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tuer

tuer [ tɥe ] v. tr. <conjug. : 1>
XIIe; o. i., p.-ê. lat. pop. ° tutare, class. tutari « protéger »
I A(Sujet personne)
1Faire mourir (qqn) de mort violente. assassiner, éliminer, expédier, vx occire; fam. bousiller, 2. buter, crever, descendre, dessouder, liquider, nettoyer, trucider, zigouiller (cf. Envoyer ad patres, dans l'autre monde; faire la peau). Tuer qqn avec une épée ( pourfendre ) , un poignard ( poignarder) , à coups de pierre ( lapider) , par le poison ( empoisonner) , en asphyxiant ( étouffer, étrangler, 1. noyer, pendre) , en lynchant ( lyncher) . Tuer un criminel après jugement. exécuter. Tuer un adversaire en duel. Être payé pour tuer qqn. tueur. Absolt Tu ne tueras point (un des dix commandements). « Tuer sans que rien ne compense cette perte de vie, c'est le Mal, Mal absolu » (Genet). Le ridicule tue.
Spécialt Faire mourir au combat, à la guerre. « On leur tua beaucoup de monde » (Racine). anéantir, décimer, exterminer, massacrer. Être tué au front, dans un attentat. « Mon métier est de tuer et d'être tué pour gagner ma vie [dit le soldat] » (Voltaire). Soldats tués au combat. Subst. Il y a eu dix mille tués et cinquante mille blessés. 3. mort.
Donner involontairement la mort à (qqn). Tuer qqn au cours d'une partie de chasse, en nettoyant une arme. Piéton tué par un automobiliste. écraser. Il a été tué dans un accident.
2Fig. Tuer le temps : essayer de s'occuper pour faire passer le temps et éviter de s'ennuyer. « Elle boit par désœuvrement, pour tuer le temps et l'ennui » (Colette).
3Faire mourir volontairement (un animal). Tuer un animal à la chasse. Le matador tue le taureau. Tuer des bêtes à l'abattoir. abattre. Loc. Un coup, une gifle à tuer un bœuf, très violents. Tuer le veau gras. Tuer la poule aux œufs d'or. Tuer dans l'œuf : étouffer (qqch.) avant tout développement. — Tuer le ver.
B(Sujet chose)
1Causer la mort de. « Le boulet qui me tuera n'est pas encore fondu » (Napoléon Ier). « cette petite bombe qui peut tuer cent mille hommes d'un coup » (Sartre). « Le nombre infini des maladies qui nous tuent » (Voltaire). emporter. « Ou la maladie vous tuera, ou ce sera le médecin » (Beaumarchais). Absolt Poison, overdose qui tue. létal, mortel. « la montagne a encore tué » (Dutourd). 1. homicide, meurtrier (II). Substance qui tue les insectes (insecticide), les parasites (parasiticide), les microbes (bactéricide).
2Fig. Causer la disparition de..., faire cesser plus ou moins brutalement. ruiner, supprimer. L'habitude tue le désir. « Congédier la passion et la raison, c'est tuer la littérature » (Baudelaire). « Chez Plon, on disait ces jours-ci, que la bicyclette tuait la vente des livres » (Goncourt) .
3Détruire l'effet, la qualité de. Cette couleur tue les autres. neutraliser.
4Lasser, épuiser en brisant la résistance. abattre, démolir, éreinter, exténuer, user; tuant. Ces escaliers me tuent. Absolt Le cri qui tue, le détail qui tue, la petite phrase qui tue, qui anéantit, étonne. — Fam. Ça tue : c'est terrible, c'est mortel (intensif, positif et négatif).
Plonger dans un désarroi ou une détresse extrême. désespérer, peiner. « Je demeure immobile et mon âme abattue Cède au coup qui me tue » (P. Corneille). « la grossièreté de ces gens-là me tuerait » ( Stendhal).
II ♦ SE TUER. V. pron.
1(Réfl.) Mourir par suicide. se suicider (cf. Mettre fin à ses jours). « Mourir est passivité, mais se tuer est acte » (Malraux). Moi, « si je me tuais, ce serait pour créer des ennuis à quelqu'un » (D. Boulanger). Se tuer d'une balle, en se tirant une balle dans la tête (cf. Se faire sauter la cervelle). Se tuer par conviction. s'immoler; kamikaze.
Être victime d'un accident mortel (surtout quand la personne a une part de responsabilité dans l'accident). « Au risque de se tuer, il se laissa tomber » (Zola). Elle s'est tuée au volant de sa voiture.
2Fig. User ses forces, compromettre sa santé. se nuire. Se tuer de travail. « Ils se tuaient à la peine comme des galériens » (R. Rolland).
Par ext. Se fatiguer, se donner beaucoup de mal. s'évertuer. Je me tue à vous le répéter. « La vie est belle Je me tue à vous le dire Dit la fleur Et elle meurt » (Prévert).
3(Récipr.) Arrêtez-les, ils vont se tuer ! s'entretuer.
⊗ CONTR. Épargner, sauver . ⊗ HOM. Tue :tus (taire).

tuer verbe transitif (latin tutare, variante de tutari, protéger) Causer la mort de quelqu'un de manière violente : Les gangsters ont tué le gardien de deux coups de revolver. Faire mourir un animal volontairement, en particulier à la chasse : Tuer un lièvre. Être la cause de la mort de quelqu'un : Une telle dose de calmant pouvait le tuer. Familier. Épuiser quelqu'un physiquement ou moralement : Ces enfants nous tuent avec leurs cris. Faire cesser, disparaître quelque chose, causer sa ruine : L'égoïsme finit par tuer l'amour. Faire perdre son éclat à une couleur, son intérêt à un effet, son goût à un aliment : Ce jaune tue ce vert.tuer (citations) verbe transitif (latin tutare, variante de tutari, protéger) Albert Camus Mondovi, aujourd'hui Deraan, Algérie, 1913-Villeblevin, Yonne, 1960 C'est tuer pour rien, parfois, que de ne pas tuer assez. Les Justes Gallimard François René, vicomte de Chateaubriand Saint-Malo 1768-Paris 1848 Ce n'est pas de tuer l'innocent comme innocent qui perd la société, c'est de le tuer comme coupable. Mémoires d'outre-tombe François René, vicomte de Chateaubriand Saint-Malo 1768-Paris 1848 On n'apprend pas à mourir en tuant les autres. Mémoires d'outre-tombe Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Ce n'est que dans le sang qu'on lave un tel outrage ; Meurs ou tue […]. Le Cid, I, 5, Don Diègue Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Les gens que vous tuez se portent assez bien. Le Menteur, IV, 2, Cliton Fernand Desnoyers Paris 1828-Paris 1869 Il est des morts qu'il faut qu'on tue. Commentaire Écrit en 1858 contre Casimir Delavigne, mort en 1843. Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 Se faire tuer ne prouve rien ; sinon qu'on n'est pas le plus fort. Nouvelles Pensées philosophiques Jean Giraudoux Bellac 1882-Paris 1944 On ne tue bien que ce qu'on aime. La guerre de Troie n'aura pas lieu, I, 3, Andromaque Grasset André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 Ce n'est pas par obéissance qu'on se fait tuer. Ni qu'on tue. Sauf les lâches. La Condition humaine Gallimard Louise Michel Vroncourt-la-Côte, Haute-Marne, 1830-Marseille 1905 On ne peut pas tuer l'idée à coups de canon ni lui mettre les poucettes. La Commune Stock menottes Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Il faut qu'il ait tué bien des gens pour s'être fait si riche. Le Malade imaginaire, I, 5, Toinette Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 Pourquoi me tuez-vous ? — Et quoi, ne demeurez-vous pas de l'autre côté de l'eau ? Mon ami, si vous demeuriez de ce côté, je serais un assassin et cela serait injuste de vous tuer de la sorte ; mais puisque vous demeurez de l'autre côté, je suis un brave, et cela est juste. Pensées, 293 Commentaire Chaque citation des Pensées porte en référence un numéro. Celui-ci est le numéro que porte dans l'édition Brunschvicg — laquelle demeure aujourd'hui la plus généralement répandue — le fragment d'où la citation est tirée. Jean Rostand Paris 1894-Ville-d'Avray 1977 Académie française, 1959 On tue un homme, on est un assassin. On tue des millions d'hommes, on est un conquérant. On les tue tous, on est un dieu. Pensées d'un biologiste Stock Jean-Paul Sartre Paris 1905-Paris 1980 Il faut bien tuer ce qu'on aime. Le Diable et le Bon Dieu Gallimard Rainer Maria Rilke Prague 1875-sanatorium de Val-Mont, Montreux, 1926 Tuer est une forme de notre deuil vagabond… Töten ist eine Gestalt unseres wandernden Trauerns… Les Sonnets à Orphée, II, XI Henry David Thoreau Concord, Massachusetts, 1817-Concord, Massachusetts, 1862 Comme si l'on pouvait tuer le temps sans insulter à l'éternité. As if you could kill time, without injuring eternity. Walden, Economytuer (difficultés) verbe transitif (latin tutare, variante de tutari, protéger) Conjugaison Attention à l'imparfait et au subjonctif présent : (que) nous tuions, (que) vous tuiez ; au futur et au conditionnel : je tuerai, je tuerais. Accord À la forme pronominale, le participe passé s'accorde avec le sujet : elles se sont tuées à la tâche. ● tuer (expressions) verbe transitif (latin tutare, variante de tutari, protéger) Familier. Être à tuer, être assommant, insupportable. Tuer le temps, faire n'importe quoi pour éviter de s'ennuyer en attendant que le temps passe. ● tuer (homonymes) verbe transitif (latin tutare, variante de tutari, protéger)tuer (synonymes) verbe transitif (latin tutare, variante de tutari, protéger) Causer la mort de quelqu'un de manière violente
Synonymes :
- assassiner
- buter (populaire)
- descendre (populaire)
- estourbir (familier)
- flinguer (populaire)
- liquider (familier)
- refroidir (populaire)
- zigouiller (populaire)
Faire mourir un animal volontairement, en particulier à la chasse
Synonymes :
- abattre
Être la cause de la mort de quelqu'un
Synonymes :
- emporter
- faucher
Familier. Épuiser quelqu'un physiquement ou moralement
Synonymes :
- anéantir
- crever (familier)
- éreinter (familier)
- exténuer
- miner
- user
Faire cesser, disparaître quelque chose, causer sa ruine
Synonymes :
- ruiner
- supprimer
Contraires :
- épargner
- sauver
Faire perdre son éclat à une couleur, son intérêt à...
Synonymes :
- détruire
tuer verbe intransitif Ôter volontairement et violemment la vie à des êtres vivants : Tuer pour de l'argent.tuer (homonymes) verbe intransitif

tuer
v.
rI./r v. tr.
d1./d (Sujet n. de personne.) Faire mourir (qqn) de manière violente. Tuer qqn accidentellement.
d2./d (Sujet n. de chose.) Le chagrin l'a tué.
d3./d Mettre à mort (un animal). Tuer le cochon.
|| Les insecticides tuent les insectes.
d4./d Fig. Faire cesser; ruiner. La jalousie tue l'amitié.
Tuer dans l'oeuf: écraser (qqch) avant tout développement.
Tuer le temps, l'occuper pour ne pas trop s'ennuyer.
d5./d Exténuer, éreinter; agacer, importuner excessivement. Ces courses en ville m'ont tué.
rII./r v. Pron.
d1./d Se donner la mort, se suicider.
|| Mourir dans un accident. Il s'est tué en voiture.
d2./d Fig. Ruiner sa santé. Se tuer au travail.
Se donner beaucoup de peine. Je me suis tué à le convaincre.

⇒TUER, verbe trans.
I. — Empl. trans. Qqn/qqc. tue qqn/qqc. (à, dans ... par qqc.)
A. — Qqn/qqc. tue qqn (+ compl. désignant souvent l'arme utilisée). Faire mourir de mort violente, causer la mort de quelqu'un.
1. Qqn tue qqn (+ compl. prép.)
a) Donner volontairement la mort à quelqu'un, lui ôter la vie. Synon. assassiner, exécuter, supprimer; (vx, p. plaisant.) occire, trucider; (pop.) crever, démolir, descendre, étendre, flinguer, liquider, zigouiller. « Ils s'étaient juré leur foi De s'épouser sitôt que serait mort le maître Et le tuèrent dans son sommeil d'un coup traître » (VERLAINE, Œuvres compl., t. 1, Jadis, 1884, p. 381). Avec un mortier. Elle a tué sa tante. Un gros mortier familialils sont maintenant introuvables (COLETTE, Pays connu, 1949, p. 177).
Empl. abs. Ôter la vie. Quand vous ne tuez pas pour manger, vous tuez par passe-temps ou par habitude, et votre empire n'est qu'un immense charnier (MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p. 46). La violence n'est nullement la guerre. Un soldat ne ressemble pas du tout à un bandit qui tue pour s'enrichir (ALAIN, Propos, 1921, p. 191).
ART MILIT. Se faire tuer. Mourir au combat. Voici donc (...) la seule raison pour laquelle des milliers de jeunes Français tuent et se font tuer en Indo-Chine (L'Humanité, 19 janv. 1952, p. 1, col. 3-4). Il est nécessaire que l'enseignement militaire trouve des méthodes spécifiques, puisqu'on y apprend d'abord, selon la terminologie usitée, à tuer et à ne pas se faire tuer (Serv. milit. et réforme arm., 1963, p. 48). Impers., au passif. Il fut tué beaucoup de gens dans la dernière bataille (LITTRÉ).
Empl. abs. Tue! tue! [,,Cri par lequel les soldats s'excitaient autrefois au carnage`` (Lar. Lang. fr.)] Tir à tuer. Tir au but exécuté par des tireurs d'élite, avec une arme munie d'une lunette de visée. Demain ou après-demain, qu'adviendra-t-il si, une nouvelle fois, les Casques bleus français sont les victimes choisies de ce qu'ils appellent déjà les « tirs à tuer »? (Le Point, 8 mai 1978, p. 64, col. 1).
Proverbes. Quand l'un dit tue, l'autre dit assomme. Renchérir sur. (Dict. XIXe et XXe s.). Qui veut tuer son chien l'accuse de la rage (Dict. XIXe et XXe s.).
Loc. adj., vieilli. Raisons, objections à tuer chiens. Raisons, objections qui ne sont que des prétextes. (Ds DG).
SYNT. Tuer qqn à coups de bâton, d'un coup de couteau, à coups de pistolet, de révolver, d'un coup de fusil, d'un coup de poignard, d'un coup de sabre, d'épée; tuer net, raide; tuer son adversaire en duel; tuer en asphyxiant, en étouffant, en étranglant, en noyant; tuer qqn en lui coupant/tranchant le cou, la tête, en lui cassant/rompant/tordant le cou, en le passant par les armes; tuer un adversaire en traître, traîtreusement (dans son lit, dans son sommeil); tuer qqn de sang-froid; tuer qqn avec préméditation; tuer un blessé, un mourant; tuer un criminel; tuer son enfant/son frère/sa mère/son père/sa femme/un roi/un tyran; tuer à petit feu.
b) Causer la mort de quelqu'un; commettre un homicide involontaire, par imprudence. On tue les somnambules quand on leur crie leur nom, même dans une langue étrangère (GIRAUDOUX, Siegfried, 1928, I, 6, p. 45). On peut être tué dans un tournoi, mais seulement par accident, comme dans une course automobile, un match de boxe ou un assaut d'escrime (Jeux et sports, 1967, p. 11).
c) [Le compl. d'obj. dir. désigne un animal] Faire mourir volontairement de mort violente; mettre à mort. Le matador tue le taureau. Faire périr, détruire (des animaux nuisibles ou incommodes). Tuer des insectes. [César] porte à la main une petite raquette en toile métallique, pour tuer les mouches (PAGNOL, Fanny, 1932, I, 1er tabl., p. 7).
BOUCH. Assommer à mort, égorger un animal de boucherie. Tuer un bœuf au fusil, d'un coup de merlin; tuer des moutons, des volailles; un cochon bon à tuer/à être tué. Il n'y a rien pour le dîner, ce soir (...). Ce matin, Tricoter n'avait pas encore tué (...) Il devait tuer à midi. Je vais moi-même à la boucherie (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 23). C'est par saignée à la gorge qu'on tue toujours ces animaux et le sang est entièrement recueilli pour la préparation du boudin (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p. 60).
CHASSE. Tuer du gibier, des lièvres, des perdrix. Pour chasser le crocodile, on l'attire avec un cochon de lait qui crie, puis on lui bouche les yeux avec des boulettes d'argile; enfin, on le tue commodément et sans péril (ARNOUX, Rêv. policier amat., 1945, p. 76). Il faut ordinairement charger son fusil à balle ou à grosses chevrotines, pour le tuer [le loup] plus aisément. Cependant on le tuerait avec du plomb en le tirant de très près, ce que j'ai vu plus d'une fois (LA HÊTRAIE, Chasse, vén., fauconn., 1945, p. 161).
♦ [À l'occasion d'un sacrifice] Tuer un animal. Immoler, sacrifier un animal. Tuer n'est pas assassiner. Devant l'autel où brille une flamme épurée, Le bouc impur se change en victime sacrée (HUGO, Cromwell, 1827, p. 322).
Loc. verb.
Tuer le cochon. Abattre un cochon, à domicile, et procéder à la préparation immédiate de jambons, rillettes, saucisses, boudins dans une ambiance de fête et donnant lieu à des réjouissances. Aujourd'hui, il y a comme ça (...) la grosse Laure Duvernet qui va à la ferme des Glorias aider à tuer le cochon (GIONO, Regain, 1930, p. 14).
Tuer le veau gras. Tuer la poule aux œufs d'or. V. poule I A 4. Tuer le ver. Tuer les mouches au vol/tuer les mouches à quinze pas. V. mouche I C 4.
— [Dans un sens affaibli] Vieilli. Tuer son cheval (sous soi). Synon. épuiser, crever (fam.). Vous tuez votre cheval de le mener toujours au grand galop (Ac. 1835, 1878). À galoper comme cela, vous allez tuer votre cheval (Nouv. Lar. ill.).
P. métaph. J'ai parlé imprudemment (...) des restaurations des tableaux du Musée: le grand Véronèse, que ce malheureux Villot a tué sous lui (DELACROIX, Journal, 1853, p. 84).
d) P. anal. [Le compl. d'obj. dir. désigne un végétal] Abîmer, saccager. Un des plus sûrs moyens de tuer un arbre est de le déchausser et d'en faire voir les racines (JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 346). J'ai le respect du pain. (...) Les moissons m'ont été sacrées, je n'ai jamais écrasé une gerbe, pour aller cueillir un coquelicot ou un bluet; jamais je n'ai tué sur sa tige la fleur du pain (VALLÈS, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 36).
e) Au fig. Faire disparaître quelqu'un dans son rôle, sa qualité. Jubin rédigeait un journal par autorité de Justice. C'est-à-dire que les propriétaires le voulaient mettre à la porte, s'apercevant qu'il tuait l'abonné; mais la Justice a ses idées (...) et elle maintenait Jubin (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p. 35). Le gros négociant veut tuer le petit (HAMP, Champagne, 1909, p. 125). Effacer, détruire l'empreinte laissée par une personne, un peuple. L'Allemagne veut propager sa civilisation par la force. Elle veut tuer notre vie spirituelle propre. Ils ne viennent pas seulement tuer nos vivants, mais tuer nos morts, les empêcher de continuer leur immense action dans le monde (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1918, p. 350). Faire oublier, surpasser quelqu'un. Tuer un auteur, son modèle, son original. Sarah Bernhardt (...) par son sublime même, tuait autour d'elle tous les autres interprètes (MAURIAC, Bloc-Notes, 1955, p. 173).
— Synon. de étouffer. Le poëte [Sainte-Beuve] a été tué par le critique, par le lettré curieux que brûlait le feu de tout comprendre et de tout expliquer (ZOLA, Doc. littér., Sainte-Beuve, 1881, p. 217).
f) P. exagér. Tuer qqn (avec qqc.). Fatiguer, incommoder extrêmement. Il me tue avec ses compliments, ses criailleries; cet enfant me tue. Il avait souvent dit: « Ils me tueront, avec leur système de chauffage! » (RENARD, Journal, 1900, p. 566).
2. Qqc. tue qqn
a) ) [Le suj. désigne la cause (arme, projectile, substance mortelle) de la mort] Dans la reliure du volume, tu vois cette poudre grise que j'ai rapportée? Une pincée en tue son homme dans le quart d'heure (MONTHERL., Malatesta, 1946, IV, 9, p. 532).
) [Le suj. désigne un élément naturel: la foudre, le cyclone, le feu, la mer...] La mer, en grande artiste, tue pour tuer, et rejette aux rochers ses débris, avec dédain (RENARD, Journal, 1887, p. 4).
) [Le suj. désigne le chagrin, la maladie] Le gentilhomme est à la mort. C'est une de ces âmes tendres qui, ne connaissant pas la manière de tuer le chagrin, se laissent toujours tuer par lui (BALZAC, Gobseck, 1830, p. 422). Il y a cent ans, une épidémie de peste a tué tous les habitants d'une ville de Perse (CAMUS, Peste, 1947, p. 1323).
) [Le suj. désigne le temps, la vie] La vie nous tue tous les jours un peu: pour Dieu, ne l'aidons pas à nous achever plus vite (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 143). Et s'il est vrai que toutes [les heures] blessent et la dernière tue, ainsi que l'affirme le cadran de la tour, les blessures du moins ne déchirent pas, mais endorment (ARNOUX, Abisag, 1919, p. 309).
) P. anal. [Le compl. d'obj. dir. désigne un animal, une espèce du monde animal] Détruire, exterminer. Ce procédé tue les ferments lactiques et les microbes pathogènes, mais respecte les spores des ferments de la caséine (MACAIGNE, Précis hyg., 1911, p. 242). Les produits arsenicaux tuent le doryphore (DAVAU-COHEN 1972).
) [Le compl. d'obj. désigne une plante] L'air gelé devient résistant, palpable tant il fait mal (...) il mord, traverse, dessèche, tue les arbres, les plantes (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Amour, 1886, p. 738).
b) P. exagér.
) Excéder, épuiser de fatigue. Ce travail l'a tué. Tous les plaisirs tuent, et sont aimés (ALAIN, Propos, 1914, p. 187).
) Faire succomber moralement, désespérer. Ennui, secrets, souvenirs, impuissance, solitude qui tue(nt) qqn. Il est des injures qui tuent moralement leur homme si elles restent impunies, et qui cependant ne peuvent se réparer par la voie des tribunaux (PROUDHON, Guerre et paix, 1861, p. 219). Et elle répétait, le corps plein d'un deuil qui la tuait de stupeur:Qu'y a-t-il d'autre que l'amour... (NOAILLES, Nouv. espér., 1903, p. 116).
P. anal. [Le suj. désigne notamment un élém. de la vie intellectuelle ou morale] L'esprit humain ne répugne pas trop à l'erreur, mais il est maladroit de la lui servir à trop forte dose; alors elle tue ou n'agit pas (COUSIN, Hist. philos. mod., t. 1, 1846, p. 80). Si le contradictoire et l'absurde tuaient, nous mourrions tous au sortir du ventre maternel (ARNOUX, Solde, 1958, p. 111).
) Mettre en difficulté pécuniaire. Synon. écraser. Il me serait impossible de grappiller cette année dix mille francs sur mon ambassade. Les frais d'établissement me tuent (CHATEAUBR., Corresp., t. 5, 1822, p. 281).
) Fam. Faire taire, stupéfier. Môssieu, que j'y lui ai répondu, c'est pas la position qui dégrade l'homme... Ça l'a tué (MÉTÉNIER, 1887 ds LARCH. Suppl. 1889, p. 246).
B. — Qqn/qqc. tue qqc.
1. Qqn tue qqc. (+ compl. prép.)
a) ) Vieilli ou région. (Touraine). Éteindre. Tuer le feu (DG). Tuer la chandelle (ROUGÉ, Folkl. Touraine, 1949).
) Tuer le goût de qqc. Étouffer, altérer le goût d'un mets, d'une boisson, d'un aliment par quelque chose de plus fort. (Dict. XXe s.).
b) P. métaph. ou au fig. Étouffer, faire cesser, faire taire. Tuer un bruit, une légende, un désir, une initiative; tuer l'action, l'avenir, la confiance, la foi, l'imagination, la liberté, la pensée; tuer la monarchie, la république, la révolution, les institutions. Le banqueroutier, l'adroit capteur de successions, le banquier qui tue une affaire à son profit ne produisent que des déplacements de fortune (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 716). Tu as un peu de la voix des prophètes lorsque tu ne te noies pas dans les âneries des théoriciens qui t'entourent, lesquels tuent toute grandeur, toute générosité, toute poésie (JAMMES, Corresp. [avec Gide], 1902, p. 191).
SPECTACLES. Faire échouer. Il suffit qu'un acteur se « désaccorde » pour tuer un spectacle. Il y a là quelque chose de comparable à une conversation où l'interlocuteur parle à quelqu'un qui n'écoute pas (Arts et litt., 1936, p. 64-12).
— [P. méton. du suj.] Tes yeux dépassent tous les ciels (...) Flèches de joie, ils tuent le temps, ils tuent l'espoir et le regret, ils tuent l'absence (ÉLUARD, Donner, 1939, p. 69).
Loc. verb.
Tuer (le temps) (fam.). Occuper, passer le temps (en l'absence de toute autre occupation). J'entrai au cercle, espérant rencontrer un camarade avec qui tuer un peu de nuit avant d'aller me coucher (BOURGET, Physiol. amour mod., 1890, p. 9):
1. Le mieux que nous ayons à faire, c'était de tuer le temps en attendant... En attendant quoi? Je suivais d'un regard hébété les hommes casqués qui couraient sur la pelouse d'un vert agressif, et je me répétais avec anxiété: tuer le temps! Alors que nous n'avons pas une heure à gâcher.
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 314.
P. anal. Tuer l'ennui. Aux Jacobins les coups de dix heures retentirent (...) d'un geste instinctif, tous, pour tuer l'attente, tirèrent leur montre du gousset, la réglant (ESTAUNIÉ, Simple, 1891, p. 38).
Tuer (qqc.) dans l'œuf.
c) ALIM. Provoquer un accident dans la fabrication (d'une boisson, notamment du cidre) qui se traduit par une coloration noire et une perte de saveur (d'apr. CLÉM. Alim. 1978).
d) TECHNOL., FORAGE. Tuer un puits. Vaincre la pression des fluides rencontrés dans un forage (d'apr. Pétrol. 1964).
2. Qqc. tue qqc.
a) Causer la disparition de quelque chose, avoir raison de quelque chose. Le train a tué la diligence; les grandes surfaces ont tué le petit commerce. Lorsque naît une grande invention, il semble qu'on soit saisi de peur et qu'obligatoirement, pour reprendre l'expression de Victor Hugo « ceci doive tuer cela ». On a craint que le disque tue le livre (Disque Fr., 1963, p. 5). P. métaph. Mon père, qui n'est pas domestique, ménage avec des frissonnements qui font mal, un pantalon de casimir noir, qui a avalé déjà dix écheveaux de fil, tué vingt aiguilles, mais qui reste grêlé, fragile et mou! (VALLÈS, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 63).
b) Anéantir; détruire, ruiner. Tuer l'intérêt de qqc.; tuer l'honneur, la carrière de qqn. Toute révolution politique, dit M. Cousin, est une idée qui se réalise, c'est-à-dire une idée qui abroge une idée antérieure, qui la tue (PROUDHON, Créat. ordre, 1843, p. 219). Il était d'autant plus difficile aux successeurs de faire du neuf que vingt ans de copie industrielle avaient tué chez le grand public le goût de la nouveauté (VIAUX, Meuble Fr., 1962, p. 172).
— [P. réf. à l'oppos. lettre, mot/pensée et p. réf. à la loc. la lettre tue, l'esprit vivifie tirée de la 2e lettre aux Corinthiens (3, 6)] J'appelle erreur ce qui tue, et vérité ce qui vivifie (L. DAUDET, Stup. XIXe s., 1922, p. 272). Le Saint Père a vécu chez nous. Il sait de quels fonds intégristes montent certaines dénonciations, et que l'intégrisme, c'est la Lettre devenue virulente, la Lettre qui tue (MAURIAC, Nouv. Bloc-Notes, 1959, p. 266).
c) BEAUX-ARTS. [En parlant d'un effet, d'une couleur éclatante, d'une lumière trop vive qui en affaiblit un/une autre] Atténuer , neutraliser. Le fond tue les figures [dans les Lutteurs de Courbet], et il faudrait en ôter plus de trois pieds tout autour (DELACROIX, Journal, 1853, p. 19). La patine que cet or prend en vieillissant ne fait pas toujours mauvais effet, car elle tue le brillant de l'or employé; le seul ennui, c'est que l'effet futur est très aléatoire (CLOSSET, Trav. artist. cuir, 1930, p. 50).
II. — Empl. pronom.
A. — réfl. Qqn se tue
1. a) S'ôter la vie. Synon. se suicider, se donner la mort (v. donner I C 1 a ), se noyer, se pendre, se poignarder, se brûler, se faire sauter la cervelle, se loger, se tirer une balle dans la tête, (se) faire hara-kiri, se détruire (fam.), se supprimer (fam.), se zigouiller (arg.). Se tuer pour échapper au déshonneur, à la torture. Elle ouvrit la fenêtre pour se tuer ou se sauver; elle n'en savait rien (A. FRANCE, Jocaste, 1879, p. 137):
2. Schopenhauer invite chaque homme, non pas au suicide matériel, mais à une mortification de tous ses désirs. Il ne s'agit pas de se donner la mort. « Quiconque se tue, veut la vie: il ne se plaint que des conditions sous lesquelles elle s'offre à lui ». La volonté de vivre persiste. Or c'est elle qu'il faut anéantir ou, du moins, endormir.
Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 1272.
Rare. [D'une manière virtuelle] Le suicide est comparable au geste désespéré du rêveur pour rompre son cauchemar. Celui qui par effort se tire d'un mauvais sommeil, tue; tue son rêve, se tue rêveur (VALÉRY, Tel quel II, 1943, p. 114).
b) Trouver la mort dans un accident. Synon. fam. se casser, se rompre le cou. Se tuer dans un accident (d'avion, de train, du travail); se tuer en tombant d'un toit; se tuer en montagne, en mer; se tuer au volant de sa voiture. L'enfant pencha le buste hors de la fenêtre sans répondre et ses deux pieds quittant le sol, elle poussa un cri de terreur.Tu pourrais te tuer, galopin, fit-elle (BERNANOS, Crime, 1935, p. 851).
2. Fam. [Dans un sens affaibli]
a) Se donner beaucoup de mal, se fatiguer à l'extrême; compromettre sa santé. Se tuer à l'ouvrage, au travail, à la peine; se tuer à force de travail, à force de boire; se tuer de travail; se tuer à plaisir; se tuer pour élever ses enfants, pour entretenir sa famille. Je viens de la machine. Ils se tuent pour tenir la vitesse. La chaufferie est à modifier complètement... Et moi, j'ai promis d'arriver coûte que coûte (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 83). En se tuant à la tâche, sans équipement, les paysans ne peuvent parvenir à un volume de production qui leur procurera un revenu net susceptible de leur donner les avantages de la société moderne (DEBATISSE, Révol. silenc., 1963, p. 162).
Se tuer à + inf. S'évertuer inutilement à. Se tuer à faire des remontrances à qqn, à lui répéter toujours la même chose. J'ai tout vendu! Mon Dieu! Tout vendu! (...) Je me tue à te dire! Tout au « Crédit Lémenthal »!... à Monsieur Rambon! Tu le connais bien? Au contentieux! Y avait plus autre chose à faire! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 547).
Rem. HANSE ds DUPRÉ 1972 note: ,,L'expression se tuer de s'est employée autrefois [...] avec le sens parfois discutable de « faire incessamment ». Son ami se tuait de lui dire [...] Ce tour semble sorti de l'usage courant. On dirait se tuer à``.
b) Empl. réfl. indir. Se tuer (telle partie du corps) à. S'abîmer (telle partie du corps) à. Il y a en ce moment, des millions de pauvres enfants, enfermés dans des salles froides, qui se tuent les yeux et l'esprit à épeler le monde sur de sales bouts de papier (ZOLA, Contes Ninon, 1864, p. 291). Se tuer (l'esprit, l'âme) à. Se fatiguer à l'extrême à. Il y a manière pour un artiste de vivre de son corps sans se tuer l'âme dans ce métier-là (SAND, Maîtres sonneurs, 1853, p. 296).
3. a) P. exagér. Se tuer l'un l'autre, les uns les autres. Synon. s'entre-tuer, s'entr'égorger. [Gervaise] saisit enfin l'une des boucles, une poire de verre jaune; elle tira, fendit l'oreille; le sang coula. Elles se tuent! Séparez-les, ces guenons! dirent plusieurs voix (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 398).
— [En parlant d'un endroit où l'affluence est excessive] La pièce nouvelle a un succès fou, on s'y tue (Ac. 1935).
b) P. anal., BEAUX-ARTS. Se ternir, s'affaiblir mutuellement. Ces lumières se tuent. Ces deux nuances se tuent mutuellement, elles se ternissent l'une l'autre (LITTRÉ). Dans ce tableau simplifié (...) tout ce que le peintre a voulu exalter se manifeste beaucoup plus nettement que dans la composition où tous les éléments se contredisent, se nuisent, se tuent (Arts et litt., 1935, p. 84-08).
B. — à sens passif
1. Qqn se tue. [Le suj. désigne un animal] Être, devoir, pouvoir être tué. Les bœufs se tuent avec un maillet de fer, les porcs avec un couteau (BESCH. 1845-46).
2. Qqc. se tue. Être détruit, effacé. Le temps, le chagrin se tuent par le travail, l'étude, les voyages (BESCH. 1845-46).
Prononc. et Orth.:[], (il) tue [ty]. Homon. tu. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1140 « ôter (à quelqu'un) la vie d'une manière violente » (Grand mal fit Adam, éd. H. Suchier, 9); ca 1200 « égorger ou assommer (des animaux de boucherie) » (NARDIN, Lexique comparé des fabliaux de Jean Bedel); 1559 tué subst. « personne qui a été tuée  » (AMYOT, Vies, Galba, 33 ds LITTRÉ); b) 1553 la bouche qui ment, tue (lat. occidit) l'ame (Bible de l'imprimerie Gerard, Sap 1, 11); 1690 « faire périr (les plantes, en parlant du froid) » (FUR.); c) ca 1276 soi tuer « compromettre sa santé » (ADAM DE LA HALLE, Jeu d'Adam, 1003 ds T.-L.); 1462 se tuer de (VILLON, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 1813); 1633 se tuer de « se donner beaucoup de peine pour » (CORNEILLE, Veuve, III, 4); 1659 se tuer à (LA MESNARDIÈRE, Poésies ds LIVET); 1538 se tuer « se donner la mort » (EST., s.v. manus sibi afferre); 1718 se tuer « être tué par accident » (Ac.); 2. a) 1468 tuher « éteindre (un feu) » (doc. de Vienne ds GDF. Compl.); b) ca 1140 tuer (qqn) « faire perdre connaissance » (GEFFREI GAIMAR, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 541); ca 1150 soi tuer « s'évanouir » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 6004); ca 1160 soi tuer « provoquer en soi un état de prostration » (Eneas, 4901 et 4929 ds T.-L.); ca 1165 soi tuer « faillir mourir » (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 22137, ibid.); c) 1549 tuer qqn « importuner extrêmement (en parlant d'un récit ennuyeux, etc.) » (EST.); 1608 tuer le tans « s'amuser à des riens » (RÉGNIER, Satyres, VIII, 118, éd. G. Raibaud, p. 85); d) 1616 tuer (l'espoir) « faire disparaître, anéantir » (D'AUBIGNÉ, Tragiques, éd. E. Réaume et De Caussade, t. 4, p. 221); e) 1746 tuer (une couleur) « en détruire l'effet par un contraste (terme de peinture) » (MARSY, Dict. de peint. et d'archit., t. 2, p. 289); f) 1752 se tuer (en parlant du cidre) « noircir après avoir été tiré du tonneau » (Trév.). Continue le lat. pop. tutare, lat. class. tutari « protéger, garantir de », qui semble être devenu synon. de exstinguere « éteindre » et « tuer ». On trouve dès le 1er s. les expr. tutare famem, sitim synon. de extinguere famem, sitim « éteindre la faim, la soif », cf. aussi a. prov. tu(d)ar « éteindre, tuer », ital. attutare, stutare « éteindre; adoucir, calmer ». Le sens de « éteindre » a été conservé en fr. class. de même que dans certains parlers de la Bretagne à la Savoie. V. aussi occire. Fréq. abs. littér.:9 163. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 11 999, b) 13 543; XXe s.: a) 14 750, b) 12 597.
DÉR. 1. Tuable, adj., fam. a) Qui peut être tué, qui mérite d'être tué. Nous étions la gent corvéable, taillable et tuable à volonté; nous ne sommes plus qu'incarcérables (COURIER, Pamphlets pol., Au réd. « Censeur », 1819, p. 11). b) Bon à tuer pour être consommé. Ce cochon est tuable. Ces poulets sont tuables (BESCH. 1845-46). [], []. Att. ds Ac. 1762-1878. 1res attest. a) 1566 [éd.] « qu'on peut tuer » (H. ESTIENNE, Apologie pour Hérodote, p. 266 ds GDF. Compl.), b) 1812 « bon à tuer (en parlant d'un animal) » (MOZIN-BIBER); de tuer, suff. -able. 2. Tuage, subst. masc. a) ) Action de tuer. Le tuage d'un bœuf, d'un cochon. Au fig. [P. réf. à la loc. verb. tuer le ver] L'un et l'autre éméchés un brin par le tuage matinal du ver (La Petite lune, 1878-79, n° 45, p. 3). ) ,,Prix que l'on donne pour faire tuer un animal de boucherie`` (FLICK 1802). b) Technol., forage. [Corresp. à supra I B 1 d] ,,Opération par laquelle on supprime un puits de pétrole au moyen d'explosifs`` (ROB. 1985). Le système de sécurité pour le « tuage » des puits en cas d'accident (Sciences et Avenir, avr. 1981, p. 34, ibid.). [], []. 1res attest. 1200-20 tuage « redevance que l'on payait pour l'abattage du bétail » (Peage de Sens ds Bibl. Éc. Chartes, t. 27, p. 292), 1680 « abattage du bétail » (RICH.), 1802 « prix que l'on donne pour faire tuer un animal de boucherie » (FLICK); de tuer, suff. -age.
BBG. — BONAN GARRIGUES (M.), ÉLIE (J.). Essai d'anal. sémique... Cah. Lexicol. 1971, n° 19, pp. 88-89. — FOSTER (Br.). The Semantic history of « tuer ». In: [Mél. Girdlestone (C. M.)]. Newcastle, 1960, pp. 107-123. — GOHIN 1903, p. 348. — NYROP (Kr.). Le Verbe tuer. In: NYROP (KR.). Ling. et hist. des mœurs. Paris, 1934, pp. 274-279. — QUEM. DDL t. 25. — VISING (J.). Ét. étymol. sur fr. tuer... In: [Mél. Rajna (P.)]. Firenze, 1911, pp. 395-405.

tuer [tɥe] v. tr.
ÉTYM. V. 1155; orig. incert., p.-ê. lat. pop. tutare, class. tutari « protéger », lat. médiéval « éteindre » (ex. : tutare candelam « tuer la chandelle »); mais en anc. franç. tuer signifie d'abord « frapper, assommer », comme le lat. tundere.
1 Faire mourir (qqn) de mort violente. Assassiner, expédier (vx), mort (donner la), occire (vx); fam. buter, crever, descendre, étendre, liquider, nettoyer, zigouiller (cf. aussi Envoyer ad patres, dans l'autre monde; avoir, faire la peau; crever la paillasse). || Tuer qqn avec une épée ( Pourfendre), un poignard ( Poignarder; égorger), à coups de pierre ( Lapider), par le poison ( Empoisonner). || Tuer qqn avec une arme à feu, un fusil, un revolver. fam. Flinguer. || Tuer en asphyxiant. Étouffer, étrangler, noyer.Tuer son père ( 1. Parricide, cit. 1), son frère ( Fratricide), son enfant ( 2. Infanticide, cit. 1), un roi ( Régicide, cit. 3), un tyran ( Tyrannicide; et aussi -cide). || « On ne sait que tuer un criminel (cit. 9) avec appareil ». Exécuter. || Tuer un adversaire en duel (→ Épreuve, cit. 31; escrime, cit. 2). || Elle a tué son amant dans un accès de jalousie (→ Gin, cit. 1). || Il le regarde comme s'il voulait le tuer (→ Gouape, cit. 1). || Est-ce que ce n'est pas à les tuer ? : ils mériteraient qu'on les tue ! (→ 2. Foutre, cit. 3); ils sont à tuer, formules exprimant l'exaspération ou l'indignation.
(1611). Absolt. Causer la mort de son prochain (cf. Faire couler le sang, verser le sang). || Tu ne tueras point (→ Commandement, cit. 7). || Meurs ou tue (→ Arrogant, cit. 6). || Quiconque tue se rend coupable d'homicide (2. Homicide, cit. 1). Meurtre.
0.1 Tuer un homme est le symbole du Mal. Tuer sans que rien ne compense cette perte de vie, c'est le Mal, Mal absolu.
Jean Genet, Pompes funèbres, 1944, p. 141.
Allus. littér. || « Les gens que vous tuez se portent (supra cit. 21) assez bien ». || « Il est des morts (3. Mort, cit. 13) qu'il faut qu'on tue ». || « Dans ce pays-ci, il est bon de tuer de temps en temps un amiral (cit. 1) pour encourager les autres ».
1 Il faut qu'il ait tué bien des gens, pour s'être fait si riche.
Molière, le Malade imaginaire, I, 5.
2 On ne devait pas tuer, il avait sucé cela avec le lait des générations; son cerveau affiné, meublé de scrupules, repoussait le meurtre avec horreur, dès qu'il se mettait à le raisonner. Oui, tuer dans un besoin, dans un emportement de l'instinct ! Mais tuer en le voulant, par calcul et par intérêt, non jamais, jamais il ne pourrait !
Zola, la Bête humaine, IX.
Faire mourir au combat, à la guerre. || « Pourquoi me tuez-vous ? » (→ Assassin, cit. 7; et aussi guerre, cit. 8). || Tuer des ennemis. || Tuer des hommes à l'ennemi. || On leur tua beaucoup de monde, quelque six mille hommes. Anéantir, décimer, échiner (vx), faucher (→ Action, cit. 23; et aussi avec, cit. 29). || Soldats qui se font tuer (→ Conquérir, cit. 10; discuter, cit. 5; lutte, cit. 9), qui sont tués (au combat). || Se faire tuer (plus ou moins volontairement). → ci-dessous cit. 3.1, Proust. || Tuer un blessé. Achever. || Invasion (cit. 2) pendant laquelle les familles sont tuées ou dispersées. Exterminer, massacrer (→ Massacre, cit. 2 et 3).Absolt. || Mon métier est de tuer et d'être tué (→ Soldat, cit. 3; et aussi ignorer, cit. 7; militaire, cit. 5). || Le droit de tuer (→ Guerrier, cit. 5). || La cavalerie prussienne sabre (cit. 2), taille, tue…
3 (…) il me sembla voir dans chaque général en chef une sorte de Moïse, qui devait seul rendre ses terribles comptes à Dieu, après avoir dit aux fils de Lévi : « Passez et repassez au travers du camp; que chacun tue son frère, son fils, son ami et celui qui lui est le plus proche. Et il y eut vingt-trois mille hommes de tués », dit l'Exode (C, XXXII, v. 27).
A. de Vigny, Servitude et Grandeur militaires, II, I.
3.1 (…) je vous dirai que ça me faisait beaucoup de peine à cause du pauvre Robert, parce qu'il avait beau ne pas être un aigle, il s'en apercevait très bien, et d'un tas de choses (…) c'est pour tout ça que Robert s'est engagé, la guerre lui est apparue comme une délivrance de ses chagrins de famille; si vous voulez ma pensée, il n'a pas été tué, il s'est fait tuer.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 1027.
Donner involontairement la mort à (qqn). || Tuer qqn au cours d'une partie de chasse, en nettoyant une arme…(Passif et p. p.). || Piéton tué par un automobiliste. Écraser.
2 (V. 1200). Faire mourir volontairement (un animal). || Tuer un animal à la chasse (→ Apprêter, cit. 19; bramer, cit. 1; phoque, cit. 2; poursuite, cit. 2). || Tuer des loups (cit. 2). || Le matador tue le taureau (cit. 4). || Tuer des bêtes à l'abattoir. Abattre. — ☑ Loc. Un coup, une gifle à tuer un bœuf (→ Renverser, cit. 11), très violents.Tuer un, le cochon. Saigner (→ Porcherie, cit. 1). || Tuer des poulets (→ Poule, cit. 1). || Tuer un animal dans un sacrifice. Immoler, sacrifier (cit. 2). — ☑ Loc. Tuer le veau gras, la poule aux œufs d'or.
Loc. fam. Tuer le ver, en buvant à jeun un petit verre d'alcool (auquel une tradition populaire attribue des propriétés vermifuges).
4 (…) il se rappela qu'il possédait dans son armoire un litre d'eau-de-vie presque plein; car il avait conservé l'habitude militaire de tuer le ver chaque matin.
Maupassant, Bel-Ami, I, VII.
3 (1553; sujet n. de chose). Causer la mort de… || « Le boulet (cit. 2) qui me tuera n'est pas encore fondu » (Napoléon). || Le tonnerre qui vous tue. Foudroyer. || Cette bombe qui peut tuer cent mille hommes (→ Sauter, cit. 14). || « Une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer » (→ Homme, cit. 52). || Les maladies qui vous tuent. Emporter (→ Guerre, cit. 5). || « Ou la maladie vous tuera, ou (cit. 27) ce sera le médecin » (→ Remède, cit. 27, Beaumarchais). || « Elle aimait trop le bal (cit. 9), c'est ce qui l'a tuée » (Hugo).
5 Après avoir tant bourlingué, la nef des Argonautes ne tenait plus guère. Mais Jason continuait à s'en servir, jusqu'au jour où un mât venant à se rompre, lui tomba sur le crâne et le tua net.
Émile Henriot, Mythologie légère, p. 142.
Absolt. || Le tonnerre blesse (cit. 5) ou tue quelquefois (→ aussi Faucher, cit. 6). || Poison, dose qui tue. Mortel (→ Morphine, cit. 1; opium, cit. 5; perdre, cit. 4). || La route qui tue. Meurtrier.
(Le compl. désigne un animal, une plante). || Substance qui tue les insectes ( Insecticide, pesticide [anglic.]), les parasites ( Parasiticide), les microbes. Bactéricide, microbicide (→ Antisepsie, cit.).(1690). || Les froids rigoureux tuent l'olivier (cit. 1). Détruire, périr (faire).
4 (1690; compl. n. de chose). Causer la disparition de…, faire cesser plus ou moins brutalement. Ruiner, supprimer (cit. 3); et aussi décapiter (fig.). || « Congédier (cit. 3) la passion et la raison, c'est tuer la littérature » (Baudelaire). || « L'abus des livres tue la science » (Rousseau). → Dispenser, cit. 18. || Le journal tuera le livre (→ Fait, cit. 23). || Le livre (1. Livre, cit. 10) tuera l'édifice. || La réclame (2. Réclame, cit. 2) a tué la critique. || L'allégorie tue le symbole (→ Symbolique, cit. 1). || L'esprit (cit. 96) tue l'âme. || La contrainte, la satisfaction tue le désir (→ Époux, cit. 5; illusion, cit. 33; posséder, cit. 30). || L'échec risque de tuer la foi (→ Inaccessible, cit. 12).Tuer qqch. dans l'œuf (cit. 12).Le péché (cit. 12) tue l'âme.Absolt. || « La lettre tue, mais l'esprit (cit. 185 et 186) vivifie ».
6 Chez Plon, on disait ces jours-ci, que la bicyclette tuait la vente des livres (…)
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 3 déc. 1893, t. IX, p. 133.
(1608). Tuer le temps, l'occuper, le passer en évitant de s'ennuyer (quand on n'a aucune occupation).Tuer une soirée (→ Farouche, cit. 4). || Il nous reste quelques heures à tuer (→ Posthume, cit. 3).Tuer l'ennui (cit. 29).
7 De cigarette en cigarette, je finirai bien par le tuer, ce dimanche sans soleil !
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « À Milianah ».
8 Les gens se donnent beaucoup de mal pour tuer leur vie heure à heure. Encore n'en sont-ils pas capables tout seuls, il faut qu'on les dirige. Une revue a été créée dans ce but : signaler aux Parisiens, de façon méthodique, les occasions qui leur sont offertes de perdre leur temps.
Montherlant, les Lépreuses, V.
(1752; sujet n. de chose). Détruire l'effet, la qualité de… || Cette couleur tue les autres. || Cette table dans le décor, ça va tout tuer. Bousiller, gâcher. || La salade tue le foie gras.
Marine :
8.1 (…) les embarcations d'un petit tonnage souffrent surtout de la houle qui rompt leur vitesse, qui « les tue », pour employer l'expression maritime.
J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, p. 176 (1873).
5 (Fin XVIe; sujet n. de chose; compl. pron. pers.). Lasser, épuiser en brisant la résistance. Abattre, démolir, éreinter, exténuer, user. || Ce bruit, ces escaliers me tuent. || L'inaction (cit. 4), l'ennui me tue (→ Engraisser, cit. 2). || Mes passions m'ont tué (→ Fourreau, cit. 5).
9 (…) les jours passent trop vite : c'est ce qui me tue de toutes les manières.
Mme de Sévigné, 1416, 19 juin 1695.
(1636). Plonger dans un désarroi ou une détresse extrême, en enlevant la possibilité ou le goût de vivre. Chagriner, désespérer, peiner. || « Je demeure immobile (cit. 6) et mon âme abattue / Cède au coup qui me tue » (Corneille). || « Un soufflet ne vous fait physiquement aucun mal, et cependant il vous tue » (→ Déshonorer, cit. 4). || « Je vous connais encore, et c'est ce qui me tue » (→ Plus, cit. 21, Corneille).
10 Vous m'avez trop accoutumé à la vie élégante, la grossièreté de ces gens-là me tuerait.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XXIII.
10.1 Passepartout était anéanti. Avoir manqué le paquebot de quarante-cinq minutes, cela le tuait. C'était sa faute, à lui, qui, au lieu d'aider son maître, n'avait cessé de semer des obstacles sur sa route !
J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, p. 290.
Absolt.Loc. Le détail qui tue, la petite phrase qui tue, qui fait mouche, qui fait mal. Frappant, percutant. || « (…) cette race de femmes-mecs qui imposent leur autorité à coups de regards qui tuent et de gros cigares » (Télérama, 25 janv. 1991, pp. 50-51).
Fam. (Langage des jeunes). || Ça tue : c'est terrible, c'est super (intensif, positif ou négatif).
——————
se tuer v. pron.
ÉTYM. (V. 1130, « s'enivrer », d'abord dans des sens fig.).
1 Mourir par suicide (cit. 1 à 3). Suicider (se). Cf. Mettre fin à ses jours. || « Mourir est passivité, mais se tuer est acte » (cit. 8, Malraux). || Se tuer pour échapper au déshonneur (cit. 3; et → Fin, cit. 20; lâcheté, cit. 13; manquer, cit. 71; miner, cit. 3). Hara-kiri (cit. 1). || Se tuer en se tirant une balle dans la tête (cf. Se faire sauter la cervelle).Fam. || « C'est à se tuer ! à se jeter la tête contre le mur ! » (cit. 15).
(1718). Être victime d'un accident mortel; trouver la mort.REM. Se dit surtout quand la personne a une part de responsabilité dans l'accident. || Un enfant peut se tuer ou s'estropier (cit. 3). Cou (se casser, se rompre le cou). || Il glissa (cit. 4) et se tua. || Au risque (cit. 6) de se tuer, il se laissa tomber… || Se tuer au volant de sa voiture.
2 (V. 1460). Fig. User ses forces, compromettre sa santé. Nuire (se). || Se tuer de travail (→ Embarras, cit. 4; faneur, cit. 1; reluire, cit. 3). || Ils se tuaient à la peine comme des galériens (cit. 3).
(1659). || Se tuer à (et l'inf.) : se fatiguer, se donner beaucoup de mal. Évertuer (s'). || « Il se tue à rimer : que n'écrit-il en prose ? » (cit. 7). || Je me tue à vous répéter que…(Vieilli). || Se tuer de… (→ Marteler, cit. 2).Je me tuais en explications (→ Légitimer, cit. 4).
11 Item, à maître Jacques James,
Qui se tue d'amasser biens (…)
Villon, le Testament, CLXIX.
12 On se tue à vous faire un aveu des plus doux (…)
Molière, Tartuffe, IV, 5.
13 (…) elle le disait bien, que sa pauvre fille se tuait, tant elle se donnait du mal (…)
Zola, la Terre, IV, IV.
3 Techn. (Passif). Devenir brun en perdant sa saveur (en parlant du cidre).
B (Récipr.). || Se tuer les uns les autres (→ Dénoncer, cit. 16). Entre-tuer (s'). || Les hommes sont convenus de se dépouiller, se brûler, se tuer (→ Règle, cit. 1). || Le peuple se tuait à la porte des boulangers (→ Pâte, cit. 3).Par exagér. || On s'y tue, il y a foule en cet endroit (cf. On s'y écrase).
14 Les coups de canon de rien du tout, ça va maintenant de 300 à 500 francs. Mais nous avons le coup de canon de 1 350, et même de 1 572 francs. Tout a bien augmenté dans la vie, et c'est devenu bien cher l'art de se tuer.
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 5 oct. 1889, t. VIII, p. 77.
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tué, ée p. p. adj.
1 Mort de mort violente. || Tué dans une bagarre, au combat. || Tué à l'ennemi. || Dix personnes ont été tuées dans cet accident de chemin de fer.N. m. (surtout au plur.). || Les tués et les blessés.Rare au fém. || Les tuées.
2 Très fatigué, épuisé. Crevé.
15 Daudet est tué. Voici cinq mois qu'il travaille depuis quatre heures du matin jusqu'à huit heures, de neuf heures à midi, de deux heures à six heures, de huit heures à minuit (…)
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 9 oct. 1877, t. V, p. 253.
CONTR. Épargner, sauver.
DÉR. Tuable, tuage, tuant, tuerie, tueur.
COMP. Tue-chien, tue-diable, tue-loup, tue-mouche, tue-tête (à).

Encyclopédie Universelle. 2012.