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monsieur

monsieur , plur. messieurs [ məsjø, mesjø ] n. m.
• 1314; de mon et sieur
1Titre donné autrefois aux hommes de condition assez élevée (nobles ou bourgeois).
Spécialt Titre donné aux princes de la famille royale. Absolt (Depuis le XVI e s.) Monsieur : l'aîné des frères du roi.
2Mod. Titre donné aux hommes de toute condition. Bonjour, monsieur. Mesdames et messieurs. Pop. Bonjour messieurs dames, m'sieu dames; bonjour m'sieu [ msjø ].Monsieur le Maréchal. Monsieur le Ministre. Messieurs les jurés.
Titre qui précède le nom ou la fonction d'un homme dont on parle. Monsieur Durand est arrivé; M. Durand. Messieurs Durand; MM. Durand. Voyez monsieur le recteur. (Courtois) Mes amitiés à monsieur votre père. (En situation d'anonymat et en présence de la personne) Voyez le dossier avec monsieur. Spécialt (suivi du nom désignant la spécialité, la compétence du personnage en cause) Monsieur bons offices. médiateur.
3Titre respectueux donné à un homme par ceux qui lui parlent à la 3e personne (domestiques, vendeurs). « Elle envoyait la bonne s'enquérir [...] si Monsieur n'avait besoin de rien » (Huysmans).
4Fam. et vieilli Le mari. « Monsieur ne songe à rien, monsieur dépense tout » (La Fontaine).
5 ♦ UN MONSIEUR : un homme de la bourgeoisie, opposé au travailleur manuel, au paysan. « Ma mère veut que son Jacques soit un monsieur » (Vallès). Un monsieur comme il faut.
Homme dont on ne connaît pas le nom et dont l'aspect, les manières annoncent quelque éducation. Par ext. Un homme quelconque qualifié ( homme, type). Un vieux monsieur. Le monsieur que nous avons rencontré hier. « Un monsieur quelconque [...] ferait un discours sous un parapluie » (Guilloux).
Spécialt (avec certains adj.) Loc. Un joli, un vilain monsieur : un individu méprisable.
Lang. enfantin Homme, quel qu'il soit. Dis merci au monsieur.
(Emphat.) C'est un monsieur, un grand monsieur, un personnage éminent, remarquable.
6Sport plur. (en appos. à un n. désignant une épreuve sportive, pour indiquer qu'elle est réservée aux hommes) La descente messieurs (opposé à dames).

monsieur nom masculin (de mon et sieur) Titre qu'on donne aux hommes quand on s'adresse à eux ou quand on parle d'eux : Bonjour, monsieur. Asseyez-vous messieurs. (Abréviation : M.) Titre précédant la fonction d'un homme quand elle lui confère une certaine autorité : Monsieur le Ministre. (Abréviation : M.) Désigne la personne qui est chargée d'une fonction particulière : Monsieur Sécurité routière. Titre donné par un domestique à son maître ou à un client par un serveur : Monsieur est absent. Appellatif utilisé pour un homme, avec une valeur familière, ironique, méprisante : Messieurs les voleurs sont prévenus. Homme quelconque dont on ignore le nom : Un monsieur est venu. Individu méprisable (avec un adjectif) : Un vilain monsieur. Familier. Homme qui jouit d'une certaine autorité, influence, qui est généralement aisé ou qui cherche à en imposer : Ces messieurs de la ville. Titre du frère puîné du roi de France à partir de la seconde moitié du XVIe s. (avec une majuscule). ● monsieur (citations) nom masculin (de mon et sieur) Alfred de Musset Paris 1810-Paris 1857 Si je pouvais seulement sortir de ma peau pendant une heure ou deux ! Si je pouvais être ce monsieur qui passe ! Fantasio, I, 2, Fantasio monsieur (difficultés) nom masculin (de mon et sieur) Orthographe 1. Monsieur fait au pluriel messieurs : bonjour messieurs ! 2. Abréviations. Monsieur s'abrège en M. (et non en Mr, qui est l'abréviation de l'anglais mister) : M. Martin. M. le président. M. le professeur Berthier. - Messieurs s'abrège en MM.: MM. Martin et Leroy, géomètres-experts. MM. les jurés apprécieront. 3. Majuscule. Monsieur (madame, mademoiselle) s'écrit avec une majuscule dans les cas indiqués ci-dessous en 1o, 2o, 3o, 6o ; avec une minuscule dans les cas indiqués en 4o, 5o, 7o. Emploi (Les règles indiquées ci-dessous valent également pour madame et mademoiselle.) Abréviation. Monsieur (madame, mademoiselle) ne s'abrège que s'il est suivi d'un nom de personne ou d'une qualité. Monsieur (madame, mademoiselle) ne s'abrège jamais dans les cas suivants : 1o dans les formules de politesse de la correspondance : Recevez, Monsieur, mes sincères salutations. Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, ... ; 2o dans les adresses : Monsieur Jean-Luc Devallois 33, rue de la Pierre-à-Moulin 69130 La Ferté-Dumez. Remarque Cette règle relève plus des bienséances que de l'orthographe. Elle est de moins en moins observée dans les adresses manuscrites ; elle ne l'est plus que très rarement dans les adresses écrites par des procédés automatiques (étiquettes d'abonnements, publipostages, etc.) ; 3o dans les titres d'ouvrages : « Monsieur de Pourceaugnac », comédie de Molière ; 4o dans la transcription d'une parole adressée à quelqu'un : bonjour, monsieur (forme la plus courtoise) ; bonjour, monsieur Durand (forme familière, qui implique que la personne qui parle occupe un rang hiérarchique ou une position sociale considérés comme plus élevés que la personne à qui elle s'adresse) ; 5o lorsqu'on parle d'une personne sans la nommer par son nom : transmettez mon meilleur souvenir à monsieur votre père ; 6o lorsqu'un employé de maison parle du maître de maison (ou de la maîtresse de maison, de leur fils, de leur fille), ou lorsqu'un tiers parle de celui-ci (ou de celle-ci) à un employé de maison : je n'ai pas vu Monsieur de la journée ; Monsieur va vous recevoir dans un instant ; 7o lorsque monsieur est employé non pas comme un titre, mais pour désigner une personne : elle a rencontré un monsieur avec qui elle a sympathisé ; la valise est à ce monsieur, le sac à cette dame ; un monsieur d'un certain âge ; un monsieur bien vêtu.monsieur (expressions) nom masculin (de mon et sieur) Familier. Messieurs dames, formule par laquelle on s'adresse à un groupe de personnes.

monsieur plur. messieurs
n. m.
d1./d Titre donné par civilité à tous les hommes. Je vous prie d'agréer, Monsieur... Monsieur et madame Untel. Messieurs les jurés. (Abrév. devant un nom: M., Plur., MM.)
d2./d Titre donné par déférence à un homme à qui l'on parle à la troisième personne. Comme Monsieur voudra.
d3./d Homme de condition sociale élevée ou qui fait l'important. Des allures de monsieur.
Fam. Un vilain (ou, par antiphrase, un joli) monsieur: un homme peu recommandable.

⇒MONSIEUR, subst. masc. sing.,MESSIEURS, subst. masc. plur.
I. — [Sans déterm. (du moins au sing.)]
A.HIST. ou vx
1. [Titre employé sous l'Ancien Régime pour s'adresser avec civilité à un homme de bonne condition sociale (mais dont la position ne requiert pas qu'on l'appelle «monseigneur») ou pour le désigner] Mon oncle, monsieur le Marquis, se charge de tous les frais nécessaires pour l'installer (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p.1665). Vauquelin fut d'une grâce parfaite, il vint avec Monsieur de Lacépède, son collègue à l'Institut (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p.204).
2. HISTOIRE
a) Monsieur de + nom de diocèse. [Titre employé pour s'adresser à l'évêque du diocèse ou pour le désigner] Monsieur de Condom, Monsieur de Meaux, Monsieur de Cambrai. (Dict. XIXe et XXe s.).
b) Monsieur de + nom de ville. [Titre employé pour désigner le bourreau de la ville] Monsieur de Paris (Dict. XIXe et XXe s.).
c) Emploi abs. [Titre employé pour désigner le frère puîné du roi ou s'adresser à lui (v. madame I B 2)] La reine-mère, la reine et Monsieur, frère du roi, avaient aussi leurs musiques particulières (GRILLET, Ancêtres violon, t.2, 1901, p.48).
d) Prune de Monsieur.
e) Au plur., emploi abs. [Titre employé pour s'adresser aux membres du parlement, d'une cour de justice, d'une académie, ou pour les désigner] Un de messieurs. L'avis de messieurs (Ac.).
Messieurs de Port-Royal (p. ell. Messieurs). Tel autre raisonnait ainsi: l'hérétique n'est jamais chaste; or, ces messieurs et ces dames de Port-Royal sont hérétiques; donc... (BREMOND, Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.310).
B.Usuel
1. [Appellation employée pour s'adresser civilement à tout homme, quelle que soit sa condition ou pour le désigner] Allons, messieurs, bon voyage, dit le comte aux deux amis en leur tendant à chacun une main (DUMAS père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.557):
1. — Vous arrive-t-il de la voir passer dans la rue? C'étaient les questions rituelles, qu'il posait sans se lasser. — Écoutez, monsieur. J'ai suffisamment de travail pour ne pas m'occuper de ce qui se passe dans la rue.
SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p.150.
Au sing., pop. et fam. Mon bon/cher monsieur. Laure! Mais elle avait onze enfants, mon bon monsieur! (PAILLERON, Monde où l'on s'ennuie, 1869, II, 1, p.97). Vraiment, mon cher Monsieur, je suis vraiment las d'admirer qu'il sorte tant de choses (...) d'un cerveau qui ne les savait pas contenir (VALÉRY, Variétés IV, 1938, p.179).
a) [Suivi d'un nom ou d'un prénom] Soyez le bienvenu, monsieur Kobus, soyez le bienvenu (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p.43). M. Thibault se lamentait sur la situation (MARTIN DU G., Thib., Cah. gris, 1922, p.597).
Argot
Monsieur Lebon. Celui qui se fait arrêter par la police (sans être forcément coupable) (d'apr. FRANCE 1907, CELLARD-REY 1980).
Monsieur Jules (vx). La brigade des moeurs (d'apr. FRANCE 1907).
b) Vieilli. [Suivi d'un nom de parenté] Adieu donc, mon pauvre Carolo, embrasse pour moi monsieur mon neveu et pense à ton vieux (FLAUB., Corresp., 1864, p.134). C'est bien ennuyeux. Déjà monsieur votre oncle m'a dit à peu près la même chose (MONTHERL., Célibataires, 1934, p.890).
2. Monsieur le + subst.
a) [La pers. exerce une fonction conférant une certaine autorité ou occupe un certain rang dans la hiérarchie soc.] Monsieur le président; Monsieur le ministre; Monsieur le professeur. Veuillez agréer, Monsieur le Rédacteur, l'assurance de notre considération la plus distinguée (GONCOURT, Journal, 1860, p.697). Regardez-les, Monsieur le Maire (GIRAUDOUX, Intermezzo, 1933, I, 3, p.20). Je venais voir M. le juge, fit-elle (BERNANOS, Crime, 1935, p.835).
P. iron. Monsieur l'exécuteur des hautes oeuvres, jusqu'au revoir, dans un mois au plus tard (BOREL, Champavert, 1833, p.195):
2. ... vous autres, messieurs les pharmaciens, vous êtes continuellement fourrés dans votre cuisine, ce qui doit finir par altérer votre tempérament.
FLAUB., Mme Bovary, t.2, 1857, p.21.
b) [La pers. occupe un rang ou une fonction dans la hiérarchie relig.] Ha! çà, j'espère, César, que tu inviteras au dîner monsieur l'abbé Loraux? (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p.192). Monsieur le curé, je n'en use guère [de la religion]; mais, ne pas en avoir du tout, ça ne me va pas (R. BAZIN, Blé, 1907, p.235). Pour l'étude de cette question, Mr le chanoine Pinte a réalisé un appareil en s'inspirant des idées émises par le professeur Otto Mécheels (R. THIÉBAUT, Fabric. tissus, 1961, p.90).
c) [La pers. occupe un rang dans la hiérarchie milit.] Messieurs les officiers. Je suis accablée. Tenez, monsieur l'amiral, c'est une lettre du duc de Bragance (LEMERCIER, Pinto, 1800, II, 2, p.48):
3. Il vient à moi. — Vous permettez que je dîne avec vous, monsieur le colonel? — Votre Excellence ne peut pas me faire un plus vif plaisir.
FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p.340.
Rem. En principe, une femme dit monsieur le colonel, un homme mon colonel (v. mon + nom de grade).
d) P. ext. [Avec un subst. servant à qualifier] Je parie, monsieur l'homme profond, que vous n'avez pas deviné ce que vous êtes allé faire en Angleterre (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.277). Il m'appela d'un ton goguenard: «Venez, monsieur l'Allemand, vous n'êtes pas de trop (...)» (ABOUT, Roi mont., 1857, p.148):
4. Ce qu'organisent vos amis messieurs les communistes (...), ce 5e régiment, si ce n'est pas la Reichswehr, c'est pourtant sérieux. Mais avec quelles armes l'armeront-ils lorsqu'il sera un corps d'armée?
MALRAUX, Espoir, 1937, p.578.
P. iron. Et Venture approcha la table que le comte avait demandée. — Monsieur l'assassin, dit courtoisement celui-ci en regardant Venture, un homme vulgaire romprait le marché qu'il vient de faire avec vous (PONSON DU TERR., Rocambole, t.3, 1859, p.524).
e) Emploi abs.
) [Appellation employée notamment par les gens de maison pour s'adresser au maître de maison ou pour le désigner] Madame Codomat (...): Marthe, est-ce que monsieur est rentré? La cuisinière: Non, madame. Il n'est pas encore rentré (Tr. BERNARD, M. Codomat, 1907, II, 1, p.158):
5. Après cinq minutes, le domestique vient me dire que Monsieur ne peut me recevoir. Il a du monde et ne saurait se déranger.
BLOY, Journal, 1892, p.46.
) Arg. Tenancier d'une maison close (d'apr. BRUANT 1901).
3. Monsieur + subst. [Appellation employée pour désigner un homme dont le travail ou la fonction est liée à la réalité à laquelle réfère le subst. ou (plus rarement) pour s'adresser à lui] Monsieur bons offices, chômage; M. énergies nouvelles. Il y a six ans, les prostituées en colère manifestaient, occupaient les églises, s'exprimaient sur leurs difficultés dans les journaux, et le gouvernement nommait un «Monsieur Prostitution» (Le Monde, 3 avr. 1981, p.15, col. 1).
HIST. Monsieur Veto. [Appellation désignant Louis XVI sous la Constituante. (Dict. XXe s.)]
4. Poét. ou fam. [Monsieur le + subst. masc., s'emploie pour personnifier la réalité désignée par le subst.] J'avais improvisé ceci: «Messieurs les chats et messieurs les voleurs, s'il y a des chats et s'il y a des voleurs, messieurs les chats, ne me griffez pas! Messieurs les voleurs, ne me faites pas peur!» (JACOB, Cornet dés, 1923, p.10). Le feu [de la forge] est de plus en plus vif. Ce n'est plus le petit arbre de corail, c'est Monsieur le feu et parfois, dans une brusque colère, c'est Sa Seigneurie la flamme (GIONO, Triomphe vie, 1941, p.278).
II. — [Précédé d'un déterm. ou en emploi attributif]
A. — [Avec valeur qualificative]
1. Homme de condition aisée, généralement citadin, pouvant avoir une situation de notable. Vivre en monsieur. C'est un bon enfant, dit-il [le domestique] (...) mais c'est jeune, ça ne sait pas tenir son rang. Nous autres gens du commun, nous n'aimons pas ça; si nous étions élevés en messieurs, nous nous conduirions en messieurs (SAND, Corresp., 1830, p.90). Mais pour en savoir plus, bernique! Aucun de ces messieurs du canton ne le connaît (BERNANOS, Crime, 1935, p.729):
6. — Monsieur!... reprit-il en souriant... je ne suis pas un monsieur. On m'appelle Michel, et plus communément Michel le charpentier, parce que c'est mon état.
NODIER, Fée Miettes, 1831, p.65.
Fam. Gros monsieur. Personnage important et riche. Synon. gros bonnet, huile. Lui, gros monsieur désormais, tenait son magot, caché quelque part (ZOLA, Débâcle, 1892, p.565).
Loc., vx. Faire le monsieur. Faire l'homme important et influent. Je suis content de mon éditeur, il est actif, il ne fait pas le monsieur (BALZAC, Lettres Étr., 1833, p.62).
En partic., vx. Homme, généralement riche, entretenant une femme. C'était une fille entretenue en dispute avec son monsieur, lequel est un ci-devant jeune homme répétant toujours trois ou quatre fois sa phrase (STENDHAL, Corresp., 1819, p.162). Virginie a maintenant un monsieur chez lequel elle va deux fois par semaine (ZOLA, Assommoir, 1877, p.394).
2. Gén. au plur. [Monsieur + compl. spécifiant (le domaine d')une fonction sociale] Personne ayant le pouvoir de décision dans un domaine donné. Les messieurs du jury, de la censure. Un roi qui dise: «Dès que ces messieurs de la marine affirment qu'il n'y a pas assez d'eau dans le chenal, je dois le croire» (ALAIN, Propos, 1921, p.215). Ces messieurs du Parquet savent que vous êtes ici... Cela m'étonnerait qu'ils n'insistent pas pour vous voir (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p.104).
Messieurs de la Cour; Messieurs de l'Académie. À Messieurs les Membres de l'Académie de Besançon. Paris, ce 30 juin 1840 (PROUDHON, Propriété, 1840, p.119).
P. ell. Il faudra parler aujourd'hui, parler à ces messieurs qu'on ne connaît pas, parler devant trente paires de petites oreilles malveillantes (COLETTE, Cl. école, 1900, p.217).
Grand monsieur. Homme de grande valeur intellectuelle et/ou morale. C'est un grand monsieur. Le voilà qui est en train de passer pour un des grands messieurs littéraires de ce siècle (GONCOURT, Journal, 1887, p.726).
3. Homme d'apparence respectable, quel qu'il soit et dont on ne connaît pas le nom. Le monsieur du cinquième. — Personne ne vient donc? — Personne, excepté ce jeune monsieur qui est venu une fois (DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p.43).
Vieilli. Petit monsieur. Enfant d'une classe sociale où se porte le titre de «Monsieur» (d'apr. LITTRÉ). Je l'aurais mieux aimé en petit Breton; mais non, il est tout en blanc, le fils d'Yves, avec une longue robe brodée et des noeuds de ruban, comme un petit monsieur de la ville (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p.194). Eux, nous connaissaient bien et nous gratifiaient au passage d'obséquieux: «Bonjour, mon petit monsieur» (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.44).
B. — [Avec simple valeur désignative]
1. Homme quelconque. —«Est-ce qu'elle est toujours avec un certain Arnoux?» — «Je n'en sais rien,» dit Cisy. «Je ne connais pas ce monsieur!» (FLAUB., Éduc. sent., t.2, 1869, p.26).
En partic. [Dans le lang. des enfants] Me donnerez-vous aussi du bonbon, comme ce monsieur, pour vous avoir souhaité la bonne fête? (KRÜDENER, Valérie, 1803, p.73).
Joli monsieur. V. joli II A. Vilain monsieur.
2. [Pour marquer une opposition de sexe]
a) Individu de sexe masculin. Synon. homme. Je ne savais pas encore la différence qu'il y avait entre une dame et un monsieur, et je croyais que les enfants naissaient sous les choux (VALLÈS, J. Vingtras, Enf., 1879, p.20).
b) Au plur.
♦[En appos. à un subst. désignant un lieu pour indiquer qu'il est réservé aux hommes] Salon messieurs, p. ell. messieurs. Anton. dames.
SPORTS (tennis, tennis de table). Double-messieurs, simple messieurs. Match opposant des adversaires hommes deux à deux ou un à un. Un match de double-messieurs se résume en une lutte pour la conquête du filet (H. COCHET, Le Tennis, Paris, P.U.F., 1964, p.94).
En partic. [Avec un compl. déterminatif] Type d'homme. Faire le monsieur qui n'a rien compris. Père n'est pas un monsieur à qui l'on pose des questions (MAURIAC, Mal Aimés, 1945, II, 2, p.189). Oh! oh! un monsieur-j'ordonne (ARNOUX, Zulma, 1960, p.41). Il s'agit d'une présence anonyme, délibérément privée de personnalité. C'est monsieur-tout-le-monde que l'auteur-comédien [Pierre Étaix] a voulu incarner, vous, moi, le voisin du dessus ou l'inconnu croisé dans le métro (J. DE BARONCELLI ds Le Monde, 27 févr. 1966, p.14).
3. Par personnification. Hier soir il y avait grande société sur ce toit, précisément à l'entrée de votre fenêtre. C'étaient cinq chats. Vous savez que quand ces messieurs content fleurette... (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.119). Vous ai-je dit que j'avais des oiseaux chinois?... J'ai de même un petit monsieur du Sénégal, qui est gris avec un collier rouge (Mme DE CHATEAUBR., Mém. et lettres, 1847, p.236).
REM. 1. Messieurs-dames, subst. masc. plur. a) [Appellation employée pour s'adresser à un groupe où se trouvent au moins un homme et une femme] Par ici messieurs-dames! Un garde s'approcha d'eux: — On ferme, messieurs-dames! — Il n'est que temps, répondit Gilbert (ARLAND, Ordre, 1929, p.208). b) [Avec un déterm.] Groupe d'au moins un homme et une femme. Je viens voir si ces messieurs-dames ressemblent bien aux portraits de ma collection de timbres (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p.205). 2. Mess, subst. masc., arg., vx. Agent de la sûreté, policier. Pour affiner fafiots et carme, Chassons loin du mess, du gendarme. Pour gagner billets et or, Trichons loin de l'agent et du gendarme (HOGIER-GRISON, Monde où l'on triche, 2e série, 1886, p.181). 3. Mons, subst. masc., vx. [Appellation fam. et dédaigneuse employée p. abrév. pour «monsieur»] Mais il me semble que mons Guillaume n'attend pas que la mort soit mise en terre pour en conter à l'enfant, et prendre son inscription (SAND, Jeanne, 1844, p.154). 4. Msieu, subst. masc., fam. [Appellation employée surtout par les enfants, à la place de «monsieur»] La voix de la bonne sortit des profondeurs du sous-sol: — V'là, M'Sieu, qué qui faut? (MAUPASS., Pierre et Jean, 1888, p.416). — Tu veux une sucette? — Voui msieu. — Et ton petit camarade? — Voui msieu, dit Lucas. Des Cigales achète des sucettes (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p.44).
Prononc. et Orth.:[], [me-]. Att. ds Ac. dep. 1694 (le plur. dep. 1718). Abrév. Mr, M. (sing.), Mrs, MM. (plur.) ds Ac. 1835, 1878; M. (sing.), MM. (plur.) ds Ac. 1935. Pas d'abrév. dans les suscriptions ou formules de politesse de la corresp. (d'apr. Lar. Lang. fr.). Au sing. LITTRÉ: [-] ,,ou souvent aussi`` [-]; DG:[-], vieilli [-]. ROB.: ,,L'ancienne prononciation mo-sieu (...) ne s'emploie plus que par plaisanterie``; graph. mossieu (VERLAINE, Œuvres compl., t.5, Confess., 1895, p.28): [-] > [-] > [-] par affaiblissement, le mot étant gén. empl. comme proclitique ou interj. Midi: [musju] moussiou (A. DAUDET, Nabab, 1877, p.49). Étymol. et Hist. 1. 1297 monsor «titre donné par déférence, civilité à un homme d'une condition un peu élevée; celui à qui l'on donne ce titre» (Fontevr., anc. tit., A. Maine-et-Loire ds GDF. Compl.), subsiste a) pour désigner tout homme de quelque importance 1592 faire le monsieur (MONLUC, Commentaires, éd. P. Courteault, t.2, p.422); b) 1653 «homme qui se distingue par son éducation, son apparence, son travail» (B. PALISSY, Recepte, éd. A. France, p.112); 2. a) ca 1480 «titre de politesse donné à tout homme (ou en parlant de lui)» (GUILLAUME COQUILLART, Monologue du puys, éd. M. J. Freeman, p.312, 256); ca 1515 avec un nom de fonction (GRINGORE, Vie Monseigneur St Louis, éd. A. de Montaiglon et J. de Rothschild, t.2, p.205: monsieur le Prevost); 1552 avec une épithète iron. (DU BELLAY, Discours sur la louange de la vertu, éd. H. Chamard, t.4, p.147, 58: monsieur le sage); 1792 avec un mot qui exprime une particularité du personnage (24 déc. ds la Sté des Jacobins, éd. F.-A. Aulard, t.4, p.619: M. Veto); b) 1585 désigne un homme, un inconnu (DU FAIL, Contes et discours d'Eutrapel, éd. J. d'Assézat, t.2, p.32); 3.spéc. terme hist. a) fin XVe s. «titre donné aux frères puînés des princes de sang» (GEORGES CHASTELLAIN, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t.2, p.234); 1583-90 «titre du frère aîné du roi» (BRANT., Cap. Fr., t.II, p.383 ds LA CURNE); b) ca 1500 «titre donné à un évêque» (ANDRÉ DE LA VIGNE, Voyage de Naples, éd. A. Slerca, II, 366: monsieur de Moncaillier), supplanté par monseigneur; c) au plur. «membres d'une assemblée» 1505 messieurs les prelatz (GRINGORE, Folles entreprises, t.1, p.96); 1532 Messieurs de la court (en parlant des membres du Parlement) (RABELAIS, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, chap.9 bis, p.62, 174-5; d) 1829 arg. police plur. ces messieurs «le bourreau et ses aides» ds ESN.; 1866 monsieur de Paris «bourreau» (DELVAU); 4. 1532 «maître de maison» (MAROT, Epître au roi, éd. C. A. Mayer, XXV, p.173, 38). Comp. de mon et de sieur. Fréq. abs. littér. Monsieur:28399. Messieurs:6757. Fréq. rel. littér. Monsieur:XIXe s.: a) 44920, b) 56554; XXe s.: a) 45249, b) 24926. Messieurs:XIXe s.: a) 12279, b) 11860; XXe s.: a) 10898, b) 5347. Bbg. CLING (M). Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs... Contrastes. 1981, n°2, pp.7-14. — DARM. 1877, 125-126. — LEW. 1968, pp.118-119. — MANCZAK (W.). La Disparition de l'anc. fr. «moillier < mulierem». R. Ling. rom. 1966, t.30, p.177. — QUEM. DDL t.7, 12, 18.

monsieur [məsjø]; fam. [msjø] n. m. REM. L'ancienne prononciation [mosjø], encore donnée par Littré, ne s'emploie plus que par plaisanterie. (Parfois écrit môssieu).
ÉTYM. 314; de mon, et sieur. → Messire, monseigneur. Au plur. Messieurs [mesjø]. Abrév. : M., (plur.) MM.
1 Titre que l'on donnait autrefois aux hommes d'une condition assez élevée (nobles ou bourgeois), ou « à celui à qui on parle, ou de qui on parle, quand il est de condition égale ou supérieure » (Furetière, 1690). || Monsieur Jourdain. || Monsieur de Pourceaugnac. Monsieur fut remplacé par citoyen sous la Révolution. Monsieur abrégé par mépris en Mons.
1 (le duc d'Orléans) ne s'opposa point à l'habitude que le parlement avait prise de l'appeler toujours Monsieur, comme un conseiller, et de lui écrire Monsieur, tandis qu'il écrivait au chancelier Monseigneur, et tandis que tous les corps de la noblesse des États provinciaux donnaient le titre de Monseigneur au régent.
Voltaire, Hist. du Parlement de Paris, LIX.
2 Le pauvre Flaubert ne put jamais comprendre ce que Sainte-Beuve raconte, dans son Port-Royal, de ces solitaires qui passaient leur vie dans la même maison en s'appelant monsieur jusqu'à la mort.
Renan, Souvenirs d'enfance…, VI, II.
Spécialt. Vx. || Monsieur de Meaux, de Cambrai : l'évêque de Meaux, de Cambrai.Monsieur de Paris : le bourreau.
Titre qu'on donnait aux membres de certaines assemblées, de certains ordres. || Messieurs de l'Académie (→ Autorité, cit. 23).Les Messieurs de Port-Royal (→ Laïc, cit. 3), ou, absolt, les Messieurs.
Spécialt. Titre donné aux princes de la famille royale.Absolt (depuis le XVIe siècle). || Monsieur (→ Instruire, cit. 29; mademoiselle, cit. 1) : l'aîné des frères du roi.
Allus. littér. || « Bon appétit (cit. 15), messieurs ! » (Hugo).
2 Mod. Titre donné aux hommes de toute condition. || Monsieur Bergeret. || Monsieur Couture (→ Autour, cit. 5). || Monsieur Thiers. || Monsieur Jules Ferry. || Monsieur Loyal : personnage du cirque français, directeur fictif de la piste, qui donne traditionnellement la réplique à l'auguste et au clown blanc.Monsieur Un tel. || Taxer de monsieur un grand écrivain (→ Honneur, cit. 86). || Oui, monsieur. || Bonjour, monsieur. || Bonjour, monsieur Durand (emploi pop. ou régional). || Mesdames et messieurs. || Messieurs et chers collègues. || Bonjour mesdames, bonjour messieurs. || Bonjour madame, bonjour monsieur, bonjour madame et monsieur. Pop. || Bonjour Messieurs Dames.(Suivi du prénom seul). Fam. ou pop. || Bonjour, monsieur Jean. || C'est monsieur Léon qui m'envoie.Cher monsieur. || Mon cher monsieur. || Dire à qqn : Monsieur tout court (cit. 25).Fam. || Mon bon monsieur (→ Dépens, cit. 2).
3 — Mais, mon petit Monsieur, prenez-le un peu moins haut.
— Ma foi ! mon grand monsieur, je le prends comme il faut.
Molière, le Misanthrope, I, 2.
4 S'entendre appeler de nouveau monsieur, bien sérieusement, et par une dame si bien vêtue, était au-dessus de toutes les prévisions de Julien (…)
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, VI.
4.1 « Celui-là, c'est celui que je voulais que vous donniez à mon mari. Vous vous rappelez du jour où vous l'avez fait, n'est-ce pas, monsieur ? » et son regard eut l'air de lever le voile de ce cérémonieux « monsieur ». Il la regarda en souriant mais n'osait répondre gêné par la présence du petit qui lui donnait la main.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 789.
Spécialt. Titre donné à un professeur de médecine par ses élèves, et parfois par d'autres personnes.
4.2 L'enseignement de la médecine, en France, est encore régi par de vénérables et sages coutumes. À l'école et à l'hôpital, il se fait sous la direction d'hommes éprouvés qui ont manifesté leurs vertus au long de nombreuses épreuves, et qui entretiennent avec leurs élèves des relations personnelles fréquentes, prolongées. On les nomme encore des « patrons ». L'étudiant ne les appelle pas mondainement « mon cher maître »; il dit, tout court, « Monsieur », mais il prononce ce simple mot d'une manière qui ne saurait tromper personne (…)
G. Duhamel, Sur la formation médicale, in Forme et couleurs, no 3 (1943).
Monsieur (précédant le nom de la fonction). || Monsieur le major (cit. 2). || Monsieur le Maréchal. || Monsieur le Président (→ Attendre, cit. 102), le Ministre, le Directeur… || Messieurs les pharmaciens et les médecins (→ Lancement, cit. 2). || Messieurs les jurés.(1966; d'après l'angl.). Spécialt. Monsieur, suivi d'un nom (ou d'une loc. subst.) désignant « l'activité, la compétence, la spécialité du personnage en cause ou la charge — souvent exceptionnelle — qui lui est confiée, ou encore une collectivité (État, groupe social, etc.) qu'il représente ou avec laquelle il est chargé de négocier » (P. Gilbert, 1971). Ex. : Monsieur bons offices. Médiateur. || Monsieur sécurité routière. || Monsieur prostitution, Monsieur drogue, etc.
Par plais. || « Messieurs les assassins » (cit. 8, Karr). || Messieurs les sots (→ 2. Bien, cit. 11; et aussi écrire, cit. 31; lanterner, cit. 1; mari, cit. 4).
Allus. hist. « Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! ».
Spécialt. || Messieurs pour Mesdames et Messieurs. || Messieurs les voyageurs sont priés d'emprunter le passage souterrain.Absolt. (Par oppos. à dames). || Toilettes : Messieurs.
Monsieur, suivi, par plaisanterie, d'un mot ou d'une expression qui exprime une particularité, une habitude, un ridicule… du personnage. || Monsieur le fin psychologue. || Alors, Monsieur le gros malin… ? || Monsieur Veto, surnom de Louis XVI sous la Constituante. || Monsieur Cinq pour cent.
Par plais. || Les Messieurs-dames (Messieurs qui sont des dames) : les homosexuels.
3 Titre donné au maître de maison, soit par les domestiques qui parlent de lui ou s'adressent à lui à la troisième personne (→ Assassiner, cit. 7), soit par les personnes qui s'adressent aux domestiques. || Veuillez m'annoncer à Monsieur.
5 Quand il rentra pour déjeuner, le domestique lui dit : — Monsieur a déjà demandé monsieur deux ou trois fois. Si monsieur veut monter chez monsieur.
Maupassant, Bel-Ami, I, VIII.
6 (…) elle envoyait la bonne s'enquérir de temps à autre, si Monsieur n'avait besoin de rien (…)
Huysmans, En ménage, XI.
Par ext. Titre donné par un employé subalterne, un commerçant, un vendeur, un garçon de café… à une personne étrangère à la maison, à un client… (→ Adoucir, cit. 2; anodin, cit. 3). || Je conseillerais à Monsieur de prendre cet article. || Ces messieurs (→ Maître, cit. 71).
Monsieur, désignant une personne dont on parle à un tiers et qui est présente (→ Intervenir, cit. 4). || Ce monsieur vous demande. || Monsieur que voilà. || Monsieur me disait, tout à l'heure, que…
Fam. Le mari (→ Marmiteux, cit. 1). || Monsieur, Madame et Bébé, œuvre de G. Droz.
7 Rien ne la contentait, rien n'était comme il faut…
— « Monsieur ne songe à rien, monsieur dépense tout,
Monsieur court, monsieur se repose ».
Elle en dit tant, que monsieur, à la fin,
Lassé d'entendre un tel lutin,
Vous la renvoie à la campagne.
La Fontaine, Fables, VII, 2.
Monsieur, employé à la troisième personne avec une valeur ironique ou sur un ton de reproche. || C'est moi qui paie les frasques (cit. 6) de Monsieur. || Monsieur a encore mangé tous les gâteaux !
REM. Dans certains contextes, Monsieur, employé en appellatif et avec la 3e personne (→ cit. 7 et cit. 7.2, Daninos, ci-dessous) ou avec un démonstratif, a une valeur dépréciative (cf. Cette personne…), en particulier quand la personne dont il est question est habituellement désignée par son nom (personnage célèbre), sa fonction, etc.
7.1 Je ne suis pas pour eux « ce monsieur », comme me désigne avec quelque hauteur le président du Conseil dans une lettre rendue publique (…) Pour mes amis socialistes, je ne suis pas ce « monsieur », mais un monsieur. La langue française offre de ces bizarreries.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 215.
7.2 Autrement dit, tu veux partir. Monsieur veut partir ? (Le mari, dans les scènes, devient « Monsieur », « Môssieu »).
Pierre Daninos, Un certain Monsieur Blot, p. 90.
4 Un monsieur : un homme de la bourgeoisie (opposé au travailleur manuel, au paysan). → Gosse, cit. 5; indélébile, cit. 3. || Jeunes messieurs (→ École, cit. 10; emplir, cit. 11; gars, cit. 5). || Un monsieur comme il faut. || Un monsieur important, imposant (→ Effet, cit. 19). || Un gros monsieur, personnage riche et d'une situation élevée.Plur. Vx, pop. || Les plus gros monsieurs (→ Bas, cit. 74, Racine).
8 Ma mère veut que son Jacques soit un monsieur.
J. Vallès, Jacques Vingtras, « L'enfant », p. 67.
9 (…) Delphin l'avait à peine reconnu, tant il (Nénesse) était changé : un vrai monsieur, avec une canne, un chapeau de soie, une cravate bleu de ciel, serrée dans une bague; et il se faisait habiller par un tailleur (…)
Zola, la Terre, V, IV.
C'est un monsieur, un grand monsieur, un homme au prestige considérable, remarquable de valeur, doué d'autorité, de distinction naturelle.
10 — Maintenant, avec un homme tel que M. Jules Cambon, qui est de grande classe, qui est un monsieur, il se passe encore autre chose (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. X, XIX, p. 219.
Fig., pop. (en parlant d'autre chose qu'un être humain).
11 Le patron s'effaça et laissa aux deux compagnons le temps de se rendre compte que la bête (un porc) était entière.
— C'est un monsieur, apprécia Martin. Il fait combien ?
M. Aymé, le Vin de Paris, « Traversée de Paris », p. 28.
5 Désignant un homme dont on ne connaît pas le nom et dont l'aspect, les manières annoncent quelque éducation (→ Attabler, cit. 5). || Un monsieur avec une barbe grise (→ Éventail, cit. 8).
Par ext. Un homme (de n'importe quelle situation sociale). → Intelligence, cit. 17; invoquer, cit. 9. || Il jouait le monsieur débordé de besogne (cit. 8). || L'air du monsieur qui se lave (cit. 16) les mains du reste. || Un monsieur très carré (cit. 3).
Spécialt. (Avec certains adj.).Un joli, un vilain monsieur : un individu méprisable (→ Un joli, un vilain coco).
(Dans le langage enfantin). || Un monsieur : un homme, quel qu'il soit. || Dis merci au monsieur.
6 Sport. Plur. || Messieurs (en appos. à un nom désignant une épreuve sportive). || La descente, le double messieurs (opposé à dames).
REM. Altérations graphiques populaires : (1750) Moussieu (vx); (1754) Mosieu; (1794) Mossieu; (1815) M'sieu.
COMP. Croque-monsieur.

Encyclopédie Universelle. 2012.