PRUDENCE
PRUDENCE, lat. AURELIUS PRUDENTIUS CLEMENS (348 env.-env. 410)
Né à Calagurris (Calahorra), en Espagne, il eut une brillante carrière juridique et politique; deux fois gouverneur de province en Espagne, il exerça de hautes fonctions à la cour de Théodose II. Retiré du monde, il se voua à la piété et à la composition de poèmes chrétiens.
Le Cathemerinon (Hymnes de chaque jour ) est un recueil d’hymnes, en mètres lyriques, pour les heures du jour et pour quelques fêtes religieuses comme Noël et l’Épiphanie; quelques morceaux en sont passés dans le bréviaire romain. L’Apotheosis , en hexamètres, réfute les erreurs sur la Trinité et la divinité du Christ. L’Hamartigenea (Origine du péché ), en hexamètres également, traite de l’origine du mal en s’opposant au dualisme gnostique. La Psychomachia (Combat de l’âme ) décrit le combat spirituel sous la forme d’un combat allégorique entre les vertus et les vices personnifiés; elle eut une grande influence sur la poésie et l’iconographie médiévales. Les deux livres formant le Contre Symmaque (402-404) réfutent le rapport (relatio ) de Symmaque à l’empereur Valentinien II en faveur de la religion traditionnelle (384). Prudence suit de près la réponse qu’Ambroise avait opposée à cette relatio (Epist ., XVIII).
Le Peri Stephanon (Sur les couronnes ) est un recueil de poèmes en vers lyriques d’une rare virtuosité à l’éloge des martyrs espagnols ou romains (Prudence avait visité Rome et ses catacombes en 402 ou 403). Si ses récits de martyres choquent notre goût, ses descriptions intéressent l’hagiographe et l’archéologue.
Le Dittocheon , enfin (le sens de ce titre est obscur), est une suite de quatrains expliquant les scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament représentées sur des tableaux d’église (fresques ou mosaïques); intéressant aussi pour l’iconographie.
On a fait de Prudence un Virgile ou un Horace chrétien, rompu aux formes et aux images de la poésie classique. Ses poèmes expriment un vif patriotisme romain en même temps qu’un sentiment chrétien authentique, au service duquel il met toute sa culture et sa technique. Il aurait réalisé une heureuse synthèse des deux cultures s’il avait eu avec une pensée plus profonde une expression plus originale. À la fin de la culture antique, «le plus grand poète latin chrétien de l’Antiquité» n’a pas réussi à créer une culture chrétienne originale.
prudence [ prydɑ̃s ] n. f.
• 1200; lat. prudentia
1 ♦ Vx Relig. Sagesse; conduite raisonnable (vertu cardinale). ⇒ sagesse. « Il est vrai que du ciel la prudence infinie [...] » (P. Corneille).
2 ♦ (1596) Mod. Attitude d'esprit d'une personne qui, réfléchissant à la portée et aux conséquences de ses actes, prend ses dispositions pour éviter des erreurs, des malheurs possibles, s'abstient de tout ce qu'elle croit pouvoir être source de dommage. Nous vous recommandons la plus grande prudence. ⇒ circonspection. « Art, c'est Prudence. Quand on n'a rien ni à dire, ni à cacher, il n'y a pas lieu d'être prudent » (A. Gide). Avoir de la prudence. Faire preuve de prudence. Avoir la prudence de (et l'inf.). Manquer de prudence. Annoncez-lui la vérité avec beaucoup de prudence. ⇒ ménagement, précaution. « la jeunesse en face de la maturité; l'audace, le goût du risque en face de la prudence » (Martin du Gard). — Conseils de prudence aux automobilistes. Conduire avec prudence. ⇒ prudemment. Se faire vacciner contre une maladie par prudence, par mesure de prudence.
♢ PROV. Prudence est mère de sûreté. — Allus. bibl. Avoir la prudence du serpent, son habileté rusée, pour tromper, etc. ⇒ cautèle. « Quand il s'agit de défendre sa bourse contre les artistes, il est d'une prudence de serpent » (R. Rolland).
3 ♦ (Surtout plur.) Littér. Acte, manifestation de prudence. ⇒ précaution. « Le tout avec des prudences pour n'être pas vue, parce qu'on est en grand deuil » (Montherlant).
⊗ CONTR. Égarement, imprévoyance, imprudence, insouciance, légèreté. Témérité.
● prudence nom féminin (latin prudentia) Attitude de quelqu'un qui est attentif à tout ce qui peut causer un dommage, qui réfléchit aux conséquences de ses actes et qui agit de manière à éviter toute erreur : Il conduit avec une extrême prudence. ● prudence (citations) nom féminin (latin prudentia) Guillaume Du Vair Paris 1556-Tonneins 1621 Il n'y a rien si sujet à être trompé que la prudence humaine : ce qu'elle espère lui manque, ce qu'elle craint s'écoule, ce qu'elle n'attend point lui arrive. Traité de la constance Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Amour, amour, quand tu nous tiens, On peut bien dire : « Adieu, prudence ! » Fables, le Lion amoureux Louis XIV, roi de France Saint-Germain-en-Laye 1638-Versailles 1715 Encore qu'il soit de la probité d'un prince d'observer indispensablement ses paroles, il n'est pas de sa prudence de se fier absolument à celle d'autrui. Mémoires Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux Paris 1688-Paris 1763 Les âmes excessivement bonnes sont volontiers imprudentes par excès de bonté même, et d'un autre côté, les âmes prudentes sont assez rarement bonnes. Le Paysan parvenu Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 Seigneur, tant de prudence entraîne trop de soin : Je ne sais point prévoir les malheurs de si loin. Andromaque, I, 2, Pyrrhus Jules Renard Châlons, Mayenne, 1864-Paris 1910 La prudence n'est qu'une qualité : il ne faut pas en faire une vertu. Journal, 8 avril 1897 Gallimard François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 N'est-il pas honteux que les fanatiques aient du zèle, et que les sages n'en aient pas ? Il faut être prudent, mais non pas timide. Pensées détachées de M. l'abbé de Saint-Pierre (à la suite du Dîner du comte de Boulainvilliers) William Blake Londres 1757-Londres 1827 Prudence est une vieille fille riche et laide courtisée par Incapacité. Prudence is a rich, ugly, old maid courted by Incapacity. The Marriage of Heaven and Hell ● prudence (synonymes) nom féminin (latin prudentia) Attitude de quelqu'un qui est attentif à tout ce qui...
Synonymes :
- ménagement
- précaution
- prévoyance
- réflexion
- sagesse
Contraires :
- audace
- imprévoyance
- irréflexion
- légèreté
- négligence
- témérité
prudence
n. f. Attitude qui fait apercevoir les dangers, prévoir les conséquences fâcheuses d'un acte et pousse à les éviter.
— Prov. Prudence est mère de sûreté.
⇒PRUDENCE, subst. fém.
A.— 1. a) Qualité, attitude d'esprit de celui qui prévoit, calcule les conséquences d'une situation, d'une action qui pourraient être fâcheuses ou dangereuses moralement ou matériellement, et qui règle sa conduite de façon à les éviter. Synon. circonspection, précaution, prévoyance, sagesse; anton. imprudence, audace, hardiesse, insouciance, intrépidité, imprévoyance, témérité. Quand il en est là, un grand cœur ne prend conseil que de son désespoir; la prudence est hors de saison, l'audace seule a chance de succès (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 23). Prudence n'est que l'euphémisme de peur (RENARD, Journal, 1895, p. 279). C'est exact qu'il est sujet aux rhumes, aux laryngites, et qu'il doit prendre soin d'éviter les différences de température. Mais cette prudence a dégénéré en une véritable obsession (MARTIN DU G., Notes Gide, 1951, p. 1408) :
• 1. Il faut avoir toujours présent à l'esprit, dans la direction des affaires de ce monde, l'enchaînement des causes et des effets, des moyens et du but : mais cette prudence est à la vertu comme le bon sens au génie : tout ce qui est vraiment beau est inspiré, tout ce qui est désintéressé est religieux.
STAËL, Allemagne, t. 4, 1810, p. 289.
♦ Expr. La prudence du serpent (vieilli). Prudence qui allie l'habileté à la ruse. J'ai agi dans cette affaire avec la prudence du serpent; et si un vote motivé ne me conserve pas cette prudence, j'offre ma démission (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 136).
— Proverbe. Prudence est mère de sûreté. Ne t'étonne pas de l'en-tête commercial qui est sur l'enveloppe. La prudence est mère de la sûreté. Et le vieux galant de la Cayla fait lire les lettres dans son cabinet noir (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 305).
b) [Dans diverses constructions]
— [Constr. avec un compl. ou un adj. spécifiant une activité ou un domaine d'activité]
♦ [Constr. avec un adj. ou un compl. introd. par de] Prudence commerciale, financière, politique; prudence de conduite. Sainte-Beuve, sans les signer, envoie à la Revue suisse ses chroniques parisiennes et, libre de prudence académique ou mondaine, formule dans toute leur verdeur ses jugements sur les hommes et les œuvres (Civilis. écr., 1939, p. 32-6). La prudence d'appréciation (...) s'impose en l'état des recherches statistiques (Gds ensembles habit., 1963, p. 23).
♦ [Constr. avec un compl. à l'inf.] Les emplois que j'avais remplis me plaçaient dans une situation particulière et délicate, qui m'imposait la prudence de ne pas me trouver où le zèle d'un président pourrait employer des expressions que je ne pouvais, ni ne devais, ni ne voulais approuver de ma pensée, ni de ma présence (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 220). Le jeu mobilise les divers avantages que chacun peut avoir reçu du sort, son meilleur zèle (...), l'audace de risquer et la prudence de calculer (Jeux et sports, 1967, p. XIV).
♦ [Constr. avec un compl. locatif] Prudence au jeu. Cette littérature (...) ignore toute discipline intellectuelle : prudence dans l'assertion, méfiance de ses préférences (BENDA, Fr. byz., 1945, p. 36). La tactique combinée de l'audace dans les mots et de la prudence dans les actes (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 294).
— [Constr. avec une prép.]
♦ [avec avec, sans] Agir, vivre avec prudence; conduire avec prudence. Avec de la prudence on (...) [peut] examiner cette chute de très-près, et même descendre dans l'abîme (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 2, 1801, p. 179). L'évêque de Tours, avec sa prudence et son sang-froid habituels, objecta d'une manière calme qu'il n'était pas seul juge de la cause (THIERRY, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 153). Après l'avoir saigné copieusement, on venait de le purger sans prudence (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 834).
♦ [avec dans] Vous pouvez ajouter à mes suppressions toutes les suppressions que dans votre prudence vous jugerez utiles (HUGO, Corresp., 1853, p. 164).
♦ [avec par] Quand les déménageurs pénétraient dans la pièce où il s'était réfugié, il se cachait par prudence sous une table ou sous une commode qui demeuraient encore (A. FRANCE, Riquet, 1904, p. 80). Le même hiver, le père M. tomba malade. Par prudence, il voulut faire le partage, poussé par sa fille, mariée à la ville, qui désirait construire (DEBATISSE, Révol. silenc., 1963, p. 39).
c) Au plur. Actes, comportements manifestant de la prudence. Synon. précautions. Prudences de langage. Les lames liées par les pointes tournaient l'une autour de l'autre, tantôt lentes, tantôt rapides, avec des malices et des prudences qui prouvaient la force des deux combattants (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 341). Henriette (...) s'abandonnait à une intimité dont il restait surpris et embarrassé, car elle perdait ses prudences de femme du monde (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 678) :
• 2. Ci-joint, les trois chroniques déjà publiées. Je pense que vous sentirez l'embarras d'un étalon de ma sorte, attelé à ce véhicule de prostitution et de bêtise. J'écris ce que je peux, aussi sincèrement, aussi noblement qu'il m'est donné, mais avec des prudences qui ne me vont guère, et dans quels horribles voisinages!
BLOY, Journal, 1892, p. 60.
SYNT. a) Avoir de la prudence, une grande prudence, la prudence de faire qqc.; montrer, faire montre, preuve de prudence (dans qqc.); mettre de la prudence, une grande prudence à faire qqc.; il y a de la prudence à faire qqc.; c'est (de la) prudence de faire qqc.; être plein de prudence; s'écarter des règles de la prudence; manquer de prudence; oublier, perdre toute prudence; sortir de sa prudence habituelle; redoubler de prudence. b) La prudence, la simple, la plus élémentaire prudence commande, conseille, demande, exige, veut qqc. c) Engager, inviter, rappeler qqn à la prudence, à plus de prudence; recommander à qqn la (plus grande) prudence; être tenu à la prudence; faire qqc. pour plus de prudence, par mesure de prudence. d) Acte, conseil, parole de prudence; excès de prudence. e) Adresse, astuce, bon sens, calcul, circonspection, clairvoyance, habileté, jugement, méfiance, mesure, modération, patience, perspicacité, prévoyance, raison, réserve, retenue, sagesse, sang-froid, sens commun, tempérance et prudence; lâcheté, lenteur, ménagement, scrupule, timidité et prudence.
2. Caractère circonspect de quelqu'un, de ses actes. Adhel sent toute la prudence du conseil de son ami; et résolu de ne plus se livrer au plaisir d'entendre Mathilde jusqu'au moment où il la verra en sûreté (...), il la remet aux soins de Kaled (COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 279). La prudence des actions proposées par Jean Monnet et l'empirisme des méthodes avait heureusement surpris des entrepreneurs méfiants de toute doctrine (REYNAUD, Syndic. en Fr., 1963, p. 238).
— (Être) d'une prudence + adj. Être d'une prudence consommée, excessive, extrême, rare; être d'une grande prudence. L'idée seule que, dans un duel, on est exposé à voir une pointe d'épée en face de son œil droit, a toujours suffi pour me rendre d'une prudence grande (TOEPFFER, Nouv. génev., 1839, p. 365). Cette série de mesures limitatives (...) a rendu la presse d'une prudence sans précédent : un accident d'aviation n'est publié que dans les termes du communiqué, les faits divers ne sont signalés qu'avec parcimonie (Civilis. écr., 1939, p. 40-1).
B.— Spécialement
1. HIST. DE LA PHILOS. Première vertu cardinale, celle qui allie force d'esprit, faculté de discernement, connaissance de la vérité dans la conduite de la vie. Synon. sagesse. Quelle est cette infidélité qui fonda des empires par la prudence, les défendit par le courage, les affermit par la justice (VOLNEY, Ruines, 1791, p. 21). Nous connaissons aussi le sacrement, c'est-à-dire l'expression, le signe de la prudence vraie et céleste de Dieu (Théol. cath. t. 14, 1 1939, p. 493).
— MOR. CATH.
♦ Prudence humaine, mondaine, de la chair, du siècle. Habileté dans les affaires du monde. Combien de circonstances imprévues peuvent (...) faire avorter ou réussir les plus grands projets en dépit de tous les calculs de la prudence humaine (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 2, 1821, p. 42).
♦ Prudence chrétienne. Vertu de celui qui sait discerner et choisir ce qui conduit au salut de son âme. Maître Conrad trouva que sa charité l'entraînait au delà des bornes de la prudence chrétienne, et il lui interdit de toucher et de baiser les ulcères des lépreux (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 213).
2. DR., vieilli. Laisser qqc. à la prudence de qqn, s'en remettre à la prudence de qqn. ,,Abandonner une décision à une autorité sans rien lui demander expressément`` (LITTRÉ). Lorsque les pièces seront représentées par les dépositaires, il est laissé à la prudence du juge-commissaire d'ordonner qu'ils resteront présens à la vérification (Code procéd. civile, 1806, p. 363).
REM. Prudentiel, -ielle, adj., rare, théol. cath. [Corresp. à supra B] Relatif à la prudence. La disposition prudentielle de l'action (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 226).
Prononc. et Orth. :[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1200 « sagesse » (Moralités sur Job, 355, 14 ds T.-L.). Empr. au lat. prudentia « prévoyance, prévision, compétence, sagesse ». Fréq. abs. littér. :2 209. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 926, b) 2 961; XXe s. : a) 2 240, b) 3 109. Bbg. BRUCKER (Ch.). Prudentia/prudence aux 12e et 13e s. Rom. Forsch. 1971, t. 83, pp. 464-479.
prudence [pʀydɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1200; lat. prudentia, de prudens, entis. → Prudent.
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1 Vx. Sagesse; conduite raisonnable. « La première des vertus cardinales, qui enseigne à bien conduire sa vie et ses mœurs, ses discours et ses actions selon la droite raison » (Furetière). ⇒ Sagesse. || La prudence, « vertu attribuée à l'intellect » (cit. 1, Ronsard). || « Il est vrai que du ciel la prudence infinie… » (→ Génie, cit. 11, Corneille). || Une femme « dont l'Écriture a loué la prudence » (→ Mourir, cit. 3, Bossuet), « en qui Dieu avait mis la beauté et la prudence » (→ Immonde, cit. 5, Voltaire). — Relig. || Prudence humaine (1677), prudence mondaine (1718), prudence de la chair (1694), prudence du siècle (1704) : habileté à se conduire dans le monde en conciliant la religion avec les intérêts personnels.
2 (1596). Mod. Attitude d'esprit, qualité de celui qui, réfléchissant à la portée et aux conséquences de ses actes, prend ses dispositions pour éviter des erreurs, des fautes, des malheurs possibles, s'abstient de tout ce qu'il croit pouvoir être source de dommage. || Avoir de la prudence. ⇒ Prudent (être). || « C'est chose vaine et frivole (cit. 1) que l'humaine prudence » (Montaigne). ⇒ Prévoyance. || Il a manqué de prudence en ne se gardant pas une poire pour la soif. ⇒ Réflexion. || Avoir la prudence de… ⇒ Sagesse (→ 1. Bien, cit. 22). || La prudence méticuleuse des expérimentateurs. ⇒ Circonspection (→ Contrôle, cit. 2). || Les jeux (cit. 37) où la prudence corrige beaucoup la chance. ⇒ Attention (→ aussi Jouer serré). || Situation délicate, qui exige de la discrétion et de la prudence (⇒ Discernement, doigté). || Annoncez-lui la vérité avec beaucoup de prudence. ⇒ Ménagement, précaution. || Négliger toute prudence (→ aussi 1. Foudre, cit. 14). || Un homme très éprouvé qu'il faut traiter avec prudence (⇒ Ménager). — La prudence opposée à l'audace, au goût du risque (→ Jeunesse, cit. 16). || « On peut parler sans prudence et parler juste » (→ Hardiesse, cit. 5, Vauvenargues). || La prudence lui conseille (cit. 4) de se taire, de se renseigner au préalable (→ Tâter le terrain). || Forces (cit. 69) qu'il faut manier avec prudence. ⇒ Prudemment. — La prudence devant les dangers, les risques physiques. || Conseils de prudence aux automobilistes. || Accident survenu faute de prudence. ⇒ Imprudence. || Aborder les carrefours (cit. 4) avec prudence. || Se faire vacciner contre une maladie par prudence, par mesure de prudence. — ☑ Prov. Prudence est mère de sûreté.
1 Seigneur, tant de prudence entraîne trop de soin :
Je ne sais point prévoir les malheurs de si loin.
Racine, Andromaque, I, 2.
2 Mon capitaine croyait que la prudence est une supposition, dans laquelle l'expérience nous autorise à regarder les circonstances où nous nous trouvons comme causes de certains effets à espérer ou à craindre pour l'avenir.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 513.
3 Art, c'est Prudence. Quand on n'a rien ni à dire, ni a cacher, il n'y a pas lieu d'être prudent. Les timorés ne sont pas des prudents : mais des lâches.
Gide, Journal, 7 déc. 1922.
♦ ☑ Fig. Avoir la prudence du serpent (⇒ Cautèle), par allus. à la perfidie rusée du démon qui prit la précaution de se déguiser en serpent pour tenter Ève.
4 (…) que le Ciel vous donne la force des lions et la prudence des serpents !
Molière, le Bourgeois gentilhomme, IV, 4.
5 Quand il s'agit de défendre sa bourse contre les artistes, il est d'une prudence de serpent.
R. Rolland, Voyage musical au pays du passé, II.
3 (Une, des prudences, surtout plur.; XXe). Littér. Acte, manifestation de prudence. ⇒ Précaution. || Les prudences d'un homme pusillanisme (→ Double, cit. 11).
6 Le tout avec des prudences pour n'être pas vue, parce qu'on est en grand deuil (…)
Montherlant, les Lépreuses, I, VI.
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CONTR. Bêtise, égarement, imprévoyance, imprudence, insouciance, légèreté. — Témérité.
Encyclopédie Universelle. 2012.