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quelque

quelque [ kɛlk(ə) ] adj.
XIIe; de quel et 1. que quel
ILittér. QUELQUE... QUE, à valeur concessive, suivi du subj.
1(Qualifiant un subst.) « Quelques folies qu'aient écrites certains physionomistes » (Chamfort),quelles que soient les folies..., bien qu'on ait écrit des folies. « Sur quelque sujet que se portât la conversation » (A. Gide). « De quelques gens exquis que tel de ses anciens camarades lui parlât » (Proust).
Quelque... qui... « Quelque lien qui pût nous unir, je l'avais rompu pour toujours » (Musset).
2Advt (qualifiant un adj.) Littér. pour, 2. si. « Quelque fidèle et quelque attachée qu'elle me fût » (abbé Prévost). « Quelque méchants que soient les hommes » (La Rochefoucauld).
II Adj. indéf.
1Au sing. Littér. Un, certain. « Elle lui présentait quelque bon bouillon, quelque tranche de gigot » (Flaubert). En quelque sorte. Quelque part. Quelque chose. Quelque autre chose. « Lui parler de quelque autre » (A. Gide),d'un autre.
(Faisant porter l'indétermination sur une substance) Un peu de... Depuis quelque temps. « Il avait des talents, quelque savoir » (Rousseau). « Elle avait eu quelque peine à fixer l'infidèle » (Sainte-Beuve). Quelque peu.
2Au plur. Cour. Un petit nombre, un certain nombre de... plusieurs. Faire quelques pas, dire quelques mots. deux. Il n'est venu que quelques fois. « Il faudrait ici un sergent et quelques hommes » (Romains). « Cinq cent cinquante et quelques francs » (Zola) :entre 550 et 560 francs. « J'avais encore quarante ans au lieu de soixante et quelques » (Becque). « Les quelques biens qu'il tenait à conserver » (P. Benoit),le petit nombre de biens.
3 Adv. (inv.) Environ. « Une bande de feu de quelque cinquante mètres » (Montherlant).
⊗ HOM. Quel que.

quelque adjectif indéfini (de quel et que) Marque l'indifférence, la quantité indéterminée : J'ai eu quelque peine à le reconnaître. Quelque + nom + que, marque la concession avec indétermination : Quelques précautions que vous preniez, on remarquera votre présence. Quelque jour, un jour à venir : Cela changera quelque jour.quelque adverbe (de quel que) Littéraire. Devant un nom de nombre, indique une approximation : Cette ville est à quelque trente kilomètres d'ici. Quelque + adjectif ou adverbe + que, marque une concession avec indétermination : Quelque regrettables que soient ces incidents, ils n'ébranlent pas ma résolution.quelque (difficultés) adjectif indéfini (de quel et que) Orthographe Quelque ne s'élide que devant un ou une : j'attends quelqu'un ; quelqu'une de ses amies. Accord 1. Au sens de « un petit nombre de, plusieurs », quelque est adjectif et variable : il reste quelques gâteaux dans la boîte ; cela m'a coÛté quelques francs. Quelque s'accorde parfois avec un nom sous-entendu : cent francs et quelques (= cent francs et quelques francs). 2. Au sens de « environ, à peu près », quelque est adverbe ; il est donc toujours invariable devant un nombre : j'ai dÛ perdre dans l'affaire quelque cinq mille francs ; il y a quelque dix ans de cela. 3. Quelque... que (+ subjonctif). Exprimant la concession, quelque peut être adjectif et variable ou adverbe et invariable. Devant un nom précédé ou non d'un autre adjectif, quelque est adjectif et variable : quelques excuses que vous présentiez, on vous tiendra rigueur de votre absence ; quelques bonnes excuses que vous présentiez, on vous en tiendra rigueur. Devant un adjectif seul ou un adverbe, quelque est adverbe et invariable : quelque bonnes que soient vos excuses, on vous en tiendra rigueur (= si bonnes que soient vos excuses) ; quelque humblement que vous vous excusiez, on vous en tiendra rigueur (= aussi humblement que vous vous excusiez). Emploi 1. Quelques... que (+ subjonctif) / quelques... que (+ indicatif). Ne pas confondre quelques... que (+ subjonctif), exprimant la concession (quelques économies qu'il fasse, il ne pourra jamais acheter de maison), et quelques... que (+ indicatif), dans lequel quelques est un adjectif indéfini et que un pronom relatif (quelques économies qu'il avait faites lui ont permis d'acheter une maison). 2. Quelque / quel que. Quelque... que (+ subjonctif) exprimant la concession s'écrit quel que, en deux mots, quand il précède immédiatement un verbe (être, le plus souvent) ou un pronom personnel sujet. Quel s'accorde alors en genre et en nombre avec le sujet du verbe : quelle que soit l'impatience que vous éprouvez ; je veux connaître ses intentions, quelles qu'elles soient. - On dit, on écrit en revanche : quelque impatience que vous puissiez éprouver... ; quelques intentions qu'il ait pu avoir... Remarque Pour exprimer la concession, on employait autrefois quel... que : « En quel lieu que ce soit, je veux suivre tes pas »(Molière). L'expression actuelle quelque... que est le résultat de la soudure des deux éléments et de la répétition du relatif que. 3. Quelque chose que. → chosequelque (homonymes) adjectif indéfini (de quel et que) quel que adjectifquelque (synonymes) adjectif indéfini (de quel et que) Marque l'indifférence, la quantité indéterminée
Synonymes :
quelque (synonymes) adverbe (de quel que) Devant un nom de nombre, indique une approximation
Synonymes :
- à peu près
Quelque
Synonymes :

quelque
adj. et adv.
rI./r adj. indéf.
d1./d Exprime le nombre ou la quantité d'une manière indéterminée.
|| (Sing.) Un certain. Cette affaire présente quelque difficulté.
Quelque temps.
|| (Plur.) Un certain nombre de. Quelques écrivains ont traité ce sujet.
Un petit nombre de. Quelques arpents de terre.
d2./d Quelque... que: quel (quelle) que soit le (la)... que (marquant une concession, une supposition). Quelques efforts que vous fassiez, vous ne réussirez pas.
rII./r adv.
d1./d (Exprimant une quantité ou un degré de qualité indéterminé.) Un peu, un peu de. Il possède quelque argent.
d2./d (Devant un adj. numéral.) Environ. Ils étaient quelque deux cents hommes.
d3./d (Modifiant un adj. ou un adv.) Si, pour. Quelque grands qu'ils soient.
d4./d Loc. adv. Quelque... que: à quelque point que, à quelque degré que. Quelque riche qu'il soit.

⇒QUELQUE, adj. indéf. et adv. indéf.
I. — Adj. indéf. et adv. indéf.
A. — Adj. indéf.
1. Au sing. [Non précédé d'art.]
a) [Marque l'ignorance réelle ou feinte sur l'identité de la pers. ou de la chose désignée par le subst.; sert à indiquer une indéterm. plus grande que un, une] Un ... quelconque, un certain (que l'on ne veut ou ne peut nommer, parmi un plus grand nombre).
) [Suivi d'un subst. ou d'un adj. subst. désignant une pers.] La vie simple et remplie de quelque homme de bien, d'un vieux prêtre, par exemple (A. FRANCE, Vie littér., 1890, p. 239):
1. Le chroniqueur, évidemment inspiré par quelque parent ou quelque ami des Jussat, flétrissait la philosophie moderne et ses doctrines...
BOURGET, Disciple, 1889, p. 222.
Vx. Quelque sot! [P. ell. de le dirait, le ferait] Je ne suis pas assez sot pour dire, pour faire cela. Fallait-il donc repousser la fortune pour braver le péril? Quelque sot! Saint Thomas de Cantorbéry n'accepta-t-il pas les châteaux de Henri II? (MÉRIMÉE, Abbé Aubain, 1847, p. 170).
Vieilli. Quelque autre. Une autre personne. Synon. un autre. Ah! tu fais là une étrange erreur, et tu me prends pour quelque autre! (DUMAS père, Lorenzino, 1842, III, 5, p. 257).
) [Suivi d'un subst. désignant une chose nombrable] Synon. un certain. Ils avaient bien quelque bout de champ, une maigre vigne (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 28).
[Dans un pron. indéf. ou des loc. adv. indéf.] Quelque chose. V. chose2 C. Quelque part. V. part1 II B 1 a. En quelque sorte. Par quelque endroit (au fig.). V. endroit B 1.
b) [Devant un subst. abstr.; sert à indiquer une quantité indéterminée, faible, mais non négligeable] Un peu de. Synon. du, de l', de la, de2 (art. partitif). Comme elle se remettait en marche, il lui laissa quelque avance, et la suivit de loin (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 770).
En partic. [Sert à atténuer la qualité] Quelque retard; quelque obstacle; quelque difficulté; non sans quelque...; n'être pas sans quelque... Synon. un(e) certain(e). Le roi (...) suppose, avec quelque raison, que les meurtriers se réunissent à la tour de Nesle (DUMAS père, Tour Nesle, 1832, IV, tabl. 7, 10, p. 81). Ce n'est pas sans quelque dessein que j'appelle du nom de science ce que d'ordinaire on appelle philosophie (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 91).
2. Au plur.
a) [Non précédé d'art.; sert à marquer l'indéterm. de l'objet (plus grande qu'avec des) et l'indéterm. du nombre (dont on dit seulement qu'il est faible)] Synon. un petit nombre de, certains (v. certain1), plusieurs, maint(s), divers, différents, plus d'un1.
) [Suivi d'un subst. désignant des pers.] On aurait dû inviter quelques voisins (RENARD, Poil Carotte, 1894, p. 16).
[Devant un adj. subst.] Quelques autres. Enfin, il se risqua quelques audacieux, qui furent suivis de beaucoup d'autres (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 20).
) [Suivi d'un subst. désignant des choses nombrables, concr. ou abstr.] Faire quelques pas; dire quelques mots; quelques jours plus tard. Mon oncle se flattait justement de quelques accointances au ministère (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 2). Sylvain Kohn l'avait introduit dans quelques salons israélites, où il avait été reçu avec l'intelligence habituelle de cette race (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 726).
) [Suivi de centaines ou milliers] Quelques centaines de francs. Cette légèreté qui permettait à quelques centaines de milliers d'êtres humains de ne rien prendre au tragique (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 174).
Vx. [Suivi de cents ou mille, au sens de « centaines de » ou « milliers de »] Son oncle l'avait emmené à Paris pour lui apprendre le commerce. À sa majorité, on lui versa quelques mille francs (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 8). La propriété, l'Ermitage, se trouvait à quelques cents pas (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 418).
) Adj. cardinal + et + quelques + subst. [Pour marquer un nombre indéterminé d'unités excédant un nombre donné, exprimé en dizaines, centaines, milliers] Vingt et quelques pages. Il n'y avait bien que six mille huit cents et quelques francs (ZOLA, Nana, 1880, p. 1305).
Adj. cardinal + et + quelques + mille + subst. Le 7e corps entier, trente et quelques mille hommes (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 123).
Fam. Et quelque(s). [Après un nom de nombre pour marquer l'addition d'un petit nombre d'unités] Et un peu plus (que le nombre désigné). Synon. fam. et des poussières (v. poussière). Dans un mois et quelque. Nous étions à cette réunion quarante et quelques (Ac.). Nous franchissons l'escalier avec un bruit d'escadron, soixante et quelques que nous sommes (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 192).
b) [Précédé de l'art. déf. les ou d'un déterminatif (ces, ses...); sert à indiquer un nombre indéterminé mais faible] Les quelques... qui/que... Je vous écris ces quelques mots (...) pour vous faire savoir que je me suis marié hier (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 166):
2. André a convié les quelques voisins — une dizaine — auxquels la distance permet d'arriver vers neuf heures aux Braîllons.
MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 192.
B. — Adv. indéf.
1. Littér. [Précédant un adj. numéral cardinal; sert à marquer l'approximation] À peu près. Synon. environ, dans les, quelque chose comme (v. chose2), autour de (v. autour2), près de. Cette belle dinde aux truffes, sortie de vos domaines, il y a quelque huit mois (Mme DE CHATEAUBR., Mém. et lettres, 1847, pp. 278-279). À quelque cent mètres, la nappe bleu-de-paon d'une rivière, entraînait avec paresse le mirage des aulnes (JAMMES, Rom. lièvre, 1903, p. 11).
2. Quelque peu, loc. adv. Avec une certaine intensité, de faible importance mais non négligeable, assez appréciable. Synon. un peu, légèrement, dans une certaine mesure. Wurm: Je ne le sais pas. Louise: Non; mais tu le devines bien quelque peu (DUMAS père, Intrigue et amour, 1847, III, tabl. 6, 3, p. 261). L'empereur Julien dont j'ai naguère quelque peu pratiqué les ouvrages (A. FRANCE, Mannequin, 1897, p. 319). J'étais quelque peu gêné (...) de laisser cette maison (...) à la seule garde de cette voisine (GIDE, Symph. pastor., 1919, p. 878).
Vx. Quelque peu de. Un peu de. [À la Renaissance] un enfant à l'école apprenait à lire, à écrire, et quelque peu d'orthographe (TAINE, Philos. art, t. 1, 1865, p. 212).
II. — Quelque ... que, loc. exprimant la concession ou l'opposition, suivie du subj.
A. — [Portant sur un subst. (avec lequel il s'accorde en nombre)] Synon. quel que soit le ... qui/que ..., n'importe quel. À quelque prix que ce soit. Quelques efforts que je fasse pour parler, pour écrire avec calme, tout ce que j'ai de sang me remonte au cœur, quand je ressens en un moment l'affreuse année qui vient de s'écouler (STAËL, Lettres L. de Narbonne, 1794, p. 245). Tous les quinze jours, le vendredi, quelque temps qu'il fît, il partait d'Angoulême vers trois heures (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 22).
Vx. Quelque part que. V. part1 II B 1 a.
Quelque chose qui/que. [Au fém., différent de quelque chose (v. chose2 II C 2 b)] Quelle que soit la chose qui. Il faut que tu te taises, quelque bruit que tu entendes, quelque chose qui se passe devant toi (DUMAS père, Fille du régent, 1846, II, 7, p. 191).
Rare. [Portant sur un groupe nom. avec une épithète, modifiant tout le groupe et s'accordant avec le subst.] Mais il faut bien vivre, et vivre cette vie, quelques grands yeux qu'elle vous fasse ouvrir (LAFORGUE, Moral. légend., 1887, p. 256).
B. — Littér., inv. au plur. [Portant sur un adj., la sub. comportant un verbe attributif] Synon. pour ... que (lang. soutenue), aussi ... que (v. aussi1), si ... que (v. si1), quoique, bien que (v. bien1). Ce fait est vrai, quelque extraordinaire qu'il puisse paraître (BALZAC, Langeais, 1834, p. 193):
3. Quelque méritantes que puissent être, au point de vue du patriotisme, les œuvres dont je viens de passer la revue, elles ne témoignent cependant d'aucun effort artistique sérieux...
HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 192.
Rem. Le tour quelque + adj. ou subst. + verbe au subj. avec inversion du suj., sans que, est exceptionnel: Le héros se prodigue, en quelque état de misère soit-il jeté (A. SUARÈS, Sur la vie, t. 2, 1925, p. 340 ds GREV. 1975, § 1031 rem. 3).
Prononc. et Orth.:[]. Sous l'effet de la mollesse articulatoire [], [] (quelqu'un), [] (quelquefois). Au XVIIIe s. cette prononc. est gén. admise même dans les milieux cultivés. Mais dès la fin du XVIIIe s. les grammairiens réclament le rétablissement de l considérant la prononc. sans l comme négligée (v. BUBEN 1935, § 114 et G. STRAKA ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19 n ° 1 1981, p. 192). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Rel. indéf. introduisant une rel. indéterminée au subj., à valeur concessive Quel ... que, quel que, quel que ... que a) ca 1100 quel [+ subst.] que, v. quel I B 1 a; b) 1er quart XIIe s. avec anticipation de que: quel que [+ subst.] = quel [+ subst.] ... que (Lapidaire de Marbode, 1re version, éd. P. Studer et J. Evans, 367: Quel ke jagunce um ait sur sei...); ca 1150 (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 4429: Ne li chaut quel que pes i face); ca 1165 (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 4448); c) quelque ... que ) déb. XIIe s. quelque [+ subst.] ... que (BENEDEIT, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 360: Quelque peril que vus veiez); ) ca 1223 quez que [+ adj.] ... que (GAUTIER DE COINCI, Miracles, éd. V. F. Koenig, I Mir 31, 48: Quez que chaitiz que j'aie esté...); quelque, dans cet empl., s'accorde encore avec l'adj.; il tend à devenir adv. inv. au XVIIe s.: cf. 1647 VAUG., p. 359; 2. adj. indéf. sans introd. d'une sub. [empl. issu de 1 c] a) au sing. ) 1135 a quelque paine valeur adversative par rapport au verbe « non sans peine, avec beaucoup de peine », v. Ph. MÉNARD, Synt. a. fr., 1976, § 30 (WACE, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 544 [ms. A]); ca 1170 (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 3036); ) 1225-30 valeur d'indétermination « un, une » (GUILLAUME DE LORRIS, Rose, éd. F. Lecoy, 510: Qu'en si biau verger n'eüst huis Ou eschiele ou quelque pertuis); 1269-78 quelque chose (JEAN DE MEUN, Rose, 16362); XIIIe s. (Isopet de Lyon, éd. J. Bastin, XXVIII, 20: Doit demorer quelque memoire); 1655 spéc. p. ell. quelque sot [le ferait] (MOLIÈRE, L'Estourdy, II, 6, éd. R. Bray, p. 80); b) au plur. ) 1269-78 (JEAN DE MEUN, op. cit., 11635: quex ques homes); ) mil. XVe s. devant un nombre, marquant l'approximation (J. d'un bourgeois de Paris, éd. A. Tuetey, § 29, p. 20: quelques trente mille personnes); 1493 (MARTIAL DE PARIS, Vig. de Charles VII, fol. 7b ds GDF. Compl.: quelque quatre cens mors), tend, dans cet empl., à devenir adv. inv.,(cf. 1647 VAUG., p. 4). Comp. de quel et de que3. Fréq. abs. littér.:119 745. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 190 513, b) 170 741; XXe s.: a) 150 661, b) 164 603. Bbg. CULIOLI (A.) À propos de quelque. Ling., énonciation par S. Fischer et J.-J. Franckel, éd. Paris, 1983, pp. 21-29. — GONDRET (P.). Les Pron. et déterminatifs indéf. ds les phrases nég. en fr. du 12e au 16e s. Thèse, Paris, 1980, pp. 25-32, 472-483, 551-650; Quelques, etc. Fr. mod. 1976, t. 44, pp. 143-152. — HASSELROT (B.). La Constr. si grand qu'il soit et ses concurrents ds le fr. contemp. R. Ling. rom. 1970, t. 34, pp. 39-47. — HERIAU (M.). Le Verbe impersonnel en fr. mod. Lille-Paris, 1980, t. 2, pp. 874-875. — KUPFERMAN (L.). L'Art. partitif existe-t-il? Fr. mod. 1979, t. 47, pp. 8-9. — MAHMOUDIAN (M.). Les Modalités nom. en fr. littér. contemp. Linguistique. Paris. 1971, t. 7, n ° 2, pp. 107-109. — MARTIN. Rien 1966, pp. 223-225. — MOREL (M.—A.). Ét. sur les moy. gramm. et lex. propres à exprimer une concess. en fr. contemp. Thèse, Paris, 1980, pp. 343-421, 433-454, 876-877. — MULLER (Ch.). Quelque chose-rien. Praxis. 1969, t. 16, pp. 117-118. — OHLHOFF (K.). Die Syntax der unbestimmten Fürwörter: rien, néant, quelque, chose, und quelque chose. Diss., Göttingen, 1912, 138. — POTT (H.). Der Ausdruck der Konzessivität im Frz. Bern-Frankfurt-München, 1976, pp. 189-191. — SANDFELD (Kr.). Synt. du fr. contemp. 1. Les Pron. Paris, 1965, pp. 343-346. — WILMET (M.). Note sur le m. fr. quelque. Mél. Naïs (H.). Verbum. 1985, n ° spécial, pp. 187-198.

quelque [kɛlk]; [kɛlkə] devant un mot commençant par une consonne. Adj. adverbialisé en certains cas depuis le XVIIe.
ÉTYM. XIIe; de quel, et que. → Quel, III., A., 2.
S'emploie, d'une part en combinaison avec que pour former une locution concessive ou « interrogation non résolue » (Damourette et Pichon); d'autre part, comme adjectif indéfini.
———
I Littér. || Quelque… que, à valeur concessive, suivi du subjonctif.
1 (Qualifiant un substantif). || Quelque soin qu'on apporte (cit. 27) à… (→ Malgré le soin qu'on apporte; bien qu'on apporte du soin…). || Sur quelque sujet que se portât la conversation (→ Assaut, cit. 21). || De quelque côté que je me tourne (→ Auditoire, cit. 3). || À quelque prix que ce soit (→ Hésiter, cit. 21). || De quelque nature qu'elle soit (→ Impression, cit. 22). || Quelque temps qu'il fît (→ Lacédémonien, cit. 1). || Pour quelque religion que ce soit (→ Martyr, cit. 4). || En quelque matière (cit. 17) qu'il fallût composer. || Sous quelque rapport que ce soit (→ Mauvais, cit. 1). || En quelque point de l'espace que l'on considère le mobile (→ Position, cit. 2).
1 (…) elle lui demandait de venir chez elle avant de rentrer, quelque heure qu'il fût.
Proust, le Côté de Guermantes, Pl., t. II, p. 29.
REM. 1. Quand le substantif est accompagné d'une épithète, placée avant ou après, quelque porte sur le groupe substantif-adjectif, et non sur l'adjectif seul (→ infra, 2.). Au pluriel, il s'accorde donc naturellement avec le substantif (cf. G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §609).
2 Quelques puissants appas que possède Amarante,
Je trouve qu'après tout ce n'est qu'une suivante (…)
Corneille, la Suivante, I, 1.
3 De quelques gens exquis ou éminents que tel de ses anciens camarades de l'école du Louvre lui parlât (…)
Proust, le Côté de Guermantes, Pl., t. II, p. 47.
2. Quand le substantif introduit par quelque est sujet de la subordonnée, le français tourne la difficulté en substituant qui à que. « Quelque différence (cit. 4) qui paraisse entre les fortunes » (La Rochefoucauld).
4 Quelque haute raison qui règle leur courage,
L'un conçoit de l'envie, et l'autre de l'ombrage (…)
Corneille, Polyeucte, III, 1.
5 (…) quelque lien qui pût nous unir (…) je l'avais rompu pour toujours.
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, V, VI.
3. Cette substitution de qui à que est à l'origine des relatives avec dont, où, parfois employées au XVIIe s., au lieu du tour normal avec que; dans les citations ci-dessous, nous dirions aujourd'hui : « Dans quelque trouble que… » et « De quelque indignation que… »
6 Quelque trouble où tu sois, montre une âme tranquille (…)
Corneille, Othon, IV, 3.
7 Quelque indignation dont leur cœur soit rempli (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 14.
2 (Adverbial, qualifiant un adjectif). Pour, si. || Quelque grand que soit un espace (→ Infini, cit. 28). || Quelque grossière que soit une créature (→ Infusion, cit. 3). || Quelque inachevé que soit l'inventaire (cit. 7). || « Quelque élevés qu'ils soient, ils sont ce que nous sommes » (→ Mortel, cit. 1, J.-B. Rousseau). || Quelque méchants que soient les hommes (→ Persécuter, cit. 7).
8 Je connaissais Manon; je n'avais déjà que trop éprouvé que, quelque fidèle et quelque attachée qu'elle me fût dans la bonne fortune, il ne fallait pas compter sur elle dans la misère.
Abbé Prévost, Manon Lescaut, p. 54.
9 (…) tout en accordant plus d'estime pratique à Scribe, l'idée de tout parallèle entre Milton et ce dernier semblera (…) comme l'idée d'un parallèle entre un sceptre et une paire de pantoufles. Quelque pauvre qu'ait été Milton, quelque argent qu'ait gagné Scribe, quelque inconnu que soit longtemps demeuré Milton, quelque universellement notoire que soit, déjà, Scribe.
Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels, « La machine à gloire ».
REM. Vaugelas a déclaré que quelque, dans ce cas, doit rester invariable. De nombreux écrivains classiques, qui avaient d'abord accordé quelque avec le sujet au pluriel, ont corrigé dans leurs dernières éditions.
10 Quelque profonds que soient les grands de la cour (…)
(Var. : « Quelques profonds », dans les éditions 1 à 7).
La Bruyère, les Caractères, IX, 26.
3 (Suivi d'un adverbe). || Quelque peu que dure l'absence (cit. 8). || Les couleurs, quelque industrieusement (cit.) qu'on les applique… || Quelque fort qu'il ait plu. Autant (supra cit. 22), si.
11 Quelque haut qu'on puisse remonter pour rechercher dans les histoires (…)
Bossuet, Oraison funèbre d'Henriette-Marie de France.
———
II Emploi indéfini.
1 Littér. Au singulier (faisant porter l'indétermination soit sur un individu, soit sur une substance non décomposable en individus).
a Un. Aucun, certain. || Vous vous attirerez quelque méchante affaire (cit. 46). || « Cherchons pour l'attaquer (cit. 22) quelque endroit plus sensible » (Racine). || Employer quelque moyen (→ Audience, cit. 4). — ☑ Loc. cour. En quelque sorte, en quelque façon.Quelque part. || Quelque jour (→ Division, cit. 1). || En quelque mesure.Quelque chose. || Quelque autre chose. || As-tu quelque autre peccadille (cit. 3) à te reprocher ?(Devant un adjectif substantivé). || S'il avait affaire (cit. 66) à quelque maladroit. || Quelque audacieux (cit. 9). || Quelque autre : un autre (→ Prendre, cit. 129).
12 Et quelle est cette peur dont leur cœur est frappé,
Seigneur ? Quelque Troyen vous est-il échappé ?
Racine, Andromaque, I, 4.
13 Et elle lui présentait quelque bon bouillon, quelque tranche de gigot, quelque morceau de lard, et parfois des petits verres d'eau-de-vie (…)
Flaubert, Mme Bovary, II, XI.
13.1 Il se mit à passionnément admirer l'accoutrement de Talon, en manifestant le brûlant désir de posséder quelque costume semblable.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 397.
b (Faisant porter l'indétermination sur une substance). De (de l', de la), du; un peu de… || On lave (cit. 9) l'enfant avec quelque eau tiède. || Quelque temps, depuis quelque temps, à quelque temps de là… || À quelque distance (→ Passeur, cit. 1). || Avec quelque retard (→ Pichenette, cit. 2). || S'il me veut quelque bien (→ Mouvement, cit. 38). || Non sans quelque solennité (→ Fatidique, cit. 2). || Quelque fierté (cit. 2). || Montrer quelque esprit (→ Foule, cit. 23), quelque savoir (→ Lécher, cit. 9). || Avoir quelque peine à… (→ Infidèle, cit. 11). — ☑ Spécialt (cour.). Quelque peu : un peu (avec une nuance d'indétermination). (Devant un adjectif). || Il est quelque peu étourdi.
2 Cour. Au pluriel. Désigne un nombre assez petit qui n'a pas été compté (le dénombrement n'étant pas impossible, mais jugé inutile). Quantité (petite). (Devant un substantif). Un petit, un certain nombre de… Plusieurs. || Il faudrait ici un sergent et quelques hommes (→ Observatoire, cit. 3). || Faire quelques pas, dire quelques mots… Deux. || Quelques siècles après (cit. 21). || À quelques jours de là. || Quelques autres amis. Divers (→ Possible, cit. 12). (Devant un adjectif substantivé). || Quelques méchants (→ Pauvreté, cit. 2). || Quelques autres (→ Ferveur, cit. 4; foi, cit. 39).Spécialt (dans un dénombrement qui n'est pas poussé à la limite et s'il s'agit d'un nombre au moins égal à vingt). || Une somme de deux cents et quelques francs.Ellipt. || Deux cents francs et quelques. || « Nous étions à cette réunion quarante et quelques » (Académie).
14 (…) on arriva de la sorte à un chiffre de cinq cent cinquante et quelques francs, ce qui laissa les enfants agités, hors d'eux, car ils s'entêtaient à ne pas dépasser cinq cents francs tout ronds.
Zola, la Terre, I, II.
15 Je ne prévois pas ce que j'aurais fait moi-même, si j'avais encore quarante ans au lieu de soixante et quelques.
Henry Becque, les Corbeaux, II, 4.
(Précédé de l'article les ou d'un présentatif). || Les quelques personnes qui… : le petit nombre de… || Les quelques ennuis qu'il en pouvait attendre (→ Ordinaire, cit. 4). || Les quelques voies par où… (→ Périphérique, cit. 2). || Ce n'est pas avec ses quelques ouvriers qu'il peut entreprendre cette fabrication.
16 Les sommes ainsi réalisées servirent à purger les hypothèques dont étaient grévés les quelques biens qu'il tenait à conserver.
Pierre Benoit, Axelle, X.
(Devant cent ou mille, qu'il multiplie).REM. Ce tour vieillit; on dirait plutôt aujourd'hui : quelques centaines, quelques milliers de…; cependant il apparaît, dans un emploi voisin du précédent, précédé de et : || « Le 7e corps entier, trente et quelques mille hommes » (Zola, Débâcle, t. I, p. 123).(Avec un déterminatif). || Les quelques mille francs qui… (→ Lester, cit. 1).REM. À ne pas confondre avec quelque invariable (→ ci-dessous, 3.).
17 La confusion se mit parmi eux; mais quelques mille braves, conduits par La Rochejaquelein, vinrent se former en avant de la ville.
Thiers, Hist. de la Révolution franç., t. I, XIX, p. 734, in Damourette et Pichon, no 2809.
18 Plusieurs fois, à quelques cents mètres du cheval, de courtes ombres de sangliers (…) traversèrent.
F. Mauriac, le Baiser au lépreux, XIV, p. 149, in Damourette et Pichon, no 2809.
3 Invar. (adverbialisé). Devant un nombre, et marquant l'approximation. Environ.REM. Le mot est encore souvent orthographié quelques, au XVIIe s., malgré Vaugelas. — Une bande de feu de quelque cinquante mètres (→ Investir, cit. 9).
19 (…) les quelque trente ans que j'ai de moins que vous (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XIX, VIII, p. 109.
DÉR. et COMP. Quelquefois, quelqu'un.

Encyclopédie Universelle. 2012.