FER
Le fer est l’élément chimique métallique de numéro atomique 26, de symbole Fe. Dans la classification périodique, il se place dans la première série de transition entre le manganèse et le cobalt. Ses propriétés chimiques sont voisines de celles du cobalt.
C’est un métal très ductile et malléable qu’on peut modeler sans le fondre. Les propriétés mécaniques dépendent de la pureté et sont en particulier grandement modifiées dans les aciers (alliages avec le carbone et divers éléments). Elles peuvent être très améliorées par des traitements thermiques.
En outre, le fer subit une importante corrosion, ce qui explique qu’il subsiste peu d’objets anciens façonnés dans ce métal, par comparaison à ceux qui sont en or, en argent ou en cuivre.
1. Métallurgie
Pour extraire le fer métallique des minerais où il se trouve principalement à l’état d’oxyde ferrique Fe23, il faut séparer le fer de l’oxygène. Cette dissociation est réalisée à température élevée par un traitement de réduction par le carbone. Le métal se sature alors en carbone, son point de fusion est abaissé, et on le recueille à l’état liquide: c’est la fonte. Cette dernière est soumise à l’opération d’affinage pour éliminer le plus possible de carbone et les autres impuretés contenues dans le minerai (essentiellement silicium, manganèse, soufre et phosphore). La plupart de ces éléments disparaissent par oxydation. Celle-ci est réalisée à haute température en phase liquide, soit par soufflage dans les convertisseurs Thomas et Bessemer, soit par contact avec de l’oxyde de fer sur une sole chauffée dans les fours Martin ou les fours à arc. Le produit final, acier ou fer doux, est coulé dans des moules sous forme de lingots ou de billettes [cf. SIDÉRURGIE], ou de manière continue.
Pour obtenir du fer de haute pureté, on peut soit purifier un sel de fer et en extraire ensuite le fer métallique par une opération de réduction chimique ou électrolytique, soit purifier directement un échantillon de fer métallique. Dans chaque cas, plusieurs méthodes de purification peuvent être utilisées, mais aucune ne permet à elle seule d’obtenir un fer très pur. Chaque procédé élimine plus spécifiquement certaines impuretés et les meilleurs résultats sont obtenus en combinant judicieusement plusieurs purifications.
Par exemple, on effectue successivement une purification de la solution de chlorure ferreux sur résine échangeuse d’ions, puis une électrolyse qui fournit un métal qu’on traite par zone fondue.
La mise au point d’un processus de purification exige un contrôle analytique des principales étapes de sa purification et du produit final obtenu.
Ce contrôle peut se faire par spectrographie (manque de sensibilité et de précision), spectrophotométrie de flamme (très sensible pour le dosage des alcalins et alcalinoterreux), conductimétrie (dosage des halogènes), colorimétrie, analyse après irradiation de l’échantillon dans un flux de neutrons, spectrographie de masse. Les teneurs en éléments non métalliques sont déterminées par des méthodes particulières: l’oxygène par fusion réductrice du métal dans le vide; l’azote par frottement interne et par fusion sous vide; le carbone par frottement interne (seul le carbone en solution interstitielle est décelé par cette méthode), par combustion de l’échantillon et microdosage du C2 formé, par dosage chimique du radio-azote formé au cours de l’irradiation de l’échantillon aux deutons suivant la réaction 126C (d, n) 137N, ou par combustion de l’échantillon et dosage du dioxyde de carbone formé par chromatographie en phase gazeuse.
2. Physico-chimie
Il existe quatre isotopes stables, de nombre de masse 56, 54, 57 et 58, classés par ordre d’abondance. Six isotopes radioactifs de nombre de masse 52, 53, 55, 59, 60 et 61, de période de décroissance respective 8 h, 9 min, 3 ans, 45 j, 105 ans et 100 min ont été synthétisés.
La résistivité électrique du fer est très sensible aux traces d’impuretés et aux défauts de structure des échantillons. C’est ce qui explique que les résultats publiés ne soient pas toujours identiques. À 0 0C, les valeurs trouvées s’échelonnent entre 8,57 et 9,67 猪行cm; à 20 0C, entre 9,68 et 10,5 猪行cm. Le rapport de résistivité résiduelle à l’hydrogène liquide ( 福amb/ 福H) peut atteindre 5 500.
Dans le domaine optique, le spectre du fer est très complexe: entre 185,5 nm et 1197,3 nm, il comporte 3 606 raies dont certaines ont été choisies comme références.
Quelques propriétés sont données au tableau 1.
Structure cristalline
Le fer peut exister sous deux formes cristallines. La forme stable dans les conditions ordinaires de température et de pression est la forme cubique centrée du fer 見. Entre 910 0C et 1 390 0C, on observe la forme cubique à faces centrées du fer 塚. Au-delà de 1 390 0C et jusqu’au point de fusion, on retrouve la structure cubique centrée: c’est le fer 嗀. Il en résulte deux points de transformation allotropique. Les transformations observées au chauffage sont réversibles au refroidissement, mais il existe une hystérésis (fig. 1).
Les transformations s’accompagnent d’une variation brusque de toutes les propriétés physiques: chaleur spécifique, dilatation, résistivité électrique, pouvoir thermo-électrique, susceptibilité magnétique, etc. De plus, on observe une contraction de volume quand la structure cubique centrée se transforme en structure cubique à faces centrées. Par suite, pour déterminer les points de transformation du fer, il suffit d’étudier, en fonction de la température, les variations de l’une de ces propriétés physiques. Les méthodes les plus utilisées sont la dilatométrie, l’analyse thermique différentielle, les mesures électriques et magnétiques. Les points de transformation varient avec la pureté du métal. Le paramètre de la structure du fer 見 est a = 0,286 64 nm à 25 0C. Le paramètre de la structure cubique à faces centrées du fer à la température ordinaire peut être obtenu par extrapolation des mesures de paramètre des alliages de fer cubiques à faces centrées. Deux valeurs différentes sont obtenues: a Fe 塚 = 0,364 nm à partir des alliages FePt, FePd, FeNi à plus de 30 p. 100 en Ni où le moment magnétique de l’atome de fer est élevé (face=F0019 黎 2,8 猪B), a Fe 塚 = 0,356 nm à partir des alliages FeC, FeN, FeMn où le moment magnétique de l’atome de fer est plus faible (face=F0019 黎 0,7 猪B).
Le fer 見 est le type d’une substance ferro-magnétique. Au-delà de 769 0C (point de Curie), il devient paramagnétique. Les caractéristiques magnétiques sont fortement influencées par la pureté du métal et sa structure; les courbes d’aimantation varient avec la direction cristallographique que l’on considère.
Caractéristiques mécaniques
La limite d’élasticité telle qu’on la définit habituellement dans un essai de traction est la force pour laquelle les allongements cessent d’être proportionnels à l’effort: c’est la limite d’élasticité proportionnelle 靖p.
Quand le fer est à l’état recuit ou vieilli, on observe généralement une limite d’élasticité supérieure LES et une limite d’élasticité inférieure LEI (fig. 2). La limite d’élasticité proportionnelle 靖p coïncide alors pratiquement avec la LES. Si on augmente la sensibilité de l’appareil de mesure, la valeur déterminée pour 靖p diminue et, avec des extensomètres très sensibles, on a pu mettre en évidence une microdéformation irréversible de l’ordre de 10-6 avant que la limite d’élasticité supérieure soit atteinte.
Quand l’échantillon de fer est préalablement soumis à un léger écrouissage qui crée des dislocations mobiles, puis à des charges et décharges cycliques d’amplitude croissante, l’étude des courbes permet de définir:
– une limite d’élasticité vraie 靖E, qui correspond à la charge minimale nécessaire pour obtenir le premier cycle fermé (courbe d ), c’est-à-dire la plus petite charge pour laquelle le mouvement d’un assez grand nombre de dislocations peut être décelé directement par l’extensomètre ( 靖E varierait, pour un monocristal, de 50 à 250 g/mm2 suivant l’orientation considérée);
– une limite anélastique 靖A, qui correspond à la charge minimale pour laquelle le cycle ne se referme pas (courbe h ); 靖A est généralement identique à 靖p.
Malgré son degré de symétrie élevé, le cristal cubique de fer présente une nette anisotropie de ses caractéristiques d’élasticité: l’isotropie ne se trouve pratiquement réalisée que pour les échantillons polycristallins dépourvus d’orientations préférentielles.
Pratiquement, la courbe de départ n’est pas toujours linéaire et on définit une limite d’élasticité conventionnelle correspondant à une déformation donnée, par exemple 0,02, 0,05 ou 0,2 p. 100. Elle varie de 5 à 16 kg/mm2 à la température ordinaire selon l’échantillon utilisé.
Le module d’élasticité, ou module de Young, pente de la droite du début de la traction à la LES, dépend fortement de l’orientation du monocristal.
Si on agrandit fortement l’axe des allongements, on constate l’existence d’un palier à la limite d’élasticité inférieure qui traduit la formation des «bandes de Piobert Lüders». Elles correspondent à une déformation hétérogène de l’échantillon, localisée dans des bandes qui se déplacent le long de l’éprouvette, le reste de la matrice restant non déformé (fig. 3). Cette déformation se produit sous charge constante.
Au-delà de la LES et jusqu’à la résistance maximale à la rupture, l’effort nécessaire pour produire une nouvelle déformation croît régulièrement. La déformation entraîne un durcissement du métal: c’est l’écrouissage.
Le fer 見 se déforme essentiellement par glissement. Quand la déformation devient importante, des orientations préférentielles appelées textures se développent. Le maclage n’intervient que dans des conditions particulières: basse température, grande vitesse de déformation, présence de certains éléments d’alliage.
La surface d’un échantillon de fer initialement polie se couvre, après écrouissage par traction ou par flexion, de lignes plus ou moins nettes qui sont les traces des surfaces de glissement. En même temps, la structure interne du fer se modifie par suite de la multiplication et de l’interaction des dislocations, et on observe une fragmentation de plus en plus grande du grain du métal à mesure que la déformation augmente.
La microscopie électronique en transmission permet l’observation directe des lignes de dislocation et de leur répartition. Les lames minces examinées ont une épaisseur de 100 nm environ; elles sont obtenues par amincissement électrolytique d’échantillons de fer préalablement écroui à l’état massif.
On définit aussi la résistance maximale à la traction (elle varie de 10 à 28 kg/mm2 selon l’échantillon), l’allongement à la rupture (il est de 30 à 45 p. 100 à température ordinaire) et la striction qui est égale à (So – Sr) 100/So où Sr est la section minimale après rupture et So la section initiale. Elle est de l’ordre de 90 p. 100 à la température ordinaire.
La dureté Brinell du fer recuit est de l’ordre de 50 à température ordinaire. Elle dépend, comme les autres caractéristiques mécaniques, de la pureté du fer, de son état structural, de la grosseur des grains.
La résistance à la fatigue par flexion alternée est de 梁 12,5 kg/mm2 après 5 憐 107 cycles pour un fer polycristallin à 0,006 p. 100 de carbone. Cela signifie qu’au-dessous de cette charge la rupture n’est pas observée, même après un très grand nombre de cycles.
Le fluage, déformation observée en fonction du temps sous l’action d’une charge constante, ne devient important qu’au-dessus de 450 0C. Des monocristaux filiformes, les whiskers de fer, présentent des propriétés mécaniques exceptionnelles (limite d’élasticité égale à 100 fois celle des cristaux habituels), qui peuvent s’expliquer par une grande perfection de leur structure.
Structure du fer écroui et traitement thermique
L’évolution de la structure du fer écroui sous l’action d’un traitement thermique est liée à une diminution d’énergie libre correspondant à la libération de l’énergie emmagasinée au cours de la déformation. Pour un échantillon polycristallin donné, l’expérience montre qu’il existe un degré de déformation minimale nécessaire pour que cette évolution aboutisse à la recristallisation, c’est-à-dire à la formation de nouveaux cristaux de fer: c’est l’écrouissage critique de croissance. La figure 4 représente la grosseur moyenne des grains après recuit. Quand la déformation est inférieure à l’écrouissage critique, la grosseur des grains n’est pas modifiée, les anciens joints de grains sont conservés, mais des sous-joints apparaissent à l’intérieur des grains (fig. 5); c’est la polygonisation du fer (fig. 6).
Propriétés chimiques
Les 26 électrons qui entourent le noyau de fer sont divisés en 4 couches principales. La troisième, incomplète, ne contient que 14 électrons (six électrons 3d seulement). Le fer perd facilement ses deux électrons 4s pour former l’ion ferreux Fe2+. Celui-ci est facilement oxydé en ion ferrique Fe3+. Le degré d’oxydation maximal observé est + VI (ferrate FeO42-). Toutes les valeurs inférieures sont connues ainsi que quelques composés où le fer se comporte comme un élément électronégatif.
L’ion ferreux est vert pâle en solution et dans la plupart des sels hydratés. L’ion ferrique est jaune en solution fortement acide; il se produit une hydrolyse en milieu basique avec formation d’un précipité brun-rouge d’oxyde ferrique hydraté.
Les ions ferreux et ferriques forment de nombreux complexes dans lesquels le nombre de coordination est 6: ferrocyanure Fe(CN)64-, ferricyanure Fe(CN)63-. Cette formation résulte de l’existence d’orbitales 3d , 4s et 4p inoccupées. Elle a lieu avec l’eau, l’ammoniac, les cyanures, les halogénures, les oxalates, citrates, etc.
Corrosion et protection du fer
Le stade primaire de corrosion du fer est la destruction de l’édifice cristallin, suivant la réaction:
Par attaque chimique, on forme l’hydroxyde ferreux. Dans le cas de l’attaque électrochimique, les ions et les électrons du métal vont apparaître sur des surfaces de l’échantillon plus ou moins éloignées les unes des autres. Une dissymétrie quelconque va créer des différences de potentiel et, par suite, des zones anodiques et cathodiques vont se constituer sur la surface de l’échantillon immergé dans un réactif.
Le fer plongé dans un électrolyte peut être considéré sous l’un des trois états suivants:
– immunité: le fer se trouve en équilibre thermodynamique avec l’électrolyte:
– activité: le fer se corrode, il y a émission d’ions dans la solution;
– passivité: le fer se trouve protégé par un film qui a été obtenu par oxydation, phosphatation ou tout autre procédé pouvant donner lieu à une couche protectrice.
On peut donc envisager la protection du fer soit par mise en liaison électrique avec un métal qui jouera le rôle d’anode réactive (Mg, Zn ou Al), soit par l’emploi d’une source de courant indépendante, en relation avec une anode inattaquable.
Action des acides et des bases
La vitesse d’attaque du fer dans une solution d’acide chlorhydrique croît d’abord linéairement, puis en progression géométrique quand la concentration en acide augmente. Elle croît également avec la température.
Dans l’acide nitrique et l’acide sulfurique, la vitesse d’attaque du fer passe par un maximum (fig. 7). L’acide nitrique concentré rend le fer passif, c’est-à-dire qu’il ne s’attaque plus s’il est plongé ensuite dans l’acide dilué. Différentes causes (action mécanique) peuvent provoquer la rupture du film protecteur d’oxyde et par suite la disparition de l’état passif.
À température ambiante, le fer résiste bien à l’action de solutions de soude ou de potasse diluées. La corrosion est pratiquement nulle pour une concentration de 1 g par litre en soude ou 0,7 g par litre en potasse.
L’hydrogène diffuse dans le fer et le fragilise, les propriétés mécaniques du métal sont fortement altérées. L’élimination de l’hydrogène par traitement thermique restitue la majeure partie des propriétés initiales du métal.
3. Composés minéraux
Le diagramme de la figure 8 situe le domaine d’existence des différents oxydes: FeO, protoxyde de fer; Fe34, magnétite ; Fe23, sesquioxyde.
Le protoxyde FeO est métastable à la température ordinaire. Il se forme au cours des traitements du minerai de fer et du travail à chaud du métal. Sa composition peut s’écarter notablement de la composition stœchiométrique, ce qui le rapproche d’un oxyde semi-métallique.
Le sesquioxyde existe sous deux formes allotropiques: la forme 見 rhomboédrique est la forme naturelle; la forme quadratique préparée par oxydation de la magnétite a une structure ordonnée dérivant du spinelle. La magnétite est un oxyde mixte de type spinelle répondant à la formule [Fe23+ Fe2+] 42-. Elle est ferromagnétique et c’est un semi-conducteur dont la résistivité varie fortement avec la température. Ces ions Fe3+ et Fe2+ peuvent être remplacés par des ions M3+ et M2+, d’où une multiplicité de solutions solides.
Le diagramme de la figure 9 indique les domaines d’existence des deux seuls composés fer-soufre. Le sulfure ferreux FeS tolère de larges écarts à la composition stœchiométrique, tant par excès de fer que par excès de soufre vis-à-vis du rapport 1/1. Des solutions solides dans lesquelles le fer ou le soufre sont remplacés par des équivalents (Mn, Ni...; Sc, As...) sont très nombreuses. Le bisulfure FeS2 se présente sous deux formes cristallines: l’une instable, la marcassite, l’autre stable, la pyrite.
L’azote peut former des solutions solides d’insertion dans le fer 見 (nitroferrite, nitromartensite), dans le fer 塚 (nitro-austénite), dans le fer 嗀 et 3 composés semi-métalliques: les nitrures Fe4N ( 塚 ), Fe3N ( 﨎 ), Fe2N ( 﨣).
Le phosphore peut former des solutions solides avec le fer 見 et le fer 塚 et 4 composés définis: Fe3P, Fe2P, FeP, FeP2.
Le diagramme fer-carbone (fig. 10) est à la base de la connaissance des aciers et des fontes [cf. ACIER (technologie)]. Le carbone peut former: des solutions solides d’insertion dans le fer 見 (ferrite, martensite), dans le fer 塚 (austénite), dans le fer 嗀, et 4 composés semi-métalliques: Fe3C, la cémentite; Fe5C2; le carbure de Hägg Fe7C3; et le carbure hexagonal non stœchiométrique voisin de Fe2C.
fer [ fɛr ] n. m. I ♦
1 ♦ Élément atomique (Fe; no at. 26; m. at. 55, 847), métal blanc grisâtre ductile et malléable. ⇒ ferro-. Fer doux, contenant peu de carbone. Fer Armco, ayant subi un affinage très poussé. Fer électrolytique, très pur. Minerais de fer. ⇒ hématite, limonite, magnétite, marcassite, 1. minette, pyrite, sidérose. Oxydes et sels de fer (⇒ ferreux, ferrique) . Alliages de fer. ⇒ acier, 1. fonte. Fer étamé. ⇒ fer-blanc. Mine de fer, gisement de fer. Industries du fer. ⇒ métallurgie, sidérurgie. Propriétés magnétiques du fer. ⇒ ferromagnétisme. Le fer s'altère, rouille. ⇒ rouille. Battre le fer. ⇒ battre, forger. Fer battu. Fer forgé, servant à fabriquer de la ferronnerie d'art. Grille, balustrade en fer forgé. Plaque de fer. ⇒ 1. tôle. Fil de fer. Barre, tige de fer. Débris de fer. ⇒ ferraille, limaille. Paille de fer. — Garniture en fer. ⇒ ferrure. Récipients, ustensiles en fer (⇒ chaudronnerie, ferblanterie, quincaillerie) . Rideau de fer. — Chemin de fer (voir ce mot). Ellipt Transport par fer et par air. ⇒aussi ferroutage.
♢ Âge du fer : période de la protohistoire qui succède à l'âge du bronze (vers l'an 1000 av. J.-C.). ⇒ hallstattien.
♢ Appos. Gris fer : gris moyen. « Un corsage de lainage sombre sur une jupe gris-fer » (Zola).
♢ Loc. Croire dur comme fer (à, que), avec une grande conviction. Il faut battre le fer quand il est chaud. Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer. Le pot de terre contre le pot de fer.
2 ♦ Par ext. Sels de fer. Les épinards contiennent du fer. Fer utilisé dans le traitement des anémies.
3 ♦ Loc. adj. DE FER. ⇒ 1. fort, résistant, robuste, rude, vigoureux. Avoir une santé de fer. Avoir une main, une poigne de fer. — Bras de fer. Une main de fer dans un gant de velours.
♢ (Abstrait) Très dur. Avoir une volonté de fer. ⇒ inébranlable, inflexible. Ils ont accepté « le labeur ingrat, anonyme, la discipline de fer » (Duhamel). Siècle de fer : dans la mythologie, période de violences, de duretés.
II ♦ Objet, instrument en fer, en acier.
1 ♦ Partie en fer, partie métallique d'un instrument, d'une arme. Le fer et le manche d'une pelle. Le fer d'une lance, d'une flèche. ⇒ pointe. En fer de lance : pointu. ⇒ hasté. Fig. Le fer de lance d'une armée, l'unité d'élite, la troupe de choc. Le fer de lance d'une organisation, l'élément le plus combatif, le plus dynamique.
2 ♦ Objet en fer, en métal. — Techn. Fer en T, en U, en I : barre de fer profilée en forme de T, d'U, d'I, utilisée dans les constructions métalliques.
♢ Instrument en fer servant à donner une forme, à faire une empreinte. Fer à gaufrer les étoffes, à tuyauter. — Fers de relieur : instruments servant à faire des empreintes sur le cuir, à froid ou à chaud. Reliure aux fers, aux petits fers. — FER À REPASSER, et absolt FER : instrument en métal, à base plane, muni d'une poignée, qui une fois chaud sert à repasser le linge. Gros fer de tailleur. ⇒ carreau. Fer électrique. Fer à vapeur. Brancher le fer. Coup de fer : repassage rapide. Donner un coup de fer à une chemise. Loc. fam. Nager comme un fer à repasser : ne pas savoir nager, être sujet à couler à pic. Avoir deux fers au feu : mener ensemble deux affaires. — FER À FRISER : instrument qu'on applique chaud sur les cheveux pour les friser. Frisé au petit fer.
♢ Fer à souder. ⇒ soudage.
♢ FER ROUGE : tige de fer que l'on porte au rouge. Le marquage des bœufs au fer rouge. ⇒ ferrade. — Vieilli FER CHAUD : cautère.
3 ♦ Escr. Épée, fleuret. Engager, croiser le fer. ⇒ ferrailler. — Arme blanche. « La civilisation a été imposée à nos ancêtres par le fer et par le feu » (Bainville). — (1905) Sport Club de golf à tête métallique.
♢ Vieilli LES FERS : les forceps. Accouchement avec les fers.
4 ♦ Bande de métal formant semelle. FER À CHEVAL ou FER : demi-cercle ou sole de métal dont on garnit le dessous des sabots de certains équidés. Mettre un fer à un cheval. ⇒ ferrer, ferrure; maréchal-ferrant. Des fers à cheval. Le fer à cheval, symbole de chance. — Cheval qui tombe les quatre fers en l'air, sur le dos, à la renverse. Loc. fam. (d'une personne) Il a glissé et il est tombé les quatre fers en l'air. — EN FER À CHEVAL : en forme de demi-cercle outrepassé. Arc, table, aimant en fer à cheval.
♢ Par anal. Renfort métallique. Chaussure munie de fers. ⇒ ferré.
5 ♦ Au plur. LES FERS. Ce qui sert à enchaîner, à immobiliser un prisonnier. ⇒ chaîne, menottes. Mettre un prisonnier aux fers. — Fig. et littér. ⇒ captivité, esclavage. Être dans les fers. ⇒ captif, esclave, prisonnier. « L'homme est né libre, et partout il est dans les fers » (Rousseau).
⊗ HOM. Faire.
● fer nom masculin (latin ferrum) Métal blanc-gris, tenace, ductile, malléable et magnétique, le plus important pour son utilisation industrielle, surtout sous forme d'alliages, d'aciers et de fontes. (Élément chimique de symbole Fe.) Numéro atomique : 26 Masse atomique : 55,847 Température de fusion : 1 535 °C Masse volumique : 7,87 g°cm3 Oligoélément indispensable à l'organisme, qui intervient dans de nombreuses réactions chimiques et permet notamment le transport de l'oxygène par l'hémoglobine des globules rouges. Lame d'une épée, d'un fleuret ; cette épée, ce fleuret : Croiser le fer. Pièce métallique percée de trous (étampures), fixée par des clous au sabot des animaux (cheval, mule, bœuf, etc.) auxquels est demandé un travail (traction, transport, équitation). Renfort que l'on place à l'avant d'une semelle, à l'arrière d'un talon, pour éviter l'usure. Instrument en fer comportant un dessin qui sert à marquer au rouge un animal et à identifier l'élevage. Transport par voie ferrée, par opposition à la route, l'air ou l'eau. Bâtiment Produit laminé d'acier doux (jadis de fer) offrant soit une section ronde, carrée ou plate (fers marchands), soit (fers spéciaux, ou profilés) une section en T, en I, en V simple (cornière) ou spécial (fer Zorès). Barre d'acier servant d'armature au béton, dans la construction en béton armé. Menuiserie Lame d'acier constituant la partie coupante d'un rabot. Lame des dégauchisseuses, raboteuses et toupies à bois. Sports Club de golf à tête métallique, destiné aux coups de moyenne ou de courte distance. ● fer (citations) nom masculin (latin ferrum) François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 Ô le bon temps que ce siècle de fer ! Satires, le Mondain Paul Reynaud Barcelonnette 1878-Neuilly 1966 La route permanente du fer est définitivement coupée. Commentaire Message au Sénat après le débarquement allié en Norvège (avril 1940). Ernst Moritz Arndt Schoritz, île de Rügen, 1769-Bonn 1860 Dieu, qui a créé le fer, N'a pas voulu d'esclaves. Der Gott, der Eisen wachsen ließ, Der wollte keine Knechte. Chant patriotique Otto, prince von Bismarck ou, plus précisément, von Bismarck-Schönhausen Schönhausen 1815-Friedrichsruh 1898 Les grandes questions de notre temps ne sont pas tranchées par des discours et des motions majoritaires […], mais par le fer et par le sang. Nicht durch Reden und Majoritätsbeschlüsse werden die grossen Fragen der Zeit entschieden […], sondern durch Eisen und Blut. Discours au Reichstag, 1886 ● fer (expressions) nom masculin (latin ferrum) De fer, résistant, solide : Une santé de fer ; inflexible, rigoureux : Discipline de fer ; qui rappelle la couleur du fer (on trouve aussi fer invariable) : Gris de fer, gris fer. Coup de fer, repassage rapide d'un vêtement peu froissé. Croire dur comme fer, avoir une foi inébranlable en quelque chose. En fer à cheval, en demi-cercle ou en demi-ovale. Fer de lance, pointe en fer placée au bout d'une lance ; élément jugé le plus combatif d'un groupe ; ce qui dans un ensemble est le plus dynamique ; produit, activité, secteur de pointe : L'Airbus est le fer de lance de l'industrie aéronautique. Fer à repasser, appareil ménager formé d'une semelle en fonte chromée ou en alliage léger munie d'une poignée et qui, une fois chauffée, sert à repasser ; appareil servant à facturer les achats faits avec une carte de crédit (familier). Fer rouge, symbole de ce qui blesse à vif de ce qui marque profondément : Marquer au fer rouge. Familier. Les quatre fers en l'air, renversé sur le dos. Marquer au fer, appliquer le fer rouge sur la peau d'un animal, ou autrefois d'un condamné. Par le fer et par le feu, par la violence. Tenir deux fers au feu, garder deux possibilités d'action. Âge du fer, période protohistorique pendant laquelle se généralisa la métallurgie du fer. Fer à ajouts, outil de maçon pour lisser les joints. Épreuve au fer radioactif, méthode isotopique étudiant principalement l'érythropoièse de manière quantitative par la mesure des mouvements du fer. Bois de fer, nom commercial donné à des bois très durs, et à des bois dont le contact ne rouille pas le fer, tels que le teck. Fer-II, synonyme de ferro-. Fer-III, synonyme de ferri-. Fer à friser, instrument chauffant électrique à deux branches qui permet de prendre les mèches de cheveux pour les onduler. Diagramme fer-carbone, représentation des équilibres entre les phases physico-chimiques composant les alliages de fer et de carbone (aciers et fontes) en fonction de la température, à la pression atmosphérique. Fer Armco, fer particulièrement pur, ayant subi un affinage très poussé. Fer doux, acier à très basse teneur en carbone, recuit, utilisé entre autres pour les circuits magnétiques. Fer météorique, combinaison de fer, nickel, chrome, cobalt, que l'on trouve dans les météorites. Fer natif, fer naturel qui se trouve en cristaux cubiques. Fer spathique, synonyme de sidérose. Gypse fer de lance, nom donné à une macle du gypse. Tannage au fer, préparation de cuir par traitement des peaux au moyen de sels de fer. Fer à dorer, outil en métal (cuivre, acier) gravé en relief, utilisé pour décorer à la main ou au balancier les plats des reliures. Petits fers, fers à dorer de petite dimension, qu'on utilise en les répétant ou en les faisant figurer dans des compositions variées. Fer à souder, instrument formé d'une masse métallique en pointe appelée « panne », reliée à un manche par une tige, et destiné au brasage tendre. ● fer (homonymes) nom masculin (latin ferrum) faire nom masculin invariable faire verbe ferre forme conjuguée du verbe ferrer ferrent forme conjuguée du verbe ferrer ferres forme conjuguée du verbe ferrer ● fer (synonymes) nom masculin (latin ferrum) Pièce métallique percée de trous (étampures), fixée par des clous...
Synonymes :
- ferrure
De fer
Synonymes :
- ferme
- fort
- solide
Minéralogie. Fer spathique
Synonymes :
- sidérose
fer
n. m.
rI./r
d1./d élément métallique (symbole Fe), de numéro atomique Z = 26.
— Métal (Fe) gris-blanc, ductile, ferromagnétique. (V. encycl. ci-après.)
— Fer électrolytique: fer pur obtenu par électrolyse.
— Fer doux: fer pur servant à fabriquer les noyaux d'électroaimants.
— Fer forgé, mis en forme par forgeage.
|| âge du fer: période, succédant à l'âge du bronze, où se répandit l'usage du fer (v. 850 av. J.-C. en Europe).
d2./d Fig. De fer: qui a la résistance ou la dureté du fer.
— Il a une santé de fer: il est robuste, il n'est jamais malade.
— Une volonté de fer, inébranlable.
— Une discipline de fer, très stricte.
|| Bras de fer: V. bras.
|| Loc. Une main de fer dans un gant de velours: une autorité rigoureuse sous une apparente douceur.
rII./r Objet en fer, en métal.
d1./d Partie métallique, acérée ou coupante, d'un outil, d'une arme. Fer d'un rabot, d'une houe.
d2./d Lame d'un fleuret, d'une épée, d'un sabre. Croiser le fer.
d3./d Fer à cheval: bande de métal recourbée en U, qui sert à protéger le dessous des sabots des chevaux, des mulets, etc.
— Tomber les quatre fers en l'air: tomber sur le dos, en parlant d'un cheval ou, Fam., d'une personne.
|| Loc. adj. En fer à cheval: en U, en demi-cercle. Table en fer à cheval.
d4./d Profilé métallique utilisé en construction. Fer en U.
d5./d Instrument, outil en fer, en métal. Fer à friser, à repasser, à souder. (V. carreau, sens I, 3.)
|| (S. comp.) Fer: fer à repasser. Donner un coup de fer à une jupe.
d6./d (Plur.) Les fers: les entraves qui enchaînent un prisonnier. Mettre un forçat aux fers.
— Fig., litt. être dans les fers, en esclavage.
Encycl. Le fer est le principal constituant des aciers et des fontes. Avec le nickel, il constitue en grande partie le noyau de la Terre. L'élément fer joue un rôle biologique important (V. hémoglobine et cytochrome).
⇒FER, subst. masc.
A.— 1. Métal résistant, d'un blanc grisâtre, magnétique, ductile et malléable, très peu utilisé à l'état pur, de numéro atomique 26 et de symbole Fe. Exploitation des mines de fer, extraction du minerai de fer. L'aurore de la grande industrie s'est levée dans une contrée de la Grande-Bretagne, où se concentraient le fer et la houille (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 80). L'acier, à mi-chemin de la fonte et du fer, contient moins de carbone que la fonte (LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., 1968, p. 202). V. amalgame ex. 2.
— En emploi ell. (sels de) fer. Il lui faut [à la vigne] un sol sec qui s'égoutte, profond, substantiel, riche en fer s'il se peut (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 159). Les eaux riches en fer sont mauvaises pour la brasserie (BOULLANGER, Malt., brass., 1934, p. 27).
— Âge du fer. Époque succédant à l'âge du bronze et caractérisée par une utilisation courante du fer pour la réalisation d'armes et d'outils. Les bracelets fermés se multiplient à partir du premier âge du fer (J. DÉCHELETTE, Manuel archéol. préhist. celt. et gallo-rom., t. 2, 1914, p. 314) :
• 1. Comme les anthropologues ont distingué, dans la phase primitive de l'humanité, l'âge de la pierre polie, l'âge du bronze, l'âge du fer, nous parlons aujourd'hui de l'âge de la vapeur, de l'âge de l'électricité, de l'âge de l'énergie atomique...
Univers écon. et soc., 1960, p. 6216.
2. [Fer + adj. ou subst. appos. indiquant les variétés du métal, ses composés, ses alliages et ses traitements]
a) [Fer + adj. ou subst. appos. indiquant la nature, la forme physique, les variétés cristallines du métal] Ce fer natif est allié au carbone (LAPPARENT, Minér., 1899, p. 558). Le fer pur et l'acier ont une texture grenue (CHAMPLY, Nouv. encyclop. prat., t. 2, 1927, p. 1). Le fer alpha est magnétique, les fers bêta et gamma ne le sont pas (BARNERIAS, Aciéries, 1934, p. 12).
b) [Subst. + de fer; fer + adj. Il s'agit d'un composé chimique ou d'un alliage]
) [Il s'agit d'un métal composé] Le ruisseau promenait ses eaux vives et limpides entre de hautes berges de terre rouge, dont la couleur décelait la présence de l'oxyde de fer (VERNE, Île myst., 1874, p. 107). Fonte dont tout le carbone est à l'état de carbure de fer (GUILLET, Techn. métall., 1944, p. 15) :
• 2. Puis on procédera à une fusion scorifiante qui, par action de la silice, permettra de faire passer dans la scorie le fer oxydé. Il restera alors un sulfure double de fer et de cuivre, appelé matte, facile à séparer de la scorie par différence de densité.
GUILLET, Techn. métall., 1944 p. 42.
SYNT. Hydroxyde, perchlorure, phosphure, protoxyde, pyrite, sesquioxyde, sulfate, sulfure de fer; fer bi-sulfuré, carbonaté, chloruré, ferreux, ferrique, hydraté, hydroxydé, oxydulé, phosphoreux, titané.
♦ [Désignant des variétés rocheuses] Fer météorique. Un filon composé de bandes alternatives de fer spathique et de quartz (ÉLIE DE BEAUMONT, B. Sté géol. Fr., t. 4, 1847, p. 37). Le fer micacé (...) est utilisé en grande quantité dans la fabrication des couleurs antirouille (COFFIGNIER, Coul. et peint., 1924, p. 495).
) [Il s'agit d'un mélange ou d'un alliage] Ferblanc. Fer doux, fer qui contient très peu de carbone et dont l'aimantation rémanente est très faible (d'apr. LAITIER 1969). La membrane est en tôle de fer doux vernie sur ses deux faces pour la protéger de la rouille (A. LECLERC, Télégr. et téléph., 1924, p. 175). Une matière magnétique, telle que le fer doux (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 203).
c) [Fer + adj. indiquant qu'il s'agit d'un métal traité] Fer chromé, émaillé, nickelé. On rencontre dans les lavages de platine une grande quantité de fer chromé (ÉLIE DE BEAUMONT, B. Sté géol. Fr., t. 4, 1847 p. 17) :
• 3. Vers 1875, les chaloupes employées jusque-là (difficiles à manier) furent remplacées par des embarcations plus légères, les « doris », en même temps que les hameçons français, en fer étamé, disparaissaient au profit d'hameçons en acier de fabrication anglaise.
BOYER, Pêches mar., 1967, p. 12.
3. P. méton.
a) BIOCHIM. Substance ferrugineuse (contenue dans le corps humain, les aliments, des médicaments). Il faut boire du fer, se promener et dormir et aller dans le Midi, quoi qu'il en coûte, voilà! (FLAUB., Corresp., 1867, p. 272). « Qu'est-ce que tu as donc? souffres-tu? — Non, un peu de fatigue. Ce n'est rien. — Que dit ton médecin?... — Il parle d'anémie et m'ordonne du fer et de la viande rouge » (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Sage, 1883, p. 918) :
• 4. Le teint est jaune; dans l'émotion, ils [les bilieux] pâlissent au lieu de rougir. Le foie fonctionne bien : mais leur bile est trop riche en cholestérine, peut-être à la suite d'un excès en fer, car tout aliment riche en fer, comme les épinards, leur est nuisible...
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 181.
b) Le fer. L'industrie, le grand commerce du fer :
• 5. Se trouvaient là, attirés par la campagne de publicité, tous ceux qui avaient un nom en Europe dans le commerce et l'industrie, les rois et les princes du fer, de l'acier, du caoutchouc, de l'automobile et du pétrole.
PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 41.
B.— [Le fer, ou un métal en ayant l'apparence, en tant que matériau entrant notamment dans la fabrication d'objets d'usage industriel ou domestique] Les métiers du fer. L'odeur de carton du bureau, de fer et de fumée de la gare (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 437) :
• 6. — Je ne peux pas boire dans une timbale, ça sent le vieux fer...
— Comment, le vieux fer! ... — dit grand'mère qui s'indigne — ta timbale est en vermeil ...
— C'est possible... mais elle sent tout de même le vieux fer et ça m'dégoûte...
GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 122.
— En partic. [En parlant d'une armure] Bardé de fer. Recouvert d'une armure métallique. Au fig. Les vaincus ont subi le dur châtiment de leur faute. Mais les vainqueurs en portent aussi le poids; et leur civilisation bardée de fer est un fardeau pour eux comme pour l'Europe (JAURÈS, Eur. incert., 1914, p. 200). V. bardé ex. 1, 2, 3.
1. [Le fer en tant que matériau travaillé] Dîner chez Gisette, dans la splendide demeure à escalier de marbre et de fer poli (GONCOURT, Journal, 1867, p. 313). La trace de l'outil dans la pierre, dans un bois dur, dans le fer, est déjà un ornement (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p. 32). J'ai encore dans les oreilles les bruits de la perceuse qui, dans le fer, perfore le trou du boulon (MORAND, New-York, 1930, p. 37).
a) Spéc., dans le domaine de la forge, du laminoir, de la tréfilerie, de la chaudronnerie. Battre, forger le fer. Mon marteau remontait plus vite qu'il ne tombait sur l'enclume, le fer s'allongeait comme de la pâte (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 163). J'entends encore (...) le bruit de ces métiers : tintement de l'enclume (...) sifflement du fer ardent plongé dans l'eau (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 165) :
• 7. Chez lui, on avait toujours été trop pauvre pour moderniser la technique. Il ferrait les chevaux comme au XVIe siècle. Le marteau sonnait sur l'enclume. Les étincelles jaillissaient du fer.
ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 61.
♦ Loc. proverbiale. Il faut battre le fer pendant/quand il est chaud. Venez, ne perdons pas un instant (...). Battons le fer tandis qu'il est chaud (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 49). Il faut battre le fer pendant qu'il est chaud (...). Ce sera une affaire faite, et demain soir vous n'y penserez plus (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 318). V. battre ex. 6 :
• 8. Lorsque l'île, satisfaite, se fut tue, Thomas, en prière au bas de l'autel, hésita un instant. Il ne voulait pas empiéter sur le lendemain, un dimanche. D'un autre côté, quand le fer était chaud, ne devait-on pas le battre? ...
QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 129.
Rem. On relève ds la docum. un emploi au fig. de à fer et à chaux. Solidement. Un auteur en pleine vogue doit être bâti à fer et à chaux (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 94).
♦ Fer étiré, laminé; (fil de) fer galvanisé. Les rampes de ces petits escaliers [à Kœnigsberg] (...) sont en fer coulé de Berlin, je crois (STENDHAL, Rom. et nouv., t. 1, 1842, p. 22). On les exécute [les cales] en bois dur; il vaudrait beaucoup mieux employer du fer fondu (NOSBAN, Manuel menuisier, 1857, p. 117). Fer forgé; porte, balcon en/de fer forgé. De grands valets blonds avaient ouvert une grille de fer forgé (MAUROIS, Climats, 1928, p. 83).
b) De fer, en fer. Le Pont-des-Arts est construit en fer (ce à quoi l'Académie n'a point pensé dans l'article de son dictionnaire où elle définit le mot Pont : « bâtiment de pierre ou de bois élevé au-dessus d'une rivière ») (JOUY, Hermite, t. 5, 1814, p. 129). Un petit lit de fer garni de rideaux blancs (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 775). V. alliage ex. 13, chaîne ex. 5 :
• 9. Plus de dollars, d'ascenseurs ni de gratte-ciel : (...) les maisons rouge-sang à deux ou trois étages, avec des courettes qu'il serait plus juste de nommer des puits d'aération et des escaliers de sûreté en fer qui servent surtout à étendre le linge.
MORAND, New-York, 1930, p. 75.
— Emplois spéc.
♦ Limaille de fer. Ces dessins que forme l'aiguille aimantée déposée parmi la limaille de fer (CLAUDEL, Corresp. [avec Gide], 1910, p. 195).
) Paille de fer. Filaments, copeaux de métal réunis en paquets. Non! non! j'aime mieux laver la vaisselle! j'aime mieux gratter le plancher avec la paille de fer... (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 173). La paille de fer mord le parquet du salon, dont les lattes s'effritent dangereusement (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 235).
) Rideau, volet de fer. Fermeture métallique de la devanture des magasins. Il prend une longue manivelle, l'enfonce dans le mur et commence à baisser le rideau de fer (PAGNOL, Marius, 1931, II, 4, p. 131) :
• 10. Les boulevards offraient un aspect inaccoutumé : tous les boutiquiers avaient baissé leurs rideaux de fer; la plupart des cafés étaient fermés; sur l'ordre de la police, ceux qui restaient ouverts avaient dégarni leurs terrasses...
MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 406.
♦ P. anal. Ligne qui isole les pays communistes des pays non communistes en Europe. Les deux côtés du rideau de fer. Il restait, alors, quelques chances d'empêcher que le rideau de fer vînt à couper l'Europe en deux (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 203) :
• 11. Scriassine avait arrangé une rencontre entre Robert et un fonctionnaire soviétique qui venait de franchir le rideau de fer tout exprès pour dénoncer à l'Occident les méfaits de Staline.
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 333.
) Domaine des transp. Chemin de fer. Par voie de fer. Par train. Rapatrier par voie de terre ou de fer les troupes des corps d'armée de l'intérieur (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 211).
) HIST. Couronne, croix (v. ce mot II C 1) de fer. Napoléon chausse la couronne de fer en 1804 (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 714). La fameuse couronne de fer que Charlemagne et Napoléon se sont mise sur la tête (FLAUB., Corresp., 1845, p. 175) :
• 12. C'étaient d'énormes poux gris, marqués sur le dos d'une tache blanche. Comme elle affectait très vaguement la forme d'une croix, on disait que l'Empereur les avait décorés aussi, leur avait donné la croix de fer...
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 364.
♦ Le Masque de fer. Le Masque de fer, frère jumeau de Louis XIV (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 294). Nomination de Picquart au poste de grand prisonnier d'État vacant depuis la mort du Masque de Fer (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 373). V. antériorité ex. 7.
SYNT. Ceinture, lunettes (à branches), peigne (à dents) de fer; coupe-papier de fer; cuiller, table en fer; anneau de fer; armature de/en fer; barres, barreaux de fer; cage de/en fer; grille en fer; tenons, tige de fer; édifices de fer; porte, portière de fer.
2. P. méton. Pièce manufacturée, objet en fer ou en métal ayant l'apparence du fer. Le bruit du talon des bottes à fer que l'inconnu faisait un peu trop sonner au goût d'Oscar lui retentissait jusqu'au cœur (BALZAC, Début vie, 1842, p. 341).
a) Partie d'un instrument, d'un outil, qui est en fer ou en un métal ayant l'apparence du fer.
— Fer de lance. Et l'aïeul Semble, droit et glacé parmi les fers de lance, Avoir déjà pris place en l'éternel silence (HUGO, Légende, t. 2, 1859, p. 544). Tantôt le chapeau de Véronique figurait un fer de lance en satin vieil or déposé sur un plateau de velours noir, on ne sait pour percer quel cœur monumental (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p. 62).
♦ Au fig. [En parlant de choses] Ce qui, dans un ensemble, est le plus dynamique, le plus important. Le modélisme était le fer de lance de l'exposition ferroviaire (La Vie du Rail, 15/1/67 ds GILB. 1971). [En parlant de pers.] Celui (ceux) qui est (sont) le(s) plus actif(s), le(s) plus combatif(s). Les étudiants sont supposés être le fer de lance du progrès (Le Monde, 16/1/68ds GILB. 1971).
♦ Loc. En fer de lance. Dont la forme rappelle celle d'un fer de lance. Feuilles, grille en fer de lance; nez en fer de lance. C'était des bombes de dix kilos : un éclatement rouge en fer de lance, et de la fumée dans les champs (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 517). P. anal. En fer de hache. Dont la forme rappelle celle de la partie en fer d'une hache. Et quand ce dernier lui-même [Robespierre], soigneusement poudré, avec son profil en fer de hache (...) se mit en tête d'offrir un bouquet à l'Être Suprême (...) les vieux Jacobins secouèrent la tête (NERVAL, Illuminés, 1852, p. 402).
b) Dans le lang. soutenu, p. méton. Toute arme tranchante, toute arme blanche. Le fer au poing, le fer de l'assassin, frapper avec le fer. On tourne la virole ainsi et puis on donne le coup comme cela; de bas en haut, le fer entre mieux (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 275). Une poitrine où le fer s'enfonce (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 162).
♦ Souvent littér. Lame. Il (...) visa un instant, le couteau levé (...) et enfonça le fer dans la nuque du fauve (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 545). V. aimé ex. 13.
— Locutions
) Engager, croiser le fer. Se battre (à l'épée). On ne croise pas le fer avec un traître (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 425). Je vous administrerais d'abord une paire de claques, et soignées, puis nous irions croiser le fer dans la forêt de Chantepie (PROUST, Sodome, 1922, p. 979). Un homme du Moyen Âge croisait le fer pour une peccadille (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 136).
) Vx et au fig. [Dans les loc. évoquant la guerre, les violences de la guerre, ou la cruauté et la violence en gén.] Par le fer et par le feu, pays de fer et de feu, monde de fer et de sang. Enfin il résolut (...) de prendre du service en Saxe, contre la Pologne, ne fût-ce que pour porter le fer et le feu dans le château de Marie (FRANCE, Génie lat., 1909, p. 219). Mais si l'Europe absurde que vous avez faite ne devait retrouver son ordre que par le fer et par le sang, vous seuls encore en seriez responsables (GUÉHENNO, Journal « Révol. », 1938, p. 266) :
• 13. Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang.
PRÉVERT, Paroles, 1946, p. 238.
) Tourner le fer dans la plaie. Synon. remuer le couteau dans la plaie (Cf. couteau A 1 d). Le départ de Julien fut connu dans la ville, et les amis de M. Creton Du Coche vinrent l'en avertir en lui faisant compliment; c'était tourner le fer dans la plaie (CHAMPFL., Bourgeois Molinch., 1855, p. 283).
c) Objet (en particulier outil) composé entièrement ou partiellement de fer ou d'un métal ayant l'apparence du fer.
) Fer à + verbe. Fer à glacer, fer à souder, fer à marquer le drap, fers à dorer (Ac.).
— Fer à repasser. Vieille femme aux traits durcis, courbée sur son fer à repasser (ARLAND, Ordre, 1929, p. 421). Si j'étais mariée, je tiendrais pas une heure entre le pot-au-feu et le fer à repasser. Faudrait que je cavale (AYMÉ, Cléramb., 1950, III, 2, p. 143).
♦ P. ell., fer. Regardez-moi ce devant de chemise, il est brûlé, le fer a marqué sur les plis (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 640). Il porte un veston qui lui moule la taille, un pantalon avec un pli au fer (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 215). Prends tes fers, Annie. On en a jusqu'à minuit à repasser (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 215).
♦ Un coup de fer. Un repassage rapide. Une jaquette de vingt-cinq francs (...) aussi fort que le drap, plus durable même. Quand il a plu, un coup de fer la remet à neuf (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 288).
♦ Au fig. ,,Mettre les fers au feu. Commencer à s'occuper sérieusement d'une affaire`` (Ac.).
— Fer à friser, p. ell. fer. Il s'attristait de trouver des bigoudis sur sa table à écrire, et de voir ses manuscrits brûlés par des fers à friser (FRANCE, Orme, 1897, p. 159). Une moustache retroussée au fer, agressive (MARTIN DU G., Thib., Consult., 1928, p. 1081). À bientôt le retour (...) des coiffures au petit fer, comme celle de feue la reine Alexandra (MORAND, Londres, 1933, p. 75).
) Fer + compl. prép.
— Fer + compl. prép. à. Fer à crêpes, à gaufres, à moustache.
♦ Fer à cheval. Bande de métal, généralement en forme de demi-cercle, dont on garnit le dessous des sabots de certains équidés. Une table couverte de registres crasseux et de vieux fers à cheval qui servaient de presse-papier (FRANCE, Mannequin, 1897, p. 311). En fer à cheval. Qui a la forme, dont la disposition rappelle la forme d'un fer à cheval. Table en fer à cheval. Une épingle de cravate en fer à cheval (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 184).
P. ell., fer. Mettre un fer à un mulet, à un âne (Ac. 1835-1932). Les quatre fers en l'air. L'âne culbuta, les quatre fers en l'air puis se roula sur le dos (ZOLA, Terre, 1887, p. 357). Fam. [En parlant d'un homme] Il a failli me flanquer les quatre fers en l'air! (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 1re part., 2, p. 21). Marie-Anne donna une secousse si brusque qu'il s'étala, les quatre fers en l'air (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 199).
Loc. fig. Faire feu des quatre fers.
— Fer + compl. prép. de. Fers de relieur, p. ell. fers. Instrument servant à faire des empreintes sur la reliure. Un petit album magnifiquement relié avec les armes de la famille frappées avec des fers froids sur les deux côtés de la couverture (STENDHAL, Rom. et nouv., t. 1, 1842, p. 108). Relieur appliquant des fers sur le cuir (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 94).
— Fer + compl. prép. à/en. Fer à/en T, en I, en U; fer à double T. Poutre métallique profilée en forme de T, de I, de U. On fait des clôtures très économiques au moyen de cornières formant lisses qui sont fixées à des poteaux en vieux rails ou en fers à double T (BRICKA, Cours ch. de fer, t. 1, 1894, p. 276). Les fers en I ou en T utilisés par l'homme dans ses constructions (PLANTEFOL, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 284). V. équerre B 1 citat. Viollet-Le-Duc :
• 14. Les charpentiers américains n'ont pas de rivaux dans l'art de construire ces ponts (...). Ces constructions audacieuses ne sont renforcées ni par des croix de Saint-André ni par des fers en T.
Elles ne tiennent que par quelques poutrelles et quelques chevilles (...)
Et c'est un tout...
CENDRARS, Du monde entier, Documentaires, 1924, p. 131.
) Fer (rouge). Pièce de fer chauffée au rouge. Marquer au fer; fer à marquer les moutons. Si les caustiques ne suffisent pas, si les accidents marchent, une fois la gangrène produite, le fer rouge deviendra votre unique ressource (TROUSSEAU, Hôtel-Dieu, 1895, p. 214) :
• 15. Mes mignons, vous avez de la chance de tomber sur un homme du monde. Certains de mes collègues vous font appliquer un fer rouge sur les côtes afin de vous délier la langue. Moi, je n'en viendrai là qu'à la dernière extrémité.
CAMUS, Révolte Asturies, 1936, IV, p. 431.
— P. métaph. et/ou au fig. Ce qui blesse à vif; ce qui marque à la manière d'un fer rouge. Marquer, tracer au fer rouge. La création toute entière appartient au poète (...) sa plume est (...) un fer rouge (...)! honte et malheur à ceux qui méritent qu'il les marque! (DUMAS père, Napoléon, 1831, préf., p. 8). Par des considérations très vagues sur le grand écrivain qui marqua d'un fer rouge, disait-il, le front des tyrans (FRANCE, Chat maigre, 1879, p. 210). La blette parole du prêtre Me fouaillait la mémoire, Elle traçait au fer rouge Toute la zone du remords (JOUVE, Trag., 1922, p. 41).
♦ Loc. fig. Porter le fer rouge dans la plaie. V. affliger ex. 13.
) Au plur.
— Synon. de forceps. Accoucher avec les fers (Ac. 1932). Eh bien! moi, je m'accouche avec les fers, et l'enfant, quand même, me semble une horreur (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 286). V. appliquer ex. 6.
— Synon. de chaînes, menottes. Être aux fers; être dans les fers; on lui mit les fers aux pieds et aux mains (Ac.). Rien que la honte de passer chargés de fers, car on leur avait mis les menottes [à Tartarin et Pascalon], devant les matelots et les midships (A. DAUDET, Port Tarascon, 1890, p. 265).
♦ P. métaph. Aucun d'eux n'a eu la poigne nécessaire pour briser ses fers (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 100). Dès le premier regard que nous échangeâmes, je sentis que j'avais les fers aux pieds (...). Ce fut un amour noir, dévorant (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 200) :
• 16. S'ils [les hommes] étaient nés médiocres et serviles, le génie même se faisait médiocre, en passant par leurs âmes, et le cri d'affranchissement du héros brisant ses fers devenait le contrat de servitude des générations à venir.
ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 447.
♦ P. méton., vieilli. (Condamnation aux) travaux forcés, (à la) prison; en partic. peine de discipline dans la marine. Jeter quelqu'un dans les fers, le retenir dans les fers (Ac.). Mettre aux fers. Il y a beaucoup de meurtres de cette espèce, sans préméditation. La punition est de vingt ans de fers (TAINE, Voy. Ital., t. 1, 1866, p. 95). L'affaire se réglera par une simple punition disciplinaire. Huit jours de fers, et ce sera tout (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 159).
Rem. On relève ds la docum. un emploi au sing. Cabanis condamné à huit années de fer pour avoir expédié des faux passeports (STAËL, Lettres L. de Narbonne, 1793, p. 121).
♦ Au fig. État d'oppression, esclavage. L'Afrique entière tombée dans les fers (CHATEAUBR., Itinér. Paris Jérus., t. 2, 1811, p. 239).
Rem. On relève ds la docum. l'expr. river le fer, v. chaîne ex. 10.
C.— Loc. adj. De fer. Qui rappelle le fer.
1. Qui rappelle le fer par sa couleur.
a) Subst. + de fer. Ciel (couleur) de fer. Un ciel bas, couleur de fer, pesait sur les maisons muettes (GENEVOIX, Marcheloup, 1934, p. 256). Il fait un signe de tête vers le ciel de fer (...) « C'est l'hiver, dit-il (...) » (GIONO, Eau vive, 1943, p. 109).
b) Adj. ou n. de couleur + de fer
♦ Bleu de fer. Boules bleu de fer des hortensias (ARNOUX, Écoute, 1923, p. 169). La route, d'un bleu de fer sous l'aube et sous la pluie (COLETTE, Jumelle, 1938, p. 152).
♦ Gris de fer. Son poil (...) passé du gris de fer au blanc d'argent (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 334). Des gris de fer violacés, des gris clairs sales et jaunâtres (DU BOS, Journal, 1928, p. 133). Vaste muraille gris de fer qui barrait la cour (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 105).
Rem. On relève ds la docum. des emplois en appos. à un adj. ou à un n. de couleur, gris(-)fer. Cheveux gris-fer. Une moustache courte et rude, gris fer, coupait la figure en deux (MARTIN DU G., Thib., Consult., 1928, p. 1100). V. bariolure ex. 2.
2. Au fig. Qui a la dureté, la résistance du fer.
a) [En parlant des qualités physiques et/ou morales de l'homme]
— Homme de fer. Homme d'une solidité, d'une résistance à toute épreuve. Âpre au travail, ardent dans ses convictions, absolu dans ses jugements, un homme de fer au moral et au physique (HALÉVY, Carnets, t. 1, 1908, p. 172). Le duc est enfin mort. Cet homme de fer semblait éternel (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 215).
♦ Verbe + de fer. Étre de fer. Pour être (...) un chef qui tient sa place, il faut être de fer. La valeur professionnelle et toutes les qualités morales seront inutiles, si on n'est pas de fer (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 322).
— [En parlant de l'état physique en gén.] Résistant, vigoureux. D'une santé de fer, elle survécut non seulement à son mari, mais aussi à son fils aîné (GIDE, Si le grain, 1924, p. 376). Les médecins s'écrièrent qu'il était sauvé (...) lui dirent qu'il fallait qu'il eût une constitution de fer (NIZAN, Conspir., 1938, p. 248).
— [En parlant du corps ou d'une de ses parties]
♦ Corps, estomac de fer. Corps, estomac résistant. C'est un corps de fer. Il avait un estomac de fer. Toute la force de l'homme est là... (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 249).
♦ [P. allus. à un instrument en fer] Main de fer. Main ferme comme un instrument de fer. Picaud songeait à sortir des Tuileries quand une main de fer le saisissant au col le jeta lui-même par terre (DUMAS père, Comte Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 792). Bras de fer, v. bras I B 2 a.
b) [En parlant (du caractère) de l'homme, de ses qualités morales]
— Homme de fer. Homme dur, homme intransigeant. Un Dubourg ne s'achète pas; il demeure de fer, inflexible dans ses opinions (ARNOUX, Roi, 1956, p. 289).
— [En parlant d'une qualité] Inflexible, inébranlable. Volonté de fer. On devinait une ténacité de fer dans ce corps fragile (MARTIN DU G., Thib., Sorell., 1928, p. 1227).
Rem. La docum. atteste en ce sens a) L'expr. âme de fer. Il y a une âme de fer dans ce pauvre petit corps si frêle et si délicat (DUMAS père, op. cit., p. 701). b) La loc. croire dur comme fer. Croire fermement. Il suffit que quatre pelés et deux tondus vous disent une chose en l'air pour que vous la croyiez dur comme fer!... (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 275). V. croire III A 2 a.
c) Dans le domaine du commandement, des relations d'autorité.
) [En parlant d'éléments imposant l'obéissance, la soumission, etc.]
♦ Implacable, inflexible. Ils sont (...) soumis à une discipline de fer, sous le coup de punitions terribles (VERNE, Île myst., 1874, p. 431). La loi de la puissance est une loi de fer (ALAIN, Propos, 1925, p. 667). La règle de fer des États est de ne donner rien pour rien (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 4).
♦ (Avoir une) main, (une) poigne de fer. (Commander avec) autorité et intransigeance. Comment, sans une poigne de fer, conduire une armée de près de cent hommes (HUYSMANS, Oblat, t. 1, 1903, p. 12). Richelieu avait demandé beaucoup au pays et tout ce qui avait été contenu sous sa main de fer se libéra sous Mazarin (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 216).
♦ Loc. Une main de fer dans/sous un gant de velours. Une autorité rigoureuse sous une apparence douce. Il aperçut la main de fer sous le gant de velours; la personnalité, l'égoïsme, sous les manières; le bois, sous le vernis (BALZAC, Goriot, 1835, p. 137). Un homme charmant ce Dauvergne (...) une main de velours, la grâce, la fleur même de ce ministère acclamé, dont le terrible Monferrand était la poigne de fer (ZOLA, Paris, t. 2, 1897, p. 174).
) Emplois spéc.
— HIST., MYTH. Âge, siècle de fer. Époque de violence, de guerre succédant à l'âge, au siècle d'airain. C'était le temps où, en France, nous étions en plein âge de fer, en pleine barbarie, et où, après l'agonie des derniers Carolingiens, une monarchie rude s'ébauchait sous Hugues Capet et le roi Robert (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 1, 1850, p. 551). Jean-Jacques (...) ne pouvait marcher au pas de ces grands bourgeois pressés qui se démenaient dans ce siècle de fer. Il ne cesserait jamais pour lui de rêver du siècle d'or (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 92). V. airain ex. 9.
— Dans les domaines milit., pol.
♦ Le 20e corps est le corps d'armée de Nancy qui comprend la 11e division de Nancy (la fameuse division de fer) et la 39e de Toul (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1916, p. 195). Renforcer le noyau communiste de l'armée de fer (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 280). La ligne de fer se rapprochait d'Herlem (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 387).
♦ P. métaph. Talon de fer. Le Talon de fer, c'est le terme énergique par lequel Jack London désigne la ploutocratie (F. LACASSIN, Introduction au Talon de fer de Jack London, Paris, Hachette, 1973, p. 7).
REM. Fer(-)chaud, (Fer chaud, Fer-chaud)subst. masc., rare. Cautère; pyrosis. Brûlure, empreinte au fer chaud. Le peuple français (...) battu de verges et marqué d'un fer chaud pour un jurement (...) se mit en tête de demander des comptes à la monarchie (HUGO, Nap. le Pt, 1852, p. 137). Instruments de grand patron, parfois bordés d'ivoire et marqués de ses initiales au fer chaud à l'intérieur (GRILLET, Ancêtres violon, t. 2, 1901, p. 201).
Prononc. et Orth. :[]. Enq. : //. Homon. faire, ferre. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. Fin Xe s. « épée » (Passion de Clermont, éd. D'Arco Silvio Avalle, 158); 2. ca 1100 « partie métallique d'une arme, d'un instrument » (Roland, éd. J. Bédier, 3154); 3. a) 1174-87 plur. « menottes, chaînes » (CHR. DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 2516); b) 1552 fig. « esclavage » (RONSARD, Amours, LXV, 2 ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 4, p. 66); 4. a) 1176-81 « fer à cheval » (CHR. DE TROYES, Chevalier au lyon, éd. M. Roques, 753); b) 1760 zool. fer-à-cheval (BUFFON, Hist. nat., Quadrupèdes, II, La Chauve-souris, 258 ds QUEM. DDL t. 15); 5. a) 2e moitié XIIIe s. « outil, instrument en fer, en métal » (Oustillement au villain, 77 ds A. DE MONTAIGLON et G. RAYNAUD, Recueil de fabliaux, t. 2, p. 150); b) 1660 spéc. « fer à repasser » (Nouv. archives de l'art fr., 1874, 19 : fer à unir le linge). B.1. Ca 1100 « métal » (Roland, éd. J. Bédier, 3663); 2. 1225-30 fig. de fer « très robuste, très fort » (G. DE LORRIS, Rose, éd. F. Lecoy, 2579). C. 1279 dr. bêtes de fer, cheptel de fer (LAURENT, Somme, ms. B. N. fr. 943, f° 19 r° ds DG : bestes [...] de fert). Du lat. class. ferrum « fer; épée, objet en fer; chaînes ». C expr. jur. qui existe en hébr. mishnaïque (IIe s.) : 'n-barzel (mot à mot « petit bétail ['n] de fer [barzel] ») pour désigner des biens que le preneur est tenu de restituer dans leur intégralité à l'expiration du bail (Traité Baba Meçia 8, 6 d'apr. A. EVEN-SHOSHAN, Millon , Jérusalem 1966). Cette expr. existe également en m. b. all. : îser(e)nkô (îseren = all. mod. eisern « de fer » et kô = all. mod. Kuh « vache »; d'apr. LASCH-BORCHL.). Fréq. abs. littér. :8 879. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 11 984, b) 17 305; XXe s. : a) 13 429, b) 10 184. Bbg. CHERPACK (C.-C.). Gold and iron in Voltaire's Alzire. Mod. Lang. Notes. 1959, t. 74, pp. 629-633. — LEONARD (C.-S.). Strong(R) and weak(r)in Gallo-Romance. Rom. Philol. 1965, t. 18, pp. 296-299.
1. fer [fɛʀ] n. m.
ÉTYM. 1080, « arme blanche »; du lat. ferrum. → Ferri-, ferro-.
❖
———
I (Le fer, du fer).
1 Chim. Métal blanc grisâtre (symb. Fe; numéro at. 26, p. at. 55,847, dens. 7,8 environ), ductile, malléable, fusible à 1 535° (fer pur ou fer doux). || La partie centrale de la Terre serait constituée en grande partie de fer. || Minerais de fer (⇒ Ferrifère, sidérolithique) : sesquioxyde anhydre (fer oligiste, ocre rouge, hématite rouge, ferret d'Espagne); sesquioxyde de fer ou fer limoneux (⇒ Limonite), fer oolithique, hématite brune; oxyde de fer magnétique (⇒ Magnétite); carbonate de fer ou fer spathique (⇒ Sidérose); sulfure (⇒ Pyrite) et bisulfure (⇒ Marcassite) de fer; fer arsenical (⇒ Mispickel); fer chromé (⇒ Chromite); fer nickelé, etc. || Minerai de fer lorrain. ⇒ Minette. || Fer météorique, parfois allié au cobalt. || Eau contenant des sels de fer. ⇒ Ferrugineux. || Certains végétaux (épinards…) contiennent des sels de fer.
♦ Mine de fer, gisement de fer; extraction du fer. || Pays producteur de fer. || Industries du fer. ⇒ Métallurgie, sidérurgie, sidérotechnie; et aussi affinage, castine, coke, créma, fondant, four, fourneau (haut), puddlage. || Alliages de fer. ⇒ Acier, fonte. || Conversion du fer en acier. ⇒ Aciération, carburation, cémentation. || Usine où l'on traite le fer : fonderie de fer. || Préparation électrolytique du fer; fer électrolytique.
♦ Propriétés physiques du fer : résistance, solidité du fer. || Fer cassant, fer aigre (⇒ Rouverin), par oppos. à fer doux. || Défaut dans le fer (⇒ Paille). || Fer pailleux. — Propriétés magnétiques du fer. || L'aimant attire le fer (→ Attirable, cit.; attraction, cit. 4).
♦ Principaux composés du fer : chlorure ferreux (FeCl2), ferrique (Fe2Cl6); protosulfure (FeS), bisulfure (FeS2) de fer; protoxyde (FeO), oxyde magnétique (Fe3O4), sesquioxyde (Fe2O3; ⇒ Colcotar), trioxyde (FeO3; ⇒ Aétite) de fer. Sels ferreux : azotate, carbonate, phosphate, sulfate ferreux (FeSO4 : vitriol vert, couperose verte); sels ferriques (ex. : sulfate ferrique Fe2(SO4)); ferrates. ⇒ Ferreux, ferrique, ferro-.
2 Fer allié au carbone (acier, fonte) ou à divers métaux. || Protection du fer contre la rouille par enduit au minium, étamage (fer étamé; ⇒ Fer-blanc), zingage (fer galvanisé), oxydation à haute température (brunissage), formation de phosphates basiques à sa surface (parkérisation), etc.
♦ Travail, utilisations du fer (jamais chimiquement pur). || Battre le fer. ⇒ Battre (cit. 9 et supra); 2. cingler (II.), corroyer, forger. || Fer battu, corroyé, forgé. || Fer écru, mal corroyé. || Trempe du fer. || Fer qui se gauchit, s'envoile quand on le trempe. — Fer réduit en fils (⇒ Tréfilerie), en lames minces (⇒ Tôle; laminage). || Forge où l'on réduit le fer. || Bande de fer. ⇒ Feuillard. || Débris de fer. ⇒ Ferraille, riblon. || Copeaux, parcelles de fer. ⇒ Limaille, paille (de fer).
1 Il est difficile de conjecturer comment les hommes sont parvenus à connaître et employer le fer; car il n'est pas croyable qu'ils aient imaginé d'eux-mêmes de tirer la matière de la mine, et de lui donner les préparations nécessaires pour la mettre en fusion avant que de savoir ce qui en résulterait.
Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, II.
♦ Objets, instruments en fer, de fer. ⇒ Ferraille. || Garniture en fer. ⇒ Ferrement, ferrure; ferré. || Clou, crampon, crochet de fer. || Pièces de fer d'un assemblage, d'une charpente. ⇒ Cornière, couplet, I. (ou patte de fer), fenton. || Construction en fer; emploi du ciment (cit. 3) et du fer. || Grille, balcon de fer forgé. ⇒ Ferronnerie. || Volet, contrevent (cit. 2) de fer. ☑ Rideau de fer (propre et fig.). || Châssis en fer. || Cage (cit. 1) de fer. || Récipients, ustensiles en fer (⇒ Chaudronnerie, quincaille, quincaillerie). || Casserole de fer battu. ☑ Le pot (cit. 3 et 4) de fer et le pot de terre. || Casque de fer. || La couronne de fer des rois lombards. || L'homme au masque de fer. || Armure formée de lames de fer. ⇒ Barde. || Homme d'armes, cheval bardé de fer. ⇒ 2. Barder (cit.).
2 L'escalier de pierre était obscur, affaissé par endroits, odorant et vétuste; mais large et orné d'une rampe de fer ouvragé.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 91.
♦ Fil de fer. ⇒ Fil.
♦ Fer blanc. ⇒ Fer-blanc.
♦ ☑ Loc. (pour désigner les rails). Vx. Ligne de fer, voie de fer. — Mod. || Chemin de fer. ⇒ Chemin de fer.
2.1 Tout l'horizon du nord et de l'est était couvert par cette immense courtine semi-circulaire, qui forme la portion septentrionale des Rocky-Mountains, dominée par le pic de Laramie. Entre cette courbure et la ligne de fer s'étendaient de vastes plaines, largement arrosées. Sur la droite du rail-road s'étageaient les premières rampes du massif montagneux (…)
J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, p. 248.
♦ Chemin de fer. || Transport par fer et par mer, par fer et par route (⇒ Ferroutage).
♦ Loc. || De fer : couleur de fer (2.), d'acier. ⇒ Acier. || Un ciel de fer. Par appos. || Gris-fer.
3 (…) un corsage de lainage sombre sur une jupe gris-fer (…)
Zola, la Terre, II, VI.
➪ tableau Désignations de couleurs.
♦ Âge du fer : période de la protohistoire qui voit l'apparition de la métallurgie du fer, qui succède à l'âge de bronze (vers l'an 1 000 avant J.-C.).
♦ ☑ Loc. fig. Il faut battre le fer quand il est chaud. — ☑ Vx. Il userait du fer, se dit d'une personne qui use exagérément ses vêtements, etc. ☑ Il digérerait du fer : il digérerait n'importe quoi. — Vx. || Cet homme est une barre de fer. ⇒ Barre, cit. 2 et 3.
REM. Dans son acception propre, fer n'est utilisé au pluriel que dans la langue scientifique et technique, et en terme de commerce ou d'industrie, pour désigner les diverses qualités de fer, etc. La qualité des fers lorrains.
3 Sels de fer. || Les épinards contiennent du fer. || Cette eau contient du fer. || Faire prendre du fer à un malade.
4 (…) on donne de la viande crue et du fer aux sangs pauvres (…)
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », VI, p. 144.
➪ tableau Noms de remèdes.
4 ☑ Fig. De fer. ⇒ Fort, résistant, robuste, vigoureux. || Avoir une santé, un tempérament de fer. || Être de fer, d'une solidité, d'une résistance à toute épreuve. || Avoir un bras, une main, une poigne de fer (→ Domestique, cit. 8). ☑ Loc. Bras de fer. ☑ Une main de fer dans un gant de velours.
5 Il faut se bien porter pour être héros : tous ceux de l'antiquité avaient une santé de fer.
Voltaire, Lettres, À Le Kain, 2 mars 1767.
6 (…) le colonel avait un poignet de fer, et flexible comme un ressort d'acier.
Balzac, la Rabouilleuse, Pl., t. III, p. 1084.
6.1 — C'est un homme vigoureux ?
— Sire, il peut supporter jusqu'aux dernières limites le froid, la faim, la soif, la fatigue.
— Il a un corps de fer ?
— Oui, Sire.
— Et un cœur ?…
— Un cœur d'or.
J. Verne, Michel Strogoff, p. 32 (1876).
♦ Très dur. || Bois de fer : casuarina. || Tête de fer. ⇒ Opiniâtre, têtu. → De bois. || Cœur de fer. ⇒ Impitoyable; → D'airain, de bronze (cit. 6), de pierre. || Caractère, volonté de fer. ⇒ Inébranlable, inflexible (→ Brûler, cit. 43). || Discipline de fer. || Gouverner avec un sceptre de fer. || Joug de fer. — Le Chancelier de fer, nom donné à Bismarck.
7 Ils ont accepté les exigences de la standardisation, le labeur ingrat, anonyme, la discipline de fer.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, XV.
♦ Mythol. || Siècle de fer, âge de fer : période de violences, de guerre qui succède à l'âge d'airain, dans la mythologie.
8 (…) un siècle de fer, moins capable d'humanité que ne l'étaient les sociétés du moyen âge.
G. Duhamel, Inventaire de l'abîme, IV.
———
II (Un fer). Objet, instrument en fer, et, par ext., en acier, etc.
1 Partie en fer, partie métallique (d'un instrument, d'une arme…). || Le fer d'une charrue : le soc. || Un fer de bêche, de pioche; le fer d'une pioche. || Fer d'aiguillette, de lacet. ⇒ Ferret. || Fer d'un hameçon. — Le fer d'une lance, d'un javelot, d'une flèche. ⇒ Pointe (→ Angon, cit.; armure, cit. 4.1). || Barbillons du fer d'une flèche, destinés à empêcher son extraction.
9 Un autre objet fort important sont les fers de charrue; on ne saurait croire combien la mauvaise qualité du fer dont on les fabrique fait du tort aux laboureurs.
Buffon, Hist. nat. des minéraux, Du fer, in Œ. compl., t. X.
♦ Objet en fer de lance, pointu (→ Écusson, cit. 1). — ☑ (1964, in D. D. L.). Fig. Le fer de lance d'une armée, l'unité d'élite, la troupe de choc. || Le fer de lance d'une organisation, l'élément le plus combatif, le plus dynamique.
♦ En appos. (rare et littér.) :
9.1 Sans doute, devrais-je traiter pareillement cette vérité fer de lance; dont, poète, je suis en quête depuis si longtemps : ne pas en discourir, mais travailler, sur l'heure, à provoquer et capter son étincellement.
Michel Leiris, Frêle bruit, p. 149.
♦ Lance à fer émoulu. — ☑ Loc. fig. (vx). Se battre à fer émoulu. ⇒ Émoulu (cit. 1). — Fer aigu, tranchant; fer mousse.
2 Objet en fer, en métal. || Fer à, en T, en U, en I : barre de fer profilée en forme de T, d'U, d'I utilisée dans les constructions métalliques. || Fer à double T.
♦ Instrument en fer servant à donner une forme, à faire empreinte. || Fer à… (et subst. ou inf.). || Fer à gaufrer les étoffes (⇒ Gaufroir), à tuyauter. || Fer à lisses : outil de cordonnier. ⇒ Lisse. — Fer à gaufre (⇒ Gaufrier).
♦ Fers de relieur : instruments servant à faire des empreintes sur le cuir, à froid ou à chaud. || Reliure aux fers. — Petits fers (de relieur). Par ext. Motif d'ornementation frappé sur la reliure. || Décor à petits fers.
♦ Fer à repasser, et, absolt, Fer : instrument en métal, à base plane, muni d'une poignée et destiné à repasser le linge (→ Chemise, cit. 3). || Gros fer de tailleurs. ⇒ Carreau. || Fer en fonte. || Fer creux, que l'on remplit de braises. (1907, in Rev. gén. des sc., no 21, p. 858) || Fer électrique. || Brancher le fer. — Coup de fer : repassage rapide. || Donner un coup de fer à une chemise.
10 Elle restait là devant le poêle à réfléchir, puis elle choisissait un fer et elle revenait à la table de repassage.
J. Giono, Jean le Bleu, p. 245.
10.1 Grandgil, qui n'avait pourtant pas son intelligence — un garçon épais, sans manières et pas plus de conversation qu'un fer à repasser.
M. Aymé, le Vin de Paris, « La traversée de Paris », p. 46.
♦ ☑ Loc. Nager comme un fer à repasser : ne pas savoir nager, être sujet à couler à pic.
♦ Fer à friser : instrument qu'on applique chaud sur les cheveux pour les friser. || Friser au petit fer. ⇒ Calamistrer (→ Bichonner, cit.). || Moustache retroussée au fer (→ Agressif, cit. 9).
♦ Fer rouge : tige de fer que l'on porte au rouge. || Marquage des bœufs au fer rouge. ⇒ Ferrade. || Brûler (cit. 24) comme un fer rouge. — On marquait certains condamnés au fer rouge. ⇒ Fleurdeliser. ☑ Fig. Porter le fer rouge sur une plaie, dans une plaie : employer un remède hardi, énergique contre un mal.
11 Oh Jésus, Jésus, redescends donc pour chasser les vendeurs du temple ! Et que les lanières dont tu les cingleras soient faites de boyaux de tigres ! (…) Qu'elles les brûlent comme des fers rouges !
Flaubert, Correspondance, 429, 26 sept. 1853.
12 (…) il opère une réforme sociale, en portant hardiment le fer rouge dans cette vieille plaie des sociétés antiques, le problème des dettes (…)
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, p. 305.
3 a Dans des locutions. L'arme blanche, à l'escrime. ⇒ Épée, fleuret. || Engager le fer. ☑ Croiser le fer. ⇒ Escrimer. — ☑ Loc. fam. Battre le fer : se battre fréquemment à l'épée, s'exercer à l'escrime. || Batteur (cit. 2) de fer. ⇒ Ferrailleur. Fig. et vieilli. || C'est à force de battre le fer qu'il est parvenu à ce degré d'habileté (Littré), à force de s'exercer.
♦ Par ext. || Le fer du chirurgien. ⇒ Bistouri, scalpel. || Porter le fer dans les tissus. — Spécialt. || Le fer (vieilli); les fers. ⇒ Forceps. || Accouchement avec les fers.
13 J'ai coûté la vie à ma mère en venant au monde; j'ai été tiré de son sein avec le fer.
Chateaubriand, René.
14 Louis (…) fut amputé le matin même. Le docteur dut porter le fer bien au-dessus du genou et mener l'opération très vite (…)
G. Duhamel, Salavin, Tel qu'en lui-même, XXX, p. 491.
♦ Poét. Arme tranchante, arme blanche. ⇒ Couteau, épée, poignard. — ☑ Fig. (vx). Porter le fer et le feu dans un pays, y porter les dévastations de la guerre. ☑ Par le fer et par le feu : par les moyens les plus radicaux, les plus violents; par la guerre.
15 La civilisation a été imposée à nos ancêtres par le fer et par le feu et elle a été payée par beaucoup de sang. Elle nous a été apportée par la violence.
J. Bainville, Hist. de France, I, p. 14.
b ☑ Argot. Un mauvais fer : un individu sournois ou lâche, dangereux (probablt métaphore du combat à l'arme blanche). Cf. cit. Boudard, in Cellard et Rey, art. Mauvais fer.
4 Bande de métal formant semelle. a Fer ou Fer à cheval : demi-cercle ou sole de métal utilisée pour garnir le dessous des sabots des animaux de selle, de bât ou de trait (équidés; bœufs de labour, etc.). || Mettre, changer un fer à un cheval, un mulet. ⇒ Ferrer, ferrure, maréchal-ferrant. || Parties du fer à cheval. ⇒ Crampon (cit. 2), 2. éponge, étampure, mamelle, quartier, pince, rivet, talon. || L'ajusture du fer à cheval. || Les branches d'un fer. || Des fers en acier. || Des fers à cheval. — Le fer à cheval, symbole de chance. || Petit fer à cheval porte-bonheur.
♦ ☑ Loc. Cheval qui tombe les quatre fers en l'air, sur le dos, à la renverse. Fig. et fam. || Il a glissé et il est tombé les quatre fers en l'air. || Il en est tombé les quatre fers en l'air (d'étonnement).
16 (…) l'âne culbuta, les quatre fers en l'air, puis se roula sur le dos et se mit à braire si fort, qu'il semblait se foutre de tous les personnages qui le regardaient.
Zola, la Terre, IV, IV.
16.1 C'est de la sorte qu'il (Thomas) lia connaissance avec le colonel Jocaste. Ce colonel, en lisant le nom de Fontenoy, tomba les quatre fers en l'air. Il entraîna Guillaume dans son trou, et, comme il était cinq heures, le pria d'y prendre le thé.
Cocteau, Thomas l'imposteur, p. 107.
♦ ☑ Faire feu des quatre fers, se dit d'un cheval qui court vite, et fait étinceler les quatre fers sur le pavé. Fig. Se démener beaucoup pour réussir.
♦ ☑ Vx. Ne pas valoir les quatre fers d'un chien : ne rien valoir du tout.
16.2 C'est comm' les curés : Des Jean-fesse,
Un tas d' clients qui foutent rien
Que d' licher du pive (vin rouge) à la messe (…)
Ça vaut pas les quat' fers d'un chien.
A. Bruant, Dans la rue, p. 194.
♦ ☑ En fer à cheval : en forme de demi-cercle outrepassé. || Escalier en fer à cheval : escalier à double révolution en forme de fer à cheval. || Table, aimant; chute d'eau en fer à cheval (→ Courber, cit. 17). || Arc en fer à cheval : arc outrepassé, fréquent dans l'art musulman. — Ellipt. || Un fer à cheval : fortification, escalier, courbe en fer à cheval.
17 Besançon est une ville assise dans l'intérieur d'un fer à cheval décrit par le Doubs.
Balzac, Albert Savarus, Pl., t. I, p. 822.
♦ (D'autres animaux). || Mettre des fers à un bœuf.
b Par anal. Renfort métallique. || Les fers d'une botte, d'une chaussure (⇒ régional Arcelet; aussi crampon). || Chaussure munie de fers. ⇒ Ferré.
5 Les fers, n. m. pl. Ce qui sert à enchaîner, à immobiliser un prisonnier. ⇒ Cep (3.), chaîne, menottes. || Avoir les fers aux mains et aux pieds. || Mettre un prisonnier aux fers. ⇒ 2. Ferrement. || La peine des fers a été supprimée; elle était fréquemment utilisée dans la marine.
18 C'est Yves qui est aux fers, étendu sur les planches humides, la tête appuyée sur son coude, le pied pris dans l'anneau à cadenas de la barre de justice.
Loti, Mon frère Yves, XXXIV.
♦ Fig. et littér. ⇒ Captivité, esclavage (cit. 10). || Être dans les fers. ⇒ Captif, esclave, prisonnier. || Jeter qqn dans les fers. ⇒ Prison (→ Attacher, cit. 8; enchaîner, cit. 5). || Être chargé de fers (→ Brûler, cit. 58). || Briser (cit. 16) les fers d'un captif, le délivrer (→ Champion, cit. 5). || Dégager (cit. 9) qqn de ses fers. — Allus. littér. || Tu dors Brutus et Rome est dans les fers.
19 L'homme est né libre, et partout il est dans les fers.
Rousseau, Du contrat social, I, 1.
♦ Vx. Les chaînes de l'amour.
❖
DÉR. Féraud, ferret, ferretier, ferreux, ferrière, ferrique, ferrite, ferron.
HOM. Faire, 2. fer. — Formes du v. ferrer.
————————
2. fer [fɛʀ] n. m.
ÉTYM. 1279; probablt même mot que 1. fer par une évolution de sens obscure; l'expression existe en moyen bas all. : îser(e)nkô (îseren, all. mod. eisern « de fer », et kô, all. mod. kuh « vache »).
❖
♦ Dr. || Cheptel de fer. ⇒ Cheptel.
❖
HOM. Faire, 1. fer. — Formes du v. ferrer.
Encyclopédie Universelle. 2012.