arrive le premier et, par ext., personne prise au hasard.
d2./d n. f. Arrivée. J'ai appris sa venue.
— La venue de l'hivernage.
|| Allées et venues: V. allée.
d3./d n. f. Manière de pousser, de se développer.
— D'une belle, d'une seule venue, tout d'une venue: se dit d'un végétal bien droit, aux lignes régulières.
— Fig. Des pages d'une belle venue.
⇒VENU, -UE, part. passé, adj. et subst.
I. — Part. passé de venir.
II. — Adj. [Constr. avec un adv. ou avec premier, première]
A. — Bien, mal venu(e)
1. Qui arrive à propos ou mal à propos; qui est bien ou mal accueilli. Être bien, mal venu. Un grand gaillard de quarante à quarante-cinq ans (...) entrecoupait son allemand d'expressions françaises assez bien venues (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 356).
♦ Être bien, mal venu à (vieilli), de + inf. Être, ne pas être fondé à. L'homme à qui il est question de couper une jambe gangrenée serait mal venu de dire à son chirurgien: cette jambe malade est fort saine (STENDHAL, Rouge et noir, 1830, p. 381). Une personne qui avait débuté par des altérations ne me paraissait pas très bien venue à me demander une consécration de la fidélité de sa traduction (SAND, Corresp., t. 3, 1851, p. 237).
2. [En parlant d'un être vivant, d'un végét.] Bien ou mal formé; qui s'est bien ou mal développé. Arbre bien venu; sujet bien venu. La rue de la barrière des Gobelins, rue alors sans maisons, non pavée, plantée d'arbres mal venus (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 519). On leur lâcha un taureau de deux ans, petit et mal venu (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 440).
3. [En parlant d'une chose] Qui se présente bien ou mal; qui a été bien ou mal réalisé, produit. Œuvre bien, mal venue; tirage photographique bien, mal venu. Je trouve en elle [Germinie Lacerteux] les défauts et les qualités qui me passionnent (...) un soin et une conscience artistiques rares en ces temps de productions hâtives et mal venues (ZOLA, Mes haines, 1866, p. 55). Cela ressemble à une chromo mal venue [toile de Matejko] (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 146). J'ai écrit avec une rapidité presque égale à la parole, et c'est bien mauvais. Mais je savais ce que je faisais: de tout cela peuvent sortir, même sans que je le relise, quelques lignes bien venues (LARBAUD, Journal, 1934, p. 290).
B. — Tard venu(e). [En parlant d'un enfant] Né longtemps après ses frères et sœurs, ou né de parents âgés. (Dict. XIXe et XXe s.).
C. — Premier venu, première venue. Premier, première à se présenter; n'importe lequel, laquelle; pris, prise au hasard. Que joua-t-il, ou qu'essaya-t-il de jouer? Peu importe, le premier air venu (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 332). Je n'étais pas un monstre: la première jeune fille venue qui m'eût aimé aurait fait de moi ce qui lui aurait plu (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 76). Elle avait été élevée, vacances comprises, dans un pensionnat de Vannes, d'où elle ne sortit que pour épouser le premier homme venu, du reste choisi par ses parents (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 20).
III. — Substantif
A. — 1. [Corresp. à supra II A 1] Dès que je reparus au couvent des Dominicains, un des pères (...) m'accueillit les bras ouverts, en s'écriant: — Loué soit le nom de Dieu! Soyez le bien-venu, mon cher ami (MÉRIMÉE, Carmen, 1845, p. 26).
2. [Corresp. à supra II A 2] L'affaissement perpétuel de sa triste figure allait bien avec sa petite taille et son allure débile. Il inspirait grand' pitié, mais il ne fallait pas s'y fier. Le personnel redoutait les taquineries de ce mal venu (HAMP, Champagne, 1909, p. 201).
C. — [Corresp. à supra II C] Ah! cette Jeanne Autheman s'y entendait à gouverner les âmes (...). Non vraiment, cette femme n'était pas la première venue (A. DAUDET, Évangéliste, 1883, p. 239). Baiser, au lieu des joues de la première venue, si fraîches soient-elles, mais anonymes, sans secret, sans prestige, celles auxquelles j'avais si longtemps rêvé, serait connaître le goût, la saveur, d'une couleur bien souvent regardée (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 362).
D. — Le dernier venu, la dernière venue. Personne qui arrive la dernière. Les commis sauciers, instruits des grandes recettes de la maison, se grillaient la figure pour la gloire de la cuisine française et cinquante francs par mois. Les derniers venus convoitaient ces postes d'élite, obtenus à l'ancienneté (HAMP, Marée, 1908, p. 66). Voici les mots usés jusqu'au lettrisme, puisque les surréalistes ont épuisé, en quelques années, comme en une énorme hémorragie, le son des mots (...). Que restera-t-il aux tout derniers venus? (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 162).
E. — Le nouveau venu, la nouvelle venue. Personne qui vient d'arriver. La porte se rouvrait par intervalles, pour l'entrée d'une nouvelle venue, introduite en cérémonie (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 225).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Fréq. abs. littér.:20 292. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 23 660, b) 28 800; XXe s.: a) 33 402, b) 30 587.
venu, ue [v(ə)ny] adj. et n.
ÉTYM. 1559, au sens 2.; p. p. de venir.
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1 ☑ Littér. (avec un adv.). Être bien, mal venu : arriver à propos (ou non); être bien (ou mal) accueilli (⇒ Bienvenu, malvenu). — Être mal venu à (vieilli), de (et inf.) : n'être pas fondé à.
1 — (…) Je vous trouve mal venus, trop fortunés mortels, à vous plaindre des imperfections de vos maîtresses !
Baudelaire, le Spleen de Paris, XLII.
2 Les deux Simler auraient donc été mal venus de s'en plaindre.
J.-R. Bloch, …Et Cie, p. 33.
2 N. ☑ (1580; 1559, comme adj.). Le premier venu : la première personne à se présenter; par ext., n'importe qui. ⇒ Premier (cit. 7). — De nouveaux venus. || Les derniers (cit. 8) venus.
3 Adj. (Êtres vivants). || Bien venu, mal venu. Qui s'est développé (bien, mal). || Un enfant mal venu, chétif. || Sujets malingres (cit. 4), mal venus, mal conformés. ⇒ Malvenu.
♦ (Choses). Qui a été produit (bien ou mal). || Gravure bien venue. ⇒ Réussi.
3 — Ma lithographie de chez Leblond n'est pas mal venue.
E. Delacroix, Journal, 20 avril 1824.
4 J'avais appris par cœur la pièce (…) elle était d'un écolier sans doute, mais prodigieusement bien venue. Je commençai de la lui réciter.
Gide, Si le grain ne meurt, I, VIII.
♦ Tard venu : qui s'est développé tard; qui est né longtemps après ses frères ou sœurs.
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HOM. Venue.
Encyclopédie Universelle. 2012.