Akademik

sauver

sauver [ sove ] v. tr. <conjug. : 1>
salver v. 1050; salvarai 1re pers. fut. 842; lat. ecclés. salvare, de salvus sauf
I V. tr.
1Faire échapper (qqn, un groupe) à quelque grave danger. Risquer sa vie pour sauver qqn. Sauver un malade. guérir. Il est sauvé, hors de danger. « Il nous faut de l'audace [...] et la France est sauvée » (Danton). (Sujet chose) Son silence, sa fuite l'a sauvé. Ce qui m'a sauvé, c'est... Absolt Le geste qui sauve.
Spécialt Opérer ou assurer le salut de ( racheter). « Dieu leur avait révélé qu'il devait naître un Rédempteur qui sauverait son peuple » (Pascal). sauveur. « On ne pouvait être que sauvé ou damné selon ce qu'on avait choisi » (Camus). Absolt Il n'y a que la foi qui sauve.
♢ SAUVER DE. arracher, soustraire, tirer. Sauver qqn du naufrage ( sauvetage) , de la misère, du désespoir. Moïse sauvé des eaux. (Sujet chose) « L'Église a contribué à sauver l'Europe d'une invasion de nouveaux barbares » (Chateaubriand).
2Empêcher la destruction, la ruine, la perte de (qqch.). sauvegarder (cf. Mettre en sûreté) . Sauver la vie de qqn, à qqn. Fam. Sauver sa peau, sa tête : sauver sa vie. Loc. fam. Sauver les meubles : préserver l'indispensable, l'essentiel, lors d'un désastre, d'une déconfiture. Sauver la mise. Sauver la face. Sauver les apparences. Sauver son âme : assurer son salut. — (Sujet chose) Votre intervention peut tout sauver.
Spécialt Faire accepter un ensemble médiocre ou mauvais. Ce qui sauve ce film, c'est l'acteur principal.
♢ SAUVER (qqch.) DE : tirer, préserver de. « Sauvons de cet affront mon nom et ma mémoire » (Racine).
II ♦ SE SAUVER v. pron.
1Vx Échapper à un danger mortel, se tirer d'affaire. Relig. Faire son salut. Mod. Se sauver de. « Il ne faut jamais se montrer difficile sur le moyen de se sauver de l'étripade [...] Y échapper suffit au sage » (Céline).
2S'enfuir pour échapper au danger. « Il devint rouge comme le feu et se sauva à toutes jambes » (Musset). Sauvez-vous ! Les soldats se sauvèrent en désordre. sauve-qui-peut. Se sauver de (un lieu),s'en échapper en fuyant. ⇒ s'évader. Elle s'est sauvée de chez elle.
Fam. Prendre congé promptement. « Sauve-toi vite, tu vas être en retard pour ton cours » (Sartre).
Fam. Déborder, en parlant d'un liquide qui bout. Le lait se sauve.
⊗ CONTR. Perdre; livrer.

sauver verbe transitif (bas latin salvare, du latin classique salvus, sauf) Faire échapper un être vivant au risque de mort qu'il encourait : Sauver des vies humaines. Familier. Rendre à quelqu'un un immense service : Merci pour ce prêt, vous me sauvez (la vie). Soustraire quelqu'un, un groupe, quelque chose à un danger grave ou mortel, les préserver de ce qui les menace : Vous l'avez sauvé d'une noyade certaine. Sauver le pays de la banqueroute. Garder intact quelque chose, garder en vie un organe : Il n'a pas pu sauver sa fortune. Les médecins lui ont sauvé la vue. Procurer à quelqu'un le salut éternel, assurer son propre salut : Jésus-Christ, venu sur terre pour sauver les hommes. Être l'élément qui, dans un tout, contrebalance les défauts du reste : Ce qui sauve ce film médiocre, c'est sa brillante distribution. En informatique, synonyme de sauvegarder. ● sauver (citations) verbe transitif (bas latin salvare, du latin classique salvus, sauf) François Mauriac Bordeaux 1885-Paris 1970 Académie française, 1933 Nous croyons que le monde est finalement sauvé par un petit nombre d'hommes et de femmes qui ne lui ressemblent pas. Bloc-notes, IV Flammarion Bible Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. Évangile selon saint Luc, XIX, 10 sauver (expressions) verbe transitif (bas latin salvare, du latin classique salvus, sauf) Familier. Sauver les meubles, dans une situation difficile, parvenir à conserver ce qui peut permettre de survivre, de poursuivre une activité. Familier. Sauver sa peau, échapper à la mort. Sauver sa tête, échapper à la peine capitale. ● sauver (synonymes) verbe transitif (bas latin salvare, du latin classique salvus, sauf) Soustraire quelqu'un, un groupe, quelque chose à un danger grave ou...
Synonymes :
- arracher à
Garder intact quelque chose, garder en vie un organe
Synonymes :
- préserver
- protéger
Procurer à quelqu'un le salut éternel, assurer son propre salut
Synonymes :
Synonymes :

sauver
v.
rI./r v. tr.
d1./d Tirer (qqn) du péril, mettre (qqn) hors de danger.
d2./d Préserver (qqch) de la destruction. La ville a été sauvée.
Fig. Sauver les apparences: faire en sorte que personne ne puisse soupçonner que qqch de fâcheux s'est produit.
|| INFORM Enregistrer.
d3./d RELIG Procurer le salut à (qqn). Dieu a envoyé son fils pour sauver tous les hommes.
rII./r v. Pron.
d1./d S'enfuir devant un danger.
d2./d Fam. S'en aller rapidement. Il est tard, il faut que je me sauve.

⇒SAUVER, verbe trans.
I. — Empl. trans.
A. — [Le compl. désigne un être vivant]
1. Tirer quelqu'un d'un danger, de la mort. Sauver des blessés; sauver qqn au péril de ses jours. « Si le pouls revenait... », pensa Antoine. Il eût donné dix ans de sa propre vie pour ranimer ce petit cadavre. « Quel âge ça a-t-il? Sept ans? Si je la sauve, avant dix ans d'ici elle fera de la tuberculose, dans ce taudis. Mais la sauverai-je? (...) » (MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p. 877).
Empl. passif. [Avec compl. introd. par de désignant le danger] C'était encore un petit enfant comme les autres héros, un petit enfant sauvé des eaux par la fille du pharaon, à l'heure du bain (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 111).
Absol. Leur affaire à eux n'était pas de résister. On se laisse faire à qui sauve (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 436).
2. P. ext. Faire échapper, quelqu'un ou une collectivité, à un grave danger, lui épargner un grand malheur, une catastrophe. Sauver les Bourbons, la France, la patrie. Il y a des familles désignées pour sauver le pays. C'est un honneur. Après mon fils et mon frère, j'achèverai de le mériter (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 83). Il ne songeait plus qu'à sauver Catherine, à la contraindre à être heureuse selon l'idée qu'il avait du bonheur (NIZAN, Conspir., 1938, p. 154).
3. THÉOL. Assurer, procurer le salut éternel. Formule lapidaire de G. Crespy: « Alors que Dieu sauve les hommes en se faisant homme, les idéologies cherchent à sauver l'homme en le faisant idée » (Univ. écon. et soc., 1960, p. 66-2).
Empl. passif. Le monde peut être sauvé par un seul juste, dit l'Écriture (FLAUB., Corresp., 1871, p. 279).
Empl. pronom. Il porte le poids de tous les crimes. Il ne croit pas seulement à la société des âmes, il en fait la douloureuse et personnelle expérience. Nous sommes embarqués, mais tous ensemble... Vouloir se sauver tout seul c'est être certain de se perdre (Philos., Relig., 1957, p. 36-14).
Absol. On s'imagine que la foi est comme un talisman qui sauve par sa vertu propre; qu'on sera sauvé si l'on croit telle proposition inintelligible, sans s'embarrasser de la comprendre (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 484).
Il n'y a que la foi qui sauve! Ce que l'on croit prime sur la réalité:
... tu crois manger du turbot (...) c'est du carrelet que tu béquilles, c'est comme les choses qui seraient véritablement bonnes, ça n'existe pas! C'est décidément bien vrai qu'il n'y a que la foi qui sauve... et la bêtise...
HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 95.
4. Sauver qqn de + subst. Éviter, épargner quelque chose à quelqu'un, préserver quelqu'un de quelque chose. Sauver un créancier de la ruine; sauver qqn de l'échec, de la gêne, du désespoir. Je suis un ilote. Qui me donnera la liberté? Qui me sauvera de la déchéance? (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 207). Souvent une fraternité heureuse a sauvé un enfant d'une parenté déplorable. Mais pas plus qu'aucun des autres liens familiaux le lien fraternel n'est franc de toute primitivité (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 103).
Sauver qqn de + inf. Nos aventures n'ont fin ni sens, et nous oublions les avanies. Notre médiocrité nous sauve de nous perdre (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 12). Que la souffrance me sauve de mourir de bonheur! (CLAUDEL, Poés. div., 1952, p. 316).
[Sans compl. d'obj. dir.] La disposition d'esprit dont vous parlez est dangereuse. Mais elle sauve de dangers plus grands, que vous ne soupçonnez même pas (MICHELET, Journal, 1844, p. 882). Moins de vingt ans après, le chef de la nouvelle armée française, Bonaparte, prit aussi congé de ses compagnons; tant les hommes et les empires passent vite! Tant la renommée la plus extraordinaire ne sauve pas du destin le plus commun! (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 417).
[Sans compl. prép.] Votre petite fabrique de chocolat vous procure-t-elle au moins des bénéfices? — Oui, c'est elle qui nous sauve (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 289).
B. — [Le compl. désigne un inanimé]
1. Éviter la perte, la disparition, la destruction de. Sauver des biens. Veux-tu que je chante? J'ai pu sauver ma guitare, mais elle n'a plus de cordes (CLAUDEL, Soulier, 1944, 1re part., 2e journée, 8, p. 1024). Jules Guichaoua perdit du temps à chercher du regard son camarade, à hésiter, à se demander s'il ne tenterait pas de sauver la barque (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 132).
Empl. passif. Nous arrivâmes à Château-Gontier, le matin au petit jour; là, je vis avec un véritable attendrissement nos deux pièces sauvées de la débâcle (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 234).
Sauver qqc1. de qqc2. Éviter quelque chose à quelque chose. Prendre enfin de grandes mesures et sauver nos maisons du pillage (MARAT, Pamphlets, Aux braves Paris., 1792, p. 302). À mon insu, je rendais l'honneur à leur père. C'est une histoire qui vaut qu'on la sauve de l'oubli (BARRÈS, Cahiers, t. 14, 1922, p. 53).
Empl. passif. Le conseil municipal, la ville ayant été sauvée de la peste, s'engageait à payer chaque année quatre taureaux qui seraient toréés « pour l'amour de Dieu » (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 515).
Sauver la vie de qqn. J'oubliais le principal. Il y a douze ans, vous m'avez sauvé la vie, ou peu s'en faut, vous et vos amis (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 6).
Sauver sa tête, sa peau. La vie errante du capitaine Lyrisse qui sauve à grand'peine sa tête (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 468). Les lâches jadis se réfugiaient dans les églises pour s'y mettre en sûreté et sauver leur peau (BERNANOS, Joie, 1929, p. 698).
2. Maintenir intact. Sauver la réputation de qqn. L'honneur? Tel gréviste le sauve en acceptant de continuer d'avoir faim (GUÉHENNO, Journal « Révol. », 1938, p. 184).
Sauver les apparences . V. apparence. Sauver la face. Sauver l'honneur (dans une compétition sportive). Fam. Sauver la mise (à qqn), sauver les meubles. V. meuble1 B 2.
3. Vieilli
a) Épargner, éviter quelque chose d'ennuyeux, de fâcheux à quelqu'un. Sauver un remords à qqn. Vous voyez qu'il reste encore une forte besogne à notre imprimerie, et que, de plus, ceci lui sauve l'achat de deux feuilles (64 pages) de caractères perle (HUGO, Corresp., 1853, p. 155). La marmotte est un mineur habile dans son oblique souterrain, qui lui sauve le vent de l'hiver (MICHELET, Oiseau, 1856, p. 209).
Sauver de + inf. [En tournure nég.] Ne pas empêcher de. Il y a des images qui sont belles; il y en a qui sont laides; il y en a (...) que leur nouveauté ne sauve pas d'être ridicules (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 305).
b) Faire passer, excuser quelque chose en masquant les défauts. L'état de mari a cela de fâcheux, que le mari qui a le plus d'esprit peut être de trop partout, même chez lui, ennuyeux sans ouvrir la bouche, et ridicule en disant la chose la plus simple. Être aimé de sa femme sauve une partie de ces travers (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p. 64).
II. — Empl. pronom.
A. — Se tirer d'un mauvais pas, échapper à un danger, à la mort. Garde bien mes lettres, Ernest, je t'en conjure; un jour peut-être, au bord de nos solitaires étangs, ou sur nos froids rochers, nous les relirons, si toutefois ton ami se sauve du naufrage qui le menace (KRÜDENER, Valérie, 1803, p. 60). L'humanité s'est sauvée, dans le passé, des périls les plus graves (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 167).
B. — S'échapper, quitter rapidement l'endroit dans lequel on se trouve. Un bagnard nous offre un cahier de lettres et dessins amoureux, piqués avec l'épingle. Quelques-uns sont bien mis, avec des pantalons blancs (...). Ce qu'il y a de plus horrible, c'est cet accouplement de la chaîne. Ils paraissent abattus ou insouciants. Cependant il s'en sauve tous les jours (MICHELET, Journal, 1831, p. 92). Réjane, qui vient de jouer le tableau des fortifications, est rappelée et applaudie à tout rompre... Je me sauve, de peur que ça se gâte (GONCOURT, Journal, 1888, p. 883).
[Le suj. désigne une réalité concr.] Un peu de fumée se sauve, qui va bleuir un morceau de la pente (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 298).
En partic. [En parlant d'un liquide que l'on chauffe] Le lait s'est sauvé. S'échapper du récipient, déborder. Il était tout à elle, lorsqu'un bruit d'eau qui se sauve arriva de la cuisine où le miel fondait au bain-marie (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 139).
Se sauver de qqn. Fuir quelqu'un. C'est celui-là qui nous a tant fait courir après lui, dans le temps, de domicile en domicile de banlieue, pour porter un livre à sa critique. Il se sauvait de ses créanciers (GONCOURT, Journal, 1864, p. 7).
Se sauver de + lieu que l'on quitte. Il s'est sauvé de Paris, après avoir été quatre mois caché dans une soupente, chez une blanchisseuse (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1681). Elle me contait les événements du bourg, l'histoire d'une vache qui s'était sauvée de l'étable (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Clochette, 1886, p. 662).
Se sauver à, dans + lieu dans lequel on va, se sauver chez qqn. Il s'est échappé, est monté à cheval, et s'est sauvé à Lunéville (MARAT, Pamphlets, Relation fid. affaires Nancy, 1790, p. 248). Le roi est mort, les ducs aussi et le jeune Bougrelas s'est sauvé avec sa mère dans les montagnes (JARRY, Ubu, 1895, III, 3, p. 60). La veille du premier de l'an, comme il s'était montré plus brutal encore que de coutume, la pauvre fille, exaspérée, s'était sauvée chez une amie (GIDE, Journal, 1902, p. III).
C. — S'enfuir, chercher refuge dans la fuite. Je crois qu'on me jette des pierres, je me sauve sans savoir, tout tourne, tout tourne. Quand on n'a pas mangé, c'est très drôle (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 881). Je ne sais ce que tu comptes faire, dit-il, mais si tu ne te sauves pas, tu feras aussi bien de te livrer ce soir (GREEN, Moïra, 1950, p. 243).
Se sauver à toutes jambes. S'enfuir à toute vitesse. Sitôt qu'elle fut libre, elle se cracha sur le poignet, sur la main, sur sa plaie, partout où il l'avait touchée, et elle hurla qu'elle se confesserait quand même. Elle se sauvait à toutes jambes (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 183).
D. — Prendre congé, se retirer rapidement (de chez quelqu'un). Adieu, dit en souriant la jeune femme. Voyez comme tout le monde vous regarde, vous! C'est intimidant, je me sauve. Elle s'éloigna par le trottoir de la petite cour (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 22).
REM. 1. Sauvetable, adj. Qui peut être sauvé. Synon. sauvable (infra dér.). Pour échafauder quatre poutres au-dessus d'un navire échoué, pour découper et isoler dans ce navire la partie sauvetable (...) il eût fallu tant de préparatifs, tant de travaux, tant de tâtonnements (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 298). 2. Sauveter, verbe trans., synon. de sauver. César: Parce que tu as volé une médaille à Piquoiseau! Escartefigue: Ne plaisante pas avec ça. C'est ma médaille des sauveteurs du quai du Canal. César: Qu'est-ce que tu as sauveté? Escartefigue: Ce que j'ai sauveté? Le jour où l'omnibus du Faro est tombé dans le Vieux Port... eh bien, c'est moi!... César: C'est toi? Escartefigue: Oui, c'est moi qui ai donné l'alarme (PAGNOL, Marius, 1931, IV, 2, p. 211). 3. Sauvoir, subst. masc. Vivier, réservoir à poissons. On n'y voyait ni gibet seigneurial, ni moulin fortifié, ni sauvoir, ni colombier à piliers, ni four banal, ni grange à nef, ni châtelet, ni ponts fixes ou levis (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 28).
Prononc. et Orth.:[sove], (il) sauve [so:v]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Trans. A. 1. a) 842 salvar « faire échapper (quelqu'un) à un grave danger » (Serments Strasbourg ds BARTSCH Chrestomathie, p. 3); ca 1165 avec suj. de chose sauver (Troie, éd. L. Constans, 2570: onc li haubers nel pot sauver); b) 1re moit. XIIe s. sauver de (Psautier Oxford, éd. F. Michel, 58, 2: des humes de sanc salve-mei); 2. fin Xe s. salvar relig. « opérer le salut de » (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 68); ca 1050 salver trans. et pronom. (Alexis, éd. Chr. Storey, 11 et 547); ca 1535 part. passé subst. (MELIN DE SAINCT-GELAYS, Œuvres compl., éd. P. Blanchemain, t. 3, p. 87: Les saulvez). B. 1. a) Ca 1050 « empêcher la destruction, la ruine, la perte de (quelque chose) » (Alexis, 605: sunt lur anames [= âmes] salvedes); b) ca 1165 sauver la (les) vie(s) (Troie, 7988: a cui en sauvera les vies); 1830 p. exagér. « rendre un grand service » (BALZAC, Gobseck, p. 410: tu me sauves la vie); c) 1580 sauver sa tête (MONTAIGNE, Essais, I, 24, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 125: ma teste que j'ay sauvée de tant de guerres civiles); d) 1729 sauver sa peau (A. PIRON, École des pères, éd. 1776, p. 56: à sauvé note piau [sic]); 1732 (A. LESAGE, Hist. de Guzman, éd. 1825, t. 4, p. 250: sauver ma peau); 2. a) ca 1165 (Troie, 17834: vostre regne sauver); b) 1548 sauver l'honneur (N. DU FAIL, Baliverneries, éd. J. Assézat, p. 158: sauver l'honneur des femmes); c) 1588 sauver les apparences (MONTAIGNE, op. cit., III, 10, p. 1019); d) 1865 sauver la mise « (ici) chercher à se procurer une tenue présentable » (VALLÈS, Réfract., p. 17); 1866 sauver la mise à qqn « lui éviter une humiliation, un ennui; lui prêter à temps de l'argent » (DELVAU, p. 406); 1903 sauver la mise « à défaut de bénéfices, retirer au moins l'argent engagé » (Nouv. Lar. ill., s.v. mise); e) 1914 sauver la face (JAURÈS, Eur. incert., p. 78); f) 1918 sauver les meubles (d'apr. ESNAULT, Notes compl. Poilu, 1956: sauver les meubles [...] se sauver soi-même ou ses effets personnels); 1931 (BERNANOS, Gde peur, p. 149), v. meuble1; 3. 1370 spéc. « faire accepter quelque chose de médiocre ou de mauvais » (ORESME, Éthiques, éd. A. D. Menut, p. 161: le moien la sauvast [la bonté de l'uevre]). II. Pronom. 1. ca 1280 « s'enfuir pour échapper à un danger » (GIRARD D'AMIENS, Escanor, éd. H. Michelant, 784: qu'il se sauveroit); 2. 1673 « prendre congé promptement » (MOLIÈRE, Malade imaginaire, II, 7); 3. 1795 « déborder (en parlant d'un liquide) » (DORVIGNY, Jocrisse changé de condition, p. 31 ds QUEM. DDL t. 32). Du b. lat. salvare « rendre bien portant; maintenir, conserver; délivrer », lat. chrét. « procurer le salut éternel »; dér. du lat. salvus « bien portant, sauf ». Fréq. abs. littér.:11 143. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 16 673, b) 17 130; XXe s.: a) 16 601, b) 14 000.
DÉR. Sauvable, adj. a) Qui peut être sauvé. Synon. sauvetable (supra rem.). Peut-être m'auriez-vous sauvé, si j'avais été sauvable (DU CAMP, Mém. suic., 1853, p. 304). b) Que l'on peut garder, conserver (intact). Plus, par le rayonnement propre de sa conscience, le vivant émerge des masses anonymes, plus grande se fait par voie d'éducation et d'imitation, la part transmissible, sauvable, de son activité (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 250). []. 1res attest. a) 1re moit. XIIe s. salvable subst. « secours, salut » (Psautier Oxford, éd. F. Michel, 9, 15), ca 1165 sauvable adj. « salutaire, profitable » (Troie, éd. L. Constans, 27391: conseil [...] sauvables), sens att. jusqu'au XVIe s., b) 1853 « qui peut être sauvé » (DU CAMP, loc. cit.); de sauver, suff. -able.
BBG. — BECKER 1970, p. 319, 327. — QUEM. DDL t. 22 (s.v. sauver les apparences t. 32). — VERREAULT (Cl.). Les Adj. en -able en franco-québécois. Trav. de ling. québécoise. 3. Québec, 1979, p. 217 (s.v. sauvable).

sauver [sove] v. tr.
ÉTYM. V. 1050, salver; salvarai, 1re pers. du futur « je défendrai », in Serments de Strasbourg, 842; lat. ecclés. salvare, de salvus. → Sauf.
1 Faire échapper (qqn, un groupe…) à un grave danger (mort, ruine, perte de bien matériel ou moral, etc.). || Risquer sa vie pour sauver qqn (→ 2. Manille, cit.). || Un homme qui veut sauver son ami coulant au milieu du fleuve (→ Douleur, cit. 11). || Quelques-uns meurent pour que les autres soient sauvés (→ Feu, cit. 40). || « Qui sauve le loup tue les brebis » (→ Action, cit. 21, Hugo). || « Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner (cit. 3) un innocent » (Voltaire). || Sauver un malade. Guérir (→ Amuser, cit. 15). || Il est sauvé, hors de danger (→ Homéopathie, cit.). || Mineurs engloutis qui ont pu être sauvés. Rescapé.Sauver la France (→ Héros, cit. 13; imploration, cit.), la masse (cit. 26) du peuple, son pays (→ Recta, cit. 1)… || « Il nous faut de l'audace (cit. 8)… et la France est sauvée » (Danton).(Sujet n. de chose). || La nuit sauve le reste de son armée (cit. 3). || Sa fuite l'a sauvé (→ Enfermer, cit. 11). || Un miracle (cit. 9) sauve la France. || Espérant que ce sacrifice la sauverait (→ Remplaçant, cit. 1). || Mot fataliste qui perd plus d'hommes qu'il n'en sauve (→ Réussir, cit. 8). || Ce qui m'a sauvé, c'est… (→ Cramponnement, cit.). || Ce qui seul peut vous sauver (→ Culture, cit. 22).
1 Elle passait sa vie à les cacher, les prêtres (…) quand il s'agissait d'en sauver un, elle eût bravé trente guillotines.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Dîner d'athées », p. 316.
2 Louis Blanc résume la chose en disant : « l'armée a perdu la France, elle ne veut pas qu'elle soit sauvée par les pékins ! »
Ed. et J. de Goncourt, Journal, 10 janv. 1871, t. IV, p. 147.
2.1 (…) à Bessines, le cantonnier, le père Bénoche, qui avait sauvé un colonel en Crimée, un général au Mexique, et dont la vie était ratée, disait-il, car il lui restait à sauver un maréchal.
J. Giraudoux, Siegfried et le Limousin, p. 293.
Sauver de (un danger, une situation…). Arracher, soustraire, tirer. || Sauver qqn du naufrage (→ Individualisme, cit. 1), de la misère (→ Œil, cit. 44), du désespoir (→ Délivrance, cit. 10), de la déchéance (→ Ilote, cit. 6), de l'infamie (cit. 3), des mains d'un ennemi (→ Cavalier, cit. 7).Au p. p. || Moïse sauvé des eaux…Sauver l'Europe d'une invasion (→ Église, cit. 5).(Sujet n. de chose). || Il n'y a que l'attention (cit. 6) et la vigilance qui nous puissent sauver des surprises. || Une pleurésie dont le génépi (cit. 1) ne put le sauver.Vx ou régional. || Sauver qqn de…, suivi d'un inf. Préserver.
3 — C'est une jeune et belle fille qui manque d'ouvrage et de pain, et que votre libéralité sauvera peut-être du désordre.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 549.
4 C'était ta faiblesse, mon chéri, que ce besoin d'être ainsi sauvé de l'ennui par la folie de celles que tu aimais.
A. Maurois, Climats, II, XVIII.
5 On s'explique alors que lorsque de tels enfants abandonnés à la mer étaient rejetés vivants sur la côte, quand ils étaient « sauvés des eaux », ils devenaient facilement des êtres miraculeux. Ayant traversé les eaux, ils avaient traversé la mort. Ils pouvaient alors créer des villes, sauver des peuples, refaire un monde.
G. Bachelard, l'Eau et les Rêves, p. 102.
(980, salvar). Spécialt. Opérer ou assurer le salut de… || Dieu (cit. 38), le Christ a sauvé les hommes. Racheter, sauveur (→ Céleste, cit. 5). || Il faut croire (cit. 59) en Dieu pour être sauvé. || « Ta foi t'a sauvée » (→ Aller, cit. 69).Loc. Il n'y a que la foi qui sauve.
6 (…) il s'est trouvé des hommes qui ont dit que Dieu leur avait révélé qu'il devait naître un Rédempteur qui sauverait son peuple (…)
Pascal, Pensées, IX, 617.
2 (Déb. XIVe). Empêcher que soit détruit, ruiné ou perdu (qqch.) Conserver, garder, sauvegarder; → Mettre en sûreté, à l'abri… || Sauver la vie de qqn (→ Achopper, cit. 4; adroit, cit. 5; biologie, cit. 2).Sauver sa peau (cit. 18), sa tête : sauver sa vie. || Sauver une maison de commerce. Renflouer (→ Fraude, cit. 5). — ☑ Loc. fam. Sauver les meubles : sauver ce qui permet de survivre, ne pas tout perdre. Garer.Sauver son crédit (→ Cacher, cit. 14), son honneur (cit. 4), la liberté (→ Gouverner, cit. 31), un héritage (cit. 12) spirituel…Sauver son âme : assurer son salut.(Sujet n. de chose). || Un coup de barre (cit. 7) brusque peut tout sauver (→ aussi 1. Passe, cit. 9). || Ce qui sauve l'art c'est l'invention (→ Création, cit. 14).Ce que vous avez sauvé des griffes de la chicane (→ Éprouver, cit. 35).Sauver (qqch.) de : tirer, préserver de. || Sauver sa raison des hallucinations et des sottises (→ Fléau, cit. 5). || « Sauvons de cet affront mon nom et ma mémoire » (cit. 35, Racine). Garantir.
7 (…) je m'en vais (…) me disposer à faire demain mes pâques : il faut au moins tâcher de sauver cette action de l'imperfection des autres.
Mme de Sévigné, 263, 15 avr. 1672.
8 En les divulguant, elle sauve de la publicité des secrets confus (…)
Colette, la Naissance du jour, p. 104.
9 (…) l'urbanisme moderne prévoit, pour sauver les monuments du passé, une série de merveilleuses recettes, le pont, l'épi, le refuge divisant le trafic et formé par le monument même, ou même sa translation sur un terrain tranquille.
Giraudoux, De pleins pouvoirs à sans pouvoirs, p. 65.
10 Comment même n'avaient-ils pas sauvé de la bagarre la totalité de leurs biens ?
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, VI, p. 52.
(V. 1160). || Sauver la vie à qqn (→ Inoculation, cit. 1; obliger, cit. 12). — ☑ Loc. Sauver la mise. || Il me sauvait la mise (cit. 3).
Loc. (1621, in D. D. L.). Sauver les apparences (cit. 29).Sauver la face (cit. 21 à 23), sauver les dehors (vx). || Les apparences étaient sauvées. Sauf.
11 En astronomie, Platon fit admettre que les mouvements des corps célestes étaient tous circulaires et uniformes. Une seconde règle (…) faisait considérer la terre comme occupant le centre de l'univers. L'application de ces deux principes aboutit, chez Eudoxe de Cnide, au système des sphères homocentriques, qui, de caractère exclusivement géométrique, devait, suivant l'expression même des astronomes grecs, « sauver les apparences », c'est-à-dire rendre raison des mouvements constatés.
P. Brunet, Antiquité et moyen âge, in Encycl. Pl., Hist. de la science, p. 221.
Sports. || Sauver la balle, ne pas la perdre.Sauver le but, l'essai, éviter qu'il ne soit marqué.
3 Vx. Épargner (un mal) à qqn (→ Hécatombe, cit. 4; et aussi meurtrissure, cit. 1).
12 Cette dame n'avait jamais su ce que c'était que chagrin; et dans la triste expérience qu'elle en fit alors, je crois que l'étonnement où la jetait son état lui sauvait la moitié de sa douleur.
Marivaux, le Paysan parvenu, I, p. 39.
4 (V. 1370). Vx. Faire excuser ou faire passer (un ensemble médiocre ou mauvais) par une présentation adroite. || C'est la couleur qui sauve ce film. || « On ne peut pas sauver ce que de vous j'écoute » (→ Moins, cit. 32, Molière). || La parure qui pouvait sauver en partie ses défauts (→ Négligé, cit. 2).Mus. || Sauver une dissonance.
13 Quand je n'avais à raconter qu'une suite de faits non disputés, j'ai pu soutenir un moment sa curiosité par mon empressement à la satisfaire, et sauver l'aridité du sujet par la rapidité de la marche (…)
Beaumarchais, Mémoires… dans l'affaire Goëzman, p. 53.
14 Les pentes bien ménagées mettent assez de distance entre l'habitation et la rivière pour sauver les inconvénients du voisinage des eaux (…)
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 792.
——————
se sauver v. pron.
1 Vx. Échapper à un danger mortel, se tirer d'affaire. || « Quelquefois l'un se brise où l'autre (cit. 87) s'est sauvé » (Corneille).|| « Les princes périrent tous. La racaille (cit. 1) Se sauva sans grand travail » (La Fontaine). || Il sauta, pour se sauver, dans la tribune des femmes (→ aussi Honte, cit. 34).Relig. (Premier emploi attesté). Faire son salut.Se sauver de : échapper à… (→ Faveur, cit. 30; individualisme, cit. 7; médiocrité, cit. 4; rechuter, cit.).
15 Il ne faut jamais se montrer difficile sur le moyen de se sauver de l'étripade, ni perdre son temps non plus à rechercher les raisons d'une persécution, dont on est l'objet. Y échapper suffit au sage.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 112.
Vieilli. || Se sauver dans… : échapper au danger en se réfugiant dans… || « Un cerf s'étant sauvé dans une étable à bœufs (…) » (→ Asile, cit. 16, La Fontaine).
2 (1538). S'enfuir, fuir pour échapper au danger. || Elle se sauva effrayée (→ Bouillotte, cit. 1; et aussi lapin, cit. 6; moi, cit. 34). || Nous nous sommes sauvés plus loin (→ Cacher, cit. 34). || Sauvez-vous ! Fuir. || Les soldats se sauvèrent en désordre. Sauve-qui-peut. || Se sauver à toutes jambes. || Se sauver d'un lieu, s'échapper en fuyant. Évader (s'). → 1. Lieu, cit. 27; numéro, cit. 5.
16 Pierrot salua de nouveau, mais rien ne put le décider à le faire entrer; il devint rouge comme le feu et se sauva à toutes jambes.
A. de Musset, Nouvelles « Margot », V.
Fam. (D'un liquide qui bout). Déborder. || Attention, le lait va se sauver !
(1673). Par hyperbole. (Fam.). Se retirer, partir, prendre congé promptement. || Sauvez-vous, je suis pressé (→ 1. Mèche, cit. 5). || Elle me rit au nez, et je me suis sauvé (→ Ouverture, cit. 9).
17 Elle voulut encore l'embrasser, mais il lui dit « Allez ! bonne fête, bonne fête ! Sauve-toi vite, tu vas être en retard pour ton cours ».
Sartre, le Sursis, p. 77.
3 (Sens passif). Littér. Être sauvé (2. et 4.). || Bouffonnerie qui se sauve par son énormité (→ Gaulois, cit. 6).
18 (…) quand il s'agit d'obtenir la décision, l'élégance des armes importe moins que leur efficacité; et, au reste, le fond se sauve par la forme
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. VI, IV, p. 26.
——————
sauvé, ée p. p. adj.
|| Sauvé de qqch., d'un danger… || Sauvé des eaux → ci-dessus, cit. 5.
Relig. || Sauvé ou damné → Enfer, cit. 7, 12.
CONTR. Perdre; livrer.
DÉR. Sauvetage, sauvette (à la), sauvoir. — V. Sauveur.
COMP. 2. Sauvegarde, sauve-qui-peut.

Encyclopédie Universelle. 2012.